## Mer 10 Mai 2023 - 11:45 | ||
Ariana Vicente Messages : 2508 Date d'inscription : 29/05/2015 Emploi/loisirs : Couturière, café maid, préfète des Morphes ! Humeur : YOLO !!!!! | On ne peut pas toujours fuir. Peut-être que c’est ce qu’elle a fait, ces derniers mois. Ils se sont à peine croisés, ont échangé quelques petits messages, rien de plus. Il était au courant qu’Ariana partait en mission, mais, bien sûr, elle ne lui a jamais vraiment dit pourquoi. Ce n’est pas une situation agréable, et pourtant elle sait aussi quel poids ce secret qu’elle portait avait pu avoir sur leur relation passée. Ce qu’elle en pense aujourd’hui est un peu flou, et n’est pas vraiment le propos non plus. La Morphe a dû accepter d’aller de l’avant, et c’est aussi ce qu’elle a fait en allant voir Lola il y a plus d’une semaine. Nous sommes donc en 2023 depuis peu, la première semaine de janvier est à peine commencée quand Ariana a enfin accepté d’envoyer un message. Comme toujours, de manière un peu impulsive, mais bon il faut bien ça pour dépasser le blocage qu’elle a encore. A la limite, ce serait pour parler d’autre chose… Mais non, bon. Allen lui avait envoyé un sms pour prendre des nouvelles. Quand elle l’a vu, elle a tout de suite fermé son application de messages et fait autre chose, du style continuer à broyer du noir en cousant un truc moche et informe qu’elle a redécousu quatre fois depuis. Les jours se ressemblent un peu, de toute manière, et elle ne s’ennuie pas vraiment, même dans son apathie. Enfin. Après avoir fêté Noël (youpi) et Nouvel An (double youpi), Aria a pu reprendre petit à petit du poil de la bête. Ca a commencé par retourner faire son footing matinal (dans le froid) et retourner au gymnase pour faire un peu de sport un ou deux fois dans la semaine. Remettre un peu d’activité là où elle avait envie de s’effondrer, histoire de se stabiliser. Puis, ses amis étaient un bon soutien, quoiqu’ils n’allaient tous pas très bien non plus. Tina et Afya, heureusement, lui tenaient compagnie sans s’imposer, et elles regardaient des dessins animés ensemble, le soir. Il n’y avait plus de fleurs à cueillir, de toute manière. Bref, elle a répondu à son message. Un truc bateau comme “Salut Allen. Ca va, je n’ai pas été blessée.” où elle n’a pas mis beaucoup d’effort — mais des efforts, elle en a un peu marre de toujours en faire. Finalement, de fil en aiguille, Allen s’est proposé pour l’écouter si elle avait besoin d’en parler… et c’était bizarre pour elle, parce que ce n’est pas vers lui qu’elle avait tellement envie de venir se confier… enfin, et pourtant, ça lui tournait en tête depuis un moment il faut dire. Va bien falloir qu’elle lui dise qu’elle a ramené Lola…………….. avant que la rumeur se répande et que tout le monde lui pose des questions. Ca va être dur, ça. Bref, elle lui a répondu qu’elle avait bien envie, et lui a proposé d’aller boire un café. Ou un thé. Ce qu’il voulait, mais genre au café quoi, pas à celui qu’elle tient avec Erik. Ils ne vont pas rouvrir immédiatement. Il a dit oui, et ça aussi c’était surprenant. Enfin, peut-être qu’elle tourne trop de choses dans sa tête, mais elle peut pas trop s’en vouloir pour ça — elle revient littéralement de la guerre, a failli perdre l’intégralité de son équipe sous les jets de balle, elle a tué des gens, et Lola. Bon. Elle a enfilé son bonnet, son écharpe et mis des lunettes de soleil ; la neige est éblouissante sous le soleil qui revient tout juste. Elle va chercher une table, dans un coin un peu à l’écart, et prend naturellement la place qu’Allen n’aurait pas prise, lui, posant ses affaires sur la chaise à côté. Quand il arrive, assez vite finalement, Aria sourit. —Hey ! Salut. Bonne année. Elle glisse son regard sur la carte qu’elle tenait entre les mains, et finalement la repose. —Ils ont des lattés aux épices de Noël, c’est trop chouette. Je vais prendre quelque chose comme ça. Tu vas bien ? C’est sobre pour Aria, ouais. |
## Mer 24 Mai 2023 - 21:12 | ||
Allen K.Wilder Messages : 1880 Date d'inscription : 24/01/2011 Emploi/loisirs : Je vous jure : j'adore répondre à des questions. Humeur : Ca me donne l'impression d'être... Ben pas inutile quoi. J'ai l'impression qu'on s'intéresse à moi, et c'est gratifiant ! | Plusieurs semaines s'étaient écoulées déjà depuis le retour de ces missions au Centre. Je n'avais pas réussi à revoir tout le monde pour le moment, alors j'avais essayé de prendre des nouvelles par message. Certains avaient encore besoin de repos, d'autres se recentraient déjà sur l'avenir, et d'autres enfin avaient simplement décidé de se couper un peu du monde, le temps de digérer tout ce qu'il s'était passé. Après quelques jours d'hésitation, j'avais envoyé un message à Ariana, n'osant clairement pas lui rendre directement visite à l'hôpital. Mais elle avait compté pour moi, et comptait toujours ; je ne pouvais pas faire comme si je ne savais pas qu'elle était partie, comme si je n'étais pas inquiet pour elle. Elle m'avait répondu assez vaguement, sans entrer dans les détails -mais qui le pourrait vraiment par message- et j'avais fini par lui dire que si jamais elle avait besoin de parler un jour, je restais disponible, bien que j'ai conscience de ne certainement pas -plus- être la première personne à qui elle voudrait se confier dans ce genre de situation. Après quelques semaines, Aria m'avait donc proposé d'aller boire un café, et j'avais accepté. Alors que j'arrivais sur notre lieu de rendez-vous, elle était affairée derrière sa carte. Elle la baissa un instant pour me saluer, avant de se repencher sur sa lecture, posant l'instant d'après la carte sur la table pour m'indiquer son choix de boisson et me demander comment j'avais. C'était plutôt à elle qu'il fallait poser ce genre de questions... Etrangement, je n'étais pas si mal à l'aise de la voir. Je crois que le temps avait enfin fait effet. Ou alors peut-être que le fait de la voir moins joyeuse que d'habitude m'avait inconsciemment poussé à ne pas en rajouter davantage en manifestant un quelconque mal-être... Je lui adressai un sourire et hochai la tête en réponse à son choix. -Je vais prendre ça aussi alors. C'est vrai que ça a l'air bon ! Un ange passa. Je n'arrivais pas vraiment à accrocher son regard -encore une fois, c'était un peu étrange de constater que je cherchais cette fois un véritable contact, alors que j'avais tant fui ça ces dernières années. -Ca va bien. C'est plutôt tranquille en ce moment au travail, et c'est encore les vacances à l'université. Et toi, comment tu vas ? |
