J'accroche mon bras à celui de Misao, autant par souci d'équilibre que parce que j'en ai envie - et je pense que ça ne le dérange pas non plus, vu qu'il a esquissé plusieurs mouvements vers moi ces dernières minutes. Nous sortons du bar, et je hausse doucement les épaules à sa remarque - je note qu'il s'est bien déridé et n'hésite pas à me taquiner, les effets de l'alcool j'imagine !

"J'ai déjà goûté, quand même ! Mais pas souvent, j'avoue... Les noms des plats ne sont pas très parlants pour une novice comme moi, c'est pas très fun de passer vingt minutes sur Google avant de pouvoir commander."

Ca l'est déjà beaucoup plus d'avoir un guide plus que charmant pour m'expliquer les choses. Alors que je frissonne, le jeune homme se détache brièvement de moi pour poser sa veste sur mes épaules, et ses mains chaudes sur mes bras - je sursaute légèrement au contact, c'est que sa peau est vraiment chaude et agréable au toucher. Il ne fait pas si froid en réalité, c'est juste le temps de m'acclimater à la fraîcheur du soir comparée à la chaleur étouffante du bar que nous venons de quitter - mais je ne vais certainement pas me plaindre des attentions du brun. Un vrai gentleman !

"Ah, effectivement, je me disais bien que tu avais les mains anormalement chaudes ! Ca doit être pratique, je note de m'associer avec des Feux plus souvent quand je sors le soir..."

J'envoie un clin d'oeil à Misao. Bon, en vrai, des Feux prêts à te réchauffer en soirée, il y en a un paquet hein ! Aussi attentionnés que lui par contre, j'en suis beaucoup moins sûre. Il me parle ensuite de sa jeunesse à Tokyo, ville qu'il ne semble pas affectionner particulièrement, avant de me demander d'où je viens.

"Londres - le quartier de Camden pour être plus précise, si tu connais un peu la ville. Rien de très original, mais c'est un super coin pour la musique live !"

Je n'ai jamais su si ma famille s'était installée là pour cette raison, ou si au contraire c'est l'ambiance du quartier qui a développé en nous cet amour de la musique. Je ralentis alors que les mots du nippon me frappent finalement - avec quelques secondes de décalage, merci le rhum. Je tourne mon visage vers lui et cligne des yeux lentement. Deux fois, trois fois, alors que notre conversation précédente me revient en mémoire.

"Attends... Hideko, genre... La directrice Hideko ? C'est elle, ta soeur ?!"

Je baisse ma voix pour ne pas attirer l'attention sur nous, surtout que nous arrivons à proximité du restaurant et qu'il y a quelques clients qui fument devant la porte. Je comprends mieux pourquoi il était resté vague sur le sujet de sa famille, d'un coup !


[HRP : mdr désolée j'arrive pas du tout à faire court non plus en fait   ]

HRP : Tu vois c’est pas ma faute



—Oh, tu me rassures dans ce cas. Pose-moi tes questions si tu as besoin d'info, alors, rit-il. Tu verras, au bout d’un moment on prend l’habitude… et puis, ce qui est important dans les plats est généralement écrit.

Les serveurs ont aussi l’habitude, ils proposent des plats de plusieurs origines différentes, mais il reste quelques plats japonais forcément ; ça nécessite de pas mal expliquer au client ce dont il s’agit, puisque tout le monde ne peut pas tout connaître. Enfin, Pandora semble avoir un peu froid, alors il ne s’attarde pas sur cette histoire de nourriture et lui passe plutôt sa veste. Elle a l’air un peu surprise ; un instant, Misao se dit qu’il aurait dû lui demander si ça ne la dérangeait pas, mais elle semble plus ravie qu’autre chose. Juste surprise, quoi. Enfin, elle retombe encore une fois sur ses pattes ; comme si elle avait toujours quelque chose à répliquer avec facilité. Ca lui tire un sourire posé, qui tire en coin à son clin d’oeil.

—Je crois que les Feux sont les plus faciles à repérer dans les bars, en général.

Pas sûr que leur seule envie soit de réchauffer les jeunes femmes qu’ils croisent, cela étant ; mais il ne va pas médire de sa propre espèce, non plus, hé. Comme la discussion dévie, il s’autorise une petite confidence qui lui échappe, plus par inadvertance que par volonté de donner de la matière à Pandora… Elle viendrait donc de Camden, une ville qu’il ne connaît en effet pas du tout. Il fait “non” de la tête à cette mention, sourire aux lèvres.

—Et tu aimes la musique, j’imagine ?

