Bito nous lance des fleurs pour la gestion du feu. Il ne me semblait pas l'avoir eut dans mon champ de vision pendant mon combat contre les flammes. Je ne cherchais pas à comprendre plus et lâchais juste un « Ouais de ouf » pendant qu'il mettait un petit coup de poing à mon épaule. Il reprit son sérieux en relançant son idée de repartir à zéro en allant carrément jusqu'au point de commencer à se présenter comme si j'étais une inconnue. Sur le coup, en voyant sa main tendue, j'allais lancer ma main comme pour lui faire un tcheck pour le déconcentrer dans sa bêtise mais il s'arrêta brusquement pour confirmer que c'était trop bizarre.

« Bah ouais un peu bizarre de faire semblant de pas se connaître alors qu'on se connaît un peu trop bien... Soufflais-je pendant qu'il marmonne. »

Puis vint l'idée de faire comme deux vieux amis du lycée qui se s'étaient perdus de vue. À ce moment-ci mon cerveau se mit en réflexion des pour et contre. Clairement vu la situation c'était clairement mieux que de se la jouer en mode inconnu. Juste on reste potos quoi. Il a refait sa vie donc y a plus qu'à rester amis, on se trace des limites pour respecter sa nouvelle vie amoureuse et puis voilà hein. OUAIS FACILE À DIRE mais faisable quand même. Je dois éteindre de longues années de souvenirs. Mine de rien, avant ses six putains d'années, on était restés un bon bout ensemble jusqu'à passer Étoile ensemble en pleine bataille de je-ne-sais-plus-quoi avec je-ne-sais-plus-combien-de-gens. Mais pour ne pas qu'il quitte ma vie je n'avais pas grand choix que de me plier à cette option. De toute façon, on connaît les rumeurs des grands amours de jeunesse et les premiers bla bla bla. Oui je réduirais la flamme de mon cœur mais elle restera toujours là un peu pour ce grand amour. Encore une fois, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même de l'avoir laissé... Pendant ces nuits sur les plages d'Asie où je vagabondais, sous les effets de l'alcool ou juste allongée dans le sable en regardant les étoiles, je me demandais comment il allait, j'imaginais sa peine d'être dans l'incompréhension quand j'ai disparu. Puis quel boulet de n'avoir envoyé une simple carte postale de merde, j'aurais pu téléphoner... Cela ne m'empêchera pas de vivre et de, qui sait, ravoir quelqu'un mais au moins je ne perdrais pas notre amitié avec Bito.
J'étais en train de réfléchir un peu comme une adolescente dans un film d'amour là non? Faut que j'arrête...
Bito continuait de me parler mais j'étais trop dans ma réflexion pour retenir ce qu'il me sortait. Cependant la sensation de quelque de mouillée sur mon visage me fit sortir de mon océan de pensées. Il était en train de passer un coton humide sur mon visage d'un air souriant, enlevant sûrement le maquillage dégoulinant de mon visage face à toute cette action et la chaleur. Il était quand même PROCHE de moi, ce petit geste me fit sourire sans que je m'en rende compte, me rappelant un peu plus le passé. Mes pommettes se chauffaient face à ce contact soudain tandis que je le laissais essuyer ma peau, tentant de ne pas le regarder dans les yeux.
Subitement son visage devint cramoisi et il s'arrêta, me remettant des cotons et de l'eau micellaire dans les mains.  Il s'exclama, un peu déboussolé j'imagine de son réflexe.

« Euh ouais merci, dis-je en me raclant la gorge, gênée. »

Je sortis mon téléphone pour avoir quelque chose pour me voir, puis je m'empressais de retirer tout le maquillage qui me saoulait. Bye le fond de teint, bye le rouge à lèvres, BYE LE CONTOURING, mon dieu que je hais ce machin. Je ne laissais que les yeux, enlevant un peu le mascara qui avait coulé. Je ne répondais pas encore à Bito pour nous laisser le temps de se calmer face à ce petit moment de gêne INTENSE. Sauf que je me connais perso, ça y est je commence à rougir ça me prend un bon 15 minutes MINIMUM pour que ça se calme. Comme de l'eczéma, ça veut pas partir facilement à cause de ma peau fragile.

« Attend mais comment ça se fait que tu te trimballes avec de l'eau micellaire sur toi? »

Bonne phrase de relance de conversation tiens. T'oublies pas un truc peut-être Nana? DONNE LUI TA RÉPONSE.