## Dim 28 Mai 2023 - 14:34 | ||
Ariana Vicente Messages : 2508 Date d'inscription : 29/05/2015 Emploi/loisirs : Couturière, café maid, préfète des Morphes ! Humeur : YOLO !!!!! | C’est bizarre quand il arrive. Ils se sont croisés plusieurs fois, mais ça fait vraiment une éternité qu’ils ne se sont pas donné rendez-vous juste pour parler… Aria contient ce pincement au coeur et sourit, platement, un peu fade, essayant de rester davantage concentrée sur son choix de boisson… Enfin, dans tous les cas, les voilà installés tous les deux. Aria glisse la carte vers lui pour lui laisser l’opportunité de choisir lui aussi, si d’aventure il tombait sur quelque chose de mieux que le latte épicé. Elle se rend bien compte qu’aucun d’entre eux n’essaie de regarder l’autre dans les yeux, alors ça lui fait bizarre quand d’un coup il accroche son regard et qu’il lui répond. —Oh génial ! J’espère que tu profiteras bien de tes vacances, tu as prévu quelque chose ? Tu m’étonnes que ce soit tranquille au travail, tout Terrae est encore en PLS ou à l’hôpital mdr. Elle n’ose pas demander des nouvelles de Mitsuki et Aoi, et encore moins de Pandora ; une part d’Aria se sent encore responsable, et elle a déjà fort à faire avec tous ses amis et… tout le reste. —Moi ça… va. Hm. Elle regarde la table. —Enfin pas trop, mais ça pourrait être pire vu la situation. J’ai un peu mis ma vie en suspend avec cette mission et… enfin, c’est fini maintenant. C’est fini mais c’est toujours un peu là, alors… Heureusement, un serveur vient la sauver. Elle se redresse, renvoie un sourire par automatisme, s’agite sur sa chaise alors qu’elle décrit ce qu’elle veut. Ca lui donnera peut-être des idées pour le café, une fois qu’ils rouvriront… —Il faut que je réfléchisse à de nouvelles boissons chaudes pour le moment où je reprendrai le travail. On a laissé Baxter gérer la boutique en attendant qu’on revienne, avec Erik. Ca demande de l’organisation, tout ça. En attendant, elle joue avec un de ses bracelets. |
## Mer 31 Mai 2023 - 10:08 | ||
Allen K.Wilder Messages : 1880 Date d'inscription : 24/01/2011 Emploi/loisirs : Je vous jure : j'adore répondre à des questions. Humeur : Ca me donne l'impression d'être... Ben pas inutile quoi. J'ai l'impression qu'on s'intéresse à moi, et c'est gratifiant ! | Prévoir quelque chose de mes vacances. Hm. Entre l'habitude ancrée de laisser les autres organiser mon temps libre pour moi -ce que je devrais vraiment travailler un jour, plutôt que de constamment continuer à le répéter- et l'état de tous mes proches depuis qu'ils sont revenus de ces missions suicides... Est-ce que j'ai prévu quelque chose ? Non, pas tellement. Probablement continuer à envoyer des messages à Pandora, de temps en temps, pour ne pas la frustrer non plus. Passer voir Aoi et Mitsu, si elles me le permettent et ont du temps à m'accorder. Voir Nana. Voir Aria. -Me reposer, principalement, répondis-je finalement. En lui renvoyant la question, je savais pertinemment que la réponse serait... un mensonge ? Ou une vérité dissimulée. Mais si c'était Aria qui avait demandé à me voir, j'en avais aussi tiré la conclusion qu'elle avait peut-être besoin d'en parler. Alors autant entrer dans le vif du sujet tout de suite plutôt que de tourner autour, non ? Si je n'ai pas encore fini de travailler sur tout ce qui a pu me poser problème jusqu'à maintenant, il y a tout de même d'autres choses sur lesquelles j'ai avancé. Elle m'évoqua l'idée, encore un peu en suspend, de réfléchir à de nouvelles boissons pour le café qu'elle tenait avec Erik. Je remerciai le serveur après elle, serrant ma tasse entre mes mains. -Et ça s'est passé comment, cette mission, pour toi ? Parce que beaucoup de personnes ont l'air assez démolie après ça. Peut-être que je fais une généralité après avoir vu Nana, après avoir constaté que Pandora m'évitait, mais... Mais non, en fait. Je connais suffisamment Aria pour voir que là, maintenant, tout de suite, elle ne va pas bien. -C'était quoi votre objectif, exactement ? Parce que de ce que j'en ai compris, chaque équipe qui a été envoyée sur place avait un objectif différent, non ? |
## Mer 31 Mai 2023 - 14:38 | ||
Ariana Vicente Messages : 2508 Date d'inscription : 29/05/2015 Emploi/loisirs : Couturière, café maid, préfète des Morphes ! Humeur : YOLO !!!!! | Aria sourit en retour. Malgré le temps passé, Allen ne change pas trop ; il ne prévoyait jamais rien, ou très peu, avant non plus. Ca aurait dû la rassurer de voir que certaines choses ne changeaient pas, quand tout le reste était parti en vrille. Pourtant, elle aurait aimé voir autre chose que de l’inquiétude dans les yeux d’Allen… Et en même temps, comment lui en vouloir, hein ? Il doit bien savoir à quel point ça a été un carnage, à quel point tout le monde a été blessé. Evidemment qu’il doit être inquiet, tout comme elle l’est encore au quotidien. Peut-être aussi que ce sera plus simple de lui dire, si elle voit qu’il n’est déjà pas d’excellente humeur ? —Alors j’espère que tu pourras te reposer ! C’est toujours éprouvant, avec tes partiels et tout ça. Vivement qu’il finisse ses études, qu’il puisse penser à autre chose. Même s’il doutait un peu de ce qu’il voulait faire plus tard, Aria a toujours su qu’il arriverait à se faire sa place, à trouver du sens dans les études dans lesquelles il s’est lancé. Mais ce n’est pas le sujet du jour, et Allen lui rappelle assez vite. La discussion se reporte sur la mission, et Ariana ne répond pas tant que le serveur ne lui a pas