Et puis d’un coup, la préfète des Sonores le dévisage, et il se demande ce qu’il a dit de si bizarrement étrange pour ça… Inquiet, il tourne aussi la tête vers elle… et ouvre grands les yeux. Ne répond pas. Puis regarde devant lui.

—Oh, regarde. Le restaurant est là. On dirait qu’il y a de la place.

Ok c’était pas son mouvement le plus SMOOTH mais il avait besoin de quelques secondes supplémentaires pour réfléchir à la question interloquée qu’elle vient de lui poser. Punaise, s’il avait pas été con, il aurait dit “non, non, c’est une autre Hideko, tu sais c’est un prénom hyper commun au Japon” mais il peut pas sortir ça maintenant, ce serait trop bizarre. Il fait quoi, il dit “oui c’est ça” ? “Oui, en fait on est même jumeaux lol mais comme elle a arrêté de vieillir y a 10 ans c’est moi l’aîné maintenant” ? “Pfffft n’importe quoi, HIDEKO ? MA SOEUR ? AHAH” ? “Non.” ?

Hmn.

Puis il jette un oeil vers Pandora, un peu gêné, mais pas fâché.

—C’est pas un secret, en réalité. C’est simplement que tout le monde réagit de cette manière, alors j’évite un peu le sujet en temps normal. Tu m’as pris de court.

Surprise. Embarras. Peur, parfois. Pourtant, il n’est pas l’autorité, et il n’en veut pas, malgré les discussions qu’ils ont pu avoir avec Hideko sur le sujet. Ce n’est pas encore le moment. Ou alors ils pensent aux vieilles rumeurs à son sujet, s’ils étaient là depuis suffisamment longtemps. Et puis, évidemment, “c’est le frère d’Hideko”… nan ; nan, il est Misao. Il est juste Misao.

Je souris alors que Misao me propose ses conseils sur la nourriture nippone. Je pourrais effectivement scanner le menu tout en lui demandant des informations supplémentaires sur les deux-tiers des plats, mais ce serait sans doute long et fastidieux.

"Oh, je compte même faire mieux que ça - je prends le pari de te faire confiance pour choisir ce qu'on va manger ! Juste... Mh, j'imagine que pour un Japonais, c'est un peu un sacrilège ce que je vais dire, mais... Le poisson cru, vraiment, j'peux pas. Les sushis, sashimis et tout ça là..."

Pareil pour la viande crue d'ailleurs - j'suis un être civilisé moi, ma nourriture, je la mange cuite ok ! Le jeune homme pose ensuite sa veste sur mes épaules, fait de son mieux pour me réchauffer de ses mains anormalement tièdes. Un sourire entendu étire mes lèvres à sa remarque sur les Feux, mais je n'ajoute rien, me contente de lui lancer un regard amusé. Effectivement, il y a neuf chances sur dix que les mecs qui draguent au bar soient de cette affinité ! Quoi qu'il n'a pas l'air fait du même bois - peut-être s'est-il assagi avec l'âge ?

Nous discutons ensuite de nos origines, Misao m'indique qu'il ne connaît pas mon quartier natal, avant de me demander si j'aime la musique. Je hoche la tête, les yeux sans doute plus brillants qu'à l'accoutumée.

"Oui. Oui, la musique, c'est... Ma grande passion, depuis toujours. J'imagine que j'étais pré-destinée à devenir Sonore, ahah."

Enfin, si je récupère mon affinité un jour. Et puis, je percute avec un temps de retard la bombe que le nippon vient de lâcher. Il me regarde, les yeux légèrement écarquillés, visiblement aussi surpris que moi d'avoir laissé échapper cette information cruciale. Et il change de sujet - de la manière la moins subtile de l'univers, je crois. Je me mords la lèvre pour ne pas rire, alors qu'il décide finalement de répondre, après quelques secondes de battement. Donc oui, c'est bien le frère de la directrice. Est-ce que ça change quelque chose? Pas vraiment. J'esquisse une légère moue en répondant.

"Désolée, j'ai un peu over réagi - c'est assez surprenant, c'est tout ! Mais je comprends que tu évites le sujet, ça doit être pénible à force. Pas de curiosité déplacée, promis ! De toute façon, là tout de suite j'suis bien plus intéressée par mon estomac qui crie famine."

Je lui souris d'un air malicieux, avant de le tirer vers l'intérieur du restaurant. Evidemment que j'ai mille et une questions en tête, mais je n'ai aucune envie de le mettre mal à l'aise et risquer de gâcher cette agréable soirée. Et de toute façon, je n'ai jamais été du genre indiscrète, je n'ai aucun souci à ravaler ma curiosité. Je rends sa veste à Misao alors qu'un serveur nous installe à une table libre en nous amenant une carte. Que je ne prends même pas la peine d'ouvrir - j'étais sérieuse en disant que je lui fais confiance pour choisir !

