Est-ce que je vous ai déjà dit que j’étais trop fier de Nico ? Ouais, je l’ai déjà dit ; c’est pas grave, je le répète, parce que je le peux. Il a des idées incroyables et les met en œuvre de manière super créative. Je l’écoute attentivement, avec un petit sourire, en observant le dôme qu’il a créé tout autour de lui. C’est brillant. Je me réinstalle le temps qu’il parle, acquiesçant de temps en temps.

—Oui je vois. Donc c’est au cas où, quand tu n’es pas en contact avec le sol. Et ça te sert de béquille, je souris.

C’était un peu ce qu’il me semblait, mais je juge pas, on a tous besoin d’un petit quelque chose comme ça jusqu’au moment où on peut se sentir suffisamment à l’aise avec. En tout cas, hyper classe le bâton, j’pense que si tu te prends un coup avec, ça doit faire sacrément mal.

—Peut-être que tu pourrais t’entraîner, quand tu es à terre, à essayer de faire ce bouclier sans ton bâton ? Je sais qu’il te rassure, mais je suis persuadé qu’il ne fera rien que tu ne puisses faire seul. Et si tu as besoin de quelque chose pour t’aider à stabiliser, je reste à côté, et je t’aide. Ca te permettrait peut-être de reprendre un peu confiance en toi de ce côté-là…

Pour éviter d’exploser, tout ça tout ça. Nan mais faut me faire confiance roh, je sais que j’en ai pas la tronche mais je sais un peu ce que je fais !

—Tu as peur de blesser quelqu’un gravement, si tu utilises ton électricité directement ? je demande doucement. Oh et ! Faudra que tu me montres comment tu augmentes ta vitesse, je suis super curieux !

C’est logique, hein, mais je préfère demander. J’ai l’impression qu’y a tout qui va dans ce sens ; c’est pas qu’il sait pas utiliser sa magie : il est précis, pertinent, puissant. Il a juste peur de perdre le contrôle, de blesser, de faire mal.


HRP : Bonne année j'déterre les morts

HRP : Putain 2019... qu'est-ce qu'il foutait déjà Nico en 2019 uesh XD ?!!! AHOUI ! TRAUMA !


Nicolas grince des dents au mot "béquille"... C'est que c'était vrai hein mais ça pique un peu. Il se souvient être sorti de l'hôpital, après sa cure, avec une vraie béquille qu'il a dû trainer quelques mois avant d'avoir assez de force pour tenir debout... D'une certaine manière, il a appris à marcher avec Lottie. Il se souvient de ce sentiment de libération quand il a pu se lever sans en avoir besoin la première fois, d'avoir fait quelques pas sans tanguer, sans être fatigué.

Il éloigne le bâton pour le regarder, trônant dans ses mains, pendant qu'Aaron l'encourage à le poser, le rassure en disant qu'il était là pour l'aider au cas où. Avoir confiance en soi. ...C'est pas facile hein ? Jamais. Il souffle avant de répondre au papou. :

-Ouais. Comme d'hab'.

Phrase courte le retour. Mais il se passe quelque chose de différent. C'est peut-être la présence du Master qui le rassure, le simple fait qu'ils sont loin de Terrae, loin de tout en fait,... ou peut-être juste c'est le moment, ouais, de se faire confiance un peu. Après tout ça... lâcher sa béquille et faire quelques pas.

Nicolas, toujours accroupi dans sa bulle électrique, replie le bâton d'un geste sec et le pose à terre. Il y a un petit moment étrange, qui lui donne la chair de poule et le fait grimacer légèrement. Il sent son énergie se libérer un peu, frotte ses mains l'une contre l'autre, la friction crépitante un peu... J'ai l'impression d'inspirer un nouvel air, de m'étirer après un long hiver, sortir de ma tanière. Nicolas penche sa tête sur le côté, ses cervicales claquent et lentement, la bulle s'agrandit. Pas énormément. Mais juste assez pour qu'il puisse tenir debout dedans. Il ne le fait pas tout de suite, il se convainc d'abord qu'il n'est pas un danger avant de le faire.

Et puis il est enfin debout, sans béquille,... libre. Et il prend une brève inspiration, coupe toute énergie venant de lui, d'un coup. :

-Nonokc'estbizarregnuh.

AAAAH NOOON J'étais si biiiiiieeeeen pourquoi tu m'as fait çaaaaa ! Si brutalement en plus ÇA FAIT MAL SALAUD ! Ferme-la, FERME-LA ! Nicolas tremble un peu quand il se penche pour ramasser son bâton.

