Pricie regardait les gens s'amuser dans la cour. Elle tenait contre elle son chien en peluche, seul ancrage de son enfance. Cami était malade aujourd'hui, son amie était de plus en plus malade en ce moment, des crises d'angoisses qui la clouiaent au lit. Cami était si fragile, Pricie se demandait parfois si c'était une bonne idée d'être l'amie d'une fille telle que Pricie, une fille au passé si sombre, cet attentat et tout ce que disent et font les Karasus.

L'adolescente de seize ans serra un peu plus son doudou contre elle.

 C'est fini, c'est fini Terrae s'en est occupé. Pensa Pricie pour tenter de se rassurer. Elle le savait mais pourtant il restait au moins une Karasu que personne ne soupçonnait, elle. Et à présent elle avait des pouvoirs et si elle était vraiment la clef destinée à  détruire Terrae ? Un ver dans la pomme ? Une maladie qui attaque le cœur de ce monde, de ce Terrae qu'elle avait apprise à aimer ? Peut-être devrait elle partir pour tous les protéger d'elle même ?

Pourtant elle, elle voulait rester, Terrae faisaient partis de sa famille, elle y aimait des gens et des gens l’appréciaient certains même savaient. Et ils l'appréciaient malgré cela.

La sonnerie pour rentrer en classe retentit. Pricie rangea sa petite peluche dans son sac à dos et alla en classe. Ces derniers temps, elle l'avait souvent dans son sac sûrement car les questions et les doutes revenaient en force.

Le professeur entra ainsi qu'un nouvel élève Liam Taylor … Taylor … Taylor … TAYLOR ! Pricie se sentit mal. Elle demanda si elle pouvait aller à l'infirmerie, cela fut accordé. A l'infirmerie il y avait Cami, l'amie de Pricie du même âge mais pas du tout dans la tête, Cami croyait encore au père Noël, Cami était petite, fragile, Pricie ne voulait pas l'inquiéter. Alors à la place elle courut à perdre haleine jusqu'à la cour avant de se laisser glisser au sol en larmes contre un arbre essoufflée.

Taylor, l'adolescente connaissait ce Nom. Elle n'avait que dix ans à l'époque presque onze ans, Victor son meilleur ami s'était noyé l'été dernier. Pricie frissonna, elle se rappelait. La bouée qui s'en va si loin, ses larmes, sa peur. L'enterrement. Dieu est bon qu'il accueille cet enfant en son sein.  Avaient dit les Karasus. Victor a de la chance il a rejoint les bras de Dieu. Ajoutaient ils quand elle en parlait alors elle n'en parlait plus. Elle avait commencé à voyager avec son père pour la secte, son père en était un ambassadeur. Elle se souvenait.

Pricie regarda sa main, sur son pouce un minuscule K était tatoué. Elle prit une grande inspiration et râpa fort son pouce contre l'écorce de l'arbre, elle arracha un cri, elle finit par aller à l'infirmerie. Cami dormait heureusement.

On lui demanda se qu'il s'était passé en pansant le doigt bien amoché.

« Je suis tombée. » dit elle. Menteuse et elle le savait. On ne la crut pas et on la regarda inquiets. « Je suis tombée. » répéta Pricie les larmes aux yeux. On vérifia la date de son rendez-vous chez le psychologue, elle resta silencieuse. Elle s'en moquait bien , elle elle voulait juste que les Karasus disparaissent de sa vie, y compris ce K qu'on lui avait tatoué bébé.

Je ne leur appartiens pas... plus... je ne leur appartiens plus ! Se répétait elle. Sa main lui faisait mal mais elle savait que dans cette fuite d'elle même c'était le mieux à faire. Elle rentra en classe, la professeur lui lança un regard inquiet auquel elle répondit par un sourire. Tout allait bien n'est ce pas ?

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Taylor c'était cette femme qui l'avait abordée alors qu'elle revenait d'un cours de religion avec les Karasus dans un pays où avec son père elle faisait escale : La Californie.

Elle avait posé trop de questions, chez les Karasus il ne fallait pas poser trop de questions, elle avait la lèvre en sang de la gifle reçue. Elle ne pleurait pas le visage clos, fermée elle avançait vers l'hôtel. Le professeur de religion qui l'avait giflée lui avait dit : «  Tu l'as méritée tu t'es élevée face à dieu en étant si douteuse.  C'est pour t'apprendre. » Tout ce qu'elle appris ce jour là était mentir, son père ferait un scandale au chef de la secte s'il l'apprenait, mais le chef de la secte ne ferait rien malgré tout comme la fois où on lui avait mis un traceur dans sa tête petite enfant, ( Que Terrae avait désactivé peu après son arrivée) ou l'épreuve de fidélité qui approchait.  Elle en avait des frissons, elle allait être la tête au dessus d'un seau de lait, liquide sacré pour les Karasus, et on lui poserait des questions sur la secte. Et si elle ne répondait pas bien elle boirait la tasse à plusieurs reprises.

