Foutue Eclipse. Perdre mes pouvoirs de Sonores au profit de ceux de Soigneurs ? Ok, pourquoi pas, l'expérience était sympa. Subitement devenir Eau Morphe et passer des semaines trempée et/ou avec une queue de chat ? Passe encore, ça avait ses côtés drôles. Revirement de situation et devenir Terre Titan ? C'était tout de suite moins drôle, parce que j'ai écrabouillé la télécommande de ma télé, et je n'ai pas osé toucher à mes instruments de musique pendant toute cette période, de peur de les pulvériser eux aussi. Le seul point positif, c'est que mes plantes d'intérieurs pètent la forment.
Mais alors CA, je crois que c'est le pire. Non seulement, je ne suis pas débarrassée de cette vieille odeur terreuse qui me suit partout, mais EN PLUS, maintenant j'entends les pensées des gens dans ma tête. Et évidemment, en général c'est les pensées plutôt intimes et cachées, vous voyez le genre. Je vous jure que j'ai essayé de fermer mon esprit, mais je pense que ma technique est médiocre. Je suis donc assaillie de manière complètement inattendue par des pensées indiscrètes. Et pour une personne un peu anti-sociale sur les bords, et surtout qui déteste se mêler de la vie des autres, c'est un cauchemar absolu !

J'ai bien essayé de faire comprendre à mon patron que j'aurais besoin de quelques jours de repos, mais il m'a gentiment répondu que c'était une période difficile pour tout le monde, et que si je n'étais pas capable de le gérer comme tous les autres employés des commerces du village, ce n'était plus la peine de revenir du tout. Voilà voilà. Sympa, hein. Du coup, comme je n'ai pas envie de perdre mon job, je suis là, en train de plier les vêtements dans les rayons, essayant de me concentrer au maximum sur ma tâche pour éviter une "crise" de télépathie non souhaitée.
La cloche retentit, annonçant l'arrivée d'un nouveau client, et je tourne la tête malgré moi en direction de la porte. Une jeune femme brune, assez grande et fine, entre dans la magasin. Elle est trop loin pour que je distingue bien son visage, mais je la devine très belle, à voir tous les regards se tourner sur elle. Sa tenue n'y est sûrement pas pour rien non plus, elle porte une robe élégante, qui semble sortie tout droit d'un magazine ; moi qui pensais que personne ne portait ce genre de tenue dans la vie de tous les jours ! Je la suis du regard quelques instants, avant de reporter mon attention sur la pile de vêtements à plier devant moi.

Une trentaines de pulls plus tard, j'ai terminé de ranger le rayon et décide de m'attaquer au suivant. Je remarque du coin de l'oeil que la jeune brune s'attarde sur les robes proposées. Je la vois mieux maintenant, et réalise qu'elle est effectivement très belle, avec des yeux bleus perçants, comme les miens. C'est assez drôle de voir que la description de base est la même - grande, bien faite, brune aux yeux bleus - mais qu'on est pourtant diamétralement opposées. Elle est aussi élégante dans sa robe de couturier et talons, que je suis grunge dans mon pantalon troué et mes combats shoes. Deux faces d'une même pièce, en somme ! Je souris en coin et retourne à mon pliage, avant d'être dérangée par une personne marmonnant que la collection de vêtements n'est vraiment pas top.

"C'est vrai qu'ils ne se sont pas foulés la cheville pour le coup, d'habitude on a mieux quand même."

Je relève la tête et me rend compte que cette phrase venait de la jeune brune - et vu la tête qu'elle tire, elle ne l'a pas dit à voix haute. Haha. Ok. On ne panique pas. J'ai envie de disparaître dans les rayons de fringues là.

"Ahah... Ah. Désolée. Cette foutue Eclipse. Je maîtrise pas la télépathie, c'est un enfer ! Je ne voulais pas être indiscrète. Ceci dit, si vous saviez le genre de pensées qui m'assaillent d'habitude, la votre est super sage, ahah ! ... Ok je ferais mieux de me taire. Pardon."

Voilà, les effets du stress sur une personne pas douée pour la communication, ou comment déblatérer de la bouse en boîte. Elle doit me prendre pour une cinglée.

... elle était cinglée celle-là ! Mira était entrée dans ce qui avait le plus l'air d'être une boutique de fringues, espérant qu'ils vendaient de la qualité. Bon, déjà, première chose, ils ne devaient n'avoir que des thons ici, parce qu'à son passage, l'italienne avait senti une dizaine de regards se retourner sur son dos, et ensuite ... c'étaient ça leurs vêtements ?? "Pas terrible" était un clément euphémisme pour qualifier la qualité du style ... est-ce qu'elle venait juste de lire ses pensées, là ?! Non, sinon, à qui parlait-elle ? Il n'y avait personne à côté à part elle !

La cliente se tenait donc là, avec un t-shirt pendant au bout de ses doigts, tandis qu'elle adressait un regard à la vendeuse qui voulait certainement dire "Putain, c'est quoi ce que tu viens de me faire, là ?". En tout cas, elle n'avait pas l'air spécialement enchantée, avec ses grands yeux arrondies d'une désagréable surprise. C'était quoi le pire ? Devoir endurer les explications noyées d'embarras ou bien le ressentir !! Ce pouvoir ... c'était le pire. Merde, elle se sentait gênée, elle aussi, sans même qu'elle n'ait besoin de l'être ! Ce n'était pas elle qui venait de perdre toute dignité en admettant ouvertement qu'elle avait épié les pensées d'une autre.

Secouant la tête, Mira ne fit que reposer le haut en baissant les yeux. Elle regarda fixement la vendeuse pendant qu'elle se justifiait et ne fit que soupirer lourdement lorsqu'elle réalisa qu'il valait mieux laisser faire le silence. L'expression de l'italienne était celle des adolescentes qui tiennent à ce qu'on les laisse tranquille, sinon ... sinon rien du tout, mais ce serait plaisant qu'elle s'y mette. Pourquoi diable Dieu avait-il inventé la compassion ? Ce genre de sentiment n'apporte que des problèmes et la sensation ne s'en allait pas !

Et elle devait surveiller ses pensées, maintenant, il s'agirait pas de compromettre quoi que ce soit sur ce qu'elle est ou ses motivations. Ces choses étaient mieux gardées secrètes, alors Mira commença à se concentrer sur les vêtements qui étaient disposés devant elle. Ce n'était pas exactement sa sélection de robe ... trop de couleurs, pas assez de classique, elle aimait le morne, le classe. Elle n'avait pas envie de s'habiller comme une écolière ... mais peut-être qu'il fallait s'adapter, mais que prendre ..? Même la jeune femme qui l'avait interpellée n'était pas superbement bien habillée.

Il y avait cette sensation qui la dérangeait, encore et encore, comme une aiguille qu'on voulait lui enfoncer dans la tempe et qui la rendait ... molle. Elle ne pourrait pas exactement décrire ce qu'elle ressentait, mais ça lui donnait envie de rentrer à ses appartements et de ne rien faire, de s'allonger et de simplement partir. La gêne était aussi encore là ! C'était certainement la vendeuse ... mais Mira n'avait pas fini de se balader ici pour trouver des fringues ! Est-ce qu'elle allait vraiment devoir endurer ça ? C'était sans doute parce qu'elle se faisait une fixette sur elle, depuis qu'elle avait lu ses pensées. Et merde !

