HRP : Moooh la douceur d’Allen TwT

Pas responsable ? Vraiment ? Pourquoi ces mots sonnent faux ? Pourquoi je n’ai pas envie d’y croire ? Pourquoi, ce sont des mots que je veux entendre. Si on aurait pu le sauver, peut-être j’aurais pensé différemment. Je me serais dit ‘’oh normal hein, l’étoilisation ça impacte autour’’ mais là… Je sais pas ? J’ai gâché ce moment par ma détresse. On dirait que rien ne convient à mon cerveau. Allen vient essuyer mes larmes, sa main sur mon visage me fait sourire, me réconforte. Je tiens sa main sur ma joue un instant. Je veux te croire, vraiment, mais on dirait que ma conscience ne me le permet pas. Je l’écoute silencieusement. Il y a une part de vérité, mais il y a ce chuchotement interne qui me dit ‘’oui mais tu l’as buté quand même quoi’’. On refait le monde avec des ‘’et si’’, je le sais, mais c’est plus fort que moi.

J’imagine qu’on peut le dire qu’on a été courageux, on est revenus, vivants, ensemble. Je ne veux pas faire de peine envers mon ami et lui dire que je ne le crois nullement dans ses mots, je préfère me mentir ne serait-ce que sur le champ pour le rassurer. Je ne veux pas lui mettre un poids non-nécessaire sur le dos. Je veux profiter de ce moment où je ne suis pas seule dans cette chambre avec des inconnus qui sont tout autant cloués au lit.

« Merci Allen, soufflais-je. »

Je laisse sa main quitter mon visage. Sur un ton d’humour, imagine il se tape une crampe.
Sinon je la garderai indéfiniment cette main sur mon visage, je suis en manque d’affection, de tendresse, je veux être rassurée mais je ne me laisse pas faire, je me saoule.

« J’imagine que tu as raison… »

Je le sens que je suis 0 convaincue de cette évocation. Mais je tente mon mieux d’avoir un ton clair qui dit le contraire.

« Qu’est-ce que je ferais sans toi hein… Dis-je en souriant, le visage et les yeux un peu plus bouffis. Est-ce que tu sais si d’autres personnes sont réveillées depuis ? As-tu visité d’autres personnes au passage ? Me semble que Pandora partait en mission aussi non ? Elle va bien ? »

Nana était gentille. Elle était polie. Mais Nana était tout sauf bien. Et je savais que mes paroles n'avaient pas d'effet magique capable de bloquer les pensées intrusives et néfastes.

Pourtant, je n'ajoutais rien. Il était peut-être simplement temps de changer de sujet ; on ne traite pas un traumatisme en quelques paroles et surtout si peu de temps après que ça soit arrivé. Et surtout, je suis absolument pas la personne la plus compétente pour faire ça.

Avec douceur, je retirai ma main de son visage après cette étreinte un peu particulière, et répondis à son sourire maladroit par un autre sourire.

La question de Nana me prit un peu de court, mais elle avait au moins le mérite de changer le sujet de conversation.

-Non... Figure-toi que tu es finalement la première à qui je rends visite. J'ai voulu venir à l'hôpital le lendemain de votre retour, mais les visites n'étaient pas autorisés. Mitsuki est encore en quarantaine et les visites sont toujours interdites. Pour Pandora, je lui ai envoyé un message et je pensais essayer d'aller la voir après être venu te voir. Idem pour Aoi. Je ne sais pas vraiment dans quel état elles sont vraiment, je ne sais que ce qu'on a accepté de me dire, à savoir que tout le monde est en vie et hors de danger.

Je marquais une légèrement pause, me replaçant un peu sur le tabouret où j'étais installé, me redressant un peu pour ne pas trop fatiguer mon dos.

-Mais je suis content de te voir ! Et de t'entendre ! Ca me rassure de savoir que tu as déjà repris des forces et que tu arrives à tenir une conversation sans sombrer à cause de la fatigue.

J'adressai un sourire à mon ami.

-Tu voudrais qu'on aille se promener un peu hors de ta chambre avant que je reparte ? Pour te dégourdir un peu les jambes ?

Je me pince les lèvres un peu nerveusement en écoutant Allen. Oh non Pandora...J'espère qu'elle va bien, elle faisait partie de l'équipe de surveillance il me semble...Je crois. Les missions furent tumultueuses, de revenir vivant était déjà quelque chose. On pouvait remercier Aaron chaudement pour notre équipe et celle de Mitsuki. La gentillesse d'Allen remet un sourire doux sur mon visage.

