Finalement, après m'être installée après toute cette histoire folle de Vide, pouvoir, puce dans le crâne pour qu'on se comprît tous et tout, ouah, ça fait du bien de se poser.

En début d'après-midi, je décidai de sortir pour me changer les idées. Je voulais pas paraître fermée et tout, et puis, j'étais pas comme ça.

Je posai mes écouteurs sur mon lit après avoir craché une dernière fumée grise.

Je venais de fumer discrètement à ma fenêtre mais chut, secret entre nous.

Mes lunettes sur la tête, comme d'habitude, un tournevis dans la main droite et une ancienne gameboy dans la main gauche, je bidouillais la petite machine. Ma mère me l'avait donné avant que je partisse. Le truc était vraiment en piteux état, poussière partout, dans les circuits, machin. Quand j'ai soufflé, j'ai toussé comme pas possible mais j'ai dû l'ouvrir pour vérifier car y avait toujours un problème.

Sérieusement, tu m'étonnais qu'elle me l'eût donné, un novice l'aurait jeté en murmurant "Nah nah, il est tout cassé". Alors que pas du tout.

Je levai les yeux au bout de quelques minutes mais j'avais pas beaucoup avancé, je haussai un sourcil en voyant des personnes utiliser de la foudre. Je dois imaginer que j'allais en contrôler aussi ? Trop cool !

Enfin bref, je n'étais pas sur ça, je devais finir ce bidouillage de fortune, même si y avait un petit côté professionnel, c'était pas non plus à la portée de tous les gamins.

J'avais ma petite ceinture de bricolage autour de la ceinture, m'adossant au mur, rapprochant la gameboy de mon visage, près de la salle, pour me concentrer davantage.

Un esprit sain dans un corps sain. Azy te moque pas, je sais très bien que ces conneries ne me correspondent pas. Qu'est-ce que j'en ai foutre d'être "sain" ? C'est bien un truc de loser ça. Non, tout ce qui m'intéresse, c'est d'entretenir mon corps suffisamment pour rester beau gosse. Comment je ferais pour choper en soirée sinon ? Et avec la vie que je mène, l'entrainement est indispensable.

Je profite donc de cette journée où je ne commence à bosser que tard pour faire un tour dans la salle dédiée. Après deux heures passées à alterner entre sacs de frappe et tentatives plus ou moins fructueuses pour maîtriser ma capacité à mobiliser des flammes de taille toujours de plus en plus importantes, la douche n'est pas de trop. Toujours aussi peu intéressé par ces histoires de réchauffement climatique et de baisse des quantités d'eau disponibles, je passe un temps fou dans le vestiaire, à poil dans les douches jusqu'à ce que je décide qu'il faudrait que je me bouge.

Une bonne demi heure plus tard, je ressors finalement après avoir enfilé jean et chemise, les cheveux encore trempés. Et on n'oublie pas le deo ! Mais en traversant la salle d'entrainement, direction la sortie, il y a d'un seul coup tout le système électrique qui grille. Encore. Un soupire de dépit, je me tourne vers la partie où les Tonnerres s'entrainent régulièrement. Bingo. Il n'y a plus grand monde dans le complexe, la plupart des gens qui bossent ou qui vont en cours ont déjà repris. Ce n'est donc pas très difficile de capter ces visages visiblement embêtés par ce qui vient de se passer.

- "'Tain les boulets là, c'est pas la peine de tirer ces gueules. Remettez plutôt le jus."

- "Heu mais, on n'a pas fait exprès. On ne sait même pas comment on a fait ça..."

- "Dans c'cas vous avez plutôt intérêt à prier pour que la machine à café ait été épargnée par vos conneries !"

Ouais ouais, la salle d'entrainement est justement faite pour l'entrainement. Mais elle est aussi censée être équipée pour que ce genre d'incident ne se produise pas. Non, je ne suis même pas particulièrement de mauvaise humeur. J'ai fait le vide d'énergie, j'ai pu me défouler correctement, évacuer (au moins pour quelques temps) la colère qui me ronge au quotidien. Mais si je ne peux pas accompagner ma clope post entrainement d'un café, je risque de vite redevenir de mauvais poil.

