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[Solo - 16+] Eclipse 5 - Si on faisait le point ?
##   Sam 21 Mar 2020 - 10:47
Tiago Marquez

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Note HRP : ce rp se déroule à la fin de la phase 5. Comme pour beaucoup de monde, Tiago vit très mal ces changements réguliers depuis le début de l'éclipse, mais c'est particulièrement vrai sur les phases 4 (sensitif) et 5 (voyant). Comprendre le ressenti et la vie des autres, ce n'est franchement pas pour améliorer son équilibre mental déjà suffisamment instable sans ça. Ce rp est donc pensé comme un "point d'avancement" du perso, qui permet de reprendre tout ce sur quoi sa construction en tant qu'individu est basée, pour la confronter à toutes les épreuves/avancées qu'il a connu depuis Terrae.

Je mets un warning 16+ parce qu'il peut y avoir des descriptions de scènes violentes, des justifications d'actes immoraux (du point de vue de Tiago) et qui pourraient choquer certaines personnes sensibles. Je ne pense en revanche pas qu'il y aura besoin d'aller jusqu'au 18+ (mais ça peut toujours évoluer).

Sinon, je n'ai jamais fait de solo, c'est une grande première pour moi, j'espère que j'arriverai à m'en sortir !! Et je mettrai aussi quelques morceaux de musique de temps en temps en fonction de ce qui m'inspire pour écrire (parce que c'est toujours cool ^-^) Et je crois que j'ai assez raconté ma life...

---



Ce pouvoir, c’est vraiment pire que n’importe quelle drogue. Pourtant, je ne voulais pas m’en servir à la base. Mais dernièrement, j’arrive à le contrôler un peu mieux. Enfin, j’ai encore du mal à éviter les visions intempestives, mais avec les quelques conseils d’Akihiko, en me concentrant j’arrive à visualiser plus ou moins clairement certaines choses. Et si le futur ne m’intéresse pas particulièrement, avoir accès aussi nettement à certains souvenirs, c’est beaucoup trop tentant.

Je sais que les phases de changement de pouvoirs ne sont pas éternelles. L’idée de ne pas profiter de cette opportunité pour me rapprocher de toutes ces choses qui me manquent toujours affreusement, me pousse à m’isoler de plus en plus. Je suis à peu près sûr que la prochaine rotation est pour bientôt. Alors ce soir, je préfère rester seul dans ma chambre plutôt que de sortir. Ce qui est plutôt rare.

Allongé sur le lit, une bouteille de Jager à portée de main, je reste dans cette position plusieurs minutes. Le soleil se couche et la lumière qui arrive dans la pièce diminue en intensité petit à petit, en même temps que ma volonté de résister à l’appel de tous ces souvenirs s’effrite. Je sais bien que ça ne les fera pas revenir, que tout ce que je peux voir ne changera en rien ma réalité. Que cela risque seulement de raviver la douleur que je m’efforce d’oublier depuis que je suis arrivé à Terrae. Mais je m’en fiche. La raison fini par laisser la place aux sentiments et c’est comme ça que je me retrouve à fermer les yeux, pour me concentrer sur ces moments que je veux revoir. Revivre.

***

Il fait chaud. Bien plus chaud qu’au Japon. Pourtant, là aussi le soleil se couche. L’océan est assez calme aujourd'hui et la plage de sable fin s’est transformée en terrain de jeu pour les gamins de la ville. Gamins dont je fais partie. Je ne dois pas avoir plus de huit ans à cette époque. On ne peut pas dire que je sois encore totalement insouciant, mais je pouvais encore profiter des vacances pour jouer au ballon avec mes frères et mes cousins.

La famille est nombreuse, on vit tous sur le même terrain et même s’il arrive déjà régulièrement qu’on règle nos problèmes à l’aide de nos poings, on reste tous très proches. Les filles jouent beaucoup plus calmement dans le sable, plus loin. La distinction des rôles chez les hommes et les femmes est enseignée très jeunes. Je ne suis sûrement déjà plus aussi innocent que ce qu’on attend pour un enfant, mais ça ne touche en rien à cette étrange joie de vivre qu'affichent les jeunes.

Je quitte la plage avec le reste des garçons de la famille. Dans les rues de Cali, ville qui m'a vu naître, l'ambiance est toujours aussi festive. De nombreux établissements sont ouverts, d'où s'échappe une musique latine typique de chez nous. Beaucoup de gens dansent, même dans la rue, ou se déplacent le pas léger, au rythme de ces notes qui savent réchauffer l'atmosphère. Une liberté absolue, je peux entrer et sortir où je veux, comme bon me semble, commander n'importe quoi, on me le sert. Sauf de l'alcool. Pas sans être accompagné. Faut pas déconner non plus.

La seule obligation est de rentrer avant 22h. Ce qui se passe la nuit en ce lieu, ce n'est pas pour les enfants. Non, les enfants rentrent au domaine, accueillis par leur mère, leurs soeurs, en ayant le droit de poursuivre leurs rêves de gamins.  


***

Ces étés passés à Cali font probablement parti des meilleurs souvenirs que j’ai. Alors rouvrir les yeux dans cette chambre désormais plongée dans la pénombre, seul, face aux dégâts causés par le passage de la tempête Senri que je n’ai toujours pas pris la peine de rattraper (de toute façon tant qu’il reste Titan, ça ne sert à rien) ; me rappelle un peu trop à quel point je suis loin de mes racines. Le temps d’une clope, quelques gorgées descendues à même la bouteille, et je m’évade de nouveau de cette pièce.


