• Prénom : Aylan
• Nom : Raspberry
• Âge : Onze ans
• Affinité et pouvoir : Air lunaire

     (Je précise que j’ai copié-collé les deux paragraphes suivants de ce qu’il y avait marqué dans la fiche de prédéfinis, parce que pourquoi expliquer soi-même ce qu’Ipiu a déjà fait à la perfection, franchement.)
     Un peu de contexte. Qu’est-ce que le Centre ? C’est une organisation secrète internationale. Son objectif est simple : contrôler l’information. Qui contrôle l’information contrôle le monde. Les moyens à sa disposition sont quasi illimités, cette organisation existe depuis de nombreux siècles et siège sur tous les continents. Elle enrôle des enfants, les brise, les modèle en fait des espions. Le Centre n’a pas une organisation hiérarchique bien définie, il n’a pas un commandant mais des dizaines… Et tous cherchent le pouvoir. (N.d.A. : Si une telle organisation n’existe pas et n’a jamais existé dans le vrai monde, toutes ses caractéristiques peuvent être retrouvées dans d’autres États et organisations, gouvernementales ou non. L’existence du Centre est donc peu probable, mais pas strictement impossible. Mais ça on s’en fout, l’univers de Terrae est un univers dans lequel Terrae existe et où ses ennemis sont… ce qu’ils sont, donc on est pas à un truc farfelu près.) Ipiu Rapsberry était un de ses agents. Elle est arrivée à Terrae, y a changé de camp et rompu les ponts. Mais pas sans avoir laissé quelques gamètes à son institution.
     Ipiu sait qu’elle a eu un enfant, mais n’a jamais pu le voir et a même toujours pensé qu’il était mort. Quoi de mieux que des enfants soldats brisés pour devenir des espions ? Des enfants d’enfants soldats qu’on n’a pas besoin de briser, il suffit de leur laver le cerveau dès leur plus jeune âge.
     Aylan a donc toujours vécu dans une sorte de base militaire, perdue dans les jungles de l’Amérique du Sud, entre le Pérou et la Colombie. Son quotidien se résumait à des entraînements physiques et mentaux allant croissants en difficulté, à des cours de langue – Aylan sait en parler près de six ; anglais, espagnol, portugais, russe, français, arabe – et de maniement des armes à feu. Montage, démontage, entretien, visée, combat en groupes. Il avait comme instructeurs des agents des FARC et du Sentier Lumineux, payés une fortune pour rendre la vie la plus dure possible à des jeunes enfants. On peut aussi citer l’infiltration ou savoir se débrouiller avec un ordinateur. Savoir se comporter relativement normalement pour ne pas attirer l’attention dans la société civile a aussi fait partie de son cursus déjà bien chargé, même si le môme était plus destiné à du terrain qu’à de l’infiltration.
     Il a bien sûr effectué quelques missions, commis des actes moralement très répréhensibles. Difficile de décrire en quoi consistèrent ses missions sans briser le quatrième mur bien plus que de raison. Je veux dire, un commentaire par ci par là c’est une chose, c’en est une autre d’exposer ici des choses qu’Aylan lui-même ne tient en aucun cas à dévoiler. Sans parler de ce qu’il a oublié pour diverses raisons.

     Effectivement, Aylan a reçu des pouvoirs lors de l’Éclipse, il y a un an et demi de cela. C’était une période franchement chaotique. Aylan était pas le seul à recevoir des pouvoirs, les masters devaient aller les chercher, gérer leurs propres pouvoirs changeants et faire en sorte que Terrae n’implose pas. Ils étaient trop peu pour pouvoir tout gérer efficacement. Surtout quand ton ennemi, c’est une grosse organisation internationale avec des moyens importants et une excellente réactivité.
     Ipiu était alors voyante et l’a détecté, entre deux cuites, mais disons que sa mère n’était pas dans le meilleur état du monde pour aller la chercher. Ensuite, détecter quelque chose, ce n’est pas pareil que détecter un enfant. Surtout que le Vide d’Aylan résonnant à travers sa mère aurait tout aussi bien pu être interprété par celle-ci comme son Vide propre.