HRP:

J'étais davantage concentrée lorsque la lumière dans le couloir s'éteignît.

Mais putain, comment ça se faisait ?!

« C'est quoi ce bordel ? »

Trop crue ? Non. Juste naturelle.

Je regardai aux alentours et étant donné les grandes gueules que j'eus entendues, les personnes qui jouaient avec leur foudre, si c'était le bon terme, avaient apparemment fait tout disjoncter. Heureusement que j'étais là, enfin, ça devait pas être bien dur.

Je pris mon téléphone pour utiliser l'option lampe torche et regardai autour de moi avant de voir la boîte électrique certainement liée à la salle d'entraînement, je regardai un peu.

« Mh... Rien de bien dur, un truc classique quoi. »

Ils devaient être vraiment nuls, maîtrisez votre truc quoi.

Je soupirai.

Je mis la gameboy dans ma poche arrière du jean.

Je pris davantage le soin de ne pas me tromper dans les fils et interrupteurs.

Je relevai l'interrupteur principal d'un geste sûr.

Ces nullos passés, je reprends direction la sortie. Je pousse la porte et bien sûr, vu qu'il n'y a pas de fenêtres dans ce couloir, je me retrouve dans le noir. Super... Enfin ça va, c'est pas le noir total non plus, une bonne partie de la lumière extérieure arrive à se frayer un chemin sous les différentes portes, mais il faut un léger temps d'adaptation à mes yeux.

Mes yeux qui se focalisent d'ailleurs très vite sur la seule source lumineuse qui ressort. Un téléphone  ? On dirait bien. Intrigué, je m'approche un peu plus jusqu'à distinguer la silhouette à qui doit appartenir le smartphone torche. Encore quelques pas et cette fois il n'y a pas de doutes, elle est bien en train de trifouiller dans le compteur électrique.

Le clac caractéristique retentit lorsqu'elle a dû vouloir réenclencher le disjoncteur. Qui saute de nouveau immédiatement.

- "Tu sais qu'c'est pas hyper utile c'que tu fais là. Les deux autres abrutis de Tonnerre vont probablement recommencer et le problème va revenir. Et si c'est pas eux, il y en aura forcément d'autres pour faire la même connerie. Ils sont un peu stupides."

Ok, pas tous, mais pour la majorité, il faut bien reconnaitre qu'ils ont dû se griller les neurones à l'initiation. Et si la miss en était une ? Déjà, j'en rien a foutre. Ensuite, ça m'étonnerait, sinon elle n'aurait pas le nez dans ce tableau. Si elle faisait partie des Tonnerres capables de régler ce genre de problème, elle l'aurait déjà fait, sans avoir besoin de bidouiller ces câbles.

- "Laisse tomber, à ce stade c'est un master qu'il faut."

D'ailleurs, quelques étincelles commencent à apparaitre au niveau des connexions et une forte odeur de cramé commence à se faire sentir. Ok, là c'est carrément mauvais signe.

- "Ramène toi, vaut mieux pas trop trainer par ici."

Les quelques pas qui s'étaient approchés ne m'avaient pas dérangée. J'eus un sourire en voyant la lumière se rallumer mais qui se renversa en voyant la nouvelle coupure d'électricité.

« Tss. »

Je me tournai vers la nouvelle silhouette, mettant la lumière dans ses yeux avant de légèrement baisser son portable. Un élève là depuis un moment, je pensais, étant donné l'aisance et son savoir sur... ces personnes.

« Je vois. Les... Tonnerres sont tous comme ça ? »

Je savais pas si on pouvait les appeler comme ça. Je vis les étincelles et tentai de rapprocher mon tournevis.

« Attends, si je boug- »

Le métal du tournevis accentua le processus actuel, créant une mince explosion qui me fit reculer et tousser rapidement suite à la fumée qui s'échappait du boîtier.

« Ah putain de merde ! »

J'avais lâché mon téléphone en frottant mon visage, ce dernier noir de l'explosion précédente.

Si j'avais mis les lunettes, ç'aurait été mieux.

