Boooon, Je saurais pas dire si je suis dans un bon ou un mauvais plan. En même temps une soirée entre pote c'est jamais un mauvais plan mais làààààààà... faire écouter a Afya ce que je fait avec Merlin... Elle vas me prendre pour un fou furieux. Ouai bon ok je sais ce que vous allez dire "ptdr enculé tu lui a montré pire". Oui... mais... Bon ok allez niquez vos génitrice. Je sais pas la situation était déjà assez chelou comme ça. Double récidiviste toxicomane meurtrier c'était déjà pas mal sur le CV puis c'est vite fait du passé, juste que rajouter la ligne "Fait de la musique de malade" en prime c'est pas ouf. En plus on est en 2022 et au lieu de genre, ché pas fréro, lui faire écouter sur ton tel a 1000 balles y'as fallut que tu l'invite chez toi pour rendre le truc encore plus awkward. Fin bref, comme on dit pour raconter une bonne histoire faut commencer par le début donc on vas faire ça.

En gros, quand je suis revenue de la désintox, Afya et moi on a un peux continué notre relation comme si de rien n'étais même si je me noyé dans un malaise. Fin c'est la seule personne "normal" que je côtois. Normal dans les standard de Terrae hein j'entend parce que bon la normalité ici ça coure pas les rues. Ducoup malgré la longue discussion qu'on avait eu juste après le "ruelle incident" j'ai toujours un peu de mal a garder la face avec elle. Alors histoire de pas pousser le malaise avec des blancs chelou je me suis dit que je pourrais parler des sons que je fait. TERRIBLE ERREUR. D'un coup elle ma sortit ce qu'on pourrait qualifié d'un enthousiasme fou pour Afya. (En gros d'après mes analyses ça se définit par elle qui te regarde dans les yeux quand elle te parle et qui relance la discussion même quand t'essaye de changer le sujet) Alors là le piège c'est refermé.

Deux solutions. Soit je continue d'éviter le sujet en boucle et je passe pour un connard soit je lui fait écouter les tracks et je passe pour un maniac. Résultat, j'ai choisis l'option deux. Parce que avec ce qu'Afya a accepté de moi bha si je lui fait pas confiance pour ça... En plus de passé pour un connard j'en serais vraiment là. Ducoup here we are.

- Hey Afy o/ l'appart est près pour ce soir du coup tu passe quand tu veux!

Mais la con de toi pourquoi tu dit que t'as préparé l'appart, ça fait turbo suspect. Et depuis quand tu l'appelle Afy... Vasy j'ai en marre de réapprendre les relations sociales tout les deux jours.

Ce qui est bien avec Afya, c’est que pas un instant elle ne doute des intensions de Baxter, c’est assez évident. C’est son ami et il lui a dit qu’il lui ferait écouter de la musique, cela s’arrête-là. Elle n’a même pas eu besoin d’aller zieuter le pour savoir ce qu’il s’y passerait, déjà elle ne voulait pas se spoiler, ensuite elle ne voulait pas voler l’intimité du jeune homme qu’elle considère comme un ami. Non, elle n’a pas besoin d’aller zieuter l’avenir car elle lui fait confiance.

Elle regarde moins souvent le présent de Baxter en ce moment car elle a vu dans un futur plus ou moins proche qu’il n’avait pas replongé. C’est un soulagement. Elle ne réussirait pas à passer sa vie à niquer les rencontres d’Allen et à surveiller Baxter. Remarque, ces deux occupations l’ont énormément fait progresser avec ses pouvoirs. La volonté de protéger ceux que l’on aime est le plus gros des moteurs.

Du coup quand il lui a proposé de venir, elle a accepté sans même sourciller. En vrai, elle était trop contente qu’il veuille enfin partager sa passion avec elle. Elle était tellement contente qu’il ait une passion autre que la drogue. S’il voulait ingurgiter des tonnes de notes de musique, qu’il le fasse sans crainte.

Quand elle reçoit son texto elle est en train de mettre du thé dans son thermos, elle ferait apparaitre l’eau bouillante au moment. Elle a même pensé à prendre un paquet de gâteau. Faut dire qu’Ariana l’a bien éduquée, elle sait qu’on ne va pas écouter de la musique chez un ami sans prendre de munitions.