     Notez, si Aylan n’était pas la priorité absolue de Terrae, il n’était pas non plus celle du Centre. Leur adversaire, même en étant moins nombreux, moins bien réparti sur la planète, disposant de moyens techniques plus faibles, ça restait rien de moins que des demi-dieux. Nombreuses étaient les occasions de récupérer des dotés, tous les moyens furent donc mis sur leur acquisition.
     Aylan, de son côté, a donc obtenu des pouvoirs magiques. Or, sans le sceau de Terrae, cela revenait à avoir une version très difficile à contrôler et presque trop puissante. Fort heureusement, après ça dépend de quel point de vue on se place notez, il existe des bracelets anti-pouvoirs. Le Centre lui en a donc filé une paire. Et le bonus, c’est que ça fait brouilleur, vu qu’il n’y a plus de pouvoirs à détecter.
     Que faire de ce garçon qui vivrait désormais avec une balise sur le front repérable par les masters de Terrae ? Leur plan d’infiltrer un agent avait échoué une fois. Il avait toutes les chances d’échouer une seconde, sachant que la mère de leur potentiel second infiltré serait là.
     Disposant de moyens limités, toutes les ressources du Centre étant mises à contribution ailleurs, il a été décidé de se cantonner à des expériences mineures sur les pouvoirs du jeune et de continuer à former le Aylan comme avant. Survivre à l’Éclipse d’abord, s’occuper des gains ensuite.
     Depuis quelques temps, Terrae se remet de l’Éclipse. L’afflux de nouveaux s’est calmé, les masters recommencent à être opérationnels, l’institut n’est plus au bord de la crise interne. Et quand tout va bien à l’intérieur, on peut se concentrer sur l’extérieur.
     Bien sûr, le Centre en est tout a fait conscient. Pour pouvoir continuer ses expériences sur Aylan, il faut lui retirer ses bracelets et donc réactiver le signal magique permettant de le retrouver. La solution trouvée a été de jouer le rat de laboratoire dans un avion farci de gardes, au-dessus de l’Atlantique sud. Cela permet de l’éloigner d’une des bases du Centre et ainsi d’éviter de créer un champ de bataille impliquant des demi-dieux dans une installation vitale. Et puis, peut-être serait-il plus difficile à traquer en mouvement. Aylan a donc vécu plusieurs jours pas mois dans un Ilyushin Il-76 maintenu en l’air par ravitaillement aérien, escorté de chasseurs et de mercenaires surarmés.
     D’instinct on pourrait se dire que foutre un Air dans un avion, c’est une idée à chier. Mais il faut comprendre qu’un avion militaire de cette taille, ça peut traverser des tempêtes sans problème. Un Feu aurait été plus problématique, vu qu’un incendie dans un espace clos et pressurisé, c’est généralement une situation de merde. Et puis, tout l’intérieur de l’avion a été tapissé de la technologie pouvant annuler les pouvoirs des Terraens. Cette cage anti-magie peut être activée et désactivée à loisir depuis le poste de pilotage.
     Mais rien qui ne saurait stopper Terrae si elle se bouge un peu le cul et prévoie les choses à l’avance.

      (N.d.A. : Pour le reste de la fiche, je la compose en partant du principe qu’Aylan vient d’arriver à Terrae.) Pour une raison génétique étrange, Aylan a les yeux violets. Ils lui viennent de sa mère. Ce sera, avec sa tignasse blanche, les principaux signes physiques que vous remarquerez. Ceci dit, pour des besoins d’infiltration, il est arrivé à Aylan de mettre des lentilles pour modifier cette couleur un peu trop remarquable et de se teindre les cheveux. Et de changer sa coiffure. Et son style de tenue vestimentaire. Voire de s’habiller en fille. S’infiltrer, ça passe par ce genre de filouteries. Ne soyez donc pas très étonné si vous vous trouvez un de ces jours en face d’un gosse totalement différent de celui que vous avez croisé la veille.
