Pricie est une collégienne de quatorze ans au passé déjà chargé et pourtant la voilà à plancher sur une petite  rédaction à  présenter à l'oral comme toute collégienne de son âge.

« Racontez moi comment vous vous voyez dans dix ans. Pensez à préciser les moyens et étapes nécessaires pour atteindre vos objectifs. »

L'avenir, depuis peu Pricie commence à y croire alors dans dix ans...

« Pricie Allay »

Elle doit aller au tableau , elle tremble Pricie mais elle a décidé d'être courageuse. Alors elle se lève et elle va au tableau.

« Plus tard j'aimerais être Master et maîtriser assez mes pouvoirs pour protéger les enfants de Terrae et de dehors. Je serai forte et veillerai à  défendre et protéger les enfants comme Terrae le fait avec moi.  Un monsieur nommé «  Akkiko » m'a dit l'autre fois : « Sur ce que feront ces gens à d'autres enfants, tu n'as pas de prise, mais ce que tu peux faire, c'est choisir ton avenir. Par ton travail et ta volonté. SI tu veut créer pour aider autour de toi, alors tu y parviendras, et ici, beaucoup de gens t'aideront. » et moi mon avenir je le choisis pour aider autour de moi, je ne veux plus que des enfants souffrent pour des convictions qui ne les rendent pas heureux. Je vais m’entraîner niveau pouvoirs et je vais faire de mon mieux en classe pour mériter d'être Master un jour et un jour moi aussi oui moi aussi j'aiderai d'autres enfants à croire en leur avenir ! »

Silence dans la classe jusqu'à ce qu'une voix s'élève : « Vous ne la croyez quand même pas à cause d'elle certains de nos amis ont été gravement blessés ! »

Pricie a le ventre qui se serre, bien sûr l'adulte ne laissera pas passer ça mais le mal est dit, la rédaction est froissée. Elle baisse la tête elle tremble.

Et soudain quelqu'un se lève et applaudit dans le silence bientôt suivi par d'autres camarades de classe.

Pricie lève la tête et sourit contrairement à la mine déconfite de celui qui l'avait accusée précédemment. Elle  va à sa place le cœur plus léger, son souhait à été applaudi comme approuvé de camarades de classes, sûrement pas tous mais approuvé quand même.

Monsieur  Akkiko a raison, elle n'est plus seule. Ys avait tort, Ys se trompait sur toute la ligne. C'est le cœur plus léger que Pricie range ses affaires quand un de ses camarades vient l'aborder : « Joli texte, il y a un nouveau très fort en judo, il sèche et est très turbulent, il est tout le temps en skate, je crois qu'il aurait besoin d'une plus âgée pour le guider en échange peut-être qu'il pourra t'aider en ton souhait de devenir plus forte avec son judo. Si tu es là pour lui peut-être sera-t-il là aussi ! Je ne sais pas, tu sais moi les gosses, mais en t'entendant j'ai pensé à lui, mon petit frère est dans sa classe, tu veux que je lui demande de lui dire de te retrouver au gymnase ce soir ? »

Pricie savait qu'on comptait sur elle et ça l'avait fait avancer alors peut-être que lui aussi...

« Si je lui demande de me donner des leçons de judo cela le responsabilisera peut-être, quand on a un rôle qui aide on se sent mieux parfois ! » s'exclama la collégienne. Pricie se battait déjà bien mais entre se battre bien et maîtriser le judo il y a un gouffre.

« OK je lui dis ce soir au gymnase alors ! » sourit le camarade en laissant une Pricie aussi nerveuse qu'heureuse, ce soir elle serait au gymnase pour l’accueillir.

