Les entraînements élémentaires avec les collégiens sont toujours un moment agréable pour Aria. Elle n'y participe pas systématiquement, mais c'est un moment pour elle de se défouler et d'apprendre en même temps à dépasser un peu ses peurs. D'autant plus que les jeunes Eaux sont pas les plus casse-pieds ; elle sait pas ce qu'elle ferait si elle devait s'occuper des Tonnerres ou des Feux !! Tout ce qu'elle a à faire, c'est mettre de la musique, faire un peu l'oeuf devant eux en les rassurant et en leur donnant des conseils qu'elle n'arrivait pas à appliquer quand elle avait leur niveau, c'est tout simple ! Bon, c'est sûr qu'elle n'est pas prête de s'améliorer si elle ne prend que le rôle de prof assistante, mais en même temps elle vient pas ici pour ça. Si elle veut s'entraîner, elle peut aller barboter dans le lac tranquillement. Et puis, sur quoi elle pourrait bien s'entraîner, honnêtement ? elle pense avoir épuisé à peu près toutes les utilisations possibles et imaginables de ses pouvoirs, ça en devient presque barbant tellement c'est habituel pour elle de les utiliser. C'est bien pour ça qu'elle est là, du coup : essayer de trouver ça moins barbant, faire du social, et surtout éviter de culpabiliser en se disant qu'elle a eu son rôle de préfète dans un kinder surprise.

Bref, elle a encore passé trop longtemps à réfléchir, du coup elle n'arrive pas à éviter le jet d'eau malencontreux d'un des jeunes... qu'elle se prend en pleine tête dans un "GASP" sonore et quelque peu cartoonesque.

—Ah, pardon Aria !! s'excuse la coupable en rougissant des pieds à la tête (ouais, elle est Morphe, ça se contrôle pas toujours ces bêtises).
—Ouaiiiis t'inquiète pas, ça va, c'est les risques du métier héhé ! Tu t'améliores vachement sur la quantité de l'eau dis donc ! Maintenant essaie juste de contrôler l'endroit que tu vises, par exemple...

Et Aria lui désigne silencieusement un de ses compères, qui essaie de maintenir une sphère d'eau en suspension en faisant une grimace un peu bizarre. Qui redresse la tête et fait éclater sa sphère au sol :

—Eh !!! Tu as pas intérêt !

Mais trop tard, lui aussi se fait arroser. Aria a un sourire en coin vaguement machiavélique et s'éloigne en ricanant. Les deux commencent à se chamailler en riant et se jetant des jets d'eau mutuellement. Oups. Hé, elle a dit qu'elle les aiderait à s'entraîner, elle a pas dit qu'elle tiendrait la classe, hein ! Ils se débrouillent. De toute façon les Eaux sont trop timides pour faire des réclamations, c'est bon, c'est safe.

Elle profite de la confusion qu'elle a lancé entre eux pour se diriger vers le distributeur de boissons dans le coin de la salle d'entraînement, près de la sortie, pour aller se prendre un jus d'orange en brique. Sur le chemin, elle en profite pour retirer l'eau de ses vêtements d'un mouvement de la main et sifflote en se penchant pour récupérer sa boisson... Quand elle remarque une fille dans un coin. Une fille qui bouge pas beaucoup, faut dire. Haussant les épaules, elle retourne à son petit job en sautillant, essaie de les faire se concentrer un peu, fais quelques démo pour lancer d'autres exercices, constate qu'elle est plus dissipée qu'eux, et finit par clore la session après avoir fait deux trois blagues nulles. Certains partent immédiatement, d'autres continuent à expérimenter dans leur coin ; dans tous les cas, c'est pluuuus son problème ! Pfiouh. BON DU COUP ELLE A ENCORE TROP D'ENERGIE DANS SON CORPS, ELLE A PASSE TROP DE TEMPS A SE CANALISER. Même elle est capable de faire bonne figure devant des gamins, visiblement, hé. Tout est possible. (Enfin si se canaliser = s'agiter dans tous les sens hein.)

En se dirigeant vers la sortie, elle constate que la fille de tout à l'heure est... bah... Toujours là, et qu'elle a pas trop trop bougé. Elle a l'air un peu perdue dans ses pensées, peut-être qu'elle a un souci ??! Elle cligne des yeux et se rapproche avec un sourire, le pas moins dansant que tout à l'heure.

—Eh salut !! Ca fait un moment que tu es là, tout va bien ?

Justine ne perdit pas de temps. Elle avait pris note des conseils de Loup, carte de Terrae en mains, et avait profité du temps libre qu'elle avait pour la première fois de sa vie pour, d'abord, découvrir les lieux. Elle avait très rapidement passé le rez-de-chaussée, surtout pour s'éloigner le plus possible des dortoirs qui l'oppressaient. Trop de gens, même s'ils se montraient bienveillants, ça la fatiguait au bout d'un moment. Elle visita les salles de classe, se demandant brièvement comment les professeurs faisaient pour contenir les élèves à l'intérieur en n'étant qu'au premier étage. Au village, ça n'arrêtait personne, et ils avaient pas de pouvoirs. ...Il y avait des horaires particuliers à éviter ici, il y avait un monde fou entre les courageux qui prenaient les escaliers pour aller dans leurs chambres, les élèves d'âges différents qui courraient d'une salle à l'autre pour changer de cours, des petits qui partaient en récré dans la cour, des clubs qui commençaient ou se terminaient, des réunions dans la salle commune,... Justine avait la chance d'être petite, souple et d'avoir un bon équilibre. Elle avait trouvé une place de choix, entre l'escalier et l'ascenseur, juste à côté d'un spathiphyllum. Elle avait observé le manège durant quelques heures, de longues minutes où rien ne se passe avant que le chaos ne s'abatte, aussi bref qu'intense.

Elle n'avait pas besoin de parler à quelqu'un, elle voyait parfaitement combien les gens étaient différents ici. Elle fit un bref compte-rendu par sms à Loup.