« 'Fait chier, 'fait chier, 'fait chier !! »

Je m'énervais seule et j'étais encore désorientée.

Depuis quand ça s'fait d'accueillir un type sympa comme moi, qui veut juste filer quelques bons conseils avec une putain de lumière de téléphone dans la gueule ? Une grimace de mécontentement, mais la demoiselle doit comprendre assez vite et baisse la lumière. Ce qui me permet en même temps de discerner un peu mieux son visage. Mignonne. Une belle petite bouille d'anarchiste. A moins que ce ne soit l'effet mecano girl. Ça va, pas besoin d'être devin avec toute cette panoplie.

- "T'as jamais croisé de Tonnerres ? Ça doit pas faire longtemps que t'es ici, j'ai l'impression qu'on en croise à chaque nouveau couloir..."

Bon ok, sur le coup je me demande un peu si elle n'en est pas une quand même. Ou future Tonnerre ? Nan mais qu'est-ce qu'elle fait à continuer de toucher à ce truc alors que je viens de lui expliquer que c'est peine perdue ? A quoi ça sert que je fasse un effort pour me montrer cool à donner de bons conseils si c'est pour qu'on ne m'écoute pas ?

- "Tu peux jurer autant qu'tu veux j'm'en branles, mais t'as quand même capté que je t'avais prévenu ?"

Ah ouais, ok, c'est carrément jouissif de sortir ce genre de phrase ! J'ai trop l'impression d'être un mec super responsable là ! Mais du coup, c'est quand même vite méga relou. Sans compter que ça ne résout absolument pas le problème. De nouvelles étincelles plus importantes apparaissent, donnant un tout nouveau teint à la miss.

- "Putain, chez toi aussi y a un truc qui tourne pas rond. Ramène toi, au cas où t'aurais pas capté ça commence à devenir craignos par ici."

Je me penche pour ramasser son portable et attrape la rouquine par le poignet en me relevant, prêt à l'embarquer avec moi. J'ai bien assez d'emmerdes comme ça en temps normal, pas la peine que je rajoute celles qui ne sont pas de mon fait. Parce que si Hideko raplique, je n'suis pas sûr qu'elle soit ravie de voir ma gueule juste à côté de ce boîtier qui est littéralement en train de s'embraser.

- "T'es une vraie catastrophe meuf. Tu sais ?"

Ouais, bien sûr que je vais tenter quelque chose avant de me barrer. Concentration, j'arrive à diminuer largement la taille des flammes qui commencent à lécher le mur. Mais je ne peux rien faire pour la source d'où elles proviennent. Dans compter que la fumée commence déjà à se répandre dans le couloir, rendant la respiration plus difficile. A ce rythme je vais me prendre une deuxième douche sur la gueule. Ouais, il est largement temps de se barrer.

Il me jugeait. Il avait aussi pris la confiance.

Je frottais une énième mon visage noir avant de regarder difficilement la boîte qui grondait de colère.

On allait effectivement laisser tomber.

J'attrapai vivement son poignet avant de sortir vivement, par le premier couloir, ne sachant pas exactement où nous étions. Je connaissais pas encore assez...

« Pour tout te répondre, je comptais le réparer mais y a dû avoir un truc qui est rentré en compte que j'ai justement pas pris en compte. »

Je toussai encore puis frottai mes yeux afin de le regarder, les yeux légèrement rouges de la fumée, le visage largement sale et noir.

« J'imagine que tu vas me balancer non ? Tu m'diras, je peux assumer mes conneries. Je tenterai pas la prochaine fois. »

Je soupirai d'ailleurs, à peine arrivée que je déconnais. Je l'avais pas fait exprès, promis.

Je frottai ma nuque en imaginant déjà des sermons mérités.

J'eus l'instinct, de l'autre main, de sortir un paquet de cigarettes de ma poche mais je le rangeai immédiatement après.

Le réparer ? Comme si c'était possible de réparer quoi que ce soit de ce genre quand des Tonnerres détraquent tous les circuits électriques du coin. Ouais, maintenant j'ai peu de doutes, elle doit être arrivée très récemment. Levant seulement les yeux au ciel, j'ai encore trop de mal à respirer à cause de cette fumée pour répondre quoi que ce soit.