HRP : Je sais plus, me demande pas


C’était pas la métaphore la plus adéquate, mais sa réaction me laisse entendre que c’était peut-être la plus percutante pour pouvoir lui transmettre ce que je voulais dire… Je lui souris un peu piteusement, mais sincère. Encourageant. Il est pas tout seul, il le sait maintenant — enfin j’espère. Je sais qu’il en est capable, mais ça prend du temps, ces conneries. Surtout avec des pouvoirs comme les nôtres, qui peuvent nous sauter à la tronche si on fait quelque chose de travers… Ca fait peur. Mais c’est aussi nous, cette magie-là. On est plus en maîtrise qu’on ne le croit. Douter de nos pouvoirs, c’est douter de nous. Et l’inverse est aussi vrai.

Je regarde Nicolas ranger son bâton en hochant la tête, ramenant un de mes pieds en hauteur sur le caillou où je suis, genou contre moi, et observant ce qu’il se passe au niveau énergétique. Un tas d’émotions contradictoire s’agite en lui… mais c’est bien, il gère. Il tente même d’agrandir la demi sphère, et je me prépare à soutenir ce dôme en cas de besoin, s’il vacille. Mais il n’a pas besoin de moi ; il se remet debout. La fierté brille dans mes yeux et mon sourire.

Puis d’un coup, il bloque tout… et ramasse son bâton, sa béquille. Il a encore besoin de la sentir à proximité pour le moment, mais je suis quand même content qu’il ait essayé de me faire confiance. Je ne dis rien et souris plus fort, puis applaudis un peu en riant :

—Woah comme t’as géré !! Quelle puissance, gamin ! Tu t’en es vraiment bien sorti.

Une partie de lui semblait très à l’aise, et l’autre… pas du tout. C’est pas grave, ça arrive. C’est la peur de marcher sans béquille après qu’on se soit cassé la gueule.

—Qu’est-ce qui était bizarre ? Comment ça s’est passé pour toi ?

T’as encore de l’énergie pour réessayer ?

La réaction de Ronron le saisit un peu alors qu'il est pas bête, il sait au fond de lui qu'il n'a pas fait une connerie. En plus, il a justement demandé à ce qu'il soit là pour ça. Pour... le surveiller ? Il souffle... Quelque part, dans le discours, dans l'enthousiasme de son professeur, il sent qu'il est positif pour l'encourager. Il ne parle pas du fait qu'il a ramassé sa résistance, il ne se montre pas déçu de l'avoir vu tout couper d'un coup. A la place, il explique qu'il a géré, malgré la puissance, il lui demande ce qu'il lui a ressenti. Alors dans n'importe quel autre contexte, ça l'aurait renfermé vitesse grand V -pardon à tous les thérapeutes qui ont suivi Nico dans sa vie du coup, mais ouais il est chiant à les voir arriver à quinze mille kilomètres. Mais là, ça marche... Parce que c'est Aaron. Il lui fait confiance. :

-Ça s'est passé... bien ?... J'voulais faire attention autour alors j'ai pas vraiment fait attention...

A toi. Il secoue la tête. :

-Et c'était pas si bizarre mais en lâchant les vannes... 'fin si, oui, c'est bizarre de n'avoir rien-...

Il regarde autour de lui en cherchant la réponse. Je te la donne ?... Bizarre de n'avoir rien détruit ? explosé ? tué ?... :

-...-cassé.

Soft, mais ça fonctionne je prends. Je t'ai pas demandé ton avis... Tu me demandes, jamais, mon avis. Pourtant Nicolas regarde ses mains, l'une tenant la résistance, l'autre paume ouverte sur laquelle deux étincelles danses avant de s'essouffler. Il se tourne d'un coup vers Aaron. :

-Est-ce que je peux... essayer de sauter ? Sans ma résistance ?

Oui parce que, quand ça te tenaille comme ça, et qu'on voit ce que ça donne quand il ne pense pas aux limites -tousse 2017 tousse- maintenant il préfère demander l'autorisation. Juste au cas où.

Un instant, je me dis que j’y suis peut-être allé trop vite ; mais ça va, Nicolas arrive à se détendre à peu près. Presque. Je lui laisse le temps de détailler, d’expliquer, acquiesçant lentement, finalement. Il a peur de tout casser autour de lui. C’est grisant, en même temps, quand cette énergie nous anime, nous transporte, nous traverse — elle nous électrise, littéralement. Nous donne envie de chercher plus loin, faire plus, laisser s’échapper cette puissance que l’on accumule.