- Hé ! Viens ici !

Elle interpella de la plus brusque des manières la jeune liseuse de songes, accompagnant son ordre d'un geste de la main. Mira ne fit même pas un pas vers elle, non, elle préférait que ce soit entièrement elle qui se déplace. Lorsqu'elle fut à portée, elle posa une main ... indicible sur son épaule. Elle tenait sa gestuelle de son père, on ne savait jamais si elle était amicale dans ses gestes, ou bien agressive au possible. D'habitude, c'était la seconde option, mais aujourd'hui, le ton et les propos auraient très bien pu mettre cette certitude en doute.

- Que ce soit clair, tu entends ce qu'il y a dans ma tête ... elle pointa son index sur sa tempe. ... je sens ce qu'il y a là-dedans. ce même doigt vint tapoter l'emplacement du coeur de la vendeuse. Alors, on va faire très simplement, tu vas régler tes soucis émotionnels pendant que moi, je penserai aux fringues que je veux acheter, et l'on aura pas besoin de se supporter l'une et l'autre.

Elle rajouta presque un "bontà corteze", ou "mon dieu" en italien, avant de se raviser. Il était parjure d'invoquer le nom du seigneur pour pareilles broutilles, tant que la jeune femme arrivait à se maîtriser un peu ! Mira ne voulait rien à voir dans les affaires personnelles de l'employée et celle-ci n'avait rien à faire dans sa tête ! Alors, au diable la politesse ! Il était important qu'elle comprenne que le client était effectivement roi, et qu'en tant que salariée, elle devait respecter ça. S'immiscer dans les pensées d'une consommatrice ? Et puis quoi encore ?! L'italienne insista.

- Compris ?

La jeune brune me regarde avec des yeux arrondis alors que je m'excuse, mais ne répond rien. Je n'insiste pas et retourne à mes affaires, la laissant retourner à son shopping. Quelques minutes plus tard, alors que je suis en train de plier quelques t-shirts, j'entends la voix de la brune résonner derrière moi dans une injonction assez agressive. Je me retourne pour voir s'il y a d'autres personnes autour, mais non, c'est à moi qu'elle parle comme ça ? Je la regarde en haussant un sourcil, pour qui elle se prend celle-là ? Je m'approche malgré tout, peut-être qu'elle a une question après tout. Certaines personnes n'ont pas été éduquées à la politesse, j'ai tendance à l'oublier. Arrivée à sa hauteur, elle pose sa main sur mon épaule, et commence à me menacer à demi-mots avec un air hautain.

Je la laisse finir son monologue sans l'interrompre, puis pose calmement ma main sur la sienne pour l'enlever de mon épaule et me recule d'un pas, histoire de récupérer un peu d'espace personnel. Non mais, je veux bien être patiente et agréable, mais j'ai horreur des gens qui s'approchent si près de moi sans y avoir été invités. Bon, si elle se permet de me tutoyer, on va faire pareil hein.

"Je me suis déjà excusée il me semble. La Télépathie n'est pas mon pouvoir, comme le don de Sensitif n'est pas le tien. Tout le monde fait de son mieux ici depuis l'Eclipse, mais ce n'est facile à contrôler pour personne ; ce qu'il y a dans ta tête ne m'intéresse absolument pas du tout et crois-moi, je préférerais rester en dehors, tout comme tu n'as pas envie de savoir ce qui se passe dans mes sentiments. Voilà, c'est arrivé, maintenant il n'y a pas grand chose à faire à part s'excuser et passer à autre chose."

Ce que, visiblement, certaines personnes ont du mal à faire ! Je garde mon calme, même si franchement, c'est pas facile. C'est déjà suffisamment le bordel dans ma vie en ce moment, dans la vie de tout le monde d'ailleurs. On est tous dans le même panier, je ne comprends pas que certaines personnes s'amusent à enfoncer les autres alors qu'ils luttent avec les mêmes problèmes. L'idée de Terrae, c'est un peu de s'entraider et d'avancer tous ensemble, non ?

"Ecoute, je ne sais pas qui tu étais avant d'arriver à Terrae, mais ici tu es juste une personne comme un autre, qui essaie de prendre un nouveau départ. Et dans ce genre de situation, être polie et agréable, ça aide..."

Je respire un bon coup et lui adresse un sourire, ne souhaitant pas que la situation s'envenime.

"Alors maintenant, si tu as besoin d'aide ou de conseils pour trouver des vêtements, ou même des recommandations sur les autres boutiques du village, je serais ravie de t'aider. Par contre, si tu continues à m'agresser, je te demanderai poliment de sortir de mon magasin."

Voilà. Je lui ai tendu la main, maintenant si elle ne veut pas la prendre, la porte est juste derrière elle.

Mais qu'elle était pédagogue ! Enfin, quand bien même elle parlait bien, Mira se fichait pas mal de ses excuses. Ce n'était pas de l'appréciation ou quelconque sympathie qu'elle cherchait, mais bien une solution au problème que cette jeune femme lui posait. Non, définitivement, ce n'était pas quelque chose qu'elle appréciait que quelqu'un puisse s'immiscer dans son monde. Et clairement, on était à peine proche de l'agression à proprement parler, du moins, pas du point de vue de l'italienne, elle n'était même pas armée ... qu'ils étaient douillets, ici.

- Ah oui, bien sûr, nous sommes tous égaux devant Dieu, pas vrai ? ricana-t-elle avec un sarcasme palpable.

Elle se mit à balader sa main sur une rangée de vêtements qui avait attiré son regard, de par sa teinte monochrome. Eh bien voilà, ce n'était pas si mal par ici, il y avait même quelques nuances de couleur dans ces rangées ! Pendant qu'elle fouilla, elle balança une oeillade suffisante à la pauvre vendeuse qui ne méritait certainement pas une cliente pareille. Mais Mira s'en fichait, une fois encore, elle n'était pas là pour sentir la pitié que les autres s'inspirent à eux-mêmes.

- L'existence de personnes comme toi et moi prouve qu'il n'y a aucune égalité entre les êtres humains. Je suis loin d'être une personne comme une autre ...

L'italienne redirigea son regard hautain vers les vêtements, sans se soucier de sauver la façade. Elle en dépliait l'un pour le replier et le ranger, et ce, à répétition. Pourtant, elle ne s'était pas arrêtée de parler pour autant, après tout, elle détestait que l'on se méprenne sur ses intentions ... enfin, les meilleures, en tout cas.

- Ce n'est pas d'excuses dont j'ai besoin, mais d'une solution au problème. Je vais souvent venir ici, ne t'en déplaise, alors le temps que dure cette éclipse, j'aimerais pouvoir régler cette contrainte.

Restait seulement à trouver comment elle pouvait faire ... si elle avait été dans son domaine, elle l'aurait tout simplement chassée de son foyer, mais, à défaut de pouvoir se remettre en question, Mira reconnaissait que c'était indécent que de suivre un tel raisonnement ici. En fait, c'était carrément absurde, il fallait l'avouer. Bien ... qu'est-ce qu'elle pouvait faire, alors ? De toute évidence, cette fille n'était pas dans son assiette, l'italienne le sentait malgré elle.

