Bon clairement ça n'allait pas être faisable. Zola ne voulait pas voir qui que ce soit dans cet état là. Tout se terminait de façon beaucoup trop aléatoire. C'était désagréable pour lui et sans aucun doute  pour les autres. Du coup autant attendre que ça passe. Une semaine était déjà passée comme ça alors attendre 2 ou 3 autres loin des gens ne devraient pas être un problème. Ce devrait même être plus simple.

Bon en revanche ne pas voir des gens demandait presque autant d'organisation que de ne pas en voir. Le bras lourd il tendit la main vers son portable. Il y en avait un qui l'avait plus que quiconque l'habitude de voir. Il fallait qu'il se trouve un alibi pour que ça n'éveille pas les soupçons. Si pour ça il devait se priver de la douceur de Mara il le ferait.

Il ne sut pas comment commencer son message et avec ses doigts tremblant il appuya sur envoyé. Plusieurs fois. Il pesta et jeta avec violence son téléphone dans la pièce avant d'aller le récupérer comme un débile. Bon il était un peu amoché mais avait l'air toujours fonctionnel. Il prit une grande inspiration et rédigea au final son message. Il rajouta à la suite des petits mots pour essayer de faire plus .. vrai ? Enfin bon. Il ferma son téléphone et se laissa tomber sur son lit.


Il avait oublié les smilleys. Quel con.

Mitsuki était revenue travailler.
Enfin, revenue... Disons plutôt que son fantôme hantait la salle des Masters, mais pas de bol, elle était plus aussi invisible qu'à la phase précédente. Elle avait consciencieusement évité mon regard, donc j'avais fait pareil, parce que ce n'est qu'une collègue maintenant apparemment. Ça n'a pas été trop dur pour moi, ce n'est pas moi qui évite les gens comme la peste.

Mais si je devais être honnête, j'ai moins de taff qu'avant. J'ai passé pas mal de temps à réparer des trucs ces dernières semaines, mais depuis que les voyants sont passés titans c'est plus tranquille (sûrement parce qu'on est moins nombreux) et du coup, moins de téléphones ou d'ordinateurs à retaper (par contre beaucoup de claviers, surtout les miens). Alors ouais, il y a l'enquête, mais le fait de devoir la mener à moitié dans la légalité est contraignant (j'dois avouer que ouais, je triche de temps en temps). Au moins Athéna a pu me fournir la liste de ceux à qui on fournissait les cristaux de feu, Aaron a réussi à m'orienter vers les autorités compétentes pour vérifier s'il n'y avait pas eu un vol, j'ai aussi pu lire certains dossiers de Vide, histoire de vérifier qu'on ait laissé personne de côté qui pourrait être feu. Ça avance, ça avance, mais pas suffisamment pour m'occuper (sans compter qu'Athéna voit une fois sur deux des images de Ys montant sa team au lieu des terroristes qu'on cherche, merci poto d'être une gêne même quand t'es pas là).

Et encore ça c'est le taff. Y'en a un autre qui m'évite et qui pense que je l'ai pas vu.
J'ai laissé du temps à Zola au début, parce qu'il est passé voyant, et que j'ai pas envie de lui imposer mon passé, et lui mettre sous le nez le fait que j'ai désormais la chance d'avoir le pouvoir qu'il est censé avoir. Mais je ronge mon frein. Parce qu'on court même plus ensembles, parce que je le voyais souvent avant, et que là ça commence à faire... Bizarre.
Mon portable vibre, et je fronce les sourcils en regardant mon écran.

Putain.
Mais ils vont tous me faire le coup c'est pas possible.

Citation :

De : H.
A : Y0D0G
Ok j'arriv

Je vais sûrement pas me laisser avoir une deuxième fois. Ça suffit.
Arrivé devant sa porte, je parle doucement (pas très envie de croiser Alice là tout de suite).

_ Zola, c'est moi.

Le portable de Zola a vibré assez rapidement après ses messages. Il n'a pas voulu regardé. Il s'est roulé en boule. Ca ne pouvait pas être Houston qui répondait. Ou au pire s'il répondait c'était juste un "ok à plus". OUais c'etait bien ça. Une bonne proposition c'est sûr. Ouais non ça ça lui convenait bien. Il essaya de se convaincre pendant un moment puis craqua et regarda son téléphone. Putain de merde. C'était du tout l'effet voulu.

