Sans faire gaffe à ce qui se passe à côté, je me contente de faire ce pour quoi je suis ici. Cogner. Fort et aussi longtemps que nécessaire sur ce type que je ne connais même pas. Et si ses changements de forme intempestifs réussissent à me surprendre, ce n'est sûrement pas ce qui va me faire me stopper. J'suis pas complètement con, je me fous totalement de l'apparence qu'il peut avoir. Je m'acharne sur lui, sans me soucier du sang qui vient déjà maculer mes poings (ni chercher à savoir s'il s'agit du mien ou du sien). Je ne montre pas la moindre émotion. Parce que je ne prends aucun plaisir à tabasser un type qui n'est même pas capable de se défendre. Mais ce n'est de toute façon pas la question.

Et finalement, après avoir déjà encaissé un certain nombre de coups, il se laisse aller au sol. Si seulement il pouvait rapidement perdre connaissance que je puisse me tirer d'ici. Mais non. Est-ce qu'il réfléchit à retardement ou est-ce que son instinct de survie ne se réveille qu'au moment critique, j'en sais rien, mais une bulle d'eau brulante me force à retirer rapidement ma main alors que je lui assenais un énième coup. Un grognement de mécontentement sous la douleur à laquelle je ne m'attendais pas, mes phalanges déjà bien abimées n'apprécient pas particulièrement ce nouveau traitement. Ah, on passe donc aux négociations maintenant ?

Pourtant, je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit que Atumane arrive pour prendre la relève. Heureusement que mon cerveau a décidé d'occulter le débat de bisounours d'à côté, m'évitant un fort sentiment de dépit. En revanche, j'aime beaucoup moins cette intervention du nouveau Titan. Qu'il fracasse un peu plus ce minable, j'm'en branle, qu'il me dise quoi faire, ça réussi en revanche à m'arracher un regard irrité.

- "J'suis assez grand pour savoir c'que j'ai à faire. Je me passerais de tes réflexions. Et toi..." Je reporte mon regard sur le déchet au sol . "Faudrait que t'apprenne à te défendre un peu mieux qu'ça avant que j'envisage de négocier avec toi !"

Eh ça va, ils me gonflent tous sérieux là. Mais j'ai pas envie de me prendre la tête avec Atumane maintenant. Ni avec l'autre andouille étalée au sol qui croit bon de pouvoir marchander après m'avoir insulté tranquille. Tss, ça me donne juste envie de l'éclater encore plus.

- "Avec c'que tu viens de lui envoyer, il est déjà fini. Il est tellement faible, j'prends pas le risque d'le voir clamser comme ça moi."

Sans compter que je n'ai pas du tout envie de m'ébouillanter. Une fois ça suffit amplement. Ma main est déjà passée au rouge écrevisse suite à ma dernière tentative.

- "Si t'en veux plus... Demande donc à l'autre abrutit qui danse plus qu'il ne se bat !"

Eh, c'est lui le Tonnerre ! Je préfère donc m'écarter du minable dans un sale état, me déplaçant légèrement en retrait dans ce couloir désormais vide, prêt à me barrer pour de bon. Parce que le but de ce genre de manœuvre, c'est quand même de rester le moins longtemps possible sur place. C'est tout à fait probable que des lèches culs soient déjà partis chercher de l'aide auprès des masters. Faut dire que pour la discrétion, on pourrait faire mieux. Ouais, j'ai pas du tout envie de rester plus longtemps ici.

Tiago me regarde comme si j'étais une merde. Oui, j'en suis une, mais au moins j'ai pas la main brûlée, et même si ça réveille en moi un sentiment un peu horrible de culpabilité, il peut pas dire qu'il l'a pas cherché.

Quand je vois Atumane approcher du coin de l’œil, je me dis que putain il va même pas me laisser négocier le saligot. Et la température baisse d'un cran. Effectivement, il enchaîne et donne un coup de pied dans ma barrière brûlante, la traversant grâce à sa force de titan et déboîtant poliment mon épaule droite.

_ OURCH-

J'étouffe le son en mordant fort ma lèvre et fermant les yeux un court instant, alors qu'un shot d'adrénaline percute mon cerveau. Sans ma protection j'aurai pu- Et la température baisse d'un cran. Je jure au moins 1000 fois dans ma tête, l'insultant de débile parce que l'eau ça imbibe immédiatement et que donc tu vas quand même te brûler la jambe connard -fallait pas porter un pantalon LOL. Et je sais qu'il faut que je replace mon épaule tout de suite, alors je ne réfléchis pas et je saisis mon bras droit avec ma main opposée et je serre encore plus les dents.
Et bla bla de Atumane qui adore avoir l'air plus détestable que moi.