servi leurs boissons et qu’elle n’a pas sa tasse chaude en main. Elle tourne la tasse entre ses doigts, se disant qu’elle aurait peut-être dû demander un gobelet à emporter, au cas où elle a envie de partir en courant… loul. Comment répondre… —Pas… super. Nicolas et Norah ont été blessés par une explosion. Tout le monde dans mon équipe a pris une balle, sauf moi. Je suis chanceuse dans l’histoire. À part les courbatures, les bleus, les égratignures et les oreilles qui sifflent, elle s’en est sortie presque trop bien. Même Lola a pris une balle… Le résumé est succinct, et il est encore loin de la réalité. Elle ne va pas lui faire peur avec les tirs de fusil anti-char, de la terreur qui l’a submergée quand elle a compris qu’ils n’avaient nulle part où se cacher, quand la salle s’est effondrée sur eux et qu’elle a cru qu’ils ne sortiraient jamais de là. Elle se frotte la joue machinalement, jouant des doigts sur la tasse. —On devait ramener Lola. Aria relève les yeux vers Allen, et elle se rend compte que son propre regard est dur, à défaut d’être ferme. —Cet été, on a appris qu’elle était là-bas. Elle a eu des pouvoirs pendant l’Eclipse, j’avais entrevu ce moment par vision quand j’étais voyante. C’est pour ça que j’avais pété les plombs. Je croyais que c’était une autre enfant, ou un futur possible, mais pas ce qui se passait à peu près au même moment. Bref… On a parlé à Hideko. On a prévu la mission pendant des mois. J’étais dans l’équipe principale, notre objectif c’était de récupérer les enfants. On en a ramené que cinq, sur environ… je ne sais pas, une dizaine dans la base je crois. Elle se recule dans son siège, et en fait, c’est le vide qu’elle regarde depuis avant, pas Allen. Elle tremble un peu. —Lola est à Terrae, du coup. Elle est Titan. Elle me déteste. Aria relève les yeux vers Allen et elle conclut du bout des lèvres : —Donc, oui... Vraiment pas super. |
## Mer 28 Juin 2023 - 11:26 | ||
Allen K.Wilder Messages : 1880 Date d'inscription : 24/01/2011 Emploi/loisirs : Je vous jure : j'adore répondre à des questions. Humeur : Ca me donne l'impression d'être... Ben pas inutile quoi. J'ai l'impression qu'on s'intéresse à moi, et c'est gratifiant ! | "Pas super". Ce qui signifiait, en langage Arien "Ca ne va pas, mais je continue de rester forte, parce que je dois être forte, et je prendrais le temps de m'inquiéter pour moi quand je serais sûre que ça va pour les autres.". Je gardais mes yeux rivés sur elle. Tout le monde avait été blessé, sauf elle. Qu'est-ce que ça créait comme sentiment, ça ? Que des sentiments négatifs, forcément. Trop de chance. Pas équitable. Sentiment d'avoir fait moins que les autres, aussi, peut-être ? Je n'étais pas dans sa tête, je ne pouvais pas savoir. Mais ça ne pouvait pas être une information positive. Je gardais un visage neutre alors qu'elle m'expliquait qu'ils devaient ramener Lola. Juste Lola ? Non. Elle reprit la parole. Il y en avait d'autres. Forcément qu'il y en avait d'autres. Il y avait même ceux que Nana a combattu et qui, d'après Aria, n'ont pas pu être sauvés non plus. Mais est-ce qu'ils voulaient être sauvés ? C'est terrible, la guerre, et les conflits d'idéaux. C'est ce qu'on a nommé dans le temps la colonisation. Sous prétexte que nous savions, nous avons imposé. Est-ce que ces personnes ont vraiment envie d'être "sauvés"...? Oui, probablement. Certains. Mais qui sommes-nous pour leur imposer ce sauvetage ? Et qui est le Centre pour imposer ses expériences ? Pourquoi faut-il que les choses soient toujours aussi compliquées ? Pourquoi faut-il que la guerre ravage tout sur son passage afin de simplement déterminer lequel des deux partis a raison ? Et pendant que cette guerre sévit, ce sont toujours ceux qui n'ont rien demandé, ceux qui se retrouvent au milieu de tout ça, qui en pâtissent. Et je le savais. Ce n'était pas un "pas super". C'était un "vraiment pas super". Un "J'ai envie de m'effondrer mais je ne peux pas le faire." Je déglutis lentement, posant ma tasse encore trop chaude pour mon palais sensible sur la table. Mon regard se releva en direction d'Aria qui continuait à fuir, à sa façon, mon regard. Elle restait droite. Mais lorsque son regard croisait le mien, il ne restait jamais bien longtemps. -Pourquoi tu dis qu'elle te déteste ? Non, pourquoi tu penses qu'elle te déteste ? C'est douloureux. Je sais que ce sujet est l'un des pires sujets que nous aurions pu aborder, et je suis en plus rentré au coeur du sujet sans lui laisser de répit. La fille d'Aria est à Terrae. J'ai encore un peu de mal à la concevoir, et en même temps, l'idée s'insinue progressivement dans mon esprit. Ariana est maman. Je l'ai toujours su. Mais elle était jusque là seulement... génétiquement maman. Et maintenant, les choses avaient changé. Elle avait agi, dans cette mission, comme une maman qui protège son enfant. Et cette enfant, à aucun moment, n'aurait jamais pu la considérer comme une véritable mère. En tout cas pour le moment. Et si c'était quelque chose qui devait dans tous les cas arriver un jour, la fatalité n'en rendait pas moins le moment douloureux. |
## Lun 10 Juil 2023 - 0:29 | ||
Ariana Vicente Messages : 2508 Date d'inscription : 29/05/2015 Emploi/loisirs : Couturière, café maid, préfète des Morphes ! Humeur : YOLO !!!!! | Allen ne dit rien pendant qu’elle lui raconte, et alors qu’il se tait, Ariana sent un nouveau poids tomber sur ses épaules. Elle reconnait ce regard-là, son regard qui la scanne, qui pose des questions. Qui interroge. Il est toujours comme ça, et ça pourrait la faire sourire dans une autre situation. Mais elle déteste comme il essaie de lire en elle, comme il essaie de l’accrocher, et surtout comme il ne dit rien. Jusqu’à ce qu’il parle, et qu’elle déteste ça aussi. Il y a un goût de bile sur sa langue, amer, désagréable. C’était ça, le poids. Elle savait qu’il allait encore trouver la seule question qu’elle aurait aimé qu’il ne lui pose pas. Ca la renvoie un peu loin en arrière ; est-ce qu’elle lui impose quelque chose qu’il