__-Aujourd’hui, Aylan avait décidé de faire chier le monde.
__-Phrase qui aurait pu s’appliquer à tous les jours de la semaine, toutes les semaines du mois, tous les mois de l’année et jusqu’à preuve du contraire, toutes les années de sa vie.
__-Mais aujourd’hui était un jour spécial. On lui avait donné une occasion bien précise qu’il n’entendait pas gâcher. Après les cours, un des rares où Aylan avait daigné honorer la classe de sa présence – et de ses bavardages continus, quoique pour eux il était bien plus prolixe –, un de ses camarades lui avait indiqué qu’une fille la cherchait. Cela en soi n’était pas si étonnant : soucieux de se faire remarquer, Aylan avait en ces quelques semaines encore de présence déjà intégré un groupe d’amis et avait fait le kéké devant plus d’une de ses congénères. En revanche, le fait que celle qui voulait le rencontrer eût quatre ans de plus que lui, voilà qui était étrange. Encore plus l’avait-été la raison. Des cours de judo ? Comment qui que ce soit avait-il pu penser qu’il serait du genre à donner des cours ?
__-Ceci dit, après s’être un peu renseigné sur la personne, Aylan crut en comprendre la raison. Pricie Allay, jeune fille au passé douloureux – comme il la comprenait – et qui avait tendance à se faire maltraiter par ses petits camarades. Le profil de quelqu’un qui chercherait à se défendre. Elle vivait  semblait-il avec la gérante du bar à chicha. Aylan avait celui-ci reconnu tout de suite : les senteurs qu’il dégageait lui rappelaient son séjour dans la bande sahélienne. Pas exactement un bon souvenir, vu que lui et divers autres gamins dotés servaient au Centre d’armes vivantes à exposer à leurs alliés – des islamistes divers –, pour faire la publicité de leurs moyens. Il n’y avait alors pas de différence fondamentale entre Aylan faisant démonstration de ses capacités d’Air et les opérateurs de missiles sol-air faisant celle de leurs instruments de mort. L’odeur caractéristique de la chicha, en revanche, était un bon souvenir. Lors d’un rare moment de temps libre qu’employés du Centre et alliés touaregs avaient pu passer ensemble, Aylan s’était mêlé à un parterre d’enfant réuni autour du cheikh de la tribu. Ce vieux bonhomme narrait ses histoires de guerre et la geste du Prophète, fumait le narguilé et se réjouissait des mines ébahies des petits jeunes.
__-Mais foin de digressions. Sans aucune raison autre que sa propension naturelle à faire ce qui lui chantait et embêter ses contemporains, Aylan avait décidé de ne pas honorer ce rendez-vous mais de rencontrer quand-même cette Pricie au lieu et à l’heure dite.
__-Pour accomplir ce paradoxe apparent, il était rentré chez lui, avait rangé ses vêtements, sorti une jupe rose et un pull blanc qu’il n’oserait pas mettre pour aller faire du skatev Un sérieux coup de brosse pour structurer ses cheveux en quelque chose de plus féminin ainsi que des extensions et il, ou plutôt en substance elle, était prête.
__-Aylan ne connaissait certes pas L’Iliade, mais elle contient un passage qui servit d’inspiration à ceux qui lui apprirent la capacité qu’il avait à changer complètement d’identité. Pour le résumer, au moment de partir en guerre contre les Troyens, Ulysse fut chargé par Agamemnon, le roi des Achéens, de s’assurer la présence d’Achille, le plus grand guerrier de la Grèce. Or sa mère refusait de le laisser partir, surtout qu’il n’avait que quatorze ans. Voici le stratagème qu’elle conçut pour le faire disparaître : comme à son âge, il n’avait pas encore les traits de visage et de voix typiquement masculins, elle habilla Achille en jeune fille et la fit se mêler à celles de la cour. Mais le rusé Ulysse ne pouvait pas revenir auprès du roi des rois bredouille. Aussi, il disposa des poupées et des parures sur une table ainsi qu’une dague. Toutes les filles se précipitèrent sur les jouets et beaux vêtements, sauf une. Ulysse fit retentir des cors de guerre et toutes, craignant une invasion, se réfugièrent dans le château, sauf une qui s’empara de la dague et se précipita vers sa sortie pour aller combattre.
__-Mais revenons à notre histoire. Ainsi apprêtée, Aylan s’en alla au gymnase, non sans un sourire coupable, pensant déjà à l’effet de sa plaisanterie.
__-À cette heure, celui-ci était presque vide. Quelques plus âgés qui faisaient une partie de futsal et une groupe de trois qui s’entraînaient sur les murs d’escalade. Notre protagoniste escalada un plinth (soit une sorte de coffre en bois avec un rembourrage par dessus) judicieusement placé proche de l’entrée et s’assit en tailleur son sommet. Depuis cette position surélevée, elle surveilla les rares allées et venues, attendant la venue de cette Pricie.

*Pricie ne pleure pas.

Pricie, ce n'est pas ta faute.

Pripri pourquoi tu pleures ? Dis moi pourquoi ?*

L'adolescente se réveilla, elle s'était assoupie une minute ou deux dans la chaise en plastique des gradins du gymnase. Ce cauchemar son père lui parlait pour lui dire que tout allait bien mais ce n'était que de l'auto-persuasion elle le savait. Son père était mort et elle avait beau pouvoir choisir à présent, le fait était qu'elle ne pouvait rien faire  pour le moment : Combien d'enfants de Karasus allaient prendre pour sa trahison ? Combien encore allaient souffrir pour trouver une nouvelle clef ? Puisque leur clef, Pricie, était entre les murs de Terrae.

Pire encore si malgré les restrictions et mauvais traitements sur les enfants Karasus aucune clef n'était trouvée alors Terrae courait un grave danger car Pricie n'avait pas encore ses règles, car si on la récupère on peut toujours s'en servir en clef.

« Je sais que personne ne me le dis mais je ne peux pas les laisser souffrir, je dois devenir plus forte ! »

Elle avait parlé si fort Pricie que la fillette sur son coffre qu'elle n'avait pas remarquée l'avait très probablement entendue.

Cette fillette était son rendez-vous mais ça elle ne pouvait pas le savoir ne connaissant pas l'énergumène qu'elle attendait.

Une raquette de tennis et une machine qui lance des balles traînaient non loin de la chaise sur le court de tennis du grand gymnase. Son rendez-vous elle ne voyait pas. Elle avait besoin de se défouler.

Elle prit la raquette et alluma la machine, bing elle renvoya la première balle, bong bing bong bing bong bing elle enchaînait les renvois la Pricie et soudain une image s'imposa à elle : Un  adulte des Karasu qui lui criait d'aller plus vite dans une leçon de sport hors scolaire où il fallait renvoyer des balles lancées fort par l'homme.

