BON je me suis lancée.

Je me suis emballée.

Je me suis dit qu'il fallait que j'aille parler à Akira.

Nan mais parce que j'avais dit l'autre jour à Ys que je le ferais. Même s'il avait pas l'air trop d'accord. Et même si je ne lui ai pas dit que j'allais le faire aujourd'hui du coup. Nan mais en même temps il me fait trop de peine à être privé de mission et de quasiment toute sortie à cause de ça aussi là ! Et comme j'peux pas aller voir Hideko, bah j'peux aller voir Akira pour lui remonter les bretelles en lui disant de se tenir correctement. Ou j'peux même lui dire d'aller, lui, voir Hideko pour qu'il demande à faire retirer la sanction qui pèse sur les épaules d'Ys. OU- nan allez c'est bon les idées à la con-

Marchant d'un pas déterminé, prête à engueuler Akira -nan mais si, j'ai fait que penser à Ys pendant le trajet et ça me rend ouf que ce mec ait autant de chance, il mérite pas autant de chance, il est ouf, il casse toujours tout, et même si Ys dit que c'est pas un mauvais bougre, j'ai décidé que c'était quand même un mauvais bougre pour moi - j'arrivai dans le couloir des Feux. Me penchant sur les écriteaux placés sur chacune des portes, je fis le tour du couloir avant d'enfin arriver à la porte que je recherchais.

Pleine d'entrain, je commençai à frapper à la porte. Une fois. Deux fois. Trois fois. Dîtes-moi qu'il se fout de ma gueule et qu'il refuse juste de m'ouvrir là. NAN MAIS PAR CONTRE ON REFUSE PAS DE M'OUVRIR A MOI EN FAIT OMG.

Je me mis à tambouriner sur la porte, hurlant à travers la serrure :

-Ouvre-moiiiiii arrête de te planquer !!!!

Sauf s'il est pas là en fait. Il est peut-être pas là. Putain la honte s'il est pas là. Boarf, au pire j'connais personne chez les Feux, personne me reconnaîtra.

Ou peut-être Adonis.

Ou peut-être Arash.

Ouais, ok, ferme ta gueule Mitsu.

J'arrêtai de frapper pour me coller dos à la porte, fixant le plafond en sifflotant. Non c'est pas moi.

Dehors le froid régnait, la température dépassait timidement le zéro degré, et les grands nuages gris donnait l'impression que la nuit allait tomber au beau milieu de l'après midi.

Akira était là, il vagabondait autour de Terrae, avec son petit chat au pelage gris tigré. Il faisait souvent ce genre de sortie pour son animal, car avant d'être domestiqué, celui-ci vivait dehors et pouvait gambader où il le voulait, quand il le voulait.
Enfermer ce chat dans la chambre du blond l'aurait sans doute rendu triste, alors il lui faisait prendre l'air dès qu'il le pouvait.

– Aller on rentre Yuki. Souffla Akira en créant cette petit brume blanche avec l'air chaud qui s'échappait de sa bouche.

Mais le petit félin ne bougea pas d'un centimètre et se contenta de miauler en regardant son maître avec ses grands yeux verts.

– Pff... j'ai oublié qu't'étais con comme chat.

Akira alla donc récupérer son chat par lui-même, le cajola d'une caresse, puis se retourna vers l'institut pour rentrer.

Capuche de son sweat sur la tête et les pieds rasant le sol, le blond monta comme d'habitude au deuxième étage et tourna à droite pour se rendre dans la partie Feu. Le chemin se faisait instinctivement, pourtant un détail vint le stopper.
Il vit une demoiselle à la chevelure blanche assise fond du couloir et adossée contre une porte, sa porte. A cause de cette chevelure blanche, il cru voir Leya. Alors il s'approcha d'elle, un sourire doux sur les lèvres.

Quand tout à coup, il remarqua que cette fille n'était pas celle qu'il espérait. Ses cheveux étaient certes blancs, mais raide et plus sauvages, ses formes quant à elles étaient plus athlétiques. Dès que leurs regards se croisèrent, le sourire d'Akira se transforma en une grimace...
Certes, ces deux là ne s'étaient jamais causés auparavant, mais le garçon savait très bien à qui il avait affaire.

Ils se regardèrent donc plusieurs secondes dans les yeux, avant qu'Akira ne se mette à brailler dans le couloir :

– Heh les gars qui m'a commandé une prostituée là ? C'est cool d'vot' part, 'fallait pas ! Vous l'avez payé en avance au moins ?

Quand vous avez un Master devant votre porte, ce n'est jamais bon signe... donc autant commencé les choses sur une belle méprise.