Je la guide à travers les couloirs, l'air de plus en plus respirable à mesure qu'on s'éloigne de la source du problème. Par habitude, j'ai pris la direction de la sortie alors quand, une fois dans le hall, elle me demande si je vais la balancer, je ne peux retenir un sourire amusé, qui n'aide pas à savoir ce que j'en pense vraiment.

- Ça dépend. Avec un café et une clope, j'devrais pouvoir ne rien dire."

Ouais, je l'ai bien vu ce geste que n'importe quel accro à la nicotine répète si souvent. Bon, en vrai j'ai largement de quoi me payer un café et une clope hein, mais faudrait pas qu'elle s'imagine que tout est gratos. J'veux bien faire des efforts pour me montrer un poil plus cool, faudrait pas abuser non plus. Et puis elle n'avait qu'à m'écoute du premier coup. C'est quand même de sa faute si à peine sorti de la douche je pu déjà le cramé. Et ça, c'est franchement emmerdant.

- "Mais avant, tu devrais passer aux chiottes te nettoyer la gueule. Parce que vu ton état, ce n'est pas très difficile de voir qui fout la merde."

Ok, c'est peut-être pas tout à fait la vraie raison. Eh, n'importe qui me connaissant un minimum sait très bien que je suis Feu. Et j'ai franchement pas envie qu'on puisse s'imaginer que je m'en prends à une meuf à l'aide de mes pouvoirs. Mais je n'la connais pas, alors je vais éviter de le dire tel quel. On verra bien si elle se montre finalement être une meuf cool ou du genre mega relou. Et, éventuellement, je pourrais lui parler des caméras de surveillance.

Il me proposait un troc, un échange. Basique en plus, pas impossible du tout. En soit, c'était honnête. Il aurait pu abuser et faire le connard-balance qui se foutait de mes excuses et moult mots et m'aurait balancée dans tous les cas. Mais là, il était cool, grave cool. Et j'allais pas me plaindre. Je venais de commencer un paquet de cigarettes, je ricanai en le regardant. J'attendis qu'il finît ses interlocutions.

« Ouais. Merci pour le conseil de ma tête. Et... Je te dois bien ça, j'imagine. Je vais pas te mytho en disant que j'ai pas de clopes, tu viens de le voir à cause de mon toc quand j'ai un coup de stress. »

Je ricanai avant de soupirer.

« Et puis je suis pas une meuf qui ment alors je t'en aurais passé, tout en pensant bien que tu pourrais me rendre la pareille un jour. »

Je lui souris avec un léger tir de la langue pour bien préciser que j'étais sincère avant de marcher et tenter de trouver les toilettes... que j'eus trouvées difficilement. Je me lavai le visage comme je pouvais et je revins vers lui.

« Me voilà un peu plus saine. Je te suis. Oh, d'ailleurs, j'm'appelle Eblenn. Quelle rencontre mais enchantée quand même. »

Je ris légèrement en le regardant.

Un sourire amusé en entendant la bricoleuse affirmer être quelqu'un d'honnête, je ne sais pas encore quel crédit je peux donner à ses paroles, mais je dois admettre qu'elle me parait plutôt sympas. A moins que ce ne soit dû à son visage portant encore les marques de ce dérapage précédent ?

Quoi qu'il en soit, elle n'a pas l'air du genre empotée, puisqu'elle file bien vite effacer les preuves du départ de feu qui eu lieu un peu plus loin. Bah, ça va, c'est pas comme s'ils n'avaient pas l'habitude de gérer ce type d'incident à Terrae. Adossé au mur non loin de la cafeteria, j'attends que la rouquine revienne en pianotant sur mon téléphone, prévoyant quelques rendez-vous business. Parce que j'ai toujours besoin de plus de fric.

- "Ça m'parait un peu mieux en effet. Moi c'est Tiago. C'est toujours un plaisir de rencontrer quelqu'un capable de foutre le bordel dans le coin. Pour le café, c'est par ici."

Je me redresse totalement et me dirige vers la porte de la cafeteria que j'ouvre, invitant Eblenn donc, à entrer. L'endroit est plutôt calme à cette heure ci. Quelques rares personnes étant occupées autour d'un gobelet.