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Dernière édition par Tiago Marquez le Dim 22 Mar 2020 - 18:14, édité 1 fois
##   Sam 21 Mar 2020 - 11:42
Tiago Marquez

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Un super bond dans le temps, j’arrive cette fois à cibler l’époque des fêtes étudiantes. D’autres bons souvenirs. La nuit est bien avancée, le sous-sol qu’on occupe actuellement est plein d’étudiants tous déjà bien alcoolisés. Evidemment, je ne suis pas en reste. Etrangement, la vision que j’ai de la scène actuellement me paraît bien plus claire qu’à l’époque. Il y a l’éternel groupe des adeptes de jeux d’alcool qui sont occupés autour de la table de ping pong. Les danseurs plus ou moins doués, plus ou moins éméchés. Et les couples, déjà formés ou en cours de formation.

- "Yo Tiago, t’as ramené un peu de poudre ? Parce qu’on a prévu zéro pause jusqu’à la fin du week end !!"

- "Bien sûr que j’ai c’qu’il faut. Vous êtes mes potes quand même, je ne vous laisserais pas en galère à devoir trouver de la merde."

A Bogota, tous les étudiants qui se retrouvent dans le même cursus que moi sont des gosses de riches. Tous ceux qui peuvent se permettre de passer les week end à se retourner la tête dans ce genre de soirées en tout cas.

Le soleil se lève et les plus sages d’entre nous se sont trouvé des endroits plus ou moins confortables où dormir. Pour les autres, on est encore en pleine forme. Et là, les choses sont effectivement beaucoup plus nettes que dans mes souvenirs. Ce qui n'est pas très étonnant quand je vois la gueule que j'ai à ce moment là. Mais on va dire que ça colle bien à l'ambiance générale.

A cette chambre ravagée où se relaient tous ceux qui cherchent un endroit pour passer un agréable moment en bonne compagnie. Où se relayaient en fait, puisque très vite, l’intimité devient un détail futile dont plus personne ne se soucie. Les fringues s’entassent au sol, certains partent à la recherche de capotes, d’autres profitent juste du spectacle, la vitre se recouvre très vite de buée et les cris de plaisir raisonnent dans tous les coins de la pièce. Le tout entrecoupé de quelques pauses pour reprendre un verre ou un rail.

J’étais incapable de me souvenir avec combien de filles j’avais pu tourner cette soirée-là. Comme pour beaucoup d’autres soirées qui suivront. Ni même de ce à quoi ces filles ressemblaient. Et si je n’ai toujours pas leurs noms, je suis plutôt satisfait de voir que même complètement défoncé, j’avais pas si mauvais goût.

J’avais aussi oublié ce passage galère pour retrouver ses fringues. Fouiller l’armoire du type qui recevait (du moins ce que je peux en imaginer) à la recherche d’un caleçon propre après avoir pété les plombs pour retrouver le mien dans tout ce merdier, des bouteilles renversées au sol, piquer un jean et une veste qui n’étaient clairement pas à moi (et alors par contre en matière de vêtements j’ai nettement moins bon goût !). Commander des pizzas, remettre ça jusqu’à ce que la seconde soirée commence et c’est reparti jusqu’au lendemain où même les plus résistants ne peuvent que s’effondrer, non sans avoir renvoyé une partie de ce qui a été ingéré.


***

J’ouvre de nouveau les yeux et cette fois, un sourire un peu triste apparaît sur mon visage. C’était quand même super cool. Pourtant, depuis que j’ai tout perdu, je ne me suis plus jamais laissé aller à ce genre d’excès. Évidemment, j'aime toujours les soirées alcoolisées, me défoncer, passer la nuit avec des filles différentes. Pourtant, je crois que ces fêtes là ne me manquent pas tant que ça. La façon dont je vis aujourd'hui n'est pas si mal non plus.

En revanche ce qui est sûr, c'est que cette partie du business, c’est celle que je préfère. Parce que je gagnais beaucoup tout en m’amusant. Mais surtout, je voyais les autres s'amuser tout autant. On partageait des choses. Des souvenirs plus ou moins flous. Tous les consommateurs n'étaient qu’occasionnels. Aucun vrai junkie dans cette pièce. Seulement des jeunes qui aiment les sensations fortes et défier les interdits. Ce qui cette fois, est assez différent de l'expérience que j'ai pu me faire à Terrae. Et étrangement, les paroles d'Hideko me reviennent en tête. Et je comprends beaucoup mieux son point de vue sur toutes ces substances. Que je partage peut-être un peu. Maaaaais je suis encore beaucoup trop sobre pour accepter une telle conclusion !


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##   Sam 21 Mar 2020 - 13:17
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Quand je dis que ce pouvoir est pire qu’une drogue, ce n’est pas pour rien. L’alcool aidant, je recommence à sentir à quel point j’ai envie de revenir à mon ancienne vie. Pas pour la musique, la chaleur et la plage. Pas pour les soirées étudiantes et la gestion du business familial à Bogota. Juste pour la famille. Revoir leurs visages. Entendre leurs voix. Même Garrett, le plus jeune de mes frères, avec qui je n’ai jamais réussi à m’entendre correctement. On passait tout notre temps à se taper dessus mais aujourd’hui, je donnerais n’importe quoi pour entendre de nouveau son rire suffisant après m’avoir de nouveau fait manger la poussière.

***

- "Putain Tiago, qu’est-ce tu branles ?! Magne toi, on va s’faire descendre à ce rythme !!"

- "Ouais ouais, j’fais c’que j’peux, c’est hyper étroit là d’dans j’te signal !!"