Il regarda autour de lui. Il pouvait éventuellement s'enfuir par la fenêtre ? Le couloir c'était trop risqué. Non mais même la fenêtre ça ne le faisait pas c'était compliqué. Non non c'était pas une bonne idée. Il se leva juste pour vérouiller sa porte et revint dans son lit. Sous sa couette, immobile et silencieux.

Quand il entendit la voix de Houston il sursauta. Oh non. Oh non non non non. Il ouvre la bouche et se ravise. S'il ne dit rien surement que Houston pensera qu'il est partit. C'est la meilleure solution. Se taire et attendre. Allez Houston, va-t-en.

Un silence me répond.
Un silence pesant, horrible. Je sais qu'il est là. Où est ce qu'il pourrait être d'autre, de toutes façons ? Je laisse les secondes s'étaler, la peur montant de plus en plus. Il ne veut vraiment pas me parler ? J'ai l'impression de ne pas être dans mon droit. Il va peut-être vraiment mal... Putain, mais justement. Merde.

_ Ok je te laisse le choix, soit tu ouvres cette porte soit je la défonce, tu sais que je peux le faire. Et Athéna sera pas contente.

Je sais, c'est pas juste, la façon dont je m'y prends.
C'est égoïste, mais j'ai besoin de savoir, je refuse de le laisser tomber, surtout maintenant, pas après Alice et Mitsuki.

_ J'ai pas envie d'être là uniquement quand ça va bien...

Je me mords la lèvre et passe une main derrière mon cou.
Zola, ouvre cette porte s'il te plait...

Il l'entend parler. Il est là. Il est là à quelques mètres. C'est terrible. Il a envie de lui dire de fuir. De ne pas s'attarder là, que ce n'est pas important. Qu'il a mieux à faire. Qu'il a forcement d'autres trucs à penser .. Il relève la tête. Toujours sur son lit dans le coin de la pièce. D'ici il voit la porte. Il la regarde. Il imagine la silhouette de son ami derrière. Pourquoi lui aussi il tente. Pourquoi lui.. Pourquoi.. ?

Il ne veut pas lui ouvrir il ne veut pas non plus s'attirer des problèmes avec Athéna. Il hésite. Il se dit que peut être aller lui ouvrir pour lui dire de partir et que tout va bien ça le ferait. Oui c'est possible. Avec un bon sourire ça passera non ? Mais même ça il n'y arrive pas. Ses membres ne bougent pas. Il reste là à regarder la porte.

Son coeur se serre. Peut être que toi tu n'as pas envie de ça Houston mais Zola ne l'entend pas comme ça. Désolé. Désolé c'est ce que Zola aimerait le dire. Houston a forcement bien d'autres problèmes en tête. C'est là. Il le voit. Il ne comprend pas bien ce qu'il se passe. Juste Houston et .. Non .. S'il ne plait ne fait rien. Zola déteste ce pouvoir. Sa gorge se serre et il s'étrangle presque en voulant retenir une sorte de sanglot. Il se débat pour virer cette vision de sa tête. Il ne veut pas savoir. Il ne veut pas putain ! Ca part tout seul. Une grande langue d'eau va s'écraser sur la porte avant de retomber lourdement sur le sol.

S'il voulait être discret c'était raté. Il cacha son visage entre ses bras, entre ses genoux.

Toujours pas de réponse.
Je mords ma joue. Je sais qu'il est là, il est forcément là. Me demandez pas pourquoi, je crois que... Je sens son énergie ? Je sais qu'il est là et qu'il ne dort pas. J'ai envie d'enfoncer cette porte, mais ça n'est pas Mitsuki, il ne comprendrait pas. Pire, il pourrait le prendre comme une agression.

Je sursaute quand quelque chose vient s'abattre sur la porte, et me recule brusquement. Attendez, quoi ?! Est ce qu'il vient de... Me lancer quelque chose dessus ? Un coup- Non, c'est pas le moment ! Je regarde au sol quand quelque chose attire mon regard. De l'eau. Ok, c'était juste de l'eau. Ma gorge se serre quand je me dis que c'était peut-être volontaire, que ça m'était peut-être adressé. Tant pis, je prends le risque.