Le deuxième et troisième étage étaient moins intéressants... Ou peut-être qu'ils le seront plus quand elle se sera habituée à la magie. Mais la conclusion qu'elle a pu se faire lors de ce nouveau set de longues minutes d'observation, c'est que c'était en vérité du génie de mettre les Eaux et les Feux, ainsi que les Tonnerres et les Terres, au même étage. Pour des raisons évidentes de sécurité, mais aussi de caractères. Il y a quelque chose de touchant à voir un Feu sortir à la hâte de son couloir pour aller demander un coup de main en hurlant dans celui des Eaux jusqu'à ce qu'un timide plus courageux que les autres ne sorte d'une chambre pour le secourir... C'est adorable de voir un Tonnerre se calmer d'un seul coup pour écouter les explications calmes d'un Terre, qui rappelle gentiment de faire attention. Justine s'était dirigée vers l'étage supérieur pour au moins se faire une idée des Airs et elle eut cet impression étrange de voir un mélange de tout ce qu'elle a déjà pu voir ; entre solaires et lunaires, Guérisseurs et Sonores, on pouvait facilement déduire qui était qui. Mais encore une fois, elle ne pouvait que constater que, oui, les gens ici étaient bien différents.

Il ne lui restait plus que la salle d'entrainement à visiter à cet étage... Elle se faufila à l'intérieur, sans faire de bruits pour ne pas déranger le monde présent à l'intérieur et fouilla d'abord la pièce immense du regard. Quand elle considéra avoir trouvé un endroit calme, avec vue sur tout le terrain, elle s'y plaça. Debout. Droite. Elle avait l'habitude de rester immobile dans cette position, ses yeux voyageaient pour elle. Tout semble correctement bétonné, les murs, mais aussi le sol et le plafond sont faits pour être solides. Elle a repéré la présence d'un grand nombres d'extincteurs, des tapis, des barrages,... Le sol fendus de rigoles discrètes d'évacuation d'eau... Tout a été pensé pour que tout le monde puisse laisser libre cours à ses pouvoirs. Intéressant... Justine fouilla ensuite les murs du regard, pas du tout déconcentrée par les cris de joie des enfants -elle a même réussi à sourire, rapidement. Il y avait des traces de coups... Mais ils étaient apparemment bien vite recouverts de posters faisant la publicité de, de ce qu'arrivait à comprendre Justine, la bibliothèque de Terrae, quelques clubs de l'Institut, et même un qui semble dater de Noël dernier au vu des couleurs qu'il arborait.

Les gens étaient différents... et les choses se faisaient différemment aussi, ajouta-t-elle à sa conclusion par sms, après avoir vu les affiches cachant l'unique présence de violence qu'elle avait vu depuis qu'elle était arrivée et les enfants en train de s'amuser à mouiller leurs camarades durant un "entrainement".

Elle se décide à rester là un peu plus longtemps, pour bien intégrer les détails de l'endroit... Elle ne sait pas quand est-ce qu'elle aura des pouvoirs, et cette inconnue dans l'avenir la stresse un peu. Déjà qu'elle baigne dans un autre monde, ça fait beaucoup à gérer. Mais elle fait un effort, elle cherche un confort dans ce Terrae. Pas le même qu'au village, non, elle a compris qu'elle n'aurait pas à faire le tapin ici, mais autre chose... Pour ça, il fallait qu'elle sorte de son trou, arrête d'hiberner et se focalise. Sur quoi ? Alors pour l'instant, tout et rien à la fois. Elle sentira dans ses tripes quand elle pourra être à l'aise dans cet endroit si différent.

C'est à ce moment, plongée dans ses réflexions, qu'on lui parle. Elle bat des paupières et se tourne vers la jeune femme. Justine la fixe... Enfin elle fixe d'abord ses cheveux bleus électriques, puis son visage constellés de tâche de rousseur. Elle est immobile, quelques secondes, pas longtemps, le temps qu'elle se rappelle qu'il faut sourire. :

-Bonjour. Oui je vais bien, merci.

Et c'est aussi à ce moment précis que Justine réalise avec un certain effroi, qu'elle n'avait jamais vraiment "fait la conversation". Elle connaît les questions à poser aux clients qui n'osent pas pour les encourager, celles à poser à son patron, celles à ses collègues et amis... Comment on fait quand on rencontre une inconnue ? Justine prit une lente inspiration, levant la carte de l'Institut, maltraitée par ses mains, devant elle, comme pour prouver qu'elle ne mentait pas. :

-En fait je viens d'arriver et-... Je visite ? Je n'ai pas le droit d'être ici si je suis encore novice ? Je suis désolée.

À bien y regarder, la jeune fille qu'Ariana interpelle semble plus absente que souffrante. Il lui faut quelques secondes pour retrouver ses esprits, visiblement, puis quelques instants de plus pour la dévisager. Ariana s'empourpre un peu, parce qu'elle se dit que si ça se trouve, elle va juste se faire rembarrer comme il faut. Mais la fille sourit et Aria en soupirerait presque de soulagement (OUF).

Elle répond simplement, de manière sobre, et cette manière de communiquer lui rappelle vaguement Adé et sa sobriété. Ce n'est pas parce qu'elle est rousse aussi qu'elle dit ça, bien évidemment — mais ce n'est pas le même genre de roux, pas tout à fait. Pas le même genre de cheveux non plus, d'ailleurs — longs, très, très longs, et surtout lisses.

Mais très vite, son expression change et elle lève la carte de l'institut… La carte !!!! C'est la carte des nouveaux arrivants EN FAIT ELLE EST NOUVEEEEELLLE ooooohhh ça explique pourquoi elle ne l'a jamais vue !! (Des cheveux aussi longs, elle s'en serait souvenue, croyez-moi.) Aria se rapproche avec un sourire encore plus grand, toute trace de gêne envolée, et agite un peu la main en parlant :

—Ohhhh pardon, tu es nouvelle !! Si, si, t'en fais pas, tu as le droit de venir ! C'est juste que je te voyais pas bouger depuis avant, et je me demandais si tu allais bien, j'ai un peu paniqué dans ma tête, je crois, alors euh… T'excuse pas hein !! Vraiment !! Tu as le droit d'aller un peu partout dans l'institut, sauf dans la Salle des Masters quand ils sont pas là, mais sinon basiquement c'est ouvert partout ! Donc t'en fais pas !

Aria se recule un peu pour lui laisser de l'air (il paraît qu'il faut pas assaillir les gens de questions et de paroles IMMEDIATEMENT après avoir rencontré quelqu'un, mais eh, on se rappelle comment Aria s'est fait ses meilleurs potes hein) et reprend en se balançant d'un pied sur l'autre :

—Tu es arrivée quand ? Tu te familiarises bien ? D'ailleurs, moi c'est Aria ! Et toi ?!

On a dit : ne pas assaillir de questions.