Bing bong elle se souvenait des bleus, de la douleur, de la manière dont on domptait le corps, votre corps est à  Dieu et il le veut fort, bing bing bong plus vite bande de mauviettes Dieu veut des fidèles pas des lâches ! Elle avait huit ans bing bong je dois être plus forte pour Dieu bing bong pensait elle à l'époque malgré la douleur.

A présent, elle voulait être plus forte pour les enfants, elle se sentait responsable, elle n'arrivait pas à atteindre ce bonheur que lui souhaitait Grande-soeur Luna, vivre pour soi, se permettre d'être heureuse à soi. C'était encore si compliqué pour Pricie. Bing, bong. Mais elle est encore si jeune à quatorze ans elle avancera, elle se trompera, elle changera de direction.

Comme la balle qu'elle avait raté et qui fonçait vers une petite fille perchée sur un  coffre.

« ATTENTION ! » cria Pricie à l'enfant mais peut-être un peu tard.

__-Pas de doute ; c’était elle.
__-Aylan observa celle qui parlait toute seule à voix haute devant le lanceur de balles. Curieuse, voulant en savoir plus sur celle qui lui avait fait une demande aussi incongrue, Aylan décida de ne pas se signaler tout de suite. Elle était curieuse de savoir ce que Pricie ferait avec cette raquette.
__-Entraîner son swing ? Cela ne ressemblait pas à ça. Dans le geste peut-être, certainement pas dans l’intention et il n’y avait pas besoin d’être Sensitif pour s’en rendre compte. L’intensité de son aînée était quelque chose à voir. Aylan pouvait être sûr de quelque chose : si elle voulait envoyer une balle dans la tête de quelqu’un, cette personne finirait probablement assom—
__-« WAH ! »
__-Surprise, Aylan eut à peine le temps de générer une sphère d’air devant elle, pour s’en servir de bouclier. Mais celle-ci, frappée de plein fouet par le projectile involontaire de Pricie, explosa, produisant une déflagration. C’est que n’étant qu’Initiée, Aylan maîtrisait encore mal ses capacités. Le choc produit la propulsa en arrière, la faisant valdinguer comme un fétu de paille. Ayant toutefois l’habitude de fendre les airs, elle resta calme, produisit un coup de vent pour guider sa chute et atterrit sur ses pieds.
__-Son cri, on s’en doute, était bien celui d’un Sonore et avait retenti à travers tout le bâtiment, ce qui crispa celui en train de gravir le mur d’escalade. Après avoir assuré sa prise, il tourna la tête dans la direction d’Aylan pour l’admonester, ce à quoi celle-ci lui répondit :
__-« OUAIS BEN SI TU VEUX QUE J’ARRÊTE DE CRIER T’ARRÊTES D’ABORD !
__-– NON MAIS TU ME PARLER PAS COMME ÇA GAMINE !
__-– TU VEUX DESCENDRE POUR VOIR ? »
__-Ce que deux adultes du groupe de futsal prévinrent, ainsi que toute autre réplique qui aurait fait trembler les vitres en hurlant à leur tour sur les deux pour qu’ils la fermassent. Et comme celui qui était venue l’engueuler était un Feu bien baraqué, Aylan préféra faire un « Pff ! » de dédain, mais qui au moins était prononcé sans excès de décibels.
__-Le temps de l’observer discrètement était pour ainsi dire passé. Aylan attrapa son skate qu’elle avait posé dans un coin et se dirigea vers Pricie sur ses roulettes, réfléchissant à ce qu’elle allait pouvoir dire pour se présenter sans trahir son identité. Avait-elle seulement pensé à un nom en amont ? Pas du tout, trop excitée qu’elle était par la plaisanterie innocente qu’elle allait jouer à Pricie.
__-« Hé pff, ça va pas hein ! ’faut faire attention ! »
__-Elle avait dit cela en rigolant à moitié, signe qu’il ne fallait pas pas prendre sa réprimande complètement au sérieux.
__-« Bah c’pas grave. Moi j’m’appelle Nyala. »
__-Simple mais efficace.
__-« T’es venue pour faire du tennis ? C’est pas mieux à deux comme truc ça ? »

« Hé pff, ça va pas hein ! ’faut faire attention ! »

Pricie était restée paralysée par la peur face à l'altercation entre les adultes et la fillette. Elle murmura des excuses en regardant la petite fille de la tête aux pieds, ouf elle ne semblait pas blessée.

« Bah c’pas grave. Moi j’m’appelle Nyala.  T’es venue pour faire du tennis ? C’est pas mieux à deux comme truc ça ? »

La jeune adolescente rit de manière déçue : «  Pricie pour ma part, je voulais aider quelqu'un mais il doit penser que je suis trop instable pour...comme beaucoup de gens ici. » En un soupir elle grimpa sur le coffre et s'y assit : «  Le souci c'est que je parle trop, si je savais me taire je ne dérangerai pas autant les autres. »

Elle rit tristement : « Tu ne dois pas comprendre un traître mot de ce que je te raconte ! Pardon.. » Elle se leva : « Tu aimes le tennis ? Ça te dit une partie ? »

Mais le court de tennis venait d'être occupé et les élèves plus âgés que Pricie y avaient l'air très bien et pas prêt de le céder.