- "J'imagine que tu viens d'arriver ? Tu devrais vite comprendre qu'il ne vaut mieux pas toucher à quoi que ce soit d'électrique ici. Surtout quand des Tonnerres sont à proximité. D'ailleurs, tu te trimballes toujours avec ce genre de matos sur toi ? Ou c'est pour le style ?"

Arrivés devant la machine à café franchement pas réputée pour la qualité de ses boissons (mais j'm'en branle un peu tant qu'il y a de la caféine), je sélectionne l'option expresso tout en augmentant au maximum la dose de sucre, avant de me retourner vers la bricoleuse, un sourire satisfait collé au visage. Ça va, c'est pas non plus ce qui va la ruiner, j'aurais pu trouver bien pire. Mais j'crois que je pourrais bien l'apprécier. Eh ouais, j'suis pas un connard h24 tu vois !

Je devais avoir quelques traces aux racines de mes cheveux, derrière mes oreilles, peut-être même mon cou, mais je m'en moquais. Fallait vraiment se faire chier pour le voir.

Je le suivis, ne connaissant pas du tout encore les endroits. C'était pas mal et j'eus mis la pièce pour payer son café. J'enchaînai vivement en sortant légèrement mon paquet de clopes, en prendre une entre mon index et mon majeur afin de la lui tendre.

« Voilà, comme promis, Tiago. »

Je fis un petit clin d'oeil, et autant en profiter en choisissant un cappuccino. Une fois que nous étions servis, j'imaginais bien que nous allions aller dehors.

Il avait un style garçon rebelle, une fille de mon âge devrait craquer ? Mais son style lui allait bien et je me sentais à l'aise, si j'étais avec un gars riche qui aimait bien se vanter et tout... J'pensais bien que je serais déjà partie.

« Ça fait combien de temps que t'es là ? Vu comment tu causes, tu connais vachement bien les lieux et les profs. Enfin, si c'est le bon terme. »

Un café et une clope comme convenu. Je dois dire que c'est plutôt pas une trop mauvaise journée. Et comme la rouquine semble vouloir en profiter pour en faire de même, je me dirige vers la sortie la plus proche. Fumer à l'intérieur ne m'a jamais posé le moindre problème de conscience. Affronter les quelques âmes courageuses, protectrices des poumons innocents, non plus. Mais autant éviter de trop vite montrer mon côté casse burnes, alors direction l'air extérieur.

- "Hum, ça fait genre huit mois. C'est pas énorme mais largement assez pour connaître le fonctionnement de cet endroit. Ainsi que les gens qu'il vaut mieux éviter. Certains sont effectivement profs, d'autres juste relous."

J'ai l'impression que ça fait beaucoup plus longtemps que ça que je suis coincé ici. Ce besoin de liberté, difficilement contrôlable, qui ne me lâche plus depuis des semaines, me fait toujours penser que je suis arrivé à Terrae depuis plus de temps. Bon, il faut dire que je ne suis pas du genre à vivre sagement ma vie en faisant bien attention à ne pas m'attirer d'ennuis. Live fast. Qui ne va pas sans le die young, je sais. Un simple détail.

- "Et toi ?"

Je marque une légère pause alors que je m'adosse au mur situé à proximité de la grande porte d'entrée. Clope coincée entre les lèvres, je fais machinalement apparaître une petite flamme à l'extrémité de ma cigarette avant de tirer dessus. Et, le plus naturellement du monde, je fais glisser cette flamme vers la rouquine, comme si j'avais seulement actionné un briquet pour qu'elle puisse consumer sa dose de nicotine tranquillement. Je sais bien qu'elle ne doit pas être habituée à de telles façons de faire, mais qu'est-ce que j'y peux si l'affinité Feu est décidément la meilleure qui soit ? Autant pour la clope que pour se la raconter !

- "Qu'est-ce que tu foutais là haut avec ce genre de matos ? J'espère que c'était pas pour postuler à un job d'électricienne parce que ça parait un peu compromis... Quoi que, t'as pas encore l'âge de quitter l'école, si ?"