Justine ne cède pas à la panique et, même si elle n'en est pas vraiment sûre, semble avoir réussi la première étape pour engager la conversation... ou du moins, ne pas l'arrêter bêtement au pire moment ; au début. Elle semble même avoir soulagé la demoiselle qu'est pas plus grande qu'elle, la faisant sourire encore plus et agiter les mains... Justine les fixe, attiré par le mouvement, mais seuls ses yeux bougent... Le reste de son corps s'est tendu à son approche, et sa tête était concentrée sur l'amas d'informations qu'elle donnait. Comme tous les enfants ayant grandi dans le gang, elle notait mentalement tout afin de pouvoir répondre, tout en analysant le langage corporel de la personne face à elle pour prévenir une attaque. Mais la demoiselle était comme une petite bulle bleue pétillante, Justine restait aux aguets plus par habitude que par inquiétude. Quand elle répond, il n'y a aucun stress dans sa voix. :

-Je suis soulagée, merci. Je retiens pour la Salle des Masters... C'est à l'étage au-dessus, c'est ça ?

Elle n'osa la quitter des yeux que lorsqu'elle se recula, pour fouiller un instant la carte. :

-Je suis arrivée... la semaine dernière ?... Je suis... un peu décalée avec tous ces changements. Et j'ai un peu de mal à dormir... dans le dortoir...

Dormir en présence d'inconnues ne la rassurait pas... Mais il fallait bien qu'elle s'y fasse. De toute façon, c'est pas comme si elle n'avait pas l'habitude de n'avoir que quelques heures de sommeil par nuit. Ce sont les week-ends grasse mat' qui doivent lui manquer. Oui, c'est sûrement ça. :

-Enchanté Aria. Je suis Justine. Je ben... Je viens d'arriver... ......Tu le sais déjà.

Elle baissa la tête. Mince, que pouvait-elle dire de plus ?! Est-ce qu'elle devait sourire encore une fois ? Ça faisait pas un peu trop insistant ?... Est-ce qu'elle devait essayer de lui poser des questions ? Comment fait Rat déjà pour éviter les silences dans une conversation ?... Ah oui ! :

-J'aime beaucoup tes cheveux. La couleur est jolie.

Hm. Maintenant qu'elle y pense, Rat n'est pas plus doué en communication qu'elle. C'est peut-être un peu tôt pour utiliser la carte "compliment".

Elle a l'air vraiment gentille ! Très calme, par contre, c'en est presque perturbant ; elle bouge tellement peu, quand Aria, elle, est constamment en train de s'agiter et dépenser inutilement son énergie.

—C'est ça oui !!

À bien y réfléchir, c'était pas très malin ; elle n'ose pas imaginer combien de trous ils ont du avoir dans leur parquet à cause d'une utilisation excessive de pouvoirs… ou alors c'était fait exprès, pour garder un oeil sur les terraens. Faut dire que les Masters en seraient cap !

Malgré son envie pressante d'entendre la réponse de la jeune fille (qui fait assez adulte, malgré une petite taille, visiblement), Aria essaie de respecter son rythme. Surtout qu'elle a l'air assez mal à l'aise en parlant, malgré l'expression toute posée qu'elle lui renvoie. (Perturbant…) Aria incline la tête et fait "oooohh", puis acquiesce, compréhensive. Elle essaie de ne pas se souvenir de sa propre arrivée dans les dortoirs, pas parce qu'elle a eu de mauvaises expériences, mais parce qu'elle allait tout le temps mater chez les mecs ptdr. La hoooonnnnnte…

—Ravie de te connaître Rou— Jou- -stine !! Si tu as un souci hésite pas à venir me voir, surtout !! On me repère facilement dans les couloirs, sourit-elle en désignant ses cheveux. Sinon je suis dans le couloir des Eaux, c'est au 2e étage !!

OUAIS, DONNER LES INFOS UTILES DIRECT !!! Aria veut enchaîner sur la question de sa difficulté à trouver le sommeil, mais Justine (ça a l'air français ça lol, pourquoi c'est compliqué à prononcer leur J là !!! elle va faire une réclamation à Mymy ouin) lui fait un compliment sur ses cheveux… Elle s'empourpre soudainement et met ses deux mains sur ses joues, très chaudes :

—Oh, euhh, woah, merci !! C'est, euh, je peux modifier mon apparence, du coup je change souvent de couleur de cheveux héhé… À la base je suis rousse aussi… Mais les tiens sont tellement plus beaux, c'est incroyable la longueur qu'ils ont !

Ne pas se cacher derrière ses mains. Voilà. Non mais elle doit être trop jolie avec des coiffures complexes, et des parures dans les cheveux, et des perles, et des petites chaînes, et des TRESSES,…. HMMM calmons-nous. Elle peut pas lui faire un compliment sur ses cheveux avec ceux qu'elle a, c'est pas possible !

—T-t-tuu dis que tu es arrivée la semaine dernière, alors, hum- (Eloquence éloquence.) Si tu arrives pas trop à dormir dans les dortoirs, hésite pas à le dire hein ? On peut toujours essayer de trouver une solution, surtout que ça peut toujours durer un moment… C'est le bruit qui te dérange ? Enfin, désolée si c'est indiscret, tu es pas obligée de répondre !

Ou les gens ? Elle sait que tout le monde n'est pas à l'aise là-bas. Tout le monde n'a pas sa capacité d'adaptation face au monde ; et elle voit bien qu'elle a l'air super super timide en face (ELLE EST TROP MIMI). Bref, tout ça pour dire : Justine vient d'arriver, elle dort pas bien et a l'air perdue ; c'est donc évidemment une mission pour Super Rouquine.

Aria lui confirme que c'est bien au-dessus que se trouve la salle des Masters. Elle voit aussi sur le plan qu'il y a un accès vers le toit... Elle pensait pas à la base monter jusqu'au dernier étage, mais l'idée de voir un aperçu en hauteur de Terrae, était intéressant. Justine sort un crayon de la pochette accrochée à sa cuisse, note sur le plan le prénom d'Aria au niveau du couloir des Eaux pendant qu'elle peine à prononcer son prénom. Elle lève ses yeux, lâche un petit sourire compréhensif avant de ranger son stylo et tenter de plier correctement sa carte. :

-Tu peux le prononcer Roustine. Ou dire Tina. C'est comme ça qu'Alba m'appelait, quand elle était fatiguée et que son accent espagnol ressortait.