« Oui il semblerait que les premiers jours l'hôpital a été très restrictif sur les accès. J'ai encore le souvenir de voir les infirmiers et les infirmières qui courraient de partout. Tu me laisseras savoir comment va Pandora... Et les autres aussi.  Je suis sûre que tout le monde va bien... Il faut juste un peu de temps. Mais tout ira bien Allen, j'en suis sûre. On est tous rentrés et c'est ce qui compte. »

Je marque une légère pause à mon tour.

« Ça va déjà mieux oui! Hey je te dis pas comment je suis contente de pouvoir remarcher de moi-même... Et d'avoir des vrais repas haha, j'en pouvais plus des glaçons pillés. »

Sa proposition me fait sourire un peu plus fort.

« J'adorerais ça! Glander dans un lit c'est sympa mais au bout d'un moment c'est ennuyant, soupirais-je. »

Doucement, je me redresse en appuyant sur mes mains et décaler mes jambes vers la bordure du lit. Je grimace un peu, puisant dans ma petite énergie pour que mes muscles puissent faire le boulot. Mes jambes finissent par venir pendouiller, laissant mes pieds glisser dans les petits chaussons qui traînent à côté. Ça me fait soupirer assez fort mais car il reste un peu de fatigue musculaire mais, tout va bien. Je viens m'accrocher d'une main sur le support métallique à roulette de ma perfusion, prête à me lever. De l'autre je viens remettre une mèche derrière mon oreille.

« On pourrait aller jusqu'à dehors histoire de prendre un petit peu d'air frais, t'en penses quoi? Ou juste dans les couloirs si tu préfères. Peu m'importe, je te laisse me guider haha- »

Tout le monde était rentré, oui... De toute façon, si quelqu'un avait succombé de ses blessures à l'hôpital, quelqu'un qui m'est proche en tout cas, je suppose que je l'aurais su alors... Au moins tout le monde était en vie.

Je n'imaginais pas vraiment le plaisir que ça pouvait être de se remettre à marcher ou à manger correctement, n'ayant jamais vraiment vécu pareille blessure. Mais quelque part, j'assimilais un peu ça au sentiment que j'avais éprouvé lorsque j'avais commencé à retrouver la raison en cure de désintoxication, et le bien que ça m'avait fait de ressentir à nouveau pleinement mon corps, d'être maître de mes gestes, d'être précis dans mes gestes. C'était encore différent, mais j'imagine qu'il y avait un peu de ce sentiment-là aussi, dans le sevrage.

Je souris à Nana quand elle accepta d'aller se promener, et je lui laissais le temps de se redresser et de se lever. Alors qu'elle était enfin debout, accrochée à la barre métallique de sa perfusion mobile, je lui tendis mon bras pour lui offrir un support supplémentaire, et commençai à avancer en direction de la porte quand elle me montra qu'elle était prête à marcher.

-Va pour dehors, et si jamais tu sens que ça va pas, tu me le dis et je te ramène ici !

Nous franchîmes la porte et mon regard s'arrêta un instant sur le personnel médical qui déambulait dans les couloirs.

-Dis-moi, t'as le droit de sortir hein ? Je vais pas encore être arrêté par la sécurité, rassure-moi ?

Petit souvenir bien atypique de nos retrouvailles.

-D'ailleurs, tu vas encore voir le psy toi ? Ou tes séances sont terminées ?

Est-ce que la question et le moment pour la poser, après ce qu'elle vient de me dire, est mal choisi ? Oui. Est-ce que je m'en suis rendu compte trop tard ? Oui.

Mon bras libre vient entourer celui d'Allen et je ne peux m'empêcher d'avoir un sourire en coin, heureuse de l'avoir à mes côtés aujourd'hui.

« Ça marche! »

On dépasse la porte dans une démarche lente et la question d'Allen me fait éclater de rire.

« Oui ne t'en fais pas je dois réhabituer mes muscles au mouvement donc les petites marches sont acceptées, surtout accompagnées. »

Effectivement cela nous ramène à nos retrouvailles l'année dernière. Retrouvailles assez intenses mais qui finalement se terminait sur un bon feeling, un bon moment et à une forte chaleur dans la poitrine de retrouver son ami. Mon regard croise celui d'une des infirmières et lui fait un petit coucou de la main, signe qu'elle me retourne. Tout est OK, au moins, elle a vu que je sors de la chambre en sécurité.

