Il est impossible de savoir ce qui se passe dans la tête d'un chien. Il est d'autant plus impossible de savoir ce que pense réellement Roda. Naturellement calme et douce, ses yeux noirs vous fixent, attentive. Roda, qui est toujours à l'écoute, qui veille toujours, à quoi songe-t-elle ?... Généralement, si vous avez de la nourriture dans la main, elle attend juste que des miettes tombent, même c'est aussi  parce qu'elle fait son travail... et si elle fait bien son travail, elle a des choses bien meilleures à manger que des miettes. Et toute sa tendresse, depuis que son grand maître a disparu, elle la garde pour sa petite maîtresse. Chrys avait peut-être grandi, mais Roda avait toujours l'impression de veiller sur un jeune chiot. Et ce matin-là, cette impression se confirmait.

Elle était restée allongée dans son lit, laissant le réveil de son téléphone sonner pendant plusieurs minutes. Quand elle réussit enfin à bouger, elle arrêta la musique avant de sombrer à nouveau dans le sommeil. Roda, qui était assise au bord du lit depuis les premières notes du réveil, n'avait pas bougé, patiente. Ce n'était pas normal, Chrys prenait parfois son temps le matin, pour se lever... Ça dépendait si elle avait bien dormi. Mais à ce point-là, a n'arrivait que pour une seule raison... Roda se redressa pour glisser son museau froid sur le front de sa petite maîtresse. Elle geint mais n'ouvre pas les yeux. Son souffle est chaud et elle a l'odeur de la maladie qu'ont les hommes quand ils sont restés trop longtemps dans le froid ou les courants d'air. Une à deux fois par an, Chrys tombait malade si fort qu'elle ne pouvait pas prendre soin d'elle. Une à deux fois par an, Roda savait exactement ce qu'elle avait à faire.

Elle se dresse sur ses deux pattes, s'aidant du mur, pour atteindre la poignée qu'elle actionne. Ça lui fait mal aux pattes maintenant, arrières et avants. Mais elle fait son travail et veut protéger sa maîtresse à tout prix ; avoir mal aux articulations à son âge, c'est normal. Elle laisse la porte entrouverte dans son départ mais ça n'a jamais posé de problème dans cet endroit... et elle revenait vite. Elle savait où aller. C'était le devoir de Roda de connaître et retenir les chemins importants. Celui vers maîtresse Alice était le premier qu'elle avait mémorisé ici. Elle se plaça devant la porte et la gratta. Une fois, deux fois,... Pas de réponse. Elle gratte encore mais c'est toujours aussi silencieux. A bien tendre l'oreille, elle est persuadé qu'il n'y a personne à l'intérieur. Roda réfléchit. Il n'y a pas foule de solutions alors elle repart vite.

Le couloir des humains unis à la Terre est calme ; certains sont curieux de la voir seule mais ne l'empêchent pas d'accomplir son devoir. Certains qui la connaisent de vue fouillent le couloir du regard, sans doute à la recherche de sa petite maîtresse ou de maîtresse Alice, et la suivent du regard, comme pour s'assurer qu'elle n'est pas perdue et qu'elle sait où elle va. Ils sont gentils les Terres... mais c'est évident qu'elle sait où elle va ! Elle connaît son métier tout de même. Par contre de l'autre côté de l'étage, chez les humains maîtrisant le Tonnerre, il y a toujours plus ou moins de l'animation. Cette étrange sensation de chaos qui traîne... Roda s'y tient aux aguets, mais sait rester sereine même face aux bruits forts et soudains qu'il peut y avoir parfois. Ça bouge dans tous les sens, même quand il ne s'y passe rien, Roda a l'impression qu'il y a toujours du mouvement ici. Encore une fois, sa présence attire les regards mais une fois qu'elle se poste devant une porte tenant difficilement en place, rappiécée de tous les côtés, la plupart des curieux retournent à leurs affaires...

Roda penche la tête sur le côté... Devrait-elle plutôt aboyer, au lieu de gratter la porte ?... Elle s'ébroue, refusant d'aller à l'encontre de ce qu'elle a appris ; on aboie que s'il y a danger. Elle gratte alors, mais prenant garde à ne pas l'abîmer un peu plus. Hm... Peut-être devrait-elle sauter et tenter de renverser la porte ?... Elle aurait été en forme, elle aurait pu essayer mais elle n'était même pas sûre de pouvoir courir... Son dos lui faisait un mal de chi- AH ! La porte s'ouvre et Roda remue la queue en voyant l'humain qui lui donne les meilleures gratouilles. ...Mais elle ne reste pas assise bien longtemps. Elle se lève et se tourne vers lui. Fais quelques pas dans le couloir et le regarde à nouveau pour voir s'il a bien compris qu'il devait la suivre. Les humains sont un peu bêtes c'est vrai mais il faut leur laisser le temps c'est tout.

Roda s'avance, vérifiant toujours que l'homme aux bonnes gratouilles continue de la suivre. Elle se glisse dans la chambre de sa petite maîtresse et s'assoit à côté du lit, la truffe levée vers lui. Il est impossible de savoir ce qu'il se passe dans la tête d'un chien... mais parfois on peut lire le regard noir de Roda et lire :

Toi. L'homme aux gratouilles... Guéris ma maîtresse.

