HRP : Il me fallait une BO qui soit plus sympo alors voilà : https://www.youtube.com/watch?v=XjWXKwYTohM

Tout disparaît autour de moi. Le sol se dérobe sous mes pieds alors qu'une immense prairie verdoyante apparaît à la place.

Ys n'est pas là.

Aaron est là.

Je ne comprends pas ce qu'il vient de faire.

Est-ce qu'il vient vraiment de m'enfermer là ? Dans sa greffe ?

Je sens le sang qui pulse dans mes muscles.

Est-ce qu'il a vraiment fait ça ?

Un hurlement m'échappe et je tombe sur le sol alors que les flammes embrasent le sol et se répandent sur la plaine.

-Pourquoi ?

Les larmes ne cessent de rouler sur mes joues et je me recroqueville sur moi, laissant les flammes danser autour de moi. Pourquoi est-ce qu'il m'a fait ça ?

-Laisse-moi sortir Aaron.

Je ne veux pas rester là. Tu ne peux pas me priver de ma liberté.

Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Je croyais qu'on était amis...

HRP : La chanson qui va pas du tout avec le drama du rp tu sais- (mais je l'aime trop alors je t'en veux pas :eyes:)


Ma respiration est difficile, je serre les dents alors que Mitsuki comprend où nous sommes, puis se met à hurler, tombant à genoux à quelques mètres de moi. Je garde une distance, ses flammes continuent à sévir ; un cercle d'eau autour de moi me protège momentanément de la progression des flammes. Ca ne fera qu'empirer, et je le sais. J'aimerais m'approcher pour la rassurer, mais j'peux pas, pour le coup. Trop dangereux. Je sais aussi qu'elle n'écoutera pas. Qu'elle ne voudra pas. J'inspire.

—Je peux pas te laisser sortir, Mitsu… J'suis désolé, je souffle. Tu es pas en état, tout ce que les autres Masters vont faire, c'est t'endormir, ou te forcer à te calmer avec leurs pouvoirs. C'est vraiment ce que tu veux ?

J'essaie de la protéger, mais en le faisant, je ne la protège pas non plus de moi-même. C'est à la fois terrifiant et détestable. Mais peut-être le moins dommageable.

—Laisse tout sortir. Ensuite, on rentrera. Je te jure.

Mais on peut pas te laisser empêcher les Masters de retirer ses pouvoirs à Ys, et tu le sais.

Je vois rouge. Mes yeux qui fixaient jusque là le vide devant moi se pose sur le visage d'Aaron alors qu'il reprend la parole. Non, non, NON. Je m'en fiche de ce que les autres Masters me font, tant qu'on me laisse avec Ys. Est-ce que ce n'est pas clair ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'on m'empêche d'être avec lui ?

-T'as pas le droit de me priver de ma liberté ! crachai-je.

Je grince des dents, et tape du poing sur le sol, continuant pourtant à sangloter en même temps. Pourquoi, pourquoi, POURQUOI est-ce qu'il fait ça ?! Il sait que ça va m'énerver, pourquoi POURQUOI ?!

L'intensité des flammes redouble, je ne suis de toute façon pas capable de faire quoi que ce soit d'autre que d'exploser. Alors ça explose. Parce que ça ne va pas. Et que je n'arrive plus à contenir quoi que ce soit.

-Tu me retires mes choix !!!! De quel droit est-ce que tu te permets de choisir pour moi Aaron ?! DE QUEL DROIT ?!

Furieuse, elle me hurle sa rage dessus. Je soutiens son regard autant que possible. Il faut que j'assume ce choix, que j'assume de l'avoir éloignée aussi brutalement. J'essaie de me convaincre en boucle que j'ai fait ce qu'il fallait ; que j'ai fait de mon mieux… Mon maximum. Mais une voix dans mon esprit ne fait que me cracher qu'elle a raison.

Les flammes doublent encore, je recule ; le cercle d'eau autour de moi me protège toujours, mais je contrôle peu cette affinité, même si je l'ai déjà utilisée par le passé. Ma gorge est serrée si fort que j'arrive plus à respirer. Elle pleure tellement…. Je pèse mes mots avant de parler.