« Trop tard ! Mais on peut faire de l'escalade ! Si t'es cap on fait la course ! Le mur vient de se libérer ! » fit un clin d’œil Pricie à Nyala.

L'adolescente n'attendit pas la réponse de Nyala , elle alla s'harnacher avec l'aide d'un du groupe que Nyala a engueulé ravi de l’aider à battre la fillette qu'il trouvait culottée !

Elle commença à grimper, une pierre, deux pierres, Nyala la suivait elle ? Elle repensa à Mitsuki qui l'avait dit trop instable. * Je vais lui montrer que je tiens encore la route ! * se révolta la jeune fille de 14 ans. Dix pierres onze pierres, aller plus haut toujours plus haut. Nyala était-elle à ses trousses ? Ou l'avait-elle laissée seule à escalader ? Seule...Pricie se sentait si seule. Incomprise aussi et pas aimée autant qu'elle le voudrait autant qu'elle voudrait être acceptée et considérée comme elle est sans jugement. Vingt pierres vingt-et-un pierres. Pourquoi la vie ne pouvait pas lui sourire...Pourquoi c'était si compliqué ?

Pricie souffre, et au fond n'est qu'une enfant qui désire juste être accueillie comme elle est.

Cinquante pierres, plus que dix mais avec les cauchemars qui peuplent ses nuits le corps de Pricie protesta contre un si brusque et soudain effort et elle lâcha la cinquante et unième pierre. Son pied glissa et la corde sous sa main aussi. Heureusement la sécurité de son assureur la descendit bien qu'un peu brusquement sans trop de bobo.

Au sol sur le tapis sous le mur d'escalade elle chercha Nyala du regard dans un sourire amusée : « Et bien on dirait que j'ai perdu ! »

__-Parler trop, c’était bien là un concept d’adultes.
__-Et en tant que Sonore, Nyala savait de quoi elle parlait. D’autant plus qu’elle ne voyait pas le problème qu’il y avait à déranger les autres. Ils ont qu’à pas te chercher ! Quelque part, Pricie avait raison : elle n’était pas très compréhensible. Mais d’un autre côté, Nyala savait qu’elle l’avait contacté pour obtenir d’Aylan des cours d’auto-défense. Cela couplé au fait qu’elle disait ne pas savoir la boucler et déranger son prochain, elle voyait à peu près où son aînée voulait en venir.
__-Enfin, son aînée. A-t-on déjà vu un plus jeune apprendre la vie à un plus âgé ? Ou même lui apprendre quoi que ce soit ? L’idée même semblait saugrenue pour Nyala. Pouvait-on ne pas avoir l’esprit associé à son âge ? Des réflexions qui furent bien vite interrompues par la proposition de faire de l’escalade.
__-Nyala observa le mur. Rien de très compliqué. Elle savait en grimper en auto-assurage et même faire des dévers, ce qui était assez indispensable dans la vie de commando d’élite. Et en y repensant, elle n’avait pas retenté de faire de la grimpette, après avoir acquis ses pouvoirs d’Air. (Enfin, si, mais avec son grappin et aux murs de l’institut.) Ceux-ci ne lui permettaient pas encore de voler, ni même de se maintenir en suspension et générer un courant d’air risquait surtout de lui faire perdre l’équilibre. Ce n’était donc pas très judicieux. Mais ce serait quelque chose à prendre en compte.
__-Alors que les deux filles mettaient leurs baudriers, une autre pensée traversa l’esprit de Nyala. Devait-elle faire étalage de ses compétences et escalader ce mur avec la prestesse qu’elle savait déployer ? Ne serait-ce pas suspect ? Déjà qu’elle allait faire étalage de son niveau en grimpant sans assureur. Sa couverture ne risquait-elle pas d’être dévoilée ?
__-Ceci dit, Nyala n’était pas un personnage bien défini et Aylan ne révélait jamais rien de son passé.
__-Et puis il faut bien s’amuser de temps en temps.
__-Nyala se lança donc à l’assaut du mur. Elle arriva à son sommet et observa l’ascension des derniers mètres par Pricie. Hélas, celle-ci lâcha prise et dut redescendre. Nyala l’imita.
__-« Boarf c’pas grave t’y étais presque. »
__-Il était cependant temps de passer aux choses sérieuses.
__-« T’attends quelqu’un ? T’es venue là pour quoi ? »
__-Certes, Nyala connaissait déjà les réponses à ces questions, mais ce serait surtout l’occasion pour elle de se proposer en remplacement, ou de lui donner un rendez-vous ultérieur. Elle n’avait pas spécialement de raison de ne pas être venue en tant qu’Aylan, si ce n’est le délicieux goût sucré d’une innocente duplicité qui fonctionnait à merveille.

« Boarf c’pas grave t’y étais presque. » dit la petite fille. Pricie eut un rire amusée prenant bien sa défaite, il fut un temps où l'idée même de perdre ne lui était pas permise mais c'était avant Terrae. Terrae lui avait apportée la liberté de perdre et c'était beaucoup.

« T’attends quelqu’un ? T’es venue là pour quoi ? »

A la question de la fillette l'adolescente se rembrunit.

« Un petit garçon de ton âge devait venir mais je crois qu'il ne viendra pas. » Elle se leva et alla prendre une raquette de tennis, elle lança la balle contre le mur et commença à la frapper alternativement.