__-Il est impossible de savoir ce qui se passe dans la tête d’Aylan. Y compris pour Maria, bien qu’étant télépathe ; et pour cause : cela requérait du petit Air qu’il fît acte de présence à un seul de ses cours. Or, depuis qu’il était passé il y a quelques semaines de cela au collège et ne voyait plus la master qu’en blouse blanche, il ne l’avait pour ainsi dire plus vu du tout, sinon au premier cours. Pas tellement parce qu’il n’appréciait pas ce professeur, loin de là, mais plutôt parce qu’il appréciait encore plus de faire autre chose de son temps que de travailler à l’école.
__-Après tout, il s’y connaissait déjà en balistique – inutile de préciser pourquoi – et avait de bonnes bases sur l’optique, l’électricité et la chimie. Pour savoir utiliser différentes sortes de viseurs et lunettes de vision nocturne, saboter un circuit d’alimentation ou faire dissoudre divers objets et êtres vivants dans divers produits, certes. Par ailleurs, il y avait interrogation écrite, aujourd’hui. Une raison suffisante pour s’épargner une présence en classe. Certes, ses résultats en pâtiraient… Mais qu’est-ce que ça pouvait bien lui foutre ?
__-Quoi qu’il en était, après s’être levé tôt pour prendre la décision de ne pas aller à l’école, Aylan résolut de passer la matinée devant sa console. Il y aurait toujours les cours de langue de l’après-midi. Aylan connaissait déjà le français, mais il y avait toujours le japonais.

__-Revenons au cours de l’histoire. Après avoir allumé sa switch et lancé Breath of the Wild, notre protagoniste fut saisi d’étonnement… son réservoir à bonbons était vide ! Improbable, mais vrai. Vrai aussi qu’il n’en avait pas, disons, emprunté chez diverses personnes sans les prévenir depuis longtemps déjà. Ne voulant pas se lancer dans une opération trop complexe, Aylan alla chercher un de ses outils préférés, qui avec son skate et sa console, avait englouti l’intégralité de l’argent de poche qu’il avait pu glaner ici et là : un grappin, muni d’une belle et longue corde d’escalade. D’un geste maîtrisé du bras, il le lança jusqu’à une fenêtre ouverte située un étage plus haut, celle de Chrys étant restée fermée. Et il se lança dans le vide, non sans avoir au préalable assuré ses nœuds – on était tout de même au quatrième étage.
__-Certes, cela lui aurait coûté beaucoup moins de temps et d’efforts de passer par la porte, Chrys ne la fermant jamais quand elle ou Roda étaient là et Aylan pouvant l’ouvrir de toute manière en moins de temps qu’il en faut pour le dire… mais ce n’aurait pas été rigolo. Se balancer sur plusieurs mètres, marcher à la verticale sur la surface puis devoir crocheter la fenêtre en suspension était bien plus divertissant comme manière de faire. En plus d’honorer les fenêtres des Terres de traces de pas difficile à expliquer.
__-En parlant de ça…

Luna a écrit:

__-Qu’est-ce que fous là, moi ?
__-J’ai rien à vous raconter en plus. Je me suis juste levée tôt pour régler deux-trois merdes de compta au bar. Puis je ferai faire des courses et rejoindrai le stand de Noël dans l’aprem. J’ai pris le p’tit dej avec Pricie, lui ai dit bonne journée et là j’avale ma tasse de café. Y’a vraiment rien à voir, circulez.
__-Ah, la luminosité baisse d’un coup. Un nuage.
__-Attendez mais non, il fait plein soleil. Ça m’a frappé en me levant, même.
__-Je me retourne vers la fenêtre.
__-C’est. Quoi. Ça. Un pied. Un pied vient de passer, j’en suis sûre, là. Un petit pied. À ma fenêtre. Et. Il a laissé des traces. Que.
__-Oui bon d’accord, c’est surprenant, mais c’était vraiment la peine de venir me déranger juste pour me faire raconter ça ? Puis si c’est pour me dire que je vais devoir me faire chier à nettoyer la fenêtre parce qu’un gamin a fait le con, c’était vraiment pas la peine.

__-Reprenons le cours de notre histoire.
__-La fenêtre ouverte, Aylan pénétra la chambre de Chrys avec un « Coucou c’est moi ! Ah y’a personne. » Ou du moins, il n’y avait pas de réponse, ce qui revenait au même. Tout naturellement, Aylan se dirigea vers les placards en sifflotant une musique de la BO de Dragons, en ouvrit un, récupéra un sachet… et s’étonna de quelque chose.
__-« Roda ? »
__-Elle n’était pas là non plus. Pourtant, elle s’inquiétait de sa présence quand Aylan pénétrait la chambre ; celui-ci étant un bon pourvoyeur de caresses. Inspectant les alentours, Aylan remarqua que la porte était ouverte. D’un espace juste assez grand pour laisser passer un chien de la taille de Roda. Et la chaussette qui pendouillait au loquet était mouillée…
__-Chrys aurait laissé sa chienne, vieille et en médiocre santé, vagabonder aux quatre vents ? Aylan ne connaissait pas encore très bien les habitudes de son amie avec sa canine compagnonne, mais cela l’étonnait quelque peu. Comme devant toute situation étrange, il inspecta les lieux à la recherche d’indices. Et finit par trouver ce qu’il n’avait même pas remarqué en entrant : Chrys, recroquevillée sous sa couette. Il s’approcha à pas de loup, ne voulant pas la réveiller. (Passons sur le fait que n’ayant pris aucune précaution de la sorte en entrant, si ses bruits devaient avoir réveillé son hôte à quelque moment que ce fût, elle l’aurait été bien plus tôt.)
__-« Chrys ? Tu dors ? »
__-Il enfonça son doigt sur sa joue. Pas de réaction. Elle dormait. Ne devait-elle pas travailler aujourd’hui ? Il passa sa main sur son front. Elle devait peut-être, mais elle ne pouvait pas. Et Roda s’était fait la malle. Inquiet du sort de la chienne, Aylan s’approcha et chuchota :
__-« Roda est partie mais t’en fais pas je vais la retrouver. »
__-Et il sortit de l’appartement, non sans un paquet de biscuits sous la main et avoir rangé son grappin et sa corde dans son sac.
__-Aylan se retrouva donc dans le couloir des Airs, bien calme en cette matinée de semaine. Trop calme pour avoir quelque indice que ce soit sur la direction qu’aurait prise le chien. À ce sujet…