Dieu veut ses épreuves, c'est pour mieux le servir pensait la fillette. Du moins c'est ce qu'on lui mettait en tête. Il faut mourir pour Dieu ou Dieu anéantira notre âme, c'est pour ça que les traitres ne deviennent rien après la mort qui leur est amenée et meurent sans connaître l'après heureux. C'est pour ça que les Karasus tuent les traitres. Pricie le savait du haut de ses presque onze ans elle avait déjà vu un nettoyage même si son père lui en cachait la plupart.

Pricie dix ans secoua sa tête, sa lèvre lui faisait mal. Une femme s'inquiéta de son état. «  Je me suis battue. C'est rien occupez vous de vos oignons ! » avait rétorqué la fillette. La femme avait ri dans un : «  Moi aussi j'ai un fils, les enfants c'est bagarreurs ! » Pricie dix ans l'avait regardé étonnée, cette femme venait de se faire envoyer balader et elle riait ?  Le femme lui sourit avec douceur. «  Et il est où votre fils ? » se méfia Pricie. « Il a dix ans presque onze on dirait que vous avez le même âge ! Il est à la maison ! » expliqua la femme. «  Maman elle n'est pas à la maison, elle... » dit la fillette le regard perdu. Une main se posa sur son épaule, Pricie sursauta et recula vivement. La femme rit. « Mon nom est Madame Taylor et mon fis c'est Liam et toi ? » sourit la femme. «  Pricie ! » haussa les épaules l'enfant.

Par la suite Pricie croisa plusieurs fois la mère de Liam, elle apprit à l'apprécier, cette femme qui s'attachait toujours les cheveux en une tresse. Elles se parlèrent, Pricie lui expliqua un jour : «  Tu sais moi je suis l'envoyée de Dieu je suis une clé je dois le servir ! » La femme s'alarma : «  Que dis tu ? » «  C'est les Karasus qui l'ont dit, 'Braid' c'est vrai de vrai ! » Braid était le surnom de Madame Taylor pour Pricie, il veut dire ''Tresse'' en anglais. Braid pâlit et dit : «  Pricie la blessure à ta lèvre il y a trois semaines c'était les Karasus ? » « Tu racontes n'importe quoi je me suis bagarrée ! » rétorqua l'enfant de dix ans. « Ne mens pas ! » cria la mère de Liam, elle qui ne perdait jamais son calme était au bord des larmes. « Je ne mens pas ! T'es méchante Braid ! » explosa en larmes Pricie. « Je suis désolée Pricie... » s'excusa la femme.

Une semaine passa où Pricie rencontra encore chaque jour Madame Taylor ou Braid en surnom, Madame Taylor s'inquiétait de son état chaque jour cela agaçait l'enfant, ne comprenant pas pourquoi, la fillette lui avait dit ne pas être en sucre, fâchée. Comme comprenant Braid lui avait demandé de lui montrer ses derniers poèmes et photographies de paysages. Pricie avait accepté si la maman de Liam lui racontait une histoire, la maman de Liam était douée pour inventer des histoires !

Une semaine plus tard  cela faisait un peu plus d'un mois que l'escale se faisait, le lendemain ils repartirait avec son père mais d'abord il y eut l'épreuve du seau en cours de religion. Pricie faillit se noyer dans le lait tant elle répondit à coté. C'est en larmes sur le chemin du retour qu'elle croisa la mère de Liam.

« Je peux t'emmener avec moi Pricie,  loin des Karasus, tu rencontreras mon fils, tu seras heureuse ! Il a ton âge ! » s'affola la femme. «  Quitter Papa et les Karasus mais tu racontes des bêtises graves, Braid ! » prit peur Pricie dix ans. «  Pricie écoute moi ! » tenta la femme. «  Je ne t'écouterai plus jamais ! » hurla Pricie et elle partit en courant terrifiée.

Le lendemain elle repartait avec son père de Californie sans un au-revoir pour cette adulte avec qui elle avait nouée de l'amitié, et qu'elle appelait affectueusement Braid.

Elle lui faisait peur à présent. Elle voulait l'oublier. A son anniversaire de  treize ans juste avant l'attentat elle rencontra dans le bus un garçon de son âge, elle lui parla des Karasus du bien qu'ils faisaient au monde, elle lui dit que Braid ou Madame Taylor le savait mais qu'elle en avait peur, qu'il ne fallait pas avoir peur, que les Karasus étaient là pour le bien de tous, pour apporter la protection de Dieu. Le bus s'arrêta, Pricie en descendit sans laisser le temps au garçon de répondre.