Je pose délicatement mon front sur la porte. Je respire, il faudrait pas que ma voix flanche. De peur ou de colère, peu importe.

_ Si ça fait... Trop mal, j'ai peut-être quelque chose qui pourrait aider, je dis à la porte. Mitsuki m'avait prêté un truc... C'est un prototype mais ça a marché sur moi, je peux aller te le chercher si tu veux.

Inspire. Expire.

_ Et je peux te donner un cristal de titan, si tu veux.

Je suis loin d'être le plus grand producteur de cristaux, et de loin. Ça me demande un effort intense, peut-être trop, mais je pourrais le faire.

Zola regarde l'eau se rependre sur le sol, absent. Qu'est ce qu'il fait ? Et pourquoi Houston ne part pas. Putain pourquoi il ne part pas ?! C'est pas possible ça.. Y'a pas moyen qu'il parte la .. Enfin bon c'est quand même clair qu'il n'ouvrira pas la porte quoi ? Il se mort la lèvre. Putain mais qu'est ce qu'il pouvait bien faire ?

Il tenta un mouvement. Il tenta de se rapprocher de la porte. Il se leva et posa son front contre la porte. Il ne savait pas quoi dire. Aucun mot ne venait. Houston était dernière. Il voulait qu'il lui ouvre et c'était vraiment la dernière chose que Zola désirait. Voilà. C'était juste ça qu'il fallait dire. Juste ça. Ce n'était pas compliqué. Même avec la gorge nouée c'est faisable non ?

-Houston ... C'est gentil d'être passé. Je .. T'inquiète pas ça va. Je faisais juste une sieste. C'est chargé en ce moment ahah..

Il tenta de ponctuer sa phrase avec un peu de fausse joie à la fin. Ca passait non ? S'il te plait Houston, n'insiste pas. Ca ne sert à rien. Il soupira juste un "Merci." pour les propositions et aussi parce qu'il était là et qu'il tentait. Mais non, il ne fallait pas. Ca ne servait à rien. Il avait d'autre chose à faire. Des choses plus importantes. Allez Houston va-t-en.

Mais putain mais qu'est ce qu'ils ont tous.
Pourquoi tout le monde fait comme si de rien n'était alors que ça va pas ?! Je sais, je suis le plus mal placé, je ne parle pas de ce qui me préoccupe. Non, c'est différent. Je ne refuse pas de parler, si on me le demande. Ça n'a rien à voir avec son attitude. C'est n'importe quoi.

Il me sort une excuse de merde. Ahah.
Alors voilà, je suis le mec à qui on peut sortir des mythos quand il s'inquiète ? Ça me rend malade. C'est quoi le principe, est ce que c'est moi qui ait rien compris aux relations sociales, au final ?! Est ce que j'ai raté un chapitre, est ce que je m'y prends mal ? Je serre les dents, posant le plat de ma main sur la porte -je me refuse à frapper, j'ai trop peur de ce qui pourrait se passer. Sa voix était toute proche, il se fout de ma gueule, merde.

_ A d'autres, je souffle.

Je peux difficilement caché que je suis agacé.
Arrêtez de me mentir, arrêtez de faire tous semblant.

_ Je peux aider. Laisse moi t'aider.

On dirait presque une supplication. Alors voilà où moi, j'en suis rendu.
Je recule de la porte.

_ Je vais chercher le bracelet, je reviens.

Et je fais demi-tour, me dirigeant d'un pas pressé vers ma chambre. J'ouvre la porte si rapidement que Mara fait un bond et me miaule dessus agressivement. Oui, c'est bon, ça va, j'essaye de faire quelque chose pour ton plus grand admirateur ok ? Je saisis le bracelet et fais demi-tour du même pas rapide. Je suis à nouveau devant la porte.

_ C'est encore moi.

Je vais pas te lâcher, Zola.
Défoule toi sur moi, je m'en fous, mais ne fais pas l'erreur de t'enfermer, ça suffit.