Le temps passa lentement. Trop lentement. Mais à partir de l'instant où j'ai réalisé qu'il n'était pas là, j'ai décidé d'attendre qu'il revienne. Nan mais hé. Oh. On sait jamais. Et puis il va bien revenir chez lui un jour non ? Il va pas rester en dehors de sa chambre toute sa vie. Il ressemble pas encore à un clochard, ça devrait le faire.

Après quinze bonnes minutes, je décidai de me laisser tomber sur le sol, le dos toujours contre la porte. Je rejetai ma tête en arrière, fixant le plafond. Est-ce que j'avais raison de rester ici ? Hum... Oui. J'avais envie de savoir quel genre de type était Akira. Ys sacrifiait littéralement sa vie pour lui : est-ce qu'au moins ce mec en avait conscience ? Tss. Si personne ne le lui disait, c'était sûr qu'il ne devait rien savoir. Ys avait dû simplement lui dire "J'suis responsable de toi maintenant, fais pas le con !" et c'est tout. Et encore. Ca se trouve, même ça il ne le sait pas.

Je finis par entendre des bruits dans le couloir et je me relevai immédiatement. Fixant le bout du couloir, croisant les doigts pour que ce soit Akira qui apparaisse, je clignai plusieurs fois des yeux avant de voir apparaître une tête blonde. Un sourire de victoire commença à se dessiner sur mes lèvres, sourire qui se résorba bien rapidement quand il prit la parole. Espèce. De gros. Con.

Je dus me retenir pour ne pas m'approcher de lui et lui en coller une. Prenant sur moi, serrant mes poings dans mon dos, je relevai le regard vers lui, un laaarge sourire tremblant sur les lèvres.

-Bonjour Akira, moi c'est Mitsuki, comment vas-tu ?

J'agitai une main nerveuse en face de moi.

-Je crois que tu te méprends, je ne suis pas du tout ce genre de personne, je suis une Master ici. Je vis avec Ys, tu as sûrement déjà dû entendre parler de moi, non.

Je ravalai ma salive. Putain, c'que c'est dur de rester sympa avec un boulet pareil, omg !

-D'ailleurs, en parlant d'Ys, je venais justement te voir pour parler de lui. Tu m'accordes quelques instants ?

Non mon sourire n'est pas tremblant. C'est faux. Reste concentrée Mitsu, ne lâche rien surtout !

Oh putain j'vais m'le faire avant la fin de l'entretien.

La mimique d'Akira devint celle d'un garçon bien dépité...
Depuis quand demandait-on "comment ça va" à la personne qui venait de te prendre pour une pute ?

Akira, qui s'attendait à une impulsivité un peu plus "explosive" de la part d'une Tonnerre, fut bien déçu sur le coup.

– Je sais déjà qui t'es...
Il faudrait être bouché pour ne pas avoir entendu parlé de Mitsuki "la superbe Master Tonnerre" ; "l'immortelle" ; celle qui "s'envoie en l'air avec un missile" !
Un grand geste accompagna chacun de ces titres, un bon moyen d'ajouter du ridicule aux exploits de la demoiselle.

"Pfff tu parles ! C'est juste une putain de suicidaire..."
Le jeune homme garda cette belle pensée pour lui, car Mitsuki vint directement lui donner la raison de sa visite : Ys.
Akira fronça les sourcils et lui répondit alors :

– J'suis pas sûr d'avoir l'temps pour ces conneries tu v...

Tandis que le blond causait, une porte s'ouvrit juste à sa gauche. De cette chambre, en sortit la tête d'un étudiant, celui-ci coupa la conversation et échangea un regard avec Akira avant de se prononcer :

– Akira...
– Quoi ?
– Ta gueule.

VLAM...
Sur ces mots l’inconnu claqua sa porte et laissa le silence se poser. Et ce fût à l'instant où Akira allait reprendre la parole qu'on entendit une voix un peu caverneuse, venant de derrière une autre porte un peu plus loin.

– Ouais ta gueule Akira !

Akira se pinça le haut de l'arrête du nez et tenta de garder son calme.

– Y'a plus d'respect dans c'te putain de bahut. Grommela-t-il.

Il n'ajouta rien de plus, il sortit ses clés et écarta Mitsuki de son chemin en lui mettant un petit coup d'épaule. Il ouvra ensuite la porte de sa chambre, se déchaussa et entra.

– Aller amène-toi.

Une façon à lui d'inviter Mitsuki à entrer.