Je penche la tête sur le côté.

«J'y allais un peu moins car ça allait mieux mais avec les derniers événements je vais devoir y retourner plus souvent. »

Mes premières nuits à l'hôpital furent difficiles et il avait été conclu après évaluation que j'avais développé quelques symptômes de stress post-traumatiques qui rendait mes nuits cauchemardesques. Arnaud devra donc me voir un peu plus souvent.

« Mais j'ai confiance que ça aidera comme il faut, ce n'est pas comme si je changeai de psy... Recommencer à zéro c'est vraiment le pire t'sais... Alors que de continuer avec un pro' qui connait ton background, c'est plus simple, soupirais-je. Et toi? Est-ce que tu y vas encore? Sans trop te tromper de date haha- »

Un léger rire m'échappe. Ça arrive si facilement.

« Comment ça va les études en ce moment? T'as des exams qui arrivent? »

Bon. Quand je vis Nana faire un signe à l'infirmière pour lui indiquer que tout était ok, je fus un peu rassuré. Vous imaginez si je me retrouve encore avec la sécurité, soupçonné d'avoir tenté d'enlever une patiente ?! Enfin bon, faudrait être con pour faire ça comme ça, parce qu'à l'allure à laquelle elle avance, on est pas prêts de sortir d'ici... A la limite faudrait que je la porte comme un sac à patate, mais de une, j'ai probablement pas les muscles pour faire ça longtemps, et de deux, vraiment j'suis sûr que ça lui ferait mal, elle est quand même couverte de bandages, alors faudrait pas la blesser davantage.

Nous déambulons donc dans les couloirs à l'allure d'un escargot pendant que Nana répond à ma question sur le psy. Oui, bon, tu m'étonnes qu'elle va devoir y aller plus souvent... Mais effectivement, tant mieux si elle peut garder le même psy. En même temps, ça n'aurait pas eu de sens de changer...

Je hochai la tête à sa question, un sourire amusé sur les lèvres alors qu'elle soulignait mes difficultés à organiser mon emploi du temps SI rempli.

-Ouais, j'y vais encore, mais les rendez-vous sont vraiment de plus en plus espacés ! Je ne pourrais même pas te dire quand était la dernière fois que j'y suis allé, en fait... Je prends juste rendez-vous quand j'ai l'impression que quelque chose me gêne et qu'il faut que j'en parle.

J'suis devenu une personne saine, askip.

Nous continuons à marcher un peu, et je fais toujours attention d'offrir à Nana le support nécessaire pour qu'elle se sente en sécurité. Ca doit être pesant, l'air de rien, d'avoir tant à faire pour remarcher correctement à nouveau... Et terriblement frustrant aussi. On sent quand même que ses muscles sont capricieux.

-Je suis en vacances en ce moment, alors je me prends pas trop la tête avec les exams ! Mais normalement, je devrais en avoir un peu à la rentrée oui, alors il faudra bien que je me penche dessus un jour...

M'enfin, mes études devraient bientôt se terminer, non ? Un jour, peut-être...

Alors qu'on arrivait dehors, je nous dirigeai vers un banc pour qu'on s'y assoit. Bon, l'air est frais quand même. Genre, vraiment frais. Et j'ai laissé ma veste dans la chambre de Nana. Donc on va prendre quelques bouffées gentilles et on va se re-diriger vers sa chambre, non ?

-Je te raccompagne ? proposai-je. Ensuite j'aimerais essayer d'aller voir d'autres personnes, tant que je suis sur place...

On se balade, à une allure ridicule mais forcée à cause de mes mouvements. Une foutue tortue. Je m’en veux un peu sur l’instant parce que pour Allen ça ne doit pas être rigolo de marcher comme ça et clairement je ne veux pas être un boulet pour mon ami. S’il y a bien quelque chose que j’ai du mal à accepter dans ce genre de moment c’est de l’aide putain. Ça me donne l’impression d’être inutile. Et faible. Bien que je veux bien l’accepter sur certains moments je l’ai bossé en thérapie mais p’tain… Mes muscles sont lourds comme du béton et la rééducation c’est pas toujours mon dada mais de pouvoir le faire ainsi, je suis contente quand même je l’avoue. Ça tire comme jamais dans les tendons mais tout va bien.