« Et ton associé du coup de taleur tu comptes le récupérer ou t'en trouver un autre? Il avait pas l'air commode. »

C'est clairement pas ce qu'on te demande là. Mais je me disais que de détourner pour un mini moment ça pouvait changer la donne non? C'était ça ou je lançais une blague tellement nulle pour briser la glace que je crois que même la glace aurait durci encore plus. Je me raclais la gorge un peu plus fort.

« Ouais bon écoute si tu veux faisons comme ça, ça fera l'affaire. Les potos qui se sont pas vus depuis des années mais quelle surprise de se croiser ici dis donc! »

Je venais d'utiliser ma voix de fausse actrice comme sur le plateau télé tout en rigolant un peu nerveusement. Finalement j'avais pas fait de blague mais c'était plus fort que moi fallait que je sorte un truc comique à la con pour détendre l'atmosphère ou du moins le mien.

« En tout cas ça fait plaisir de te voir cher ami. Comment se sont déroulés les dernières années pour toi en général? »

À peine je venais de finir de poser ma question qu'il me semblait entendre une sonnerie de téléphone qui n'était pas la mienne.

Du coté de Bito, quelques images du départ de Nana lui repassent par la tête.
Il se voit, calme et positif, persuadé que Nana s'absente pour une bonne cause. A ce moment là, il se dit qu'elle reviendra vite.
Vient ensuite un autre souvenir où il est assit sur son lit, il envoie souvent un message pour donner de ses nouvelles. Mais la seule réponse qu'il reçoit est une carte postal bidon... Il souffle désespérément en la lisant. Elle finit oubliée dans un tiroir.
Puis le temps passe et ses messages se font rare. Il perd espoir, la blâme et laisse leur fil de discussion disparaître dans l'historique de son téléphone.
Puis la solitude le guette, il occupe son esprit pour ne plus penser à elle. Il arrête le sport et passe ses journées à geeker.
Cela dure 2 ans, et c'est à son tour de quitter Terrae. Il part pour se construire une nouvelle vie et se séparer d'une partie de ses souvenirs.

— Tss, tout homme qui tient à son image se doit d'avoir de l'eau micellaire à portée de main ! Répond-t-il comme si c'était une évidence. D'une, ça te permet de retirer le maquillage bas de gamme que te foutent les journalistes. De deux, ça te nettoie la peau sans l'assécher à l'inverse de l'eau normale !

Pour accompagner ses explications, Bito affiche un fin sourire ainsi que son plus beau profil pour laisser Nana admirer sa peau brillante et sans impuretés. Rien qu'au regard de la jeune femme il sent de la jalousie... (ou du moins c'est ce qu'il s'imagine).

— T'inquiètes pas pour mon associer, j'en trouverais un autre. C'est pas les candidats qui manquent.

Il croise les bras et se veut rassurant pour ne pas que Nana s'inquiète à se sujet. C'est sa responsabilité et en bon patron qu'il est, il va refiler ce sal boulot à sa secrétaire...

D'ailleurs en pensant à cette dernière, le téléphone de Bito se met à sonner. C'est elle, sa secrétaire. Il n'a pas le temps de répondre à Nana au sujet des 6 années passées.

Il demande alors à Nana de patienter un instant et décroche son téléphone.

— Allo Judy... Ok... Hm... Oui, merci... Faites le truc ! ... Et trouvez moi un nouvel associé pour demain, s'il vous plait... Ouais, je sais... A plus !

Il raccroche son téléphone, jette un coup d'œil à l'heure  et le range dans sa poche.

— J'ai mon rendez-vous chez l'esthéticienne dans 5 minutes. On y go !

Ni une ni deux, il avance d'un pas pressé et embarque Nana dans son élan, sans vraiment lui laisser le choix.

— Et tu viens avec moi ! Elle va te faire la totale : gommage, soin du visage et une épilation des sourcils. Tu verras c'est trop bien ! Et puis on pourra continuer de causer en même temps.

Il sourit et continue de marcher rapidement en tirant Nana derrière lui.

— Et tu vas faire connaissance avec l'une des plus belle chose qu'il m'est arrivée durant ces 6 ans !

A peine quelques mètres plus loin, c'est une beauté se présente devant eux. Elle a des formes généreuses, porte le rouge comme personne... Elle se tient sur sa béquille et est attachée à un poteau.

— Voici Charlotte, ma superbe trottinette électrique ! Elle est sexy, hein ?

Le bon vieux montage à deux balle:

J’écoutais Bito qui baragouinait au téléphone, j’imagine sa secrétaire ou son manager au vu de ses demandes. Il termina rapidement pour m’embarquer avec lui chez l’esthéticienne, insinuant EN PLUS que j’allais y passer.

