Jérémy ne se souvient plus de la dernière fois qu'il est allé dans les salles de cours de l'Institut. Ben, techniquement, la dernière fois qu'il a eu un cours de lycéen ici. Il y a deux ans donc ? C'est impossible... qu'il se dit en comptant les marches entre chaque étage. Et la dernière fois qu'il a vu Angie ?... Oh merde il ne saurait même pas dire quel mois exactement ; novembre, décembre presque un an en tout cas. Le temps ne va pas si vite non ? Surtout qu'il n'est pas immuable non plus. Depuis il sort avec Elwynn, il s'entend super bien avec Nico et Ronron, il ne s'est jamais senti aussi bien de toute sa vie alors quoi ? Pourquoi il a la sensation que tout va super vite ? Il me manque mes appuis. Jérémy se sent mieux mais il ne sait toujours pas où il va avec ses nouvelles résolutions... malgré toute l'aide que lui apporte Aaron, Huo, la Cool Patrol, et tout ceux qui supportent sa présence...

C'est sans doute pour ça que le sms d'Angie était le bienvenu ; il n'était plus stressé à l'idée de potentiellement voir l'image qu'il renvoyait, même si la curiosité le titillait. Il allait le voir plus dans l'optique de partager un bon moment avec le Télépathe plus que d'user de son art pour son petit bien-être personnel. Il avait même ramené de quoi grignoter pour eux, petits muffins aux amandes et crackers salés... Dans le doute, vegan au cas où. Jérémy n'avait pas osé le déranger avec un sms... et puis il avait déjà les mains dans la pâte à ce moment DONC BON. Les rageux diront "excuse bidon", nous on dit "euuuh tg d'abord".

Bref dans sa quête de la salle d'Art, dans laquelle il n'est jamais entré, Jérémy s'est perdu dans sa tête, se disant qu'il allait se perdre en vrai alors que pas du tout. Merde, est-ce qu'il a toujours manqué de confiance en lui comme ça ? Oui, mais je me le cachais bien. Eh, c'est pas faux. Sur ce, il entre dans la pièce. :

-Angie ?

Non il n'est pas là. Parce que Jérémy est un névrosé qui arrive toujours bien trop tôt en avance. ...Bon ben on va en profiter hein ! Il ne pose pas son sac, parce qu'ils se sont certes donnés rendez-vous ici mais peut-être que Angie voudra bouger ailleurs. Jérémy observe alors les quelques travaux d'élèves qui traînent, les sculptures à moitié terminée et les peintures qui demandent encore un peu de travail. Là, un simple croquis d'architecte mais juste à côté, un rendu 3D avec du papier plié qui a dû demander beaucoup de patience et de travail, l'impressionnant au passage. Mais ici, une simple statue d'argile d'un personnage avec un chapeau de fleur, si mignon, si simple et pourtant si saisissant. Jérémy était époustouflé par l'éventail de savoir-faire des artistes ; aquarelles, gouache, huile, pastel, crayonné, fusain, feutre, sculpture sur bois, pierre, argile, sur des objets du quotidien, sur tout et rien, et plus encore,... Aujourd'hui, il pouvait se laisser aller et être viscéralement touché par ce qu'il essayait d'exprimer à travers leurs différents moyens...

Bien entendu que tu n’es pas là quand il arrive dans la salle d’art, adepte du retard toi ? C’est peu dire, tu sais pourtant que c’est stressant et tu mets toute ton âme pour arriver à l’heure… Tu n’y arrives jamais… Tu trouves toujours un truc à ramener pour faire plaisir à la dernière seconde… Là ton truc à ramener c’était du chocolat chaud en thermos avec une bonne dose de cannelle -et un soupçon de clou de girofle-. Tant qu’on y est drôle que l’idée que tu soies végan ait frôlé l’esprit de Jérem vu que la dernière fois que vous étiez vus vous aviez partagé un thermos.

Beaucoup de choses s’étaient passés depuis cette dernière fois, et t’avais eu un bleu à l’âme pendant quelques temps… Mais tu n’avais pas oublié le projet que vous partagiez. Vous vous étiez rencontrés chez un psy, aussi peut-être que ce projet identitaire était inscrit dans votre destinée depuis longtemps ? Tu n’en savais rien. Peut-être ?

T’avais beaucoup travaillé sur tes pouvoirs et sur toi l’année passée. Les deux étaient intrinsèquement liés. Tu avais du accepter l’idée d’aller violer l’intimité des gens pour apprendre à maitriser ton pouvoir. C’était une discussion avec Keitarô lui avait remis les idées en place et permis d’avancer un peu. Lentement. Un an plus tard, son pouvoir lui obéissait mieux. Il réussissait à entrer dans les pensées d’à peu près tout le monde et d’en suivre le cours, sans réellement y prêter attention la plupart du temps, il ne bloquait plus sur ce pan de son pouvoir… par contre il n’arrivait pas à modifier les pensées des gens, le mieux qu’il réussissait à faire c’était créer des illusions lumineuses.

Tu te sentais prêt pour ce que vous aviez ébauché ensemble presque une année plus tôt… Quand t’as débarqué dans la salle d’art tu t’apprêtais à lancer un bruyant « Salut » mais le grand Jerem était en train de contempler une petite statuette d’argile… C’était tellement doux, tellement touchant que t’as pas osé le ramener à la réalité trop vite.

« Coucou Jérémy. » tu lui dis tout doucement en te rapprochant de lui.

HRP : désolée du temps d’attente. J’suis tellement débordée en ce moment !

Il était encore en train d'observer les travaux des élèves de l'Institut quand Angie le surprit un peu. Il ne l'avait pas entendu entrer. J'étais dans mes pensées. C'est ce qui arrive parfois quand on fait un gros travail intérieur. Mais ça ne le choque pas, il sourit même brièvement à Angie avant de se tourner totalement vers lui. :

-Coucou Angie. Tu vas bien ?