Bientôt la voilà qui attend devant la porte de Baxter, elle s’étonne qu’il ne lui ouvre pas… Puis elle se rend compte qu’elle regardait légèrement en avant. Elle n’a pas encore toqué. Cela lui arrive tout le temps. Elle sourit pour elle-même et toque.

Je vais pas mentir le manque de réponse de sa part m'as fais peur au début, puis je me suis dit que... Bha on parle d'Afya en fait, elle essaye pas d'interpréter les mots. Fin pas ceux de ses amis en tout cas. De toute façon il lui suffirait de chercher dans le futur pour trouver un truc qui cloche. Et pour le coup vue que je prépare rien qui cloche y'as pas de risque. Ça aussi c'est quelque chose qui est arrivé avec Terrae. Avant si j'invitais une meuf dans mon appart c'était clairement pas pour écouter de la musique et boire du thé... Déjà je buvais pas de thé et le reste bha... pas besoin de l'expliquer. Après forcement depuis que je me suis avoué ma bisexualité, ou quoi ce soit d'ailleurs, j'ai vite compris que si je me prenait la tête a chaque fois que j'invitais quelqu'un chez moi ça serait chiant donc c'est devenu naturel de ramener des gens sans arrières pensées.

Ducoup le temps qu'elle arrive je setup mon Sound system. Quitte a l'avoir fait venir autant que ça apporte quelque chose de plus qu'un simple tel ou qu'une vieille enceinte éclaté. D'ailleurs oui j'ai appris de mes erreurs. Plus de pouvoirs pour booster la sortie son et j'ai bombardé les murs de mousses acoustiques. Comme ça je fais plus chier les voisins et y'as pas de risque. Pour être honnête je le fait pas par pur gentillesse. J'ai relativement récupérer confiance en moi pour me contrôler mais je reste misanthrope et un rabat-joie serait une trop bonne excuse pour envoyer un coup de tête ou deux et j'ai juste envie de passer une soirée chillax avec Afya.

D'ailleurs la voilà qui toc a la porte. Comment je sais que c'est elle? Parce qu'on est chez les tonnerres et quelqu'un qui frappe si calmement ça peut pas en être un.

-Yo Afya! Ça va tranquille? T'as ramené des trucs? Fallait pas! Vas-y installe toi je nous ramène des tasses.

Je lui indique le canapé, tout neuf, que Ramiel et moi avons installé après s'être rendu compte que s'assoir dans l'ancien faisait remonter une douce odeur de vomi. D'ailleurs le seul truc qu'on a gardé c'est les murs en fait. Forcement quand ton colloc peut faire pousser des meubles c'est pratique.  Faut dire qu'on a laissé la chambre dans un sale états entre ce que Ramiel a détruit pendant sa courte période en titan et le bordel général que nos deux vieilles gueulent de junkies avait amassé. Ça fait du bien de la voir enfin nickel.

En cherchant des tasses dans l'armoire mon genou vient percuter une étagère précipitant la chute d'une bouteille que je rattrape in-extremis, je m'empresse de la montrer a Afya, espérant qu'elle est vu mon sauvetage, plutôt fière de moi, jusqu'as lecture de l'étiquette "Rhum ambré". Bouteille a moitié vide d'ailleurs. Suspect.

-Alors stylé ou pas ?Oh... Avant  que tu te  mette a flipper, je cuisine avec. Fin plus précisément je fait des pâtisseries pour un pote. Il a récemment ouvert un café et avais besoin d'un coup de main. Si tu te posais la question c'est justement ça l'odeur, j'ai un truc qui tourne au four. Et puis pour être honnête ça me rassure d'avoir des bouteilles a la maison. Ça vas peut être te paraitre bête mais ça me prouve que j'ai dépassé le stade de la privation. Si je boit plus c'est pas parce que j'ai rien a boire c'est parce que j'en ai plus envie.