—Et au pire, si t’avais cassé quelque chose, il se serait passé quoi ? je souris en coin. Non mais c’est vrai ! Regarde où on est… Y a rien, y a personne ; et moi je peux me défendre de ton électricité. Il peut rien se passer de mal, si tu lâches les vannes. Et si tu as besoin de contenir, un mot de ta part et je suis près de toi pour t’aider.

Je lui lance un clin d’oeil.

—Plus tu seras habitué à lâcher les vannes comme ça, et moins ce sera compliqué de faire attention à ce qu’il y a autour. L’important c’est de trouver une juste limite. Par exemple, tout à l’heure, tu as rétracté ton électricité super rapidement ; c’est ok, mais est-ce que tu penses que tu pourrais le faire plus lentement la prochaine fois ? Ne pas le faire par empressement, même si ta puissance t’effraie. Si tu vas trop vite, c’est là que tu peux déraper ; alors prends le temps, respire, même si c’est inconfortable.

Paradoxalement, plus on essaie de se contrôler brusquement, sans réflexion et par instinct, et plus on perd le contrôle et plus les risques d’accidents sont élevés. Là on est au calme et la situation ne risque pas de partir en vrille : mais en mission, ou en entraînement, face à quelqu’un qui utilise sa magie, comment je peux faire pour me décharger de manière sécurisée ? Quand on est dans l’intensité du moment, c’est là que ça risque de partir en vrille.

Et puis Nico me pose une question, j’suis obligé de le regarder et cligner des yeux. Bah.

—Bahhh, oui ? Enfin si t’as envie, essaies ! Enfin sauf si c’est une question technique ??

On dirait qu’il me demande l’autorisation, mais gamin, moi je sais pas, je peux pas te dire “fais” ou “ne fais pas” dans cette situation-là. Je suis là, je t’observe, je te soutiens ; si tu veux essayer, essaie.

—Moi je te fais confiance, j’ajoute, si c’est ce qui le tracasse. Et je bouge pas.

La preuve j’ai toujours pas levé mon cul héhé. On se la met bien en entraînement.

A la première question qu'Aaron lui pose, un poil sarcastique, Nicolas fait un mouvement de tête, comme pour dire "Seriously ?". Mais il ne le dit pas à haute voix. Parce qu'effectivement, il était pas puissant au point de blesser un Master et il n'y avait de toute façon personne. Pourtant ça ne sort jamais de sa tête, qu'il puisse faire du mal aux autres, même sans le vouloir. Quand il lui rappelle qu'il peut l'aider et lui fait un clin d'œil, Nicolas soupire. Demander de l'aide, c'est toujours difficile aussi... C'est plus un entraînement qu'on fait là, c'est de l'analyse psychologique, ahah ! Il a raison tu sais, si tu avais plus confiance en toi on en serait pas là. Je fais confiance en moi, c'est en toi que j'ai pas confiance. Oui parce que c'est toujours ma fauuute ouiii... Tu peux me rappeler qui prenait de la drogue y'a pas si longtemps ? Il claque sa langue, agacé. ...Ça pique quand je tombe juste. Écoute plutôt Aaron tiens, quand il te dit d'y aller doucement quand tu coupes ton électricité. Parce que ça nous fait mal à tous les deux et tu sais qu'il a raison, un jour ça va te griller les neurones qui restent. :

-Ok.

Donc. Les sauts. Nicolas secoue sa main pour lui signaler qu'il n'a pas de questions sur la technique. Il l'a bossée la technique... Avec des calculs mathématiques mais aussi en salle d'entraînement, sur une surface plane et avec des petits bonds ridicules qu'il a montré à Huo. Mais faire plus, bien que dans la théorie lui disait qu'il n'y avait pas de risques, l'inquiétait... Encore et toujours. Aaron lui dit qu'il lui fait confiance. Ça en fait au moins un sur les deux personnes présentes. :

-Ok.

Il regarde brièvement autour de lui, tressaillant sur place, ne sachant pas quoi faire avant de se souvenir qu'il tenait toujours sa résistance. Il se dirigea donc vers le Master pour la lui passer. Il resta un bref instant immobile face à lui, le regard sur le métal, tapotant ses paumes avec ses doigts. Il prit une lente inspiration avant de se tourner vers les arbres les plus proches. :

-Ok !

C'est qu'à force de le répéter, il se dit que ça peut le convaincre que c'est vraiment "ok".

Les arbres ne sont pas bien grands, peut-être un peu moins de trois mètres... On sent qu'ils ne peuvent pas faire bien plus, secoués par les vents qui viennent de la mer. Leurs branches ne sont pas bien épaisses dans leurs hauteurs, Nicolas ne pourra aller bien haut donc. Enfin. C'est déjà plus haut que ce qu'il se permet d'habitude. Il calcule mentalement que pour atteindre une branche assez épaisse, il va devoir faire un rebond sur le tronc d'un arbre plus proche au possible. Et de là où il se tient, il devrait avoir assez d'élan. Un bref instant de flottement ; il inspire profondément et son regard change.

