L’ivoirienne n’en menait pas large, et ce malgré l’après-midi passée avec Ariana. D’habitude après avoir vu son amie la sensation de bien-être perdurait quelques heures. Aujourd’hui ce n’était pas le cas, et malgré l’énorme paquet cadeau rempli de biscuits de noël qu’elle avait entre les mains elle ne se sentait pas sereine. Ses doigts étaient même plutôt crispé sur le papier et elle faisait les cent pas dans la chambre qu’elle partageait actuellement (et très étrangement) avec son actuel (et très étrange) mari. Elle avait un poids dans le ventre et une boule dans la gorge. Elle avait tellement peur de lui faire de la peine…

Mais il lui fallait être raisonnable, leur couple ne fonctionnait pas, et d’ailleurs n’avait jamais existé. Tout au plus ils avaient échangé deux baisers en un an, et leurs conversations avaient bien souvent été superficielles. L’ivoirienne avait tenté de voir la réaction de Senri à ce qu’elle avait à lui annoncer, mais son stress brouillait totalement la vision du futur. Ce qui la rendait encore plus stressée, même si elle était minuscule une part d’elle s’était toujours demandé si l’on pouvait voir quelque-chose qui se passerait après sa mort, et si son cœur lachait quand le nippon rentrerait dans la pièce ?

Au vu du stress actuel c’était tout à fait possible, elle essayait de faire des exerces de respiration, elle avait lu que ça pouvait aider… Mais sincèrement là elle ne voyait pas trop en quoi. Elle continuait à faire les cents pas et quand Senri rentra dans la pièce après avoir sursauté elle lui jeta presque la boite de gâteaux dessus en criant très vite :

« Salut SENri, JOYEUX NOEL ! COMMENT TU VAS ? Bien ? Catediraitqu’ondivorce ? »

Senri se rendait dans la chambre d'Afya, son épouse. Cette chambre était d'ailleurs plus ou moins la sienne, mais il n'arrivait toujours pas à assumer cette réalité. Leur relation, était, pour ainsi dire, étrange. S'ils étaient mariés, ils se comportaient presque comme des inconnus. Dégradant ainsi leur amitié. Ils ne se voyaient que pour leur club de volley qu'ils avaient fondés ensemble.

Reste quand, lorsqu'il entra, il sursauta en voyant un objet non identifié. Il l'attrapa par réflexe et réalisa qu'il s'agissait d'une boîte de gâteau. La surprise passée, il releva la tête vers son épouse.

Qui se mit à parler. Vite.


Un long silence s'installa alors que le cerveau de Senri traitait les informations.

— Euh... Joyeux Noël à toi aussi. Je... Ils sont jolis ces gâteaux.

Il regarda à gauche, à droite. L'air de rien. À ceci près que chacuns de ces mouvements semblaient mécaniques. On aurait pu entendre ses os grincer. Il marcha dans la pièce, posant le paquet sur un meuble et se retourna de nouveau vers Afya.

— Donc, euh, tu veux qu'on divorce ?

La gêne.

Faire les cent pas était une manière somme toute commune de dissiper son agacement, sa crainte, son stress... Et elle continua à marcher même quand son mari, ou peut-être futur ex mari, elle n'en était pas certaine, pourquoi n'avait-elle pas regardé son futur déjà ? Ah, oui, parce qu'elle était trop stressée et que tout était flou, c'était logique non mais si. Elle était une petite boulle de stress rebondissante lachée dans une chambre qu'ils partageaient tout deux depuis des mois. Depuis trop longtemps.

Et pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient le tonnerre était plus immobile qu'elle. Clairement c'était le monde à l'envers. Il s'était figé et elle ne pouvait s'empêcher de marcher, et si elle avait pu courir, pour sûr qu'elle l'aurait fait mais entre les deux sommiers qu'ils avaient installés dans la petite pièce il ne restait plus assez de place que pour une rangée de quelques dizaines de centimètres où elle avait juste la place de faire des allers-retours. Pourtant elle se força à se figer pour lui répondre.

"Oui?"

l'interrogation sonnait dans sa voix, à n'en pas douter. Il fallait avouer qu'elle avait beaucoup de mal à imposer cette décision alors que c'était elle qui avait forcé le rapprochement. Le mariage était quelque-chose de sacré et d'important qu'ils avaient pris à la légère, alors bien entendu elle avait voulu essayer de faire les choses bien. De faire les choses mieux. D'être un couple, un vrai couple. Seulement force était de constater que ça n'avait pas marché. Pas marché du tout en fait. Ils s'étaient perdus, en tant que binôme mais aussi en tant qu'individus. Elle ne se reconnaissait plus vraiment, et c'était certainement dans les moments qu'elle partageait avec Senri qu'elle se reconnaissait le moins.

- Euh... Je... Oui, je vois.