n’est pas prêt à gérer ? Il n’est pas son psy, pourquoi il lui demande ça ? Est-ce qu’elle fait la même chose ce qu’il lui reprochait, il y a des années ? Penser à son mal-être d’abord ? Elle se disait qu’il fallait lui dire, qu’elle lui devait bien la vérité… Parce qu’il savait, parce qu’il l’a soutenue, il l’a supportée, même, quand elle allait si mal. Ce n’était pas sa faute, mais elle sait que sa tristesse était infinie à l’époque. Aujourd’hui… aujourd’hui elle ne sait même plus. Le trauma est là, c’est sûr. Les explosions, les images, les cris, Nicolas et Norah à moitié morts, ses amis touchés, Lola et cette balle, Nathan mourant. Mais est-ce qu'elle doit lui imposer tout ça ? Il faut qu'elle se contienne, au moins un peu. Elle sourit sans joie, le regarde, finalement. Puis regarde sa boisson, qu’elle n’a même plus envie de toucher, déjà. Elle se force, pour enlever ce goût nul de sa bouche. “Nul”. Ca lui rappelle ce qu’elle a dit à Lola dans le bunker. “C’est nul comme endroit”, ou un truc du genre. Qui parle comme ça… Elle s’humecte les lèvres, et se rend compte qu’elle ne réfléchit même pas à la question d’Allen, parce qu’il est impossible pour elle d’y penser. C’est comme un barrage mental, et si elle le franchit, il va se passer quoi ? —Elle me crie dessus et me fusille du regard dès que je viens la voir, et elle a aussi arraché sa porte en essayant de me la claquer au visage, alors j’imagine que c’est des éléments qui ont eu un peu de poids pour moi, rit-elle. Les yeux soudain humides, elle souffle, saoulée d’être encore émue comme ça, et les essuie. —Fais pas attention, ça coule tout seul par intermittence. J’aurais dû mettre des lunettes de soleil. … Depuis quand elle est si froide avec lui ? Alors qu’il est là, qu’il l’écoute ? C’est comme si elle se mettait en conflit avec elle-même dès qu’elle lui dévoilait quelque chose, aujourd’hui. Peut-être qu’une partie d’elle aurait voulu ne pas être aussi vulnérable, mais les habitudes sont difficiles à perdre, même des années après… Elle relève les yeux vers lui et essaie de ne pas fuir son regard, un peu honteuse de sa dernière phrase. Allen… Qu’est-ce qu’il peut bien penser d’elle, aujourd’hui ? Maintenant qu’il sait que Lola est là, maintenant qu’il sait qu’elle a été à la guerre, qu’elle a vu des morts, qu’elle en a peut-être causé ? (Elle, elle sait qu’elle en a causé, qu’elle a tué des gens ; mais lui, il ne le sait pas encore, et elle n’est sûrement pas prête à le lui annoncer.) —Désolée. C’est juste que c’est difficile pour moi d’être vue comme ça. Elle a un flash de sa conversation avec Tina. “Je peux être là sans regarder si tu veux ?” Un sourire tremblant se glisse sur ses lèvres, et il est réel, celui-là. Elle respire et souffle doucement, se raccroche à ces mots un peu lointains, finit par reprendre : —Je lui ai dit que j’étais, euh… Enfin voilà. J’ai fait des recherches avec les Masters avant la mission, ses parents sont morts… (Elle souffle et se passe une main sur le visage.) Donc je comprends qu’elle soit pas vraiment motivée à faire ma connaissance tout de suite. Mais elle est tellement énervée tout le temps, et quand elle est pas énervée, elle me regarde juste et dit rien, et ça se voit qu’elle est en colère et m’aime pas. Ses épaules s’affaissent. —Même pendant la mission, avant qu’elle sache, j’arrêtais pas de pleurer et elle faisait que me juger, c’était une catastrophe, rit-elle avec désespoir. Mais elle a accepté ma main alors… alors peut-être que ça ira. Je peux pas aller trop vite, et de toute manière j’arrive à peine à lui parler aussi. Sourire contrit, parce que ouais, vraiment, elles sont nulles en communication toutes les deux. Elle finit par rejouer avec sa tasse. —C’est pas la première question que j’imaginais que tu poserais, c’est marrant. Enfin… marrant. Tu vois l’idée. |
## Mer 19 Juil 2023 - 15:14 | ||
Allen K.Wilder Messages : 1880 Date d'inscription : 24/01/2011 Emploi/loisirs : Je vous jure : j'adore répondre à des questions. Humeur : Ca me donne l'impression d'être... Ben pas inutile quoi. J'ai l'impression qu'on s'intéresse à moi, et c'est gratifiant ! | A l'instant où la question franchit la barrière de mes lèvres, je sentis que ce n'était pas la question qu'il fallait poser. Je vis dans son regard que ce n'était pas ce qu'elle attendait, que ce n'était pas ce qu'elle voulait. Aria m'avait exposé la situation objectivement, et j'avais foncé tête baissée dans son intimité. Je n'avais pas besoin de savoir tout ça. Ca ne me regardait pas. C'était son histoire, la sienne, et celle de... Lola. Je n'avais pas besoin de creuser. Tout ça ne me concernait pas. C'était sa vie, celle de sa fille, leur vie, leur relation. Je n'avais pas besoin de la comprendre. Je n'avais pas besoin de m'immiscer dedans. De toute façon, qu'est-ce que j'aurais pu faire ? Nous n'étions plus proche avec Aria, et je ne connaissais même pas cette Lola. Alors à quoi bon ? Qu'est-ce que j'aurais pu faire ? Parler, remuer le couteau dans la plaie ? Ca ne servait à rien. Il fallait que j'arrête d'agir ainsi. Parce que ce n'était tout simplement pas ma place. Les larmes embuèrent les yeux d'Aria alors qu'elle répondait à ma question. Je sentis mon coeur se serrer mais je ne réagis pas. Elle contrôla ses larmes, les dompta avec une force de caractère que je ne lui reconnaissais pas. Mais c'était parce que nos rapports avaient changé. On ne pouvait plus se montrer de la même façon l'un à l'autre. On ne pouvait plus agir comme on avait pris l'habitude de le faire par le passé. Alors je ne réagis pas. Je me retins de lui tendre l'une des serviettes de la table pour essuyer ses larmes, bien que l'envie soit restée forte. Je me retins de lui offrir des paroles réconfortantes, de lui servir des "Ca finira par aller, tu verras.". Parce qu'elle n'était pas ici pour être réconfortée. Elle était là pour m'informer. Et elle le soulignait bien en affirmant que c'était difficile pour elle de se montrer vulnérable. Parce que notre relation actuelle