Une question naturelle qu'il ne posait jamais avant. Peut-être est-ce dû au fait qu'il ne le voit pas souvent ? Non, c'est faux. Tu sais bien que tu poses cette question à Asbjorn dès que tu le croises. Ariana aussi, avant de commencer le boulot. Ok, un peu tout le monde en vrai. Et même plus par politesse. :

-Ça m'a fait plaisir d'avoir de tes nouvelles. Quand j'ai vu ton prénom, et la petite fleur, s'afficher sur mon téléphone, j'étais content de les voir.

Ils ont pas beaucoup discuté via sms, tout simplement parce que Jérémy n'en avait pas l'habitude. Et si parfois ils s'échangeaient des nouvelles, c'était bref. Personnellement, ça l'a mis plus à l'aise que ce à quoi il s'attendait... Et puis ça lui a permis de moins stressé à propos du projet d'Angie.

D'ailleurs, ça lui faisait penser qu'il n'était pas là que pour ça. Il ouvrit son sac en bandoulière pour laisser apparaître ses tupperwares. Il en était très fier. Pas uniquement par ce qu'ils contenaient, mais aussi parce qu'il adorait ces modèles... ...ok c'était un malade de tupperwares, ne le jugez pas. :

-J'ai fait des muffins aux amandes et des biscuits salés. Je savais pas si tu avais une allergie ou un régime particulier donc euuh... j'ai tout fait donc tu pourras me demander ce qu'il y a dedans. Les bretzels, dit-il avant de pointer un tupperware du doigt, là, ont été fait avec du lait de soja et du beurre végétal... mais surtout... avec du vrai sel de Guérande.

OUI C'EST IMPORTANT ! On remercie Nicolas qui a pensé à lui quand il a importé pleins d'ingrédients de France pour l'aider dans ses études. Merci Nicolas.


HRP : T'inquiètes pas, tu sais que je vois pas le temps passer XD ! Prends soin de toi hein ?! Rép quand tu veux/peux. Et si tu veux que je change quelque chose dans ma réponse -à propos des échanges de sms par exemple-, tu me discord !

« Yep et toi ? »

C’est rare de te voir répondre sans hésitation à cette question, tu ne te la poses jamais. Par pudeur ? Non par crainte. Et si un jour la réponse arrivait pure et dure : Non. Trois lettres qu’il était dur de confronter, quand ça ne va pas mais qu’on ne le sait pas, ça va quand même un peu. Tu as dépassé ça sans que je ne m’en rende compte, je suis heureuse pour toi.

« Désolée de ne pas t’en avoir donné plus que ça, je ne suis pas très ‘nouvelles technologies’ mais je me traite… »

D’ailleurs faudrait que tu mettes à jour ton blog… Je dis ça j’dis rien, c’est bien d’ouvrir ton ordi seulement quand tu as besoin d’argent pour vendre une toile ou deux, mais t’sais que si tu vendais régulièrement tu serais riche ? Comment ça rien à foutre ? Si tu ne sais pas quoi faire de ton fric, je t‘encourage à le donner à Terrae on en a toujours besoin… Puis merde quoi !

« Merci d’être venu ! »

Tu lui souris encore, parce que tu aimes bien sourire. D’ailleurs ton sourire s’agrandit quand il te montre les provisions qu’il a ramenées. Il t’avait dit qu’il savait cuisiner, ou quelque-chose dans ce goût-là, tu sais plus exactement mais dans l’idée tu as retenu qu’il cuisinait… Et c’est déjà beaucoup pour une tête de piaf comme la tienne. Ça se voit que tu crèves d’envie de gouter tout ça, Puis l’idée monte à ta tête, genre d’un coup…

« Attends tu es devenu végan depuis la dernière fois ??? » tu t’alarmes…

Bah oui t’as ramené du chocolat chaud avec du lait de vache, genre c’était ce que vous aviez partagé la dernière fois… Tu t’es pas méfié, bah ouai. C’était simple pour toi, t’avais fait une gaffe ? Non ? Faudrait pas qu’il voit le thermos de chocolat chaud alors… Au pire c’était pas si grave tu sais, pas la peine d’en faire tout un pataquès. Ouai mais t’es un poil stressé, tu ne l’avoueras pas, mais t’as peur de faire de la merde. Tu sais qu’en théorie ton idée est bonne, mais tu manques cruellement de confiance en toi ! Bon on a compris c’est pas dans se post que tu commenceras à peindre ou même à utiliser ton pouvoir. Tu fais chier à gagner du temps.


HRP : j'aime beaucoup ton avatar d'Haloween !

-Oui je vais bien, merci.

En vrai, la réponse est plus nuancée que ça même si ça reste vrai. Il est un peu tendu parfois, parce qu'il a envie de fumer, mais il essaie de ralentir. Son paquet quotidien s'est transformé en paquet hebdomadaire, en quelques mois, en partie grâce à son travail en cuisine qui lui permet pas d'avoir autant de pause que lorsqu'il restait à la plonge. Un peu excité à l'idée de voir comment travaille Angie, même s'il n'est pas pressé. Un peu heureux à l'idée de fêter l'anniversaire de Charlotte, en novembre. Il veut s'y prendre à l'avance mais il sait qu'il doit calmer ses ardeurs de grand frère en peu trop gaga. Un peu content de voir qu'il arrive, petit à petit, à apprivoiser son Feu. Il peut maintenant regarder la petite flamme qu'il créé dans ses mains sans paniquer, et la maintenir égale assez longtemps pour réchauffer ses mains quand il fait froid. Tout ça fait, malgré le brouillard dans sa tête, qu'il se sent vraiment bien.