Il hausse un sourcil moqueur et se penche un peu vers elle.

—Me faire confiance ? C’est un peu optimiste, tu trouves pas ? (Il rit.) Noté pour le poisson cru, tout le monde ne peut pas aimer. Je comprends pourquoi tu n’as jamais trop expérimenté la cuisine nippone, du coup. Mais je te rassure, il y a plein de choses très bonnes qui sont bel et bien cuites. Est-ce que tu aimes bien le poulpe ?

Misao en profite pour continuer à en apprendre plus sur les préférences alimentaires de Pandora ; il faut dire qu’on en apprend beaucoup sur les autres de cette manière. Ce sont souvent des détails, pourtant, qui n’ont pas grande importance pour la majorité des gens ; mais c’est aussi le meilleur moyen de se rapprocher de l’autre. La culture culinaire, d’autant plus. C’est peut-être pour ça que Terrae s’efforce de servir des plats de cultures différentes, malgré la difficulté à acquérir certaines denrées…

Enfin. Il sourit tranquillement face à l’émotion qui prend Pandora, tandis qu’elle parle de la musique, de l’endroit d’où elle vient.

—C’est certain. Les pouvoirs qu’on a, ce n’est souvent pas pour rien…

Il peut aujourd’hui l’affirmer, non pas avec la certitude du scientifique, mais avec la foi du croyant. Les occurrences sont trop hautes pour que tout cela soit un hasard. Même pour lui, ce pouvoir d’invisibilité qui lui colle à la peau, bien littéralement. Il lui manque presque un peu… Cette énergie de Marionnettiste est bien étrange, pour lui.

Il sent ses joues chauffer un peu d’embarras en voyant Pandora se retenir de rire, et il fait la moue. Roh. Heureusement qu’elle se rattrape bien ! Son expression s’adoucit et il fait un geste vague de la main.

—T’inquiète pas, je me doute. Je le prends pas mal, j’ai l’habitude… Enfin, y a rien de très croustillant à savoir de toute manière, je te rassure.

Il sourit plus franchement en retour et l’invite à passer devant dans le restaurant. Elle l’entraîne plus qu’elle ne passe devant, d’ailleurs ; le Feu se laisse faire avec joie, reprend sa veste et la laisse s’installer tranquillement. Puis… Pandora le regarde, malicieuse. Il baisse les yeux vers la carte qu’elle ne touche pas, et comprend l’intention.

—Ah je vois, rit-il. Bon, viens, je te montre quelques petites choses… Est-ce que tu aimes le porc pané, l’oeuf et le riz ? Le katsudon c’est un peu la base quand on découvre la cuisine nippone, je suis obligé de te faire goûter ça. Sinon, si tu préfères les nouilles, ils en proposent en bouillon avec plusieurs viandes,…

Il lui indique malgré tout la carte, soucieux de ne pas lui imposer un plat qu’elle n’aimerait pas. Parfois, on n’a pas les mêmes envies.

—Et si tu veux goûter un peu de tout, on peut commander les deux, et je te fais goûter chez moi.

Il lui gardera une portion dans une assiette à part, comme le mec psychorigide qu’il est ; partager les germes en mangeant, c’est un peu difficile encore.

Je me joins au rire de Misao, avant de hausser légèrement un sourcil à la mention de poulpe. Alors, comment dire, rien que de visualiser la bestiole dans ma tête, ça ne me donne clairement pas envie de tester...

"Mais non, j'ai un bon feeling, je ne pense pas que tu vas tenter de m'empoisonner, haha ! Et pour le poulpe... Je n'ai jamais essayé, mais je ne sais pas si je suis prête pour ça - c'est un peu haut sur l'échelle de l'exotisme culinaire, quand même."

Déjà que je ne me suis mise au poisson (cuit) que récemment, alors on va attendre un peu avant de tenter les mollusques hein ! Nous continuons vers le restaurant tout en discutant un peu de tout et de rien - de nos origines, des pouvoirs. Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres alors que je relève les yeux vers lui.

"Ah oui, et qu'est-ce qui fait de toi un vrai Feu, tu penses ? Au-delà de ta prévenance face aux pauvres jeunes femmes frileuses, je veux dire."

Léger rire. La conversation se poursuit, jusqu'à ce que le nippon m'avoue - par accident - être le frère de notre chère et respectée directrice. La surprise passée, il m'explique avoir l'habitude des réactions un peu intenses à cette annonce. Avant d'ajouter qu'il n'y a rien de "croustillant" à savoir - mmmouiii, là j'ai un gros doute quand même !