Luna a écrit:

__-Encore moi ? Mais qu’est-ce que vous avez à m’emmerd– oh un chien. Puis il est gros. Qu’est-ce qu’il fout dans les couloirs des Terres, je ne l’ai jamais vu… Je le regarde se diriger vers chez Alice. Hé non coco, je l’ai pas vue ce matin, elle a dû partir avant moi. Personne n’a l’air de trop s’étonner de la voir, alors je ne m’en souci pas plus que ça. Bref, il est temps que j’y aille moi. Ma tasse est finie, je la fous dans l’évier, prend mon téléphone, sors, ferme la porte, mets mes écouteurs et un peu de power metal. Ça me réveillera peut-être.
__-Encore le chien, il me suit ? Il va descendre les escaliers lui aussi ? Ah non, il tourne à gauche, direction les Tonnerres. Okay, bon.
__-Ça me fait penser, un truc qui n’a rien à voir, il faudra que je rachète des œufs, on en a – HÉO C’EST QUOI ÇA.

__-Dévalant les escaliers, faisant à l’occasion un ramdam que seules les notes endiablées de la guitare électrique de Dominique Leurquin auraient pu couvrir, Aylan fit un tournant brusque et manqua d’emplafonner une Luna encore quelque peu dans le cirage.
__-« Oupsdésolépardondistuasvuunchienblanc ??? »
__-L’intéressée passa sa main sur son visage, retira ses écouteurs et répondit avec toute sa science oratoire :
__-« Gné ? »

Luna a écrit:

__-Hé ça va, si c’est pour se foutre de ma gueule, je peux le faire moi-même, oh. Je disais donc :
__-« Attend, moins vite gamin…
__-– Un chien blanc ! T’as vu passer un chien blanc ? Genre gros comme ça ! »
__-– Euh… Ouais…
__-– Ah super ! Il est parti par où ? Tu sais !? »
__-Pourquoi c’est moi qui me tape les Sonores dès le matin… Puis il devrait pas être en cours ? Il a l’air plus jeune que Pricie mais quand-même, il a sûrement le même emploi du temps. Enfin qu’importe, je suis trop dans le coaltar pour faire autre chose qui lui répondre pour qu’il me foute la paix le plus tôt possible. Et aussi que je puisse dégager de ce texte ou je ne suis même pas censée être.
__-« Euh… Ouais… Regarde du côté du couloir des Tonnerres.
__-– Oksupermercibeaucoup !
__-– Y’a pas de quoi… »
__-Fin de tournage pour Luna, c’est bon ?

__-Tout à fait.
__-Désormais détenteur d’une précieuse information, Aylan put continuer sa quête en direction du couloir des Tonnerres, qu’il avait jusque là peu eu l’occasion de fréquenter mais qu’il connaissait de nom. Certes plus animé, il était néanmoins lui aussi pour le moins dépeuplé en cette belle mais fraîche matinée d’hiver. Tout au plus, deux andouilles autochtones se livraient à une course de sièges à roulettes, alors qu’une tierce personne diffusait depuis sa chambre de la musique à fond qui résonnait dans tout le corridor.
__-Mais enfin, Aylan aperçut sans problème Roda. Dans les bras… du zouave pousseur de poids rencontré tantôt au marché de Noël. Surpris de le voir habillé, Aylan l’imita d’une certaine manière et ne se dévoila pas, préférant rester à l’angle du couloir.
__-Il s’assit contre le mur et réfléchit.
__-Senri et Chrys étaient, selon son analyse dépourvue de filtres et de capacité à comprendre toute la complexité des relations entre adultes, amoureux. Chrys étaient malade. Roda devait donc être parti en quête d’une personne proche de sa maîtresse, qui aurait pu lui porter assistance. Or voilà : pour le moment, Aylan ne s’était pas introduit, mais introduite auprès de Senri. Et s’il avait confiance en son art de la dissimulation, il ignorait trop la simplicité de ce chauve personnage pour arriver à la conclusion que, même faisant face à supercherie, celui-ci risquerait de ne pas la percevoir. En clair, Aylan craignait qu’il comprisse qu’il était en fait Nyala. Ce qui l’embêtait : il avait à cœur de limiter le nombre de personnes qui pouvaient être au courant de sa ruse. D’autant plus que Senri était un client potentiel à des farces et attrapes ultérieures du cru de notre protagoniste.
__-Néanmoins, curieux de voir le dénouement de cette affaire, et d’ajouter des éléments à son ship entre Chrys et le plus favorisé en muscles qu’en poils sur le caillou, il décida d’assister à la scène.
__-Sans qu’aucun de ses deux protagonistes n’en fût au courant. Pour le moment.
__-Aylan jeta un coup d’œil dans les couloirs. Senri se dirigeait vers les escaliers. Le petit Air les monta donc quatre à quatre, rentra chez Chrys subrepticement pour ne pas réveiller l’occupante des lieux… Et passa le peu de temps entre son arrivée et celle de Senri et Roda pour déplacer les ustensiles de cuisine, dans le silence le plus absolu – surprenant pour qui le connaîtrait un tant soit peu, tout à fait normal pour qui le connaît plus en profondeur. Suite à une savante optimisation de la place – et avoir mis la plupart des casseroles et poêles à côté de l’évier, comme si elles étaient à sécher –, il put se dégager un espace assez grand pour s’y planquer, attendre la venue des visiteurs et les écouter.
__-Ah, mais.
__-Et l’odorat de Roda ? Et son sac, qu’il avait déposé à côté de l’entrée en arrivant et l’y avait oublié ?
__-Oups.
__-Trop tard, de toute manière ; on poussait la porte.

Senri était un train de travailler sur sa manipulation des sentiments. Il arrivait globalemenr a faire partir un sentiment de lui-même. Mais avait décidé d'explorer son pouvoir de manière différente, en partant du ressenti. Être dans l'aile la plus chaotique de Terrae aidait ; les énergies fusaient de partout et faisait n'importe quoi. Ce qui les rendait plus facile à percevoir pour quelqu'un qui débutait.