Et la température baisse d'un cran.

Ça va faire mal. Très mal.
C'est pas la première fois que je dois faire ce geste, je sais que c'est risqué, je sais que c'est con, je sais que c'est extrêmement douloureux, mais entre ce que je sais et ce que mon cerveau a décidé de faire c'est deux choses différentes. Mon cerveau actuellement, il me renvoie des flashs de situations bien pires (JE SAIS que vous avez pensé au Vietnam mais non en fait pas du tout, pas aussi pire merci), et il aime pas ce qu'il voit, et il pense qu'actuellement la meilleure idée qui soit c'est de réparer à la va-vite un bras. Joie.
Et bla bla de Tiago qui se rebelle contre son boss, et bla bla de Tiago qui veut que je me défende mieux -t'inquiète je vais pas te louper, j'espère que tu as déjà perdu tous ceux que tu aimais- et bla bla de Tiago et Atumane again, et pendant que le feu se retire CLAC- une épaule remise en place (et une omoplate fêlée, clairement).

Et la température baisse d'un cran.

Et vous avez remarqué qu'il fait super froid maintenant ? Mes mains tremblent, mais j'avoue que je sais pas bien si c'est de douleur, de rage ou de froid. Cocktail. Je suis juste affalé contre le mur, et quand je lève le regard vers Atumane -qui est flou parce que chienne de vie la douleur- je me dis que je le hais, en fait.

Et là, tout part en vrille.
Parce qu'un bloc de glace de 1m² à la base sort du sol à une vitesse vertigineuse -à moins qu'il soit juste apparu je suis pas bien sûr- juste à côté d'Atumane et le percute de plein fouet pour l'acculer contre le mur- ah non de ce côté là c'est la vitre et je viens de la fendre autant pour moi. Un second bloc compact sort dans la foulée en direction de Tiago mais je ne regarde pas s'il atteint sa cible. Des cristaux se forment un peu dans tous les sens, des pointes, des blocs, mais mon regard est toujours fixé sur Atumane, et je me mets à quatre pattes, alors que mon bloc de glace continue à le presser contre la vitre du deuxième étage.

_ Grrrmph-

Je me mets debout. Wow, je suis méga grand non ?
Oh wait, depuis quand je suis un grizzli ?!

Lorsque le pied de Senri s'écrasa contre une surface solide, il réarma son pied vers lui en un mouvement sec. Le tout en grimaçant. Néanmoins, à l'entente des paroles d'Alice, il reposa son pied et croisa les bras contre son torse en prenant une expression qui se voyait excessivement rarement sur son visage et pour cause : il réfléchissait.

— Hm, c'est vrai que pour mesurer la force brute, c'est mieux un bras de fer. Là, la technique, l'aisance, les pouvoirs, tout ça entre en ligne de compte. OK ! Je suis chaud faisons ce bras de fer !

Et sans attendre, Senri se posa en tailleurs au milieu du couloir.

— TA GUEULE ATUMANE ON S'EN FOUT DE CE QUE TU RACONTES T'ES LE PROCHAIN QUE J'PRENDS AU BRAS DE Fer. ALORS UN PEU DE PATIENCE.

Ce n'est qu'à ce moment-là que Senri remarqua la bulle d'eau qui tournoyer autour de Houston. Dans le chaos et l'horreur de cette scène, l'adolescent qui tenaient ses deux pieds avec ses deux mains et des yeux plein d'admiration murmura avec un ton emprunt du même sentiment.

— Wah, comment il est trop fort, en fait.

Assez rapidement, l'ambiance s'était refroidit. Littéralement. En un instant des blocs de glace emanèrent du sol, un énorme en direction d'Atumane, des plus petit tout autour. Senri bondit en avant, il attrapa le bras d'Alice et la tira derrière lui.

— Pas question que tes bras soient blessés !!

S'il avait l'air de prendre la situation un tant soit peu au sérieux, lorsqu'il commença à frapper les blocs les plus petits avec ses pieds et ses mains comme u' enfant cette impression passa rapidement. Mais en un instant, tout changea.

Il y avait un grizzly au milieu du couloir.

— WAH MAIS SERIEUX UN OURS !

Senri se jeta sans crier gare dans le couloir, esquivant, sautant au dessus, glissant sous les blocs de glace intempestif. Arrivé à proximité du bloc qui avait frappé Atumane, Senri se télécogna sur la gauche d'Ourston. Il avait calé sa main contre son visage comme pour se protéger d'un coup pour encaisser le choc avec le mur mais aussi pour se projeter à toute vitesse vers l'ours.