Le sourire d'Angie le rassure un peu. Il ne sait pas s'il est névrosé, mais la dernière fois, vu qu'il se sentait pressé, Jérémy-style, pour que cette histoire de "modèle" ne lui prennent pas la tête, le Télépathe s'était excusé de ne pas pouvoir le faire sur le moment. Jérémy n'avait pas envie qu'il se stresse pour ça ; se devait être une expérience, une chouette expérience, pour tous les deux, il fallait l'envisager sereinement sans que personne ne se sente obligé, fautif ou maladroit. DAMN Jérémy comme tu as grandi ! Arrête... Aller encore un peu et il aura un prix Nobel de la Paix ce con.

Mais Angie le surprend, avec le ton de sa voix. Il hausse un sourcil, lâche un rire bref avant de répondre. :

-Moi ? Non pas du tout t'inquiètes. Je fais des études en diététique, et cette année on voit comment s'adapter à tous les types d'alimentation différentes, donc végan, végé, et toutes les autres. Comment gérer les préférences des patients et palier leur éventuelles carences.

Ah, ça y est, on l'a perdu. :

-J'ai fait une dissertation sur l’intolérance au lactose, j'ai appris pleins de choses sur la digestion des protéines et leurs conséquences sur le pancréas ! Du coup, j'ai fait des tests avec des laits différents. Sur certaines recettes, c'est même meilleur d'utiliser du lait végétal, pour le goût et la santé. Il marque une pause... Euh... Ouais tout ça pour dire que j'étais pas sûr si t'avais un soucis contre les produits d'origine animale ou des allergies... et que j'ai tendance à varier de toute façon. Perso, je suis omnivore.

Jérémy a eu faim si souvent... Il n'est pas capable de dire non à un plat, viande ou pas. Ça ne veut pas dire que, lorsqu'il a les moyens, il ne fait rien pour la cause animale. Il fait ce qu'il peut à son échelle, avec ses traumas, sans juger ce que les autres font différemment. Le monde était si grand comparé à ce tout petit village où il a grandi... Et la cuisine avait tellement de style différents, de goûts, de variantes... Tout comme il y avait des palais différents, subtils et sensibles ou tout l'inverse. Il avait la sensation qu'il lui restait tellement à apprendre et, pour la première fois depuis le début de son parcours scolaire, il s'en foutait d'atteindre le bout, il voulait découvrir toujours plus. :

-On reste ici ou tu veux faire ce que tu as à faire ailleurs ?... Parce que si tu veux goûter quelque chose maintenant, j'en serais ravi. dit-il avec une main déjà dans le sac et un demi-sourire aux lèvres.


HRP : Merci :hearts: !

Bon il n’y a pas que Jérem qu’on a perdu… Toi aussi on t’a perdu. T’ouvres des yeux grands et plein d’incrédulité. Tu n’avais jamais pensé à ça. Il y a des médecins spécialisés pour savoir quoi manger quand on est végétarien ou végan… mais puisqu’il parle de patients carencés… Est-ce qu’être végé c’est synonyme d’être malade ? C’est un peu compliqué pour toi… Et puis les carences tout ça, t’y pipe rien. T’es sans doute carencé en plein de trucs d’ailleurs, faudra que j’m’occupe de ton cas à l’occaz’. La digestion des quoi ? C’est quoi le pancréas ? Oui c’est vachement des mots compliqués, déjà omnivore tu dois aller chercher dans tes souvenirs du primaire (ou peut-être du collège ? T’en sait rien mais t’étais derrière un bureau la dernière fois que tu as entendu ce mot… A moins que ce ne soit à la télé ? Hm… On s’en fout.)

« Ouf ! Du coup j’ai fait du chocolat chaud… vu que la dernière fois on en avait partagé un… »

Oui alors t’es pas capable de te souvenir qu’il faisait des études de nutrition mais tu te rappelles que vous avez pris un bon chocolat chaud ensemble. T’as la mémoire sélective et on voit de suite ce qui t’intéresse. D’ailleurs c’est difficile de se concentrer sur la réponse à sa question quand il te propose gentiment de gouter ce qu’il a ramené. T’as l’œil qui pétille, mais tu sais être un garçon poli.

« J’pense qu’on peut aller dans ma chambre si ça ne te gêne pas, ça aura deux avantages. On pourra se caler plus confortablement qu’ici et si j’utilise trop mon pouvoir sans m’en rendre compte je serais juste à côté de mon lit… »

Il t’est arrivé une paire de fois de t’endormir dans la salle d’entrainement ces derniers mois. Tu te réveilles toujours avec des couvertures, une fois sur deux avec un rhume, et même une fois quelqu’un t’avait dessiné des moustaches de chat. T’as échappé à la teub sur le front. Tu es chanceux.

« J’peux vraiment gouter ? »

Evidemment que tu n’as qu’ça en tête depuis qu’il l’a proposé ! Tu penses même pas à lui dire que s’il préfère rester ici, ce que tu comprendrais étant donné que ta chambre tient plus de l’atelier que de la chambre et pue la peinture à trois kilomètres, tu as pris tout ce dont tu avais besoin dans ton sac.

Angie s'était inquiété en fait ; parce que Jérémy avait parlé de lait végétal, il pensait qu'il était végétarien... et que donc il n'allait pas boire le chocolat chaud qu'il lui avait préparé. Il ouvrit ses yeux en grand, réalisant lentement que si lui pouvait préparer à manger à tout le monde, les gens aussi pouvaient penser à lui. Cette idée lui parut grotesque au premier abord et puis il se souvient de la raison principale pour laquelle il s'est lancé dans des études de cuisine : tout le monde a faim, que tu sois vegan ou carniste, grand ou petit, stupide ou intelligent,... C'est une douleur que personne ne devrait vivre, même pas lui. Il lui sourit d'un coup, tout tendre. :

-Merci Angie, ça me fait plaisir.

