Des boissons de collégien ? Je lui adresse le regard le plus furieux dont je sois capable en l'état, ce qui, avouons-le, ne doit pas donner grand chose. Est-ce de ma faute si je suis si ignorant en matière d'alcool ? Je bosse moi mon gars, et j'ai une réputation à tenir, je ne peux pas me permettre de passer pour un pochtron... quoique maintenant. Vous avouerez que c'est un peu tard. Je demande au barman de me montrer la bouteille de ce qu'il m'a fait boire, le regard un peu flou, j'ai du mal à lire l'étiquette, mais dès que j'y parviens, je me redresse à moitié et me tourne vers Che Guevara.

-De la tequila ?? Azy là ça vient de chez toi ça! J'étais sûr que t'avais triché! Forcément que t'as gagné si t'en bois depuis le biberon de... aaah... ma tête...

Avoir élevé la voix me donne soudain l'impression de passer dans une essoreuse à salade, douleur comprise puisque ma tête doit probablement cogner contre les parois de l'engin. Le regain d'énergie que j'ai gagné sous mon coup de sang s'évapore donc bien vite et je retombe comme une loque sur le comptoir, me contentant de regarde mon verre d'eau comme le seul sauveur digne de ma soirée. Je remarque d'ailleurs qu'il ne se prive pas pour se foutre de moi! C'est vraiment nul de frapper un homme à terre ! Quoi de la mauvaise foi ? Moi j'ai le droit! Pas lui. Mes victoires étaient glorieuses, lui il a triché, c'est pas du jeu! Je ne peux toutefois pas retenir de grimace lorsqu'il m'annonce que je serai comme ça sûrement jusqu'à demain soir.

-Quoooooi ? Jusqu'à demain soir ? Je vais passer la journée comme ça ? Oh Mazette... Remarque, ce sera une bonne excuse pour échapper aux dossiers! m'exclamais-je soudain, beaucoup plus heureux que l'instant d'avant.

Je ne pourrai pas bien faire mon travail si je suis dans cet état donc ils devront me laisser rentrer chez moi pour me reposer, retrouver mes forces... dormir! Hihihi Keitaro allait tellement me haïr! Je ne retiens mes sourcils de se hausser à nouveau en l'entendant parler, mais lui adresse en revanche un grand sourire. Je suis content qu'il m'est sorti la remarque, c'est tellement lui, ça me fait tellement rire. Une idée me vient d'ailleurs à l'esprit quand je repasse ses paroles dans ma tête, ce que j'e n'avais pas capté immédiatement.

-Attends mec... Mais c'est que tu serais presque sympa! Je savais que t'étais bon à marier toi! m’esclaffais-je en lui donnant une bourrade amicale dans l'épaule.

Je me redresse un minimum, pour faire style que je conserve un peu de dignité, même si mon crâne et mon corps tout entier me crient de m'affaler comme une crotte sur ce comptoir et de m'y endormir jusqu'à la fin de la semaine. Aussi parce que je sens l'instant de la question venir, la fameuse question "je-m'en-fous-de-ta-vie-mais-pas-vraiment-mais-je-veux-pas-l'avouer" alors que c'est une vraie fouine lui aussi je suis sûr! Il adore apprendre des choses sur la vie des gens, peut-être pas toujours pour de bonne s raisons, mais il est vachement curieux aussi, ça je n'en démords pas! Je lui prouverai! Quant à la question... j'écarquille les yeux lorsqu'il me la pose, ce qui me donne un air plus ahuri que d'habitude, puis éclate tout simplement de rire.

-Et c'est moi que tu traites de chelou, mec, réussis-je à articuler. En plus, tu m'interdis les vraies réponses quoi!

Ben quoi ? Evidemment que c'est parce que je suis surpuissant et tout et tout, faut pas chercher bien loin. Sauf qu'il ne veut pas que je le dise. J'arrête de plaisanter et réfléchis sincèrement à sa question, ou plutôt à ce que je pourrais lui dire. La réponse est simple en vrai, elle ne lui plaira peut-être pas mais je veux le voir réagir à ça.