— VIENS TE BAGARRER L'GRIZZLY!

Une énorme patte envoya Senri traverser une autre vitre. Mais, il était bien loin de se laisser faire. Se concentrant, il visualisa le couloir et s'y téléporta, répandant une pluie de goutelette de sang un peu partout. Son crâne s'écrasa sur une surface moins solide qu'à quoi il s'était attendu. Néanmoins, il y eut un second choc. Comme une chute.

— PUTAIN TIAGO SI TU VEUX FAIRE TA MAUVIETTE À FUIR LE FAIT PAS SUR MON CHEMIN GROS TOCARD DE MERDE !

C'était en effet entre les deux omoplates du feu que le crâne de Senri s'était écrasé. Sans attendre une réaction de la part du feu — car il ne voulait qu'on puisse l'empêcher d'affronter un grizzly à mains nues, Senri se télécogna contre le plafond et retomba au sol, à la manière d'un super héros, genou au sol, main au sol, regard vers l'horizon. Et... Alors que la température ne cessait de chuter, lui, venait de déchirer son haut.

— EH L'OURS ! PRÉPARE TOI J'ARRIVE !

Le jeune garçon s'elança vers l'ours, le poing droit serré, armé et prêt à s'encastrer dans le ventre épais de la bête.

Senri accepte immédiatement sa proposition. Et cela ne rassure absolment pas la petite Terre. Au contraire, elle entend Atumane être insultant, elle l'entend dire on le finit. Comme elle avait entendu ces personnes le dire, il y a deux ans. Elle l'entend frapper son ami, qui n'a plus rien pour l'aider. Ses yeux ne retiennent plus sa souffrance, des larmes commencent à dévaler ses joues. Alice a mal.

On le finit.

J'prends pas le risque de le voir clamser comme ça.

La violence des propos ouvre comme un Vide dans sa poitrine. Tout se passe pourtant très vite. Tiago s'éloigne, alors que tout gèle autour d'elle. Elle serre les dents, Houston doit paniquer, souffrir, avoir peur, mal. Elle se fait tirer en arrière par Senri, ne comprend pas ses propos si absurdes à ce moment-là. Elle verra ça plus tard. Houston est devenu ours, Senri frappe Tiago, Atumane est bloqué, Houston est un ours, il va blesser Atumane, Atumane va tuer Houston, Tiago va l'aider à le tuer, Senri va blesser quelqu'un. Le petit paquet de biscuits tombe au sol, ils se brisent en mille morceaux.

On le finit.

Heureusement pour eux, Alice n'est pas Sonore. Mais sa voix couvre tous les sons, son cri vient du plus profond de son être, plein de graves dans son aigüe. Strident.

« ARRETEZ ! »

Douleur.
Alice n'est pas Sonore ni Air, mais elle est toujours Terre. Ses yeux tournent marrons. Sans abîmer le sol, un pilier de terre puis de roche sort du sol sous les pieds de Tiago et l'engloutit jusqu'à la taille. Un autre entoure Senri, un autre, autour d'Atumane en plus de la glace. Tout se passe très vite, les blocs sortent comme Alice à l'habitude de les créer.

Elle glisse au sol, genoux à terre, les larmes plein les yeux, les dents serrées. Ses mains se crispent. Un nouveau pilier, plus large, vient s'élever entre Houston et les autres, sans toucher le plafond, sans laisser de possibilité d'enjamber. Toute l'énergie d'Alice est concentrée sur sa perception des piliers. Ne lui faites plus de mal. Ne vous faites pas de mal. Arrêtez.

Les actions résumées:

Mais... Whaaat ?! Qu'est-ce qui se passe d'un coup ?! Nan mais moi j'étais tranquille là, j'étais près à me barrer, sans rien demander à personne et là... Un énorme bloc de glace surgit de nul part pour arriver à pleine vitesse dans ma direction. Je vais pour esquiver, un pas en arrière, mais à cet instant un choc violent dans mon dos me ramène droit vers cette merde. Je perds mon équilibre, mon bras en défense devant moi percute un peu trop violemment cette putain de glace, pourtant, le plus désagréable ce n'est pas la douleur fulgurante que je ressens à cet instant. Non, la voix horripilante qui s'élève derrière moi est largement pire. De quoi me rendre bien assez d'énergie pour me redresser immédiatement, ignorant totalement la présence de ce grizzli (mais sérieux ?!! Mec si t'étais capable de ça c'était avant qu'il fallait le faire !!) je me retourne immédiatement vers le sale gosse.

- "C'est toi qui f'rait mieux de fuir, j'te jure que j'vais t'démolir saloperie de triple idiot !!"

