• Prénom : Mira
• Nom : Delacorte
• Âge :  24 ans
• Affinité et pouvoir : Feu Lunaire

On pourrait facilement accuser Mira d'être un cliché de bourgeoise brune, son physique est digne des polars les plus classiques qui furent projetés sur grand écran. Grande, fine, une peau blanche préservée de l'imperfection, elle respecte chaque critère de beauté que l'on attribuerait à un mannequin. De longues mèches brunes lui tombent dans le dos, ses pointes coupées sont entretenues plus méticuleusement que les tapis du Vatican. La jeune femme a été élevée pour qu'elle fasse de son physique un point particulièrement important. Alors, elle n'est pas le genre de fille à sortir tant qu'il reste une trace de défaut dans son apparence. Elle souligne bien souvent ses yeux bleus d'un maquillage profond qui accentue la noirceur de ses regards hautains.

Au niveau physique, Mira est, une fois encore, logée à l'enseigne du cliché, à cause d'un corps aux proportions bénies par le divin. Si ce n'était déjà pas assez clair, elle était une beauté fatale qui en était bien consciente et fière de l'être. Au travers de son éducation, on ne lui a jamais autorisé qu'à porter des robes, "les pantalons sont bons pour les va-nu-pieds", qu'on lui disait, "une fille de ton statut mérite le meilleur". Et le meilleur consistait donc de robes confectionnées par les plus adroits tailleurs et des talons qui esquintaient les pieds. Et, à force de coutume, ce qui, pour les autres, était une véritable tenue de soirée, n'était pour Mira, rien d'autre qu'un habit de tous les jours.

Un détail notable de son anatomie demeure le long tatouage sur son bras gauche. Elle ne l'avait pas demandé, mais sa mère lui avait fortement conseillé de rajouter un peu de mystère à ce physique provocateur. De l'encre noire semblait avoir satisfait les attentes de celle-ci, formant ainsi un dédale de lignes de son poignet jusqu'à l'épaule, un arc monté de pointes trônant sur ce motif. Sur les bijoux, Mira n'est également pas du genre à se montrer radine, bracelets, bagues, boucles d'oreille, le tout y passe dépendamment de son humeur.

Enfin, au-delà du physique, Mira possède une voix chantante, mais basse, qui lui vient de la gorge. Chez elle, tout semble être fait avec une langoureuse tranquillité, comme si avec chaque geste elle pouvait faire frémir le sol sans qu'elle ne s'en soucie d'aucune manière. Elle agit avec élégance, prestance et essaie toujours de se comporter comme l'enfant raffinée que ses parents ont élevée.

L'éducation de Mira a toujours été très stricte, voire catégorique. En fait, l'on pourrait résumer son éducation en deux aspects
; le goût de la réussite et la piété. Par ce premier critère on entend surtout une ambition à la hauteur des attentes de ses parents. Ce qui est beaucoup, voire énorme, en fait, il s'agit carrément de mégalomanie. Mira a vécu dans un environnement où tout a toujours été contrôlé et fédéré par sa famille, pas la moindre chose était en-dehors de leur contrôle. Cette ambition à outrance s'est donc transmise à leur fille, qui souhaite absolument devenir plus que l'égale de ses géniteurs. En grandissant, on l'avait promise à un avenir de reine et elle comptait bien en prendre les pleins droits.

Ensuite, cette ... "piété" se manifeste généralement par une humilité que certains considéreraient comme biaisée. Pour faire simple, un Delacorte ne s'incline que devant Dieu, mais il le fait en lui embrassant la main. Etant extrêmement catholiques, ils considèrent qu'ils agissent toujours pour le bien de leur famille et dans le respect des évangiles. Si un jour quelqu'un leur fait cependant remarquer que "tu ne tueras point" est l'un des dix commandements, ils auront tôt fait de lui rappeler que même Dieu s'est sali les mains. Ils considèrent donc qu'il existe plusieurs ordres chez les êtres humains et que eux, se trouvent au sommet.

Mira prie donc souvent et se fait pardonner ses offenses en signe de croix à chacune d'entre elles. Caractérisée par un sévère complexe de supériorité, elle est également pleine d'acquis et refusera toujours de s'en débarrasser au profit du conseil d'autrui. Elle n'a confiance en personne, si ce n'est elle-même et possède une vision dualiste du reste du monde. Soit il s'agit de pions dispensables, bons qu'à être utilisés, soit il s'agit d'obstacles à outrepasser pour pouvoir assouvir sa supériorité.