La chambre d'Akira était plutôt banale. Il y avait un lit, un bureau avec un ordinateur portable, une bibliothèque et une télévision. Les murs étaient peints de blanc, pourtant la pièce ne paraissait pas inanimée. Les murs étaient décorés de quelques tableaux et bidules au style bien japonais, comme un katana, ou un grand éventail... Avec les meubles et les rideaux, ils apportaient de la couleur à l’ensemble.

Ce qu'on pouvait aussi remarquer ici, c'est que tout était à sa place. Rien n'était laissé au hasard, chaque chose était à sa place. Très peu de gens savaient qu'Akira était un gros maniaque du rangement et de la propreté.
D'ailleurs, à peine Mitsuki eut posé son pied dans sa chambre qu'il la fusilla du regard en disant :

– Tes chaussures...

Oh putain. C'est quoi son problème à ce mec sans déconner ?! Mais il se paie ma tête en plus !! Je sais qui t'es et gnagnagna mais ta mère ! De quel droit t'ose me parler comme ça en fait ?! J'suis pas ta pote, tu me dois un minimum de respect ! Waaah j'vais me le faire !

Je n'eus pas le temps de prendre la parole que ses voisins de palier intervinrent pour lui faire fermer son clapet. Merci. Ouais. Merci, vraiment. P'tit con. C'est vraiment une ordure en fait ? Et Ys qui me dit de ne pas le juger trop vite, déso pas déso, mais après m'avoir traité de pute il m'a juste fait passer pour une conne en fait.

Il s'approcha de sa porte de chambre après s'être plaint et me donna un coup d'épaule pour dégager le passage. Et "pardon" tu connais pas ?! Waaaaah ZEN MITSU.

Ca va le faire. Ca va le faiiiire- mdr non.

J'entrai derrière lui, bien décidé à lui en foutre plein la gueule, quand il me fit la remarque sur mes chaussures. MAIS IL EST SERIEUX. C'est un délire de Feu d'être maniaque ou quoi ?! Mais SANS DECONNER. TU PEUX PAS ETRE PLUS POLI.

-J'apprécierais que tu me parles sur un autre ton, j'suis certainement pas venu ici pour me taper ta mauvaise humeur, alors tu fais un effort si tu veux pas que ça dégénère.

NAN MAIS SERIEUX.  

-Est-ce que tu vois Ys régulièrement ? T'es au courant de ce qu'il a fait pour toi au moins ?

Allez, rentrons directement dans le vif du sujet pour que ça passe plus vite et que je me taille d'ici le plus rapidement possible. Parce que putain, sans déconner, c'est vraiment un con.

Pourquoi je déteste tous les Feux que je rencontre en vrai ? Déjà Hideko j'avais du mal au début, maintenant j'ai fait l'effort. Ensuite Misao. Maintenant ça va mieux ? J'sais pas en fait. Arash, qui m'a juste donné envie de lui en coller une avec ses airs supérieurs. Maintenant Akira. En fait, la question est plutôt la suivante : quelle est l'utilité des Feux dans cet Institut ? Sans déconner !!! A quoi ils servent vraiment ?!

On respiiiiiiire. Il doit bien y avoir au moins un ou deux feux qui sont pas si cons que ça... Au moins un...

Akira donnait l'air d'ignorer Mitsuki lorsque celle-ci lui demandait de faire un effort. On le voyait qui faisait son train-train habituel, comme faire sortir son chaton de la grande poche de son sweat, et aller ranger les quelques papiers qui traînaient sur son bureau.
Il continuait sa petite routine quoi... mais avec quelqu'un qui braillait derrière.

Et ce fut tout en triant son petit bazar qu'il répondit sur un ton bien monocorde :

– Il ne te cache rien, on dirait.
C'était la base d'un couple apparemment...

A présent, en comptant Hideko, ils étaient 4 à connaître l’existence ce "contrat" qui liaient Ys et Akira. Avec Mitsuki dans le lot, Akira craignait que l'info ne s'ébruite. Et même si Akira avait confiance en Ys, et Ys confiance en sa moitié, ce n'était pas le cas d'Akira envers celle-ci.
Le blond c'était déjà mis assez la pression comme ça avec cette histoire, il ne voulait donc pas que Mitsuki en rajoute.

Akira retira alors une enveloppe de son lot de papier, et fit proprement un tas avant de se retourner vers son "invitée surprise". Il plongea ensuite ses mains dans les poches arrières de son jeans et s'avança vers elle.
Il voulait qu'elle s'exprime, qu'elle lui montre ce qu'elle ressentait, qu'elle arrête d'utiliser cette pseudo-politesse qui ne lui va pas du tout... Et pour cela, il devait la défier.

– Il a quel âge ton mec déjà..?