En vraie est-ce que j'en ai envie? Bien sur? Mais pas autant que j'ai pas envie de retomber dans cette spirale. Le thé et les gâteaux ça fait largement l'affaire. Alors je repose cette bouteille sur son étagère sans même y repenser.

L’appartement à plus fière allure que dans le temps, Afya n’y est pas venue souvent en présentiel mais son pouvoir l’y a égaré assez souvent pour qu’elle note les nombreux efforts de rangements et aménagements faits par ses deux occupants. Il faut avouer que l’appartement est plutôt rangé, et chaque chose qui s’y trouve semble avoir une place.

« Tout va bien. », répond-elle aussi paisible qu’à l’accoutumée. « Et toi, atten… »

Le « tion » se perd dans la chute d’une bouteille, son cœur ratte un battement quand son regard accroche les mots inscrits sur l’étiquette… Ceux du jeune homme ne l’atteignent plus non plus, son esprit court dans l’avenir et arpente le passé. Cela la rassure de voir que le liquide ambré ne servira qu’à cuisiner. Son cœur reprend son rythme habituel alors qu’en un clignement de paupière elle réécoute les mots qu’elle a manqué.

« Tu devrais essayer la fleur d’oranger, c’est un gout plus puissant mais aussi plus apaisant. »

Devrait-elle se montrer intéressée par les pâtisseries qui cuisent ? Sans doute, mais cela pas besoin d’être voyante pour savoir où elles finiront. Elle les goutera sans nul doute.

« Je peux m’asseoir sur le canap ? » demande-t-elle.

Dans un environnement en désordre il est plus facile de trouver une place. En effet il faut viser là où la place se trouve. Par contre c’est bien plus ennuyeux quand l’espace est rangé, le nombre de choix se multiplie et les risques d’impair aussi.

« Ramiel est absent ? »

Bon ok elle a pas paniqué, soit elle a confiance soit elle a triché mais dans les deux cas au moins elle s'inquiète pas. Flemme qu'elle se face encore du soucis pour moi j'ai déjà causé assez de problème comme ça. D'autant plus que y'as vraiment pas de quoi c'est vraiment la pour cuisiné.

-Ouai vas-y un canap c'est fait pour ça je crois je l'ai lu dans un livre. Après tu peut toujours essayer de tapé un slow avec mais c'est pas super pratique j'pense.

Ouai j'avais bien compris que c'était par politesse mais j'aime pas quand mes proches font les timides avec moi, genre j'vais lui dire "non reste debout"

-Rami? Il est plus souvent absent que présent le boug, je crois depuis le début il nous ment et il est ministre. Il vie des journées de 30h j'ai l'impression, toujours un truc a faire. Après c'est pas si mal on s'adore mais je nous connais on pourrait pas se supporter h24. J'aime trop l'emmerder ça m'occupe.

Je parle les faits, on finirait dans un octogone sans règles en deux jours. On l'as déjà fait d'ailleurs.

J'finis enfin par ramener les famoso tasses, pose le tout sur la table de salon et me pose sur le canap.

-Bon du coup ça raconte quoi? La vie, les potes, les amours, l'eau , les visions tout ça... Que passa en la vida de Afya?

Avec un peu de chance on discute et on oublie le but premier de la soirée et hop pas de musique de maniaque. Avec moins de chance Afya fait une Afya et répond a cette question en 5 secondes chrono full premier degrés  et enchaine avec un "Ducoup ké ke cé ta musik". Et dans le deuxième cas bha... Pas le choix je sors le pc et nique la vie on lâche les bangers.

Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres. A question bête, réponse idiote. Elle l’a bien mérité. Elle décide donc d’inviter le canapé à danser et prend ses aises à ses côtés. Elle n’a pas trouvé de trait d’humour pour se défendre, et sait qu’elle n’a de toute manière pas à se défendre avec son ami.

« Vous ressemblez déjà à un vieux couple ! »

Elle se permet cette pointe d’humour. Elle comprend très bien leur besoin d’indépendance à chacun. Elle sait que la colocation n’est pas un engagement amoureux, mais une cohabitation. Seulement la manière dont il parle de son ami, lui rappelle la manière don ses tantines parlaient de leurs tontons… Ou certains propriétaires de leur chat cela étant.