Les poings serrés, j'en ai plus rien à branler de Houston, de l'autre meuf, d'Atumane et de ses supers plans, je sais juste que je ne vais pas m'arrêter à lyncher un seul type. Les nerfs à vif, prêt à lui exploser le crane contre chacune des portes que compose ce couloir, je suis finalement arrêté par une cage de terre qui s'élève du sol.

- "Putain !! C'est quoi cette merde encore ?!"

Font chier tous avec leurs pouvoirs là !!

- "T'as intérêt à en profiter pour te téléporter très loin de moi !!"

Et au milieu de tout ça, la voix d'Atumane qui me balance qu'on en reste ici pour cette fois. Bah voyons ! C'était exactement ce que j'avais prévu en fait. Avant qu'il ne vienne tout foutre en l'air en poussant l'autre faiblard dans ses derniers retranchements, à nous balancer tout ce qu'il pouvait dans une ultime tentative pour survivre ! Et puis c'est sympa comme plan hein, mais j'suis pas un Titan moi !! Suffit pas d'un coup de poing pour démolir cette cage ! Raaaah putain !!

Cette fois c'est beaucoup trop de frustration à gérer et je me retrouve avec des flammes non contrôlées qui se manifestent tout autour de moi. Ça faisait longtemps que ça ne m'étais pas arrivé. La sensation de la chaleur qui vient flirter un peu trop près avec ma peau me ramène assez vite à la réalité, concentration, et j'arrive à maîtriser cette petite perte de contrôle momentanée. L'avantage, c'est que ça m'a un peu calmé, suffisamment pour pouvoir réfléchir tranquillement. L'inconvénient, c'est qu'une nouvelle chemise vient d'être sacrifiée sur l’hôtel de mes excès de colère.

Bon, j'ai plus qu'à attendre tranquillement que tout ce merdier se finisse. Nan mais toute cette terre va bien finir par disparaitre à un moment non ? Donc je n'ai plus qu'à prendre mon mal en patience. De toute façon mon bras commence à me rappeler qu'il n'a pas du tout apprécié cette rencontre avec le bloc de glace du grizzli. Donc l'option escalade est totalement morte. Je m’adosse à ce mur improvisé pour me laisser glisser jusqu'au sol, genoux repliés contre mon torse (parce qu'il ne faut pas être clostro là dedans !). Et dès qu'une ouverture se présentera, il ne me restera plus qu'à être invisible pour m'échapper tranquillement, ni vu ni connu. Non, je n'oublie pas le cas de l'autre téléporteur raté. On verre plus tard.

A partir du moment où je suis plus grand que tout le monde, il devient impossible de me concentrer correctement. Parce que ma tête tourne. Parce que ma vue est floue et parce que la transformation n'a pas atténué la douleur -est ce que c'est juste dans ma tête ? Ça crie, ça craque dans tous les sens, c'est n'importe quoi.

Quelque chose arrive soudainement dans mon champ de vision, je réagis par réflexe, il faut que ça s'écarte. Ma main -patte- gauche part toute seule. Je touche quelque chose, sans vraiment m'en rendre compte. Je sombre putain, c'est pas le moment, je sombre...

Je n'assiste pas à l'action très hautement improbable d'Atumane, ni même au discours envenimé de Tiago à un Senri ravageur et ravagé, je grogne juste de douleur et m'avachis à nouveau sur le sol, sombrant dans un sommeil pas du tout libérateur.

NB : Si vous avez peur des ongles, des parties du corps tordues dans tous les sens ou du sang ou quoi, bah y en a... C’est un peu gore (mais surtout affligeant), donc bah voilà, attention.

Alors que Senri chargeait l’ours, la voix de Tiago le figea sur place, avant de lui faire faire volte-face. Ses poings retombèrent à sa taille tandis que la colère déformait son visage.

- C’est quoi ton problème, tocard ?! T’en veux encore ?! Ok, je te démolis en cinq secondes et j’me fais le grizzly !

Mais alors qu’il crachait ses mots, le cri d’Alice lui fit immédiatement tourner la tête. Qu’est-ce qui venait de se passer ? Il n’eut pas de réponse, néanmoins, il ne put anticiper la terre qui vint s’enrouler autour de lui, jusqu’à sa taille. Entravant le moindre de ses mouvements. Son bras gauche, avait également était fait prisonnier de la cage de Terre. Le téléporteur tenta bien d’utiliser le pouvoir qui faisait sa fierté, mais ça ne mena à rien.

- Putain !! C’est quoi cette merde ?!

Quelque s’alluma en lui. Il avait acquis ce pouvoir à la sueur de son front, personne ne l’empercherait d’un user.