Je reviens à mes douze ans. J’étais encore bloqué au stade de garçon qui n’arrive pas à démarrer sa croissance pour mon plus grand malheur. Mais ce jour-là, ça faisait plutôt le bonheur de mon père qui nous avait envoyé en mission avec Garrett dans le sud du pays. L’une des planques d’un gang rival avait été découverte et l’objectif était on ne peut plus simple. Tout faire sauter dans une magistrale déflagration, en faisant le plus de dégâts possibles.

Garrett, du haut de ses vingt ans, a terminé d’installer le système de caméras, attendant à l’entrée que je finisse de disposer les explosifs à base de TNT dans le conduit d’aération. Il ne me reste plus qu’à relier le dispositif de déclenchement à distance quand des voix s’élèvent un peu plus loin. Je n’ai pas la même vision de la scène que dans mes souvenirs. Moi, j’étais encore coincé dans ces conduits métalliques où je n’y voyais rien.

Là, je vois très clairement trois mecs s’approcher rapidement, sortir des flingues. Mon frère esquisse une grimace d’agacement avant de se replier rapidement à l’intérieur, sortant son arme alors que des détonations retentissent à l’extérieur. Il attend, visiblement prêt à se débarrasser des gêneurs. Mais la surprise se lit sur son visage lorsque je déboule du plafond, atterrissant pile sur les gars qui entrent au même moment dans la pièce.

Si mes souvenirs de ce passage sont très flous, les choses ne sont cette fois pas plus nettes, même avec une vision plus objective. Garrett n’hésite pas une seconde avant de faire usage de son arme. Des cris retentissent. De mon côté, l'effet de surprise me permet d’arracher l’un des pistolets, mais son propriétaire mécontent m’attrape immédiatement sans aucune difficulté, me plaque au sol brutalement avant de se déchainer, m’assenant de nombreux coups de poings que je ne peux qu’encaisser. Je me souviens de la douleur qui devient très vite insupportable, me résignant à seulement attendre que ça cesse.

Mon frère tire sur mon agresseur. En pleine tête. Le corps massif s’écroule sur moi, me recouvrant de son sang qui se mêle au mien, maculant désormais mon visage et l'intégralité de mes vêtements. C’est pendant ce laps de temps, utilisé pour me venir en aide, que Garrett est touché au bras par notre dernier opposant encore debout. Ça, je ne le savais pas. Je me faufile tant bien que mal pour me débarrasser de ce poids mort qui m’écrase, alors que mon frangin utilise la chance du barillet adverse vide pour se rapprocher, sortir un couteau et terminer le boulot d’une lame venant rencontrer une carotide.

Le silence s’abat sur la scène. Si ce moment m’avait paru durer une éternité, il ne faut pas plus de deux secondes à Garrett pour se rapprocher de moi, toujours au sol, incapable de me relever suite à la dérouillée que je viens de prendre.

- "T’es vraiment inutile ! Parce que tout ce merdier c’est d’ta faute ! Il n’est pas question que j’me fasse engueuler par le vieux à cause d’un p’tit merdeux dans ton genre !"

- "Eh, j’ai fait c’que j’pouvais…"


- "Ouais, c’est c’que je dis. Beaucoup trop faible. Aller, lève toi, j’vais pas t’porter en plus !"

Je me redresse, mais perds connaissance immédiatement pour m’étaler de nouveau au sol. Garrett se précipite vers moi, l’air réellement inquiet. Une expression que je ne crois pas lui avoir déjà vu… Et de son bras valide, il me relève et nous fait quitter les lieux.


***

Évidemment, l’objectif initial de cette mission est foiré. Les corps sans vie à l’entrée ont très rapidement averti le reste du gang adverse. On s’est bien fait engueulés, comme il fallait s’y attendre à rentrer dans notre état. Mais ce que je retiens en revenant dans ma chambre, c’est que j’ai toujours fait office de boulet. Ce n’est pas la seule fois où mon frère m’a sauvé la vie. Et moi, la seule occasion que j’ai eu de lui rendre la pareille… Je sers les poings alors que ma gorge commence à se nouer douloureusement.

Je savais bien que cette rétrospective ne m'apporterait rien de bon. Que je ne me sentirais pas mieux après. Et pour le coup, je ne me sens vraiment pas bien. Je pourrais presque entendre Garrett me juger de là-haut. Ah ça, on ne peut pas dire que la vie à Terrae ait participé à me renforcer. Pas au sens qu'on m'a enseigné en tout cas.

- "Ouais bah..."

J'fais c'que j'peux... Toujours la même excuse hein...


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##   Sam 21 Mar 2020 - 15:29
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Je me relève de mon lit pour aller ouvrir la fenêtre. J’ai besoin d’air. Je n’ai même plus d’herbe, le dernier passage de Senri a laissé un petit tas de cendre à la place de toutes les plantations que j’avais réalisé dans la cuisine. Ce n’est pas les seuls dégâts qu’il a fait d’ailleurs. Titan, il fallait vraiment qu’il ait ce pouvoir ?

Je pousse un soupir en observant (encore une fois) l’état pitoyable du mobilier. Je n’ai pas pris la peine de réparer/ranger quoi que ce soit. Seulement de remettre une porte (c’est quand même mieux pour ramener des filles) et changer les draps en lambeaux (même raison). Et à la voix de Garrett, c'est désormais celle de Damon, le troisième mec de la fratrie mais surtout l’aîné, qui succède pour me faire la morale sur ma « paresse ». Parce qu’il y a bien longtemps que j’aurais déjà dû faire en sorte que Senri ne soit plus en capacité de détruire la moindre porte.