"J'ai promis de ne pas poser de question indiscrète, aussi je vais faire semblant de te croire hein !"

J'adresse un clin d'oeil à Misao, alors que nous entrons dans le restaurant. Une fois installés, je le laisse parcourir le menu et me faire ses suggestions - j'ai confiance, je vous dis ! Je souris en hochant légèrement la tête à sa question ; va pour le katsudon, ça a l'air pas mal. Commencer par les bases, c'est très bien.

"Faisons comme ça alors ! On peut commander deux plats différents et partager - enfin, si ça te va bien sûr ? J'ai déjà mangé des nouilles et des brochettes pendant la fête de... Tanabata, je crois ? J'avais bien aimé."

Je finis tout de même par ouvrir la carte pour parcourir le menu des boissons. Mh, est-ce qu'on est sensé boire du saké avec ça ? De la bière, de l'eau ?

—Dommage, mais noté. Je pensais à des boulettes de poulpe frites, c’est moins effrayant qu’il n’y paraît, on ne sent pas la texture de la bestiole à l’intérieur.

Les takoyakis, c’est quand même très très bon ; ce serait dommage qu’elle ne goûte pas, mais il peut tout à fait le comprendre. Lui aussi a des préférences, il n’aime pas trop certains des plats européens qui peuvent leur être servis ici parfois, mais il fait des efforts pour tester de tout. Et au pire, il ne retentera pas de sitôt. Tous les trucs à la crème, par exemple, très peu pour lui. Misao préfère la crème dans les desserts…

Le chercheur hausse deux sourcils et rit de bon coeur.

—Ah, ça, je ne saurais pas dire. Je ne suis pas le plus courageux du dortoir, mais il m’est arrivé de tenter des choses inédites… Alors je ne sais pas.

Il ne s’étale pas trop sur le sujet. Il ne considère pas les attributs des Feux comme étant très enviables, mais il comprend aussi avec le temps qu’il s’agit plus d’une manière d’être que de traits de personnalités définis. Il était bien plus casse-cou dans son adolescence, et bien plus aventureux avant ; il n’aurait pas chercher à rejoindre un groupement de scientifiques, autrement. Mais ce n’est pas quelque chose qu’on dit lors d’un premier rendez-vous, alors il s’abstient. Quant à être sûr de lui et charmeur… Il se considère ferme, et sait surtout ce qu’il veut. Charmeur, pas tant que ça — avant, sans doute. Mais aujourd’hui… … Bon, peut-être un peu, il ne résiste pas à de bonnes soirées comme celles-ci.

Il hausse un sourcil moqueur et sourit en coin après la réaction de Pandora.

—Merci.

Le restaurant est encore plein, malgré l’heure. Visiblement, c’est jour de sortie pour les Terraens. Pandora lui fait confiance, alors allons-y pour le choix : il parcourt la carte avec attention.

—Donc tu connais déjà les nouilles, rit-il. Oui, ça devait être à Tanabata, je me souviens des stands qu’on avait mis en place. C’était une belle fête. Avec le katsudon, je te propose de commander des nouilles udon avec son bouillon au miso, et du… poulet, canard ? Comme tu préfères. Tu es plus bière, ou vin ?

Misao interpelle le serveur pour commander ce qu’ils ont décidé, et lui demander s’il est possible d’amener une petite assiette et un ramequin de plus à chacun pour qu’ils puissent partager sans farfouiller dans le plat l’un de l’autre. Il n’en est plus au stade où les germes le dérangent à ce point, mais il fait toujours attention. Il s’assure de ce que Pandora souhaite comme boisson pour accompagner, et finalement rend les cartes. Ils auront plus de place pour s’étaler. Misao, de son côté, joue avec le porte-baguette distraitement.

—Tu me demandais ce qui faisait que j’étais bien Feu, mais toi, qu’est-ce qui fait que tu es bien Air, alors ? la taquine-t-il.

Par la suite, le serveur ne tarde pas à revenir avec leurs boissons, puis leurs plats, qu’ils disposent sur la table. Misao prend plaisir à disposer une partie du bouillon dans un ramequin et quelques nouilles dans deux bols, dont il tend le premier à Pandora.

—Bon appétit. Tu t’en sortiras avec les baguettes ?

Un sourire amusé étire mes lèvres face à la réponse plutôt vague du brun - je n'arrive pas à déterminer s'il ne sait vraiment pas quoi répondre, ou s'il essaie simplement de paraître un peu mystérieux. Ce serait un trait bien digne d'un Feu, en fait ! Mais je dois avouer qu'il est assez différent de ceux que j'ai pu croiser - je ne suis pas sûre que j'aurais deviné son affinité si on avait joué aux devinettes... Je le taquine néanmoins avec un léger rire.