Ainsi, Senri sursauta en entendant du bruit près de sa porte. Car il n'y percevait aucune énergie — ça faisait deux heures qu'il poussait des haltères en se concentrant sur les énergies qui quittzit l'aile ou y rester. Il reposa la barre dans un bruit métallique et alla ouvrir. Il découvrit Roda, la chienne de son ami Chou. Visiblement, percevoir les énergies animale, ce n'était pas pour maintenant.

— Roda, qu'est-ce que tu fais là ?

Il s'était accroupit pour caresser la chienne, avant que celle-ci ne se mette à faire quelques pas. Il y eut un petit bruit dans les cages d'escalier, alors que Senri se redressait. Avec des grands yeux de merlans frits qui toisaient Roda, en se demandant ce qu'elle voulait.

Et où était Chou ? Normalement, elle était toujours avec Roda, c'était bizarre. Soudain, Senri eut l'illumination !

— Ah ! Tu veux du poulet !

Roda sembla aussi exaspéré qu'un chien puisse en avoir l'air. Lorsque Senri ressorti de sa chambre avec une escalope de poulet a la main, la chienne ne vint pas vers lui. Et commença a avancer.

— Mais attends, c'est pour toi !

Et il se mit à la suivre. C'est avec cet ingénieux stratagème que Roda attira Senri jusqu'à la chambre de Chou dont la porte était entrouverte. Il ouvrit doucement la porte pour laisser passer la chienne. Pris soin de bouger le sac laisser en travers de la porte. Il était assez lourd, mais rien d'insurmontable.

Finalement Roda, alla jusqu'au lit de Chou. Et Senri comprit.

En fait Chou était malade !! Il devait s'occuper d'elle !

— Merci Roda, je m'occupe de tout !

Il tendit le morceau de viande à la chienne qui le toisait, et après ce que Senri aurait juré être un plissement d'yeux de la part de la chienne, Senri se concentra sur son amie.

— Hem, Chou, tu vas bien ? C'est moi, je vais m'occuper de toi ! Tu as mangé ?

Étant donné l'heure sûrement que non. Il avait retenu la recette du bouillon qu'elle avait fait la dernière fois ! Bien. Il se dirigea vers le plan de travail. Plusieurs casseroles étaient en train de sécher. Il en saisit une, et commença à préparer un bouillon. Néanmoins, il y avait un truc qui clochait, sans trop savoir quoi, il birfuqua entre les placards, pour recueillir les différents ingrédients. Une fois qu'il eut fini la préparation, il chercha du regard des médicaments. Où plutôt un endroit où ils pourraient être rangé. Seulement, ça impliquait de fouiller les placards de Chou. Cette simple idée le fit rougir jusqu'aux oreilles et l'obligea a se tenir au plan de travail pour ne pas tomber. Après avoir lancé un regard désespéré à Roda, qui semblait attendre qu'il fasse quelque chose, Senri prit son courage a deux mains et retourna auprès de Chou.

— Euh, je, hm, peux... Enfin, je vais prendre ta température. Tu veux bien ?

Est-ce que vous avez une idée de la façon qu'à Senri de prendre la température ? Non, certainement pas avec la main comme tout le monde. Non, Senri a recours a une technique bien connu des shojos qu'il consomme avidement. Le front contre front.

Roda ne réalisa pas tout de suite que quelqu'un d'autre était dans la chambre, parce qu'elle devait absolument guider l'homme aux grattouilles... mais aussi parce qu'elle zieutait aussi le morceau de poulet qu'il avait dans la main. Il comprit enfin la situation et la laissa avoir la récompense bien méritée. C'est qu'il en fallait de la patience pour communiquer avec les humains ! La communication entres humains n'était pas plus facile apparemment puisque sa petite maîtresse, aux questions de l'homme aux grattouilles, ne put pousser qu'un énorme soupir avant de répondre en marmonnant. :

-C'était pas ma faute, c'était les autres avec les cailloux...

C'était pas gagné. Roda ayant fini son morceau de poulet commença à renifler le sac étranger que l'homme aux grattouilles avait déplacé. Il n'y avait pas d'erreur possible, cette odeur métallique mélangée à celle du sucre industriel... Le petit humain dangereux était ici. Encore ici. Roda commença à traquer les allées et venues qu'il avait pu faire ; du sac, à la porte, au lit, vers les placards... Ah... les placards... Elle les fixa longuement en attendant que l'homme aux grattouilles remarquent qu'elle lui demande de- que-... non mais qu'est-ce qu'il fait ?

Il est penché vers sa petite maîtresse qui marmonne encore. :

-Quand le cœur se contracte... c'est la pression systolique...

Elle récitait ses cours maintenant... Sa fièvre doit être élevée. Roda n'abandonna pas l'idée de faire sortir le petit humain dangereux de son placard ; elle le trouvait dangereux, rien qu'à son odeur, mais sa petite maîtresse aimait le chiot qu'elle voyait et Roda respectait sa volonté tant qu'il ne la mettait pas en danger. Alors, elle voulut sauter sur le lit... A la place, elle ne réussit qu'à se plier avant de souffler fort ; elle n'avait plus la force de faire ça. Elle dut se résoudre à attirer l'attention de l'homme aux grattouilles en lui cognant le mollet. Il était du genre à se servir de sa tête ainsi, peut-être que si elle l'imitait, il la comprendrait mieux ?

Vieeeeeeeens ! Suis-moi !

Quel métier d'chien sans déconner ! Elle le cogna une nouvelle fois pour être sûre d'avoir capté son attention avant de se poser lourdement devant les placards. Le regarder. Regarder les placards. LA ! S'il comprend pas cette fois, la prochaine, elle va chercher le petit humain elle-même. Non mais.