« Hein ? Quoi ? »

Est-ce que je paraissais tant que ça pour une clocharde ?
Je répondais à son sourire par la même mimique, jusqu’à ce qu’il annonça vouloir me présenter avec la plus belle chose qui lui ai arrivé au courant des dernières années. Non mais ATTEND, il va pas me présenter sa meuf quand même ? Côté farfelue il aurait pas aussi loin non ?! Continuant toujours de me tirer, quelques mètres plus loin je rencontrais Charlotte, sa trottinette électrique. J’AI EUT PEUR. Ça aurait été le malaise sinon. J’échappais un petit rire face à la situation :

« Ahah effectivement c’est une belle bécane ça ! Très très hot ! »

Je faisais un petit tour pour l’observer, j’avoue que ça devait être pratique pour se déplacer sur le campus. C’est la première fois que je vois une trottinette avec des sièges, elle avait l’air confortable.

« Tu t’es fait plaisir en tout cas ! Faut porter un casque pour être là-dessus ? »

Elle me rappelait ma petite moto que j’avais dans ma jeunesse française chez mon père. Si j’avais décidé à l’époque de rester avec ma mère à Tokyo, elle ne m’aurait jamais laissé en avoir une clairement.

« Eh mais si c’est un rendez-vous esthéticienne pour toi, ils vont pas m’accepter dans ton truc non ? Ou tu vas faire ta petite starlette pour me faire passer ? »

J’éclatais de rire tout en posant ma question, arquant un sourcil.

« Bon allons-y monsieur la star ! Montre-moi ta conduite ! »

J’étais très contente d’avoir finalement l’occasion de pouvoir passer du temps en sa compagnie, finalement la journée ne paraissait pour le moment pas tant catastrophique que ça au final.

— J'étais sûr qu'elle allait te taper dans l'œil !

Bito accompagne sa réponse avec une pointe de fierté et des petits haussement de sourcils.

— Mais bon, vu comment je l'ai améliorée elle ressemble plus à une moto qu'à une trottinette maintenant... Ajoute-t-il.

Son regard revient sur Nana, qui lui demande s'il faut porter un casque pour conduire cette petite merveille.

— Légalement, oui...

Sa réponse laisse deviner qu'il n'en porte pas toujours.

Et aujourd'hui, Bito n'avait pas prévu d'être accompagné, il n'a donc pas de second casque à portée.
Il attrape donc son casque "jet" (casque classique, très ouvert, avec une petite visière que l'on peut rabattre vers l'intérieur du casque) de couleur rouge, parfait pour un style rétro, et le visse sur la tête de Nana.

— C'est TOI qui va me montrer ta conduite ! S'exclame-t-il soudainement.

Il s'étonne lui-même à confier confier son petit bijoux, mais c'est là un premier pas vers une confiance qu'ils se doivent de restaurer.

Puis, Bito montre l'écran de son téléphone à Nana. Il a, entre deux conversations, envoyé un message à son esthéticienne pour l'informer de la présence d'une amie. Sur le message, cette dernière répond que cela ne lui pose aucun problème, qu'elle a de la place.

Son attention revient donc entièrement sur celle qui va piloter sa bécane.

— C'est pas différent d'un scooter...

Dit-il avant de marmonner :
Quoi que, c'est même plus simple vu que t'as aucune vitesse à passer. Et ça fait moins de bruit...

— Mais ça se conduit pareil !

Il sait que Nana possédait une moto avant. Elle lui en avait parlé, au détour d'une conversation, lorsqu'ils étaient encore ensemble... et il s'en souvient encore.

— T'as pas perdu la main j'espère.

Mon visage se figea de surprise dès lors que Bito enfila son casque sur ma tête, fier de m'annoncer que je serais la conductrice de la journée.

« MOI?! »

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas conduit, au courant de mon périple j'évitais de me faire remarquer et donc je me retenais de voler les motos des habitants des villages pour aller d'un point A à un point B. Il me semble pourtant que c'est comme le cheval ou le vélo, ça ne s'oublie pas. Bon en gros si je nous faisais rentrer dans un mur, j'espère qu'il est assuré.

«Bon ça fait un bail mais après ça devrait le faire ce sera toujours plus facile que mon ancienne bécane.  »

Je pris une grande inspiration avant de commencer à ajuster le casque autour de mon visage. Fallait pas que je me rate parce que, doucement mais sûrement, je me rendais compte qu'il ne porterait pas de casque. Mais on trouve toujours solution à tout, je détachais ma casquette de la ceinture de mon pantalon; car bien sûr je l'avais récupéré en cachette des mains des assistants lors du tournage, je n'allais pas leur laisser ma casquette fétiche dans les mains hein! Je me rapprochais de mon co-pilote et enfonça à mon tour sur sa tête mon chapeau.