"Eh bien, pour quelqu'un qui prétend que nos affinités ne nous tombent pas dessus par hasard, tu n'es pas très convaincant !"

Nous continuons de plaisanter et discuter jusqu'à arriver au restaurant - qui est plutôt bondé, bien que le serveur nous trouve une table rapidement. Comme décidé plus tôt, je laisse Misao me guider et décider du menu de ce soir, notant tout de même mentalement les plats - c'est toujours pratique de se souvenir de ce qu'on aime ou pas, quand on découvre une cuisine étrangère.

"Mmh, canard plutôt ? Je n'ai pas l'occasion d'en manger très souvent ! Oh tiens, tu peux rajouter une portion des boulettes de poulpe dont tu parlais tout à l'heure, je me sens d'humeur aventureuse ! Au pire, ce sera pour toi si je n'aime pas..."

Il avait l'air vraiment emballé quand il en parlait, ça a attisé ma curiosité je dois dire. Puis c'est la moindre des choses de commander un plat qu'il a l'air de vraiment aimer, vu que c'est lui qui offre !

"On peut se partager une bouteille de vin avec le repas ?"

Je propose avec un sourire - je suis plutôt bière d'habitude, mais je trouve que ça se prête moins bien en accompagnement d'un repas que le vin. Une fois notre commande passée, le nippon reprend la conversation, retournant la question que je lui avais posée tout à l'heure. Je réfléchis quelques instants avant de lui répondre, assez peu convaincue.

"Eh bien, pareil, je ne sais pas trop en fait ? Autant, le côté Sonore, c'est facile. Par contre, pour ce qui est du côté Air... Plutôt calme en général, un peu dans la lune, peut-être ?"

C'est clair que notre couloir est bien plus silencieux que celui des Tonnerres, par exemple. J'essaye de penser aux similarités entre Allen et moi, qui sommes tous les deux Airs - mais au final il n'y en a pas tant que ça, du moins pas qui sautent aux yeux. Être des boulets de la communication, ça compte ?

Nos boissons et plats arrivent quelque temps plus tard, et j'observe Misao séparer les différents mets entre deux sets de bols et ramequins - je ne m'attendais pas à ce qu'on picore dans l'assiette l'un de l'autres, mais là ça frise un peu la maniaquerie. Je ne dis rien mais souris d'un air amusé - je ne voudrais pas le vexer, mais je crois que ça correspond bien à des habitudes de célibataire de longue date ! Je tends les mains par-dessus la table pour attraper les plats qu'il me tend.

"Merci ! Je vais essayer de me débrouiller avec les baguettes, on verra..."

Nous commençons à manger sans plus tarder, et je réalise bien vite que la technique des baguettes est plus compliquée à maîtriser que ce que je pensais - j'abandonne rapidement pour demander des couverts normaux au serveur. Mais en dehors de ça, le repas se passe très bien, la discussion entrecoupée de moments de silence quand nous nous concentrons sur nos plats - ce n'est pas poli de parler la bouche pleine, oh ! Une fois que tout est vide, je me laisse aller doucement contre le dossier de ma chaise, posant une main sur mon ventre alors que je garde mon verre de vin dans l'autre.

"Eh ben, c'était vraiment super bon, merci de m'avoir fait découvrir tout ça ! Je crois qu'il me faudra un peu de temps pour apprécier le poulpe - comment tu as dit que ça s'appelait, encore ? - mais le reste était délicieux."

Et j'ai retenu les noms en plus, donc je pourrai revenir seule en toute confiance !

Misao a une moue un peu gênée — comment ça, qui prétend !! Il ne peut pas lui dire pourquoi il pense être Feu, c’est un peu trop intime. Evidemment qu’il est Invisible. Evidemment que cette affinité lui est bien tombé sur le coin de la tête. Il aime prendre sa place, mais pas forcément prendre de la place ; il ne prend pas plaisir à dénigrer les autres, ni forcément à les contrôler. Il est dans l’hypercontrôle, mais de lui-même ; il aime pouvoir s’esquiver, pourtant, mais n’est pas Air. Silencieux mais pas discret, c’est surtout ça. C’est sans doute pour cette raison qu’on ne le voit pas bien Feu ; parce qu’il n’est pas timide, ni réservé, il n’est pas discret, ni trop bruyant ; il sait ce qu’il vaut et où est sa place dans l’espace. Il n’a pas besoin qu’on l’admire, il n’a pas besoin de diriger ; il est un Feu qui observe et qui étudie, qui s’efface lorsqu’il le désire — pas pour les autres, mais pour lui. Il aurait peut-être pu être Terre, s’il n’était pas un peu sanguin et avide de compétition. Et puis surtout, il est le frère d’Hideko, et la réalité, c’est sans doute qu’il était fait pour être Feu — mais pas comme elle. Au fond, c’est un Feu qui aime bien rester dans l’ombre, et c’est pour ça qu’il est devenu Solaire.