Courir vite, ce n'était pas fuir, c'était survivre plus longtemps.

Le corps de Nicolas se plie, se tasse avant de partir comme un ressort, grondant comme un animal. Il vit chaque foulée au ralenti, immense. Ses pas avalent la terre, le pied à peine posé repart dans une impulsion crépitante qui s'étouffe vite derrière lui, et son corps fend l'air. Son premier bond est un test. Il sent son cœur qui tambourine dans sa cage thoracique, ses nerfs à vif quand il repose le pied au sol avant de reprendre sa foulée. Le second est plus imposant, les éclairs sous le cuir de ses chaussures soulèvent la poussière, soulèvent son corps qui s'arque. Son autre pied se pose sur le tronc qui lui sert d'appuis... Il sent qu'il se plie, sa vitesse brutalement arrêtée doit repartir dans l'autre sens. Nicolas lève les yeux sur sa cible, se tend tout entier... et saute, poussé par la rage des éclairs qui craquent l'écorce. Mains en avant, il attrape la branche, soulève son poids pour s'y poser dessus, s'accroupir comme un sauvage.

Tout ça n'a duré que quelques secondes.

Du haut de son perchoir, ses trois appuis assurés, Nicolas bat plusieurs fois ses paupières comme s'il n'en croyait pas ses yeux. Il y a quelques éclairs qui dansent encore sur sa peau mais à part ça... tout va bien.  :

-Euh... ok ? Alors... J'ai failli rater la branche mais... c'était chouette ?

Chouette ?! CHOUETTE ! J'veux la refaire sur des arbres plus grands tellement c'était TROP BIEEEN ! WOUHOU !

Bon, j’ai pas trop droit à autre chose que des “ok” morts à l’intérieur, mais j’imagine que c’est mieux que rien. Je hausse un sourcil un peu moqueur, mais pas vraiment ironique, et m’appuie vers l’arrière lorsqu’il s’éloigne, essayant d’observer ses mouvements. Je finis par me mettre debout et le suivre à une petite distance, m’approchant des arbres moi aussi, glissant sa résistance dans la poche arrière de mon pantalon. Alors qu’il se met à courir, je scanne son énergie, notant son changement d’attitude, de mode ; l’énergie qui parcourt son corps, les éclairs crépitants sous ses semelles qui le propulsent dans les airs…

Ils sont impressionnants, ses bonds ; j’ai un sourire en le voyant faire, calme, confiant. Je crois que je comprends mieux comment ça fonctionne, maintenant ; ça nécessite une sacrée précision et une confiance absolue dans ses propres mouvements... Puis de bons réflexes, aussi ; heureusement qu’on est des Tonnerres.

Il arrive rapidement en haut, et je mets ma main en visière pour mieux le voir. Une partie de moi aurait envie d’essayer, d’apprendre à faire de même ; explorer ça avec lui. Mais trop la flemme de courir, et j’ai pas envie de me taper la honte.

Ah, attendez, il a l’air de baragouiner un truc là haut. Je sors mon téléphone, l’appelle et balance quand il décroche ENFIN (ouais, réponds à ton père wesh) :

—Tu sais que j’t’entends pas d’en bas, hein ?! Bien joué !

Nan mais c’était au cas où, parce que s’il pense qu’on va pouvoir avoir une discussion d’aussi loin c’est MORT j’crie pas moi, wesh. Super flemmard.

—Bon et maintenant, tu descends comment en fait ? OH te fais pas mal par contre, ok ?!

S’il tombe et qu’on doit aller à l’hosto, Aoi va me défoncer.



HRP : J'avais pas grand-chose de plus à ajouter, comme Aaron est assez passif

Nicolas se penche un peu du haut de son arbre quand Aaron se rapproche. Il plisse les paupières en le voyant sortir son téléphone et il se dit automatiquement qu'il va prendre une photo. Sauf que son propre portable se met à vibrer. Il le regarde, étonné de voir le nom s'afficher mais décroche quand même -il a pas envie de se faire engueuler. Il rigole quand Aaron lui dit qu'il ne l'entend pas de là-haut. :

-Nah, t'es juste sourd vieux. Je suis pas si haut que ça !