Il ramène deux tasses, et oublie un instant à qui il parle. Afya. Parler d’elle ? C’était un challenge que seule Ariana réussissait à relever, et sans doute car elle parlait pour deux. Elle ne savait jamais trop quoi dire.

« ça va ! Tu sais, toujours pareil, les petits boulot… »

Ah. Non. C’est vrai, maintenant elle deale. Elle pourrait le mentionner, mais elle trouve que ce serait malvenu au vu de leur passif. Elle deale en partie à cause de lui, parce qu’elle peut savoir quand elle donne de la drogue à quelqu’un l’usage qu’il en fera. Elle sait que la personne ne se fera pas de mal. Sinon, elle ne lui donne pas de drogue. Tant pis pour le bisness, tant pis pour Tiago. C’est une dealeuse de principe. A quoi bon le mentionner ?

De même, doit-elle parler de sa romance balbutiante. Elle ne savait pas où elle allait dans cette histoire. Elle ne savait donc pas trop qu’en dire.

« Et toi du coup ? Tu fais de la musique maintenant ? »

Oh bha ça alors, Afya a dodge la question en y répondant en 5 secondes chrono full premier degrés, qui aurait put le voir venir olala, seulement un voyant je pense hmm hmm. Nan sérieux a quoi je m'attendais... Je pourrais forcer hein mais bon la faisons pas chier on v'as assumer maintenant  

-Ouep ouep, j'ai rencontré un type en désintox qui faisait du son j'aimais bien, il m'as montré comment il faisait, j'aimais encore plus et du coup maintenant on fait des trucs en duo. J'ai pas mal trainé en rave pour "le travail" du coup ça me parle bien l'électro. Puis bon ça m'occupe pour pas penser à... fin tu vois.

Très réel, faire du son m'as beaucoup aidez a sortir de mes merdes, vue qu'on faisait des sessions stud' a deux bha, tu discute, tu compose tu te laisse emporté et t'oublie un peux le reste. Après je dis pas, une bière ou deux aurait surement débridé notre créativité mais c'est un petit prix a payer pour la sobriété.

-Puis bon imagine, le buzz, je devient une star, je possède l'argent très fort, petit boiler room a Terrae, le dream. Nan sans vanne c'est cool ça me fait du bien. Tu veux écouter des trucs? J'ai juste a sortir les caissons mais tranquille ça prend pas trop de temps. Bon par contre je te préviens c'est un peux chelou faut pas oublié que c'est fait par deux tox en sevrage hein.

Ouai j'ai fait le deuil c'est bon, t'façon elle m'as vue en overdose c'est pas de la musique qui vas lui faire peur pis m'en fout nos sons c'est des bangers anyway. En plus le fait d'en parler ça m'as hype alors m'enfou.

Elle n’est pas certaine qu’en désintox soit le meilleur endroit pour rencontrer quelqu’un de sobre… Mais soit, puisqu’il en était ainsi. Cette personne semblait tirer Baxter hors de ses problèmes, alors l’ivoirienne ne pouvait que l’en remercier. Par contre s’il la décevait, elle serait sans pitié. On ne fait pas de mal à ses amis impunément. Bah voilà, il l’entrainait en « rave » il n’avait pas fallu bien longtemps pour qu’il montre son vrai visage et fasse se froncer les sourcils d’Afya.

« Et ça va les raves ? »

Avec toutes la tentation qu’il peut y avoir, cela l’inquiète qu’il s’y rende. Elle ne peut pas être certaine qu’il ne succombe pas, qu’il ne se retrouve pas entrainé dans une situation qui dégénère, puis elle rationnalise en se disant que de toute manière, pour l’instant tout du moins, il ne peut pas sortir de Terrae sans master pour l’accompagner… Ce n’est pas toujours gage de qualité, mais elle saura faire avec.

« Boiler room ? » elle demande.

Elle n’a pas la moindre idée de ce que c’est, mais n’a pas le temps de déconnecter pour s’imaginer faire des recherches dans le futur et ainsi obtenir les informations nécessaires. Contrairement à elle, Baxter parle beaucoup et vite. Elle doit se concentrer pour ne rien laisser filer.