Le temps que cette question monte au cerveau de la Master, le plat de la main d'Akira vint brusquement claquer près de la tête de Mitsuki; sur le mur contre lequel elle était appuyée.

– Largement celui d’assumer ses conneries j'pense !

L'iris teinté d'un rouge sang du blond vint se planter dans les celui de la demoiselle. Akira connaissait Ys assez bien pour savoir qu'il n'enverrais jamais sa compagne lui parler de ça, alors...

– T'es venu me foutre la pression c'est ça ? Crois moi, t'es bien la dernière personne qui peut le faire. Tu veux quoi? Que j'crame un truc maintenant et que ton mec finisse à la rue avec moi ?

Non il me cache rien. Enfin, si, parfois, faut que je lui tire les vers du nez quand il sait que c'est quelque chose qui pourrait m'énerver. Mais même, omg, d'où il se permet de JUGER ENCORE ?! MAIS C'EST UN TRUC DE DINGUE, IL SE PREND POUR UN ROI OU QUOI ?!

Je grinçai des dents, continuant à le fixer sans sourciller. Il fit volte-face après avoir fait son maniaque et commença à s'approcher de moi avec un air sûr de lui. J'arquai un sourcil suite à sa question. En quoi l'âge d'Ys l'intéressait, au juste ?

Avant que je n'aie le temps de répondre, il plaqua sa main à plat à côté de mon visage, contre le mur. Mes yeux restèrent ancrés dans les siens, teintés de rouge sang. Quand je pense que ce mec avait déjà tué auparavant. Et ici même, à Terrae. Comment cela avait-il pu être accepté aussi facilement ? Je n'en revenais pas. La simple sanction qui avait été prononcée était... Une suppression des pouvoirs. Waouh, c'est vrai que je me sentais vachement mieux maintenant. Nan mais parce qu'un mec qui tue les autres va forcément arrêter de le faire s'il n'a plus de pouvoir.

Sa réflexion me fit tiquer. Je serrai mes poings, contenant ma rage. Connard. T'approche même pas de moi en fait.

-Oui bah oui bien sûr, je suis venue exactement pour ça, mais c'est que tu es perspicace dis donc !

Un sourire mauvais étira le coin de mes lèvres et je levai le bras pour dégager sa main du côté de mon visage.

-Je ne t'ai certainement pas autorisé à m'approcher de la sorte. Le respect est vraiment une notion vague pour toi, à ce que je vois. Est-ce que tu traites réellement les étrangers tout le temps de la même manière ?

Je le fixai avec dédain, retenant avec peine mon venin.

-La raison pour laquelle je suis venue, c'était pour voir si tu avais au moins conscience des sacrifices qu'Ys avait fait pour toi. Je comprends même pas comment tu peux continuer à agir comme un gros con alors que des personnes se sacrifient littéralement pour toi. Tu n'es même pas reconnaissant ? Ou alors tu continues juste à faire le con parce que t'as peur d'éprouver des choses ? T'as vraiment un problème mec.

Le blond laissa échapper un petit ricanement.
Mitsuki n'avait peur de rien, pas même d'une fâcheuse manie bien connue d'Akira : celle de vouloir prouver ce dont il était capable. Car oui, c'est sans aucun regret qu'il aurait pu foutre le feu à sa propre chambre ; tout ça rien que pour mettre la Master en galère. Cependant, l'enjeu était trop important, à présent ses conneries comptaient pour deux responsables.
Akira devait ignorer cette conscience  qui lui  répétais : "Fais-le !"

– J'te rassure, tu reçois le même traitement que les autres.

En réalité, il se montrait encore plus désagréable envers les Masters, mais ça il ne le gardera pour lui.

– Mon seul problème est là devant moi... Dit-il en approchant sa main du visage de Mitsuki. Celle qui s'pointe devant ma porte en croyant qu'j'en n'ai rien à battre de ma vie.

Sa main ne fit que frôler son but : sa joue. A la place, il leva l'index devant lui comme pour montrer qu'il n'avait pas fini de parler. Toucher cette meuf aurait été une mauvaise idée, cela aurait été comme mettre les doigts dans une prise électrique en espérant que le courant n'y passe pas.

– J'n'en ai pas l'air, mais j'ai des principes tu sais... Il lui fit un sourire charmeur, mais surtout provocateur. Comme celui de ne rien devoir à personne.

Pourtant, il devait bien quelque chose à Ys. Et c'est pour cette raison qu'il s'était retenu d'user son pouvoir lorsqu'il avait enragé de perdre contre Arash.

Le japonais ne lâcha cependant pas ce sourire provocateur qu'il adressait à son invitée. Il laissa à celle-ci le temps de réagir, espérant la voir enrager.