Il se moque, mais il le pense vraiment, qu'il n'est pas si haut que ça. Faut le comprendre, il a connu des arbres plus que centenaires, épais et grandioses. Celui sur lequel il se tient lui paraît trop jeune comparé à ce qu'il connaît. Aaron lui demande comment il compte descendre et Nicolas lève un sourcil. Il ne sait peut-être pas comment être totalement à l'aise avec ses pouvoirs, mais avec son corps, il sait exactement ce qu'il fait. :

-J'arrive. dit-il simplement avant de raccrocher.

Il s'assoit sur la branche avant de se pencher en arrière. Pendu la tête à l'envers, ses jambes soutiennent son poids. Nicolas connaît sa vitesse parce qu'il connaît sa puissance et sa souplesse. Tout est équilibré, d'autant plus depuis qu'il prend enfin soin de lui. Il repère la branche du dessous, relâche la pression dans ses jambes pour se laisser tomber. Comme un gymnaste, il attrape la branche qu'il avait repéré, son corps faisant balancier, il se laisse encore tomber au sol, debout sur ses deux pieds, une onde électrique amortissant le choc. Il se redresse avec un sourire. :

-Tu vois ? Pas compliqué ! T'es jamais monté dans un arbre ou c'est juste trop loin pour que tu t'en souviennes ?

Sale gosse, tu vas avoir des problèmes si tu continues de le charrier.

—Eeeeeeexcuse-moi ?! T’oserais pas me dire ça en face, t’as de la chance qu’on soit au téléphone ! je grommelle dans le combiné, lui lançant quelques gestes genre “je te regarde, fais gaffe à tes fesses, fils”. J’ai une voix fragile, je vais pas m’égosiller à vous courir après en plus de m’égosiller en classe, non mais oh […] ah, ouais, ok, oui, descends quand tu peux ET FAIS ATT- il a raccroché.

Mécontent, je croise les bras et hausse un sourcil en le regardant faire. Oui, bon, c’est pas DRAMATIQUEMENT haut, mais c’est déjà haut et WHAT MAIS POURQUOI TU TE BALANCES EN ARRIERE mais t’es pas bien !!! J’inspire fort, serre les dents dans une grimace, essaie de lever un doigt mais abandonne. Finalement, il atterrit souplement à côté de moi, et je lui lance un regard vexé avant de lui mettre une petite tape sur le dessus du crâne.

—Parle-moi mieux wesh, je râle avant de sourire en coin, moqueur. Ca fait longtemps, et regarde moi ce corps !

Je désigne bien évidemment mon corps.

—Le corps d’un homme qui a la FLEMME. Evidemment que je grimpe plus à des arbres, j’ai pas envie de déchirer mes fringues ou de mettre de la sève dessus. Et en plus, j’ai le vertige.

Ouais, ça étonne tout le monde à chaque fois parce que je panique pas comme un demeuré, mais si mes pieds sont à plus d’un mètre et demi du sol laissez tomber j’suis pas bien. C’est. De la prudence, quoi. Je suis pas à l’aise, c’est tout !!

—Par contre, d’où tu te laisses te balancer en arrière comme ça ?! C’est hyper dangereux, imagine la branche craque ?!

Nan, je m’arrêterai pas OMG. Comment ça, féliciter mon gamin ?! Oui, APRES l’avoir engueulé.

Quand Aaron a dit qu'il avait la voix fragile, Nicolas lâche un "hinhin", audible mais sans l'interrompre, ce genre d'onomatopée qu'on pourrait traduire par "Bien sûr, je te crois." de manière très sarcastique. Parce que justement, Nicolas sait parfaitement de quoi le professeur de maths est capable en classe... Disons qu'il a subi quelques fois des remontages de bretelles via vocalises ou jeté de craies. C'est qu'il est bon élève, mais dès qu'il a compris la leçon et commence à s'ennuyer, il peut vite devenir dissipé pour un rien.

Enfin bref, Nico descend, atterrit... Il essuie ses mains de la sève en les frottant pendant que le Master lui tapote la tête. Il sourit automatiquement avant, d'effectivement, le regarder de haut en bas... C'est qu'il a pas bien changé depuis qu'ils se sont rencontrés, les Masters n'ont pas l'air de vieillir bien vite. Il s'attendait à une autre remarque de sa part mais Aaron dit très honnêtement qu'il a la bonne grosse flemme. Il haussa alors les épaules jusqu'à ce que Ronron lui dise qu'il avait le vertige... :

-Ah. J'comprends. Moi aussi je suis pas à l'aise en vrai. Mais je me fais confiance donc ça va quand j'ai mes appuis.