Senri était déboussolé par cette annonce. Il n'était pas désespéré puisqu'au fond, il savait bien que cette relation n'avait rien de bon pour eux. Qui plus est, raser les murs pour ne pas être remarqué par Houston et respecter son injonction était compliqué. Puis, appréhender chaque fin de journée devenait pesant pour le moral du garçon. Donc, il n'était pas triste. Il aurait même pu être soulagé. 

Alors, pourquoi ne l'était-il pas ?

Il avait comme l'impression de ne plus tout à fait être lui-même dans cette pièce, d'être hors de son corps. Il passa une main derrière son crâne, pour lancer un regard embêté au pied d'une chaise qui présentait quelques traits d'usure.

- Hm. J'ai, euh... Fais quelque chose ?

Il se demanda soudainement ce qui était si difficile à dire dans "Oui, divorçons et redevenons des amis". Au lieu de ça, il préférait passer en revu tout ce qui aurait pu choquer, vexer, outrer son épouse.

Silence.

C’est long le silence. Même quand il ne dure que quelques secondes, quelques minutes, il semble s’étirer sur des siècles quand il suit une telle question. Qu’a-t-il fait de mal ? Elle n’en sait rien, elle n’est pas sûre qu’il ait fait quelque-chose de mal. Elle n’est pas sûre qu’elle n’ai pas fait quelque-chose de mal. Son silence, est une souffrance. Son silence, est une réflexion.

Elle aimerait lui dire qu’il n’a rien fait de mal, qu’elle est totalement fautive, pour le réconforter, pour le rassurer. Seulement elle sait que ce n’est pas vrai. Elle sourit.

« Tu ne m’aimes pas, et je ne t’aime pas. Je ne pense pas que ce soit mal en soi, mais je pense que c’est mal pour nous. »

C’était l’apogée de sa réflexion. C’était pourtant une réflexion qui aurait dû être à la base de leur décision de se marier. D’habitude l’amour menait au mariage et non pas le mariage à l’amour. Bien sûr, tout le monde connait quelqu’un pour lui dire « de mon temps s’était comme-ça et on n’était pas plus malheureux, on divorçait même moins. » Seulement quand divorcer n’est pas une option est-ce que rester mariés est un choix ? Elle n’en était pas là au niveau de sa réflexion.

Elle essayait de lui sourire pour l’apaiser, pour faire comme si ce qu’il était en train de se passer dans cette chambre n’était pas grave. Et au fond, cela ne l’était pas. C’était simplement douloureux de se rendre compte qu’ils avaient fait fausse route.

L'ambiance était étrange. Les mots d'Afya avaient pincé le cœur de Senri. Il n'ignorait pas qu'elle parlait de leur mariage, mais, une petite voix lui susurrait, que peut-être, cet enchaînement de choses avait conduit l'Ivoirienne à le détester. C'était cette angoisse qui le paralysait.

Qui plus est, il n'avait jamais été bon pour décrypter les sentiments, même quand son pouvoir de sensitif fonctionnait normalement. Ainsi, il ne savait pas comment interpréter le sourire d'Afya. Après avoir tant vécu avec elle, il aurait dû être en mesure de savoir quand elle souriait sincèrement ou non.

L'avait-il seulement vu sourire sincèrement ?

Il resta un nouveau moment interdit, comme figé sur place.

— Oui. Je crois que, on devrait plus... Faire ça.

Il ne regardait pas vraiment Afya. Il regardait ses cheveux, le mur du fond juste derrière ses yeux, mais il ne la regardait pas. Trop perdu pour réussir à dire autre chose.

Le manque de précision dans ses propos était quelque peu affligeant, surprenant, étonnant. Rien d’étonnant venant d’un tonnerre cela étant, mais l’ivoirienne avait du mal à comprendre ce qu’il voulait dire. Est-ce qu’ils devaient arrêter de vivre ensemble, de se disputer, leur mariage, les conversations douloureuses ? Ça, c’était plutôt vaste à vrai dire, et au vu du regard dans le vide du jeune homme, il n’y avait pas plus d’indices à saisir en le fixant dans les yeux.

Une petite voix dans la tête de l’ivoirienne lui disait de faire comme elle voulait, d’interpréter comme elle voulait, et tant pis pour lui. Seulement, elle savait que ce n’était pas fairplay, et certainement pas ce qu’elle souhaitait pour lui non plus. Son but n’était pas de lui faire de la peine, bien au contraire ! Elle savait que l’emprise qu’ils exerçaient l’un sur l’autre leur serait néfaste. Elle avait vu leur futur, elle savait que la situation ne s’améliorerait pas entre eux.