—Mitsu, j'allais pas te laisser mettre le feu au bâtiment… je grimace, de la buée sur les lunettes. T'es triste et en colère, et t'en as tous les droits. Et si tu veux passer tes nerfs sur quelque chose, autant que ce soit dans un endroit où tes flammes ne feront pas de dégâts.

Je n'avance pas, lui laisse de l'espace. Inutile de lui dire qu'elle n'est pas en état de faire le moindre choix, actuellement. Je peux juste l'empêcher de blesser quelqu'un. L'empêcher de s'en vouloir plus tard.

Mettre le feu au bâtiment ? ...

Mettre... Le feu au bâtiment ?

Alors c'est comme ça ? C'est ce que les gens ont pensé que je ferais ?

Je suis triste et en colère, donc ? Bien sûr que je suis triste et en colère. Je crois en tout cas ? Mais pourquoi est-ce que je serais triste et en colère ? Pourquoi, hein ?!

Les larmes dévalent mes joues, mon regard furieux reste planté sur Aaron. A ton avis Aaron, pourquoi je suis en colère ?

Je tape du poing sur le sol et une colonne de flammes jaillit à l'endroit exact de l'impact, avant de disparaître tout aussi rapidement qu'elle est née. Je me relève et fixe Aaron avec défi, grinçant des dents.

-Et quoi ? Tu crois que j'aurais vraiment détruit le bâtiment ? Tu penses vraiment que j'aurais fait ça ? Mais bordel mais Aaron ! Vous m'empêchez d'approcher Ys, VOUS M'EMPECHEZ MEME DE LE TOUCHER ET VOUS CROYEZ QUE JE DOIS LE PRENDRE COMMENT ?!

Son coup de poing et la colonne de feu qu'il produit me fait presque sursauter. Elle n'a pas encore approché d'attaque de moi, alors je ne vais pas faire un geste... c'est un peu un instinct de survie. Immobile, comme une biche qui ne voit plus que les phares devant elle. Alors je les regarde, je la regarde, avec son air vindicatif, triste et haineux.

—Ys s'est précipité en nous hurlant de nous écarter de toi, lâché-je. Ashton et Keitaro ont sur-réagi et n'auraient pas du le plaquer au sol, c'est vrai. Mais tu as mis le feu à la porte et à la moitié de la salle : que croyais-tu qu'on allait faire ? Regarder ? (Cette fois, je commence à m'agacer.) Qu'il t'approche, que tu ailles le voir, c'est pas le problème. Le problème, c'est qu'il a essayé de tuer une élève et Akihiko, et qu'on ne sait pas à quel point il est un danger pour les autres. Pour le moment, il faut lui bloquer ses pouvoirs... il est incontrôlable, Mitsu...

Tout comme toi... Qu'est-ce qui t'arrive ? Pourquoi tu réagis pas quand on t'explique ce qu'il se passe ? L'amour que tu as pour Ys est en train de te rendre dingue.

—Tu pourras aller le voir quand ce sera fait, je conclus, les dents serrées.

Je me déteste de dire ça. Je me déteste de faire ça. Mais ça va, ça ne fera qu'une raison de plus.

"Le problème, c'est qu'il a essayé de tuer une élève et Akihiko."

Ma rage s'éteint d'un coup. Mes muscles se relâchent et je fixe Aaron avec le regard vide. Comment...? Comment peut-il dire ça ? Comment peut-il le répéter ? Ca ne peut pas être possible, Ys ne peut pas avoir fait ça. Lui qui a toujours été là pour tout le monde, lui qui est si souvent là pour moi lorsque j'ai besoin de lui...

C'est un mensonge, non ? Pourquoi me répète-t-il encore ça ?

Je m'effondre une nouvelle fois, tombant sur les fesses. Je ramène mes jambes contre moi, enfouis ma tête à l'intérieur, les larmes roulant à nouveau sur mes joues. Pourquoi, pourquoi est-ce que les gens s'entêtent à me dire des choses si horribles ? Pourquoi cherche-t-on tant à m'éloigner de lui...?

-Laisse-moi sortir, Aaron... Je t'en supplie... J'ai pas envie de rester là. Je veux sortir... gémis-je.

J'ai besoin de voir Ys. Pourquoi tu ne veux pas le comprendre...?