Toujours dans l'analyse, Mira ne rechigne cependant pas aux opportunités qu'on lui offre. En fait, elle a souvent le nez pour trouver le bon filon pour tirer son épingle du jeu. Elle n'éprouve aucun remords à tromper, mentir ou carrément trahir s'il s'avère que c'est nécessaire à la réalisation de ses plans. Elle est donc très loin d'être humaniste. On pourrait même dire que c'est une sacrée connasse, mais en général, on ne s'en doute qu'après lui avoir parlé au moins une fois. Elle est d'ailleurs extrêmement douée pour agir d'une manière complètement différente de ce qu'elle est vraiment.

Et pourtant, malgré ça, elle n'est pas une fille turbulente, ou du moins, elle ne l'est pas de la plus évidente des manières. Mira est plus du genre à organiser les coup fourrés qu'à les accomplir et elle le fait de sorte à ce que ça n'entache pas sa réputation. Avec l'acquisition de ses nouveaux pouvoirs, elle s'est donc trouvée un nouvel objectif, devenir plus puissante à tout prix. Plus encore, avec ces dons, elle se considère plus que jamais comme une élue du divin et considère qu'elle doit prouver qu'elle est digne de la Providence.

Pour commencer par le positif, Mira aime le travail bien fait, que ce soit le sien, ou celui qu'elle missionne, elle apprécie grandement recevoir l'attestation qu'une mission a été accomplie avec brio et sans aucun accroc. C'est son goût de la perfection, son amour de la compétence qui motive ses remerciements, et certainement pas la bonté, ou la pitié. Elle aime également les beaux vêtements, la politesse et ne rechigne jamais à un bon plat de pâtes au saumon. Bien qu'elle ait longtemps cherché, il n'y a cependant pas de spaghettis au saumon qui pourront remplacer celles que lui faisaient sa mère, autrefois. La nostalgie y est pour beaucoup, la mère de Mira n'a jamais été bonne cuisinière, et d'ailleurs, c'était même ses domestiques qui les préparait. Pour la postérité, ce détail n'a jamais été relevé, ni retenu.

Ensuite, de par son éducation, Mira a toujours méprisé l'incompétence, en fait, elle dit souvent qu'il n'y a de mal que là où il y a de la faiblesse, car après tout, il faut être un sacré faiblard pour pouvoir laisser le mal perdurer. En toute logique, les véritables maux humains sont donc ceux dont la force de caractère n'est pas assez développée pour pouvoir se sortir du lot. En somme, ils sont des déchets aux yeux de Mira, et ils ne valent pas son temps. Elle a également quelques à priori sur l'homosexualité, à tel point que la mention la dégoûte et que quiconque se présente comme tel à elle se retrouve directement classé comme étant indésirable.

Autrement, elle déteste qu'on lui fasse la morale, qu'on la prenne pour une imbécile et qu'elle s'en aperçoive et les escargots. Elle trouve que les escargots, c'est vraiment indigne d'exister et que Dieu a fait une erreur en inventant cette chose ... dire que certaines personnes en mangent.

Mira est née en Florence, en Toscane, plus belle région du monde et terre du domaine des Delacorte. Son père, grand producteur de vin et d'huile, s'est fait un nom de par la qualité de ses produits comme par la minutieuse attention qu'il portait à ses relations. Dans le monde politique, certains des moins intègres passaient souvent par la villa pour baiser la main de l'homme de la maison. Il était producteur de vin, oui, mais son capital véritable se trouvait dans divers trafics qu'il tenait d'une main de fer. Drogue, armes, prostitués, il était touche à tout en matière de criminalité et le plus beau, c'était que ceux qui étaient au courant de ces affaires tenaient absolument à y trouver une place. Voilà pourquoi on disait que le "Don Delacorte" choisissait bien ses relations.

Et malgré ça, Mira a grandi en étant d'abord protégée comme le trésor le plus inestimable qui soit. Durant son enfance, le monde était rose à ses yeux, que du bonheur partout où elle levait les yeux. Elle croyait à la façade de son père tout en grandissant dans l'étreinte aimante de sa mère. On faisait venir les professeurs au domaine pour pas qu'elle ait à partager la compagnie de moins que rien et, comme ses parents attendaient d'elle, la petite fille s'était avérée dotée d'un esprit brillant. Ses instructeurs ne ressortaient qu'avec éloges sur elle, mais bien fou aurait été celui qui aurait dit au Don Delacorte que son enfant était une imbécile, de toute manière.