Zola écouta sans rien dire. Il se sentit plus minable que jamais. Il entendit Houston s'éloigner. Il resta écrasé contre la porte. Il se laisse glisser tout du long et se retrouve au sol. Il se retrouve assis dans l'eau. Il se sent con en plus maintenant. Putain pourquoi il est si bête .. ? Et puis qu'est ce qu'il peut faire là ? Il n'y a rien à faire en soit. Il lache sa tête en arrière et regarde le verrou de la porte. Allez. Okay. Éventuellement. Il le tourne et se décale pour être maintenant adossée au mur et laisser la possibilité à quelqu'un d'entrer. Il reprend sa position favorite : Ses genoux contre son torse, les bras tout autour et la tete caché dedans. Comme ça il ne prenait pas de place et ne voyait plus grand chose.

Houston revint. Il ne dit rien pendant plusieurs secondes puis finit par lâcher.

-C'est ouvert.

C'était lourd. Il ne voulait pas le voir. Il ne voulait pas qu'il le voit comme ça non plus. Putain. Fais chier. Houston, Va-t-en.

C'est ouvert.
Je prends une grande inspiration et hésite. Il a vraiment envie que je dégage hein ? Pourquoi je suis incapable de le faire ? Il a ouvert la porte. Il sait que j'aurai été incapable de la défoncer hein ? Je me saisis le plus délicatement possible de la poignée et l'actionne, sans la casser.

_ J'entre, je souffle.

Je n'ai pas envie de le surprendre.
Il fait sombre dans la chambre, et c'est le bordel. Pas le bordel que j'ai dans la mienne, quelque chose de bien plus chaotique, de catastrophique, quelque chose qui ne ressemble pas du tout à Zola. Quelques zébrures sur le mur m'indiquent que ça n'a pas été qu'une lame d'eau mais plusieurs, et la pièce entière baigne dans une atmosphère humide et étouffante. Je me mors la lèvre en pénétrant dans la chambre, poussant avec douceur la porte pour la refermer derrière moi.

Il était juste à côté, et je reste debout à côté de lui un instant avant de m'asseoir juste en face de lui, faisant un effort pour ne faire aucun geste brusque. Bordel. Il est recroquevillé, il n'a plus rien de cette carapace qu'il montre à tout le monde, et c'est aussi très loin du Zola susceptible que j'ai eu le malheur de blessé. J'ai envie de le prendre dans mes bras mais je reste figé, par peur de lui faire mal. Bordel, forcément il fallait que ça se passe comme ça. Alors je reste juste quelques instants, avant de souffler.

_ C'est bon. Je suis là.

C'est bon, tu peux te lâcher, tu peux te laisser aller, je vais pas partir, je vais pas te détester, je vais rien faire. Je vais même pas t'obliger à parler, je sais que tu ne voudras pas. Je penche la tête, jusqu'à ce que mon front vienne se poser doucement sur ses bras autour de ses genoux. J'ai dans l'idée que mon pouvoir ne va s'activer si je pose ma boîte crânienne sur quelque chose, du moins je l'espère.

Le contact de mon front contre sa peau me glace le sang autant qu'il me rassure. J'ai la gorge nouée mais je fais quand même l'effort de parler.

_ Pouvoir de merde hein.

Ce n'est pas vraiment une question, plus une affirmation abstraite.
Il n'y a rien à répondre, juste, ne me chasse pas tout de suite.

Il entend la porte s'ouvrir. Même avec sa tête entre ses bras il voit la lumière rentrer. Il sent l'air nouveau s’engouffrer dans ce lieu irrespirable qu'est devenu sa chambre. Pourquoi es-tu là Houston ? Qu'est que tu fais là ? Le principe de te dire qu'il ne pouvait pas venir c'était justement de ne pas te croiser. Et toi qu'est ce que tu fais ? Tu viens. Tu es là. Tu rentres même dans sa chambre alors qu'il hait chaque parcelle de son être de d'avoir ouvert. Il se déteste tellement d'être ainsi devant toi. Il aimerait que tu oublies tout ça. Que tu oublies et que tu partes. S'il te plait Houston, part.

Mais Houston ne part pas non. Au contraire, il se pose. Zola sent le poids et la chaleur de sa peau sur la sienne. Il se tend. Part Houston, je t'en supplie part... Il ne le fait toujours pas. Au contraire il parle. Zola laisse un blanc s'installer dans le noir de la chambre. Il compte ses respirations. Il veut rester calme. Si Houston doit rester, alors lui aussi il restera, tel quel. Il ne flanchera pas. Du moins pas plus.