Tina ou corazón. Mais ni l'une ni l'autre ne serait probablement assez à l'aise pour l'entendre dire "mon cœur". Déjà qu'Aria rougit à cause du compliment. Justine note, cette fois mentalement, qu'effectivement c'était peut-être un peu rapide... mais c'était vrai. Pour elle, ses cheveux étaient une arme de séduction ; elle n'a jamais pu faire ce qu'elle voulait avec. Une autre couleur, une autre longueur et elle aurait perdu trop de clients. Malgré ça, elle en prend soin, parce qu'elle en est un peu fière c'est vrai. Elle remonte un peu ses épaules, comme si elle voulait timidement se cacher, quand Aria lui fait remarquer leur longueur. :

-Je ne les ai jamais coupés... Enfin, sauf les pointes de temps en temps, bien sûr. C'est marrant, tu es naturellement rousse, moi c'est une couleur. J'ai les cheveux noirs à la base.

Du coup oui, elle doit souvent décolorer ses racines avant de les teindre en roux, alors avoir des cheveux aussi sains, solides et longs, elle sait que c'est une chance. Aria bafouille avant de réussir à articuler qu'elle peut demander de l'aide si elle peine vraiment à dormir... Justine bat des paupières... et tend sa main en la secouant. :

-Oh ! Non ! C'est pas le bruit c'est-... quoique c'est peut-être ça ?... Hmgnh c'est juste-... Je ne connais pas bien les filles du dortoir, et j'ai du mal... à faire amie-amie je suppose... C'est difficile...

Elle grimace... Elle a peur de paraître insensible et de se plaindre d'une chose qu'elle pourrait facilement régler elle-même, si elle n'était pas autant intimidée et craintive. Comment expliquer qu'elle a appris à ne jamais s'endormir en présence d'une autre personne, à part avec sa mère, pour éviter de se faire agresser, de ne pas être payée ? Loup avait expliqué brièvement à quel point leur ancienne vie pouvait choquer certaines personnes, soit parce que c'était dur et les gens étaient empathiques, soit parce que cela pouvait raviver de mauvais souvenirs... Et la dernière chose que voulait Justine, c'était blesser quelqu'un parce qu'elle s'était montré trop ouverte sur son histoire. :

-Mais ce n'est pas grave ! D'habitude, je dors pas beaucoup de toute façon et je peux faire des siestes en journée comme il n'y a personne au dortoir et que je n'ai pas encore un travail !

Elle penche la tête sur le côté avec un sourire. Ça devrait aller nan ? Elle en a pas trop dit ?... Oui, bon, on croise les doigts et on noie le poisson. :

-Est-ce que ça fait longtemps que tu es ici, toi ? Je t'ai un peu vue avec les petits. Eau... Morphe du coup ? ajoute-t-elle en pointant les cheveux bleus de son index. Est-ce que... ça fait mal, recevoir des pouvoirs ?

Elle pense pas à de la douleur physique... On dirait pas comme ça mais elle est très solide. Mais elle a vu l'état de Loup, quand il était revenu au village, il y a quelques années... Elle ne l'avait jamais vu aussi misérable, et elle le connaissait bien... Elle avait même des photos ! Que quelque chose l'atteigne à ce point, elle n'avait pas osé lui en parler mais elle s'en doutait quelque part. Terrae n'était pas un paradis non plus.

Woah, mais elle est trop gentille en fait ?! Pendant un instant, avant de l'alpaguer, Aria s'était dit qu'elle avait l'air assez peu abordable, mais finalement, ce n'est qu'une impression passagère. Un grand sourire s'étire sur ses lèvres alors qu'elle lâche :

—Alors ce sera Tina, si ça te gêne pas !! C'est trop joli !! Tu avais une amie espagnole ?!

Elle se retient de dire "OUI PARCE QUE MOI JE VIENS DE GRENADE, TU CONNAIS GRENADE ? C'EST TROP JOLI ET Y A PLEIN DE TRUCS A VISITER ET PUIS IL FAIT CHAUD ET PUIS…" mais elle se contient, et est surtout interrompue par le compliment impromptu. Quand Justine — Tina — rentre la tête dans les épaules, Aria retient un rire : beaucoup trop mignonne !!!! La petite Eau fait cependant un "o" avec ses lèvres.

—Jamais coupés ?! Donc tu es un peu comme Raiponce, en fait ! Ca explique pourquoi ils sont si longs ! s'enjoue Aria. C'est vrai, tiens, c'est marrant… Ils sont vraiment magnifiques en tout cas, et la couleur te va trop trop bien !!

Elle se demande à quoi elle doit ressembler, avec les cheveux noirs… Ils doivent probablement trancher avec la pâleur de sa peau. Mais vu sa prestance, franchement, même un cône de signalisation lui irait bien. (Quoique c'est bien étrange à imaginer…)

La question du dortoir se pose, et l'inquiète un peu ; Aria prend son rôle de préfète très au sérieux, mais elle lui aurait probablement proposé de trouver une solution sans ça, en allant toquer à la porte des Masters. La Morphe fait la moue et croise un peu les bras lorsqu'elle lui dit que ce n'est pas grave… Genre c'est pas grave de pas dormir ! Ca va pas du tout, il faut se reposer, surtout quand on débarque dans un nouvel endroit !! Mais Tina arrive bien à détourner la conversation et Aria acquiesce finalement, pas très convaincue…

—Moui… Mais si ça va pas, hésite pas à le dire, d'accord ?! On trouvera forcément une solution ! Enfin, oui, du coup je suis Morphe !! Tu as l'air de bien t'être renseignée, déjà, c'est vraiment chouette !! Ca fait pas mal du tout, au contraire ! On se sent tout endormi… c'est plus les premières expériences pour les utiliser qui peuvent être cata aha ! Mais on s'y habitue très vite !

Petit souvenir de ses transformations dramatiques en demi animal avec Elio, lorsqu'elle venait de les recevoir… Pouah, ça date !!

—Tiens écoute, je te propose un truc : tu as déjà visité ? Sinon, je peux te montrer un peu le coin et répondre à tes questions ! Tu en penses quoi ?

Elle dit ça surtout parce qu'elle n'a pas envie de rester sur place, elle a encore besoin de se dépenser un peu. Puis surtout, elle se dit que si elle revient plus tard sur son idée de la convaincre d'aller voir les Masters pour lui trouver une petite chambre individuelle oklm, ça passera mieux si elle arrive à la distraire héhé. Le bien-être des nouveaux avant tout !!

-Une amie esp-... Oh, non. Alba, c'était ma mère... On a un ancêtre qui s'est expatrié en France, c'est tout.