-Bah... parce que j'aime sourire ? Je veux dire, c'est bien de sourire, ça fait plaisir, ça fait sympathique aussi. C'est mon naturel, je suis comme ça. T'aimes pas ça toi ? Tu sais que tu pourrais presque être beau si tu souriais, je suis sûr que tu dois avoir un sourire à la James Bond, genre le mec qui se la pète mais qui les fait toutes tomber avec son Email blancheur!

Oula, je dois vraiment être bien saoul pour commencer à lui sortir des compliments. J'en suis pas avare normalement mais j'attends de connaître UN PEU mieux les gens avant de leur faire l'honneur d'un compliment crenom! Après, je lui avais fourni une réponse sincère. Spontanée surtout, mais sincère. Sourire était naturel pour moi, même s'il trouvait que ça met donnait l'air complètement abruti. C'est peut-être vrai dans un sens, je ne me le suis jamais demandé. pour moi, sourire c'était une marque de sympathie, les gens aiment les gens qui sourient, c'est plus agréable. J'ai d'ailleurs bien envie de lui retourner la question inverse, mais quelque chose d'autre décide se sortir de ma bouche à la place, très certainement aidé par l'alcool qui noie mon corps.

-Et puis... c'est pratique. Quand tu souris, personne ne voit que tu es triste, que tu as envie de pleurer, de te mettre en colère ou de t'en aller. Avec le sourire, tout passe.

Je lui dis cela les yeux dans le vague, le regard devant moi, alors que ma tête retombe mollement sur mes bras croisés. Je ne regarde rien en particulier, si ce n'est peut-être mes propres pensées. Je n'avais pas spécialement envie de lui dire ça, mais c'était sorti tout seul. Au moins il pourra saisir la perche pour me battre avec, ça le rendra heureux. Peut-être même que ça lui redonnera le sourire.

-Pourquoi tu souris pas toi ?

C'est enfin sorti. Je me contente d'une réponse simple alors que c'est plus compliqué dans ma tête. J'aurai pu demander : pourquoi tu ne souris pas vraiment ? Pourquoi les rares sourires que tu fais ne sont pas sincères ? Mais je ne sais pas trop où je mets les pieds et je préfère rester prudent. Il veut déjà très certainement me casser la figure, ce serait dommage que je lui en donne encore l'occasion, pensais-je en pouffant intérieurement de rire.

- "Ça va, te plains pas là, au moins ta première cuite viendra d'un alcool digne de c'nom."

Qu'est-ce que j'en sais de si c'est première cuite ? Rien du tout. Simple intuition suite à son comportement hyper enthousiaste avant la descente aux enfers hyper rapide. Nan mais qui se fait une joie de descendre dix shooters en un temps limité ? Même moi je sais que ça va être violent ! En plus y a qu'à voir la gueule qu'il tire actuellement. Je pourrais presque avoir pitié. Mais c'est pas mon genre.

- "Bon à marié ? En fait t'es encore plus déchiré que c'que j'pensais. Et, te fais pas trop de faux espoirs. Si la gueule de bois était une excuse valable pour manquer le taff, les gens seraient pas aussi raisonnables en semaine."

C'est bien la première fois qu'on me sort une telle connerie. Enfin au moins, au dirait que j'ai réussi à lui poser une question qui le fasse suffisamment réfléchir pour avoir la paix quelques instants. Mais il a encore la force de râler, c'est qu'il n'est pas si mal que ça ! En revanche, ça ne lui permet pas de me sortir une réponse correcte. Bah, ce n'est pas comme si je m'attendais à être d'accord ou même à comprendre ce qui peut effectivement l'amener à sourire non stop. Je ne relève même pas cette comparaison... Bien sûr que quand je souris c'est pour me la raconter !