Le temps d'écraser mon mégot, de descendre une nouvelle partie de cette bouteille, et je me laisse de nouveau envahir par ces souvenirs qui deviennent d’un coup très réalistes.

***

On est cinq, mes frères et deux de mes cousins. Je suis un peu plus âgé quand dans mon précédent voyage dans le temps. En tout cas, j’ai largement entamé ma croissance et je suis plus près du stade « homme » que de celui « enfant ». Comme à chaque fois dans cette situation, c’est Damon qui est aux commandes. On le suit dans les ruelles à peine éclairées par les rayons de la lune, qui réussissent à se frayer un chemin entre ces immeubles délabrés de ce côté de la ville. Le quartier pourri, où se réunissent tous les cas désespérés de Cali. Ceux qui n’ont pas de fric. Pas d’emploi. Pas les moyens de se payer à bouffer. Encore moins un logement digne de ce nom. Et qui pourtant constituent une partie importante de notre clientèle.

- "Tiago, tu viens avec moi, on va rendre une petite visite à mister « j’veux changer c’est plus pour moi vos conneries ». Vous trois, vous vous chargez des crasseux de l’angle."


Parce que c’est comme ça que ça marche. Ces types ont trop de problèmes, tombent dans la drogue en pensant avoir trouvé une bonne échappatoire à leur vie misérable. On les laisse consommer à crédit jusqu’à ce qu’ils deviennent vraiment accros et ensuite, comme ils n’ont pas de quoi payer leurs dettes, on les fait bosser pour nous gratuitement en échange de quelques doses. Pour maintenir leur allégeance.

Il y a toujours des petits malins qui reviennent avec moins d’argent que prévu. Eux, ce sont ceux qui vont être remis en ordre par le trio pas commode qui s’enfonce un peu plus loin dans cette ruelle. Et il y a ceux qui, par chance, réussissent à retrouver un point d’accroche dans leur vie, qui les pousse à vouloir se reprendre en main et donc à couper tout contact avec le cartel. Mais évidemment, ce n’est pas aussi simple.

On rentre dans l’immeuble où habite notre cible, mon frère en tête. Les escaliers montés rapidement, on se retrouve devant une porte fermée à clé, contre laquelle l’aîné tambourine suffisamment fort pour pouvoir réveiller tout le palier. Mais il s’en fiche. Ici, personne n’a intérêt à se mettre sur son chemin.

- "Jason, ouvre. Y a des trucs dont faut qu’on parle !"

L’intonation utilisée ne laisse pas place au doute. Ce n’est pas une visite de courtoisie. Même moi, simple spectateur, j'en ai des frissons. D’ailleurs, le principal intéressé ne se fait d’illusions, puisqu’après quelques secondes, il répond d’une voix beaucoup plus hésitante, sans pour autant toucher à la porte.

- "Damon, j’te l’ai déjà dit. J’suis plus là-dedans, j’ai pas envie de parler de quoi que ce soit."

- "Si t’ouvre pas je rentre de force."

Un nouveau silence et finalement, le verrou se fait entendre et la porte s’entrouvre légèrement. Le visage de Jason, livide, apparaît de l’embrasure. Mais mon frère ne lui donne pas l’occasion d’hésiter plus longtemps, repoussant d’un coup sec le battant pour nous libérer l’accès, avant de refermer derrière lui une fois qu’on se trouve tous dans l’appartement.

- "S.. S’il te plait, j’ai trouvé une nana maintenant et j’suis clean depuis plus d’un mois, je cherche du taff, je peux même partir de la ville, dès que j’aurais trouvé quelque chose je déménagerai loin, j’t’en prie, je voudrais vraiment passer à autre chose…"

Mais Damon ne paraît pas ému par ce discours. Ni même par ce type, torse nu en jogging, qui paraît presque autant effrayé que sa copine, un simple t-shirt un peu long qui la recouvre, plaquée contre le mur du fond, se retenant visiblement de crier.

- "Ça marche pas comme ça. Tu devrais l’savoir."

Damon m’adresse un simple signe de tête et je sais immédiatement ce que j’ai à faire. Si je fais la même taille que ce type dont je m’approche à mesure qu’il se recule, mon corps reste celui d’un ado, une musculature pas encore hyper développée malgré les heures de sport. Pourtant, je n’ai aucun mal à plaquer ce Jason contre le mur avant de lui assener un premier coup. Un ex junkie qui vient de raccrocher, ça n’a aucune force.

Je me souviens parfaitement de l’adrénaline qui s’était emparée de moi à ce moment-là mais une fois de plus, assister à la scène de ce point de vue là est très différent des souvenirs que j’en ai. J’entends beaucoup plus les cris de douleur mêlés à ceux d’horreur de sa nana, que mon frère maîtrise aisément, l’empêchant de venir en aide à son mec qui a désormais le visage en sang. Les minutes s’étirent. Il n’y a plus que les sanglots qui se font entendre, accompagnés du son des impacts qui continuent à s'abattre sur Jason, désormais inconscient.

Ce n’est que lorsque mon frère m’indique d’arrêter que je me redresse, couvert de sang qui n’est pas le mien. Damon arrache le t-shirt de la fille à bout de forces, qui se laisse tomber au sol en essayant de camoufler son anatomie de ses bras, m’envoyant le vêtement.

- "Essuie-toi. T’en as partout."

Un nettoyage express, je laisse tomber le t-shirt déchiré et couvert de sang, avant de repartir comme si tout était parfaitement normal. Les flics n’interviennent pas dans cette partie de la ville. Même pas en cas d’homicide.