Ok, je suis incapable de lui donner un âge précis. Encore moins après avoir subit ces quelques désordres électriques. Elle n'a pas l'air si vieille malgré ses petits airs de crapule.

J'eus mis la clope à mon bec et j'étais en train de sortir mon briquet de ma poche qu'une flamme apparût pour nous allumer les cigarettes avant de disparaître. J'eus une hésitation, un bug mental, je rêvais ou ? Étant donné tout ce qui s'était passé, c'était pas un putain de rêve.

Je secouais la tête en lâchant un petit :

« Trop styléééé... »

Dans le vent, je ne savais même pas s'il avait attendu. Je pris une longue bouffée avant de cracher la fumée noire dans un soupir d'aise, ça faisait un bien fou bordel...

Mes yeux se tournèrent vers lui et je pris un air sceptique en haussant un sourcil avant de rire un peu.

« Ouais, tu m'étonnes... Si je pouvais faire un métier d'avenir, ce serait mécanicienne. »

Je devais avoir certainement de petites étoiles dans les yeux, je voulais vraiment le faire, c'était pas un truc de gamin, c'était vraiment sérieux...

« Et ce matériel, c'est au cas où si quelqu'un a besoin d'aide, je suis du genre altruiste, mais apparemment la mécanique et l'électricité ne sont pas deux choses qui ont de forts liens. »

Je ricanai légèrement en soufflant une nouvelle fumée noire, regardant ailleurs.

« Et on ne demande pas l'âge d'une femme, ni son poids. »

Je tirai la langue.

« Mais j'ai bien l'âge de me casser si j'veux, toi aussi j'pense. Mais personnellement, je me sens bien pour le moment, ça ne fait pas longtemps, ok, mais je sens que je vais m'éclater. Pas forcément dans le sens où je grille tous les panneaux électriques. »

Un nouveau rire sortit de mes lèvres.

Bien sûr que c'est trop stylé !! J'vous l'dit, y a pas mieux que le feu !! Pas besoin de s'emmerder à chercher où taxer un briquet, ni de râler quand on se rend compte que l'autre connard ne nous le rend pas. J'écoute donc la demoiselle m'exposer ses rêves d'avenir tout en tirant sur ma clope, attendant que le café refroidisse légèrement. Je n'ai pas envie de me cramer la langue !

- "Mécano hein... C'est pas censé être un job de mec ça ?"

Un sourire insolent qui s'accorde parfaitement avec la voix que je prends, évidemment que je cherche seulement à la provoquer gentiment. Même si mon côté macho n'est pas vraiment feint dans cette phrase, j'ai l'impression que cette nana est de celles avec qui on ne s'ennuie pas. J'ai bien envie de tester un peu le terrain pour être fixé sur le caractère que j'ai en face.

- "M'ok, j'ai pas le droit de demander, mais j'peux essayé de deviner non ? Enfin, seulement pour ton âge, j'sais bien que les meufs trichent toujours sur leur poids de toute façon !"

Bah ouais, je ne vais pas laisser passer ce genre de phrase sans renvoyer la balle non plus ! Parce que j'ai l'impression qu'elle est assez fun. Et puis de toute façon, si elle le prend mal, ce n'est sûrement pas ce qui va m'émouvoir. Je ne suis pas du genre à rester poli et bien élevé pour le simple respect des conventions. Surtout pas quand il n'y a aucun enjeu.

- "D'après c'que tu viens de dire, t'es majeure. Mais sous tes airs de rebelle qui fume t'as encore une tête d'ado. 18 ans ?"

Mais ce qui m'impressionne le plus, ce ne sont pas les traits de son visage qui montrent qu'elle touche tout juste à l'âge adulte, mais le détachement qu'elle réussi à prendre. Elle vient d'arriver. Ce qui signifie que le Vide est encore bien présent en elle. Suffisamment fort pour avoir fait déplacer un master. Et malgré tout, elle me parle d'aller s'éclater comme si elle venait en fait de débarquer à Ibiza. Soit elle est vraiment forte, soit elle ment très bien. Dans les deux cas, ça me plait.