Bon encore une fois c'est la version simple de tout ce qu'il ressent mais bon, c'est déjà quelque chose.

Angie propose qu'ils fassent ça dans sa chambre et liste les avantages que cela apporte. Jérémy lâche un "True." de confirmation. C'est qu'à force de traîner dans une maison trilingue, ça marque... Il hoche la tête et reprend en français cette fois. :

-C'est une bonne idée... Je te suis.

Mais il ne bouge pas. Pas tout de suite. Il lui demande s'il peut vraiment goûter... Avec son éclat dans les yeux et son ton un peu timide, il lui fait penser à un enfant. C'est trop mignon. Jérémy rigole un peu, la main toujours dans le sac. :

-Bien sûr Angie. dit-il d'une voix douce avant de sortir un muffin aux amandes. Tiens, tu peux le manger sur la route, ça s'émiette pas trop.

Tu sais à quoi ça ressemble un Angie heureux ? Un Angie heureux ça a des grosses qui tirent ses lèvres quasiment jusqu’à ses oreilles, un petit nez qui frétille, des yeux pleins d’amour. Oui un Angie heureux ça ressemble à un petit civ… Lapin ! Putain ! Pardon, ne change pas de narratrice, j’ai des enfants à nourrir ! Hm. On est bon ?

Test.

Un. Deux/

On est bon. J’ai toujours mon boulot. Du coup. Reprenons.

Bien entendu qu’tu as mangé ce muffin. C’était évidant évident que tu accepterais !

« C’est beaucoup trop bon ! Tu pourras m’apprendre ? »

Nous y revoilà. Angie. Tu ne sais pas cuisiner. Enfin. Non. Tu as la flemme de cuisiner, pourquoi tu demandes un truc de ce genre alors que tu SAIS que même s’il t’apprend tu n’en feras pas. Parce que tu as encore l’espoir que quand tu seras grands tu ais le temps et le courage de faire à manger. Faut vraiment que tu arrêtes de croire au père noël… Enfin bref.

« Bienvenue dans mon atelier ! Je crois que ce terme est un peu plus adapté que celui de chambre vu que j’ai viré les meubles et qu’il reste que le matelas ici regarde ! »

Dis-tu en entrant dans ta cham… Ton atelier okay, si tu veux. Le matelas en question semble être le seul endroit où il n’y a pas des piles de… Feuilles, carnets, choses ? C’est pas vraiment sale, mais on ne se mentira pas en disant que c’est propre. Il y a un peu de la peintre partout… Bon par contre c’est organisé, les tableaux sont triés contre un mur pour que tu puisses les retrouver facilement. Des croches sont plantés dans les murs pour que tu ais toujours tout ton matériel visible.

« Tu veux du chocolat chaud ? Assieds-toi sur le lit, mets-toi à l’aise ! »

Angie mange... euh non. IL DÉVORE le muffin en fait. Jérémy n'arriva pas à retenir un nouveau rire de s'échapper de ses lèvres fines. Un enfant, vraiment. Ça réveillait un instinct de grand frère en lui sans pour autant dépasser la ligne fine de l'amitié. Oui parce que ça y est, Angie a dit que c'était "trop bon" alors il est devenu son ami. NE LE JUGEZ PAS. :

-Oui si tu veux ! On peut même faire ça chez toi, un jour, si tu as un four.

IL VEUT APPRENDRE A CUISINER ! MYMY A UN AMI QUI VEUT APPRENDRE A CUISINER ! Alerte. Alerte. Son cœur va exploser. Il reste calme pendant qu'ils marchent vers la chambre d'Angie, mais maintenant il n'arrive pas à avoir son visage habituellement neutre ou fermé. Il sourit. C'est tout. Voilà on remballe, Angie a cassé Mymy.

Et donc. En fait. C'est pas une chambre mais un atelier. En vrai, si Jérémy avait eu une chambre à l'Institut, elle serait probablement devenue un garde-manger. Il se connaît... Mais d'un autre côté, il se demandait comment Angie faisait pour vivre là-dedans. Entre les carnets, les tableaux, les différents matériaux, il y avait de quoi être un peu submergé. Jérémy avait l'impression de voir deux fois la salle de cours d'Arts... Mais dans un espace plus restreint. Jérémy pose ses yeux sur le matelas. A terre. Un matelas à terre omg. Mais il s'y assoit sagement. :

-Je veux bien une tasse merci.

Jérémy tripote une tâche de peinture avant de poser son sac, histoire de vérifier qu'elle est sèche pour ne pas personnaliser son sac professionnel d'une touche d'Angie. A ses côtés il pose les tupperwares remplis de ce qu'il avait préparés. Il les ouvre pas tout de suite, de peur de saloper le "lit", bien qu'il suppose qu'ils vont pas rester longtemps fermés. ...Ben tiens pour la peine il va prendre un bretzel. :

-Quand on s'est rencontrés, tu disais que c'était la honte d'être encore initié parce que ça faisait un moment que tu étais à Terrae... Mais du coup, c'est chouette de prendre son temps non ? Ta chambre te va bien.

Il l'observe d'ailleurs un peu plus, grignotant son bretzel, attendant la tasse de chocolat avant d'ajouter. :

-D'ailleurs, j'en sais rien mais t'es peut-être Étoile depuis le temps ?


HRP : Non. Je ne me suis pas trompé de compte. C'est faux.

HRP 2 : NON JE NE ME SUIS PAS TROMPE DE COMPTE ET DE RP NON.