« Je suis venue pour ça ! » dit-elle en souriant quand il lui propose d’écouter de la musique.

Sa musique. Il la décrit comme chelou, elle se retient de lui dire qu’à ce compte-là, sa musique lui ressemble… Mais elle a appris à l’apprécier malgré tout.

Je sens déjà un peux le regard vindicateur de Afya quand je parle d'un pote que je me suis fait en désintox mais alors quand je drop les raves c'est la totale: Les sourcils, le regard vif, prêt a caller des chassés.

-Les raves? J'en sais rien. Pas mis les pieds depuis... bha depuis avant la prison en faite. Faut dire que tout est allé un peux vite depuis la prison. Direct Terrae, puis la désintox puis re Terrae donc j'ai pas eu l'occas d'y retourner. T'façon je suis trop vieux pour ses conneries maintenant j'pense puis bon ça serait un peux ce jeter dans la gueule du loup avec tout les trucs qui tourne là bas. Je suis sobre et je compte le rester et l'ambiance a ce genre de truc est enivrante en général mauvaise idée.

J'espère la rassurer puis encore une fois c'est vraie. Ok le délire me manque un peux, surtout depuis que je fait du son mais flemme... Puis bon tu me voie faire une demande pour sortir en rave accompagné d'un master. Le pauvre finirait traumatisé.

-Les boilers room a la base c'était une orga qui faisait des soirée techno filmé et diffusé en direct et maintenant c'est un peux un nom qu'on donne a des festivals techno un peux dans le délire secret, tout est permis, etc... Un peux chelou mais bien marrant puis ça se passe souvent bien là bas... Fin de ce qui ce dit j'en sais rien j'y ai jamais foutu les pieds.

Et voilà le moment fatidique arrivé. Elle est là pour ça qu'elle dit alors lezgong. Je me bat un peux avec les caissons, histoire de les placés comme y faut. Téma le dolby surround on fait les choses bien ici. Et hop je branche ça au PC et j'ouvre el famoso dossier des bangers.

-Tu vas avoir le droit en avant première a notre dernier single. T'imagine quand je serais vla connu tu pourra être hautaine et médisante en mode "Nan mais moi je le connaissais en 2021 bien avant qu'il perce vous vous êtes juste des suiveurs parce qu'ils sont devenu commerciaux maintenant."

Bon bha... Play!

Le soupir de soulagement de l’ivoirienne est le plus long de l’histoire. Elle aurait pu essayer de le contenir, mais il vient du cœur. Elle n’a pas le temps de le dissimuler, et franchement, à qui pourrait-elle le faire ? Baxter sait très bien ce qu’elle pense, elle ne s’est jamais privé de le lui dire. Parfois un peu violement.

Afya est ravie qu’il compte rester sobre. Cela lui faisait un poids en moins… enfin, elle savait qu’il n’y avait pas plus menteur qu’un drogué… Seulement, elle avait pu vérifier dans son avenir proche (à savoir sur les deux petites années à venir) qu’il n’y avait pas de gros danger, elle pouvait donc avoir toute confiance en lui.

« On dirait presque une soirée banale chez les tonnerres… »

Tout le monde sait que les soirées qu’ils organisent tournent régulièrement au n’importe quoi… Certaines semblent plus mythiques que les autres, et on en parle encore des années plus tard. L’ivoirienne sait cependant que si certaines fêtes des tonnerres deviennent mythiques car beaucoup de monde en parle, celles des eaux n’ont rien à leur envier. Entre les fêtes où les morphes devenaient déguisés en animaux, et celles où il y avait des concours de glissades dans les couloirs… Quand les eaux voulaient s’amuser, ils le faisaient.

« J’pourrais dire, vous imaginez j’l’ai vu faire la vaisselle pendant des années ! »

Elle rit et attend qu’il se passe quelque-chose quand il appuie sur la petite flèche du menu démarrer… Mais aucune musique ne sort des baffles.

« Euh ? C’est… très conceptuel ? » se moque-t-elle.