Puis il ajouta :

Et c'est pour ça que j'me casse...

Sa mimique changea totalement. Akira fronça les sourcils et afficha un air plus sérieux tout à coup. Il montra alors l'enveloppe qu'il avait mit plus tôt dans la poche arrière de son jeans ; trois magnifiques kanjis étaient écrits dessus et ils signifiaient : "Lettre de démission".

Le même traitement que les autres. Mais génial. Et ce genre de comportement est réellement accepté ici ? Nan mais j'veux bien que Terrae ouvre la possibilité à chacun de se retrouver, en prenant son temps, chacun allant à son allure. Mais y'a un moment, faut arrêter de se foutre de ma gueule : ce mec a VRAIMENT prévu d'arrêter d'être un con ? A quel moment il réfléchit ? Il se rend compte au moins de la putain de chance qu'il a d'être ici ?! Il me rend dingue. Comment peut-on être aussi stupide ?!

Il approcha sa main de mon visage et je commençai à voir rouge. Tu dépasses les bornes là mon grand. Il va falloir que tu redescendes, parce que là j'vais t'électrocuter et le problème sera réglé. Tu resteras ici, allongé dans ta chambre, et l'odeur des chairs qui se décomposent finiront par attirer l'attention : on t'enterrera (peut-être) et tout ira mieux pour tout le monde.

JE suis ton problème ?! Mes yeux virèrent instantanément au doré alors que je m'apprêtai à saisir sa main à l'instant où il allait poser ses doigts sur ma joue, me voyant déjà lui bloquer son bras dans le dos, le plaquant contre le mur, à ma place.

Mais il ne me toucha pas. Sans pourtant perdre son sourire provocateur que j'avais envie d'arracher de ses lèvres, il poursuivit son argumentaire débile. Des principes, comme ne rien devoir à personne MAIS GROS PUTAIN TU TE FOUS DE MOI ?! EST-CE QUE TU PEUX PAS ETRE JUSTE TE SENTIR REDEVABLE DES SERVICES QUE LES GENS TE RENDENT ?! DES SACRIFICES QU'ILS FONT POUR TOI ?! J'vais me le fai-

J'avais lever la main pour lui mettre une gifle, mais je m'arrêtai dans mon geste quand il me montra la lettre de démission.

Ma main retomba lestement le long de mon corps. Je fixai alternativement Akira puis sa lettre. Il. Se barrait ?

Au début, je me suis dit "OUI, parfait, tout sera réglé.". Et puis pour une raison qui m'échappa, je ne pus m'empêcher d'être contrariée. Mes yeux finirent par se fixer uniquement sur lui, ignorant à présent sa lettre de démission. Les paroles d'Ys résonnèrent un instant dans ma tête, et je jurai intérieurement. Bordel, pourquoi faut-il que je me retrouve à presque culpabiliser de cette situation ?

-Tu te casses ? Tu te casses vraiment ?

Pourquoi tu le laisses pas simplement se casser, Mitsu ? Ce serait plus simple, non ? Ys retrouverait sa liberté. Il s'épanouirait à nouveau, il pourrait retourner en mission. Tout irait mieux. Non ? Alors pourquoi est-ce que tu ouvres ta gueule, au juste ?

-T'es rien d'autre qu'un lâche, en fait ?

Parce que tu aimes Ys, Mitsuki. Et tu sais qu'il sera déçu, lui, si Akira s'en va. Il sera déçu, parce que s'il a été capable de se sacrifier à ce point-là pour lui, c'était bien parce qu'il le pensait capable de devenir meilleur. Parce qu'il lui faisait confiance. Parce qu'il le savait suffisamment courageux pour prendre ce nouveau départ.

-Donc tu passes ton temps à faire le malin, mais derrière t'es rien d'autre qu'un lâche. Il est loin, le courage légendaire des Feux.

Akira ne s'attendait pas à une telle réaction de la part Mitsuki. Elle avait la solution juste là, sous ses yeux, et n'envisagea même pas de la saisir... Décidément ces Tonnerres étaient tous des abrutis.
Akira mit donc fin à cette proximité qui n'avait pour but que de répugner la demoiselle, puis il tourna les talons tout en agitant doucement l'enveloppe.

Il lâcha un petit rire lorsqu'elle énonça le "courage légendaire des feux" et souffla un :

– Mouais...
Les deux antagonistes étaient d'accord sur un point : Akira était un lâche. Sauf qu'ils voyaient cette lâcheté sous un angle différent.
Si j'avais plus de cran tu n'aurais même pas vu cette enveloppe... à part, peut-être, sur l'une des étagères poussiéreuse des archives.

