Une convocation chez la directrice. Encore. Non, je n'en suis clairement pas étonné. Encore moins après mon léger différend avec Aoi à l’hôpital. Je savais pertinemment que ça arriverait, l'objectif avait été de profiter un maximum de faire mes affaires comme j'en avais envie avant que ce moment fatidique n'arrive. J'ai déjà pu me rendre compte qu'Hideko n'est pas de ces personnes à prendre à la légère, et malgré un certain nombre de problèmes personnels, je n'ai pas particulièrement envie de me faire virer de cet endroit. Il y a encore beaucoup trop de choses que je dois faire avant d'en arriver là.

Pour autant, on ne peut pas dire que je me sois réellement pressé de me rendre dans son bureau. Eh, je ne suis pas un gentil toutou bien élevé non plus. Je ne rapplique pas au pas de course dès le premier coup de sifflet. Je n'abuse pas pour autant. Là non plus, je n'ai pas envie qu'elle m'envoie je ne sais quel master pour me ramener de force devant elle. C'est donc avec une apparente décomplexion que je me pointe jusqu'à la porte de son bureau, à laquelle je toque poliment, attendant qu'on me donne l'autorisation d'entrer. L'abus et l'ignorance des règles ne fonctionnent que lorsqu'on connait la signification du terme parcimonie. Évoluer sur une corde raide oui, mais autant éviter de sauter à pieds joints dans le vide.

- "Bonjour, vous avez demandé à me voir."

Une entrée parfaitement classique. Aucun stress particulier ni le moindre remord, si je me doute bien des raisons pour lesquelles je peux atterrir à cet endroit (et il y en a un certain nombre) je ne compte pas pour autant lui faciliter la tâche. Je m'assois donc face à elle, me tenant relativement droit, dans une position qui ne soit ni avachie, ni pour autant raide à penser que je me retrouve coincé avec un balai dans le cul, je réussis même à ne pas prendre ce sourire dédaigneux qui me démange pourtant à chaque fois que je me retrouve en tort face à une quelconque figure d'autorité.

- "Vous ne pouvez plus vous passer de moi on dirait. Je vous écoute, que me vaut le plaisir de cette convocation aujourd'hui ?"

Pour ce qui est du ton que j'emploie avec ces paroles en revanche, difficile de ne pas percevoir l'once de provocation qui s'y cache. Provoquant mais pas outrageant. De quoi démarrer ce petit tête à tête dans des conditions optimales !

Avec un manque de fun toujours aussi flagrant, Hideko ne tarde pas pour entrer dans le vif du sujet. Cela dit, elle n'a pas tort. J'ai bien mieux à faire de ma journée que de rester le cul posé ici. Alors autant régler ça au plus vite. Tout en essayant de m'en sortir au mieux, évidemment. J'ai quand même conscience que je peux jouer gros sur ce coup. Ce n'est pas comme si c'était la première fois, où il suffit de belles promesses pour s'en sortir. D'ailleurs, elle ne manque pas d'inspiration pour ce qui est des "soucis" me concernant.

Par contre, elle a vraiment cru que j'allais passer en mode aveux aussi facilement ? Je ne suis pas un débutant qui se pisserait dessus à la première connerie découverte. Bah oui, bien sûr que c'est stupide ! Mais, puisqu'elle lance le sujet, j'imagine que j'ai bien le droit de lui livrer mon point de vue...

- "C'est gentil de vous inquiéter pour moi, mais ces problèmes comme vous dites, je suis habitué à faire avec. Je n'ai pas besoin d'aide. Je suis tout à fait capable d'assumer mon rôle lorsque je suis en service. Et pour le reste du temps, ça ne regarde que moi."

Je perds cette attitude joueuse que j'avais en entrant, pour prendre un ton beaucoup plus sérieux. Pas besoin de plus de temps pour comprendre qu'elle n'a pas l'intention de me lâcher. Et je n'ai pas l'intention de lui laisser le moindre doute sur ce que je compte faire me concernant. Ou plutôt sur tout ce que je ne compte pas faire. Pour le reste en revanche, c'est légèrement plus délicat.