- "C'est stupide. Si t'as envie de t'énerver bah, énerve toi. Pareil  si tu veux te barrer... Par contre si t'as envie de pleurer... Mouais, vaut mieux juste te barrer en fait, t'auras l'air moins minable. J'veux dire, faire semblant pour "faire plaisir"... Y a aucun intérêt."

Peut-être que je devrais éviter de l'enfoncer plus qu'il ne parait déjà l'être... Je sais reconnaitre les signes de déprime post-alcoolisation, et cet effondrement n'annonce rien de particulièrement réjouissant. Le problème, c'est que je ne suis pas le mieux placé pour remonter le moral de qui que ce soit. Donc... Tant pis. Bien sûr que je ne trouve rien de drôle à le voir abandonner toute résistance de la sorte !! Il est bien plus intéressant quand il garde son mode insupportable. Même si je ne risque pas de le dire à voix haute ! Rêve.

- "Eh, c'est moi qu'ai gagné, donc c'est moi qui pose les questions." Il a cru quoi ? Que j'étais un mec sympa qui a envie de tenir une discussion avec un type déchiré ? "Allez, redresse toi, on bouge. Où est-ce que j'te ramène ?"

Non, ce n'est pas du tout pour être sympa ! D'ailleurs, l'intonation de ma voix ne laisse aucun doute. Ça m'fait chier de devoir proposer de le ramener. Mais la soirée a tout juste commencé et il est déjà minable. Ce serait irresponsable de me barrer en le laissant sur place. Et puis, faut bien que je m'assure qu'il règle correctement pour toutes ces consos... Je ne voudrais pas être blacklisté de ce genre d'établissement à cause de ce type !

Digne de ce nom, digne de ce nom... c'est vite dit. Tu défends surtout tes couleurs là la Quiche! Il a tout de même raison sur un point, c'est que pour un dépucelage, ça a été fait dans les règles, je l'ai bien senti passer et je le sentirai visiblement encore demain. Il en profite d'ailleurs pour casser ma joie en insistant sur le fait qu'il y a zéro qu'on m'accorde un congé pour ça. Je pousse un profond soupir... Je le savais... J'aurai tenté au moins.

-Bah... je serai tellement inefficace que si ça se trouve ils me renverront d'eux-même. C'est pas comme si j'étais indispensable à la machine hein...

Là j'en dis trop, surtout devant lui. Je voulais pas dire ça, ya beaucoup de choses que je voudrais pas dire d'ailleurs mais qui ne demandent qu'à sortir. Bon sang mais c'est pas Tequilla c'est du Veritasérum qu'il m'a pondu! C'est ça! Il m'a trompé pour pouvoir me soutirer tous mes plus noirs secrets. Enfin... Jusqu'à présent, le seul secret qu'il m'a extorqué, c'est celui du sourire donc je pense que Terrae est safe... pour le moment. Ma réponse ne manque de le faire réagir, selon une attitude tout à fait en accord avec son caractère. Je m'y attendais un peu. Il a raison dans un sens, mais sa personnalité s'y prête mieux.

- Tu es bien un feu, pas de doute, dis-je d'un ton amusé. Tu sais, j'aime vraiment sourire. Pas seulement pour cacher des trucs ou avoir l'air sympa, même si c'est plus cool de parler à quelqu'un qui sourit qu'à un mec qui grogne (petit clin d'oeil dans sa direction), mais aussi parce que... ça fait du bien. On voit la vie autrement quand on avance en souriant plutôt qu'en étant en colère contre tout.

Je le regarde très sérieusement en disant tout cela, un sourire en coin, qui ne diminue en rien mes propos, aux lèvres. Je lui donne une nouvelle bourrage amicale dans l'épaule avant de me redresser, l'estomac brûlant d'alcool et n'appréciant pas beaucoup mes mouvements brusques.

-Je suis sûr que toi aussi t'arriveras à sourire un jour. Pour de vrai je veux dire!