« J’ai un four microonde ? » tu tentes.

Bon oui niveau cuisine tu te poses-là, et quand t’as besoin d’un vrai four tu vas dans la salle de travaux ménagers. Merci le Japon d’apprendre à tes jeunes hères à faire la cuisine en communauté. Bon. Ok c’est peut-être pas tout à fait adapté à faire cuire de la poterie… Bref, c’pas le souci du moment, mais à l’occasion demande-lui s’il pourrait pas t’aider à cuire ça. Enfin. Bref. Vous voilà dans ta ch… ton atelier, okay si tu y tiens, mais saches, que tu y dors donc c’est une chambre.

Une tasse. Panique à bord. Est-ce que tu as des tasses ? Euh. Non. Les tasses c’est bien pour… mettre dans un sculpture, mais c’est tout. C’est genre un contenu minuscule, pourquoi tu aurais ça… Si ce n’est pour porter de l’eau pour faire de l’aquarelle… Ouai, non tu ne peux pas le faire boire dans cette tasse-là, elle est dégueux et depuis le temps tu n’es plus sûr que ce soit récupérable. Bon. Euh. SI TU SAIS ! Tu te précipites presque dans la salle de bain et avec le liquide vaisselle tu nettoies ton mug avec écrit dessus « Crazy unicorn Lady » tu le lui rapportes avant même qu’il ne sèche et tu y verses dedans le contenue du thermos préparé.

« Un mug c’est un peu une grande tasse non ? »

Mec. Le capuchon du thermos était une tasse… Sans anse okay, ça t’a perturbé un peu. Jpp de toi. Tu souris.

« Oui je suis devenue étoile entre temps ! Je me suis beaucoup entrainé aussi, pour pas faire de conneries avec mon pouvoir. J’voulais… être prêt ? Pas faire n’importe quoi… Et toi… ça va mieux avec ton pouvoir ? »

Tu te souviens vaguement qu’il avait peur du feu… Mais peut-être que ça avait changé ? En parlant tu avais commencé à sortir ton matériel. Pour l’instant tu comptais faire des croquis, pleins de croquis. Tu t’accordais un « temps de pose » de 5 minutes par dessins et après tu verrais. Tu tâtonnais avec ce projet.

« On peut commencer ? »

J’AI CRU QUE TU NE LE DEMANDERAIS JAMAIS JPP.

Ah. Un four micro-onde. Bon c'est pas l'idéal mais on peut en faire des choses avec quand même. Bon, pas la recette de muffins qu'il connaît, c'est un bon à fabriquer soi-même son charbon mais un mug cake c'est bien possible. :

-Beh... on verra c'qu'on peut faire.

En vrai ce serait impossible de cuisiner dans cette chambre, il s'en rend bien compte à peine il y pose le pied. C'est confirmé par la petite danse de la panique que lui fait Angie, à la recherche d'un tasse viable. Ça a l'air...  compliqué. Jérémy est patient, le laisse chercher et nettoyer la superbe tasse qu'il compte lui passer. Enfin. Mug du coup. :

-C'est un peu ça oui.

C'est... pas vraiment ça en fait mais Jérémy a pas le cœur de lui dire. Ce serait un coup à faire paniquer le Télépathe et lui faire chercher quelque chose qui ressemblerait plus à une tasse. Comment il fait pour vivre là-dedans sérieux ?... Oulah Jérémy retiens-toi, tu vas finir par te lever et tout nettoyer 'spèce de gros maniaque. Non mais tout va bien je reste zen... C'est pas ma chambre. C'est devenu un peu un mantra depuis qu'il passe devant la porte ouverte de la chambre bordélique de Nico tous les matins.

Angie est bel et bien devenu étoile depuis la dernière fois qu'il se sont vus. Jérémy l'écoute en sirotant son chocolat. HM. Hm c'est bon ça. Le Terre s'est entraîné pour bien maîtriser son pouvoir et c'est admirable, de manière générale. Pendant ce temps-là Jérémy bloque avec tous les aspects de ses pouvoirs, c'est la joie... mais il devait reconnaître certaines choses quand même. :

-Eeh... Toujours initié... Mais j'arrive à faire plusieurs petites flammes maintenant, et je m'entraîne à maintenir une plus grosse dans ma main, plus longtemps... Et j'arrive à rendre mon pouce invisible sur commande.

Se faisant, il lève un de ses pouces et le fait clignoter lentement. :

-C'est comme un tour de magie pour ma petite sœur... ça la fait rire.

...Jérémy j'veux pas dire mais... C'EST un tour de magie en fait. Ok passons.

Angie était en train de préparer son matériel et Jérémy l'observait tranquillement, buvant de temps en temps le chocolat. Aussi quand il se retourne pour lui demander s'ils pouvaient commencer, il n'est pas vraiment surpris. Y'a une petite pointe d’appréhension qui naît en lui, comme un comédien qui doit monter sur scène mais elle s'essouffle rapidement. Il a vraiment envie de voir ce que ça va donner. :

-Je suis prêt, c'est quand tu veux. Euh... Je dois faire un truc en particulier ou... ?

Parce que bon là, il se tenait assis au maximum du bord du matelas, les genoux ramenés contre lui parce qu'il sait qu'il prend assez de place et que cette chambre-atelier était plutôt encombrée. ...Ok il s'asseyait souvent comme ça, mais c'était pour caresser Termicator !...