Bha putain parle d'un pétard mouillé. Toute cette hype pour ça là...

-Euh je te dirais bien que c'est l'expression de la décadence de notre société a cause de l'inaction des puissant représenté par le silence mais en réalité c'est plus un problème technique. Si j'ai cramé mes caissons je me fout en l'air.

Panique! Panique! Je manque pas de thunes mais c'est vraiment pas gratos c'est truc là. Puis c'est vla chiant a trouvé alors en plus se les faire livré a Terrae je te dit pas l'enfer.

-Bon c'était un peux anti-climatique mais dès que je fixe ça on est ti-par.

Je vous ai déjà dit que j'étais pas ingé son. Non parce que là y'avait un seul câble a brancher et semblerait que j'ai quand même réussi a me louper donc...

Je vérifie la galette du caisson, on sait jamais qu'elle est pas fondu je l'ai pas mal poussé. Ok non pas ça. Le câble jack? Il a l'air en bonne état. Dieux merci d'ailleurs il est en or ça aussi sa coute une couille. Heu le volume du pc... Ouai je suis au bout d'idée. Attend mais le pc détecte pas le périph là... Oh le con...

-Huuum, ça marche mieux quand on branche le caisson sur le port sortie et pas sur le port micro... La technologie tout ça...    

Bon bha pour le style on repassera mais au moins ça devrait marcher... Play?

Elle se demande soudain si ce n’était pas fait exprès. L’explication qu’il trouve en un rien de temps est vraiment dense et intéressante. Elle fait ravaler sa moquerie à l’ivoirienne qui se demande un instant si elle a gaffé.

Elle finit par comprendre à l’empressement du garçon à essayer de trouver d’où vient le problème, qu’il y a un problème. Il clique à pleins d’endroit, vérifie les câbles… Est-ce qu’il a conscience qu’il parle une langue que la puce traductrice ne sait pas traduire ? Afya ne comprend rien à ce qu’il raconte, anti-climatique ? Port ou porc de sortie ? D’entrée ? Non, décidément c’est un long,

La musique commence, initialement il n’y a qu’un tapement, qu’elle imagine bien fait par un marteau en mousse… Elle comprend pas trop le principe, puis se rajoutent une batterie et c’est plutôt entrainant, quand les voies viennent se surajouter, elle comprend pas ce qu’elles disent, mais après ça commence à lui plaire vraiment ce rythme, les voies reviennent et c’est … De nouveau étrange, et puis au bout d’un certain temps les battements s’imposent et elle se rend rapidement compte qu’elle tape tu pied pour suivre le rythme…

Cette réalisation en entraine une autre, cette musique doit se danser. Ou du moins elle a envie de danser sur cette musique. Elle aime tellement danser… Elle regarde Baxter, est-ce qu’il la jugera très fort si elle se met à danser ? Sans doute que oui, et peut-être qu’en fait c’est pas une musique faite pour danser…

« ça te dérange si je dance ? » demande-t-elle pour éviter les faux pas.

Un peu le traque quand même je vais pas mentir. C'est con hein, j'ai clairement était dans des situations beaucoup plus stressante. Mais maintenant l'approbation de quelque chose que j'aime par une personne qui compte bha... Ça compte quoi. Je la regarde fixement, ce qui de l'extérieur doit avoir l'air bien chelou, essayant de capter la moindre réaction de sa part. Un peu comme un gosse ferait en montrant son dessin a ses parents.

Le temps est rarement passé aussi lentement et là, le premier signe que ça marche, je la vois déjà tapé du pied en rythme. Je peut pas m'empêcher  d'instantanément arboré un grand sourire. C'est pas grand chose, même si pour Afya on est pas loin de l'équivalent d'un pogo, mais ça fait trop plaisir. Je la suis donc, tapant moi aussi du pied et claquant les doigts au rythme des bass et je vois qu'elle me regarde. Et j'étais prêt a tout entendre de sa part je pense, j'avais dépasser le stade ou si elle me disait qu'elle aimait pas trop et bah tant pis on peut pas tout aimer, mais la chose qu'elle m'as dit... J'aurais pas pus rêver mieux.