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##   Sam 21 Mar 2020 - 19:01
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Je commence à avoir sérieusement mal au crâne. Même si ça fait plusieurs semaines que je m’entraine avec ce pouvoir (parce qu’on ne va pas se mentir, c’est quand même vachement sympa quand on est curieux…), dès que je l’utilise plus d’une dizaine de minutes, c’est le retour de la barre dans le crâne. Mais ce n’est pas le seul symptôme désagréable que je ressens actuellement.

Évidemment, cette vision me rappelle un peu trop fortement ce qui s’est passé avec Houston. Dans des proportions totalement différentes certes, pour des raisons autres, mais je me suis encore retrouvé à m’acharner sur quelqu’un juste parce qu’on me le demandait.

Pourtant, si dans mes souvenirs je n’avais strictement rien ressenti à laisser un inconnu inconscient, baignant dans son propre sang, j’ai beaucoup moins apprécié m’en prendre à Houston. Je l’ai bien ressentie cette gêne dans ma poitrine. Évidemment, je l’ai ignorée parce que les sentiments n’ont aucune place dans ce genre de moment. Ou alors, c'est parce que c'était Atumane qui était aux commandes ?

Mais je suis bien obligé de reconnaître ne pas aimer ce que je vois dans ces visions. Et là, je commence à me sentir mal. Pourquoi est-ce que j’ai ce goût amer en revoyant aussi précisément ces différentes scènes ? Parce qu’elles le sont d’un point de vue plus objectif peut-être. Ou parce que ce stupide pouvoir de sensitif m’a rendu plus faible. Ce qui est sûr, c’est que ce que je ressens actuellement est très différent de ce que je pouvais ressentir à l’époque.

Pourtant, j’ai beau ne pas particulièrement apprécier ce que je vois, je ressens toujours ce manque. J'ai beau ne pas être en accord avec ce que je peux voir, ils me manquent. Ils sont peut-être flippants, mais ils étaient mes frères. Et ils ont toujours fait ce qui était attendu d'eux à la perfection. Malgré toutes les émotions négatives que je ressens actuellement, je suis plutôt content d'avoir pu revoir leurs visages aussi nettement.

Et il y en a un troisième que voudrais encore plus revoir. Ma sœur, Lauryn. Peut-être parce que c'est une fille, je me suis toujours super bien entendu avec elle. Mais ce n'est pas parce qu'elle a toujours été beaucoup plus calme et souriante qu'elle était moins effrayante.


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##   Sam 21 Mar 2020 - 19:50
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- "Désolé pour le retard. T’avais besoin de moi ?"

- "Ouais, on en a une qui ne rapporte plus rien. Faut faire quelque chose avant qu’elle ne devienne un poids financier."

L’autre versant de la drogue : la prostitution. Si les hommes dealent pour pouvoir consommer, les femmes vendent leur corps. Mais après quelques années à subir ce rythme de vie, elles deviennent rapidement de moins en moins attirantes. Physiquement. Et inévitablement, leurs clients se font de moins en moins nombreux. Ce qui est évidemment un problème pour le business.

J’avance dans ces rues sombres avec Lauryn. Je la dépasse désormais d'une bonne tête bien qu'elle soit plus âgée que moi. Des filles peu vêtues sont rassemblées en divers endroits stratégiques, jusqu’à ce qu’on atteigne un squat aménagé pour ces activités de chaire. Les plus accros travaillent ici, où elles n’ont qu’à attendre que des habitués se pointent, ces derniers parlant fric directement avec les femmes du cartel qui gèrent cette partie de l’activité.

- "Hylary, vient par ici, faut qu’on parle."

Une femme, visiblement effrayée, lève la tête avant de venir dans notre direction. Une quarantaine d’année, du moins c’est ce qu’on lui donnerait, amaigrie à l’extrême, creusée, les yeux vides et les lèvres totalement desséchées, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’aucun type à la vue à peu près correcte n’ait envie de payer pour lui passer dessus. C’est avec un manque d’énergie flagrant qu’elle s’approche de nous, sans oser nous regarder.

- "Bah c’est mort là. Elle n’a plus rien de baisable. J’aurais même pas envie de me faire sucer. Hylary c’est ça ? Notre arrangement va s’arrêter là, tu sais ce que ça signifie ?"

Ses yeux se relèvent vers moi, horrifiés. Pourquoi est-ce que ce genre de regard ne me faisait absolument rien à cette époque ? Ou plutôt, pourquoi est-ce qu'il arrive à m'atteindre aujourd'hui ?

- "Non… Non, s’il vous plait, je… Je ferai tout ce que vous me direz, j’ai toujours obéit, je ne pose pas de problèmes."

Ma sœur repart déjà à ses occupations, me laissant avec l’élément faible. Son sort est déjà scellé et aucune de ses suppliques ne pouvait m'ébranler. Elle poursuit pourtant ses demandes, se laisse tomber à mes pieds, en pleurs. Je la remets debout sans aucune délicatesse et la force à me suivre jusqu’à la voiture garée un peu plus loin. J’attrape une seringue et un flacon que je tends à la femme squelette, qui s’en empare les mains tremblantes, avant de devenir encore plus pâle que ce qu’elle n’était déjà.

- "J’ai un fils. Il n’a que quatre ans. Je ne peux pas…"

- "On s’occupera de lui."

Aussi paumée qu’elle puisse paraître en ce moment, ses paroles prouvent qu’elle sait très bien ce qui l’attend. La concentration du produit qu’elle a dans les mains la tuera en quelques minutes. Peut-être même quelques secondes compte tenu de son état actuel. Son décès passera pour une overdose classique dans ces quartiers.