« Oh c’est trop cool ! TU FAIS DE LA MAGIE ! Tu devrais faire un numéro entier ! C’est trop bien ! »

C’est beaucoup trop classe, et c’est un tour où il n’y a pas d’astuce. De la vraie magie ! Trop bien. BON. Angie. Tu. Te. CALMES ! T’es tellement excitée depuis qu’il a parlé de nourriture ! C’est fou. J’te savais pas comme ça ! Enfin, c’est p’t’être aussi que tu flippes de ce que tu t’apprêtes à faire. Tu sais que c’est hyper intime, et que même s’il est d’accord… Bah. C’est compliqué ? Genre, et si t’allais trop loin sans même le vouloir ? Quand s’arrêter ? C’est difficile pour toi d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit. Alors ton esprit dans son esprit… C’est compliqué ! Bravo, tu en as un de ces vocabulaires.

« Est-ce que tu peux penser à toi ? Ce sera plus facile. »

S’il se concentre sur quelque-chose ce sera plus visible dans ses pensées, de cela tu es certain. Et il a raison, ta chambre est en bazar, mais un endroit rangé te ferait peur tu crois…

« Tu veux que j’aille te chercher une chaise ? »

Oui tu es dans ses pensées, les plus immédiates. C’est pas évident, p’t’être qu’il voulait pas que tu saches, en vrai. Tu t’en moques un peu, tu sais que c’est le bordel, même toi tu le reconnais, ce qui te dérange plus c’est qu’il soit mal à l’aise. NON. Stop. Focus. Si tu te disperses il se dispersera aussi. Tu lui souris. Attentif. Tu n’oses pas encore pénétrer trop profondément dans sa psyché, tu préfères laisser ses pensées arriver. Les unes après les autres. Si c’est trop compliqué pour lui, tu iras chercher un miroir. Ce sera peut-être plus facile ?

Il sourit à la bonne humeur d'Angie. Un spectacle entier de tours de magie ? C'est une bonne idée. Bon il oserait pas le faire pour quelqu'un d'autre que Lottie mais bon... Son immense sourire lumineux était bien suffisant comme récompense s'il s'y mettait sérieusement... Faudra attendre les vacances de Noël par contre.

Le Télépathe attaque d'emblée et lui demande s'il peut penser à lui.

Jérémy fixe soudain le sol. Penser à lui. Hm. C'est compliqué parce qu'il le faisait rarement en vérité... Il pensait surtout au mal et au bien que provoquaient ses actions, passées ou présentes. Mais se sera plus facile pour Angie alors il va tenter... :

-Pardon ? Une chaise ?... il regarde autour de lui. Hm. Si je dois réfléchir, c'est plutôt bien que je reste comme ça en fait.

Oui. Roulé en boule, ses mains posées sur les genoux qui maintiennent le mug, réchauffant ses mains. ...Bon il va s'installer un peu moins au bord du matelas par contre, pour que ses fesses soit confortablement posées.

Il faisait son relou, mais en vérité, il adore se poser comme ça. Quand il est seul dans son lit, il est en position fœtal. Quand Nico est assis en tailleur par terre, il s'installe en boule à ses côtés, sur le tapis, la cuisse du Tonnerre lui servant d'oreiller. Quand Elwynn s'endort près de lui, il peut la couvrir toute entière pour la tenir au chaud. Ça lui rappelle quand il était petit, quand il était encore heureux, quand il avait encore son doudou rouge, sa petite couverture qui sentait bon la lessive de maman. Il se roulait en boule dedans, parce qu'il grandissait trop vite...

Jérémy concentre toi, tu dois penser à toi. Lequel exactement ?

Sûrement pas celui-là. Eh. Malheureusement il fait parti de toi aussi. Tu as été tout autant Jérémy que le Chasseur... ou moi. Qui es-tu ? Je le regarde, bat mes paupières une seule fois, très lentement avant de lui sourire. Il sait déjà la réponse mais il refuse de l'admettre. JE refuse de l'admettre. Je refuse de voir.

Alors il s'imagine dans la forêt. C'est un de nos endroits favoris. L'été réchauffe même le cœur humide des bois. Les branches au sol craquellent à notre passage. Dans une plaine, on peut s'installer sur une roche chauffée par l'astre, on peut y faire une sieste sans que rien ne nous dérange. Nous sommes prédateurs, nous n'avons peur de rien... Et la vie est si abondante que personne ne meurt de faim.

Je préfère l'hiver. Il fait froid, l'humidité de la neige qui s'accroche à mon pelage me dégoûte. Blanc sur blanc, je suis discret dans l'ivoire déposée au sol... Mes tâches noires et brunes me font fondre entres les arbres... Je fais parti du décor, mais j'ai faim. J'ai si faim. J'entends un hurlement plus loin... un loup noir a une patte prise dans un piège. Un chasseur le vise de son canon. Le loup n'est pas mon ami. En meute, il peut me chasser tout autant que je peux le chasser lorsqu'il est seul. Est-ce que je dois l'aider alors que j'ai si faim ?

...Jérémy doit penser à lui comme une sorte d'éventail ; l'homme qui prie Dieu, l'homme qui prie les monstres... l'animal qui survit. Mais personne ne s'entend dans cette tête trop pleine de choses, de détails, d'histoires, de plans, de souvenirs, d'émotions reniées, de mots jetés à la volée qu'il regrette, qu'il aime et qui lui font honte, de ces phrases qu'il garde en mémoire de la part de ses ennemis, de ses amis, de ses oublis... Il est comme cet ange dont parle Elwynn, un ange déchu aux ailes sombres, perdus dans le noir, maintenant comme il peut sa lumière entre ses mains abîmées et froides, avec deux entités contraires au-dessus de ses épaules. Entre celui qui chasse pour le plaisir et celui qui chasse pour se nourrir.

A la fois celui qui berce Charlotte dans ses bras... et celui qui a cassé la clavicule d'un môme pour le faire parler. Mais tout ça... c'est pour vivre.