Ce ne fut qu'après ses douze ans que Mira entendit pour la première fois parler de la véritable profession de son paternel. Elle le prit pourtant comme une évidence et lorsque la nouvelle lui fut annoncée, elle ne fit que docilement hocher la tête. Le reste du discours qu'on lui adressa relevait de l'évidence. Silence absolu, docilité parfaite, il lui fallait rester la petite fille exemplaire qu'elle avait toujours été, et ce rôle lui seyait à merveille. A son adolescence seulement, elle commença à remarquer l'activité souterraine de son père au sein de leur foyer. Souvent, des invités venaient, habillés en costume et parlaient de choses dont Mira ne comprenait rien.

Au fur et à mesure des discussions, elle se sentit pourtant de moins en moins éloignée, si bien qu'elle s'autorisa même à plonger dans les affaires de son père. Mais celui-ci ne voyait pas les ambitions de sa fille d'un oeil similaire, il voulait qu'elle prenne le temps, qu'elle profite de sa vie innocente avant de devoir se salir les mains. Alors, lorsque, à l'anniversaire de ses dix-huit ans, elle demanda clairement à son paternel de la laisser intégrer ses affaires, elle ne reçut en réponse qu'un revers de main. "Tu n'es pas prête pour la cruauté de ce monde ! Tu es une adulte aux yeux de l'Etat, mais au fond, tu restes une enfant !" qu'il lui avait dit.

Alors, elle grandit, elle s'évertua à apprendre le sens des responsabilités, à épier les conversations de son père avec ses subordonnées, à comprendre comment marchait ce monde auquel elle s'était elle-même destinée. Avec l'admiration de son père comme principal motif, elle marcha donc dans son ombre sans même qu'il ne le sache. Cette mascarade dura plus de cinq ans. Et un jour, l'activité de son père finit par trouver une conséquence qui toucha toute la famille.

Ils étaient partis à l'opéra, voir une pièce dont le nom avait échappé à Mira. Dans le lobby, alors qu'ils attendaient pour entrer dans la salle, quelqu'un hurla le nom de son père et avant même qu'elle n'ait pu se retourner, la jeune femme fut plaquée au sol par leur propre garde du corps, tandis que des coups de feu retentissaient dans le hall. Elle ne vit rien, mais dès qu'on la releva, elle vit les corps de ses deux parents, percés par le plomb. Elle jeta un regard vers l'entrée, on avait abattu leur assassin.

Durant les secondes après leur meurtre, pendant les heures qui les suivirent et tout le reste des semaines après elles, la jeune Delacorte ne prononça pas un mot, ne manifesta pas la moindre émotion. Son visage était blanc et son expression vide, elle n'avait jamais appris à négocier avec le chagrin. Le métier de son père lui avait appris que lorsque l'on se fait déshonorer, la vengeance est un devoir. Mais le responsable avait déjà été tué, il ne lui restait plus rien à faire. Alors elle se tenait dans la villa de ses parents, errant comme un fantôme sans voix. Il n'y avait plus rien à sa vie sans son père et sa mère pour la guider.

Lorsqu'on l'autorisa à rentrer chez elle, Mira demeura assise au bureau de son père, à regarder d'un air vide le bois de ce dernier. Elle avait encore du mal à réaliser qu'elle venait de tout perdre, mais elle le savait, et cette connaissance la poussait à se demander à quoi elle servait désormais. Le balcon derrière elle reflétait la lumière d'une lune bien trop brillante pour une simple nuit. Elle s'endormit sur le bureau, se réveilla dessus, s'endormit une nouvelle fois dessus au crépuscule suivant et elle s'y assoupit encore, et encore.

Pendant plusieurs jours elle ne fit rien d'autre que de se saouler avec les réserves de vin qui étaient désormais les siennes. Un soir, la vérité la rattrapa enfin, et la mort de ses parents devint un fait à ses yeux. Elle se tenait debout devant la bouteille qu'elle enfilait comme jamais avant, et, dans un excès de colère, elle la balança au sol. Le verre se brisa, mais un bruit de souffle se fit entendre. Lorsque la jeune femme baissa les yeux, elle vit quelques flammes se perdre sur le sol. Elle regarda sa main et y vit les mêmes braises s'y évanouir. Dubitative, elle fixa ses doigts, claquant son majeur contre son pouce ... des étincelles. Elle essaya de faire naître une flamme dans le creux de sa paume, celle-ci apparut, minuscule, mais existante.