ne laissait plus de place à la vulnérabilité l'un en face de l'autre. Elle donna plus de précisions, complétant sa réponse. Lola était adolescente. Elle agissait comme une adolescente qui a perdu sa famille et qui en veut à la Terre entière. Mais qui étais-je pour prononcer ces mots ? Pour faire valoir mon avis ? Je n'avais pas d'avis à avoir sur la question. Je devais juste accepter les mots qu'elle me servait comme des informations pures et simples, ni plus ni moins. Quand elle acheva sa dernière phrase, je hochai la tête. Je n'avais plus rien d'autre à dire. Ce n'était pas ma place de commenter les réactions de Lola, ni le ressentis d'Aria. Ce n'était pas la première question qu'Aria pensait que j'aurais posé... Parce que je n'avais pas à poser cette question. Mes yeux se penchèrent sur ma tasse et je la portai à mes lèvres pour boire une gorgée. -Qu'est-ce que tu as prévu, pour les prochains mois qui s'annoncent ? Tu dis que tu n'as pas été trop blessée pendant la mission, mais j'ai entendu que certains avaient eu des soucis avec leurs pouvoirs aussi, ça n'est pas ton cas...? |
## Jeu 20 Juil 2023 - 9:07 | ||
Ariana Vicente Messages : 2508 Date d'inscription : 29/05/2015 Emploi/loisirs : Couturière, café maid, préfète des Morphes ! Humeur : YOLO !!!!! | Allen se tait, et elle se rend compte qu’ils ne se comprennent toujours plus. Pourtant elle arrive à décrypter ses mimiques, ses mouvements infimes, la retenue qu’il s’impose. Ca aussi, elle déteste. Elle aurait aimé qu’il puisse simplement ignorer qu’elle a encore envie de s’effondrer, que c’est ça qui est difficile pour elle, ce moment, ce qu’elle lui raconte, ce qu’elle a vécu ; pas lui. Il ne comprend pas, et ça la met en colère, et ça l’inquiète. Une part d’elle, celle qui a l’impression que c’est parce qu’elle allait trop mal qu’il l’a quittée, se dit qu’il faut qu’elle se taise elle aussi, qu’elle en a trop dit, qu’il s’en fiche, qu’il ne veut pas avoir cette conversation, au final. L’autre part d’elle, celle qui a tenu une arme, a envie de serrer les dents et de lui dire “mais putain Allen pourquoi tu te tais toujours ???”. Et elle, au milieu, celle devant son latte, c’est celle qui ne sait plus plus comment réagir. Elle ne veut pas pleurer devant lui parce qu’elle ne veut plus lui imposer ça, qu’elle ne veut plus s’imposer la honte et l’inquiétude et l’angoisse de l’avoir blessé à nouveau ou d’avoir été une chiffe molle insupportable. Mais il a posé une question, et elle lui a répondu ; est-ce qu’il ne peut pas dire quelque chose ? Un encouragement ? Un mot gentil ? Une phrase bateau ? Mais non, il se tait et il change presque de sujet, et Aria a l’impression qu’il s’en fiche. Pourtant elle lit dans ses yeux qu’il ne s’en fiche pas. Elle aurait simplement aimé autre chose. Qu’il soit Allen, et pas Allen son ex. Cette fois les larmes coulent plus fort, sans sanglots, fruits de sa déception et de sa tristesse de constater qu’encore une fois, ils ne parviennent pas à parler. Mais aussi le contrecoup de ce qu'elle lui a dit. Elle a essayé si fort de recréer du lien. Elle a essayé si fort d’être spontanée, même là, au final, elle lui a répondu, alors qu’elle aurait pu lui dire qu’elle ne voulait pas en parler, que ça aurait été plus simple. Elle l’a fait parce qu’elle le souhaitait… parce que c’était important pour elle d’avoir cette discussion, qu’il sache, qu’ils en discutent ; elle a pris le temps de rassembler son courage, de le lui présenter. Comme un enfant montre un trésor à son parent, mais que son parent acquiesce et change simplement de sujet, même si celui-ci s’en approche. Ses épaules s’affaissent un peu, et elle attrape une serviette pour s’essuyer les yeux, le regard porté ailleurs par pudeur. Elle ne répond pas à sa question cette fois, pas encore, et essaie de mettre de l’ordre dans ses pensées. Est-ce qu’elle a le droit de lui demander tout ça ? Pourtant c’est lui qui voulait savoir, c’est lui qui pose les questions. Et elle s’ouvre, mais tout ce qu’il risque de récolter, si elle ne lui dit pas, là, maintenant, c’est qu’elle ne lui reparle plus jamais de rien, parce qu’il refuse l’interaction avec elle. Elle baisse un peu les yeux, essaie de contrôler sa voix, de la poser, pour dire enfin ce qu’elle pense, secouée par un rire nerveux : —Pourquoi tu me poses des questions, si tu ne me réponds qu’avec d’autres questions ? J’ai l’impression de faire un monologue et d’être face à un psy. Je… je suis pas venue pour parler à un psy, je pensais que je venais te parler parce qu’on essayait d’être amis. C’est dur. C’est très dur. —Je sais que tu t’en fiches pas, mais j’aurais aimé que tu dises quelque chose. C’est. C’est dur d’en parler, mais c’est parce que tout est dur. Je vois bien que tu as des choses à dire… alors s’il te plaît, j’ai besoin que tu me parles. Même si c’est pour me dire que tu sais pas quoi répondre, ou que tu es mal à l’aise, ou… je sais pas. … Le silence ça me tue, ça m’angoisse. Ca réactive ses insécurités si fort. Ca lui donne l’impression de déranger. D’être trop à nouveau. Mais est-ce que lui ne fait pas pareil qu’avant ? Se taire par peur de la vexer ? S’il savait à quel point elle ne peut plus être blessée par ces mots. S’il savait à quel point, après tout ça, jamais plus elle ne laissera quelqu’un la blesser ou blesser ses proches. S’il savait à quel point, s’il posait une question à laquelle elle ne veut pas répondre, elle le lui dirait. —Désolée de t’imposer cette discussion, si tu avais pas envie de l’avoir… (Pourtant, c'est lui qui lui a proposé de se voir afin d'en parler... elle ne comprend plus rien.) si c’est pas ce que tu veux, on n’est pas obligés d’en parler. Je veux pas… t’imposer de nouveau mon état, c’est pas l’objectif. Mais comme tu poses des questions… j’ai envie d’être honnête avec toi. Mais je peux pas être honnête si j’ai l’impression que tu m’analyses ou que tu t’en fiches, que tu me réponds pas alors que je te parle de choses très dures pour moi. Si je voulais rien dire, je te le dirais. Alors toi aussi, s’il te plaît, parle-moi, parce qu’on n’avancera jamais comme ça. Elle le regarde dans les yeux pendant tout le temps où elle parle, se rend-elle compte ; et elle est fatiguée. Elle se souvient de leur rupture, ce moment où elle le suppliait de lui dire. De parler, parce qu’elle ne comprend pas. S’il n’essaie pas, c’est tout simple. Cette fois, elle partira réellement. |