Est-ce qu’elle a conscience qu’elle ne peut plus échapper à ce destin ou est-ce que c’est le besoin de ressentir de nouveau les sensations liées à la drogue l’envahir ? Quoi qu’il en soit, elle n’hésite pas si longtemps avant de remplir la seringue et de s’injecter le produit dans le bras. J’attends qu’elle s’écroule, je vérifie son pouls, et ce n’est qu’une fois que je me suis assuré qu’elle ne rouvrira plus les yeux que je repars, sans m’occuper de ce nouveau corps laissé sur le pavé.


Le lendemain, je prends mon p'tit dej' près de la piscine, en grande discussion passionnée avec Lauryn, concernant le dernier film qui vient de sortir. Elle me soutient qu'il a l'air génial alors que je suis persuadé que ce n'est qu'un navet supplémentaire. Savoir séparer le boulot du perso. C'était si facile à l'époque. 


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HRP:

Tout ça, c’était normal à l’époque. Mais encore une fois, j’ai besoin d'une bonne dose d'alcool pour faire passer cette vision. J’essaie de ne rien ressentir. C’est comme ça que ça marche. Les junkies qui n’ont pas les moyens de consommer servent de main d’œuvre bon marché pour le business. Leurs gamins sont rapidement formés pour rejoindre les rangs. Les bénéfices se font principalement dans les hautes sphères de la société et par les exportations. Les utopistes qui pensent qu’en suppriment seulement les drogues on règlerait tous ces problèmes n’ont strictement rien compris à la nature humaine.

J’ai beau détester ce que je vois, sentir au fond de moi que j’ai du mal à cautionner tout ça en dépit de tous les principes qui m’ont été inculqués, je ressens toujours ce manque énorme. Peut-être parce que le principe dominant au milieu de tout ça reposait sur le très célèbre « only the strongs survive ». Alors pourquoi est-ce que cette nuit là, c’est moi qui m’en suis tiré ? Je n’ai jamais été le maillon fort de la famille. Et même si j’ai toujours tout fait pour ne pas pouvoir être relégué au rang des faibles, il ne faut pas se voiler la face. J’ai toujours été très en dessous de mes frères. Mais dans les faits… Eux ne sont plus là.

Et eux n’auraient pas fuient. Ils n’auraient jamais paniqué comme j’ai paniqué. Ils n’auraient jamais abandonné ceux qui auraient pu s’en sortir. Ceux qui auraient pu atterrir en taule. Celles qui avaient peut-être trouvé une porte de sortie. Je n’ai aucune certitude sur l’identité des survivants. Et sur celle de ceux qui ne le sont plus. Mis à part mes frères. Peut-être qu’en ce moment, les italiens ont perdu du terrain. Peut-être qu’on a repris la main. Dans trois mois, ça fera deux ans. Deux ans que cet affrontement a totalement dégénéré. Deux ans que j’ai commencé à sentir ce vide grandir en moi. Que j’ai quitté la Colombie. Sans jamais y avoir remis les pieds.

Je commence à avoir suffisamment bu pour avoir la tête qui tourne, mais ça ne m'empêche pas de continuer à boire cette bouteille. Je me suis toujours dit que je n’avais pas fait le bon choix. Que j’aurais dû rester. Me cacher le temps que ça se tasse et reprendre les rennes pour redonner à la famille sa place. Ça aurait dû être mon rôle. Je ne l’ai pas assumé. A la place, je suis tranquillement installé dans cette chambre, à vivre une vie posée. A laisser des gamins faire ce qu’ils veulent sans réagir. Parfois même à me poser des questions sur le sens de l’amour. Pendant que d’autres doivent se battre chaque jour derrière les barreaux pour garder leur dignité. Je sens mes boyaux commencer à se tordre à force de penser à ces détails.

Je dois savoir. Savoir ce qui se passe actuellement chez moi. A Cali. Qui contrôle les rues aujourd’hui ? J’ai déjà laissé beaucoup d’énergie pour mes séances souvenirs et mon crâne résonne désagréablement, mais je n’en ai rien à faire. Je me concentre comme me l’a appris Akihiko. C’est beaucoup plus délicat parce que je n’ai rien à quoi me raccrocher. Seulement l’image de ma ville natale. Les yeux fermés, je sens que je me rapproche doucement de mon objectif. Tout est encore très flou mais petit à petit, ma vision se fait plus nette.


I can't run with this weight on my back
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##   Dim 22 Mar 2020 - 13:16
Tiago Marquez

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Trois hommes sont en pleine discussion dans un grand bureau luxueux. J’ai du mal à capter ce qu’ils racontent mais je saurais reconnaître cette langue sans problème. Tout comme leurs gueules. Ce sont bien des italiens. Des liasses de billets s’échangent. Des mallettes sont sorties. Des flingues à la ceinture, cette réunion semble expéditive et tous finissent par sortir, chacun leur tour.

***

J’essaie de prendre de la hauteur. De sortir de cet endroit pour avoir un aperçu plus général de la ville, mais c'est le trou noir. L'exercice est très différent de ce que je viens de faire. Mais le simple fait d'avoir aperçu ces visages réussi à me motiver bien assez pour que je rassemble toute l'énergie dont je dispose. Ces rues, je les connais par cœur. J'ai une bonne idée de l'endroit sur lequel je dois me concentrer. Je prends une grande inspiration et de nouveau, les images se font de plus en plus précises devant mes yeux.