- "Pour ce qui est de la population déjà "détruite et brisée"... Ils avaient pour la plupart recours à ces solutions médicamenteuses bien avant de mettre les pieds à Terrae. Et ce n'est pas si simple de s'en passer du jour au lendemain. Cela dit, vous avez raison sur un point. Ce n'est pas à moi de leur apporter cette aide. Et vous savez quoi ? Ça tombe bien, parce qu'aider les gens, c'est vraiment pas ma cam"

Des paroles que je laisse volontairement floues, il va lui falloir plus que quelques suppositions pour me faire dire quoi que ce soit sur mes petites affaires parallèles. Elle est au courant que la réserve de medocs ne m'est pas totalement inconnue et que je suis loin d'avoir un rythme de vie clean, que je peux être capable de mettre au point divers produits non autorisés sur le marché, mais en ce qui concerne leur commerce, je suis sûr de ne jamais m'être fait avoir. Ou alors, il lui faudra me mettre face à des vidéos très claires pour que j'avoue quoi que ce soit. Mais j'ai toujours fait très attention à être en dehors du champ de ces caméras ou d'avoir recours à des Tonnerres capables de mettre HS ces saloperies, le temps nécessaire à nos échanges.

Comme je m'y attendais, Hideko n'a pas l'intention de lâcher l'affaire si facilement. Et elle n'y va pas par quatre chemins. Arrêter de fournir. Bah voyons. Ça non plus ce n'est pas si facile une fois que les habitués savent à qui s'adresser. Ce n'est pas possible de refuser du jour au lendemain. Même sous prétexte que "madame la directrice n'aime pas trop ça et elle s'inquiète pour votre santé. La votre et celle des plus jeunes et des plus influençables". Sauf que je ne risque pas de lui dire tel quel, ce serait déjà avouer beaucoup trop de choses.

- "Vous vous trompez. Sur plusieurs points."

Parce que c'est beaucoup plus facile d'aborder le problème sous cet angle là.

- "Je n'sais pas si vous savez à quoi ressemblent ces "schémas extérieurs" dont vous parlez, mais en ce qui concerne les réseaux de drogue, je peux vous assurer que Terrae ne leur ressemble en rien."

Il n'y a qu'à voir le nombre de fois où je ne fais rien payer. Et l'absence de décès liés à ce trafic. La plupart des personnes que je suis amené à côtoyer sont loin d'être les personnes les plus calmes et douces du coin, mais même parmi ceux qui ont connu la violence inhérente à ce milieu, personne n'en arrive à ces extrémités. Parce qu'on a tous conscience de ce qu'on risque de perdre si on dépasse ces limites.

- "Et, c'est exactement pour ça que vous vous plantez sur un autre point. Je ne pourrais pas retomber dans les mêmes problèmes qui m'ont amenés ici."

Je ne pensais pas que ça puisse m'affecter, mais je dois bien me rendre compte que ma voix se fait plus cassante et évoquant ce point beaucoup plus personnel. Je ne suis pas très doué pour parler de moi. Du moins, pour parler de choses un peu sérieuses. Encore moins quand ça peut évoquer ces parties de mon passé encore sensible.

- "Mais, j'imagine que ma façon de voir ce contrat passé avec les masters, ce n'est pas ce qui vous a amené à me faire venir aujourd'hui. Alors, autant laisser ça de côté. Ces problèmes de drogue en revanche, ça, ça vous intéresse plus."

Ok, c'est bien joué. Je préfère encore lui parler de la circulation de ces substances qui doivent la faire grincer des dents que d'essayer de savoir si je vais aussi en venir à péter les plombs ici. Ça, j'aurais bien le temps de voir plus tard.

- "Qu'est-ce que vous attendez exactement ? Que je vous dise que dès demain je n'aurais plus aucun lien avec quelque substance illicite que ce soit ?"

Au moins un bon point, elle n'a pas l'intention de m'obliger à me couper totalement de toute drogue. Donc pas de cure ou autre connerie du genre au programme. Enfin pas pour le moment en tout cas. Ce qui ne l'empêche pas d'évoquer subtilement l'utilité des psys... Mouais, pas intéressé. Donc son unique problème aujourd'hui semble bien porter sur la circulation de ces produits au sein de Terrae.

- "Je ne me mettrais pas à leur place. Déjà parce que j'ai pas la moindre idée de ce qui peut bien leur passer par la tête. Ensuite, parce que chacun fait c'qu'il veut, j'vois pas en quoi ce serait mon problème."