Prostré dans un coin, comme à chaque fois qu'il essaie de savoir qui il est, Jérémy tente soudain de faire le vide dans sa tête. Penser aux choses heureuses ou horribles lui font ressentir de la culpabilité dans tous les cas... Même si on lui a fait comprendre mille fois qu'il a changé, il ne le croit pas... Tout simplement parce que je suis encore là, que le Chasseur l'observe toujours. Nous sommes là, debout, à le voir sombrer petit à petit dans son mal-être, à se consoler par les souvenirs de la chaleur d'Elwynn, du sourire de Nicolas, de la fierté d'Aaron, du rire éclatant de Charlotte.

Le Chasseur se tourne soudain, un sourire mauvais sur les lèvres. Je n'aime pas les spectateurs. Non. Non Chasseur je t'interdis.

Jérémy se lève d'un coup et il m'écarte du chemin... pour plus loin faire de même avec le Chasseur, m'étant fin à notre altercation avant même qu'elle ne commence.

Je sais qui je suis. Jérémy est dans la cuisine avec Aaron. Il lui raconte qu'il aurait préféré monter un restaurant plutôt que devenir prof de maths. Jérémy baisse la tête, se retenant de rougir, et avoue avoir le même rêve... ou du moins travailler dans la nutrition, pour apprendre aux gens à aimer la nourriture, plutôt que d'être dans un garage... Aaron pose une main sur son épaule, lui demande ce qui l'en empêche ; il est jeune, il est talentueux, il devrait essayer. Cette fois Jérémy rougit, touillant le pot-au-feu distraitement. Il en a toujours rêvé, de cette conversation... Il est heureux que son père le soutienne.
Je sais qui je suis. Les plats sont servis. Nicolas se jette sur son plat... Il est tout maigrichon, mais il se porte tellement mieux qu'à son arrivée. Et puis, quand ils étaient plus jeunes, c'était bien pire... Il était tout petit Nico, tout fragile... Et il remportait la plupart de ses combats avec une férocité hors du commun, avec une énergie qu'on se demandait d'où elle pouvait bien venir... Nicolas ferme les yeux. Il adore manger. Il adore manger tout ce qu'il n'a jamais pu manger en grandissant... Et Jérémy pouvait lui offrir ça sans se sentir coupable... Lottie lui lance un grand sourire de sa chaise haute. Elle, elle n'aura jamais faim. Il est heureux de pouvoir enfin se comporter en frère.
Je sais qui je suis. Alice lui passe le plat pour qu'il monte plus rapidement la crème en chantilly. Adélaïde fait la moue, bien sûr, sans doute parce qu'elle sait que sa petite amie en est bien capable sans lui montrer ses gros bras... Mais ce gâteau est un travail d'équipe, et la petite Terre le rappelle à toute la Cool Patrol. Asbjorn est en train de joyeusement lécher la cuiller pleine de pâte à gâteau. Elwynn se marre, gorge déployée, alors que Nico est un train de galérer à beurrer le moule. Il en met partout. Aria arrive avec l'arôme de vanille à ajouter dans la chantilly pour lui donner un peu de goût, tout le monde applaudit son idée... Jérémy la regarde ajouter les quelques gouttes du liquide brun dans le plat qu'il maintient. Elle lui sourit, même si il se doute que quelque part, dans la tête de la rouquine, elle ne le pardonne pas ses erreurs... Personne ne le pardonne... Il est heureux qu'on lui laisse une chance d'être un ami.
Je sais qui je suis. Un soleil brûlant, une chaleur réconfortante, un brin de lumière dans ce royaume sombre et chaotique... Angie dévore son muffin aux amandes comme un enfant, son regard pétille d'étincelles de joie. C'est le plus beau cadeau qu'on puisse lui offrir... Jérémy veut nourrir le monde et priver ceux qu'il aime de la pire épreuve qu'il soit ; la faim, l'absence, le vide... Je ne vous perdrai jamais. Et seulement alors... il mangera à son tour.

Je sais qui je suis. Au creux de ses mains, la lumière est une flamme. Douce et chaude, bien loin de l'image destructrice qu'il en a toujours eu. Loin des explosions mortelles et des tortures brûlantes. La flamme est un petit cœur qui bat, elle aussi a besoin de se nourrir... et Jérémy peut lui apporter ça. Son visage s'éclaire alors qu'il ramène ses mains plus près de lui... Il sourit comme un ange qui retrouve ses ailes.

Je soupire, avant de sourire à mon tour. Le Chasseur gronde. Jamais nous n'avons autant brillé.


HRP : Je me suis laissé emporter maybe ? WELL. Déso XD... Je sais qu'il y a tout pleins d'idiomes et de métaphores mais comme c'est surtout visuel, j'espère que pour Angie c'est pas trop dur ? Tu me dis quoi de toute façon !

Tu vois des visages des sensations. Tu le vois lui, se pelotonner contre un homme. Nicolas. D’accord. U voies le doudou rouge, la couverture qui couvre son regard. Tu vois Elwynn, tu aimerais détourner les yeux, mais ton esprit reste dans le sien. Pudique, tu ne diras rien. Une femme. Maman. Tu ne vois pas Jérémy. Tu lui laisses le temps. Ce que tu lui as demandé est compliqué. En serais-tu capable toi-même ? Tu n’es pas à sa place.

Les paysages défilent, une randonnée en forêt devient une sieste sur une pierre chaude. Tu sens dans ses souvenir la caresse du soleil sur sa peau. C’est agréable. Est-ce toi ou est-ce lui qui le pense ? Soudain l’hiver chasse l’été, sans que l’automne n’ait annoncé le changement. Tu vois son reflet dans un éclat glacé, une ombre blanche. Un loup. Blanc. Un hurlement. Faim. Un hurlement. Solitude. Des souvenirs. Froid et brulants. Les deux à la fois. Il ne se voit pas. Pas beaucoup. Il le voit lui.