Je me lève à mon tour, prêt à le suivre quand il me propose de me ramener. J'avoue que je suis un peu cramé là. C'est un peu la honte d'ailleurs parce qu'il est franchement pas tard mais je me suis fait prendre par surprise par la Tequila. Ca... on m'y reprendra plus. La prochaine fois que je prends des shooters, je vérifie ce qui a à l'intérieur et je demande un rapport détaillé. Je tends ma carte au barman pour payer nos consos (une promesse est une promesse, et je suis quelqu'un d'honnête!), fais deux trois pas avant de retomber sur mes fesses.

-Wow ça tangue... T'inquiète Tiag', mon appart est pas loin. Par contre...

Je regarde de tous les côtés, me lève un peu, puis retombe, les jambes en coton. Je reste comme ça quelques secondes puis relève un visage lumineux (maladif-lumineux) vers Tiago, un graaaaaand sourire aux lèvres.

-Va falloir que tu m'aides mon gars! Parce que, je ne sais absolument pas pourquoi -pourtant j'ai dépensé zéro énergie- mais j'ai les jambes qui sont toutes faibles.

Eh  bah, pour un mec qui sourit non stop, on dirait que l'alcool ne renforce pas son côté joyeux. Ce serait plutôt l'inverse. Donc même en étant master, il n'est toujours pas parfaitement satisfait. Au moins au niveau boulot en tout cas. Enfin, boulot pour l'Institut en tout cas. Mais je ne vais pas insister. J'ai pas non plus envie qu'il se mette à pleurnicher sur mon épaule ! Ce serait hyper gênant !

Pour la suite en revanche, il faudra se contenter d'un haussement d'épaules. Je vois bien qu'on ne peut pas avoir le même avis. Et puis c'est pas comme si je choisissais d'être tout le temps en colère. Moi non plus ça n'me plait pas, c'est pas agréable, je préfèrerais être heureux non stop et pouvoir vraiment sourire H24. Mais c'est pas l'cas. Donc je fais avec.

- "Mouais. Si ça t'plait de te voiler la face, tant mieux pour toi."

Il ne va pas me dire qu'il est vraiment content de sa vie après ce qu'il a laissé échapper ! De toute façon, j'ai du mal à croire que qui que ce soit ici est vraiment satisfait de sa vie. Même si c'est sûrement mieux que ce qui nous attendrait ailleurs. Pourtant, il reste optimiste avec son pronostique sur ma capacité à sourire.

- "Si tu l'dis..."

De toute façon, je n'ai pas du tout envie de poursuivre cette discussion. C'est pourtant évident. Tant que je n'aurais pas de bonnes raisons de sourire, ça n'arrivera pas. Point. Mais il est capable de me sortir d'autres beaux discours qui vont me saouler donc je garde cette remarque pour moi pour le mettre face à sa propre situation. Il est bourré et il vaut mieux qu'il rentre chez lui s'affaler dans son lit jusqu'au lendemain. Au moins, il n'y a pas besoin de lui rappeler que c'est à lui de payer !

Je vais pour sortir du bar quand un bruit sourd me stoppe sur place... Non, c'est une blague. Ce n'est pas possible. Bien sûr que je sais c'que ça veut dire si c'est vraiment lui qui s'est pété la gueule !! Je me retourne, un air dépité dessiné d'avance sur mon visage (ouais, je sais très bien que ça va être pour ma pomme), pour regarder le nouveau buveur par terre.

- "Ça sert bien d'avoir les cheveux verts si c'est pour tenir aussi mal l'alcool. Zoro lui au moins il compense cette couleur stupide en restant sur ses jambes."

Ouais je sais, le Japon a vraiment une mauvaise influence sur mes références culturelles... Nan mais chez nous personne n'a les cheveux verts toute œuvres confondues ! Bref. Un soupir pour bien montrer que ça me gonfle, je tends ma main au perdant pour l'aider à se relever, avant de passer mon bras autour de son dos pour le soutenir. Mais il titube ok, ça s'voit que c'est juste parce que je suis un super bon pote !! C'est bien parce qu'il a tout payé et que j'suis peut être pas un connard au point de le laisser là à se démerder...