__-Roda entra, suivie de près par son porteur de poulet personnel, qui se dirigea vers Chrys et échangea avec elle quelques mots… Visiblement, celle-ci n’était pas en une forme suffisante pour formuler une réponse intelligible. Partant du principe que la nourriture est un remède à bien des maux, Senri se dirigea vers la cuisine. Alors que ses pas se faisaient plus proches, Aylan devint aussi silencieux qu’il pouvait l’être, se retenant presque de respirer. C’était si excitant ! Il voulut observer la scène, mais n’osait qu’à peine ouvrir la porte, pour ne laisser passer qu’un rai de lumière et entr’apercevoir la jambe de Senri.
__-Et Roda. Juste là. À renifler dans sa direction. Ils se sentaient et s’entendaient sans se voir. La chienne avait toujours été réceptive aux attentives caresses d’Aylan, auxquelles elle avait droit dès qu’il pénétrait le domicile de Chrys. Peut-être en réclamait-elle ? C’est que ce n’était pas le moment !
__-D’autant plus que Senri quitta la cuisine pour s’approcher de Chrys… Aylan sortit, que dis-je, dégaina son téléphone portable, activa la caméra, élargit un tout petit peu la fente du placard, assez pour que l’objectif pût immortaliser la scène du prince plus charmant que chevelu coller son front sur sa princesse. Mais… Il s’avança un peu trop, se laissa gagner par son enthousiasme. Et perdit l’équilibre. Dégringola tête la première. La pauvre Roda, qui n’en avait sûrement pas demandé tant, se prit la porte du placard en plein museau. Senri, quant à lui, se retrouva avec un Aylan affalé à ses pieds, arborant un immense sourire coupable.
__-« Euh. Salut. »

Un foutoir pas possible fit sursauter Senri si fort qu'il se cogna contre le mur. Il venait d'être pris en flagrant délit de prise de température. Ce qui était en fait parfaitement normal quand quelqu'un était malade. Alors pourquoi ça l'avait autant angoissé ? Mais puisqu'on parle de ce qui est normal et de ce qui ne l'est pas.

Il y avait un enfant qui venait de tomber du placard de Chou.

Il passa son regard sur Roda qui lui avait cogné le mollet avec sa tête un peu plus tôt - sûrement un signe de respect ou d'affection. Puis sur l'enfant. Roda. L'enfant. Roda.

- Tu m'expliques ?

Comble du comble de s'adresser à un chien en pensant qu'elle allait lui répondre, alors qu'il avait été absolument incapable de deviner ce qu'avait voulut lui transmettre Roda. Reste que le garçon se leva, pour s'approcher de l'enfant - créature avec lesquels Senri n'avait aucune idée de comment interagir. Il s'accroupit en face de lui.

- Qu'est-ce que tu fais dans un placard ?

Senri fut traversé d'une affreuse pensée... Et si, Chou gardait ce petit captif depuis le début, et qu'ainsi il venait de découvrir son terrible secret ?! Il avait maintenant peu de se retourner et de découvrir la silhouette de son amie, se relevait, un couteau et un sourire carnassier sur le visage, pour les faire taire à jamais.

Non, impossible. Il devait y avoir une autre explication.

- Merde, le bouillon !! Bouge pas toi !! Roda tu le surveilles !!

Senri se releva à la hâte pour aller jusqu'à la casserole qui s'était mis à bouillir un peu trop fort. Il la sortit du feu, mais s'éclaboussa la main. Il serra les dents de toutes ses forces, avant de se retourner vers le garçon et la chienne en se secouant la main.

- Bon, c'quoi ce cirque, à la fin ?

Roda poussa un couinement quand elle reçut la porte du placard dans son museau. Elle réussit à faire en sorte qu'il ne soit pas assez bruyant pour faire sursauter sa maîtresse... La chienne fidèle se redressa un moment. Le soudain chahut ne l'avait pas tirée de sa torpeur... C'est que c'était plus grave que d'habitude. Elle échange un regard entre le petit humain dangereux et l'homme aux gratouilles qui se fixent. ...MAIS NOM D'UN CHIEN BOUGEZ-VOUS LA !  Sa petite maîtresse ne va pas bien et il n'y a qu'elle pour le voir ! Bande d'empotés. Elle aurait dû attendre devant la porte de maîtresse Alice. Et l'homme aux gratouilles à le toupet de lui demander ce qu'il se passe ? Sachez que si elle en avait été capable, Roda aurait à ce moment, levé les yeux au ciel.

La situation ne s'arrange pas et l'homme aux gratouilles se méfie plus du petit humain dangereux que de la maladie qui a couché sa petite maîtresse. Roda s'approche de Aylan, elle lèche sa joue et reste collée à lui pour indiquer qu'elle fait confiance au petit. C'est pas dit que l'homme aux gratouilles comprenne, c'est qu'à force de se cogner la tête on dirait qu'il ne sait plus s'en servir, mais ça importe peu parce qu'il finit par lui demander de surveiller le petit humain dangereux et il va s'occuper du bouillon qu'il avait commencé à préparer. Et il se brûle. Et il leur demande, à Roda et Aylan, c'est quoi ce cirque. ...Roda ne connaît pas le mot "cirque" mais au ton qu'il emploie, si elle en avait un, elle lui aurait bien fait comprendre qu'il devrait baisser le sien.

Puisque Chrys se redressa dans son lit, assise mais les yeux à peine ouvert et brillants de larmes fièvreuses. Elle s'était couchée sans attacher ses cheveux, déjà un peu malade hier sans s'en rendre compte, est le volume était impressionnant, comme la crinière d'un lion blanc. Sa voix est faible quand elle parle. :

-Ne vous fâchez pas... ne vous fâchez pas... elle décale sa couette, pivote dans son lit et tente de se lever. Je vais m'occuper de vous, attendez-

Et elle s'effondre, Roda déjà devant elle pour amortir sa chute. Ça lui a fait mal, elle n'est plus aussi jeune pour faire ça... Mais c'est son travail. Protéger sa petite maîtresse. Toujours prise de fièvre Chrys glisse ses mains pâles dans son poil blanc, renifle son odeur de chien tout propre en marmonnant encore. Et la tête de Roda s'est tournée si vite vers les deux autres humains présents dans la pièce qu'on ne pouvait lire qu'une chose dans ses yeux noirs habituellement doux.