Elle partit pour le Japon quatre jours plus tard, pour l'attentat puis son entrée  à Terrae le 7 mars 2020.
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A présent à 16 ans en novembre 2023, elle avait 16 ans depuis quelques mois, et ce garçon qui arrive dans sa classe c'était un cauchemar ! On se calme c'est peut-être un autre Liam Taylor ! Pensa t'elle mais elle n'y croyait pas. Elle l'évita plus de deux semaines, tenta d'éviter ses regards quand le professeur faisait l'appel, ne lui posait aucune question, contrairement à ses camarades de classe et même contrairement à Cami revenue en cours depuis deux jours avec ses couettes, ses grands yeux et son comportement de toute petite fille. Cami ne devait pas le fréquenter pensait Pricie mais elle ne pouvait pas expliquer à son amie pourquoi et cela l'enrageait intérieurement.

Puis un jour à la cafétéria, Liam se mit en face d'elle, Pricie fit semblant de ne pas le remarquer fixant sa purée comme la plus belle merveille du monde.

Cette purée était une véritable galimafrée en d'autres termes elle n'avait rien de plaisant, elle était tout ce qu'il y a de plus liquide. Les cuisiniers devaient être fatigués. Voilà ce que se dit l'adolescente quand le jeune garçon de son âge lui dit de mettre sa tête dans sa purée.

« Enlève ta main ! » prévint Privie en fronçant les sourcils. Mais le garçon lui barrait le passage. Il la targuait qu'elle ne pouvait plus fuir. Cet air noble et altier, orgueilleux au possible de ce garçon l'énervait. Il l'énervait  tant que l'eau de son verre fut projeté sur le visage de l'adolescent quand elle leva la tête. Elle avait utilisé son don sans le faire exprès et sous la surprise fit tomber son plateau.

La purée se déversa à terre ainsi que le verre vide qui se brisa. Pricie toisa le garçon même si son cœur battait à la chamade de peur face à lui. Une cantinière amena à Pricie un balai et une serpillière. Pricie nettoya en jetant des coups d’œils réguliers à un Liam trempé qui ne partait pas.

Une fois sa bêtise réparée Pricie réclama une pomme et alla s'assoir passant devant le garçon en l'ignorant. Mas c’était sans compter sur Cami qui alla directement vers Pricie et lui murmura : «  Alors comme ça tu flirtes avec Liam ? Je croyais que ton cœur était à Minoru ? » Pricie murmura à son amie Cami plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu : «  Tu as promis de garder secret de tous le fait que j'aime Minoru ! »

Elle était si énervée qu'elle finit sa phrase à voix haute : « et je ne flirte pas avec Liam, il est chiant ! »

Devant l'agressivité de Pricie, Cami grimaça : «  Tu dois faire le paix ! »  A la manière d'une petite de six ou sept ans qu'elle était dans la tête Cami alla trouver Liam lui tendit ue serviette avec un sourire puis l'amena à la table de Pricie. Avant de dire bras croisés :  «  Maintenant faites vous un câlin de paix ! » Pricie faillit s'étouffer avec sa pomme. Cami soupira jouant à la maitresse de maternelle malgré ses seize ans et les seize ans de ses camarades :  «  D'accord d'accord ! Alors trouvez un moyen de vous réconcilier comme ça demain on pourra rejouer tous ensemble ! » Elle fit un grand sourire à Liam puis Pricie puis dit :  «  Je vais aller jouer au ballon moi dans la cour ! Je vous laisse finir de manger ! »  Cami rappela en partant levant la main en signe de sermon :   « Et faites la paix hein ! »  Cela valut quelques rires d'autres élèves mais alors que Cami partait elle et ses yeux  grands et encres et ses cheveux noirs à couettes Pricie savait que son amie Cami était on ne peut plus sérieuse.

« Cami a des soucis de santé elle ne se rend pas compte... » dit Pricie avant de baisser  la tête dans un : «  Je préférerais que tu ne l'approches pas ni que tu ne m’approches ! » Pricie soupira : «  J'aimerais que tu me laisses tranquille c'est trop demander ? » L'adolescente parlait tout autant de Liam que de son passé. Elle voulait oublier, elle leva un peu son pouce qui avait un gros pansement, elle se demanda si elle avait réussi à raper tout le tatouage, ce tatouage de K au pouce qui était sa marque affligée, sa prison. La jeune fille frissonna et baissa la main.

Le garçon était toujours là.

Sera t'il encore là aux lueurs vespérales ? Pricie soupira en pensant que ce serait dur qu'il la laisse en paix et pourtant c'est avec peur et non énervement qu'elle dit en baissant la tête : « Je veux juste que tout cela me laisse en paix. » Peut-être comprendra t'il ou pas quoi qu'il en soit elle ne lui en dit pas plus pour le moment.