- "Nan mais c'est quoi cette idée stupide sérieux ? Qui commande autant de shooters sans avoir l'habitude de boire ? C'est normal que tes jambes veuillent pas te porter mec."

Je râle quand même, qu'il ne puisse pas s'imaginer que je l'aide de bon cœur. Surtout que moi aussi je les ai descendus ces verres et moi aussi mon équilibre est relativement précaire ! Mais j'ai quand même ma fierté, donc je fais comme si j'étais parfaitement clean, le soutenant et le guidant en dehors de ce bar. Et l'air extérieur fait vraiment du bien.

- "Et puis comment ça s'fait que t'ai jamais testé les shooters avant ? T'es vraiment toujours resté qu'à la bière ?"

Je ne vais sûrement pas faire le trajet en silence (même s'il n'habite pas loin). Et j'avoue que je ne m'attendais pas non plus à ce qu'il n'ai réellement pas l'habitude de picoler. A la base je disais ça juste pour le faire chier.

-Zoro... ZORO! Tu es fan de One piece ? T'en as tellement pas l'air pourtant! Si tu veux tu pourras emprunter mes mangas à l'appart! J'ai même les jeux vidéos si ça te... Ugh...

J'ai parlé et trop vite et trop fort sous le coup de l'excitation, et mon estomac proteste vigoureusement. Ok, je me calme, j'ai compris. On verra demain pour les sauts d'excitation. Quelle tristesse. Parce que, même s'il ne ressemble pas à un fan, il connait quand même et c'est un nouveau point sourire pour lui. Je savais qu'il était pas si méchant au fond. Aucun méchant sur Terre ne connait One piece je suis sûr. En même temps, je parle de son apparence, mais si ça se trouve, c'est un otaku caché ! Je sens alors qu'il m'aide à me relever, et qu'il soutient mon dos. Un peu surpris, je le regarde avec cette même surprise dans les yeux avant d'esquisser un discret sourire.

-Merci mec.

Bon il me fait la morale quand même, quitte à râler autant y aller à fond. Je le laisse faire quand même parce que, même si je ne l'avouerais jamais à haute voix, il a raison sur le coup. Juste sur le coup hein, allez pas croire que c'est une généralité.

-Je sais pas... dans les séries, ils s'amusent tous à boire ça, alors je pensais tenter pour voir si c'est si drôle... Je recommencerai pas p*tain, je suis au bout de ma vie, dis-je, un air parfaitement pitoyable sur le visage.

J'inspire à grandes goulées l'air frais du soir, qui aère mes pensées noyées par l'alcool et clarifie un peu mon esprit. Un peu. Heureusement qu'il est là pour me soutenir quand même, je ne voyais pas du tout faire le trajet seul dans cet état, c'était un coup à m'endormir dehors et à me faire voler, violer ou que sais-je encore! Il me questionne alors sur mes facultés de buveur et je pousse un long soupir. Mec, je suis à moitié en train de mourir... je vois la lumière là (et je parle pas du néon des boutiques) alors me pose pas des questions aussi complexes, celles qui nécessitent plus de deux mots comme réponse. M'enfin, il me soutient, je peux au moins faire un effort si ça le stresse trop de rester silencieux.

-Bah je vais souvent seul dans le bar le soir, pour me détendre après le boulot... dans les séries ils sont toujours une bande de potes, alors je me voyais pas faire ça dans mon coin. Et puis...

Je coupe un instant, le temps de remettre mes pensées en ordre et de ne pas m'endormir sur place, tout inconfortable que soit ma position.

-C'est plus sympa de partager non ? dis-je avec un sourire retrouvé, quoique bien pâle en comparaison de moi en plein forme. Et ouais, jamais autre chose que de la bière. Les autres alcools, je voyais que ça rendait les gens minables... J'avais pas envie de finir comme ça.