« Je ne dois pas encore être digne d'être son aînée si il n'a même pas voulu venir. Ou alors ... »

La balle retomba au sol alors que Pricie posait la raquette sur le coté du terrain. «  Ou alors il a appris qui je suis et ça le dégoutte. En tout cas ce n'est pas maintenant qu'il m'apprendra le judo.  »

Dans un nouveau soupir l'adolescente s'assit sur un banc non loin de la petite fille. «  Nyala je vais te raconter une histoire. » Pricie tapota sur le banc à coté d'elle pour que la fillette la rejoigne sans cependant la forcer à bouger.

« Il était une fois une petite fille qui était née dans un endroit où des corbeaux disaient comment étaient le monde. Cette petite fille était enfant de ces corbeaux et elle faisait tout pour leur plaire même si parfois les corbeaux n'étaient pas très gentils. Mais la petite fille aimait ces corbeaux elle ne connaissait qu'eux. Puis il y a le feu et un corbeau le papa de la petite fille s'est envolé dans le ciel pour ne jamais revenir, la fillette a été recueillie par des êtres magiques, féeriques qui défiaient les lois des corbeaux. Mais chez ces êtres la petite fille qui venait du monde des corbeaux était heureuse. Pourtant c'est ce feu qui a voulu détruire les êtres magiques feu que la petite fille des corbeaux a amené. Alors la petite fille veut grandir et devenir plus forte pour protéger non seulement les êtres magiques à présent sa famille mais aussi les enfants comme elle qui n'ont pour terrain qu'un monde à la loi des corbeaux. Elle espère aussi trouver sa place, se sentir vraiment à sa place quelque part elle qui est entre deux mondes celui des ailés et celui de Terrae. »

Pricie reprit sa respiration avant de dire : «  Cette histoire, cette petite fille c'est moi et le garçon qui devait venir aurait dans un monde parfait aidé la petite fille a devenir plus forte. » Pricie secoua la tête : «  Mais le monde n'est pas parfait et je crois que j'ai encore beaucoup à apprendre avant de mériter la confiance de ce garçon. »

Un fin sourire naquit sur les lèvres adolescentes : «  Mais j'y arriverai tu verras Nyala j'y arriverai ! »

Pricie sourit à la fillette : «  Et toi tu es venue pratiquer un sport en particulier ? »

__-Hé bien, ç’avait l’air de l’atteindre. Nyala n’aurait pourtant pas cru que son alter ego aurait pu ne pas avoir la réputation de ne respecter les rendez-vous que si cela lui chantait, et sans se justifier par ailleurs. Lui, arriver à l’heure ? C’eût été choquant qu’il le fût. Et étonnant que quiconque pensât qu’il pût l’être. Cela dit, Pricie semblait avoir ses propres fragilités psychologiques – qui à Terrae n’en a pas. Celles-ci l’interdisaient sans doute de tout à fait bien prendre la situation. Quelque part, Nyala regrettait un peu son geste, à présent. Ou du moins, l’aurait regrettée si elle avait compris ce que lui racontait Pricie :
__-« Ah ouais okay. C’est dans quel film ça ? Ah non c’est toi ! Mais t’es pas un corbeau. Ou alors t’es genre Eau morphe ? Là okay tu peux être un corbeau. Mais j’ai pas compris pourquoi il faudrait plus être un corbeau pour mériter la confiance de machintruc, là. C’est bizarre de se transformer, mais c’est aussi super cool. ’faut pas avoir peur de ses pouvoirs, sinon après tu les utilises pas et c’est quand-même vachement moins marrant. »
__-Difficile y compris pour Nyala de savoir où elle-même voulait en venir.  Quant à la question du sport :
__-« Baah chaipas, je m’ennuyais alors je suis venue. Après y’a ton pote qui est pas là mais c’est pas grave, si ça se trouve il a oublié et tant pis pour lui hein. Après t’sais le judo je sais en faire au pire c’est moi qui t’apprends. »
__-En faire en jupe, voilà qui serait cocasse. Heureusement qu’elle avait des collants de laine qui rendaient tout ce qu’il y avait en-dessous imperméable à la vision de quiconque.
__-« Alors, le judo il faut comprendre que en fait, t’attaques pas l’ennemi. C’est lui qui t’attaques et toi tu vas retourner sa force contre lui. La base du judo, c’est d’attraper ton adversaire, de le faire tomber et après tu l’immobilises, comme ça il peut plus t’attaquer. Mm, en fait… J’pense que la base… »
__-Son propre entraînement au judo avait été très particulier, aussi il était difficile pour Nyala de l’aborder dans un contexte où l’objectif n’était pas de faire d’un enfant une arme.
__-« Ah ben si ! La base c’est de savoir tomber. D’abord tu apprends à te protéger puis après tu apprends à attaquer. Déjà si tu sais tomber, t’auras plus peur quand on t’agresse parce que t’façons t’auras jamais vraiment mal. Pis t’auras pas peur pour les prochains trucs qu’on fera. Paske le judo, c’est surtout jeter les gens au sol. Du coup pour s’entraîner il faut savoir tomber sinon j’vais te faire mal. »
__-Bien entendu, Nyala n’avait pas l’espace d’un instant envisagé que sa couverture eût pu être découverte. Ce n’était pas comme s’il y avait un enjeu particulier.
__-« Bref, on va sur le tatami là et je te montre comment on fait ? »