Maintenant, niveau compassion ... il y avait mieux ailleurs. En revanche, pour résoudre les problèmes, il y avait peu de personnes qui pouvaient trouver une voie aussi pragmatique que celle qu'empruntait Mira. Elle se figea donc, se tournant vers la vendeuse avec un sourire sibyllin. Elle entrouvrit la bouche, avant de la refermer, de se retourner vers la marchandise exposée. L'idée qu'elle avait trouvé s'afficha sur son visage, mais elle était ... curieuse.

- Dis-moi ce que tu as. Allez ! Qui sait, je pourrais peut-être résoudre ton problème, je suis pleine de ressources, tu sais.

Elle ramassa un débardeur bleu foncé sur une des étagères, le mettant devant son propre buste et se tournant vers la jeune femme. Inclinant la tête pour regarder le vêtement, elle releva les yeux en haussant les sourcils, comme exigeant un avis ... ce n'était pas souvent qu'elle portait de la couleur, après tout.[/color]

"Je ne crois pas en Dieu."

Je réponds froidement à son sarcasme avant de la laisser continuer sur sa lancée. Elle fait mine de regarder les vêtements pendant quelques scondes, avant de revenir à la charge. Je crois qu'elle n'a pas compris ce que j'essayais de lui dire... Ou plutôt, elle ne m'a pas écoutée. Typique, pour les gens qui se prennent pour le nombril du monde.

"Non, ce que je voulais dire, c'est que tu pourrais très bien être la reine d'Angleterre, ici à Terrae, tout le monde s'en fout. Ton statut social n'a plus la moindre importance, et si tu continues à prendre les gens de haut, ne t'attends pas à du respect en retour."

Je mettrais ma main à couper qu'elle vient d'une famille riche, et qu'elle est habituée à avoir des larbins prêts à satisfaire ses moindres désirs. Elle va vite déchanter ici, et c'est lui rendre service que d'essayer de lui ouvrir les yeux. Puis bon, je n'ai jamais été à la botte de personne, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer ! Je la regarde déplier et replier les vêtements sans même les regarder, tout en continuant de parler. Elle a des tocs, ou bien ? Elle ne sait pas laisser ses mains tranquilles deux minutes et me regarder quand elle me parle ? Je croise mes bras contre ma poitrine et la toise en haussant un sourcil.

"Il n'y a aucun problème ici autre que celui que tu crées ! Tu n'as qu'à simplement retourner à ton shopping tout en essayant de fermer ton esprit aux sentiments des autres, et je fais de même de mon côté. Facile, non ?"

Ah, ces gens qui veulent créer des problèmes là où il n'y en a pas ! Au lieu d'accepter mes excuses et passer son chemin, non, il faut qu'elle fasse tout un plat de rien du tout.
Je me retourne pour vérifier qu'il n'y a personne à la caisse, avant de reporter mon attention sur la jeune femme, qui me propose son aide, contre toute attente. Bon, je suis prête à parier qu'elle le fait dans un but tout à fait égoïste, mais au moins il y a du progrès. Cela dit, il n'y a aucune chance que je commence à parler de mes problèmes personnels avec une totale inconnue - déjà que je ne le fais pas avec mes amis ! Et puis, ce n'est pas comme si elle pouvait m'aider de toute façon. L'homme que j'aime a décidé de quitter Terrae pour rejoindre sa famille, et mon meilleur ami pour reprendre ses études a l'étranger. Voilà, j'ai perdu les deux personnes qui comptaient le plus pour moi et j'en crève, mais il n'y a rien à faire malheureusement... Je sens mon coeur se serrer dans ma poitrine et lui adresse un sourire triste.

"C'est gentil, mais il n'y a rien que tu puisses faire."

Je la vois ensuite porter des débardeurs devant elle et évaluer la couleur, avant de me jeter un regard interrogateur. Ah, enfin une conversation normale entre vendeuse et cliente.

"Tu devrais plutôt essayer des couleurs cuivrées ou turquoise, ça met les yeux bleus en valeur. Sinon gris métallique, en plus classique."

Le statut social a TOUJOURS de l'importance, il définit ce que l'on est, aux yeux du monde, comme aux yeux de ce que Mira appelle Dieu. Enfin, la vendeuse n'était pas croyante, mais elle l'avait déclaré sans savoir de quelle divinité sa cliente pouvait bien parler. La religion de chacun est parfois si trouble que l'on peut avoir du mal à discerner le fanatique du pieux. Mais l'italienne était prête à parier que les origines de chacun n'étaient pas si anodines pour les autres, la preuve, elle s'intéressait elle-même de très près au passé de ceux qui pouvaient l'aider, d'une manière ou d'une autre.

En dépit de son complexe de supériorité, Mira n'en demeurait pas moins une curieuse invétérée. C'était son père qui lui avait appris que l'or pouvait se cacher sous les plus épaisses couches de roc. Toujours fouiller, toujours creuser, ne jamais déposer l'outil avant que tout le filon soit épuisé. Pour l'instant, cette vendeuse n'était utile qu'à lui faire partager une émotion que la fille de Don détestait ressentir.

"Facile, non ?", dit-elle en évoquant leurs pouvoirs intrusifs respectifs. Si c'était si facile, Mira se demandait bien pourquoi elle n'y arrivait pas. Sans doute parce que ça faisait quoi, quatre jours qu'elle était arrivée à Terrae ? La magie, elle la faisait un peu au hasard, sans vraiment savoir l'arrêter. On lui avait parlé d'un sceau, censé limiter ce problème, mais elle désirait tant pouvoir devenir plus douée qu'inconsciemment, elle se permettait des écarts.  Alors, elle sondait. De toute manière, elle était assez peu émotive pour être vraiment affectée par ce genre de sentiments.

A défaut d'être empathique, elle n'était cependant pas aveugle. La risette morose de la vendeuse lui était parvenue d'un coin de l'oeil ... si elle le disait, c'était qu'il n'y avait effectivement certainement rien à faire. Bon, ce n'était peut-être pas le bon jour pour pousser cette fille à bout, Mira réessaierait d'explorer cette façade plus tard. En revanche, qu'est-ce qu'elle était une guerrière morale forcenée ! C'était rare de voir quelqu'un autant essayer de redresser ce qu'ils estiment être des torts chez les autres. L'italienne considérait d'ailleurs cette manie comme un tort en soi, les défauts sont là pour une raison.

Abaissant ses lèvres d'une expression agréée, la cliente envisagea les conseils de son interlocutrice. Sauf pour le cuivre, elle n'aimait pas cette couleur, en revanche, elle s'intéressa au gris métallique. Peut-être qu'il valait mieux se concentrer sur du plus sombre cependant ... turquoise n'était-il d'ailleurs pas un peu trop clair ? Elle reposa donc le haut qu'elle avait trouvé et se mit à rechercher cette dernière teinte.

- Ne te méprends pas. articula-t-elle avec son accent typique. Si je veux t'aider c'est surtout pour m'aider moi.

Ce n'était pas un mensonge, pourtant, lorsqu'elle rabaissa la tête vers les vêtements, elle le fit avec une moue presque contrite. En fait, elle ne dit pas un mot de plus pendant qu'elle examinait un débardeur presque similaire au précédent, mais avec la couleur conseillée par la jeune femme. Se regardant dans le miroir en le plaçant sur son buste, elle serra les yeux ... c'était vrai que ça se mariait bien avec ses pupilles. Et pendant qu'elle dandinait sur ses talons, elle reprit avec un ton plus curieux qu'hautain.