Le blond se vautra sur sa chaise de bureau et se mit à jouer avec l'enveloppe, il la tordait doucement sans l’abîmer.

– Ça fait des semaines qu'elle me fait chier à traîner sur mon bureau, et pourtant... elle est encore là.

Akira n'avait pas écrit cette lettre sur un coup de tête. Il l'avait faite au calme, et avec toute sa tête. Mais, il avait toujours repoussé son départ, reportant au lendemain la simple tâche d'apporter cette enveloppe à Hideko.

Akira soupira, il quitta alors cette enveloppe des yeux pour les relever vers Mitsuki.

– Pendant un instant j'espérais qu'tu sois assez conne pour la donner à ma place.

Au moins, il ne cachait pas ce qu'il pensait d'elle.

Finalement, le japonais n'était pas vraiment différent de l'époque où il était arrivé à Terrae. Avant, il était un mec méprisable qui se faisait passer pour quelqu'un de bienveillant. Et maintenant, il était toujours un connard qui ne cachait pas ce qu'il était.

Il fit tomber le masque lorsqu'il atteint le fond, et fut privé de ses pouvoirs. Un trou dans lequel Ys avait tenté de l'en sortir, lui apportant son aide pour qu'il obtienne une seconde chance... mais au risque de perdre la sienne. Si Akira retombait, il emmènerait Ys avec lui. Et à la différence d'Akira, Ys allait tomber de beaucoup plus haut.

Akira se releva et tendit une dernière fois l'enveloppe à Mitsuki.

– Ton mec a eut tort de vouloir m'aider. Il croit que j'peux changer... mais c'est impossible. Alors fais comme tous les autres Tonnerres et sers-toi de ta "débilité légendaire"...
Donnes cette putain de lettre à ta patronne !

Des semaines qu'elle traîne et il l'a toujours pas remise ? Nan mais il se rend compte au moins que c'est parce qu'il a pas envie de partir ? Il est complètement stupide ou quoi ? Pardon, question rhétorique, bien sûr qu'il est stupide, c'est d'Akira qu'on parle, y'a pas un pet' d'intelligence là-dedans.

Je soupirai en fixant ses doigts qui jouaient avec le papier de l'enveloppe. Je vis rouge quand il insinua gentiment que j'étais conne (connard) et tapai de mon poing contre le mur derrière moi. Putain mais tu sais quoi ? Ouais, dégage en fait, dégage de là, j'comprends même pas comment t'as pu entrer en premier lieu en fait. T'es qu'un pauvre con d'hypocrite, tu mérites tellement pas de vivre ici, y'a tellement d'autres personnes bien meilleures et méritantes qui pourraient prendre ta place.

Je le fixai d'un oeil noir, cherchant à comprendre à quel moment Ys avait eu l'impression qu'il y avait eu des bons côtés à sauver chez ce jeune abruti. SERIEUX. QUAND ?! Parce qu'à part une putain de tête à claques, j'comprends toujours pas à quoi il sert. Soyons sérieux deux minutes, ok d'accord p't'être que le mec est perdu et qu'il a juste besoin qu'on lui tende la main, ok, p't'être que c'est juste des appels à l'aide sa mauvaise humeur constante. MAIS JUSTE EN FAIT A QUEL MOMENT IL S'EST SENTI OBLIGE D'INSULTER TOUT LE MONDE AUTOUR DE LUI, TOUT LE TEMPS ?!

Je me pinçai les lèvres pour retenir ma verve et le foudroyai du regard.

-Ah ouais, donc t'es vraiment qu'un pauvre con jusqu'au bout. Le gars s'est sacrifié pour toi, ça fait des mois qu'il a même plus le droit de sortir de Terrae, il peut plus aller en mission, il peut plus rien faire en fait, et toi tu t'en bats les couilles. Mais oui, vas-y, t'as raison, c'est hyper noble de se barrer après que les autres aient déjà tout donné pour toi. T'es vraiment un p'tit gars intelligent toi, y'a rien à redire.

Bon, ça m'a échappé.

-Et arrête tes discours débiles à coup de "Je peux pas changer bouhouhou" mais ta gueule quoi ! On dirait un pauvre gamin de huit ans qui a pas envie de faire ses maths et qui appelle sa mère en pleurant pour qu'elle vienne l'aider - c'est à dire pour qu'elle fasse le travail pour lui en supposant qu'il est effectivement à bout.

Je dégageais la lettre qu'il me tendait du dos de ma main.