« C'est pas grand chose mais ça fera le travail pour ton crâne un peu, dis-je en riant.  »

Pour ne pas laisser mes émotions prendre le dessus, je pars faire tout de suite un tour du bébé à Bito pour examiner un peu avant de prendre la route. Bon c'est une trottinette rien d'alarmant mais j'aime bien inspecter un peu pour permettre à mon cerveau de s'adapter. J'avais juste à l'allumer et la conduire, pas de vitesse à passer, contrairement à ma dernière titine, rien de bien compliqué à part s'occuper du guidon.
Je m'installais sur le siège conducteur, relevant la béquille. Comment ça s'allume ce machin?
Finalement au bout d'une longue minute de balayage des yeux, je trouvais le bouton d'allumage qui démarra instantanément la bécane. Je tapotais le siège arrière de la main pour faire signe à Bito de venir s'installer pour le départ. Une petite gêne interne s'installa car il faudra faire abstraction que mon coéquipier devra sûrement s'accrocher à moi le temps du trajet. La concentration sur la route devrait permettre de me distraire de cette pensée intrusive. S'il me laisse conduire c'est sûrement car il me faisait confiance afin de reprendre une relation d'amitié, sinon il serait juste parti à son rendez-vous seul sans vouloir passer du temps en ma compagnie. Ou je sais pas. Trop de réflexion dans ce petit crâne de piaf.

« Va falloir par contre que tu me guides sur la route hein.  »

[HRP : Sorry pour le retard, j'ai eu beaucoup de contretemps ^^]

Nana met sa casquette sur la tête de Bito en blaguant.

— Qu'est ce que tu veux insinuer là. Répond-t-il à sa vanne, avec un sourire amusé.

Puis il ajoute pour la rassurer :
— Et t'inquiètes, si tu pars dans le décor je nous remettrais sur la route avec une petite téléportation.

À vrai dire, Bito n'a jamais essayé de téléporter plus d'une personne avec lui. Si un accident arrivait, il aurait un choix dramatique à faire entre sauver Nana et Charlotte !
Quel serait son choix ?! DUM-DUM DUMMM ♪ !!
...
Mais l'heure du Drama n'a pas encore sonnée. Sur le moment, aucune pensée négative ne vient perturber sa bonne humeur et sa pose de "Nice Guy" - le pouce levé et le sourire étincelant.

Notre héros laisse alors Nana découvrir les secrets de Charlotte, sans un mot - il se contente de hocher la tête, fier de son bébé.
Nana tourne autour de Charlotte, la touche, la caresse, la tripote, lui grimpe dessus et... Ho c'est tendancieux là ! Bref, c'est un beau moment d'intimité entre Nana et une trottinette électrique.

Vient alors le moment où Bito doit monter sur le siège arrière de la trottinette et là, il va mettre ses bras autour de Nana, quand soudain... il se crispe, retire ses bras à peine l'a-t-il effleuré et se tient droit comme un piquet pour créer une sorte distance de sécurité entre elle et lui.
Ouais, faut pas déconner ! Que ferait Elfie si elle le croisait les bras autour d'une inconnue aux cheveux secs ?
- D'abord, elle lui ferait un baume capillaire !
- Ensuite elle ferait une crise de jalousie !

Bito attrape donc les poignées sur le coté de son siège et affiche un petit sourire gêné.

— Ha. Oui. La route. Bah... Tu vois le campus. Fait-il en le pointant du doigt. Tu passes devant, tu le contourne sur la droite et ensuite c'est toujours tout droit jusqu'au bout du village.

Ainsi, guidé par Bito. Nana fait route jusqu'à l'institut de beauté. Cette dernière se trouve au bout du village, au calme, non loin de la forêt. L'enseigne arbore le nom de ...

— Ateliey Bôôtey ! Articule Bito avec son accent français éclaté au sol. C'est super chic, tu vas voir. La classe à la française !

HRP : T'inquiète ;)

Bito s'installe, prêt à ramener ses bras autour de moi lorsqu'il se retira brusquement. L'effleurement avec sa peau me fit sursauter une fraction de seconde avant que je me racle la gorge et fasse comme si de rien n'était, le dos tout aussi redressé que celui de mon voisin.
Voyons je vois pas à quoi je pense RIEN ne s'est passé. Rien rien rien rien rien rien rien.