La preuve, regarde l'état dans lequel je suis Princesse ! J'ai vraiment de kiffer ma vibes là ? Je tends le doigt dans une direction pour lui dire où il doit continuer et, quelques minutes plus tard, on arrive en vu de mon appart. Heureusement qu'il est au rez-de-chaussé sinon c'était la mort. Je guide mon sauveur d'une nuit, ouvre la porte après mille essaies infructueux et me laisse tomber de ses épaules directement sur le sol de l'entrée. Ouille.

-Tu peux... juste me déposer sur le lit... c'est droit devant...

Il râle encore of course mais au stade où j'en suis, je ne vois que le lit, le sommeil, ma tête reposée et une longue nuit devant moi. Ouais, pas sûr que je me lève demain les gars, osef!
Il me jette à moitié comme on se débarrasse d'un sac à patates, mais je m'enfiche, je suis bien là. Je me retourne juste pour enlever mes chaussures et me mettre en caleçon, histoire de pas dormir dans mes vêtements (c'est crade non de dieu). Je prendrai une longue douche demain!

-Merci Tiag'! C'était... sympa, dis-je sans réprimer un bâillement. S'il y a un truc... qui te tente... hésite pas...

Sur ces derniers mots, prononcés avec mes dernières forces, je m'endors comme une masse

- "Ça va, j'suis pas fan t'emballe pas, j'connais juste un peu, c'est tout."

Et j'ai pas du tout envie de m'étendre sur le sujet. De toute façon si je regarde c'est juste pour le bikini de Nami ok ?! Et visiblement, il n'y a pas que les mangas qu'il connait, puisque le voilà qui me fait référence à des séries. Il est sérieux ? C'est vraiment parce qu'il est déjà au fond du trou que je n'enchaine pas pour lui dire à quel point c'est stupide. Peut-être que je lui ai déjà dit en fait...

- "Dans c'cas, tu devrais commencer par te trouver une bande de potes. Les conneries c'est pas censé se faire avec des inconnus. Mais t'as le droit d'en faire quand même, sinon la vie est vachement chiante."

J'essaie même de ne pas avoir l'air trop agressif en disant ça. Eh, mais c'est que j'suis pas son pote moi ok ?! Et pourtant, c'est quand même à moi de m'taper le sale boulot. Même s'il n'habite effectivement pas loin, on avance beaucoup moins vite avec un type avachi sur son épaule. Sans compter que marcher droit tout seul est déjà assez complexe comme ça.

Et comment est-ce qu'il me remercie de ma gentillesse ? En m'demandant EN PLUS de l'aide à rejoindre son pieu ! Bon, peut-être qu'après cette chute ridicule ça veut mieux effectivement, mais je ne vais sûrement pas accepter sans y mettre certaines formes !

- "Putain, à c'rythme j'vais finir par croire que tu vas aussi m'demander de pioncer avec toi ! Tu devrais aussi penser à t'trouver une gonzesse."

Et je ne crois pas si bien dire puisque je l'ai à peine laissé s'écrouler sur son matelas, qu'il se désape. Direct. Genre, normal.

- "Sérieux mec, tu pourrais attendre que j'me sois barré pour ça ! J'en pas envie de t'voir à poil !

Mais on dirait bien qu'il n'en a rien à branler. Génial... Quel connard, dire qu'à cause de SES conneries c'est moi qui m'retrouve à jouer les nounous. Au moins, il a tenu parole et a bien payé à boire. Décidément, il vraiment chelou comme gars. On vient de passer un moment ensemble et pourtant, je suis toujours incapable de savoir quoi penser de lui. Il m'irite au plus haut point et pourtant, j'crois pas le détester. Non, c'est sûr, sinon je l'aurais laissé la gueule dans son vomi au bar.

Bah, de toute façon, j'm'en branle. Je fais demi tour, referme correctement la porte d'entrée et je n'attends pas plus longtemps pour allumer une clope et... J'crois bien que je vais en profiter pour rentrer de bonne heure ce soir aussi. J'suis sûr que même avec ça je vais me lever avec un putain de mal de crâne demain ! Merci.