-Ta lettre, tu te démerdes pour la donner. Si t'es même pas capable d'affronter la directrice, c'est vraiment lamentable. Demande-toi peut-être pourquoi la lettre a dormi dans ta chambre au lieu d'aller retrouver son destinataire à l'instant où tu as fini de l'écrire. Pour un gars qui est pas capable de changer, j'trouve que tu t'es franchement ramolli. C'est pas comme si t'avais un peu buter des gens, hein. Parce qu'entre tuer quelqu'un et donner une lettre de démission, y'en a un des deux qu'est franchement plus facile à faire, hein. Abruti.

Les mots de Mitsuki étaient cinglants. Ils sifflaient comme des flèches qui touchaient à chaque fois leur cible.

– La ferme... Marmonna Akira pour la faire taire.

D'un revers de la main, elle dégagea la lettre qui lui fila entre les doigts. Et tandis qu'Akira regarda celle-ci qui tombait tout doucement, Mitsuki ne lâcha pas prise et enchaîna. Plus sa tirade s'allongeait, plus le sang du jeune homme bouillonnait.

Il se frotta nerveusement les yeux avec une main, et serra l'autre dans laquelle il n'avait pu retenir quelques crépitements de feu. Et ce fut lorsque Mitsuki se mit à parler du meurtre qu'il avait commis qu'il tenta de la gifler avec sa main gauche; la droite avait dû attirer son attention à cause de l'énergie qui s'en dégageait.

– Ferme ta gueule !! S'écria-t-il.
Si j'avais besoin d'une conne pour me blâmer, j'serais aller voir ma mère !

Il s'avança vers elle d'un pas menaçant.

– T'es qui pour me faire la morale, hein? T'es juste une suicidaire qu'a rien dans l'crâne... alors tes remarques, moi, je m'torche avec !

Akira aurait pu juste se taire, encaisser et demander à Mitsuki ce qu'elle ferait à sa place. Cependant avouer ses torts et perdre sont deux choses qui l'ont toujours fait enrager. Il prit donc ce chemin de la violence et se dressa devant cette personne contre qui il ne ferait jamais le poids.

– Dégages de ma piaule avant que j'te refasse ta gueule !

Ca l'énervait, bah tant mieux si ça l'énerve, parce que clairement, moi, il m'a bien mise hors de moi là ! J'esquivais de justesse la gifle qu'il avait tenté de me mettre et reposai sur lui mon regard noir. Il est sérieux là ?

-Tu vois, je la fermerai quand j'aurais envie de la fermer en fait. Parce que ton petit tempérament de Feu, très peu pour moi. Ca fait le fier, sauf que derrière ça n'assume rien du tout. Bah oui, pourquoi assumer, les autres l'ont toujours fait pour toi, je ne vois pas l'intérêt de le faire du coup. Espèce d'abruti.

Ca sort tout seul. Je suis hors de moi. La violence est la pire des réponses. La conversation aurait sans doute pu mieux se passer, si il n'était pas lui, si je n'étais pas moi. S'il ne m'avait pas accosté avec ses paroles si douces, si il n'avait pas continué à me traiter comme de la merde alors que je venais simplement discuter. Si je n'avais pas pris tous ses mots pour moi, si je n'en avais pas fait une histoire personnelle.

Désolée Ys, mais là, je ne te suis plus.

-Pourquoi tu me donnes ta putain de lettre si tu crois que je ne vais pas répondre ? Tu croyais vraiment que j'allais te saluer d'une petite courbette et courir la remettre à Hideko ? Si tu cherchais pas à ce qu'on te fasse la morale, fallait pas parler de cette foutue lettre débile. Tu fais le malin sauf que derrière y'a plus rien. Assume, juste une fois dans ta vie, une de tes actions, s'il te plait. Tu verras, ça te changera la vie.

Et puisque je suis une suicidaire qui n'a rien dans le crâne, et bien pas de souci, je jouerai le rôle de la suicidaire qui n'a rien dans le crâne avec plaisir.

-Et donc il se passera quoi si je ne sors pas de cette chambre ? Tu vas me frapper à l'aide de ton poing couvert de petites flammèches là ? Et puis quand tu vas perdre, tu vas culpabiliser, parce que tu vas te dire que tu as encore lancé un combat que tu ne pouvais pas gagner simplement par fierté, tu vas te dire que tu t'es encore emporté parce que t'es incapable de te remettre en question et de réfléchir avant d'agir ? Ca t'es déjà arrivé de te poser et juste de discuter de tes problèmes en fait ? Nan mais parce que là, j'en doute, tu vois. Mais tu sais quoi, t'as raison, j'arrête de parler, frappe-moi, j'vais même me laisser faire pour que tu doives m'emmener à l'hôpital et que tu doives prévenir toi-même Ys pour discuter de ton comportement avec lui. C'est dommage, ça, de trahir l'une des seules personnes qui a confiance en toi ici.