Ils ne se le diraient jamais en face, ne souhaitant pas se faire de la peine l’un à l’autre, mais ils seraient malheureux l’un à cause de l’autre. Le silence grandirait entre eux, et bientôt, l’idée même de rire ensemble leur deviendrait étrange. La descendante de la voleuse de sourires, ne pensait pas qu’elle puisse suivre les traces de son aïeule. Elle ne voulait pas être le lien qui enchainerait Senri à sa mélancolie, elle ne voulait pas qu’il soit le poids qui la fasse sombrer.

Ils ne se devaient pas ça.


« Je n’ai pas compris ce que tu veux Senri. »

En réaction aux mots d'Afya, Senri se gratta la tête en soupirant légèrement. Il avait déjà du mal à s'exprimer d'ordinaire, mais quand il fallait parler des problèmes, les affronter, il avait l'impression qu'il perdait tout bonnement la faculté de parler. Il finit néanmoins par reposer son regard sur Afya.

— Je suis d'accord pour divorcer.

Il avait dit cette phrase d'une traite, non sans mal. Il reprit une autre inspiration pour poursuivre.

— Je t'apprécie beaucoup, Afya. Et je ne veux pas te détester parce qu'on a essayé de s'aimer.

Ça sonnait vraiment bizarrement. Il n'arrêtait pas de se perdre dans ce qu'il racontait en cherchant le sens de chaque mot qu'il utilisait. Finalement, il décida de ne plus penser. C'était encore la meilleure façon de régler le problème.

— Je reprends mes affaires pour retourner dans ma chambre, du coup ? 

« A moins que tu ne désires que nous échangions de chambre ? » dit-elle en tentant un sourire.

Ce n’était pas quelque-chose d’évident à faire, et elle sentait qu’il était peut-être un peu trop tôt pour faire un trait d’humour, mais elle préférait le tenter. Elle ne voulait pas qu’ils se détestent, et tenter de s’aimer était le terme exact. Ils ne s’étaient jamais aimé, et avait fait d’une erreur le début d’une histoire qui n’avait finalement jamais existé. Elle, elle avait décidé d’y mettre un terme, mais ce n’était pas uniquement pour elle.

Elle avait regardé dans leur futur et y avait trouvé plus de regrets que d’amour. Elle avait vu la distance et l’isolement, qu’ils n’auraient jamais su combler, et pire qui l’aurait éloigné de celle qu’il aimait réellement. Elle n’était pas jalouse ou déçue, elle savait juste ce qu’il fallait faire pour que leur vie reprenne le chemin qu’elle n’aurait pas du quitter. Ou du moins, celui qui les rendrait heureux.

Elle se montrait optimiste, car c’était lui semblait-il la seule manière de retrouver un semblant d’amitié avec les jeune homme qu’elle n’aimait pas.

« Je vais me renseigner pour savoir comment on doit s’organiser. Je te tiendrais au courant, ça te convient ? »

Elle ne doutait pas que ce fut le cas, mais s’il préférait s’en occuper, elle le laisserait bien sûr faire. Elle le voyait se décomposer et ne pas se recomposer. C’était douloureux.

« Et Senri ? Tout va bien ! »

Afya tenta un trait d'humour et Senri, qui n'était pas la moitié d'un imbécile, mais bien l'imbécile tout entier, ne comprit pas tout de suite.

— Euh, bah... Ça fera bizarre si on est plus dans nos ailes respectives, non ?

En plus, il y avait Houston dans cette aile-ci sans parvenir à saisir l'aspect humoristique. Il récupéra donc ses affaires et acquiesça quand elle lui dit qu'elle allait s'occuper de la procédure pour qu'ils puissent divorcer. Senri n'était pas à l'aise avec tout ça, surtout que ça devait être en Anglais !!

Quand la jeune femme l'interpella en lui disant que tout allait bien, le garçon sourit.

— On se verra au club ! 

Je pourrais vous faire un post bien larmoyant pour terminer ce RP… Mais comme le dirait un ado de ma connaissance : FLEMME. Et j’vous dis pas le regard bovin qu’il a dans ces moments-là. Enfin, tout ça pour dire que l’histoire d’amour de Senri et Afya se termina comme elle avait commencé : dans une chambre. Et c’était moins sale qu’il n’y paraissait alors je vais m’arrêter avant de n’en trop dire.

Faut me comprendre, des fois, les histoires qui arrivent à mes persos sont vraiment merdique, et j’ai un peu honte de les avoir jeté là-dedans. En même temps, je ne sais même pas d’où me viennent ces idées ! Sérieusement, cette nuit j’ai rêvé que je jouais dans une série TV, mais j’ai pas réussi à savoir à la fin de mon rêve lequel des personnages j’avais été ? EST-CE QUE C’EST NORMAL ? Sans doute vous m’direz. En tous les cas je pense que j’ai assez meublé ce post pour le poster et pouvoir (enfin) clore ce RP de la honte. La bise.