## Sam 22 Juil 2023 - 14:47 | ||
Allen K.Wilder Messages : 1880 Date d'inscription : 24/01/2011 Emploi/loisirs : Je vous jure : j'adore répondre à des questions. Humeur : Ca me donne l'impression d'être... Ben pas inutile quoi. J'ai l'impression qu'on s'intéresse à moi, et c'est gratifiant ! | Les larmes se remirent à couler sur les joues d'Aria et je la regardais, impuissant. Est-ce que j'avais encore mal agi ? Est-ce que penser à tout ça, en parler, la blessait encore plus que ce que je pensais ? Je n'avais aucune idée de ce qu'elle ressentait de toute façon. Je n'avais jamais été à sa place et je ne le serais jamais. Comment aurais-je pu comprendre ce que ça faisait de retrouver sa fille, la ramener à Terrae après qu'elle ait été enlevée par le Centre et que ses parents soient morts ? Je baissai les yeux alors qu'elle attrapait une serviette pour essuyer ses larmes. Je ne dis rien, mais fus pourtant forcé de relever le regard vers elle quand elle ancra son regard dans le mien. Le poids s'installa sur mon coeur et je sentis un goût amer se déverser dans ma bouche. Je n'étais pas psy non. Mais qu'est-ce que je pouvais bien dire ? Vraiment, qu'est-ce que je pouvais dire, Aria ? Quelle était la position que je devais avoir ? Ca n'avait aucun sens. Tu ne me devais aucune de ces informations là, je n'avais plus ma place dans ton intimité, alors pourquoi ? Parce qu'on essayait d'être... amis...? Je me pinçai les lèvres, sans parvenir à déglutir pour chasser ce goût amer. Je pestai mentalement, ne sachant toujours pas quelle attitude adopter. Et pourtant, elle venait de se montrer si franche. Si elle ne voulait pas en parler, elle ne l'aurait pas fait. C'est dur, mais elle se montre courageuse, et accepte de le faire, parce qu'elle veut être honnête. Ca n'a plus rien à voir avec moi. C'est simplement une décision qu'elle a prise pour être en phase avec elle-même. Et si elle n'avait pas voulu... Elle ne l'aurait pas fait. Je baissai les yeux sur ma tasse, fuyant son regard. -Je ne sais pas quoi te dire Aria. Je ne connais pas Lola. Je ne sais pas comment votre mission s'est passée. La seule chose que je pense quand tu me dis tout ça, c'est que c'est une adolescente, perdue, qui agit mal et avec agressivité parce que c'est la seule chose qu'il lui reste après qu'on lui ait tout retiré. Elle a plus rien, elle se retrouve dans un endroit où elle aurait peut-être jamais voulu aller, avec des pouvoirs qu'elle ne voulait peut-être même pas, avec sa... mère biologique. Je sais pas quoi te dire. Elle est en colère et elle a tous les droits de l'être, et en même temps, ça me peine qu'elle te fasse autant souffrir, parce que toi aussi tu souffres et tu es tout autant légitime qu'elle... Alors j'suis désolé, je sais pas quoi dire. Parce que c'est pas ma place de parler pour elle, d'essayer de te comprendre alors que je ne pourrais juste jamais comprendre ça... Je marquai une pause, me perdant dans le liquide contenu dans mon verre. Mon regard se posa enfin sur Aria. -Je sais pas quoi te dire parce que la seule chose que je pourrais faire ce serait de balancer des phrases bateaux à base de "Ca va finir par s'arranger, j'en suis certain, j'ai confiance", sans avoir aucune certitude possible, ce qui serait finalement plus agaçant qu'autre chose... Dernière édition par Allen K.Wilder le Mer 16 Aoû 2023 - 13:03, édité 1 fois |
## Dim 13 Aoû 2023 - 18:07 | ||
Ariana Vicente Messages : 2508 Date d'inscription : 29/05/2015 Emploi/loisirs : Couturière, café maid, préfète des Morphes ! Humeur : YOLO !!!!! | Quand les mots d’Ariana se tarissent, elle se rend compte qu’elle gardait tout cela en elle depuis fort longtemps. Ce n’était pas par manque de courage qu’elle n’avait pas su le lui dire, mais parce qu’elle n’avait pas encore réussi à mettre de l’ordre dans ses pensées, qu’elle ne savait pas encore tout cela sur elle-même non plus. Parce qu’elle n’avait jamais appris à mettre de limites comme elle le fait aujourd’hui — mais aujourd’hui, elle est surtout fatiguée, et si elle ne dit pas les choses maintenant, elle sait qu’elle n’aura plus jamais envie de lui parler. Parce qu’elle en a assez qu’il lui lance ce regard, qu’il prenne personnellement son état là où ce sont les choses qu’elle VIT, qui sont réelles, douloureuses, dans le moment présent. Lola n’a jamais été juste un souvenir, elle est l’une des origines de son Vide, le trou béant dans sa poitrine, et elle revit toute l’humiliation, la honte, la colère, la peur, la tristesse qu’elle a endurée lorsqu’elle était enceinte à l’époque. Tout cela, elle ne le nomme pas, jamais, à personne — peut-être à Tina, parfois, parce que Tina écoute ces sentiments qui l’étreignent et l’étouffe, elle les écoute pour qu’ils cessent de l’étrangler comme ils le font. Ce n’est pas ce qu’elle attend d’Allen, ce n’est même pas ce qu’elle attend d’elle, ou de qui que ce soit d’autre : elle a sa psy pour ça, mais parfois, partager ce qui nous traverse avec ceux que l’on aime ou apprécie, c’est ce qui nous permet de nous sentir entouré. Lorsqu’Allen lui a proposé cette rencontre, elle aurait dû se douter qu’être honnête le remuerait de trop. Il semble avoir encore beaucoup de choses à régler avec lui-même ; peut-être qu’elle a sur-estimé la confiance qu’elle pouvait placer en lui… Pourtant, c’était naturel pour elle d’essayer. D’être spontanée. De lui parler. Plus jamais elle ne voudra de la relation qu’ils avaient par le passé, ce n’est pas ce qu’elle souhaite retrouver ; mais elle espérait que ces mains qu’il lui tendaient pouvaient signifier autre chose, et que lorsqu’il lui avait dit qu’il serait