« Euhm….Prêt? »

Il me laisse savoir les instructions pour aller jusqu'à l'institut. Finalement, la route se faisait tranquillement tandis que les pensées intrusives faisaient leur show. On était physiquement vachement proche alors bien évidemment le cerveau a fait son travail avec des millions de scénarios. ÇA SUFFIT, concentre toi sur la route avant d'écraser les orteils des piétons là.

On traverse le village sans trop d’encombres jusqu'au fond, proche de la forêt. J'avais jamais entendu parlé d'un institut de beauté ici, quoi qu'après ça n'a jamais été un lieu où je serais venue de mon plein gré pour me refaire la face. J'étais dans l'équipe des meufs qui préfèrent tout faire elle même chez elle, c'est moins cher et plus confortable de le faire en pyjama dans la salle de bain. Si tu connais tes produits c'est facile, faut juste la foie de passer quelques heures à se pomponner, c'est crevant.

Bito m'annonce le nom de l'endroit dans un accent à effrayer les oiseaux, étant franco-japonaise, je lui donnais une note de 4 pour l'effort. Je compris à moitié le nom mais je fis mine de sourire en réponse.

Arrivés, j'éteins la petite titine et place la béquille.

« Ah je vois! Atelier Beauté! Intéressant tiens, je me demande si ce sera comme dans mon adolescence en France... Dis-je en enlevant le casque de ma tête.»

J'observe la devanture du bâtiment qui semblait pas très ancienne ou en tout cas c'était bien entretenue. Qu'est-ce qu'ils vont me faire dans ce machin? Étant une boule de nerf, j'avais pas grand choix de me forcer à me détendre et à laisser des gens me manipuler la peau et les cheveux... Qu'est-ce que je fous là en vrai?
Une jeune femme attendant à l'entrée nous avait aperçu et se dirigea vers nous, un carnet à la main.

« Monsieur Daisukenojo! Quel plaisir de vous revoir. On vous attendait avec impatience pour votre rendez-vous! Tout est prêt à vous recevoir ainsi que votre dulcinée !

-Bonjour Madame, je ne suis qu'une amie s'il vous plaît, ne lui créons pas de problèmes, répliquais-je dans ma seconde langue maternelle, gênée tout en me grattant la tête.»

Surprise, elle me fit un large sourire, sûrement contente d'avoir quelqu'un qui peut parler la même langue qu'elle, elle acquiesça. Je déposais le casque de Bito sur Charlotte avant de me retourner vers le concerné :

«Allez m'sieur, après toi! »

— Oui moi aussi je...

Et Bito s'interrompt brusquement lorsque la patronne mentionne une "dulcinée".

— Ma quoi ?! Mais non !

Cette exclamation sort automatiquement de la bouche de Bito. Il est vrai que le jeune homme parle souvent de sa petite-amie à son entourage, mais il ne l'a jamais présenté à la patronne du salon. Il n'est donc pas si étonnant qu'elle pense que première demoiselle qu'il amène ici soit confondu avec l'élue de son cœur.

Heureusement, Nana vient tout de suite remettre de l'ordre dans la situation avec son beau français. Et Bito a tout compris grâce à la fameuse puce traductrice de Terrae.

— Oui, une vieille amie que je n'ai pas revu depuis longtemps. Précise-t-il pour appuyer les mots de Nana.

Vient alors le moment d'entrer. Bito ne se fait pas prier, il avance dans le salon. A l'intérieur, deux grand fauteuils de relaxation bien confortable les attendent.

Et discrètement, pendant qu'une employée invite Nana à s'asseoir, Bito discute avec la patronne.

— C'est une nouvelle employée ?
— Une stagiaire, monsieur. Mais elle est très...
— Mettez mon amie entre ses mains... J'ai un rendez-vous ce soir... Il ne faudrait pas qu'elle me rate.
— Très bien monsieur.

Ainsi, la séance chez l'esthéticienne suit son cours. Nos héros profitent de ce moment pour se relaxer. Je ne vous donnerais pas détails mais... en fait si !
Ils-vont-avoir-droit-massage-du-visage-à-l'huilde-d'argan-ce-qui-adoucit-et-préserve-l'hydratation-de-la-peau.
*le narrateur reprend sa respiration*
Puis-un-soin-du-visage-biorevitalisation-à-base-d’acide-trichloroacétique-et-de-peroxyde-d’hydrogène-qui-permet-de-redensifier-la-peau-et-d’améliorer-son-teint.
*grande inspiration*
Shampoing-et-baume-pour-cheveux-enrichi-en-huile-de-jojoba-pour-nourir-et-réparer-les-cheveux-de-Nana ; Epilation-des-oreilles-pour-Bito ; Et-épilation-des-sourcils.
*le narrateur est essoufflé*