- Tu m'as dit que les gens se fichaient de ce que chaque personne est ? Donc pour toi, ici, c'est un nouveau départ pour tout le monde ? Mais n'est-ce pas triste que de négliger le passé ? Moi, en tout cas, j'aimerais bien savoir ce que tu faisais avant de venir ici.

Oh, elle était sincère, mais ça n'avait rien à voir avec quelconque intérêt, ou même de la simple discussion anodine. Chaque personne a une valeur et c'est le passé qui la définit. Après tout, un esprit ne se construit pas grâce au présent, mais bien grâce à ce dont on se souvient. Et, pour peu que cette vendeuse représente un quelconque intérêt aux yeux de Mira, dans ce cas elle devra s'exercer à approfondir son analyse. Il fallait avouer que pour l'instant, à part une social justice warrior en dépression, elle n'avait pas l'air de grand-chose.

Mais, fort heureusement, elle demeurait tout de même sa vendeuse de vêtements ! Alors, l'italienne se tourna vers elle avec un sourire légèrement forcé, tenant le débardeur turquoise devant elle, juste sous son cou. Une fois de plus, elle quémanda son avis avec une suffisance exemplaire :

- Hm ?

La jeune femme ne répond rien, mais je vois qu'elle me toise toujours. Comme si elle me jaugeait, tel un vulgaire objet dont on cherche à déterminer la valeur. La sensation est plutôt désagréable, mais vu que ce n'est rien d'autre qu'une sensation justement, je ne dis rien. Si ça se trouve, elle ne me juge pas du tout et c'est juste son regard habituel - mais j'en doute !
Elle semble peser mes paroles au sujet de nos pouvoirs respectifs, mais reste une fois de plus silencieuse. C'est vrai que c'est plus facile à dire qu'à faire ; même si j'essaie de fermer mon esprit aux pensées des autres, il y en a toujours certaines qui m'atteignent ! Mon pouvoir de Sonore habituel est d'une nature très différente que la Télépathie, aussi l'adaptation est quelque peu compliquée. Ca doit sans doute être pareil pour elle... Surtout si elle est nouvelle - elle ne l'a pas dit ouvertement, mais je le devine, d'autant plus que je ne l'ai jamais vue à la boutique avant aujourd'hui.

La cliente suit mon conseil et repose le débardeur bleue marine, pour s'intéresser à d'autres couleurs. Elle fouille plutôt dans les gris et turquoises, je note mentalement qu'elle ne s'intéresse pas aux tons cuivrés/orangés - peut-être pas à son goût ? J'avoue que moi-même j'en porte peu, juste en automne... Par contre, pour le maquillage c'est le top !
La brune relève la tête vers moi une demi-seconde, pour souligner le fait qu'elle tente de m'aider uniquement dans le but de s'aider elle-même. Comme je le pensais, oui, cela dit ce n'était pas la peine de le dire à voix haute. Ce manque d'éducation...

"J'avais bien compris ça, tu ne sautes pas vraiment aux yeux comme un modèle d'altruisme et de compassion !"

Pas très gentil, mais vrai. Et peut-être que je la juge un peu vite, mais je ne pense vraiment pas me planter en disant que son air hautain et suffisant n'est pas une simple façade ; non, c'est sa façon d'être, purement et simplement.
Toujours est-il qu'à moins d'être magicienne, elle ne peut pas m'aider. Elle semble le comprendre et n'insiste pas, bifurquant vers un autre sujet. Je me demande bien quel est son soudain intérêt pour ma vie avant Terrae ; ceci dit, je n'ai pas vraiment de raison de ne pas lui répondre.

"J'ai fait des études d'histoire de l'art et de la musique, je travaillais comme documentaliste à l'Opéra National de Londres. J'ai fait le conservatoire de piano et violon, aussi... Mais bon, vivre de la musique à Terrae, c'est un peu compliqué, donc je suis devenue vendeuse, voilà..."

Je termine par un petit sourire, ja n'ai pas honte de mon job, même si ce n'est pas le plus passionnant de la terre. Au moins, je m'entends bien avec mes collègues, et ça me permet de mettre un peu d'argent de côté en cas de besoin, donc je ne me plains pas.
Je réponds dans la foulée à son autre question.

"J'ai eu une vie relativement normale avant Terrae, mais tu te rendras vite compte qu'il n'est pas rare de croiser d'anciens drogués, d'anciens mafieux ou même des tueurs à gage repentis... Donc oui, cet institut c'est vraiment l'école de la seconde chance. Et toi alors, c'est quoi ton histoire ? Tu es nouvelle ici, je me trompe ?"

Bon, je ne lui demande pas un roman détaillé de sa vie bien sûr, mais juste un peu de background, histoire de savoir d'où elle vient... Vu qu'elle s'est permise de me poser la même question.
Entre-temps, la jeune femme a sorti un débardeur turquoise qu'elle tient devant elle, et me demande une nouvelle fois mon avis d'un signe de tête dédaigneux. Je hoche la tête positivement.

"C'est mieux ! Après, le modèle est hyper simple, je ne sais pas si tu regardes pour quelque chose d'un peu plus travaillé ? Ou une idée en particulier ?"

"Altruisme et compassion" ... Mira pouvait s'avérer très charitable avec qui le mérite, il fallait demander son salaire à Hortensia, la doña n'avait pas été radine pour celle qui s'occupait nouvellement de l'exploitation. Elle ne se trouvait pas "insensible", mais elle se disait qu'elle savait simplement comment cibler sa compassion. Toutefois, ça ne la toucha pas vraiment, c'était l'image qu'elle renvoyait et c'était comme ça. Chaque individu a une valeur et ceux qui l'ont prouvée s'attirent bien souvent les faveurs de la jeune femme, pour peu qu'elle ait à en donner.

Et bien que Mira ne soit pas fille à dénigrer l'art - elle en voit l'intérêt -, il fallait dire que d'un côté pratique, une renseignée de la musique ça n'avait pas énormément d'attrait. Mieux valait ne pas l'exprimer, cependant, après tout, elle lui était utile en tant que vendeuse et ça devait certainement suffire à ses attentes. De toute manière, vu son caractère, ce serait étonnant qu'elle soit du genre à faire des sales coups et hors, c'était un peu ce que cherchait l'italienne en ce moment. Question de "confort", mais surtout d'entretien, elle n'avait pas envie que Terrae lui fasse perdre la main, déjà qu'elle l'avait bien bleue.

En revanche, elle sourit légèrement lorsqu'elle entendit la mention "mafieux" sortir de la bouche de la brune. Oh, elle ne croyait pas si bien dire, mais le problème, c'était que techniquement, Mira l'était encore, alors il valait mieux la fermer. Appeler cette école une seconde chance pour autant ... l'italienne aurait plutôt privilégié le terme "d'opportunité". Après tout, elle ne considérait pas qu'à un seul moment dans sa vie elle avait été perdue. La vérité était qu'elle rejetait tout simplement l'existence du Vide dans son passé, qui aurait pu accepter pareille faiblesse ?

- D'habitude je porte du travaillé, mais j'aimerais bien du normal. Tu vois, malgré ma ... "grande gueule", elle sourit avec une acerbe dérision. je n'ai pas forcément envie que l'on me remarque de trop. Donc du simple sera très bien.