Vous vous occupez de ma maîtresses MAINTENANT ou je vous sors.


HRP : RODA ME MANQUE AAAAH T_T

__–Expliquer, expliquer.
__–C’est que c’était un peu long et Aylan doutait d’être la personne dont il fallait le plus s’enquérir des raisons qui l’avait poussé à s’étaler au sol avec un chauve penché sur lui à lui poser des questions sur son état.
__–Ah, non, en fait il parlait au chien. Laissait déborder le bouillon. Demandait à cette crème de Roda de le surveiller, mais celle-ci avait plutôt élu de lui faire un câlin, qu’Aylan accepta bien volontiers et remercia de force grattouilles.
__–« Rooooh t’es trop gentille toi, moi aussi je t’aime bien, viens me faire un gros câlin ! »
__–Et voilà que cette séance de tendresse fut interrompue par une agitation dans un endroit qui devait au contraire rester aussi immobile que possible. Aylan suivit Roda, en retard de quelques pas – ou pattes – seulement derrière elle, attrapa Chrys qui confondait sa pauvre chienne avec un airbag et la remit sur son lit non sans grognements et soufflements d’efforts. Soufflement très littéraux, vu qu’il utilisa son vent pour fournir une poussée supplémentaire. Quand elle fut remise, il replaça la couverture et tapota un peu dessus, autant pour la remettre bien que pour l’interdire de bouger.
__–« Non toi tu restes là ! T’en fais pas, moi et Roda et ton amoureux on s’occupe bien de toi ! Tiens r’garde, Roda elle va se mettre avec toi – tu vas voir ta maîtresse Roda ? Comme ça elle aura bien chaud et tu pourras lui faire des câlins ! –, moi je vais aller te chercher une autre couette comme ça t’auras bien chaud et ton amoureux il va te faire manger un bouillon comme ça t’auras de l’énergie ! »
__–Sa grappe de grenades dégoupillées et lancées dans la pièce, Aylan la quitta en un éclair, direction sa propre chambre. Il avait ce qu’il fallait de couvertures supplémentaires où s’emmitoufler lui-même. Habitué des climats chauds, le Japon lui semblait toujours un peu trop froid à son goût.

Roda s'était mise debout et avait montré son affection pour l'enfant caché dans le placard. Est-ce que Chou et Roda l'avait vraiment enfermés ?! Il n'eut pas le temps de réfléchir davantage que la voix de Chou se fit entendre. Il se maudit intérieurement, il l'avait réveillé avec son vacarme !!

L'adolescent eut un pic de stress en voyant Chou tombait et Roda la retenir avec difficulté. Senri s'était approché, mais l'enfant avait était plus rapide. Il usa de son pouvoir d'air, semble-t-il pour repousser Chou dans lit. Avant de repartir pour aller chercher des couvertures.

Il avait dit quoi, juste avant ?

- Ahah... Les enfants hein... Ahah.

La pivoine sur patte sur retourna mécaniquement pour remplir un bol de bouillon et le ramener auprès de Chou. Il le posa sur la table de nuit. Et là recouvrit avec la couette avant de s'asseoir avec délicatesse.

Il adressa une petite caresse à Roda - qu'il aurait aidé à monter sur le lit si elle n'y arrivait pas seule - avec un regard désolé. Sans trop savoir comment, il avait l'impression qu'elle le réprimandait.

- Chou, je t'ai préparé du bouillon. Est-ce que tu veux bien que je t'aide à te relever ? Ça te fera du bien.

Il faudrait aussi qu'il lui mette un linge humide sur le front pour faire baisser la fièvre. Mais avant toutes choses, il attendit patiemment de voir si Chou semblait assez réceptive et capable d'avaler quelques choses. Si tel était le cas, il l'aiderait a se mettre contre le mur, et juste après l'avoir couvert de son pull, il lui donnerait de la soupe.

Il tourna quand même la tête vers la chienne, les yeux plissés.

- Vous avez enfermés le petit air dans le placard ?

Pauvre Roda.

Aidée par le petit humain dangereux, Roda réussit à grimper sur le lit. Elle se cale dans un coin, à la hauteur des jambes de sa maîtresse pour poser sa tête sur le bas de son ventre et l'empêcher de se relever. Elle sait que c'est la position qu'elle doit prendre quand les humains font des crises d'angoisse, mais c'est aussi utile dans ce cas-là avec Chrys. Elle ne comprend pas pourquoi Aylan s'enfuit après par contre, tout ce qu'elle sait, c'est qu'il promet de revenir. Elle pose son regard sur l'homme aux gratouilles qui a l'air encore plus perdu qu'elle... C'est pas gagné, mais au moins, il y a un retour au calme dans la pièce et sa petite maîtresse en avait aussi besoin, donc elle ne va pas se plaindre.

Senri s'assoit près d'elle et lui offre une caresse Roda remue tristement la queue. Elle est toujours contente d'avoir un peu d'affection, mais elle est inquiète pour Chrys qui comprend à peine ce que son ami lui demande avant d'essayer de se dresser un peu. Senri l'aide, couvre la moitié de son corps hors du lit... Chrys à la tête appuyée contre le mur derrière elle, les yeux fermés mais elle souffle un rire en entendant la question de Senri. :

-Personne ne peut l'enfermer, il ne tiendrait pas en place... il voulait peut-être des sucreries.