Elle a hérité de bien peu de choses de cet ancêtre... Peut-être les cheveux noirs, quelques mots affectueux et des injures en espagnol... Justine ne savait même pas si elle avait des grands-parents vivants, personne n'est venu à l'enterrement et Alba n'avait même pas de photo de famille. Maintenant qu'elle y pense, c'est peut-être pour ça qu'elle a commencé à réunir des photos des gens qu'elle aime depuis toute petite.

Justine ne réalise pas qu'elle vient de parler de sa mère au passé qu'elle est concentrée sur autre chose... La bouche d'Aria dessine un "o". Elle ne se souvient pas avoir déjà vu cette expression... De la surprise ? On dirait bien mais exprimée de manière aussi franche, c'était un peu comique. C'est donc surprenant qu'elle ne se soit jamais coupé les cheveux. ; elle la compare à Raiponce... et Justine ne connait que le conte allemand. C'est comme ça qu'elle a appris qu'elle pouvait manger de la rave sauvage. C'est d'ailleurs très bon en salade... Attendez, le rapport avec les cheveux ?... Ah oui, Raiponce, les cheveux longs, tout ça, tout ça... Elle sourit doucement. :

-Merci c'est gentil. J'aime beaucoup les tiens aussi... ah, mais je l'ai déjà dit.

Au moins elle a pu le remarquer à temps... Il ne faudrait pas qu'elle soient bloquée dans une boucle de compliments. Ou qu'Aria pense qu'elle n'est pas sincère juste parce qu'elle oublie le fil de la discussion et se répète...

Aria qui insiste qu'elles peuvent trouver une solution mais elle n'ose pas en parler plus. Justine est persuadée avec un peu de patience qu'elle peut arriver à dormir, à force, le temps de se caler, de... faire confiance... ou de tomber de fatigue. Ça ne lui ait pas encore arrivé, y'a une première à tout. Non mais si ça va venir. Elle préfère se concentrer sur le reste de la conversation. Et bien sûr qu'elle était bien renseignée, son ami d'enfance était Master, même s'il ne lui disait pas tout. Elle glousse pour elle, Loup a su la rassurer en lui faisant un petit topo mais il lui manquait des détails... En tant que Madonne, avoir des informations même sur les ragots était utile. Il avait dû lui expliquer que le principal pour qu'elle se fasse une idée elle-même.

Elle n'en parlera pas plus, c'est son petit secret pour le moment et préfère répondre au reste, à savoir si recevoir ses pouvoirs était douloureux. Aria veut l'apaiser en lui disant que non, c'était plutôt les premières utilisations qui pouvaient tourner vinaigre... Justine a une petite moue. Elle n'avait pas précisé qu'elle voulait des détails sur le mental plutôt, elle aurait dû mieux tourner sa question. Tant pis, elle voulait pas paraître malpolie en la reprenant. Alors elle se précipite un peu sur sa proposition de visiter, histoire de changer de sujet. :

-J'ai déjà observé les étages du dessous, mais je veux bien que tu me montres ce que j'ai pu rater... ou d'autres endroits aussi ! J'avais déjà prévu de le faire de toute façon, c'est mieux d'être accompagnée.

Pas que pour soutirer des infos qu'elle ne pourrait avoir en étant qu'observatrice, mais aussi c'est toujours mieux de faire des rondes en étant accompagnée. :

-J'ai vu qu'il y avait des clubs mais pas lesquels.... Est-ce que tout le monde peut s'inscrire ?

—Oh, tu es en partie espagnole ?!! Trop cool !! Moi je viens de Grenade ! Tu sais d'où ta famille venait ?

La nouvelle enjoue Ariana, qui continue à babiller un peu avant d'autoriser un changement de conversation. Les compliments pleuvent et elle aimerait pouvoir se cacher en rougissant derrière ses mains tant cela la gêne ; pourtant, elle ne réagit pas toujours de cette manière… Elle ne relève pas le fait qu'elle lui ait déjà dit, cela ne fait que renforcer l'idée qu'elle se fait de Justine, non, Tina : elle est vraiment trop gentille et elle l'apprécie déjà beaucoup !

La préfète lance un grand sourire à Justine qui accepte sa proposition de se promener ; elle se dit qu'elle peut bien lui montrer le reste de l'étage et celui du dessus, où se situe la salle des Masters où elle passera immanquablement dans les prochains temps. Et puis, l'observatoire, où elle va peu, surtout depuis sa rupture avec Allen ; ça lui rappelle ce moment où il l'avait réconfortée là-bas, où il lui avait parlé de sa mère, et elle de Lola… Le genre d'endroit qui rappellent le manque, la douleur de la perte — à beaucoup trop de niveaux.

—Comme ça je pourrai te faire les commentaires audios !! Si je parle trop, dis-le moi, par contre, hein ?? Parfois j'ai du mal à m'arrêter.

Elle l'assume, mais en ce moment, elle préfère poser la question pour s'assurer de ne pas trop saouler les autres en face. Toute joyeuse, la Morphe propose donc son bras à la fausse rousse, pour qu'elle puisse s'y accrocher — surtout pour éviter de lui attraper la main et la tirer derrière elle, comme elle peut le faire avec ses amis qu'elle connait depuis plus longtemps.

—Oui bien sûr, tu peux t'inscrire dans les clubs que tu veux ! Je suis dans le club de danse, même si je fais pas touuutes les répètes en ce moment ; parfois je vais au club de jardinage quand j'ai le temps, puis je fais quelques entraînements au club d'auto-défense qui est tenu par des copains, et je tiens le club de couture ! Donc si jamais ça t'intéresse, hésite surtout pas ! Tu aimerais entrer dans un club en particulier ? C'est quoi que tu aimes faire ?

Et tout en parlant, elle l'invite à la suivre hors de la salle d'entraînement.

Aria avait l'air très heureuse d'apprendre qu'elle avait des origines espagnoles. Justine avait du mal à comprendre exactement pourquoi mais si ça pouvait lui faire plaisir alors ce n'est pas très important. :

-Mérida je crois. répondit-elle en souriant. Et Grenade, je crois me souvenir... c'est dans le sud du pays c'est bien ça ?

Elle s'accrochait à ses souvenirs pour situer la ville, entre les moments où elle regardait les cartes de l'Espagne dans ses livres d'histoire quand elle était petite comme pour y trouver des racines dans le papier glacé et ses cours d'espagnol au lycée, il ne lui restait plus grand chose... C'était inutile de retenir ça, il ne fallait pas s'attacher à une chose qu'elle ne connaîtrait jamais.