Elle s'effondre. Les flammes continuent à ronger l'herbe autour de nous dans un grand brasier ; d'un geste, je les éteins avec mon eau, m'approchant cette fois lentement de mon amie. Je m'accroupis pour être à sa hauteur, à une distance raisonnable. Elle commence à se calmer. A comprendre, peut être ?... je ne sais pas. C'est tellement compliqué quand on n'est plus sensitif... Pourtant, ma Greffe me renvoie des impressions floues. J'essaie de m'en détacher, parce que cette fois, je sais que je n'arriverai pas à le contrôler, comme lorsque j'ai fait venir le Titan mégalo ici.

—Je sais, je souffle. Je te laisse sortir, c'est promis. Respire...

Encore quelques minutes, le temps de voir si ses flammes vont revenir ou pas. Je lui tends la main :

—Tu veux bien prendre ma main ? J'ai besoin de te toucher pour nous faire retourner dehors. Si tu as besoin de quelques minutes supplémentaires, ça me va.

Je déteste aussi ce que j'ai lu dans ses yeux tout à l'heure.

Je n'arrive pas à savoir si je suis heureuse ou dégoûtée quand Aaron s'approche. Je lui en veux de m'avoir enfermée ici. J'ai envie de sortir, je veux retrouver Ys, je ne veux plus l'entendre parler. Et pourtant il s'approche, et il est là, il est si près. Et les flammes s'éteignent. Mes flammes s'éteignent. Les seules choses qui montraient encore que j'étais en colère disparaissent.

Et je reste là, au sol, minable petite créature sourde aux conseils de son ami. Pauvre merde.

Il me demande de prendre sa main. Mes muscles se contractent et mon coeur se serre à nouveau. Prendre sa main... Comme la main d'Ys que je n'ai pas saisi. Cette main qu'il me tendait pour qu'on sorte. Il aurait suffi que je la prenne, à cet instant-là. Il aurait suffi que je lui montre que j'étais là, et tout serait rentré dans l'ordre...

Et là, il me dit qu'il peut me laisser le temps dont j'ai besoin. Que ça lui va. Est-ce qu'il se fout de moi ? Je VEUX SORTIR ET IL ME SORT CA ?!

Je veux sortir, et c'est à MOI de prendre sa main ?

-Démerde-toi pour me faire sortir de là, crachai-je, cédant impulsivement à chacune des émotions qui me retournait.

J'inspire lentement, sentant la chaleur caractéristique de la colère monter dans ma poitrine et se répandre dans tout mon corps. Je serre les dents, je ne dis rien. C'est mérité, pas vrai ? Je ne baisse pas ma main. Je vais pas lui imposer un contact qu'elle va aussi me reprocher, au risque de me faire cramer davantage que je le suis déjà.

—Non. Quand tu seras prête, je dis fermement, mes yeux plantés dans les siens.

Et tu ne l'es visiblement pas. C'est pas à moi de faire ce pas. C'est à toi de te calmer.
Je te l'ai dit. Je te laisserai sortir quand tu seras en mesure de garder tes moyens. Si t'es encore capable de me parler comme ça, t'es encore capable de cramer la salle des Masters en rentrant quand tu constateras que Ys s'est déjà vu bloquer ses pouvoirs.

Son ton ferme me donne envie de vomir. Je peste mentalement, prenant ma tête entre mes mains. Je me retiens d'hurler de rage, mais ce serait lui donner raison, alors je le garde pour moi. Je ne suis pas prête de sortir d'ici, hein ?

Pourtant, être ici m'épuise considérablement. Je ne suis pas dans mon environnement habituel, tous mes repères sont biaisés. Rien ne va. Non, rien ne va...

Sauf que je n'ai pas envie de prendre sa main. Cette main qui me met encore plus en colère. Ils ne m'ont pas laissé reprendre la main d'Ys, pourquoi est-ce que je devrais prendre la sienne ? C'est injuste. C'est tout bonnement injuste.

Il fait semblant de me donner le choix. Il fait ça juste pour me faire culpabiliser. Parce que tant que je ne prendrais pas sa main, je ne pourrais pas partir d'ici. Comme si j'étais ici à cause de moi. Comme si j'étais responsable de cette situation.