Mira y vit un message de Dieu, une manifestation miraculeuse pour lui faire retrouver un sens à sa vie. Elle s'exerça à tordre les flammes, à les faire naître, plusieurs semaines durant, et ce jusqu'à ce qu'elle en devienne incapable. Du jour au lendemain, plus d'étincelles, mais chaque verre qu'elle prenait entre ses doigts se brisaient de temps à autre. Pareillement, lorsqu'elle marchait entre les vignes, des fissures se formaient sous ses pas et parfois, la terre se soulevait abruptement avant de s'y remettre. Mira eut beaucoup de mal à aborder ce pouvoir-ci, elle ne l'appréciait guère. Mais ce qui vint après la ravit au plus haut point. Le feu du ciel, la foudre courant dans ses veines, le châtiment divin ... la jeune femme y vit un autre signe, le signe qu'il lui fallait agir.

Quinze jours plus tard, plus d'un mois après la mort de ses parents, continuait à fouiller dans les affaires qui, normalement, étaient de la responsabilité du Don. Parmi ses cahiers et carnets, elle trouva un agenda qu'il utilisait pour organiser la totalité de ses journées. Une question se souleva dans l'esprit de Mira, "pourquoi ?". A l'évidence, leur famille avait beaucoup d'ennemis, mais lequel s'était motivé à agir et surtout, comment ? Cette sortie était privée, à part son père qui avait préparé la surprise pour sa femme et sa fille, personne n'était au courant. Et la jeune femme se souvint alors de l'existence d'un homme de main, engagé par le Don et auquel il confiait tout sans exception. Et parmi ces confidences se comptaient ses mouvements jours et nuits. Cet homme de main s'appelait Gonzalès.

Mira convoqua Gonzalès pour l'inviter à embrasser la nouvelle main qui portait la bague, ce qu'il fit sans rechigner et avec un sourire qui arracha une oeillade de dégoût à l'héritière. Elle lui offrit ensuite une poignée leste qu'il prit sans hésiter. Mais dès que ses doigts eurent effleurés ceux de la nouvelle "marraine", un arc foudroyant vint le secouer, l'envoyant voir si le sol avait meilleur odeur que l'air, en ces lieux. Posant simplement son doigt sur lui, elle recommença, encore et encore, avec pour seul motif le doute que lui imposait la loi du Talion. Ces étranges pouvoirs lui étaient venus après une éclipse, Mira avait passé assez de temps à observer le ciel pour comprendre une certaine corrélation entre ces deux événements. En vérité, pour le peu qu'elle savait, ç'aurait tout aussi bien pu être un hasard, mais elle, elle y vit un véritable signe de la Providence, un encouragement à agir.

Lorsque la vermine cessa de pulser, la jeune femme ne fit qu'appeler son garde du corps, un homme qui n'était pas peu habitué à ce genre de choses. Elle lui ordonna de disposer du cadavre en un calme qui paraissait complet. Il s'exécuta, traînant la charogne hors de la salle. Sur sa chaise, appuyée sur le dossier, Mira tenait un verre à la main, et elle tremblait comme jamais elle n'avait tremblé. Il y avait quelque chose qui courrait dans ses veines, de la peur ? De l'excitation ? Elle n'en savait que trop rien. Prenant son collier en croix dans sa paume, elle la serra de toutes ses forces entre ses doigts. Comme un récital, elle brisa le silence de la nuit d'une unique phrase :

- Pardonnez-moi, Seigneur, car j'ai péché ...


Quelques jours plus tard, Mira était assise sur la chaise de son père, celle installée sur le balcon, face au ciel. Elle n'avait quittée cette place que pour dormir, ces derniers temps, et encore, parfois, elle s'abstenait de même se déplacer pour ça. De droit, elle était devenue propriétaire de l'héritage de ses parents. Et pendant une de ses éternelles soirées à se perdre dans ses regrets, la jeune femme se fit interrompre par l'un de ses subordonnés. Il l'informa de l'arrivée de deux personnes étranges, qu'elle ne laissa entrer que sous la surveillance de quelques gardes du corps.

Mais le discours de ces étrangers fit étinceler la curiosité de l'héritière. Il lui parla d'un endroit pour les gens comme elle, mais ce qu'elle comprit fut qu'il lui proposait une manière plus efficace de maîtriser son nouveau don. Alors, elle les suivit, confiant son héritage à la personne la plus fiable du domaine, une comptable nommée Hortensia. Et, dans la soirée même, emportant ses affaires, elle partit vers cette terre promise.

L'entretien avec Mira s'est passé de manière étonnamment cordial, en dépit de ses antécédents. Elle était coopérative et s'intéressait de très près aux nouvelles possibilités qu'impliquaient ses nouveaux dons. De son traumatisme, il ne reste que de la colère, celle d'avoir été trop faible au moment du meurtre de ses parents pour pouvoir agir.