Passons au repas. Elle est ok pour les boulettes de poulpe… YES. Misao a un sourire content (les takoyakis lui provoquent vraiment cet effet-là) et il acquiesce alors. Il apprécie l’effort.

—Noté. Je suis pas sûr de réussir à finir tout ça, mais au pire je demanderai à emporter les restes et je les apporterai à mes neveux, ils aiment bien ça aussi. Et parfait pour le vin. Je te propose celui-ci du coup, conclut-il en indiquant le type de vin sur la carte.

Bon, on va croiser les doigts pour que Pandora aime ce qu’elle prend, sinon ça va vraiment être un échec ! Ce serait dommage, mais en même temps, tout le monde ne peut pas tout aimer, hein.

La conversation reprend sur des sujets plus classiques, et Misao lâche un rire.

—Bon, on va dire que ça colle bien alors. J’ai l’impression que les Airs sont plus difficiles à définir, mais justement parce qu’ils ont une personnalité assez adaptable. Pas forcément comme les Eaux, je veux dire. Les traits sont moins saillants, parce qu’ils sont aussi moins explosifs. Pour autant, je ne te verrais pas forcément Terre… mais je ne te connais pas tant que ça au final, sourit-il. C’est drôle, j’ai vraiment l’impression que c’est une histoire d’énergie et de vibration… Enfin, nous pourrons constater ça plus facilement quand ces désagréments avec les pouvoirs seront terminés.

Misao en est persuadé, cette phase étrange où les pouvoirs changent sans cesse est le signe de la fin de leurs problèmes. Il s’attendait à ce qu’il y en ait une dernière, avant cela, mais il n’est pas contre une accélération de la procédure.

L’arrivée des plats et les gestes de Misao tirent un sourire moqueur à Pandora ; il hausse un sourcil dans sa direction, sourit en coin lui aussi mais ne dit rien. Evidemment qu’il est maniaque. Tout le monde le lui dit et le répète, il a été traité pour ses TOC, même s’ils vont mieux. Mais quand même, pas manger dans la même assiette, eh, oh. C’est aussi plus poli. Le Feu profite de la galère de Pandora avec ses baguettes pour essayer de lui montrer, mais bon ils ont quand même fini par interpeller le serveur.

—C’est une histoire d’habitude, la rassure-t-il.

De son côté, il prend grand plaisir à ce repas qui lui rappelle son enfance ; Pandora ne semble pas détester, et a plutôt même paru apprécier la majorité. Si on excepte le poulpe, qu’elle a approché avec une méfiance sans pareille. Même leur bouteille de vin commence à être vide ; ils vont finir plus que bien éméché. Misao acquiesce d’un air appréciateur. Par contre, il est plein comme un oeuf.

—Avec plaisir. (C’est sincère.) Ce sont des takoyakis. Je suis content que tu aies goûté quand même, tu pourras dire que tu vaincus le poulpe.

Même si ce sont des tous petits poulpes, quoi.

—Merci pour la soirée en tout cas, c’était… inattendu, mais plaisant.

[HRP : très jolie description de Misao ce premier paragraphe !!]


Je souris quand Misao parle de ses neveux, avant d'approuver son choix de vin - de toute façon, je ne suis pas une grande connaisseuse. Nous continuons à discuter des pouvoirs en attendant que les plats arrivent. Je suis assez d'accord avec ce qu'il dit - tant mieux, après tout c'est son sujet d'études, c'est lui l'expert !

"Oui, c'est ça. Je vois un peu les Eaux et les Terres à une extrémité, les Feux et les Tonnerres à l'autre - et nous, on est plutôt au milieu, plus... Je ne sais pas, fluides ? Ca colle bien avec l'élément d'ailleurs. Je ne saurais pas exactement te dire pourquoi, mais je trouve que cette affinité me correspond bien, je ne me serais pas reconnue dans une autre. Et l'Eclipse m'a totalement donné raison d'ailleurs, ahah !"

J'espère vraiment récupérer mon pouvoir d'origine quand tout sera terminé. Je ne pensais pas qu'il me manquerait autant, mais pourtant c'est le cas - comme si j'avais perdue une partie intégrante de moi-même.