-Euh... ouai... fin carrément c'est fait pour!

Quand tu fais de la musique y'as surement pas plus beau compliment que quelqu'un qui te dit qu'il veut danser dessus. Encore plus dans ce milieu là de la musique. Les gens nous rabâchent en permanence que l'électro c'est pas de la musique, qu'il y a pas de sens derrière. Bah le sens il est là, faire danser les gens, profiter du moment pour que pendant cinq petite minutes il y est rien d'autre que la musique et les gens autour pour la faire vivre qui compte. Alors je monte le son, parce que cinq petites minutes c'est court, alors autant en profiter a fon.

Sitôt l’autorisation obtenue, l’ivoirienne se lève. Elle ne se fait pas prier, elle adore danser. Ou du moins, balancer son cul en rythme et sautiller. Parce qu’elle est dans le rythme, il chatouille sa peau et s’infiltre en elle. Elle kiffe ces battements qui à la manière des tambours marquent les battements d’un cœur imaginaire.

Elle a toujours aimé danser. Ses yeux se ferment un instant et elle n’est plus dans la chambre de son ami, mais dans une des rues boueuses du marché de cocovico. Avec Adjambo elles ont échappé à la surveillance de leur tante, qui n’est en réalité qu’une voisine, pour retrouver d’autres gamins. L’un d’entre eux a récupéré une vieille radio. Les enfants le regardent avec enthousiasme et envie alors qu’il change l’orientation se l’antenne jusqu’à obtenir autre-chose que des grésillements.

La musique s’élève dans la ruelle, mais elle ne couvre en rien les bruits du marché. Elle raisonne fort dans leurs cœur, elle saisit les mains de sa jumelle, et ensemble elles dansent. La musique change, leurs pas ne se modifient pas, mais le rythme qui les anime est tout autre. L’antenne retombe, la musique s’éteint, et pourtant les deux sœurs dansent encore. La musique les a imprégné.

Elle rouvre les yeux. L’air est moins humide, moins chaud, et ne porte nulle odeur de poisson ou d’atiéké comme dans ses souvenirs. La chambre est plus vaste que ne l’était la petite ruelle, la musique autre, et pourtant l’envie toujours la même. Elle tend la main à Baxter :

« Allez danse avec moi ! »

Elle se lève et commence a danser, et pendant quelques secondes le temps s'arrête. J'aperçois une gamine. Une gamine qui danse, a la foi maladroitement mais en même temps très juste, cette gamine elle sait pas ce qu'elle fait, et probablement même pas pourquoi elle le fait. Mais malgré tout elle danse, comme porter naturellement par la musique. Et je me perd dans cette vision sans pouvoir m'empêcher de sourire bêtement, comme un gamin qui voit son amie danser.

Alors la gamine ce tourne vers le gamin, elle lui propose quelque chose qui le démangeait déjà. Après tout pourquoi pas? Pourquoi lui aussi n'irait il pas danser. Donc il se lève, et il danse, ou plutôt, ils dansent. C'est beau ces deux gamins qui dansent, ils savent clairement pas danser ces deux gamin mais malgré tout c'est beau. C'est ce genre de moment ou on veut pas les arrêter ces deux gamins, pour une foi on les laisse faire et on profite, parce que quand même, c'est beau, ces deux gamin qui dansent.

Et quand on pensait que de toute façon on pourrait pas les arrêter, le gamin qui danse il commence a pleurer, sans qu'on sache pourquoi, en fait y'as que lui qui sait pourquoi, alors petit a petit le gamin il disparait, il arrête de danser et tout ce qui reste, c'est une gamine qui danse.

-Je... Faut que j'aille vérifier le four.. sinon les gâteaux vont cramer. Je reviens.

J'arrive dans la cuisine en me tenant au dessus du four, et je sèche ses foutus larmes. Ça ressemble a ça des larmes de joie? J'ai des vagues souvenir d'un cadeau de noël a l'orphelinat qui aurait pu me mettre dans cet état, tout ça c'est loin mais en même temps je me dis, il m'avait manqué ce gamin qui danse.