     Il est mignon, avec sa bouille de gosse, mais il ne fait pas trop le sous-estimer. Le Aylan est quand-même ceinture noire de judo. Comme c’est un enfant, pour ne pas foutre en l’air son futur, vu qu’un agent pareil ça a de la valeur, le Centre a choisi de ne pas sur-développer sa musculature. Ça a tendance à foutre en l’air des corps trop jeunes. La précision, la dextérité, l’agilité, la minutie aussi, notamment pour passer des serrures, ont été des qualités bien plus travaillées et mises en avant que la force brute.
     Si on devait parler de ce qu’on ne voit pas sur l’avatar, je dirais qu’il a des traits plutôt européens, mais qui gardent quand-même des traces de l’ethnie de sa mère – à savoir berbère. Pour ce qui est de la taille est du poids, il tient d’Ipiu là aussi et est clairement dans la moyenne inférieure, avec 130 cm pour 35 kilos. Pas dit qu’il soit un jour le plus grand de sa classe. Il n’a pas de cicatrice particulière.

     Il y a fort à parier qu’après votre premier contact avec le Aylan, la première pensée qui vous traverse l’esprit est que, c’est quand-même un p’tit con. On tient là une belle couche de volonté à emmerder son monde et d’ingéniosité déployée en ce sens. Évidemment, ça contraste beaucoup avec ce qu’il devait être au Centre et c’est d’ailleurs sûrement pour ça. Forcément, vous êtes un gamin, tout le temps excité, vous vous levez à 6h sans qu’on ait besoin de vous secouer et le couvre-feu à 21h30 est une formalité vu que vous roupillez dès votre arrivée au lit, vous avez toute l’énergie de votre jeunesse concentrée dans la journée… C’est pour qu’elle soit balancée dans la gueule de quelqu’un. Le Centre avec son éducation militaire stricte au possible, c’est efficace pour briser cela. Mais si on libère quelqu’un qui emmagasine depuis des années dans un environnement aussi libre que Terrae, ce n’est pas pour que ça ne pète pas.
     Toutefois, emmerder les gens, faire des conneries, ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère pour Aylan. C’est une science. Que dis-je, un art. Ça demande de la préparation, de la minutie. On peut dire tout le mal qu’on veut du Centre – et on aurait raison –, il aide à faire des gens qui savent un minimum avoir la tête froide. Et quand il s’agit de s’adonner à la fracturation de roubignoles, on peut voir Aylan très investi. Plus qu’il ne le sera jamais en cours. (D’autant plus qu’on ne va pas le punir par des tortures physiques s’il ne s’y montre pas excellent, et quand on a reçu ce genre de punitions, toutes les autres semblent bien dérisoires.)
     Par ailleurs, on l’a conditionné à ne jamais se faire chopper, à toujours progresser en faisant gaffe, à assurer ses arrières, à réfléchir à comment mener un groupe, à évaluer une situation. Autant de compétences requises pour un agent de terrain. Du coup, même s’il voulait être très spontané, pas dit qu’il le pourrait.
     Comme tous les enfants, il a cette cruauté puérile, cette absence d’inhibition, ce côté rentre-dedans, cette difficulté à comprendre la notion de conséquences lointaines. Ce qui va lui donner des choses magnifiques, comme une absence totale de tact et une tendance à couper la parole autant que faire se peut. De même que plus haut, il faut imaginer Aylan comme un énorme ressort. Tendu au maximum pendant des années. L’idée était qu’en le maintenant ainsi, sa tension allait s’évacuer d’elle-même alors qu’il grandirait. Mais là, on le libère. Du coup, bang. Gros gros bang. Dans vos gueules.

     On passe aux choses beaucoup, beaucoup moins drôles. Après, vous voyez, je pense qu’on a tous une idée un peu différente de ce qu’est l’horreur, mais je ne voudrais pas vous laisser continuer à lire sans vous prévenir que ça va frôler, sinon allègrement plonger dans ce domaine. Je ne me rends pas forcément compte d’à quel point ça peut déranger les gens. Forcément moi moins, je l’ai étudié pour pouvoir l’écrire, du coup ça me touche peu au niveau émotionnel. (Au niveau intellectuel, je suis tout à fait conscient d’écrire des saloperies.)