Au cas où elle ne l'aurait pas encore remarqué, je n'ai rien du mec responsable qui s'inquiète pour son prochain. S'ils veulent déconner, c'est leur problème. Chacun est assez grand pour faire ce qu'il veut, je n'ai jamais forcé personne. Encouragé, peut-être... Je pourrais aussi bien lui dire amen pour pouvoir me barrer tranquillement. Mais ce serait un coup à me faire rappeler dans quelques jours et je n'ai pas que ça à faire.

- "Ma vie avant, ça ne regarde que moi. Pour ce qui est de prévenir les plus jeunes sur les dangers de la drogue, faudra vous trouver quelqu'un d'autre. J'crois bien que j'n'ai pas trop la gueule de l'emploi."

Pourtant, je sens qu'à ce rythme là cette entrevue peut durer des heures. Alors il va bien falloir que je cède sur un point pour voir avancer les choses. Sur un point qui ne me coûte pas trop idéalement.

- "Et effectivement, je ne peux pas vous révéler trop de choses. Vous devez bien comprendre que votre position de directrice rend cette discussion plutôt délicate. En revanche... Si c'est vraiment l'accès à ces substances qui vont dérangent, on devrait pouvoir s'arranger."

Bien recentrer le sujet sur ces questions de drogue de façon générale et non pas sur les raisons pour lesquelles je me retrouve naturellement impliqué là dedans. Je me doute bien qu'elle n'est pas stupide. Et je ne suis probablement pas le premier au passé un peu troublé qui met les pieds ici.

- "Je commence à connaître un peu de monde capable de fournir à Terrae. Alors si je vous dit que je m'arrange pour que vos gamins faibles et vulnérables, ceux qui ont grandit ici sans réel repère, n'aient plus accès à ces drogues trop puissantes pour leurs esprits inconscients, vous me foutez la paix ?"

De toute façon, ce ne sont pas eux qui rapportent le plus de fric. Déjà parce que souvent, ils sont encore à l'école. Bon, par contre, je ne suis pas le seul impliqué dans ces réseaux, bien sûr que j'ai conscience qu'une telle proposition va impliquer quelques autres discussions par la suite. Mais si Hideko a l'impression que je fais des efforts pour aller dans son sens, peut-être que ça l'incitera à se montrer plus indulgente par la suite. Bah, je ne me fais pas trop d'illusions. Ce n'est probablement pas la dernière fois que je vais passer par ce bureau...

Je ne sais pas comment interpréter ce silence de la part d'Hideko. Est-ce qu'elle est seulement très attentive à ce que je peux dire, prête à accepter un arrangement correct ? Ou est-ce qu'elle a juste déjà décidé qu'il n'y a qu'une unique réponse possible ? A savoir la promesse d'un arrêt total de tout ce qui peut avoir un rapport aux drogues ? Une fois ma proposition terminée, je prends donc la même attitude qu'elle, à savoir le regard bien droit et la bouche fermée, signalant ainsi que je n'ai rien à ajouter.

Et pour ne pas me faciliter la tâche, la directrice me répond par une nouvelle question. Au moins, ce n'est pas un non catégorique. Même si je me méfie de l'intention qu'il peut y avoir derrière une telle question, c'est peut-être ma chance de ne pas trop mal m'en sortir. Il suffit juste que je trouve quelque chose de convaincant. Donc pas de "vous inquiétez pas, je gère !". Je prends tout de même le temps pour une légère inspiration, autant pour gagner quelques secondes le temps de tout remettre en place dans mon esprit, que parce que je sais très bien que ce je vais avoir besoin de dire ne me plait pas des masses.

-"Eh bien... Vous savez, dans ce milieu, l'adage "le client est roi" n'existe pas. Et, dans un endroit comme Terrae où... l'approvisionnement... n'est pas simple, le dealer a pas mal de pouvoirs. Notamment celui de choisir ses clients. La loi de l'offre et de la demande vaut aussi pour les drogues et là, elle est à l'avantage de l'offre."

Aborder la question sous l'angle d'économie et de marché tout ce qu'il y a de plus classique est sûrement le meilleur moyen de présenter les choses simplement sans prendre trop de risques. Tout en faisant comme si le milieu de la drogue n'avait rien de si extravagant. Enfin ça c'est l'idée, mais dans la pratique je me retrouve quand même à devoir chercher mes mots. Je ne suis pas hyper à l'aise ok, mais ça ne me va pas m'empêcher de garder une assurance de façade tout en poursuivant mes explications.