Les plats arrivent assez rapidement et nous commençons à manger, une fois que le brun a terminé de séparer nos portions. Il est assez maniéré en fait, ce serait presque mignon ! J'ai du mal avec le poulpe, mais en tout cas, le reste est vraiment bon. Le vin également, même s'il me monte un peu à la tête. Je n'en bois que rarement, j'ai déjà remarqué que ça me fait plus d'effet que les autres alcools - je sens d'ailleurs cette chaleur caractéristique qui me monte aux joues. Mais ce n'est pas désagréable.

"Takoyaki... Je vais essayer de retenir, mais c'est difficile à prononcer ! Ce n'est pas aussi élastique que je le craignais, mais c'est un peu bizarre quand même au goût... Enfin, il en restera pour tes neveux du coup, ils seront contents !"

On ne peut pas tout aimer, mais j'aurai au moins fait l'effort d'essayer. Je nous ressers de vin, vidant ce qui reste dans la bouteille dans nos deux verres, avant de sourire au commentaire de Misao.

"Plaisir partagé ! C'était quand même bien plus agréable que de passer la soirée à boire seule au bar, hein... Est-ce que tu veux prendre un dessert ? Je suis vraiment pleine, moi..."

Dans tous les sens du terme, d'ailleurs. Je pense que je serai prête à me rouler en boule et dormir comme un loir après ce dernier verre ! C'est dans ces moments que je regrette de ne pas être Téléporteuse - la marche jusqu'à l'institut va être longue.

Hrp : ahaha t’es trop chou J’avoue j’étais contente en l’écrivant !!



Misao lâche un sourire en entendant les hypothèses de Pandora ; il est vrai qu’il perçoit un peu les Airs de cette façon aussi. Ce n’est pas qu’ils n’ont pas de personnalité, mais ils sont adaptables. Différemment. Il aime bien entendre les gens parler de leur magie de cette manière, de la manière dont ils se reconnaissent dans leur élément. Peut-être que l’Eclipse n’était pas un bug, au fond, et qu’elle servait quelque chose de plus grand, tout comme ces pouvoirs servent peut-être quelque chose de plus grand encore. Misao n’est pas croyant, bien qu’il s’interroge souvent sur le sens de la vie, et ce que l’on peut attendre de soi. Et au fond… eux qui se plaignaient tant de leurs pouvoirs, parfois, ou n’y voyaient plus la magie, ils étaient forcés de la reconnaître à présent. Même les fondements biologiques de leur magie s’en trouve modifiée. Mais lorsque le bug est à l’échelle cosmique, c’est l’énergie elle-même des Terraens qui est modifiée. Il ne serait pas surpris de constater des différences infimes dans les champs d’émission d’énergie des Terraens en période d’Eclipse ; mais il n’a pas le matériel nécessaire, malheureusement.

—Je veux bien te croire, rit-il. Je vois un peu le continuum de la même manière…

Avec quelques nuances, évidemment, mais l’idée est là.

Le repas se passe sans grand événement ; c’est calme, c’est plaisant. Il reste encore du vin à terminer, et ils sont tous les deux pétés. Quel enfer. Misao rit.

—Oui, je leur apporterai demain. Ils me feront la fête je crois.

Daisuke va encore faire le gros malin et faire “WOAH TROP BIEN OH WOAH TONTON QUAND EST-CE QU’ON SORT FAIRE DES TRUCS DE NOUVEAU ET REGARDE JE TESTE MON NOUVEAU POUVOIR LOL C’EST DROLE HEIN” pendant qu’Hideko lui beugle dessus en arrière-plan. A se demander pourquoi il est Feu et pas Tonnerre, hein.

—Oh, non, vraiment j’ai assez mangé ! Je saurais plus où mettre une bouchée de plus, honnêtement.

Enfin, au moins elle a passé une bonne soirée, c’est ça le plus important. Il sourit encore, se détend progressivement. Le vin diminue dans leurs verres, et vient finalement le temps de partir. Tranquillement, Misao demande à Pandora si elle veut s’en aller, et après avoir eu son accord, il se lève pour aller payer au comptoir. Lorsqu’il revient, il s’arrête près de la table, récupère sa veste et la tend à nouveau à Pandora, au cas où elle souhaite le reprendre. Lui n’est plus Feu depuis au moins le milieu du repas ; il a du mal à reconnaître l’énergie, mais perçoit vaguement que c’est froid. Tant mieux ; ça l’aidera sûrement aussi à lutter contre la fraîcheur de l’air extérieur.