Oui, ils sont resté deux bonnes heures dans ce salon de beauté. Tout s'est bien passé jusqu'au "dérapage".
Du coté de Nana, la jeune stagiaire s'occupe bien d'elle et fait preuve de beaucoup de soin. Mais du coté de Bito, le flot de parole incessant du jeune homme distrait la patronne qui s'occupe de lui. Elle se rate lorsqu'il faut tailler les sourcils et finit avec une bonne partie de ses sourcils redessinés au crayon. Ce qui donne l'impression qu'il fronce tout le temps les sourcils...

Evidemment, la patronne convaincra Bito qu'il s'agit de la dernière mode en ce moment.

— Alors t'en pense quoi ? Demande Bito pour conclure.

Evidemment, il parle de la séance et non de ses sourcils à ce moment là.

HRP : Je m'excuse du retard ;o; J'ai eut BEAUCOUP TROP d'imprévus.

À peine entrée, je me retrouve dans les mains d'une jeune fille, elle semble timide et surtout nouvelle ici. Les paumées un peu rougies elle me demande de m'installer au creux d'un grand siège EXTRÊMENT confortable. Dès que les mains de la jeune se posa sur moi je me crispais immédiatement, c'est PROCHE comme contact physique là, je rougis légèrement à mon tour avant de secouer un peu la tête.

« Je m'excuse, vas-y. Ça fait pas longtemps que tu travailles là? »

J'engage tranquillement la conversation afin de détendre l'atmosphère et surtout de me détendre. Je ferme les yeux et écoute la petite histoire. Les soins du visage me ravivent la peau et les soins pour cheveux alors là j'en parle même pas... Je médite alors que je me fais chouchouter de part et d'autre. Il ne manquerait plus qu'un massage complet du corps et je peux mourir en paix. À ce stade ce n'est plus des nœuds musculaires mais des boules de la taille de la planète Jupiter. Le temps défile paisiblement. La petite jeunette me traite avec une douceur que je n'ai pas connu depuis si longtemps. Bon en tout cas c'était bien jusqu'à la phrase fatale.

« On va terminer sur une épilation des sourcils madame Ayako. »

Euh... Quoi?

«   C'est vraiment... obligatoire? Je n'ai jamais fait ça et j'ai entendu que ça fait mal de fou...

-Faites moi confiance vous ne sentirez pas grand chose!

- Bon... Laissez leur une belle forme hein je veux que ça reste naturel...

-Entendu! »

Je jette un petit coup d'oeil à Bito qui arrive bientôt à la même étape, j'observe quelques secondes les traits de son visage avant de me reprendre et de refermer les yeux pour ne pas penser à la douleur.
Étrangement, je ressentis très peu la douleur. Petite huile hydratante pour finir, je me lève pour me regarder devant le grand miroir non loin. Difficile de me reconnaître après tant d'années poussiéreuse mais la jeune femme aux cheveux brillants, à la peau lisse et ferme, au visage mielleux mais quelque peu froid, c'est moi. Je renifle de toutes mes forces la magnifique odeur de mes cheveux. L'esthéticienne avait réussi à redonner vie à une bonne partie de mon corps.

« Je suis... »

TROP BONNE.
Je me lançais des fleurs sans trop rester humble mais après s'être oubliée, un petit moment de retrouvailles était mérité. N'ayant pas encore de rides, je me revois à mon adolescence. Je m'imagine une pluie de pétales de fleurs de cerisiers tombée doucement autour de moi, tel un film de romance pourrie.

« Voici pour vous, ajouta la jeune fille en me tendant un verre d'eau glacé avec des morceaux de citrons dedans. »

Je la remercie fortement pour tout son beau travail, lui glisse un beau pourboire dans la poche de son tablier discrètement. La petite boisson acidulée fait raviver les sens. Lorsque Bito m'interpella, je sirotais de dos. Lorsque j'aperçus, ses sourcils, son visage, je recrachais par le nez mon eau, toussant fortement. QU'EST-CE QUE C'EST QUE ÇA?! La femme qui s'est occupée de lui se gratte l'arrière du crâne, faisant mine de ne pas avoir vu ma réaction.