Allez frappe-moi, parce que j'en meurs d'envie maintenant. Même si en soi, je doute être capable de me retenir dans mes coups. J'ai beaucoup trop envie de te défigurer mon petit.

Dites lui de se taire et elle en rajoutera. Dites lui d'écouter et il vous méprisera...
Aucun de ces deux là ne voulait se soumettre à l'autre. C'était un duel de sourds que menaient  Mitsuki et Akira.

– C'est toi qui va pas assumer quand j'vais te péter les dents !

Il poussa Mitsuki et la plaqua violemment contre le mur, une main saisissant sa gorge tandis que l'autre se levait, le poing serré. Quand tout à coup...

BAM ! Un bruit sourd venant de la chambre voisine.

– Ho !! C'est fini vot' bordel ! Crevez en silence là !

Le voisin d'Akira et son tact légendaire se firent naturellement ignorer.

Akira prit le temps d'analyser cette emmerdeuse avant de frapper.
Il cherchait de la crainte, de l'hésitation... ou ne serait-ce qu'un signe qui pouvait montrer qu'elle bluffait. S'il en ressortait indemne, il serait le seul fautif mais selon lui, Mitsuki ne lui donnerait jamais une telle occasion... Tout simplement car elle le détestait et que n'importe qui, tant qu'il en avait les moyens, se serait défendu pour son amour-propre.

– Mon problème c'est toi, tu percutes ou t'es trop conne pour comprendre ?! Je n'ai pas besoin qu'tu vienne me faire la morale, ni de Ys, ni de cette putain d'institut pour assumer mes conneries !

Mitsuki visait juste, Akira ne savait pas se remettre en question... Ou du moins, c'était encore une notion assez nouvelle pour lui. Pendant longtemps il avait désigné Terrae et ses pouvoirs comme la source de son calvaire, et ce n'était que depuis peu qu'il comprenait ses erreurs.

Le poing d'Akira se mit à trembler. Dès lors qu'il chercha une faiblesse chez Mitsuki, il fut sans s'en apercevoir le premier à faiblir.
Il avança donc son poing, voulu frapper pour se prouver à lui-même qu'il était toujours aussi téméraire, mais une force l'en empêcha. Il avait ce blocage mentale qui le bridait et ce poids sur le ventre qui mettait mal à l'aise. Intérieurement, il angoissait. Il avait peur de frapper et craignait les représailles qui l'attendait. Il luttait contre sa raison, qui au fond de lui, voulait rester ici.

– Putain... Grogna-t-il entre ses dents.

Il se frotta nerveusement les paupières avec son avant bras, il sentait ses yeux lui brûler, ainsi que sa fièvre montrer.

– Sensitive de merde !

Il l'accusa, mais ces émotions venaient bien de lui, et peu à peu son sceau d'initié était en train de se fissurer.

Il leva son poing et commença à l'élancer dans ma direction. Vas-y. Vas-y, frappe moi. Donne le premier coup, s'il te plaît. J'en ai tellement envie là. J'ai tellement envie d'exploser, de te rendre la pareille, de te faire mal.

Je n'entendis qu'à peine la voix de son voisin de chambre, qu'à peine ses propres paroles. Mon énergie bouillonnait, j'avais envie de le frapper, j'en avais tellement envie.

Ses yeux, pourtant déjà rouges, se mirent à briller. Un sourire carnassier étira mes lèvres alors que je sentais son sceau se briser. Vas-y, frappe. Frappe, Akira.

Mais il baissa son poing. Mes pupilles s'agitèrent. Non. Non, ne fais pas machine arrière. Le goût du sang se répandit dans ma gorge alors que je sentais encore sa main qui me serrait. Comment peux-tu oser te renfrogner ainsi ? Lâche.

Mes prunelles virèrent au doré alors qu'un immense vide emplissait mon coeur. Comment pouvait-il abandonner si rapidement ?

Ses dernières paroles m'arrachèrent un rire jaune et je me téléportai pour me détacher de son emprise, ré-apparaissant derrière lui.

-C'est bien ce que je disais. T'assume pas.

Oh, tu jouais avec le feu Mitsuki. Dans les deux sens du terme. Mais il m'avait mise hors de moi. Le propre des Tonnerres n'est-il pas d'être impulsif ? Doudou, tu ne peux pas briser ton sceau et lâcher l'affaire comme ça.

On verra pour les responsabilités en tant que Master plus tard.