là si elle avait besoin de parler, ce serait vrai. Pas qu’il ferait l’aller-retour entre lui poser des questions et finalement ne pas oser lui répondre. Elle n’a pas l’énergie pour des discussions à demi mot. Alors au moins, les choses sont dites, maintenant, et bien qu’il fuie encore son regard, elle est heureuse et soulagée qu’il lui réponde. Malgré cet air coupable, qu’elle aurait aimé qu’il n’arbore pas. Elle acquiesce lorsqu’il résume la situation avec Lola ; c’est la conclusion à laquelle elle est arrivée elle aussi, bien entendu. Elle sourit doucement, d’un souffle un peu fatiguée, jusqu’à ce qu’il dise que ce n’est pas sa place d’essayer de la comprendre. —Les phrases bateau ne me dérangent pas, répond-elle simplement, baissant cette fois les yeux vers sa tasse. Les phrases bateau, c’est ce qui m’a permis d’aller en Namibie avec mon équipe, et de ramener Lola à Terrae. Elles ne sont pas bateau pour moi… Elles sont importantes, parce qu’elles sont porteuses d’espoir. Ca ne changera jamais ce qui est arrivé, ce que j’ai fait, ce que Lola a vécu… Mais ça me permet d’avancer, petit à petit. “Si je me dis qu’il y a plus d’espoir, je vois pas pourquoi j’ai fait autant d’efforts pour revenir vivante de cette mission.” Elle ne le dira pas, mais elle le pense trop fort. —J’ai peur, je suis terrifiée… J’arrivais pas à réfléchir à comment ce serait, après la mission, et je sais pas comment me projeter aujourd’hui. Mais mes amis me disent que ça va aller, qu’il faut juste du temps, que c’est normal qu’elle soit en colère… et c’est normal, et légitime. Et ça me fait du bien de l’entendre, ça non plus c’est pas bateau, même si je le sais. Parce que là (elle pose sa main sur son coeur, sous sa poitrine) je ne le sais pas, ça veut pas encore s’imprimer. Je leur fais confiance… je vous fais confiance. Si vous me dites que ça ira, j’ai pas le choix que d’essayer. Sinon je ferais quoi, à part fuir, tout le temps ? Elle est là… Aria sourit à nouveau, même si ses yeux gouttent encore un peu. —Tout ce que tu as dit, ça me suffit. Tout comme le fait que tu aies dit que tu serais là pour moi, si j’avais besoin de parler, me suffisait. Elle relève ses yeux vers lui. Mais peut-être que ce n’étaient que des mots, là encore, une phrase bateau ; ou plutôt, une phrase en laquelle il ne croit pas ? Elle s’essuie à nouveau les yeux et les joues, encore humides, mais ses larmes se tarissent enfin, elles aussi. —Qu’on essaie de me rassurer, ça compte pour moi. Même si on parle pas beaucoup d’elle, je ne m’attendais pas… enfin, je m’attendais pas à des tas de questions à son sujet, si ça peut te rassurer, ni forcément un long discours. Merci, en tout cas. Merci d’essayer, et d’avoir répondu. Parce que ça, effectivement, ça compte aussi pour elle. |
## Mer 16 Aoû 2023 - 13:19 | ||
Allen K.Wilder Messages : 1880 Date d'inscription : 24/01/2011 Emploi/loisirs : Je vous jure : j'adore répondre à des questions. Humeur : Ca me donne l'impression d'être... Ben pas inutile quoi. J'ai l'impression qu'on s'intéresse à moi, et c'est gratifiant ! | J'écoutais Aria sans sourciller. J'avais pendant longtemps eu une vision complètement différente de ce genre de phrase, déjà parce que ça m'agaçait quand on me les sortait, après tout, qu'en savent-ils, ceux qui ne sont pas dans ma situation ? Et ensuite parce que moi-même, quand je les prononçais, je les trouvais particulièrement inutiles, et je me sentais parfaitement minable de dire une chose pareille sans avoir autre chose à apporter à la situation. Et pourtant, la façon qu'elle avait de s'exprimer en cet instant, la force qu'elle mettait dans ces mots, cette confiance qui en jaillissait, c'était assez impressionnant, et n'importe qui aurait été fou pour ne pas remettre en question son avis initial. Alors je finis par hocher la tête. -Alors sache que j'ai confiance en toi, et que je sais que tu surmonteras ça. Parce qu'après tout, rien ne résiste vraiment longtemps face au phénomène Aria... Je bus une gorgée de ma tasse et réalisai qu'elle se terminait déjà. Je relevai le regard vers Aria. Quand avait-elle grandi à ce point ? Elle avait tellement changé, depuis notre relation. Elle semblait tellement plus... adulte. Réfléchie. La spontanéité avait été mise sur le côté lors des situations sérieuses. Et surtout, elle continuait à se relever, à avancer, toujours. Je baissai les yeux sur ma tasse désormais vide. -Tu veux reprendre quelque chose ici ? Il y a d'autres choses dont tu aimerais parler ? Car sinon, on peut aussi se quitter là. J'imagine que tu as plein d'autres choses à faire... Et peut-être pas envie non plus de s'éterniser là ici avec moi. -Ca me fait plaisir de te voir, en tout cas. Plaisir. Et bizarrement, ça faisait naître aussi quelque chose d'autre en moi. Quelque chose que je n'arrivais pas vraiment à identifier. La Aria que j'avais en face de moi n'avait rien à voir avec l'image de l'Aria que j'avais gardée imprimée en moi. Je n'avais plus besoin d'avoir peur de parler. Je n'avais plus à me restreindre. Si ça avait été brutal lorsqu'elle m'avait dit ces mots quelques instants auparavant, ils avaient pourtant permis de briser la glace. Et étonnamment, j'avais le sentiment que si je la croisais à nouveau, je ne resterais pas aussi mal à l'aise que j'avais pu l'être par le passé. |