De l’autre côté, Tiago s’enflammait, faisant drastiquement monter la température glaciale du couloir. Senri n’allait pas perdre la face. Il contracta les muscles de son bras gauche et commença à forcer pour en extraire son bras, vainement. Mais avec l’autre, il vint creuser la terre à l’aide des doigts de sa main droite. Des étincelles se mirent à jaillir de son crâne, courant et se tortillant comme des insectes rendue fous par la douleur. Les étincelles s’étendirent jusqu’à sa nuque. Laissant des traces rouges sur sa peau.

Il bougeait désespérément le bas de son corps, dans tous les sens. Tout était bon pour bouger, ne serait-ce qu’un peu. Un râle inhumain émana de sa gorge tandis que l’ensemble de ses veines menaçaient d’éclater. Les doigts de sa main droite étaient noirs de terre, ses ongles s’étaient arrachés, imprégnant la terre de sang. Une mélasse de terre et de sang s’était formée autour de la main du garçon. La douleur était indescriptible, mais la sensation de ses éclairs qui s’infiltraient dans la peau de ses épaules pour en sortir et y replonger contrebalançait et lui permettait de continuer.

Lorsque ses doigts finirent enfin par arracher un monceau de terre, il propulsa contre le mur et la terre ensanglantée se répandit sur tout le mur. Il arracha à la terre son bras gauche avec un hurlement triomphant.

- AAAHAH ! ARRÊTES DE TE CACHER TIAGO ET VIENS TE BATTRE ! JE ME SUIS JAMAIS SENTIT AUSSI FORT !

Le garçon entreprit de libérer sa taille, mais la structure était bien plus solide que le bout qu’il avait déjà arraché. Pourtant, il ne se décourageait pas ; il frappait, creusait la terre, s’écorchait les mains, se tordait les doigts avec toute la hargne qui pouvait l’habiter. Ses éclairs s’étaient étendus jusqu’à ses coudes et se propageaient sur le haut de son torse. À force de se débattre, il sentit son corps bouger, c’était imperceptible, mais il avait bougé. En hurlant, il se téléporta. Son corps réapparut au même endroit, à quelques millimètres près. Son corps s’était tordu en avant pour que son crâne puisse frapper l’armature de la cage de terre, seule surface solide accessible.

Il était toujours prisonnier, mais il sentait qu’il bougeait. Contractant un peu plus ses muscles, il continua de hurler, comme si c’était un moteur pour continuer de sa battre. Il se téléporta encore et encore. Son crâne tapait de tous côtés, faisant se tordre son corps dans des angles improbables. La peau de sa tête s’arrachait, s’effritait. Ses lèvres étaient fendues, son nez brisé. Coulait le long de la cage des filets de sang qui venaient créer une bouillasse lugubre au pied de la cage. Pourtant, de plus en plus, son corps s’extirpait.

D’un geste sec et puissant, il sortit sa jambe gauche de la terre. Un craquement sourd et un hurlement de douleur raisonnèrent à travers le couloir. Suivit d’un rire plein de fierté.

- JE SUIS LE WARRIOR TELEPORTEUR, LES TOCARDS ! ET J’AI MÊME PAS MAL.

L’on pouvait douter de cette information, car les larmes de l’adolescent créaient des sillons clairs dans le masque de sang sec qui couvrait le visage de Senri.

Des éclairs de plus en plus grand émanaient de son corps, créant comme un exosquelette de son crâne à sa taille. Le souffle court, Senri se tenait contre une paroi de la cage avec ses deux mains. Sa jambe gauche pendait hors de la cage, avec son pied qui s’enrouler presque autour de sa cheville tant il était tordu.

- Raaaaaah !! Tiaaaaaaaaaaaaaaaago !! J’arrive !!

Senri tira sur sa jambe droite de toute sa force, pour l’arracher à cette prison faite par l’Étoile à l’aide de sa seule force physique. Un second craquement raisonna et la voix de Senri fut interrompue par un hoquet de douleur. Au sommet de son crâne, un filet d’éclair se propagea et se déploya subitement à un mètre autour du garçon. Avant que toute l’électricité ne disparaisse.

Le corps de Senri retomba en arrière, le torse pendant dans le vide. La jambe encore emprisonnée dans la terre. La tête en bas et sanguinolente, Senri avait les yeux révulsés en arrière et la bouche grande ouverte. Plusieurs filets de bave coulaient vers le sol tandis qu’un bref ronflement sortit de la gorge du tonnerre.

Ses pouvoirs avaient décidé d’eux même de l’arrêter dans cette folie.