Lui. Le chasseur ?Non. Le Chasseur. Il cuisine avec ses amis. Tu en connais certains, tu captes leurs noms. Il s’est passé quelque-chose. Tu voies de la nourriture. Beaucoup. Tu regardes ses mains. Elles brillent. Est-ce son pouvoir ? Tu les croques. Tes mains glissent sur le papier, dessinent ce que tu as vu. Peu de choses à vrai dire, le reflet d’un œil de loup dans un miroir glacé, le sourire des gens autour de lui, des ailes. Beaucoup de détails. Tu les croques les uns après les autres pour ne rien oublier.

« Peux-tu penser à ton corps ? »

Etrange demande, mais pour l’instant il pensait surtout à ses actions. A des situations… Et tu avais l’impression qu’il pensait à la manière dont les gens le voyaient. C’était important l’image que les autres avaient de lui, le sourire qu’ils avaient quand il leur donnait à manger. C’était quelque-chose dans lequel il se sentait à sa place. Non. Si. Ce n’était pas que cela. Il se sentait peut-être même valorisé. Il avait trouvé sa voie. Seulement, s’il était entier il ne te donnait que peu d’informations sur sa perception de son corps. C’était étrange, et on ne va pas se mentir, tu commençais à fatiguer. Ton pouvoir si tu le maitrisais mieux qu’avant te bouffait énormément d’énergie.

Quand la voix d'Angie se fait entendre, tu as du mal à le saisir précisément. Était-ce dans ta tête ou dans tes oreilles ? Était-ce assez tangible pour que tu fasse l'effort de lui répondre à haute voix ?... Dans le doute, toujours recroquevillé, tu lui réponds. Ta voix est comme un souffle épuisé bien que tu te sentes... bien. :

-Je vais essayer.

Il y a plusieurs choses que tu vois en vérité. Parce que tu n'as jamais vraiment regardé ton corps que par le regard des autres, parce que tu as décidé de ne jamais vraiment te voir pour éviter de te sentir faible, de ressentir du regret, de te remettre en question. Ce qu'il voit en premier c'est ce qu'il remarque quand il s'observe dans le miroir. De face, toutes les cicatrices de torture qu'il a subit... S'il a été soigné pour la plupart, certaines avaient été trop profondes pour éviter la trace... C'est pour ça qu'il a moins de cicatrices visibles par rapport à Elwynn ou Nicolas... Et puis il baisse la tête, il voit ses poignets... Un geste de dégoût lui fait bouger la tête, loin de sa pire faiblesse, loin de sa pire erreur... S'il avait été capable de s'accepter, peut-être qu'il aurait pu accepter les autres bien avant d'entrer à Terrae... peut-être...

Et puis quelque chose de plus fort l'emporte... Moi. Cet animal qui veut lui rappeler à quel point il est humain. C'est moi que tu vois. Félin, c'est le premier mot qui te vient alors que je m'approche de toi avec mon pas chaloupé. Mes pattes ont beau être volumineuses, elles ne font quasiment aucun bruit lorsqu'elles rencontrent le sol... Mes oreilles se terminent en pointe dont seulement le bout est noir, bien que tout le reste de mon corps soit blanc tacheté... Mes favoris d'ivoires rendent mon aspect bien plus angulaire que je ne le suis réellement. Ma queue est courte et malgré ce que peut bien dire l'expression, ma vision n'est pas aussi nette. Je ne perçois que la lumière de manière précise, un mouvement ne m'échappera jamais. C'est étrange mais tu ne peux pas ne pas t'identifier à cette description.

Tu sais que tu es principalement invisible pour les humains, tu sais que tu peux être loyal sans t'intéresser une seule fois aux autres femelles de ton territoire, tu sais que, bien plus que la vision, c'est ton ouïe qui est sensible. Dis-le. Au moins une fois, s'il-te-plaît. Un lynx... Un lynx boréale même. Pourquoi ça te paraît si improbable quand Nicolas s'attache au loup ? Parfois je me le demande, mais je ne force rien. Je ne te force pas, non plus, à te souvenir du moindre secret que tu retiens en toi, même si à mes yeux ce sont des évidences...

Et le Chasseur ? Oh. Il se tait. Il se tait parce qu'il sait à quel point il est informe... En fait, si tu ne l'écoutais pas, tu te rendrais compte d'à quel point il n'a pas d'importance...

Je... suis perturbé. Être au devant de cette manière, ça me change. Mais je ne suis pas seul, je vois Jérémy à mes côtés, tout autant étonné que moi. Si ce n'est plus. Pourtant il s'avance vers moi, fais ce geste que j'ai attendu pendant tellement d'années... Parce que je suis la patience et la lucidité, je n'ai jamais cherché ce contact... et pourtant Dieu sait à quel point on en a eu besoin. Une lumière éclate, me brûlant la rétine, et je suis un. Je vois Angie quelque part, spectateur... Je m'approche avec ce pas silencieux, je pose mon index couvert de fourrure blanche sur mes lèvres fines et mon regard d'or essaie de lui faire comprendre à quel point nous sommes un secret... Chhht. Je lui susurre... parce que je me connais, parce que je n'ai pas envie qu'il s'épuise sur... ce que je suis quelque part.


HRP : Fun fact, le lynx est le seul prédateur qui peut bouffer un loup en solitaire, un loup accompagné de sa meute peut être le seul prédateur qui bouffe un lynx, en France.
Un morceau de symbolisme du lynx au cas où tu te demandes. Et OUUUUH c'est la première fois que je parle de la partie cachée de Mymy sur Terrae YOUPI !