***

J’arrive à percevoir le quartier de nuit, celui où tous les bars se succèdent, des colombiens bien sapés accompagnés de colombiennes qui attirent l’œil. De la musique, de la vie, de la joie, des gens qui dansent quel que soit l’endroit. J’essaie de naviguer là-dedans, comme si je me trouvais dans un jeu de simulation sur ordinateur. J’arrive à me déplacer virtuellement jusque dans l’un des établissements bien connu pour ses échanges illégaux.

S’il n’est pas compliqué de comprendre que cet endroit reste un QG des trafiquants, tout a changé par rapport à mes souvenirs. Que ce soit la déco, les types qui sont installés avec un verre à la main, même le mec derrière le bar. Et pour sûr, ces gars n’ont rien de latinos.


***

J’ai du mal à maintenir ma concentration suffisamment longtemps pour en voir davantage. Mais je sens déjà la colère remonter dangereusement en moi. Comment c’est possible qu’ils ne se soient pas encore fait démonter ? Que ce soit le cartel de Medellin ou de Bogota, ils sont pourtant largement assez puissants pour virer ces putains de ritals et étendre leur influence. S’ils ne le faisaient pas jusqu’alors c’était seulement grâce à des accords tacites qui existent entre mafieux. Mais là, laisser des italiens à la tête de l’accès direct au Pacifique, ça n’a aucun sens ! Ou alors… C’est parce qu’il n’y a vraiment plus personne de chez nous pour reprendre le business.

Je sers le poing. Il y a une dernière chose que je dois savoir. Mais je manque largement d’énergie pour pouvoir recommencer. Pourtant, je veux absolument voir ce qui se passe dans les prisons de la ville. Tant pis. Ça faisait quelques temps que j’avais réussi à stopper ma consommation de cachetons (c’est que ça devient de plus en plus difficile d’en créer avec toutes leurs nouvelles mesures anti-drogues à Terrae), mais je dois savoir.

Le coin cuisine est totalement démoli. Mes plantes cramées, les meubles explosés, les anciennes bouteilles toujours éclatées au sol, je n’ai pas encore eu la motiv de nettoyer quoi que ce soit. Heureusement, les placards les plus en hauteur ont été épargnés, les stocks de pilules ont réussi à rester intacts. J’en avale une sans aucune difficulté et repart à ma place d’origine : le lit. La bouteille de Jager est désormais presque vide. Avec tout ça, les effets devraient très vite arriver.


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##   Dim 22 Mar 2020 - 13:46
Tiago Marquez

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Je sens l’énergie qui revient. Comme prévu, ma tête tourne un peu moins, mes repères reviennent, ma vision se fait plus nette et j’ai l’impression que mon cerveau est désormais capable de traiter bien plus d’informations. En revanche, mon état de nervosité est remonté d’un cran et tous les sentiments (négatifs puisqu’il n’y a à peu près que ça que je ressens en ce moment) me retombent dessus puissance dix. Tant pis, j’ai l’habitude de gérer.

Pourtant, j’ai beau faire tous les efforts que je veux, je suis cette incapable de voir quoi ce soit. A peine quelques bribes de couloirs. Des hommes. Parfois en tenues de prisonniers, parfois en tenues de matons. Et s’il m’a semblé reconnaître l’un de mes cousins dans tout ce merdier, je ne peux même pas en être sûr. Plus je réfléchis, et plus je me rends à l’évidence. Ma place n’est pas ici.

- "Je sais. Je sais bien c’que j’ai à faire."

Parler à voix haute comme si ça pouvait excuser mon comportement. Ma réaction de lâche. Ma position ici, au Japon, tellement loin de mon pays natal. Si j’avais accepté ce marché au départ, c’était seulement parce qu’on m’avait promis des supers pouvoirs. Le genre de trucs qui pourraient faire regretter à ces ritals. Leur faire payer en double leur outrage. Et aujourd’hui, ce serait facile de dire qu’avec l’éclipse et ces pouvoirs qui tournent, c’est compliqué. Mais la vérité est toute autre.

J’ai vraiment changé depuis que je suis ici. Quoi que certains puissent en penser. Le problème, c’est que j’ai l’horrible impression d’être devenir affreusement faible. Je me satisfais de plus en plus de cette solution de facilité. Cet endroit où la vie est si facile. Où la loi du plus fort n’existe plus. Du moins, pas comme je l’ai connue.

Je pourrais pourtant partir sans problèmes. Je ne suis pas prisonnier ici. Et avec le bordel monstre que fout l’éclipse ces derniers mois, ce n’en serait que plus simple de retourner en Amérique latine. Mais quand cette éventualité me traverse l’esprit, je revois leurs visages. Tous ces gens qui comptent aujourd’hui pour moi. Cet étrange attachement que ressens pour certains. Certaines.

Il y a Akkiko bien sûr, que j’ai rencontré en arrivant ici et qui n’a eu de cesses de m’aider. Ou de m’engueuler. Parfois les deux, selon les situations dans lesquelles je pouvais me foutre. Je n’avais jamais su ce que représentait ce terme de meilleur ami jusqu’à lui. Pour moi, les gens sur qui je peux compter faisaient forcément partie de la famille. Mais lui, je lui confierai ma vie sans réfléchir une seule seconde.

Mitsuki aussi. Une fille géniale, super forte, qui n’a peur de rien, et super canon avec ça. Malgré tout, je ne la vois pas seulement comme toutes ces autres filles au physique attirant. Ça va au-delà. Comme, une nouvelle forme d’amitié que je n’aurais jamais cru possible. Cette relation me rappelle presque celle que je pouvais avoir ma sœur. Une nana, qu’on voudrait par conséquent protéger et pourtant, dont on sait qu’elle est parfaitement capable de nous exploser la gueule en cas de trop grand dérapage.