-Le pire.

Ce pouvoir est affreux. Il revoit Ys dans la rue du restaurant. Ca le surprend. Il sert les poings. C'est suffisant. Stop. STOP. Stop .... Il prend de longues inspirations. Il essaye qu'elles soient le moins saccadées possibles. C'est compliqué. Il serre les dents. Il desserre les dents.

-Ça fait mal de tuer quelqu'un ?

On peut peut-être retrouver une part d'innocence de Zola dans ces mots si elle n'était pas massacré pas l'intention qui allait avec. Il ne bougeait pas mais pour autant toutes ses pensées lui perforaient le crâne. Tout était douloureux.

Il se laisse faire, même s'il est tendu.
C'est dur de savoir, je n'ai pas envie de le forcer. Ou si, j'ai envie d'ouvrir ces putains de volet, de fracasser la fenêtre et de lui hurler dessus jusqu'à ce qu'il en sorte quelque chose. J'aimerai me dire que c'est ce que je ferai à Mitsuki ou Ariana, mais Zola... Zola ne m'a jamais montré cette partie de lui. Il la cachait plus ou moins bien, ce n'est qu'une suite logique, mais il ne faut pas que... ça passe. Je sais plus ce que je raconte.

Il me dit que c'est le pire. Je ricane, sans que ça soit vraiment amusant.
Oui, c'est le pire. C'est celui qui me correspond après tout, comment il pourrait en être autrement ? Je n'en connais pas beaucoup qui l'ont bien supporté, la voyance a l'air d'être... Comme une malédiction, même à Terrae. Pourtant elle me manque. Improbable, mais j'ai fini par l'admettre.

Puis la question tombe. Je serre la mâchoire au point de me faire mal.
Je suis tendu, désespéré, aussi. Ça fait si mal.

- Houston, tu as déjà tué quelqu'un ?

C'est pas le moment, Mitsuki. Vraiment pas le moment. Je tente de ravaler mon souvenir, et ça aussi ça fait mal.
La réponse à la question est hurlée par la société, par le poignet froid de Michigan. Son contraire m'est montré, démontré, me revient en plein milieu de la face. Est ce que c'est dur de tuer quelqu'un. Ma gorge se serre à la place de ma mâchoire, parce qu'il faut que je répondre, ça fait trop longtemps que je suis silencieux.

_ Oui, je souffle. Oui. Et non. C'est compliqué.

Je n'ai pas bougé, mais j'ai répondu. Sincèrement, je n'ai ni éludé, ni menti.
Je me rends compte que j'ai peur.

Zola souffle. La réponse est tombée. Houston a parlé. Il l’a dit. Alors Zola. Toi qui n’a jamais vraiment tué qu’est ce que tu en penses ? Qu’est ce que tu tires de ce qu’il te dit ? Il ne dit rien. Il se contente de respirer. Il respire lentement mais surement. Il bouge légèrement la tête sur le coté. Il n’ose pas directement le voir, le regarder .. Puis finalement il se décide. Il ouvre les yeux et le regarde. La pièce est noire alors ce n’est pas comme si on pouvait y voir grand chose de toute façon. Il le regarde mais ne fait rien. Qu’est ce qu’il peut bien faire de toute façon à part se sentir vide, minable , nul et tellement d’autres choses si désagréables .. Chaque mot formulé même par la simple pensée fait mal. Ils semblent tous un peu plus tranchant les uns que les autres.

- Ce n’est pas quelques choses que l’on vit bien c’est ça ? Et puis de toute façon si on le vit bien on est un monstre ahah. Donc quoi qu’il en soit c’est mal.

Il repousse lentement Houston et se relève. Il hésite entre plusieurs action. Au final il s’adosse juste à l’étagère et soupire. Il a le cœur serré, la gorge serrée, l’estomac noué.

- Je ne ferais rien. Je suis trop gentil pour ça tu sais.