Y'a pas besoin de faire des crises d'angoisse pour s'avouer qu'on a le vertige... et se mettre dans une position assez dangereuse pour savoir que s'il y a chute, il y aura blessure, c'est déjà bien suffisant. Bon Nicolas doit grimper plusieurs mètres lui, pour le ressentir et ne pas être en contrôle de son propre corps mais, ça compte.

En parlant de confiance, Aaron lui dit que c'est une mauvaise idée de partir en arrière. Nicolas a une moue étrange avant de sourire légèrement. :

-C'était une branche solide, sinon elle aurait pas supporté mon poids à l'arrivée. Aussi, j'ai remarqué que partir en arrière permettait à certaines branches de justement mieux supporter mon poids, au lieu de sauter en avant avec un petit point de force avec mes pieds, là je me laisse glisser. Je sais que t'es prof de maths mais c'est de la physique assez classique...

Et là il sourit franchement, avec ses dents, les yeux fermés. Toute cette expérience, il l'a gagnée au prix de nombreuses chutes et blessures, poursuivi dans les bois, traqué comme un animal qui a besoin de protection, à la recherche de son chemin, à guetter les étoiles ou juste parce qu'il était un petit garçon sans jouet et qu'il s'ennuyait alors... il montait dans les arbres. Mais à ce moment c'est si loin... Si loin qu'il n'y pense absolument pas. Là, il se demande surtout ce qu'Aaron pense de ses sauts. :

-Alors ?... C'était-.. 'fin. Voilà. Des sauts Tonnerres quoi.

Loquace.

Comme il se fout de ma gueule, je suis offensé tsss. Enfin, heureusement il atterrit vite au sol, ça m’rassure après ses acrobaties là. Je lui fais confiance aussi, mais franchement qu’il pense un peu à mon pauvre petit coeur en pls. Et genre il est pas à l’aise, il essaie de rechercher la hauteur tout le temps… nahhh il va pas me faire croire qu’il aime pas le goût du risque, un peu, même si son corps lui envoie les signaux contraires. Je lui renvoie un sourcil haussé pour toute réponse. … Haussement de sourcil qui s’accentue alors que je croise les bras pour le jauger. Wesh commence pas à me faire ton petit numéro de “t’es prof de maths tu devrais savoir” ; tu sais très bien que ma préoccupation à ton égard est pas rationnelle, tss.

Je lui ébouriffe les cheveux.

—Me contredis pas à chaque fois que je m’inquiète pour toi, tss. Ca m’aidera pas à me sentir mieux, tu l’sais très bien.

C’est mon rôle de m’inquiéter, même si toi ça te saoule. Je te fais aussi confiance. Juste, sois cool et fais pas le kéké devant moi !!

Finalement, je m’appuie contre un des arbres en plante une main dans ma poche, jouant avec son bâton de sorcier. C’est un peu de la magie ce qu’on fait, donc j’ai le droit de le dire.

—C’était impressionnant, on voit que tu contrôles bien le timing. L’augmentation de la vitesse est cool aussi, tu peux l’utiliser sans forcément chercher à sauter haut, mais attention quand tu le fais dans des milieux comme celui-ci, j’veux dire ce serait con de se bouffer un arbre. Puis la puissance et le contrôle, tu gères… comme prévu, quoi, je souris en coin, utilisant la résistance comme un bâton de majorette. T’as pas besoin de mon assentiment, tu sais déjà que c’est bien.

Me dis pas non, j’suis sensitif aussi, eh.

Nicolas se fait ébouriffer la crinière sans ménagement, ce qui le fait glousser. Il se penche un peu pour que le Master en profite au maximum, avant de se redresser, sincèrement surpris. :

-Mais j'te contredis pa- !

T'es... T'es sérieux là ? :

-Oh si- oh ok d'accord je vois.

Insupportable.

Puis Aaron lui explique ce qu'il pense de sa maîtrise. Nicolas l'écoute sagement, prend note même de ce qu'il savait déjà. Il lui dit qu'il n'a pas besoin d'une quelconque affirmation de sa part, qu'il le sait déjà quelque part. Nico hausse les épaules avec un petit sourire... C'est- un peu vrai. Seulement un peu. Parce qu'il préfère l'entendre, parce qu'il aime l'entendre. Parce qu'on lui disait jamais si ce qu'il faisait était bien ou mal ou... juste. Qu'il fait un travail monstre sur lui-même, avec ou sans pouvoir. Il quémande pas l'approbation mais... c'est rassurant de l'entendre, surtout d'une figure comme la sienne.