—Si tu as envie de la mettre. Je te raccompagne jusqu'à l'institut ? Tu as l’air fatiguée.

Eméchée, surtout. Il s’en voudrait de la laisser seule en pleine nuit.

Le repas se passe bien, on mange, on discute - on boit aussi, un peu trop, une bouteille de vin entière après nos verres au bar, c'était peut-être un peu optimiste. Mais je passe un bon moment et lui aussi, je crois. Je ris doucement quand Misao confirme qu'il apportera les restes de boulettes de poulpe à ses neveux - je serais presque curieuse de le voir interagir avec des enfants, je l'imagine assez bien en tonton sans autorité qui se fait déborder par les gamins haha.

"Pareil ! Eh bien c'est dommage, ça veut dire qu'il faudra revenir une autre fois pour tester les desserts, du coup..."

Je relève les yeux vers le brun et lui envoie un sourire innocent. Est-ce que c'est une proposition ? Je ne sais pas, oui peut-être. J'aimerais le revoir, je crois. Ou c'est peut-être juste le vin qui parle, mais j'ai vraiment passé un bon moment en sa compagnie. Et en plus, il m'invite - il a déjà payé nos consommations au bar, j'ai un peu l'impression de profiter là ! Mais en même temps c'est agréable de se faire inviter, ça ne m'est pas arrivé très souvent - et pas depuis longtemps.

Une fois la note réglée, Misao revient vers moi et me tend sa veste en proposant de me raccompagner à l'institut. Gentleman jusqu'au bout décidément ! Je prends la veste avec un sourire tout en me levant, la pose sur mes épaules sans l'enfiler.

"Merci... Et je veux bien, le vin ne me réussit pas trop je crois, j'ai un petit coup de barre là. Ca me rappelle à chaque fois pourquoi je n'en bois pas souvent..."

La bière et les alcools forts me mettent dans l'ambiance - le vin me donne surtout envie de dormir, pas super en soirée. Nous sortons du restaurant, je me rapproche du jeune homme presqu'instinctivement et passe mon bras autour du sien. J'suis bien là, j'ai un peu l'impression de flotter. Nous discutons un peu en marchant avant de laisser le silence s'installer progressivement - mais ça ne me dérange pas, je suis à moitié en train de rêver éveillée de toute façon. Arrivés à l'institut, nous prenons les escaliers jusqu'au 2e étage - l'étage des Feux. C'est ici qu'on se sépare, j'imagine, je ne vais pas le faire monter jusqu'au 4e pour redescendre juste après. Je m'arrête donc et me détache doucement du nippon en lui rendant sa veste, un léger sourire sur les lèvres.

"En fait, c'est moi qui t'ai raccompagné plutôt ! Mais ne te dérange pas, j'vais prendre l'ascenseur pour le reste du trajet, ça ira... Merci encore. Pour les verres, le resto... Toute la soirée, en fait. Bonne nuit, Misao."

Je me lève sur le pointe des pieds et dépose un léger baiser au coin de ses lèvres. Parce que le vin. Et parce que j'en ai envie aussi. Dans un dernier sourire, je tourne les talons pour rejoindre les cages d'ascenseur, agitant vaguement la main derrière moi en signe d'au revoir.

—Une autre fois alors, dans ce cas.

La proposition est tentante, ça faisait longtemps que Misao n’avait pas oublié… eh bien, littéralement tous les problèmes qui leur tombaient dessus année après année à Terrae. Alors réitérer des soirées comme celles-ci… Sans pression, juste à se laisser porter, rire un peu, faire connaissance. C’est ce qu’il apprécie le plus, finalement. Et même s’il ne se passe jamais rien entre eux, Misao espère surtout qu’ils pourront profiter d’autres moments agréables comme ceux-ci.

Bientôt, ils sortent. Misao laisse Pandora s’accrocher à lui, à la fois heureux et un peu gêné, mais le contact n’est pas malvenu. Plutôt agréable.

—Le vin tape un peu, c’est vrai, rit-il. On va faire en sorte d’arriver à bon port, je suis un peu cassé aussi.

Tranquillement. La route est paisible, ils échangent quelques plaisanteries, puis plus grand-chose. Une fois au couloir des Feux, Misao récupère sa veste et sourit aux paroles de la jeune femme.

—Merci de m’avoir raccompagné dans ce cas, s’amuse-t-il, avant de se figer et se sentir s’empourprer vaguement au baiser au coin de ses lèvres.

Pandora lui lance un dernier sourire, et il y répond finalement, confus mais heureux, glissant une main dans sa poche.

—Bonne nuit Pandora. Ne te perds pas dans l’ascenseur, hein.

Et au plaisir.