- "Il suffit donc de persuader les quelques revendeurs qui circulent de ne cibler qu'une clientèle habituée. N'importe quel dealer est capable de faire la différence entre un type déjà accro et un débutant qui voudrait juste voir c'que ça fait. Donc, le seul point un peu sensible, c'est de gérer les dealers, mais même ça, ça ne devrait pas être trop difficile. Je suis sûr que j'arriverais à leur faire entendre raison. Et puis, la demande initiale venant de vous, ils devraient se montrer coopératifs."

Je fais évidemment bien attention à ne pas m'inclure dans le lots de types impliqués dans la vente de stupéfiants. Parlant seulement d'une façon impersonnelle. Tout en m'arrangeant pour laisser penser que je connais suffisamment les quelques réseaux qui se sont développés au sein de Terrae pour que des négociations lui paraissent une option intéressante. De toute façon, prétendre ne rien y connaitre ne serait pas très crédible. Oh, j'ai bien conscience qu'en tant que directrice d'un tel Institut, elle dispose de moyens bien plus efficaces et radicaux pour obtenir ce qu'elle veut, mais puisqu'elle semble relativement réceptive à ma tentative d'entente, autant m'engouffrer totalement dans cette voie.

- "Ça vous convient ?"

Parce que je sais très bien que le mot de la fin lui revient. Et que ce n'est sûrement pas exactement ce qu'elle avait en tête en me demandant de venir ici initialement.

Si je me fie à la tronche qu'elle me tire, Hideko ne parait pas vraiment convaincue. Bah, ça valait le coup d'essayer. Le problème c'est que je ne suis pas prêt à admettre quoi que ce soit concernant mes activités et encore moins à promettre plus que ce que je n'ai déjà fait. Et elle ne tarde pas à m'en expliquer les raisons.

- "Ce qui les forcerait ? Oh bah si, ça c'est simple. Il vous suffit de les choper et de leur faire passer l'envie de recommencer. Mais ça, ce n'est pas mon problème."

Ouais, parce que ça commence à me gonfler ce petit jeu. Je me trouve largement assez coopératif sur cette histoire, alors si elle n'est pas contente qu'elle se débrouille seule. Bien sûr que c'est ce qu'elle doit tenter faire, je ne suis pas stupide. Mais je ne me laisserais pas faire si facilement.

- "Je vous ai proposé mon aide pour intervenir auprès des quelques personnes qui ont une influence en matière de drogue à Terrae parce que je m'y connais. J'ai grandi dans ce milieu, j'en connais les codes, ce n'est donc pas difficile pour moi de prendre contact avec qui que ce soit impliqué dans ce trafic ici. Et oui, c'est vrai que tout le monde est au courant que je consomme."

Mon ton se fait plus ferme, moins ouvert à la discussion que celui que j'utilisais jusqu'alors. En même temps, ce n'est un secret pour personne que je suis accro à beaucoup trop de substances illicites. Et vu que certains masters sont au courant, notamment l'autre peste d'Aoi, j'imagine sans mal que Hideko doit l'être aussi.

- "Maintenant, si ça ne vous convient pas, vous n'avez qu'à vous débrouiller seule ! Je ne vois aucune raison de me montrer davantage coopératif avec vos histoires !"

C'est dangereux, je sais. Elle peut tout à fait me forcer à faire ce qu'elle veut j'en ai bien conscience. Et les sanctions qui me pendent au nez pourraient ne pas me plaire du tout. Mais je n'ai pas envie de faire plus d'efforts que ce que je n'ai déjà fait, alors il est temps de savoir ce que je risque à me barrer sans l'avoir satisfaite. Et, peut-être que je me raviserais en fonction.

Des petits passages chez les flics pour aborder ce genre de sujet, j'en ai déjà fait quelques uns avant d'atterrir ici. Et ça se passe toujours de la même façon. Mais cette fois, on voit bien que Hideko n'a pas suivi la même formation que ces emmerdeurs de première. Ce qui est assez perturbant, parce que ses réactions sont très différentes de ce à quoi je suis habitué.