Elle ne pouvait décemment pas se trimbaler ici comme elle se baladait dans les couloirs de sa villa, robe fendue coulant jusqu'aux chevilles en laissant apparaître toute une partie de la cuisse. Ici, elle était certainement celle qui avait la meilleure situation financière ... il valait mieux que ça ne se voit pas de trop. Enfin, pas par tout le monde, du moins, ses connaissances avaient cependant tout intérêt à le savoir. Dans la conception de Mira, il y a peu de choses qui inspirent autant le respect et le rejet que l'argent. Exception faite du pouvoir, et ça, elle en avait lourdement soif.

- Pour répondre à ta question, ça doit faire trois jours que je suis là. Mon père était un producteur de vin dans un milieu très concurrentiel. Il est mort avec ma mère. Un de leurs rivaux ne voulait plus devoir supporter leur présence.

Et à quoi bon verser une larme ? Dieu veillait sur leurs âmes, maintenant, au sommet des marches des nuées et ils avaient laissé leur héritage à leur enfant derrière eux. Mira avait fait son deuil, pas besoin de devenir émotive à cause de fantômes.

- C'était ... il y a un mois ? Après ça, des choses bizarres commençaient à arriver autour de moi, j'ai réalisé que l'on m'avait fait don d'un miracle et finalement, j'ai été "cordialement invitée" à venir vivre ici. Décision que je commence à regretter ...je n'aurais pas imaginé qu'il n'y aurait que des lycéens, ici.

Elle s'était attendue à un institut plus ... "noble" dans la pratique. Enfin, ils étaient un peuple d'élus et ils avaient les pouvoirs pour le prouver ! Comment pouvaient-ils se comporter comme s'ils étaient dans un cursus d'études classiques ?!

- Comment est-ce que tu utilises tes pouvoirs, toi, par exemple ? Est-ce que tu considères que ce que tu peux mettre en pratique au sein de cet institut est conforme à ce que tu aurais imaginé, si l'on t'en avait parlé avant même que tu ne saches que ça existe ?

Parce que, elle, elle avait été déçue. A la base, elle était venue acheter des fringues, maintenant, elle se plaignait, c'était donc une manie.

La jeune femme ne relève pas ma remarque sur le fait qu'elle ait l'air plutôt égoïste. Ma foi, si elle le sait et qu'elle s'en fiche... Ce n'est pas moi que ça va empêcher de dormir. Elle n'est qu'une simple cliente, et elle a l'air suffisamment à l'aise financièrement pour faire tourner la boutique, pour le moment c'est tout ce qui compte. Mon petit doigt me dit qu'elle et moi, nous ne sommes pas vraiment faites pour nous entendre en dehors de ce contexte.

Je hoche la tête lorsqu'elle me dit chercher du "simple", et penche légèrement la tête sur le côté avec un sourire en coin quand elle ajoute vouloir passer inaperçue. Ah, oui, bon ben là c'est raté.

"Tu devrais commencer par éviter de porter ce genre de robe, si tu souhaites moins te faire remarquer..."

C'est joli mais, outre le fait que ça n'a pas l'air hyper pratique pour la vie de tous les jours, ce n'est pas le genre de tenue que monsieur tout-le-monde a l'habitude de voir dans la rue ! Plutôt sur les tapis rouges ou dans des galas de charité - vous savez, ces événements dont on voit des centaines de photos mais auxquels aucune personne "normale" n'a jamais participé.

Je suis surprise, pour ne pas dire déçue, quand elle m'explique être dans le domaine du vin. Je m'attendais à une fille de magnat du pétrole ou quelque chose du genre ! Le vin, c'est... Je ne sais pas, ennuyant ? Et très français - ce que nous Anglais n'aimons pas trop, ahah. Ceci dit, ça explique qu'elle soit aussi suffisante, je suppose. Par contre elle n'a pas l'air française, plutôt typée méditerranéenne. Sud de la France alors peut-être ? Je n'ai pas le temps de poser ma question qu'elle enchaîne sur la mort de ses parents, visiblement refroidis à cause de leur business... Eh bien, ça donne envie.

"Je suis désolée, pour tes parents..."

Je le suis sincèrement, même si ça n'a franchement pas l'air de beaucoup l'affecter. Je suppose que les riches ont une relation différentes avec leurs parents, moins proches ? Ou alors c'est juste elle et son manque de compassion - ou de coeur tout court, je commence à penser. Cette fille est... Froide, vraiment.

"Mmmh oui, c'est à cause de l'Eclipse, normalement tu ne reçois tes pouvoirs qu'après une phase d'adaptation ici à l'institut, mais tout est parti en vrille dernièrement ! Cela dit, au moins la moitié des résidents ne sont pas lycéens..."

Genre tous les profs, les employés de magasin, les étudiants qui suivent leurs cours par correspondance, tout ça ! Mais bon, elle n'est d'ici que depuis quelques jours, je comprends que la première impression de l'endroit est qu'il s'agit d'un institut comme un autre. C'est vrai en façade, mais en vérité c'est tellement plus que ça ! Moi je le vois plutôt comme le manoir du Professeur Xavier, dans X-Men !

La jeune brune me pose ensuite des questions sur les pouvoirs, ce sujet a l'air de l'intéresser davantage, bien qu'elle ne soit pas ravie de la façon dont ils sont exploités. Qu'est ce qu'elle croyait, qu'on allait la former à devenir une machine de guerre qui contrôle les éléments ? Surtout qu'elle débarque lors de la pire période possible, les Masters sont envoyés en mission aux quatre coins du globe, et personne n'a vraiment le temps de s'occuper des entraînements quotidiens.

"Eh bien... Pour le moment, j'essaie de ne pas les utiliser, vu que je ne les maîtrise pas bien ! Mais en temps normal, je suis Air Sonore, je m'entraîne avec un ami à mieux contrôler mes pouvoirs, expérimenter de nouvelles choses... Je m'en sers dans la vie de tous les jours aussi, quand c'est utile. Mais j'essaie de ne pas en abuser non plus."

Je sais que certaines personnes s'en servent bien plus, dont certains Airs justement, car tu peux faire "voler" n'importe quel objet jusqu'à toi, et carrément faire léviter ton propre corps ; mais j'apparente ça plutôt à de la fainéantise ! Je hausse ensuite les épaules à sa dernière question.

"Je suis... Plutôt pragmatique, disons ; le coup des pouvoirs, je n'y aurais pas cru. Et j'ai eu du mal à les accepter en arrivant ici d'ailleurs. C'était il y a deux ans, ça va mieux maintenant, mais c'est sûrement une des raisons pour laquelle je ne m'en sers pas à outrance."

Bon, sinon... Vêtements, shopping, tout ça ? On peut se recentrer sur l'objet principal de sa venue ?

Compatir, c'était facile, Mira aussi pouvait le faire. Mais compatir sincèrement ... c'était troublant. En soi, c'était touchant, mais l'italienne ne ressentait pas le besoin d'être sujette à pareille attention. C'était comme ça et puis voilà. Il était cependant important de prendre en compte ces attentions, quand bien même elles nous indiffèrent. Peut-être portent-elles, quelque part, un certain intérêt, mais en tout cas, elle n'arrive pas à le cerner.