« Ah ouais okay. C’est dans quel film ça ? Ah non c’est toi ! Mais t’es pas un corbeau. Ou alors t’es genre Eau morphe ? Là okay tu peux être un corbeau. Mais j’ai pas compris pourquoi il faudrait plus être un corbeau pour mériter la confiance de machintruc, là. C’est bizarre de se transformer, mais c’est aussi super cool. ’faut pas avoir peur de ses pouvoirs, sinon après tu les utilises pas et c’est quand-même vachement moins marrant. »

Pricie sourit amusée, la petite Nyala n'avait pas compris son histoire. C'est peut-être mieux ainsi pensait l'adolescente qui avait encore tant de mal avec la confiance aux autres et en elle. Elle a tant peur d'être mise à l'écart si on savait vraiment ce qu'elle est. Une imposteur, du moins le pense t'elle. En vérité elle n'est qu'une gamine un peu paumée.

La petite Nyala proposa à Pricie de lui apprendre le judo, l’adolescente en fut reconnaissante et murmura un « merci » alors que Nyala  reprenait : « Alors, le judo il faut comprendre que en fait, t’attaques pas l’ennemi. C’est lui qui t’attaques et toi tu vas retourner sa force contre lui. La base du judo, c’est d’attraper ton adversaire, de le faire tomber et après tu l’immobilises, comme ça il peut plus t’attaquer. Mm, en fait… J’pense que la base… »

Nombre de gens était plus forts que Pricie mais utiliser la force de l'adversaire pour s'en sortir lui plaisait bien ! Si ce jour là elle avait pu utiliser la force de Ys pour le mettre hors d'état de nuire voire le raisonner, Mitsuki n'aurait pas perdu son aimé, Ys n'aurait pas été mis de coté.

« Tout est ma faute... » soupira la jeune adolescente si bas cependant que cela était difficilement entendu.

« Bref, on va sur le tatami là et je te montre comment on fait ? » dit la petite  Nyala après avoir expliqué que savoir bien tomber était la base au judo. Pricie se dit que c'était logique pour avancer il faut savoir se relever et pour se relever pas trop se blesser !

Pricie alla sur le tatami et s'exclama elle dans ses habits de sport : «  Je suis prête ! » Elle se concentra attentive à l’exemple et à la démonstration qui allait être faite. Elle voulait savoir se battre, c'était primordiale.

Premièrement pour Grande-soeur Luna et elle et tous ses amis face à la secte d'où elle venait les Karasus. Deuxièmement face à elle même qui n'en menait parfois pas large. Troisièmement face à cette place qu'elle tente de conquérir et à ce souhait fondamentale chez Pricie d'être à la hauteur. Enfin pour sauver les enfants qui comme elle sont nés au mauvais endroit, un endroit de morts et de corbeaux.

Tout cela n'avait donc rien d'un jeu et c'est avec un immense sérieux et concentrée que Pricie écoutait la plus jeune.

__–La démonstration et les exercices se passèrent bien. Pricie était très attentive. Peu accoutumée à autant de sérieux, Nyala faisait son possible pour ne pas trop déconner non plus. Très patiente, elle lui expliquait les bonnes postures et mouvements et l’encourageait à les répéter jusqu’à ce que Pricie pût les faire toute seule. En fait, elle s’inspirait beaucoup de ce qu’elle avait vu des méthodes des professeurs de Terrae.
__–En vérité, après deux bonnes heures de pratique, Nyala regrettait encore plus de n’être pas venue avec Aylan. Nul doute qu’ils auraient pu être amis. Qu’importait. Elles pourraient toujours de voir à l’occasion. Ce serait une bonne excuse pour sortir ses vêtements féminins, ce qui lui demandait toujours un effort et donc devait s’accompagner d’une motivation. Et peut-être un jour serait-elle lassée de la supercherie, ou Pricie la découvrirait-elle et ce ne serait pas très grave.
__–« Hé, on irait pas manger un truc ? J’ai faim à force de faire du sport, t’sais. Je prendrais bien une glace. Pis ’faudra qu’on refasse ça. Le judo c’est comme tous les sports, il faut pratiquer souvent sinon tu sais jamais bien en faire. Si tu veux on peut en faire genre je sais pas, une fois par semaine ou un truc comme ça ? Moi tant que tu me payes une glace par semaine, ça me va ! »
__–Il y a des priorités, tout de même.

Une mélodie, en mille sourires

Pricie plus que motivée dit : «  Ça me va ! Tu prendra quels parfums Nyala ? »  Elle alla ensuite prendre son sac et rejoignit Nyala : « En tout cas tu gères en sport qui t'a appris tout ça ? » Pricie se dit que sa cadette devait avoir eu de super mentors pour en savoir autant.