Si j'aurais presque pu sourire à ses paroles, me demandant si elle espérait réellement que je lui donne le moindre nom ou lui promette de stopper toute activité illicite en me convoquant ici, cette envie passe immédiatement en sentant une forte restriction dans mes mouvements. Comme si quelque chose m'empêchait de bouger. Connaissant mon pouvoir et celui de la femme en face de moi, ce n'est pas bien difficile de faire le rapprochement. Ce qui me contrarie évidemment. C'est assez désagréable comme sensation.

Est-ce que cette manœuvre a pour but de me faire flipper ? De me prouver que toutes ces personnes dont elle parle sont bien plus puissantes que moi ? Je le sais déjà. Bien sûr que j'en ai conscience. Et son petit discours sur la moralité d'un tel recours et la nécessité de pouvoir faire nos propres choix ne m'émeut absolument pas. En revanche, je reconnais qu'une opposition frontale serait stupide.

- "Vous croyez vraiment que j'ai l'image du mec qu'on va voir quand on a besoin d'aide ? Nan, c'est pas aussi simple."

Si j'avais une bonne influence ça se saurait. En général, ceux qui veulent s'en sortir ont plutôt tendance à m'éviter. Ce que je respecte. Il y a de toute façon bien assez de demande ici et des cas en difficulté habitués à avoir recours à cette solution pour oublier leurs problèmes, il en arrive très régulièrement. Je ne risque pas de courir après les consommateurs en rédemption.

- "Je vais être clair. Je n'ai aucune envie de bosser pour vous. Je ne servirai pas de mouchard et je ne veux pas de l'étiquette de gentil toutou. Mais... Je comprends. Et, vous avez raison. Je ne suis pas assez con pour entrer en conflit direct avec vous."

Cet adage du "ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi" m'a évidemment été inculqué très jeune, mais je sais aussi que beaucoup de personne sont capables de voir les teintes de gris qui existent entre le noir et le blanc. Ces nuances sont la seule porte de sortie que j'ai actuellement. Le visage fermé, je regarde désormais Hideko très sérieusement, sans ciller.

- "C'est vrai, une partie de ces consommateurs et même quelques uns de revendeurs sont seulement un peu perdus. Ils vont mal et ont trouvé une échappatoire ponctuelle grâce à différents produits. Ils sont juste faibles et ont besoin d'une main tendue. Mais l'autre partie... Ce sont des types qui ont connu la rue et ça... Ça laisse certaines traces indélébiles. Pour ces gens là, la réputation est une chose essentielle. Agir comme vous le demandez, ça reviendrait à ne plus bénéficier d'aucun respect vis à vis de ces personnes là. Et dans ce cas là, je ne vous serais plus d'aucun intérêt."

Avec les nouvelles règles qui règnent à Terrae, ce n'est déjà pas évident de se faire une place correcte dans ce milieu, alors montrer le moindre signe de faiblesse, comme une certaine sensibilité à l'égard de moins endurcis, me vaudrait un retour brutal tout en bas de l'échelle. C'est qu'avec la présence de ces pouvoirs qui remplacent en bonne partie l'usage classique des flingues, le règlement des conflits n'est pas franchement à mon avantage. Je fais encore bien trop office de nouveau pour ça.

- "Mais ça ne veut pas dire que votre plan n'est pas réalisable pour autant. Laissez-moi un peu de temps et une certaine marge de manœuvre pour intégrer et gravir les échelons cachés de cette organisation, et ensuite, je pourrais vous être utile. Parce qu'en l'état, votre requête ne me laisse le choix qu'entre le passage à tabac par ces mecs là, ou envisager chaque acte de torture existant à partir de vos pouvoirs."

J'en fais sûrement un peu trop, mais c'est l'idée. Évidemment que la partie intégration est déjà réglée. En revanche, je ne mens pas quand je dis ne pas bénéficier du niveau de reconnaissance nécessaire pour pouvoir agir librement. Mais savoir que ma position au cœur même de ces quelques réseaux qui opèrent à Terrae est en quelque sorte validée par les hautes sphères me donnera beaucoup plus de libertés et donc, beaucoup plus de pouvoir.

- "Dès que j'aurais une position suffisamment forte auprès des têtes dures, ce sera beaucoup plus facile d'émettre un certain contrôle sur les consommateurs. Et donc d'aller dans votre sens. Parce que je vous serais redevable. Et que je n'ai pas envie de faire marcher mon imagination. Tout le monde est gagnant."

C'est peut-être un peu osé, mais on ne sait jamais.