En tout cas, sur le pragmatisme, elle ne pouvait que rejoindre la vendeuse, elle-même aurait jeté hors de son domaine quiconque aurait n'aurait qu'abordé la simple mention même d'un manoir à gosses magiques. Mais si la moitié étaient des adultes, alors il tardait à Mira de les rencontrer ! Elle n'en pouvait plus de ne voir que des chiards se prendre pour des grands partout où elle allait, ses premiers jours à Terrae avaient été éprouvant simplement à cause de leurs rires niais. Les ados, mais quelle saloperie.

Et surtout, grosse déception, elle, comme la plupart des autres n'avaient l'air d'utiliser leurs pouvoirs qu'à des fins utilitaires ... non pas qu'elle ne comprenne pas le désir de simplifier magiquement le quotidien, mais quand même. N'y avait-il pas un dessein plus noble derrière tout ça ? Cette question était une vraie interrogation, Mira était folle de pouvoir gagner en maîtrise, mais en fait, elle ne savait pas vraiment pourquoi. Dieu lui avait donné une pierre, elle voulait en faire un temple, pour en faire une cité, pour en faire un monde. C'était tout ce qu'elle savait ... la Providence lui donnera peut-être les réponses, un jour.

- Deux ans ? Trois jours à peine et je viens seulement de trouver le premier endroit intéressant ici, tu as dû bien t'ennuyer.

Oui, elle parlait de la boutique, c'était un "compliment", oui. Il ciblait bien plus l'existence seule d'un magasin de vêtements que la qualité de ce dernier, mais il ne fallait pas demander trop de bonté. Quant à la vendeuse ... eh bien, elle était touchante d'innocence, c'était ... "mignon". Par contre, Mira avait bien compris que ce qu'elle avait en face d'elle était une humaniste à outrance qui devait certainement prôner la tolérance à tout va. Là-dessus, il fallait le reconnaître qu'elles s'opposaient. L'italienne lui reconnaissait pourtant la même grande gueule que la sienne.

Curieuse, la brune revint sonder un peu les émotions de l'employée. Sur le moment, car c'était tout ce qu'elle arrivait à discerner, tout ce qu'elle sentit fut une certaine lassitude. C'était certainement sa curiosité intéressée qui devait l'énerver, de toute manière Mira avait appris ce qu'elle voulait apprendre. Elle tenait le débardeur entre ses mains comme l'on tient un torchon. Ce n'était pas qu'elle ne l'aimait pas, mais elle ne savait pas vraiment comment considérer ce bout de vêtement. En fait, elle avait peut-être une confidence à faire à l'experte ... confidence qui avait certainement son importance ?

- Je n'ai jamais porté de pantalon. De ma vie. En fait j'ai toujours porté des robes, alors je n'ai aucune idée de ce que je dois prendre avec ... ça.

La demande était implicite, mais certainement pas énigmatique. Elle espérait simplement que la vendeuse comprenne son "appel au secours", parce que là-dessus, elle avait vraiment besoin ... urgh ... d'aide.

J'esquisse un sourire lorsque la jeune femme s'étonne de mes deux années passées ici. A vrai dire, ça fera bientôt trois ans ! Le temps passe tellement vite, c'est effrayant... Elle a l'air de s'inquiéter de l'ennui ambiant - que personnellement je n'ai jamais ressenti, mais bon, on ne vient pas vraiment du même monde. Je suppose que ça fait un choc, de passer d'une vie de riche héritière dans le commerce, à simple résidente de Terrae... Pour ma part, n'ayant jamais eu une vie vraiment palpitante, c'est comme si j'avais simplement déménagé ; bien sûr j'ai changé de boulot et rencontré de nouveaux amis, mais je n'ai pas spécialement changé de mode de vie pour autant.

"Terrae n'est pas gigantesque, mais il y a à peu de chose près toutes les activités qu'on trouve dans une ville normale ; restaurants, bars, boîtes de nuit, cinéma, salle de sport... Enfin bon, ça reste assez basique hein, mais il y a de quoi faire quand même pour ne pas s'ennuyer. Après je ne suis pas difficile, il y a une salle de musique super bien équipée à l'institut, ça me suffit ! Mais je n'ai jamais été habituée au luxe, strass et paillettes, donc ce sera peut-être plus compliqué pour toi de t'acclimater..."

Je hausse les épaules, tout dépend aussi de la bonne volonté qu'elle voudra bien y mettre. Je ne dirais pas qu'elle est mal partie, mais elle devrait quand même essayer de voir ses standards à la baisse rapidement...

"Mais bon, au final, rien ne te force à rester, tu sais. Si tu ne t'habitues pas ici, tu peux toujours retourner d'où tu viens... Ils te retirent juste tes pouvoirs avant de t'en aller, mais c'est aussi simple que ça !"

Et j'en sais quelque chose, vu que j'ai expérimenté deux départs sur les six derniers mois. Il y a juste un entretien "de sortie" avec le psy, pour discuter du pourquoi et du comment ; mais si la décision est prise en toute conscience, ils ne vont pas forcer une personne qui veut partir à rester. Ce serait débile et contre-productif !

La jeune femme revient ensuite sur le sujet qui la préoccupait à la base, le shopping ! Elle me fait une confession... Pour le moins surprenante ! Je la regarde avec des yeux arrondis de surprise pendant quelques secondes, avant de me reprendre.

"Jamais, vraiment ?! Eh bien... C'est anecdotique, mais pas anodin quand même !"

Je me gratte l'arrière de la tête avec un sourire, je n'avais jamais entendu ça de ma vie ! Mais la pauvre, là pour le coup je la plains vraiment, c'est tellement plus pratique un pantalon... Et puis quoi, elle n'a jamais traîné en jogging devant la TV le dimanche après-midi ? Elle ne sait pas ce qu'elle rate !

"Bon, du coup... Il y a beaucoup de coupes de pantalons différentes ; ce sera plus simple si je te montre. Attends deux minutes !"

Je l'abandonne quelques instants pour piocher plusieurs modèles dans les rayons, avant de revenir vers elle, dépliant les pantalons un à un en expliquant rapidement les différents types.

"Pour commencer, tu as les pantalons taille haute, ou taille basse ; le premier marque la taille et allonge la silhouette, alors que le deuxième marque les hanches. Les pantalons slim sont serrants, les pantalons droits sont... Bah, droits, mais du coup ils sont moins près du corps ! Après, il y a les coupes un peu moins classiques, comme le mom ou le boyfriend, qui se portent plus baggy..."

Ce serait plus simple avec des photos, parce que franchement on ne voit pas grand chose en montrant simplement le pantalon déplié, ça ressemble juste à un bout de tissu...

"Il y a différentes matières aussi. Les jeans sont les plus passe-partout, sinon tu as ce genre de tissu qui fait un peu plus classe... Ou bien carrément jogging, mais ça c'est plutôt pour le sport ou pour rester chez soi..."

Je lui montre chaque fois un exemple pour qu'elle puisse toucher et comparer ce qu'elle préfère.

"Certains modèle conviennent mieux à certaines morphologies... Mais on ne va pas se mentir, quand on est bien foutue, on peut se permettre de tout porter ; du coup c'est plutôt une histoire de préférance..."