Le sourire d'Aria est comme un baume à ce moment... Justine n'a pas besoin de s'attarder sur des regrets ; ça empêche de survivre. Elle renvoie ce sourire apaisant, miroir imitant. Ça l'étonnerait que Justine l'interrompe, à part pour lui poser une question éventuellement, mais c'était sûr qu'elle ne lui réclamerait pas du silence. :

-C'est que tu as beaucoup de choses à dire. Ça tombe bien que j'ai beaucoup à apprendre hein ?

C'est naturellement que Justine glisse son bras à celui d'Aria. Elle s'attendait à tenir sa main mais peut-être que ça ne se faisait pas ici, comme les baisers entres amis ?... Hm, il faudra qu'elle demande dans le doute. Et pendant qu'elles sortent de la salle d'entraînement, Aria lui donne toutes les précisions dont elle a besoin pour les clubs. A-t-elle cité tous les clubs ou uniquement ceux qui ont le potentiel de l'intéresser ? Car l'afflux de choix pour Justine la fit tanguer -figurativement. :

-Oh je- J'avais pas vu les clubs, juste qu'il y en avait... Mais entre la danse, la couture... Aaah le jardinage, l'auto-défense...

Justine, toujours inexpressive, lève la tête vers le plafond, comme si la réponse s'y trouvait. Quatre domaines bien complexes... Elle se décide d'ignorer l'auto-défense en premier... Elle a des lacunes mais réalise qu'elle sait suffisamment se défendre, pour le moment. A voir quand elle recevra ses pouvoirs. Le jardinage, c'est son jardin secret, sans mauvais jeux de mot. Elle se voit mal partager ses bébés, ne saurait pas quoi apprendre de plus qui pourrait l'intéresser... ou éduquer qui que ce soit à propos de ce que, elle, elle sait. Elle prit une inspiration avant de regarder Aria à nouveau. :

-Ça va se jouer entre la couture et la danse je pense... Pourquoi pas les deux ?! J'ai le temps après tout.

Elle laisse échapper un étrange souffle, un rire. :

-Tu tiens le club de couture donc. Dis-moi ce qu'on y fait !

Puisqu'elle aimait parler, qu'elle ne se prive pas ! Justine adorait écouter.

—Oui totalement !! Mérida c'est un peu plus au Nord, dans l'Ouest de l'Espagne !! J'y suis jamais trop allée… Tu parles Espagnol toi ?

Elle ne trouve jamais personne avec qui parler sa langue ; et quelque part, même si Ariana n'est pas du genre à être mélancolique de sa vie passée là-bas (surtout vu les mauvais souvenirs qu'elle s'y trimballe), c'est toujours quelque chose d'émouvant d'entendre quelqu'un prononcer les mots comme elle le ferait, cette langue si douce à ses oreilles. Une partie d'elle espère qu'elle pourra échanger avec Tina dans sa langue natale.

Alors qu'Ariana lui propose de continuer leur discussion dehors, Tina glisse son bras au sien ; la Morphe sourit, toute heureuse qu'elle ait accepté et ne trouve pas ça trop bizarre. Faut dire qu'elle a toujours aimé le contact physique, mais ce n'est pas le cas de la majorité des gens en arrivant ici. Elle s'en serait voulu de l'avoir mise mal à l'aise.

—Oh oui, plein de choses, tu verras !!

Comme si elle avait oublié quelque chose, la préfète regarde par-dessus son épaule pour vérifier où en sont les gamins qu'elle aidait à entraîner plus tôt… La majorité est partie, donc c'est bon, plus besoin de s'inquiéter de ce qu'ils feront. Puis zut, l'heure est finie, elle a le droit de passer à autre chose maintenant. Ca ne l'empêchera pas d'inonder la pauvre Tina de paroles :

—Oui, il y en a plein !! Et ça c'est juste ceux auxquels je suis inscrits, je crois qu'il y a aussi des clubs de lecture, de science -berk- et autres… réfléchit Ariana, les sourcils froncés. Il doit y en avoir une liste quelque part !

Pendant que Justine réfléchit, Aria la guide vers le bout du couloir, puis tourne à gauche. Les escaliers sont au fond, elles pourront grimper jusqu'à l'étage du dessus. Heureusement, l'accès n'est pas restreint ; mais la majorité des élèves n'aiment pas trop traîner là-bas.

Justine semble prise dans une intense réflexion, mais finit par s'intéresser aux deux clubs qu'Ariana aime le plus : couture et danse. Le deuxième, parce qu'il y a son super partenaire de danse Zola, dedans ; le premier parce que c'est le sien, hé.

—Je suis sûre que tu pourras trouver des horaires qui te correspondent, oui !! Puis ça te permettra de rencontrer du monde je pense ! s'enjoue Aria. Au club de couture, on se rejoint pour faire des projets ensemble, souvent on décide de ce qui va être réalisé, et j'essaie de trouver des tutos ou d'en faire. Sinon, je donne des cours aux débutants, et si les projets intéressent pas les membres, ils peuvent venir avec leurs projets personnels. Comme ça on peut s'entraider !

Incapable de s'arrêter, elle reprend :

—En fait, je suis couturière, je fais des vêtements que je vends sur internet et à l'institut ! J'ai pas forcément beaucoup de clients encore, mais j'aime bien fonctionner aux commandes, et comme on a pas besoin de payer un loyer ici, au final ça m'occupe plus que ça ne me permet de vivre. J'ai plein plein de projets, mais pour ça il faudrait que j'arrive à avoir un peu plus d'argent… Des copains m'ont proposé de l'aide, mais je veux me débrouiller seule ! affirme-t-elle, déterminée, en repensant aux gentilles offres de ses amis.

Un jour, elle arrivera à lancer son projet. Créer son propre tissu avec du plastique recyclé récupéré dans les océans ; elle y repense de plus en plus, c'est son rêve. Mais pour l'instant, c'est peut-être encore un peu compliqué à faire seule. Surtout qu'elle a aussi mille autres projets et qu'elle s'est lancée dans l'aventure du café BD-mangas d'Erik l'an dernier ; elle sait pas où elle trouve toute cette énergie, mais comme elle ne fait que ce qu'elle aime avec des gens qu'elle aime, ce n'est pas tout à fait du travail, pour elle.

—Tu aimes bien la couture alors ? Tu en as déjà fait ? C'est quoi les trucs que tu aimes faire, d'ailleurs ?!

HRP : Par du principe qu'elle lui parle en espagnol à partir de maintenant x) !


-Oui mais je l'écris mal. Je n'étais pas une bonne élève.