« Moi en tout cas j'aime beaucoup la fraise et la vanille ! A chacun de mes anniversaires Papa m'emmenait manger une glace énorme de ces parfums ! »

Le visage de la gamine s'assombrit : « Mon papa avait du mal à dire qu'il m'aimait mais il tenait à moi pour sûr ! » La môme se rappelait de ces manières un peu bourru, de ces timides gestes d'affection paternel, de cet amour filial que seul sa fille et lui entendaient. Mais c'était fini, le feu avait consumé le sourire hésitant. Elle n'entendrait plus jamais sa voix.

Devant ce constat la gamine resta silencieuse quelques instants avant de reprendre son souffle et de sourire à sa cadette pour la rassurer. Plus aucun enfant ne devait pleurer ou être inquiété elle ferait tout pour cela.  

Pricie sortit du gymnase sac sur l'épaule, des corbeaux se tenaient sur une branche non loin du bâtiment. Un frisson parcourut l'échine de la gamine de 14 ans au déjà lourd passé.

Pour contrer la pénombre qui lui faisait froid dans le dos la gamine se mit à chantonner d'une jolie mais maladroite petite voix en français parlant aussi bien anglais que français: « Tiago, j'ai pris, le temps de t'écrire, une mélodie, en mille sourires Tiago, j'ai mis le temps pour le dire, mais mon ami, je suis là pour le pire. Mon ami mon ami mon ami, Tiago. Mon ami mon ami mon ami, Tiago. Mon ami mon ami mon ami, Tiago, Tiago.»

La  micro-puce traductrice faisait son boulot pour ce qui était du japonais traduisant aux autres ce qu'elle disait, en effet elle n’étudiait le japonais que depuis un an.

Pricie tira la langue aux corbeaux qui s'envolèrent, triomphante elle se dit qu'elle ne serait plus jamais seule et cela la rassura.

« J'ai un ami, il s'appelle Tiago mais je l'appelle Tiago-sempai car bah c'est mon sempai ! Il est plus âgé que moi et je veux suivre ses pas ! Tu as un sempai toi aussi ? » dit Pricie à Nyala  avant d'ajouter : «  J'aime bien chanter surtout des chansons de la chanteuse Pink elle en a chanté des chansons mais ma préférée est «Walk me home »  ça fait :  « Walk me home in the dead of night, I can't be alone with all that's on my mind, So say you'll stay with me tonight, Cause there is so much wrong going on outside » »

« Et toi tu as un chanteur ou une chanteuse préféré ? » s'empressa de demander Pricie alors que le bâtiment du gymnase s'éloignait peu à peu au fur et à mesure de leurs pas.

__–La question du parfum était cruciale.
__–« Hmm… Pistache ! Et toi ? »
__–Nyala avait failli en dire deux, subtile indication qu’il aurait fallu lui payer une à deux boules pour qu’elle fût satisfaite, mais d’une part ce n’était pas très réglo, d’autre part elle n’avait vraiment envie que de pistache.
__–Puis Pricie vint à des choses plus frivoles, comme s’enquérir des raisons de la maîtrise de Nyala dans, en vérité, bien des sports. Puis s’épancha sur les relations avec son père. Oui, pour continuer le mensonge, elle aurait pu mentir et s’inventer elle aussi des parents, mais cela n’avait pas vraiment d’intérêt. En plus d’être dangereux. Et méchant. Aussi, Nyala préféra attendre, faire mine de réfléchir, écouter Pricie, espérer qu’elle passe à autre chose et oublie simplement la question… ce qui finit bien par arriver en effet. Étant elle-même atteinte d’une phobie, Nyala savait reconnaître les signes qui trahissait la présence d’une chez quelqu’un. Elle n’était pas sûre d’avoir identifié à quoi, cependant. Elles peuvent être sur des choses étonnantes et très quotidiennes, ce qui les rend malaisé à découvrir sans indice.
__–Et apparemment, la pensée de ce certain Tiago, un inconnu au bataille pour Nyala, avait suffi à conjurer ces pensées… mais en avait invoqué d’autres biens tristes.
__–« Oui, j’en ai un. Mais il n’est pas à Terrae. Je ne sais pas si je le reverrai un jour, en fait… »
__–Rares étaient les jours qui passaient sans que l’absence de Miguel, de cinq ans son aîné, se faisait sentir. Depuis presque autant qu’il s’en souvenait, il avait été là, avait veillé sur lui, Lisbet, Lola. Leur séparation, avant même la récupération d’Aylan par Terrae, avait été la perte de ce qui était rien de moins que sa famille. Rien qui donnait envie à Nyala de penser à des chansons.
__–« Oh, euh, pas spécialement. »
__–En vérité, elle n’avait même pas vraiment écouté la question de Pricie.
__–Un peu de glace ne serait pas de refus, mais serait-elle aussi bonne, à l’idée qu’elle en profitait et pas les siens ? Que peut-être ils n’en auraient jamais l’occasion ?
__–« T’sais quoi, tu me l’offriras la prochaine fois. J’ai pas faim du tout. »

« Oui, j’en ai un. Mais il n’est pas à Terrae. Je ne sais pas si je le reverrai un jour, en fait… »

La voix de la petite  Nyala avait été triste à ces mots, elle répondit rapidement elle n'avait pas de chanteur-se préféré-e puis déclina la glace. Pricie la prit par la main dans un : «  Viens ! »

Elle amena Nyala à un arbre non loin du gymnase et la mena à une planche en bois tenue par une corde des deux cotés attachée à une branche solide de l'arbre. Pricie s'assit sur la balançoire fabriquée.