Puis elle se mit à trembler, ouvrit de petits yeux fatigués, et comme si elle venait seulement de capter que Senri était face à elle, elle murmura après avoir reniflé. :

-Je crois je suis malade Chiri.

Roda gémit tout doucement. Bien sûr qu'elle était malade ! Mais au moins elle le reconnaissait, elle allait se laisser être aidée par les autres humains... Ils sont bizarres mais Roda compte sur eux pour protéger sa petite maîtresse quand elle ne peut plus le faire aussi bien qu'avant.

__–Ce ne fut pas Aylan qui passa la porte, mais plutôt un amas invraisemblable de couvertures, qui formaient comme une créature tirée du Voyage de Chihiro. Ceci dit, après s’être quelque peu débattu, une tête ébouriffée en émergea. Elle jeta son regard sur le couple ; celui qui – contrairement à Aylan – était immunisé aux effets de l’électricité statique sur ses poils, la peluche de réconfort changée en chien – ou était-ce l’inverse ? – et la grande malade.
__–Il resta là, à les regarder, jusqu’à ce qu’un des trois le remarquât. C’est qu’ils étaient mignons et Aylan eut bien vite un sourire au moins autant narquois qu’il était attendri.
__–Mais enfin, il avait une mission au moins aussi importante sur les bras que celle de les imaginer en couple.
__–« Tiens Senri – il posa l’amas de couvertures et couettes à ses pieds – j’te laisse t’occuper de ta chérie et moi j’vais faire chauffer une bouillotte ! Et toi Roda tu restes bien avec elle, d’accord ? »
__–Puis il se dirigea vers la cuisine pour aller faire chauffer de l’eau, non sans ricaner sous cape de les voir tous les deux ainsi. Ils pourraient aussi regarder un film, comme Vice Versa, À tous les garçons que j’ai aimé, Coup de foudre à Notting Hill ou encore TheWrong Missy… (Pas qu’il faudrait y voir un thème.)

- Oui je crois bien que c'est le cas.

Il avait répondu en souriant à Chou. Il lui fit boire un peu de bouillon pour la requinquer, avant de reposer le bol sur le côté avant de l'aider à se rallonger. Ce qui correspondit a peu près au moment où l'air revint, où plutôt, où un amas de couverture entra qui se révéla être le petit air.

Senri se leva pour récupérer les couvertures poser à ses pieds.

- Merci.

Il s'était figé un Instant quand l'air lui avait de s'occuper de sa "chérie".

- C'est hum, pas. Enfin. Oui, la bouillotte c'est une bonne idée.

Il alla mettre les couvertures sur Chou, en faisant bien attention à les placer de sorte à ce que le poids ne soit pas trop important pour qu'elle puisse quand même se mouvoir un minimu. Tandis que les paroles du garçon tournait encore dans sa tête.

Il prenait route les précautions du monde pour créer à son amie l'environnement le plus confortable et propice à la guérison possible. Avant de s'accroupir à son chevet et reprendre sa température.

Avec le dos de sa main et pas son front cette fois. Non pas qu'il avait appris que c'était moins efficace, et qu'on était pas dans un Shojo bordel de merde, mais avec toutes les couvertures, il avait peur de casser l'équilibre qu'il avait peiné a construire.

Il se tourna finalement vers le jeune garçon et parla à mi-voix.

- Au fait c'quoi ton nom ?

Après quoi, il se leva pour aller jusqu'à la salle de bain et récupérer un linge qu'il humidifia et pressa.

- Avant de mettre la bouillotte, il faut essayer de faire baisser sa température. La bouillotte va la soulager, mais si on met les deux en même temps c'est contre-productif.

Il revint auprès de Chou pour lui apposer sur le front le linge humide. Qui avait été essoré à un point assez effrayant.

- Je crois qu'elle a besoin de repos. Je vais la veiller si tu veux. Tu voulais des sucreries c'est ça ?

Le tonnerre fouilla dans ses poches, dans l'espoir de trouver quelques yens. Mais pas un. Bon. L'air semblait être un habitué des lieux. D'ailleurs. Il lui disait vaguement quelque chose ce garçon. Il y avait un petit air avec la supposée petite soeur de Chou, tout se même.

A peine reposée au fond de son lit que Chrys sombre dans un état second. Elle a les yeux fermés, ne dort pas vraiment... et si on tend l'oreille on peut l'entendre marmonner la chanson de Cendrillon, de Disney.

Un peu rassurée maintenant que les besoins primaux de sa maîtresse souffrante ont été satisfait, elle désobéit à Aylan qui lui a demandé de rester dans le lit. Malheureusement, toute à son devoir qu'elle avait envers sa maîtresse ne changeait pas ses propres besoins. Et comme elle n'était pas sortie depuis hier soir, comment le dire... ...ça urge. Ça allait aussi faciliter la tâche de l'homme aux gratouilles qui plaçait les couvertures sur Chrys. Elle descend donc, poussant un "umpf" de vieux chien trop massif pour ses pattes vieillissantes, avant d'aller vers une petite commode, non loin du lit. Habituée, Roda ouvre la petite porte grâce à la corde qui pendouille, accrochée à la poignée et elle plonge son museau à l'intérieur.

Ça fait des années que Roda n'a pas mis sa laisse pour sortir. Sa maîtresse la sortait à heures fixes, même si elle était prise par le travail. Elle était sage et obéissante, propre et calme, même dans ce nouvel environnement qu'est Terrae, elle n'en avait pas eu besoin. Mais au vu des capacités mentales des humains présents, n'importe quel indice lui permettant de communiquer ne pouvaient être que bénéfique. Elle attrapa donc la laisse soigneusement pliée dans sa gueule, alla vers le petit humain dangereux pour doucement percuter sa tête contre lui et le regarder de ses grands yeux noirs... espérant de toute son âme qu'il n'allait pas mettre trop de temps à l'autoriser à sortir.