Pour avoir longtemps été reprise pour son fort accent estrémègne, Justine a très vite arrêté de parler en cours de langue. La professeure lui demandait sans cesse de répéter certains mots, ou se moquait d'elle en disant que ce n'était pas une classe de "portugais". De plus, même si elle avait effectivement baigné un peu dedans depuis toute petite à cause d'Alba, elle ne savait qu'écrire français. Imaginez sa déroute la première fois qu'elle a vu la lettre "ñ". Elle préfère le lui dire maintenant, avant qu'elle ne lui demande d'écrire quoi que ce soit en espagnol.

Aria prit la peine de jeter un dernier coup d'œil aux enfants avant de sortir de la salle et de faire comme promis, lui donner toutes les informations dont elle a besoin. Justine n'a pas eu besoin de la manipuler ou de la soudoyer : en réalisant ça, elle se dit que la petite femme ne ferait pas long feu au village, même si elle cache son roux naturel. ...C'était bien loin de faire de la peine à Justine, elle était même plutôt ravie. Quelqu'un d'aussi gentil qu'Aria n'a pas à subir les faux-semblants et la violence de l'endroit où elle a grandi, elle peut parler autant qu'elle veut. C'est fascinant quelque part, est-ce qu'elle se rend compte d'où elle vont tout en lui parlant ? Parce que de son côté, Justine a les yeux partout tout en l'écoutant. C'est une vraie gymnastique mais elle a l'habitude à force. "Liste" murmure-t-elle quand Aria lui parle d'autres clubs.

Elle parle donc d'horaires et répond à ses questions sur le club de couture. Ça a l'air plus posé que ce qu'elle s'imaginait d'un club ; elle s'attendait à des commandes à réaliser dans certains délais, par exemple, mais chacun peut arriver avec son projet, et qu'importe le niveau. Ça rassure un peu Justine. Elle sait coudre mais n'a rien d'une couturière comme à l'air d'être Aria. Elle a sa propre boutique sur l'internet et des rêves pleins les yeux. Ne pas s'inquiéter de son loyer ou de la nourriture aide beaucoup... Est-ce que Justine pourrait essayer aussi d'avoir un rêve ? Voir le bonheur que ça procure à la Préfète lui donne presque envie en tout cas.

Comme elle était attentive, elle ne pensait pas devoir répondre à une question si vite. Justine, un peu prise de cours, ouvrit la bouche sans produire aucun son. Elle détourna le regard, juste pour se concentrer et réussir à répondre dans l'ordre. :

-Emh... J'aime bien oui. Je fais pas grand chose. Des sacs pour ramasser les plantes, c'est moins cher que d'en acheter... Je fais des petits sachets qui sentent bons aussi. Des bandanas, des ceintures... Je suis plus "accessoires". Les vêtements, je les répare juste, pour qu'ils durent plus longtemps.

Ne plus grandir après ses quatorze ans lui avait retiré une belle épine du pied et fait faire beaucoup d'économie. ...Et puis elle savait se servir d'aiguilles dans d'autres domaines. Elle tousse, un peu gênée. :

-Ahah... Du coup oui j'aime les plantes aussi... Mais je préfère ça dans mon coin.

...Pour des raisons évidentes que c'est pas tout le monde qui préfère les plantes toxiques aux classiques fleurs romantiques. Elle fit glisser sa main sur son torse, survolant son tatouage. Oh la Justine n'avait pas réalisé que "parler de ce qu'elle aime faire" était un terrain beaucoup trop glissant. :

-Danser ! J'aime bien danser ! J'utilise-...

...-mon corps pour gagner de l'argent donc forcément... ...Oh bon sang. Justine prend une grosse inspiration. ...C'est méga dur en fait d'être normale ! Loup, tu as menti ! :

-J'utilise. La musique. ...Pour m'évader ! Ahah oui c'est ça.

Mais. Mais c'est grillé Justine. Arrête ?! Pourquoi tu te fais du mal comme ça ?!

Et comme pour contenter encore plus Ariana, Justine commence à lui parler en espagnol, cette fois. Elle a un petit accent qui est tout mignon, mais rien qui ne l'empêche de comprendre ses mots. Et même si c'est un espagnol un peu particulier, il sonne aussitôt comme la maison.

Tandis qu'elles marchent en direction des escaliers, Ariana continue à babiller à propos des clubs, particulièrement celui de couture, comme Tina semble s'y intéresser aussi. C'est donc avec une attention pleine et entière qu'Aria écoute Tina lui parler de ce qu'elle fait habituellement… Et franchement, c'est déjà pas mal ! Parfois même plus que ce que les autres membres du club ont fait dans le club en lui-même, d'ailleurs. Elle n'en a plus vu certains depuis une éternité, elle se doute néanmoins que ses propres y viennent surtout pour lui faire plaisir…

—Ohhh mais c'est super !! Les sachets avec de la lavande dedans, par exemple ? En tout cas, c'est hyper important les accessoires ! Tu as déjà essayé de faire des choses en cuir ? J'y ai encore jamais trop touché, mais j'aimerais bien à l'occasion !

Mais ça nécessite un temps qu'elle n'a pas vraiment, avec tous ses projets.

—C'est chouette les plantes ! Tu disais que tu en ramassais, c'est ça ? C'est des plantes aromatiques ? sourit Ariana. Je pense qu'il y en a dans la forêt et à la serre ! C'est un peu open bar là-bas, chacun peut venir pour aider, du coup y a un peu de tout… On essaie de faire pousser nos propres légumes à Terrae, héhé !

Elle lui dit, au cas où ça l'intéresse d'aller voir à l'occasion ; mais puisque Tina a l'air de préférer faire ça dans son coin, elle n'insistera pas trop non plus.

—Oh, on a même un champ de fleurs et un graaaand espace vert ! Et un parc. Plein de coins de nature !

Et puis Tina reprend sur la danse. Ariana la regarde un instant, tout sourire, le temps qu'elle finisse sa phrase, sans trop comprendre pourquoi elle hésite ou semble mal à l'aise d'un coup.

—Je comprends teeellement !! C'est trop bien, et tu as totalement raison ! Peut-être que le club de danse te plairait, finalement ? Enfin, sauf si tu es un peu timide et que tu aimes pas trop qu'on te regarde danser : tout le monde a son jardin secret hein ! Quand j'ai envie de me défouler, je mets de la musique et je danse près du lac, personnellement… lui avoue Aria, un peu embarrassée, l'invitant à monter les premières marches de l'escalier avec elle.