Personnellement, je porte un peu de tout suivant l'envie, mais quand même plus généralement des jeans slim troués - oui c'est plus à la mode mais je m'en fous en fait.
Je dépose les différents pantalons les uns à coté des autres pour qu'elle puisse se faire une idée, lui laissant le temps de décider ce qu'elle a envie d'essayer.

Qu'on lui retire ses pouvoirs ?! Jamais. Elle avait été choisie pour les avoir et il était simplement hors de question qu'on les lui retire et ce sous aucune condition. Il fallait les faire fleurir, les faire grandir, qu'ils passent de bourgeon à arbre et deviennent la plus haute cime de la forêt. Ce n'était que le début, l'ennui était un petit prix à payer en comparaison avec ce que promettait la fin du voyage. En plus, si elle avait bien compris, elle serait capable, avec de l'entraînement, de manipuler le corps des autres contre leur gré et ça, ça n'avait pas de prix. Mieux valait garder ça sous silence, cependant.

Et ... était-ce de la moquerie qu'elle entendait dans la voix de la vendeuse ? En tout cas ça y ressemblait pour l'italienne, et elle n'aimait pas qu'on la juge. Enfin, depuis qu'elle était gosse on lui avait interdit de porter autre chose que ça, simple question d'apparat. A force, elle s'y était simplement habituée et avait fini par se dire qu'avoir les jambes libérées, ce devait être très normal. De toute manière, elle n'avait jamais vu d'autres filles de son âge, et ce, à n'importe quelle période de sa vie, les seules femmes, hormis sa mère, qui passaient au domaine étaient des domestiques et des prostituées.

S'ensuivit toute une ribambelle de pantalons, tandis que Mira s'était retranchée sur elle-même. Elle n'était pas énervée, mais elle préférait avoir l'air dérangée, plutôt que devoir rougir d'embarras, à chacun sa méthode. Bon ... ça aurait pu être pire, la vendeuse avait l'air de respecter ça un minimum, de toute manière ça n'aurait pas collé à son caractère défensif que de lui renvoyer ça dans la face.

Et niveau vêtements, l'italienne aimait ce qui pouvait montrer ses formes. En fait, à partir du moment même où la vendeuse avait déroulé les pantalons, Mira avait mentalement exclus tous ceux qu'elle n'aimait pas d'office. Taille haute, exclu, elle n'avait pas envie de cacher le bas de son dos, ç'aurait été un sacré gâchis. Pantalon droit, pas assez moulant, elle était aussi fière de ses jambes et il n'était pas question de laisser du tissu flotter autour pour les masquer. Tous les baggys étaient également éliminés pour cette même raison.

Du coup, il restait ceux à taille basse, les jeans et les slims. En fait, son premier choix était extrêmement rapide, après qu'elle ait mentalement fait le tri. Dans les échantillons proposés, celui qui tendait le plus vers le noir était le slim. Eh oui, qu'est-ce qu'on attendait d'autre d'une fille qui ne s'habillait que de longues robes de jais ? Alors, elle ramassa la pièce de vêtement convoitée et se redirigea d'elle-même vers une cabine avoisinante, adressant l'ombre d'un sourire à la jeune femme ... ceci dit, elle rajouta même :

- Merci. Je reviens.

Bon, le ton était toujours fidèle à lui-même, mais la gratitude était tout de même là. Dans la cabine, elle enleva sa robe et ses talons, avant de commencer à enfiler le pantalon. Wow. C'était serré. Très serré. Elle n'aimait pas vraiment ça, mais avec un regard dans la glace, ça faisait son effet. Le bas de son corps ressortait comme s'il était à nu. Et en parlant de nu ... elle avait oublié d'emporter le haut avec elle. Qu'est-ce qu'elle était censée porter avec ça ?

Mais surtout, et bien plus gros problème encore ... les bretelles de soutien-gorge ont souvent tendance à être de trop, surtout avec des robes dos-nu. Alors, Mira se retrouvait dans l'impasse où soit elle remettait la robe sans collecter l'avis de la vendeuse, soit elle ... lui demandait directement. Bon ... pourvu qu'il n'y ait personne dans l'angle du rideau qui lui permettrait de tout voir. Croisant ses bras sur sa poitrine, elle entrouvrit le voile de la cabine en ne laissant paraître que son visage.

- Et hm ... je suis censée porter quoi avec ça, exactement ?

Quoi, elle n'y connaissait vraiment rien en habits à deux pièces ! Les robes avaient cet avantage de ne pas avoir besoin de trop d'accompagnements, à part les bons bijoux. Elle avait pas l'air maligne d'ailleurs, avec ses deux bracelets argentés sur les poignets. C'est qu'ils étaient froids !! Pourvu que la vendeuse n'ait pas d'attirance pour les femmes, au moindre regard au mauvais endroit ... Mira pourrait disjoncter.

La jeune femme garde le silence alors que je lui montre un à un les différents types de pantalons qu’on a en magasin ; elle n’est pas dans son élément, et ça se voit. Son air suffisant a disparu, laissant place à une expression un peu renfrognée ; elle a l’air limite plus sympa comme ça qu’au naturel, mais je me garde bien de le lui dire. D’ailleurs, je ne fais aucun commentaire en dehors de mes explications vestimentaire, je ne suis pas du genre à exploiter les faiblesses des autres à leur encontre. Quelque chose me dit que si nos rôles avaient été inversés, elle ne se serait pas gênée, mais bon…

Une fois la démonstration terminée, et après un instant de reflexion, la brune choisit un slim noir taille basse, qu’elle emporte avec elle vers les cabines d’essayage. Elle m’adresse même un micro-sourire et me remercie avant de rentrer dedans pour se changer ; comme quoi, tout arrive !
Je replie les autres pantalons et les remets dans les différent rayons en attendant que la cliente ait fini de se changer. Je l’entends m’interpeler et me dirige donc vers les cabines pour voir ce qu’elle me veut cette fois-ci. Sa tête dépasse du rideau, et elle me demande une nouvelle fois quoi porter avec son pantalon. Eh bien… Le top turquoise, pour commencer ? Elle ne l’a quand même pas oublié … ? Un rapide coup d’oeil vers le bas me permet de comprendre qu’elle a un autre petit souci.

”Ah, tu n’avais pas de soutien sous ta robe ? Bon attends, je vais te chercher quelque chose… Et je te ramène le débardeur, aussi.”

Je la laisse s’abriter derrière les rideaux, et me dirige vers la section sous-vêtements. Bon, c’est malin, j’aurais dû lui demander sa taille… C’est un peu compliqué de choisir sans ce léger detail, hum. Je prends une simple brassière en taille M, ça fera l’affaire juste pour essayer.
J’attrape le top turquoise en retournant vers la cabine, et toussote une fois arrivée devant pour signaler que je suis là, avant de passer ma main sur le côté du rideau, la brassière et le débardeur dans la main.

”Je ne savais pas ta taille de soutien, donc j’ai juste pris une brassiere. C’est pas super beau mais ça ira pour essayer ! Et voilà le haut aussi.”

J’attends qu’elle prenne les vêtements avant de retirer mon bras de sa cabine. Bon, j’espère que ça lui ira la brassière… C’est pas joli mais c’est facile. Ou bien elle peut juste essayer le top sans sous-vêtements… Mais, autant ça peut être sexy sous une robe, autant sous un haut comme ça, ça rend moins bien. A moins d’être toute plate, mais ce n’est pas son cas.