« Oh c’est génial que tu sois en vacances, tu peux souffler un peu avant les révisions dans ce cas ! Tu continues de bosser au magasin malgré les vacances j’imagine ? »

On finit par arriver dehors après un long, LONG, moment. Mes poumons sont ravis de pouvoir accueillir de l’air autre que celle de l’hôpital qui sent les produits sanitaires et antiseptiques. Je m’assois tant bien que mal et prends de grandes inspirations. Le choc thermique fait contracter un peu plus mon corps mais pour ce petit moment de liberté, je suis prête à le subir. J’en profite tranquillement.

« Avec plaisir Allen. Tu as raison profites-en pendant que tu es là. Tu peux sûrement rendre visite à certaines personnes déjà. »

Je sais qu’on est plein à être revenus en lambeaux mais quand même, pas tout le monde je pense. On se relève et on fait le trajet retour tout en discutant encore. Le support d’Allen m’apporte une légèreté et une vague de chaleur au cœur. Vraiment. Quand on revient enfin dans ma chambre, je m’assois sur le bord du lit et je reste comme ça avant de devoir me forcer à rester coucher de nouveau pour un moment.

« Je suis vraiment contente que tu sois passé, ça me touche vraiment beaucoup, dis-je avec un petit sourire sincère alors que ma main vient se poser contre son épaule. J’ai été une vraie tortue pour sortir mais merci de m’avoir accompagné, j’en avais besoin… Si tu as des nouvelles des autres tiens moi au courant ! Les infirmières et les docteurs ne veulent pas tant nous en parler j’ai l’impression alors bon… Et tu prends soin de toi, OK ? J’sais que ce n’est pas facile de voir son entourage comme ça mais tout ira mieux j’te le promets. Quand je sors d’ici, on ira se manger un bout. Et si Pandora va mieux on pourrait l’inviter ce serait cool ! »

Si je continue à bosser au magasin... Un petit sourire, un peu gêné on va pas se mentir, étira le coin de mes lèvres et je haussai une épaule.

-Ouais, j'ai des heures là-bas... Mais clairement, il y a eu des périodes avec plus de monde. C'est calme après tout ce qu'il s'est passé ces derniers jours.

Et c'est aussi vachement moins cool d'y aller sans Pandora. Je crois que c'est la première fois de ma vie que je vois une période de fêtes de fin d'année aussi morose. Mais bon, à qui en vouloir ? Il y a toujours des imprévus dans la vie, et on ne peut pas vraiment décider de la date à laquelle il faut partir en mission commando... Je suppose.

Une fois à l'extérieur, assis sur un banc, je savourais l'air frais. Ouais, enfin bien frais pour le coup, ça va me geler les poumons ça. Sauf que je ne peux pas m'empêcher de voir ce calme qui s'installe sur le visage de Nana. Ca lui fait du bien, d'être ici. Loin de cette chambre triste, loin de tout ce corps médical qui s'agite en permanence.

Je lui proposais pourtant de rentrer quand même. Même si l'air frais (non, froid), peut faire du bien, il devient assez vite dangereux quand même si on n'est pas suffisamment habillés... Comme c'est le cas en fait. Nana accepta sans proposer de détour, et nous reprîmes notre chemin en direction de sa chambre.

Une fois arrivés, elle s'installa sur le bord de son lit et je vins m'asseoir à côté d'elle calmement. Le petit sourire qui anima son visage pour me remercier de ma visite me réchauffa le coeur et je hochai légèrement la tête, l'air de dire "En même temps, c'est normal tu sais.". J'arquai cependant un sourcil quand elle me proposa d'aller manger avec elle et Pandora lorsqu'elle sortirait d'ici. Ah ouais donc en fait elles sont quand même devenues amies après notre blague qui a fait un fiasco total ? J'suis certain qu'elles m'ont déjà dit qu'elles s'étaient revues, mais je suis aussi certain que l'information est passée dans une oreille pour ressortir par l'autre parce que c'était absolument improbable et inenvisageable. Pourtant, un sourire s'installa sur mes lèvres.

-Oui, on fera ça. Et je te tiens au courant si j'ai des informations sur les autres, il n'y a pas de problème. De toute façon, je vais vite revenir te voir avec les affaires que tu m'as demandées ! Chargeur de téléphone et un bon bouquin, c'est bien ça ?

Je me levais après sa réponse, et lui offris un dernier sourire avant de lui dire au revoir et de quitter sa chambre pour me diriger vers... Une chambre dans laquelle j'aurais le droit de rentrer, je suppose. Commençons avec Aoi, peut-être ?