     Et avant d’entrer dans le vif du sujet, petite précision, cet avertissement préalable et digression sur votre narrateur s’applique, dans les grandes lignes, aussi à Aylan. (Quoi pas pour les mêmes raisons, j’ai eu une enfance heureuse.) Je veux dire, comme notre protagoniste a pendant toute son enfance été directement mêlé à des actes de violence, de cruauté et de barbarie, encore plus terrible parce qu’elle était organisée de la manière la plus rationnelle possible, il va avoir un sentiment comparable. L’immonde, ça ne le choque plus trop. Ce détachement peut le rendre assez flippant. (D’autant plus qu’il n’a pas la diplomatie et le tact de votre serviteur.) On s’attendrait à ce qu’un gosse de son âge, éduqué à coups de films pour enfants et de livres d’images, chiale quand on raconte des histoires de torture mentale et physique ou qu’on fasse couler l’hémoglobine à grands flots. Mais comment être effrayé par ce qui a représenté son quotidien ?
     Évidemment, Aylan a été habitué très tôt à voir et faire des exactions. Sang, mort, meurtre, torture. Y compris sur lui. L’ennui avec un corps d’enfant, c’est que c’est super fragile. Du coup, si tu veux lui faire passer un très, très mauvais moment sans laisser de séquelles irréversibles, il faut utiliser des techniques comme la torture par l’eau. Il a eu le droit à la totale : tête en bas dans une bassine, devoir passer la journée enfermé dans une petite boîte, dans des vêtements mouillés d’eau froide, d’eau très presque bouillante, attaché sur une planche penchée vers l’arrière avec un tissu mouillé sur le visage pour le faire suffoquer, je ne vais pas entrer dans les détails. Le pire, c’est peut-être quand, après une bonne séance de waterboarding parce que t’as fait une connerie lors du dernier entraînement, histoire de te motiver à te bouger le cul la prochaine fois, tu passes aux douches obligatoires. Puis à l’entraînement à la plongée. Impossible de lui faire approcher une piscine, au Aylan. Ou de lui faire prendre un bain. Même une douche, c’est limite. Le contact de l’eau sur sa peau ne lui rappelle pas vraiment de bons souvenirs. Il va plutôt se laver avec une bassine et un gant de toilette. Et évitez de lui renverser un verre dessus. On va rire quand il sera avec des Eaux, tiens. Je ne garantis rien sur ses réactions. Au Centre, ce genre de traumatismes, t’as pas le droit de les avoir. Vouloir sécher les douches collectives, c’est juste une occasion pour en prendre encore plus dans la tronche. Mais à Terrae, le revers de la médaille quand t’es un ressort comme expliqué plus haut, c’est que quand tous tes sentiments refoulés sortent, hé bien, tous tes sentiments refoulés sortent.
     Je pourrais aussi m’étendre sur les tortures psychologiques. Sur le fait d’avoir dû fraterniser avec certaines personnes de son âge pour ensuite devoir les trahir de manière violente voire sanglante, ou de se faire abuser et piéger à de nombreuses reprises par des adultes, par exemple. De perdre tout ce qu’on possède, tout le temps, de devoir répéter des exercices abrutissants jusqu’à l’épuisement. Rester immobile des heures, c’est un classique qui rend fou. La torture de la goutte est pas mal aussi.
     Dans la même idée, difficile d’avoir des amitiés normales quand tes potes sont des outils comme toi qui ne restent pas longtemps à tes côtés. Ou même d’avoir des relations normales quand t’en as jamais eu. Aylan n’a aucune idée de comment se comporter avec sa mère certes, mais même avec ses camarades de classe. Concrètement, ça veut dire quoi, être pote avec des gens normaux, issus de la société civile ? C’est pas pareil que d’être compagnons pendant une mission, vous voyez. Rien à voir non plus de la relation qu’on entretient avec son superviseur. Il peut le simuler, parce qu’une partie de son boulot a quand-même été d’infiltrer des milieux, ce qui requiert de passer pour le plus normal possible, mais c’est à peu près tout. Il va manquer un quelque chose pour faire vraiment vrai.
