Sama était heureux, Tori souriait, son ciel étoilé brillait de mille feux. Le cœur meurtri du petit garçon s'en sentait pansé ce soir. Il sourit avec douceur à Tori quand elle lui proposa de le raccompagner, il glissa doucement sa petite main d'enfant dans celle plus grande de Tori. De son autre main il avait son ardoise, un petit sac sur son dos contenait à présent son matériel à dessin fourni par Terrae , le précieux dessin de sa sœur et lui dépassait de son carnet à dessin dans le sac, sa minuscule flûte taillée dans le bois était dans une de ses deux poches de pantalon. Tori avait sa main dans celle de Sama. Sama sentait en cet instant que tout allait bien.

Ils allèrent vers le dortoir des garçons novices. Sama lâcha la main de Tori. Il tenta de parler pour lui dire bonne nuit mais ne réussit pas. Il avait comme sa voix coincée en lui et en son vide. Une image de son éléphant mort passa dans sa tête alors qu'il remuait les lèvres sans réussir à produire le moindre son. Alors instinctivement le petit garçon se blottit dans les bras de la plus âgée. Il y avait chaud et surtout il y avait moins peur. Il y resta deux bonnes minutes en silence le temps de s'apaiser au moins momentanément puis il écrivit sur son ardoise à la lueur de son éclairage d'écran  : «  Bonne nuit Tori ! » Il montra son ardoise à Tori.

Il effaça et ajouta en écriture avec un doux sourire : «  Rève beau tou plin ! » Il montra son ardoise et rejoignit son lit. Il déposa son sac près de la table de chevet, se changea, enfila le pyjama offert par Terrae et se glissa sous les draps. Là il n'avait plus froid. Il ferma les yeux, le théâtre d'ombres qu'il avait fait lui avait rappelé à lui aussi sa savane. Cela lui avait fait mal, elle lui manquait, et du bien, il aimait sa savane, à la fois. Il sentit le sommeil le gagner et ses muscles se détendre. Il était un peu triste Tori était une humaine formidable, il aurait aimé réussir à lui parler avec sa voix comme il parlait en cachette aux arbres et aux animaux sauvages ici ( comme par exemple les pigeons), mais il n'avait pas réussi à produire un seul son pour elle, Sama ne réussissait plus à parler aux humains.

Sama devait être aussi patient avec lui qu'avec le monde, et un jour sûrement sa voix se fera entendre de nouveau. Le temps n'était pas encore venu c'est tout comme Grand-père Dano disait autrefois des plantes : Elles ont besoin de temps pour pousser. Sama en aura besoin pour parler avec sa voix de nouveau aux humains peut-être un jour.  

Et ce même aux humains qui sont formidables. Le souci n'est pas là. Sama dormait à présent, son souffle était calme, dans le ciel brillaient mille étoiles comme Tori.

@Vittoria Désirée