Mira avait gardé un oeil presque paranoïaque d'ouvert lorsque la vendeuse était venue jusqu'à la cabine. Hors de question qu'elle puisse se rincer l'oeil ! Même si elle n'avait pas spécialement l'air d'être homosexuelle, au premier abord, l'italienne ne voulait pas devenir la cible de coeur d'une femme. C'était immonde ... une aberration sans nom qui allait à l'encontre même des lois de la création.

Alors, son regard, la cliente l'avait gardé très attentif, et, hormis un bref coup d'oeil vers son buste, plus analytique qu'autre chose, il n'y avait eu aucune réaction. A cet instant, Mira était devenue si tendue qu'elle en avait presque eu les joues empourprées. Elle anticipait sa colère et sa gêne, mais surtout, elle avait peur de ce qui arriverait si n'importe quelle fille de l'institut devait s'éprendre d'elle. Finalement, rien ne vint pour lui confirmer ses craintes et elle dut se débarrasser du rouge de ses pommettes à grandes respirations, une fois que la vendeuse parti lui chercher le débardeur. La cohérence cardiaque ... quelle invention divine. Lorsqu'elle revint, ce fut avec, non seulement le haut qu'elle avait choisi, mais également une brassière, ce qui convenait plus ou moins à Mira.

- Merci

Elle ne le dit pas tout haut, mais une fois encore, ce genre de choses, elle n'était pas habituée à les porter. Et finalement, c'était aussi confortable que ça en avait l'air ... même si ça la serrait un peu, mais elle avait déjà eu pire et de toute manière, elle se plaindrait quoi qu'elle essaye. Enfilant le débardeur par-dessus, elle se regarda dans la glace ... c'était bizarre de se voir habillée comme les ados qu'elle croisait dans la rue, peu auparavant. La différence était si saisissante que l'on aurait cru voir l'italienne descendre de son piédestal. Elle conclut qu'aussi normal que son corps pouvait lui permettre d'avoir l'air, ce n'était pas si mal.

Sortant à reculons et pieds nus, elle continuait à s'observer dans le miroir, ne sachant pas vraiment quelle expression adopter. Ce n'était pas tant qu'elle n'était pas satisfaite, la vendeuse avait bien choisi ... mais quelque chose avait l'air en décalage, plus à sa place et Mira ne savait pas si elle devait s'en contenter ou bien s'en inquiéter. Après tout, c'était ce qu'elle voulait.

- Qu'est-ce que tu en penses ?

Il lui fallait une impression extérieure, il ne fallait pas oublier que ce n'était pas pour elle qu'elle s'habillait comme ça, mais pour se conformer. Peut-être que son maquillage était en partie coupable de cette étrangeté qu'elle remarquait dans son apparat. Peu importait son propre avis, au final, seul celui de la vendeuse était important. Elle avait le point de vue des gens de la norme, mieux encore, elle était censée avoir l'oeil de la mode, elle saurait bien mieux qu'elle. Alors, elle lui laissa le temps de formuler son avis.

Et pendant qu'elle le faisait, Mira s'amusa à regarder le prix sur l'étiquette ... ce n'était vraiment pas cher. Du moins, pour elle, mais encore une fois, son point de vue était biaisée par l'enfance gâtée dans laquelle elle avait vécue. Quelque chose lui était revenu en mémoire, d'ailleurs. N'avait-elle pas mentionné des articles plus travaillés ? Non ? L'italienne ne savait plus, peut-être que c'étaient juste ses pensées qui s'étaient mélangées à sa mémoire, mais bref, maintenant, elle avait une question.

- Et si je veux quelque chose de plus classe que ça, mais plus discret que ça. elle pointa d'abord sa propre tenue, avant de désigner la robe avec laquelle elle était entrée. Je n'ai pas non plus envie de complètement changer mes habitudes ... n'aurais-tu pas quelque chose à mi-chemin entre les deux à me proposer ?

C'était qu'elle aimait bien les robes ...

Alors que je m’approche de la cabine pour voir ce qui ne va pas, je remarque une certaine tension chez la jeune femme, une gêne. Je ne suis pas sûre de comprendre, est-ce parce qu’elle est dénudée ? Elle n’avait qu’à laisser sa robe avant de m’appeler, si elle est si pudique ! De toute façon, même si elle est jolie et bien faite, elle n’a pas à s’inquiéter ; de un, je sais rester professionnelle sur mon lieu de travail, et de deux, je suis plus intéressée par une personnalité que par un corps, et elle ne m’a pas vraiment donné de raison de l’apprécier…

Je ne fais aucun commentaire, et me contente d’aller chercher ce dont elle a besoin. Elle me remercie lorsque je lui tends les articles dans la cabine, et je me contente d’un léger “Il n’y a pas de quoi” de l’autre coté du rideau. Je reste à proximité, me doutant qu’elle aura encore besoin d’aide.

Quelques minutes plus tard, la cliente sort de la cabine en slim et débardeur, avant de me demander mon avis. C’est dingue ce qu’une simple tenue peut changer chez une personne ! Elle a tout de suite l’air moins pimbêche, plus… Accessible ? Il faudrait juste revoir son maquillage, plutôt chargé, qui jure avec la simplicité de la tenue. Je l’observe un court instant avant de lui donner mon impression.

”C’est simple, ça te change beaucoup, ça c’est sûr ! Mais bon, si le but est de se fondre dans la masse, c’est réussi. Peut-être un maquillage plus léger, parce que là c’est un peu bizarre… Et il va te falloir quelque chose pour mettre par dessus ton débardeur, ou tu vas mourir de froid ! Un sweat à capuche, zippé ou non ? Une chemise, un cardigan ?”

Je sens que je vais devoir tout sortir des rayons encore une fois pour qu’elle voie de quoi je parle… Enfin bon, ce n’est pas comme si j’avais beaucoup d’autres client aujourd’hui de toute façon !

La brune me demande ensuite ce que j’aurais à lui proposer, qui soit plus classe que ce qu’elle a sur elle en ce moment, mais quand même plus passe-partout que la robe dans laquelle elle a débarqué au magasin. Je réfléchis un instant, envisageant les différentes possibilités, avant de lui répondre.

”Alors, tu as plusieurs options. Toujours dans les pantalons, tu as le combo flare taille haute avec chemisier, qui fait très femme d’affaires soignée.”

Je pointe en direction d’un mannequin dans la vitrine, qui porte ce genre de tenue, pour qu’elle visualise mieux de quoi je parle.

”Ou alors, une jupe fait bien l’affaire aussi. Courte plutôt, sinon ça fait bohème, et je ne pense pas que ce soit l’effet que tu recherches ! Encore une fois, chemisier au dessus, ou bien débardeur avec cardigan…”

Je pointe finalement vers un autre groupe de mannequins, vers le fond du magasin. Ces derniers sont vêtus de robes mi-saison au manches longues, unies ou avec imprimés.

”Et sinon, tu as ce genre de robes, plus passe-partout… On a d’autres modèles en rayon avec différentes longueurs et tailles de manche, d’autres avec un décolleté un peu plus ouvert. Ceci dit, je te déconseille les robes longues et/ou trop ouvertes, personne ne porte ça en journée… Enfin, Presque personne !”

J’ajoute cette dernière remarque avec un légèr sourire en coin.