Oui parce qu'en fait ça urge, mais ça urge vraiment là.

__–Conversation pendant que l’eau chauffait et que les couvertures étaient disposées.
__–« J’m’appelle Aylan ! Et toi je sais c’est Senri. Et bah euh nan en fait… »
__–Que venait-il faire là à l’origine, au juste ? Ah, oui.
__–« Bah alors en fait au début j’étais chez moi et j’étais en train de jouer mais j’avais plus de bonbons et puis Chrys elle en a toujours alors j’allais lui en emprunter mais t’en fais pas je les rends hein c’est juste que là j’avais plus de sous pour en acheter alors du coup je suis allé chez elle mais j’ai vu qu’elle dormait et puis Roda était pas là alors j’ai eu peur pour elle parce qu’elle est trop vielle pour se promener toute seule c’est dangereux alors je suis allé la chercher et puis j’ai rencontré quelqu’un sur le chemin qui m’a dit qu’elle était dans le couloir des Tonnerres alors je suis allé dans le couloir des Tonnerres et là j’ai vu qu’elle était à ta porte et qu’elle était partie te chercher pour que tu soignes Chrys parce qu’elle est trop méga intelligente Roda alors du coup j’ai voulu retourner chez elle pour regarder et puis voilà. T’es tout rouge, t’es sûr que t’es pas malade aussi ? »
__–Cette remarque était on ne pouvait plus faussement innocente. D’autant plus que notre protagoniste se sentit obligé d’en rajouter :
__–« J’fais bouillir de l’eau, mais tu pourrais lui servir de bouillotte vu comme t’as chaud. »
__–Toujours était-il qu’il suivit avec la plus grande attention les gestes de l’œuf dur sorti de la casserole qu’il avait sous les yeux et qui appliqua un linge humidifié sur le front de Chrys, qui en avait bien besoin. Hélas, son observation méticuleuse fut interrompue par le petit gémissement fatigué du canidé.
__–« Oh, bah tu veux quoi Roda ? Tu veux sortir ? »
__–Les deux propositions, celle de la peluche avec et celle de la peluche sans poil de Chrys entraient en une étonnante – voire suspecte – résonance. Aylan dévisagea Roda. C’est qu’il voulait rester et contempler leur amour fleurir ! Peut-être même que sa grande sœur allait-elle avoir droit à un bisou… Mais enfin, il devait bien reconnaître que deux jeunes gens qui s’aimaient avaient avant tout besoin d’intimité. Bien que dormant tous ensemble, Miguel, Liz et Brad n’avaient-ils pas maintes fois laissé Aylan et Lola seuls quelques instants, généralement à la demande du premier ? Ils s’étaient échangés bien des douces paroles et marques d’affection, dans ces moments. Comme un collier fait de deux douilles assemblées en forme de cœur, qu’il lui avait un jour confectionné.
__–Aussi, Aylan comprenait-il. Et puis, les besoins impérieux des canidés devaient être répondus, faute de quoi au lieu d’honorer quelque lieu en extérieur prévu à cet effet de ses déjections, Roda risquait fort de le faire en un endroit bien moins approprié.
__–« Okay bah alors viens, je vous laisse tous les deux, Senri tu prends bien soin d’elle d’accord ? »
__–Et il prit la laisse, la plaça sur le cou de Roda et invita celle-ci à passer la porte. C’est qu’il n’avait, en fait, jamais promené de chien. C’était une nouveauté excitante pour Aylan.

Senti eut un petit réflexe de recul en voyant Roda descendre. Étrangement, le boxeur avait plus de considération pour la chienne que ses confrères et consœur bipède. Au paroles d'Aylan, il releva la tête.

- Comment tu sais comment je m'appelle ?

Il retint de toute ses forces un "Chou parle de moi ?", angoissé. Mais il fut sauvé par le flux de parole d'Aylan, qui venait chercher des bombes et en ayant remarqué l'absence de Roda, s'était inquiété. Senti acquiesça.

- D'accord. C'est bien que tu sois là, alors.

Il eut un regard sur Roda qui faisait passait sa gueule dans sa laisse. Peut-être voulait elle jouer ? Mais ce n'était pas le moment ! Néanmoins, ces considérations furent vite balayé par la remarque d'Aylan.

- EUHM. Non, ça va je ne- Quoi ? Non pas possible je suis trop large pour... Ce n'est pas... Enfin, je ...

Alors qu'il bafouillait, voilà qu'Aylan saisit les désirs de Roda - à côté desquels Senri était passé à côté - et pris congé. Non sans lancer une autre remarque à Senri. Dont les joues continuèrent de brûler.

- Oui bien sûr. J'attends votre retour.

Il avait répondu avec aplomb, mais dès qu'il fut seul dans la chambre avec Chou. Un sursaut de panique me prit. Il était dans la chambre de son amie !! Qui était malade !!! C'était vraiment bizarre. Que penserait les gens s'ils voyaient cela ? Devait-il fermer la porte ? La laisser entrouverte.

Un marmonement en provenance de Chou lui sortit de sa torpeur. Elle chantait ? Ah elle avait peut être besoin d'un peu de musique pour se sentir mieux ? Avant toute chose, le garçon se leva pour transvaser l'eau de la bouilloire à la bouillotte.

Revenu auprès de Chou, il eut un moment d'hésitation. Pour que ses effets soient optimaux, il fallait mettre la bouillotte sous les draps. Ce qui impliquait de les soulever et de découvrir Chou. Il déglutit pour se donner du courage.

- Je suis désolé, c'est pour te soigner.

Il tira la couverture, en étant concentré au maximum pour simplement poser la bouillotte entre deux draps et éviter des brûlures. Il borda a nouveau Chou, avant de soupirer, il alla s'asseoir juste à côté d'elle. Épuisé par toute cette angoisse.

Et il tendit l'oreille pour déterminer quelle était la chanson qu'elle fredonnait.