     Est-ce qu’il a un Vide ? À votre avis. Il est par contre un peu trop jeune pour s’en rendre compte pleinement. Sa propre psychologie n’est pas assez développée. Beaucoup de choses ont été oblitérées par chocs post-traumatiques ou usage de drogues altérant la mémoire. On verra comment ça va décanter à l’avenir. Quoi qu’il en soit, pour dire ce qu’Aylan sait sans vraiment le savoir, c’est sans doute lié à une mission au Sierra Leone. C’est une chose que d’être un enfant-soldat, c’est une chose que de tuer, tromper des adultes. C’en est une autre que de faire face à des combattants qui ont à peine plus que ton âge et de devoir les flinguer eux. Aylan, les seuls enfants qu’il avait vu avant ce jour, c’était ses camarades, ou alors quelques gosses passant par ci par là lors de ses missions de terrain. Et là, il se retrouve à marcher dans leurs entrailles atrocement déchiquetées par des tirs d’armes automatiques. C’est assez impressionnant, ce qu’une toute petite noix de métal peut provoquer comme dévastation sur un corps d’adulte. C’est encore pire sur la version réduite. Et c’est plus facile d’avoir de l’empathie avec quelque chose qui fait sa taille. À travers ces gosses à peine assez grands pour tenir leurs AKM, Aylan n’a pas pu s’empêcher de se voir. Ce sang qui coulait, ça aurait pu être le sien et ce le sera probablement. Maman va avoir du boulot.
     La relation entre les deux promet d’être bizarre, d’ailleurs. Onze années passées sans avoir de figure parentale et là paf, on te colle dans les pattes d’une. Ça va être difficile de lui donner une place à part, en fait. Comment ne pas la ranger dans les catégories déjà existantes ; à savoir copain fait au Centre, un type d’amitié bien fragile, ou supérieurs ?

     Les sucreries ! C’est bon les sucreries. Quand il arrivait à en chiper, c’était la fête. Il fallait les manger tout de suite par contre, parce que s’il se faisait avoir avec ça, c’était passage direct par les tortionnaires du camp. Ce serait le gamin qui mangerait le bonbon tout de suite si tu lui en présentais un et que tu lui disais qu’il en aurait deux si tu revenais dans dix minutes et qu’il était encore là. (Aussi parce que la vraie valeur, c’est le temps, ici. S’il le mange tout de suite, il peut se tailler dix minutes en avance et trouver un moyen de piquer le paquet pendant que l’examinateur est concentré sur un autre enfant pour son expérience à deux ronds.)
     Sinon en terme de divertissements, comme pour bien des jeunes de son âge, Aylan aime ce qui est à la fois à la mode et le plus facilement accessible. Au Centre, ça revenait à pas grand-chose, il fallait faire avec ce qu’on avait sous la main. À Terrae… on verra, si maman Ipiu lui laisse un ordinateur, il va peut-être zoner sur Minecraft ou Roblox, qui sait.

     Impossible de lui faire dire quelque mot que ce soit sur le Centre et son passé en règle générale. Impossible également de lui faire dire pourquoi. Aylan a déclaré ne vouloir en parler qu’à Ipiu Rabsberry. Au départ, j’avais conclu que c’était quelque chose d’assez compréhensible : il ne veut parler de ses traumatismes qu’à quelqu’un de confiance, en l’occurrence la seule figure parentale qu’il connaisse. Mais quand je lui ai demandé ce qu’il pensait de sa mère, il a mit un moment avant de comprendre que « mère » faisait référence à elle. Ce n’est donc pas pour des raisons d’attachement familial.
     Je n’arrive pas à comprendre ce qu’il pense et pourquoi il le pense. Même si Aylan est un garçon enjoué et assez sympathique, un aveugle verrait qu’il cache beaucoup de choses et en feint beaucoup d’autres. À surveiller de très près. J’aimerais pouvoir le consulter plus souvent, afin de travailler sur ces blocages. Peut-être voir ce que je peux faire à propos de son angoisse vis-à-vis de l’eau, aussi.