« Excuse moi j'ai avalé de travers. C'est... euh... Bégayais-je en m'essuyant le nez avant de comprendre qu'il me demandait pour la séance surtout, vraiment sympa comme expérience! Clairement je reviendrais!  Et toi? »

Je plisse les yeux tout en me rapprochant un peu du visage du Bito. Non mais ça ne va pas DU TOUT là... Tu vas me dire qu'une femme plus expérimenter que celle qui m'a fait les soins s'est foirés? Clairement faut se méfier de tout le monde. Pour une petite célébrité comme Bito, je ne pense pas que le public apprécierait de le voir ainsi. Surtout dans le monde de réseaux sociaux qui s'est développé depuis un moment, il va en prendre pour son grade. Internet est devenu une influence tranchante et sans compassion. Après c'est pas à moi de réparer la boulette de l'autre godiche mais je me sentais un peu empathique, il avait pas l'air de se rendre compte que c'était IGNOBLE.
On termine nos affaires à l'institut avant de quitter par la porte d'entrée. Je regarde de gauche à droite, par chance, personne n'a l'air d'être dans les parages. On fait un dernier coucou à la patronne et son sourire coincé. Tu vas pas me dire qu'elle se rend pas compte de sa bêtise? Ou Bito est trop crédule sur le coup...
À chaque seconde que je vois les sourcils du petit gars, je me pince les lèvres pour ne pas rire ou faire un visage cringe.

« Tu euh... »

Je me racle la gorge un bon coup.

« T'aimes vraiment ce que t'as sur le visage? C'est... Je pense que t'as besoin qu'on repasse sur le côté sourcils... J'ai déjà vu des tutos Youtube je peux te refaire ça proprement parce que là... »

J'avais pas les mots.
Il suffirait d'aller rapidement dans un magasin récupérer la bonne teinte et je pourrais réparer un peu la boulette temporairement, du moins s'il se décide à m'écouter... Parce que là ça craint du boudin.

[HRP : T'inquiètes, j'étais partis en vacances, t'avais le temps xD]

Il a suffit de 2 petites heures pour transformer "Nana la pouilleuse" en "Nana la rayonnante"... c'est fou comme les esthéticiennes peuvent êtres des magiciennes .

Et qu'en est-il de Bito alors ?
Apparemment, il est si éblouissant que Nana en vient à en recracher sa limonade par le nez !

— Tu peux le dire, ma magnificence magnifitude est sans égal. Fait Bito, en passant une main dans ses cheveux.

"Magnifitude", ça existe dans le dico' ça ?
Pas sûr... mais il s'en fout. Notre héros fait aveuglément confiance au savoir faire de son esthéticienne et il n'a donc pas pris soin de regarder le résultat dans un miroir.

— Evidemment que je reviendrais, j'ai pris un abonnement annuel ! Répond-t-il en brandissant fièrement sa carte de membre officiel de l'Atelier Beauté, et en prenant une pose digne de Jojo's Bizarre Adventure.

Il est beau, il n'a aucun doute là-dessus. En tout cas, c'était le cas jusqu'à ce que Nana ne vienne lui mettre un doute en le questionnant par rapport à son visage.

— Pourquoi cette question, c'est forcément magnif...

Il sort sont téléphone portable en même temps qu'il parle et active la caméra frontale. C'est voyant son visage qu'un cri très aigue lui échappe.

— iiiIIIIKKKkk !!!

Rapidement, il récupère la casquette de Nana et la visse sa tête, en faisant en sorte la visière lui cache le front en totalité. Avec cela, il met ses grandes lunettes de soleil et un masque chirurgicale.

— C'est une horreur, 'faut pas qu'on m'voit comme ça !

Puis il rassemble sa carte bleue et la clé qui permet de démarrer son véhicule électrique, pour les remettre à Nana.

— Prends tout le matos qu'il te faut et n'en parle à personne !

Il pointe du doigt l'horloge de la pharmacie d'à coté, pour qu'ils se synchronisent sur le même horaire.

— On se retrouve dans ma chambre à 17h14, pour que je sois sûr que ce soit toi... Et toc 1 fois, puis 3 fois et enfin 2 fois... Et imite le sifflement d'un oiseau après.

Ou sinon, elle peut juste dire que c'est elle derrière la porte...

— Je te fais confiance Nana , ma réputation en dépend !

Et c'est aussi vite qu'un éclair que Bito se téléporte pour aller se mettre à l'abris dans sa chambre.

-Te voilà chargée d'une mission de la plus haute importance Nana.-

Juste deux mots ont pu sortir de ma bouche le temps que les infos s'ancrent dans mon cerveau et avant que Bito disparaisse.