J'enferme ma tête entre mes bras, entre mes jambes repliées, et décide de m'enfermer dans le mutisme. Je vais l'oublier. Je pourrais bien finir par l'oublier ? Comme s'il n'était pas là. Comme s'il n'existait pas. Contrôler sa colère... Il finira par s'épuiser. Il finira par nous faire partir d'ici. Lui non plus ne peut pas utiliser sa greffe indéfiniment. Je suis en colère mais je ne suis pas stupide. Je sais.

Je sais.

Ou peut-être que non, je ne sais rien.

Elle ne parle pas, elle reste bloquée sur elle-même. Mes yeux se baissent, j'essaie de ne pas inspirer trop fort pour ne pas l'agacer davantage. Elle ne m'éclate pas au visage même si elle est en colère, alors j'imagine que ça ira.

Au pire…

—Alors je vais te toucher le bras, j'annonce, las.

Puisque je dois me démerder. Ma main se pose sur son bras pour l'entourer, sans l'enserrer ; juste le temps de revenir dans la salle des Masters. Elle est presque vide. Le carnage est partiellement évité, visiblement. Il n'y a plus qu'une ou deux personnes qui aident à nettoyer. Et, forcément, il n'y a plus Ys.

Je lâche Mitsuki, m'éloigne d'elle, tire une chaise et m'assois lourdement dessus tandis que mon tatouage se résorbe. Pour nous, ça n'aura duré que cinq petites minutes, peut-être dix maximum. Ici, ça aura pris environ quinze fois plus de temps, soit environ deux heures trente.

… Au pire ce serait mérité.

Le temps s'étire, ce qui n'est pas très étonnant dans cette greffe. Alors je ne bouge plus. Je ne dis plus rien. Je reste là, enfermée sur moi-même, à attendre que ce foutu temps passe.

Aaron finit par reprendre la parole. Il m'annonce qu'il va me toucher le bras pour me faire sortir d'ici. Je suis presque surprise de ne pas le voir chercher à être le plus têtu. Mais j'accepte volontiers.

Mon coeur s'envole alors qu'il nous fait quitter cette plaine verdoyante à mourir. Nous atterrissons en salle des Masters et...

...et Ys n'est plus là. Plus personne n'est là. C'est terminé. Ils ont tout terminé. Pourquoi ?! Aaron peut contrôler le temps dans sa greffe. Il peut le gérer, en faire ce qu'il veut, pourquoi m'a-t-il imposer cette absence ?!

Je lui jette un regard plein de colère. Tremblante, j'essaie de rassembler mes forces pour me redresser sur mes jambes. Je me dirige enfin vers la porte pour sortir de cette maudite pièce. Je dois rentrer. J'ai besoin de voir Ys...

Lourdement posé sur la première chaise qui me passe sous la main, je fixe Mitsuki comprendre ce qu'il se passe. Le temps qui a passé, ou, plutôt, qu'elle n'a pas passé. Je ne détourne pas les yeux, j'accuse le coup de son regard assassin, puis la regarde partir. Keitaro, encore présent dans la pièce, me jette un regard inquiet tandis que je me passe une main fatiguée sur le visage.

—Comment ça s'est passé ?
—Rapidement.

Puis je me lève, fixant les débris de ma chemise.

—Tu pourrais me prêter un truc à me mettre ? Je préfère pas rentrer comme ça à la maison.

Pas de questions. Ne me poser surtout pas de questions. Keitaro acquiesce et me propose d'y aller de suite. Je traîne les pieds sur le chemin retour, accepte le t-shirt qu'il m'a prêté et balance la chemise calcinée dans sa poubelle.

—Merci.
—Ca va aller ?
—Nan, je fais en haussant les épaules. Mais j'vais faire avec. On se voit demain. Je te rendrai ton haut à ce moment-là.

Je lui fais un signe et m'en vais avant qu'il n'ait eu le temps d'ajouter quelque chose. Plutôt que de rentrer à la maison, je vais au bar me prendre un shot. Le barman me juge, mais je l'ignore, bois mon coup, pose le fric, et m'en vais. Bon, maintenant, faire comme si tout allait bien : mon activité préférée.