C'est qu'avec tout ça il en a oublié son bâton de métal... alors que Ronron joue avec... juste devant lui... Être Tonnerre, c'est vraiment avoir la capacité d'attention d'un caillou. :

-Beh... Tant mieux alors ! Pas d'astuce ou truc à m'apprendre ?... Parce que du coup, on a l'occasion de se faire une bouffe bien grasse... tant qu'on est... t'sais.

Loin du dictat tyrannique des menus sains de Jérémy...

QUOI TU ME CONTREDIS PAS, GENRE, TU CROIS QUE TU FAIS QUOI LÀ. SALE GOSSE. AVEC TOUT CE QUE JE FAIS POUR TOI !!! [Insérer ici une pose dramatique]

Je hausse un sourcil sévère en direction de Nico, mais n’arrive pas à tenir l’expression bien longtemps, un rire m’échappe et je roule des yeux. Quel enfant. Enfin : ça me laisse le temps de lui faire mon rapport d’observation ; sa gêne est perceptible, mais en même temps j’vois bien que ça le rassure. Bon. Tant mieux… même si j’ai l’impression de pas lui être d’une grande utilité à part le valider, là.

—Oh bah on pourra se faire une bouffe oui, aucun problème. Je sais pas trop, sur quoi t’aurais envie de progresser ? D’avoir une astuce ? J’ai pas trop d’idée de choses à te sortir de mon chapeau, là, je t’avoue, je ris. A part travailler ce lâcher-prise, pour aller plus loin dans la puissance. Y a des trucs sur lesquels tu as un peu de mal ?

Puis j’réfléchis quand même.

—Le magnétisme je peux pas te l’apprendre tout de suite… Enfin, on pourra commencer, mais ça me semble un peu tôt quand même. Par contre t’as encore plein d’énergie, va falloir que tu le mérites un peu ton gras, oh !

Ouais hein, tu flex pas en montant à un arbre et me demande cash d’aller manger, le mc do c’est après l’effort !!

-Hmmmggnnnnnnnnnnnh...

C'est le son du Nico qui veut répondre aux questions mais hésite franchement à s'ouvrir à ce sujet. Parce qu'il y a bien quelque chose qu'il aimerait faire depuis quelques temps...

Nicolas est excellent en corps-à-corps, certes, mais il y a autre chose qu'il sait bien faire et qui manque à son... nouvel arsenal disons. Ce qu'il manque à Nicolas, c'est une attaque à distance efficace et qui ne soit pas Sensitif... ce qui lui manque, personnellement, c'est de tirer avec une arme à feu. Il ne l'aurait jamais cru, il y a quelques années, que sentir le poids d'une arme dans ses mains lui manquerait, ou juste, tout simplement, réussir à atteindre sa cible. Il s'est tellement entraîné pour perfectionner ça, que de ne plus le faire, si au début c'était un soulagement, c'est devenu un autre manque... Alors oui, envoyer des boules électriques c'est bien mais... ce n'est pas pareil... Et quelque part, il a peur d'en parler. Il a peur de voir dans le regard de son père de l'inquiétude, cette peur qu'il veuille tirer sur quelqu'un... alors que c'est pas le but principal, même s'il faut pas se mentir, un jour ce serait peut-être utile en dernier recours.

Et puis finalement, puisqu'il doit "mériter son gras" Nicolas se dit que ça vaut peut-être le coup d'en parler... Bon, avant, il lâche une expression choquée de sale gosse ronchon maiiis ça a fait le boulot. Aaron le connaît trop bien. :

-Ok pas le magnétisme... Alors... Comment dire.... ........Si je pointe mon doigt par là, et j'envoie un éclair. Boum.

Il fait une démonstration en visant un arbre... L'éclair fend l'air de manière hasardeuse et s'éparpille, normal pour un éclair. :

-Et plus la distance est grande et plus l'éclair ira vers la terre, toi-même tu sais. Bon.... Alors disons... Comme j'ai vu Mitsu faire des fouets électriques... me suis demandé..........

Il gratte sa nuque. :

-Faire quelque chose de plus physique... J'imaginais un arc et une flèche électrique....... Que ce soit assez puissant pour aller plus loin et peut-être... percer... la cible. J'essaie depuis quelques temps mais j'arrive pas.

Et puis comme c'est un lâche, il ajoute. :

-Ou juste tenter de faire un fouet comme Mitsu c'est très bien aussi hein je n'arrive même pas à faire un arc donc je suppose que c'est assez complexe de base peut-être le fouet c'est la forme la plus simple et donc ça m'irait aussi enfin tu vois je veux pas paaaarticulièrement faire une arme tu vois ce que je veux dire oui bon.

ET ON INSPIRE.

