Parce que je devais m’attendre à quelque-chose de normal venant de Rosalina ? J’aurais été bien sotte de croire que cette dernière avait changé ses passes temps depuis la dernière fois que nous nous sommes rencontrées. Elle avait toujours eu une passion étonnante pour les armes anciennes, et apprécié que je sache les maîtriser. C’était d’ailleurs ainsi que j’avais à l’époque marqué des points avec elle, avoir été bien renseignée à son sujet m’avait été des plus utiles, ma précision n’ayant été que la cerise sur le gâteau. Je souris cependant, une salle de tir dans un avion, c’était toujours aussi fou et décadent, mais amusant.

Je regardais un instant les armes posées devant moi quand le choix me fut laissé. Depuis combien de temps n’en avais-je pas tenu une ? Mon arrivée à Terrae, cela était certain. Avant ? Sans doute un peu, est-ce que je sais encore les manier ? Est-ce que ma nouvelle condition physique me le permet?Plusieurs questions se bousculent dans ma tête jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une seule : est-ce que j’ai envie de toucher à nouveau à une arme ?

Ironie piquante. Je suis une arme. Je suis une putain d’arme. Alors c’est un peu ridicule de m’amuser à me poser ce genre de questions, jamais Rosalina ne m’aurait montré ces précieux joujoux si elle avait pensé un instant que je serais plus dangereuse avec que sans. Elle le sait aussi bien que moi, je n’ai pas besoin d’arme pour tuer chaque personne dans cette pièce. Je n’en ai jamais eu besoin, mais maintenant ce serait d’une simplicité enfantine.

Je soupèse un mousquet, il n’est pas équilibré mais il fera l’affaire. Je le charge comme il se doit, met les freins à mon fauteuil pour limiter le recul et vise. Ce n’est pas dans le mile, mais respectable je dirais, j’ai atteint la partie médiane de la cible.

« Et bien, très sincèrement, ça ne m’avait pas manqué. » je repose l’arme. « Pas de disque-dur avec des séries enregistrées ? Tu devrais essayer The Good Place, c’est un régal ! »