« J'ai trouvé  cette balançoire l'an dernier,  un élève l'a probablement fabriqué, quoi qu'il en soit j'y allais quand je me sentais triste, je jouais les durs mais au fond je n'étais qu'une petite fille de 13 ans. »

Pricie se mit à lancer ses jambes doucement devant elle, la balançoire bougea avec douceur.

« Quand j'étais dessus j'étais comme en voyage, j'oubliais la peur et la douleur, je partais dans le vent à mes oreilles et sur mon visage ! »

La jeune adolescente ferma les yeux et propulsa la balançoire pour illustrer ses dires. Le vent caressa doucement ses joues.

Elle rouvrit les yeux et sourit à Nyala.

« Quand je me sentais perdue ici je me retrouvais ! » Pricie pointa le ciel au soleil couchant si beau, un orange-jaune bordé d'un rose-rouge pâle. Sa main levé vers l'horizon semblait vouloir toucher le soleil. « Ici j'avais l'impression que tout s'arrangeait et que tout était possible, sur cette balançoire j'y croyais ! »

Elle freina de ses pieds sur le sol de terre sèche et la balançoire s'arrêta puis s'immobilisa peu à peu.

« Je ne crois pas que tout est possible, des gens et des choses disparaissent, mais tant que l'on vit rien ne s'arrête  Nyala et quelque chose de nouveau apparaît sans cesse parfois c'est douloureux d'autres heureux mais cela continue et rien que pour ça ça vaut le coup. C'est nouveau tout simplement. » Pricie 14 ans soupira : «  L'an dernier je refusais la nouveauté je voulais retourner dans le passé et retrouver mon père. »

L'adolescente baissa la tête : « Mais je ne le reverrai jamais. » Elle adressa un sourire doux et triste à la fois à  Nyala : « J'aimerais le revoir mais le chemin de la vie et de la mort a fait que je suis là, j'ai rencontré Grande-soeur Luna, Beaux cheveux Akihiko , Tiago-sempai et plein d' autres gens super, je n'ai pas eu que des bonnes journée mais sans ça je ne les aurais jamais rencontré ! »

« Les choses changent  Nyala mais ce n'est pas toujours en mal et c'est car on vit ! » Pricie eut un sourire un peu plus heureux à sa cadette et posa sa main sur l'emplacement du cœur de  Nyala : «  Même si le garçon qui devait venir n'est pas venu je suis contente d'avoir passé cette journée avec toi  Nyala tu es une petite fille super sympathique ! » Pricie fit un clin d'oeil à l'enfant dans un : «  Et la prochaine fois tu auras une glace à la pistache ! »

__–Sur ces entrefaites, Pricie attrapa la main de sa comparse et l’emmena sous un arbre, où une balançoire pendait. Nyala savait ce que c’était, mais n’en avait, en vérité, jamais fait usage. Elle n’en avait jamais vu l’utilité non plus : quand on a un skate, un grappin et un ordinateur, quel intérêt pourrait bien avoir une planche et deux cordes ? C’était là un amusement pour petit enfant, d’avant dix ans. Elle n’allait certes pas dire à Pricie que c’était là un artefact destiné aux bébés. (Après tout, elle n’avait rien à dire pour ce qui était d’utiliser des objets ne correspondant pas à son âge.)
__–Et puis, le reste de son discours, non moins enfantin, n’était pas exempt de certaines vérités. Ou en tout cas d’un sentiment fort noble. Nyala n’arrivait toutefois pas trop à se raccrocher à ses paroles. Pricie avait perdu son père et réussi à en faire le deuil ; Nyala avait perdu toute sa famille et surtout, la personne qu’il aimait, mais ils n’avaient pas été séparés par la Faucheuse. Le cheminement à faire était très différent pour elle. Là où Pricie devait accepter un deuil, la petite Air devait trouver le moyen de les retrouver ; justement se refuser à accepter la fatalité de leur perte. En fait, se rendit-elle compte, avant sa rencontre avec cette fille, elle ne s’était jamais posé la question de si c’était seulement possible de les revoir. Ils avaient été séparés dès bien avant son arrivée à Terrae et Nyala avait été conditionnée pour croire, pour être persuadée, qu’elle ne les reverrait plus jamais. Une arme, ça n’a pas d’amis.
__–Enfin, grâce à Pricie, arrivait-elle à toucher du doigt ce blocage, cette limitation qui avait été tellement enfoncée dans son esprit qu’elle était devenue une auto-censure ; une incapacité rendue volontaire à penser à Miguel, Liz, Brad et surtout Lola autrement que comme des personnes à jamais inaccessibles.
__–Sauf qu’elles n’étaient pas mortes.
__–Et si personne ne pouvait les retrouver, c’était à elle de le faire.
__–« Merci Pricie. »
__–Nyala lui fit un câlin.
__–« J’t’aime bien aussi. »
__–Après quelques précieux instants passés dans les bras de son aînée – qui faisait tout de même près de vingt centimètres de plus qu’elle –, Nyala desserra l’étreinte, essuya les quelques larmes qui commençaient à poindre au coin de ses joues.
__–« À samedi prochain alors ? »