Et puis il y a Elisha. Cette fille est capable de me foutre en l’air comme de me rendre incroyablement heureux. J'suis sûr qu'elle s'en rend même pas compte ! Je sais que je ferai n’importe quoi pour elle et en même temps, ça me saoul de ressentir ce genre de chose. Elle a le pouvoir de me perdre totalement. Elle pourrait me faire les pires trucs, me faire complètement péter les plombs qu’au final, de façon totalement irrationnelle, j’aurais toujours envie de la voir. De la serrer contre moi. Et beaucoup plus. Ça aussi, c'est totalement nouveau pour moi.

Je crois même que je pourrais ajouter cet emmerdeur d’Akihiko à cette liste. On a beau se prendre la tête régulièrement, je ne sais pas pourquoi, j’ai quand même l’impression que dans les moments importants, c’est un mec sur qui je peux compter. Et puis il y a aussi la petite Viviane. Une gamine, mais je m’en voudrais affreusement de l’abandonner avec tous les autres. Même si ce serait probablement mieux pour elle. Ça ne fait peut-être pas beaucoup de monde pour vous mais pour moi, c’est beaucoup plus que ce à quoi j’aurais pu m’attendre.

Tous ces étranges sentiments viennent se mêler à l’agacement précédent et commencent à former un cocktail un peu trop violent. Je me sens mal. Comme si ma poitrine cherchait à éclater. Mon cœur qui accélère encore un peu plus. Peut-être que ce ne sont que les cachets. Pourtant, j’agrippe fermement mon t-shirt d’une main, sans même savoir pourquoi. C’est plus… Un réflexe.

- "Mais je n'peux pas... J'en suis totalement incapable."

Est-ce que c'est vraiment si mal ? D'essayer de s'adapter à un nouvel environnement ? De faire un choix différent de celui qui m'était pourtant imposé à ma naissance ? Manifestement oui, parce que je sens toujours leurs jugements, de là-haut, qui continuent à m'assaillir de remords.


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##   Dim 22 Mar 2020 - 18:08
Tiago Marquez

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Je voudrais attendre que cet horrible sentiment cesse. Rester allongé sur mon lit. Mais plus les secondes passent, et plus j’ai l’impression que mon état empire. Mon rythme cardiaque accélère toujours un peu plus. Je commence à avoir des sueurs froides qui arrivent de je ne sais où. Et tout continue à s’entrechoquer dans mon esprit. Ce que je dois faire. Plus j’envisage de me barrer d’ici, plus j’ai l’impression d’avoir du mal à respirer. L’air se bloque dans ma gorge. Est-ce que je… Panique ?

Cette simple idée termine de m’écœurer de moi-même. Le mélange alcool/cachet aidant, je me lève rapidement de mon lit pour rejoindre les toilettes, où je régurgite tout le contenu de mon estomac. Mais si ce geste a habituellement un effet libérateur, le mal ne vient cette fois pas de la même source. Je ne me sens toujours pas mieux. Au contraire. A genoux devant les chiottes ma situation actuelle me dégoute de plus en plus.

Pourquoi est-ce que je ne suis pas capable d’envisager sereinement de retourner chez moi ? Parce que je sais ce que je perdrais ici. Sans avoir de certitude sur ce que je retrouverais là-bas. Je ne veux pas les perdre. Je ne pensais pas m’attacher à qui que ce soit après cet événement. Après avoir vu mes frères mourir sous mes yeux. Après cette nuit où tous ceux que j’aimais sont partis. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort hein ?! Encore des conneries !

Je serre les poings. Ma poitrine continue à me bruler. Chaque inspiration est douloureuse. Je ne veux pas les perdre. Alors pour ça, je ne veux pas partir. Comme si la peur voulait me paralyser. Mon corps commence maintenant à trembler et j’ai… Envie de pleurer. De me laisser aller. Ce n’est pas mon genre. Je lutte contre ces émotions affaiblissantes mais plus je me sens mal et plus je pense à eux.

Je me relève, ouvre le robinet pour m’asperger le visage d’eau, dernier recours pour tenter de retrouver un état stable. Mais rien ne s’arrange. J’ai l’impression que la peur, la panique, continuent à se frayer un chemin en moi. L’indécision et le dégoût de mon incapacité à agir. La honte. Toutes ces choses qui s’acharnent dans ma tête, opprimant ma cage thoracique, nouant ma gorge. Et quand je me redresse, mon visage dans le miroir n'a plus rien à voir avec celui que je me connais. Ouais, j’ai une sale gueule, ça c’est clair. Mais le plus étonnant, c’est la couleur que prennent désormais mes pupilles. Habituellement foncées, elle ont désormais viré au bleu azur.

- "Fuuck !!"

Cette nouvelle image de moi vient à bout du peu de forces que j’avais encore. Je ne peux retenir mon poing qui vient briser le verre, faisant disparaître mon reflet, avant que je ne m’écroule de nouveau au sol. Les larmes désormais incontrôlables se mêlent à l’eau que je viens de mettre sur mon visage.

La nouvelle douleur à ma main due aux multiples coupures, le sang qui s’en écoule, réussissent à tromper légèrement mon attention pour des sensations qui me sont plus connues. Je ne comprends plus rien à ce qui se passe. Je m’assois par terre, au milieu des débris de verre, je me recule jusqu’à pourvoir m’adosser contre le mur de la salle de bain. Je ramène mes genoux contre ma poitrine, à bout de forces, comme si je vivais le pire bad trip de ma vie.


The End


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