Il enfonce ses ongles dans son bras. Il ne sait pas trop ce qu’il dit. Il aimerait pouvoir ne pas parler mes les mots viennent bien avant qu’il ait pu réfléchir à quoi que ce soit. Il a peur de lui même et il ne peut rien n’y faire. Il ne peut que se subir encore et encore. Il veut retourner dormir.

-Fou moi la paix Houston. Ca va aller. Je suis juste fatigué.

Il le regarde une seconde puis abandonne et regarde le sol. Fou le camp Houston, ça vaudra mieux.

Un silence, encore.
Il ne réagit pas tout de suite, en même temps qu'est ce que vous voulez qu'il dise ? C'était nul. J'aurais juste dû dire "oui", quitte à mentir. Je sais pas à quoi il pense. J'y comprends rien. Et je comprends totalement.

Puis il se lève. Je ne le suis pas, je reste assis, au sol. Il est agité, qui ne le serait pas.
Il tire les bonnes conclusions. Une bonne chose, déjà. Il a l'air énervé, contre qui, contre quoi. J'essaye de me dire que ça n'est pas contre moi, je décide de juste... absorber cette colère, elle ne fera pas écho à la mienne, c'est différent. Et c'est complètement pareil. Il s'est posé contre l'étagère et je l'ai suivi du regard, n'ayant aucune idée de la tête que j'ai à ce moment là. Heureusement, il ne la voit sûrement pas distinctement. Il me dit qu'il ne fera rien. Parce qu'il est trop gentil pour ça. C'est prononcé avec tellement de hargne. Je me mords l'intérieur de la joue. Il parle de Ys, je sais qu'il parle de Ys, j'espère qu'il parle de Ys. Je connais ce sentiment. Je l'ai vécu. J'arrive pas à parler.

Il me dit de lui foutre la paix. Que ça va aller. Qu'il est juste fatigué.
Non tu te trompes Zola, ça va pas aller. Non, ce n'est pas juste parce que tu es fatigué, arrête de te voiler la face. Tu joues le mec innocent mais c'est pas ça, parce que des fois tu comprends mes vannes, parce que tu les relances, parce que t'es pas con, même si souvent tu joues au con. C'est pas ça, Zola.
J'ouvre la bouche, ma voix sort, pâteuse.

_ Ça n'a rien à voir avec la gentillesse. Respecter la vie c'est être humain. Et être humain c'est la meilleure façon de vivre vraiment.

Ta gueule Houston, ta gueule, pourquoi tu dis le contraire de ce que tu fais ?

_ Je... Je peux pas te laisser seul maintenant, pas avec ce genre pensées. C'est pas le genre de pensées auxquelles tu réfléchis seul.

Ma gorge est sèche, je suis toujours assis par terre. Est ce que je suis égoïste de lui demander ça ? Est ce que j'ai le droit de le pousser à en parler ? Je suis un con. Mais je peux juste pas... Le laisser. Je refuse de quitter cette chambre. Je peux pas.

Et décidement celle ci n'est pas la bonne non plus. Houston ne voudra pas partir. D'un coté le coeur de Zola se sert. Il est touché que Houston insiste autant pour rester à ses cotés et il aimerait le serrer dans ses bras, se laisser aller et lui demander pardon pour tous les précédents mots qu'il a pu avoir. Mais hélas ce n'est pas cette part de lui qui parle. L'émotion qui contrôle ses faits et gestes hurle avec rage qu'il a besoin de solitude, que Houston est de trop et que rien ne va s'arranger avec ça. Ce n'est pas un petit homme déterminé qui le fera avancer. Rien n'y changera. Peu importe ce qu'il pourra dire.

Il hoche la tête. Il comprend. Il entend. Actuellement il est humain et pourtant il ne se sent pas tant vivant. C'est difficile à croire ? Pas dans que ça à vrai dire. Il hausse les épaules. Il le regarde et soupire.

-Fait comme tu veux mais je vais prendre une douche. T'as qu'à venir me rejoindre si tu veux.

Pourquoi il a dit ça ? Il n'en a pas la moindre idée. Mais le fait est qu'il l'a dit et que pour autant ça ne lui fait ni chaud ni froid. Il enlève son t-shirt et le lance au hasard dans la pièce et se dirige vers sa douche ou il allume l'eau le temps que cela chauffe. Pff. Pourquoi était il encore là.. ?