HRP : Gogo gadgéto bullshit-sciensu-no-jutsu


Vas-y, parle, fils. J’sens bien qu’il veut dire un truc, mais à la place il grommelle dans sa barbe et n’ose pas trop. Alors je lui laisse le temps, hausse un sourcil, m’appuie contre un arbre… et souris en coin, parce que j’capte qu’il boude à demi. Eh ouaiiiis.

Bon, pointer le doigt, éclair, jusque-là je suis. J’attends tranquille, essayant de voir où il veut en venir. Oh, donner une forme aux éclairs, pour qu’ils ne se dispersent pas, et garde une forme plus tangible. J’acquiesce vivement, sourire aux lèvres, beaucoup moins stressé que Nico. Percer la cible, ça demandera effectivement une grosse précision… et surtout que l’objet soit particulièrement tangible, oui. Hmm. J’essaie de faire quelques calculs dans ma tête — je ne doute pas que cela puisse transpercer de la matière, mais peut-être pas à ce point. Ca dépend de la vélocité, mais aussi d’à quel point on arrive à rendre l’éclair tangible… C’est possible en manipulant suffisamment bien la matière, hein, mais c’est chaud.

J’ai du mal à comprendre son inquiétude et sa panique — parce qu’il me parle d’arme ? j’ai des armes planqué partout à la maison bruh, je sais pourquoi il veut apprendre à en utiliser et pourquoi c’est important d’avoir des solutions pour quand on est, justement, pas armé.

—Je ne sais pas si ça vaut le coup de créer un arc électrique dans tous les cas, commencer par créer une flèche suffisamment tangible, c’est peut-être ça l’étape n°1 non ? Faire les deux en même temps, ça me paraît difficile même pour quelqu’un d’expérimenté, je réfléchis en même temps que je parle. Par contre, charger une flèche en superalliage d’électricité et la balancer, ça se fait plus facilement. Je pense que c’est possible de créer une flèche électrique dans tout les cas, mais peut-être pas au point de transpercer une cible de part en part. Lui planter un truc dans le corps, c’est peut-être un peu plus faisable, mais ça risque aussi d’exploser au contact. J’ai jamais trop tenté de faire quelque chose d’aussi compact en terme d’électricité à part pour créer des explosions, je t’avoue, donc je sais pas trop ce que ça risque de donner…

Ce faisant, je me recule et essaie de créer une forme de flèche grésillante, que j’attrape sans m’électrocuter — l’électricité ne mord pas la main de celui qui la nourrit… enfin crée… enfin vous voyez. C’est encore assez dispersé, la sensation n’est pas très tangible dans ma main.

—On va tester la flèche plutôt que le fouet ; le fouet c’est trop mouvant, je trouve ça plus difficile. Si tu veux créer quelque chose de compact, il faut lui donner une forme, pour commencer. Limite, imagine que c'est contenu dans une forme spécifique que tu vas remplir d'électricité. Ce que je fais en général, par la suite, c’est que j’essaie de tout compresser au max… Ca provoque une friction au niveau de l’air autour, donc de la chaleur, tout ça.

La flèche diminue de taille alors que je la compresse ; mais à mesure qu’elle diminue de taille, elle parvient aussi à devenir plus… matérielle, comme le disait Nicolas. Je rajoute un peu de matière que je recompresse, pour lui donner une forme plus longue, effilée. Pas super agréable à tenir, là, mais ça me crame pas. C’est aussi vachement plus chargé que la première version de ma flèche. Je lui montre, touche le bout de la flèche. Y a une légère résistance qui tient mon doigt à l’écart, comme deux aimants qui se repoussent.

—C’est pas tellement l’électricité qui fait que c’est tangible comme un objet, mais plutôt de l’énergie cinétique que ça provoque, je résume en observant ce que je ressens, et le laissant analyser. Et pour l’envoyer, ben… On teste ? Euh, écarte toi, au cas où.

Je fais léviter la flèche électrique et m’écarte de Nico, visant un arbre plus loin. Je laisse la flèche prendre un peu d’élan et, d’un mouvement de l’index, la projette à… alleeeeez bien en dessous de la vitesse d’une flèche envoyée par un arc, hein, on va y aller mollo.

Mollo.

Ah ouais.

La flèche se plante dans le tronc, et déverse son énergie électrique, magnétique (ah ouais en fait y a ça aussi qui aide à compresser le tout, j’avais pas bité…) et cinétique dans le tronc. Qui ondule. Et l’énergie sort en défonçant le tronc sur les côtés. Qui craque. Et qui tombe dans un fracas assourdissant.

…

—… Interdiction de faire ça à Terrae, ok ?