« Euh, ok ? »

Je lâche un petit soupir avant de partir en mission récupération de sourcils. Le petit coco m'aurait dit qu'il aimait son nouveau style je sais pas trop comment j'aurais réagi. La patronne va sûrement l'entendre crier au téléphone.
Dans les rayons cosmétiques je cherche la bonne teinte, ou en tout cas quelque chose de proche de la couleur de ses cheveux. J'attrape enfin le crayon avec quelques petits matos qui vont avec; parce que oui il va falloir contourer comme il faut le sourcil pour que ça fasse naturel. J'attrape des mini-pinces par la même occasion et je travers le village avec Charlotte jusqu'au bâtiment des chambres, pas si loin des dortoirs. Je gare soigneusement la titine avant de monter dans la section Tonnerre.

Devant la porte, impossible de me rappeler de son foutu code, je cogne et baragouine mon nom.

« Vas-y me fait pas siffler, fais moi rentrer s'te plait! »

Étrange de rentrer ici après tout ce temps. Peu de choses ont l'air d'avoir changé. Bito toupine dans la pièce comme une toupie Bakugan partout. Bon. Y a urgence, je fais abstraction de tous les bouts de mémoire qui font des va-et-vient et pousse le zouzou à s'asseoir sur le bout de son lit. Face à lui, assise sur sa chaise de bureau, je tente de lui expliquer le processus tout en enlevant à l'eau micellaire le crayon déjà mis.

« Bon, va falloir que tu bouges pas ok? Et va falloir que tu fermes les yeux, sinon tu vas m'angoisser à me fixer, évite les expressions faciales aussi, reste neutre. Si tu veux faire une pause un instant je sais pas dit un mot de code genre euh... Chorizo. Ok?»

Je lui enlève ma casquette et remonte ses mèches avec les mini-pinces. Anecdote rigolote, il n'en restait que chez les enfants donc ce sont des pinces en forme de papillons pailletés.
Après son mini tintouin, j'attends qu'il ferme les yeux.

« Bon tu bouges pas, sinon je te fais manger le crayon par le nez comme Homer dans les Simpsons. Panique pas si tu sens mon contact je dois faire ça correctement et j'aurais pas le choix de te tenir la tête. »

Une grande inspiration et on est partis. C'était vraiment ignoble ce qu'elle lui avait fait. Je me rapproche au max et pose deux doigts au coin de sa mâchoire, TU BOUGES ET JE TE TUE, ça me gêne mais j'ai pas le choix, ça me fait racler de la gorge plusieurs fois. Sa respiration rebondit sur moi, c'est vraiment proche côté proximité, j'aimerais pas être esthéticienne.
Tout au long de ce moment beauté, il avait l'air de rester patient et lançait quelques blagues au passage.
Après quelques coups de crayons, de coton-tiges et autre et d'un bon coup de concealer tapoté autour, le travail était fait et vraiment pas si mal que ça. Je me reculais pour observer, le menton entre les doigts.

« Clairement pas mal, c'est très proche de ta forme naturelle tu vas être au top pour ton rendez-vous de ce soir! »

Il regarde sur son téléphone et paraît satisfait. Après quelques pirouettes de joie, il me remercie. Je lui réponds d'un sourire. C'était clairement mieux et ça fait moins clown.

« Bon le temps que ça repousse tu vas devoir faire ça à chaque fois que tu sors, ou sinon faut te faire des tatouages des sourcils. Je te laisse le matos, à moins que tu veux vraiment que je repasse tous les jours, je vais te laisser le tutoriel passe ton téléphone. »

Je lui tapote le lien Youtube sur son application et le place dans ses favoris. Il va en avoir besoin, le tuto est facile.
J'ouvre son application Note et tapote mon numéro.

«Et voilà! Et euh tiens en passant, si t'as encore une urgence sourcillìère, ou que tu t'emmerdes. J'ai plus ton contact tu te doutes bien donc tu m'enverras un texto pour que je le note si tu veux... Envoi un émoji de bouffe j'saurais que c'est toi.»

Après une bonne heure de discussion et de rigolade supplémentaire, on se remercie chacun pour la journée.
J'installe ma casquette sur la tête, laisse les clés de Charlotte sur la table et le salue rapidement pendant qu'il s'observe dans le mirroir avant de quitter pour que Monsieur aille faire son date. Après avoir refermé la porte de la chambre, le visage un peu cramoisi (faut relâcher toute la tension accumulée hein), je pars presque en courant jusqu'à ma chambre (plus loin dans le secteur Tonnerre) pour passer le reste de mon temps sur Netflix jusqu'à finir par ronfler comme un avion de chasse. Quelle journée...