C'est vrai, quoi, c'est un peu la honte de vivre dans une comédie musicale, mais en même temps, elle y peut rien, son cerveau fonctionne comme ça ! Enfin, en tout cas, Justine a l'air d'avoir plein plein de hobbies chouettes — et pas mal qu'Ariana partage ; elle espère vraiment qu'elles pourront devenir coupines.

Aria n'a pas l'air du tout gênée par ses hésitations... et des implications qui aurait mis la puce à l'oreille d'autres personnes. Du coup, Justine se laisse emporter par son excitation. :

-Oui ! Parfois je mets de la lavande mais ça dure moins longtemps... J'aime utiliser le lin. C'est une odeur discrète mais qu'on peut garder plusieurs années quand c'est bien fait. Pour le cuir, c'est beaucoup de patience. Il faut percer la matière avant, ensuite coudre. Après ça dépend de l'épaisseur de la matière, mais il faut toujours plus ou moins la travailler pour qu'elle gagne en souplesse.

Elle n'a pas le temps de calmer sa passion à ce sujet qu'elle doit enchaîner sur les plantes. :

-J'avais des plantes aromatiques oui ! Mais j'ai surtout eu des plantes médicinales ! Mes amis et moi, on avait pas forcément les moyens pour acheter des médicaments basiques pour la migraine, ou les petits bobos. Du coup j'ai commencé ma passion des plantes pour ça... Après j'ai découvert pleins d'autres choses !

Qu'on ne va pas partager tout de suite, oui. Mais malgré le fait qu'elle veuille garder ce "passe-temps" pour elle, Aria lui donne des suggestions. Terrae possède plusieurs lieux où les plantes poussent comme elles le désirent, ou selon le bon vouloir de ses membres... Justine doutait tout de même qu'elle trouve son bonheur mais elle était contente d'en apprendre plus.

Quand Justine hésite franchement entre le club de couture et de danse, Aria lui parle de ce dernier. La jeune novice hoche la tête à son expérience... Danser au bord d'un lac, seule, c'est définitivement un truc qu'elle se sent capable de faire. Mais elle avait aussi dansé au Foyer, le Q.G. de son gang, pour aider les petits et petites à se détendre et s'exprimer eux aussi. Devant d'autres adultes, elle serait peut-être intimidée mais elle aimait tellement ça qu'elle serait bien capable de surmonter sa timidité. :

-Il faudrait que j'essaie ce club en vrai... Connaître les gens ça me rassurera. Sinon j'utiliserai ta technique du lac, ça a l'air bien.

Et puis elle bat les paupières... Elle avait totalement oublié de suivre le chemin tellement elle se sentait à l'aise avec Aria... Ouh. Dangereux ! :

-Ah zut, on est à quel étage là déjà ?!

Tina a vraiment l'air d'avoir plein d'astuces intéressantes par rapport aux plantes ! Aria n'imaginait pas qu'on pouvait utiliser le lin de la même manière ; pour elle, c'était surtout une plante utilisée pour faire du textile. Comme à son habitude, elle acquiesce vivement, prenant des notes mentalement en se félicitant de rencontrer des personnes aussi intelligentes et cultivées.

—Oh oui effectivement ! Donc en fait, ça demande un travail particulier…

Pensive, la petite Morphe se demande à quel point il faut être patient pour manipuler le cuir… Pour elle, la couture n'est pas tellement une affaire de patience mais de concentration, cela demande de la minutie, oui, mais de la patience, pas tellement au final. Ou alors son cerveau a fini par se forcer à apprécier ce moment d'accalmie ; ce seul temps au monde où ses pensées se calment et où elle parvient à vivre avec le flot ininterrompu de ses émotions vives. C'est sans doute pour ça qu'elle aime s'occuper avec des activités artistiques ; elle s'y perd un peu, ou du moins suffisamment pour que le monde arrête d'exister autour d'elle.

Des plantes médicinales… Ce n'est pas du tout le rayon d'Aria, elle qui fait toujours mourir ses plantes en les arrosant de trop d'amour (et surtout trop d'eau). Pourtant, l'idée d'en apprendre plus à ce sujet la fait rêver. Elle comprend néanmoins que les préoccupations de Justine devaient être particulièrement terre-à-terre : avoir des médicaments, car ils n'en avaient pas les moyens… La petite espagnole a une moue triste durant un instant, mais elle s'envole et sourit plutôt :

—Wow, tu as l'air de vraiment prendre soin de tes amis ! Ils doivent avoir de la chance de t'avoir ! C'est génial de mettre ses compétences au service des autres comme ça… Et donc avec les plantes, tu arrivais à soigner les gens ?! En fait, tu es un peu une magicienne !! Tu as l'air de savoir tellement de choses !

Et d'un coup, dans sa tête, s'agitent des milliers de plans comme à son habitude : est-ce qu'une herboristerie pourrait être ouverte à Terrae ? Ce serait un moyen de limiter la consommation de médicaments, ou l'utilisation systématique des pouvoirs des guérisseurs… Et puis, peut-être qu'elle pourrait apprendre à faire ses propres teintures pour les vêtements, tiens ; elle se souvient vaguement que c'est à partir de plantes infusées… En tout cas, elle est contente de voir que Justine a de quoi s'occuper à Terrae : quand on arrive, c'est pas facile de savoir par quoi commencer, et tout le monde n'a pas l'hyperactivité d'Aria pour les driver et les obliger à se faire des copains.

—Aha yeees !!! Ca marche. Et si tu veux, je pourrai te présenter à mes copains : c'est les meilleurs copains du monde. Ils sont gentils, tu verras ! En tout cas : je t'accompagne quand tu veux ! s'enthousiasme Aria.

Puis elle rit un peu en voyant l'air perdu de sa nouvelle future amie :

—Aha on arrive au 5e ! Viens regarde, la salle des Masters est pas loin !

Elle lui attrape cette fois la main et l'entraîne avec elle, en oubliant de demander avant.

—Ca c'est le bureau de la directrice, la salle de repos des Masters (c'est là où ils squattent quand il y a pas de réunion) et la salle des Masters est tout au bout, là-bas, à droite ! Bon, je crois qu'on a pas trop le droit d'y rentrer quand ils y sont pas, c'est fermé à clé en général.

Puis elle se retourne, face vers les escaliers, et désigne le couloir vers la gauche :

—Et là-bas c'est la salle d'astronomie, et tout derrière il y a l'observatoire ! Bon, il fait pas nuit donc je sais pas trop si ça t'intéresse de voir ça…