## Dim 3 Sep 2023 - 17:40 | ||
Ariana Vicente Messages : 2508 Date d'inscription : 29/05/2015 Emploi/loisirs : Couturière, café maid, préfète des Morphes ! Humeur : YOLO !!!!! | Elle finit par rire. C’est un peu étrange comme situation, mais elle aime bien l’humour d’Allen, sa manière qu’il a de rassurer les autres à sa façon. La rouquine fait un V de la victoire de ses doigts, même si le coeur n’y est pas en entier, mais tout ça, c’est des mots qui font du bien. Peut-être qu’il ne le pense pas tout à fait. Elle ne sait pas trop ce qu’il entend par phénomène, mais ça n’a pas trop d’importance aujourd’hui. Peut-être qu’elle s’effondrerait demain, mais elle sait qu’elle a le droit de galérer et d’avancer à son rythme. C’est ce que ses amis lui répètent, ce que Tina lui a dit dès le moment où elle a appris pour Lola ; elle se raccroche à ces mots parce qu’ils sont comme un fil tendu au dessus de sa tête pour la maintenir à flots. —Merci héhé ! Evidemment que rien me résiste… Je suis trop solide ! Bon, ça elle y croit pas, mais un peu d’auto-dérision ça n’a tué personne hein. Elle reprend sa tasse elle aussi et croise le regard d’Allen par-dessus, se questionnant sur ce qu’il peut bien penser à cet instant. La panique commence doucement à refluer à l’intérieur de sa poitrine et elle sent qu’elle est un peu moins mal à l’aise que tout à l’heure. —Ah ! J’ai pas encore fini ma tasse, excuse-moi, j’ai bu lentement, balbutie-t-elle, en la reposant… et s’essuyant la bouche avec sa serviette pour ne pas avoir de moustache. J’avoue, il y avait pas grand-chose que j’avais envie de rajouter à ce sujet aha… Mais on peut parler d’autre chose, si tu préfères. Par exemple, euh… Ou alors il veut partir ? La réalisation la frappe un peu, et elle tourne nerveusement la tasse entre ses mains, jusqu’à ce qu’il la rassure. Un nouveau rire du nez lui échappe et elle lui sourit, plus sincèrement, moins difficilement. —Moi aussi, ça me fait plaisir. C’est sincère, eh. Elle a pas besoin de se planquer tout le temps. —Ah et… bon, j’ai un peu mis tout ça en stand-by, mais j’aimerais vraiment me reconcentrer sur ma boutique en ligne, prochainement. Tu crois que je pourrais passer à la boutique pour voir comment on pourrait faire un genre de, euh, partenariat ? Je sais pas trop comment vous fonctionnez pour vos collections… Ca paraît très loin, tout ça. Tellement loin qu’elle a le regard qui se perd un peu. Est-ce qu’elle a vraiment envie de continuer ? —J’osais pas trop venir avant parce que j’avais peur que ce soit bizarre, enfin tu vois. Je pense essayer de m’y remettre progressivement, là c’est encore un peu tôt… Puis elle relève les yeux vers lui. Il lui a demandé ce qu’elle comptait faire, dans les prochains mois, tout à l’heure… —Oh, tu le sais peut-être pas, mais Elwynn et Jérémy vont se marier ! Je suis un des témoins, et je vais faire leurs vêtements de mariés ! On va être plusieurs sur la robe d’Elwynn, mais j’ai hâte de pouvoir m’occuper de tout ça… Ca va être tellement chouette, mais qu’est-ce que ça va être long… C’est un peu angoissant, quand on y pense, même. Nicolas est à peine sorti de l’hôpital… Alice… elle ne l’a pas revue depuis qu’elles sont rentrées, même si elle lui a envoyé quelques messages. Les autres, elle les fuit encore un peu, à part Afya et Tina. Prétextant que les semaines sont trop pleines, même s’ils savent que c’est sa tête. —J’ai presque hâte de reprendre le travail, si tu savais ! |
## Mer 11 Oct 2023 - 10:56 | ||
Allen K.Wilder Messages : 1880 Date d'inscription : 24/01/2011 Emploi/loisirs : Je vous jure : j'adore répondre à des questions. Humeur : Ca me donne l'impression d'être... Ben pas inutile quoi. J'ai l'impression qu'on s'intéresse à moi, et c'est gratifiant ! | En la voyant s'excuser de ne pas avoir fini sa tasse pour rapidement chercher ensuite un nouveau sujet de conversation, je ne peux pas m'empêcher de me dire que je suis quand même un abruti. Non, mais vraiment, c'est assez affolant de voir à quel point je ne fais jamais aucun effort pour alimenter une conversation. Et la voir se démener à relancer quelque chose, c'est presque douloureux. Parce que je l'aiderais bien... Sauf que je ne sais pas faire ça. Je sais hocher la tête, écouter, surenchérir. Mais pas lancer un sujet. -Je suis sûr qu'on pourrait dédier une partie de la boutique à tes collections. Le patron est un peu rude, mais si ça fonctionne et qu'il peut prendre une commission sur les ventes, il ne dira pas non. C'est un rat qui ne vit que pour le profit. Bon, ok, je l'ai peut-être diabolisé au fil des années, mais c'est l'image que j'en ai, c'est tout. Et oui, je continue à bosser là-bas, donc oui ça ne doit pas être si terrible, mais j'aime critiquer et être négatif, c'est un objectif dans ma vie, pourquoi changer ? Je fus un peu surpris quand elle m'annonça que... Elwynn et Jérémy allaient se marier. Oui, bon, je pense que je les replace à peu près. Après tout, quand on était ensemble, Aria m'avait déjà convié à leur soirée, même si c'était souvent le big malaise pour moi et que je parlais à personne (quelle surprise). Mais ceci n'étant pas le plus important, revenons plutôt au centre de cette information : elle allait s'occuper de leurs tenues de mariés ?! Est-ce que c'était pas un peu un truc de dingue, quand même ? -Woah, félicitations ! C'est pas une mince tâche quand même ! Mais je suis persuadé que tu leur feras des tenues hyper sympas. Ils t'ont donné des idées de ce qu'ils voulaient, ou tu es assez libre d'exprimer ta créativité ? Nous parlons d'Aria, évidemment qu'elle est créative. -Tu as déjà fait le design de robe de mariée ou ce sera la première fois ? Ca doit quand même être un sacré pas en avant dans la carrière d'une couturière, non ? Je souris légèrement quand elle affirma qu'elle avait vraiment hâte de reprendre le travail. Evidemment, je l'avais déjà dit, je ne me projetais pas et j'avais aucune idée de l'état réel dans lequel elle se trouvait en ce moment. Mais pour qu'elle ait arrêté de coudre, c'est que ça devait vraiment être difficile. -Tu as déjà fait quelques croquis depuis ? Ou bien est-ce qu'il n'y a vraiment plus rien...? |
## Mer 1 Nov 2023 - 23:14 | ||
Ariana Vicente Messages : 2508 Date d'inscription : 29/05/2015 Emploi/loisirs : Couturière, café maid, préfète des Morphes ! Humeur : YOLO !!!!! | Ca fait du bien, juste de parler. De parler de projets, du futur. Ca fait un peu mal, aussi, pour d’autres raisons bien sûr, mais elle le gardera pour elle. Bien en sécurité au fond de son coeur abîmé. Ariana place plutôt ses pensées sur ce fameux partenariat qu’elle envisage depuis longtemps, sans oser le proposer. Une commission, oui, ça peut se faire. Ca éviterait la question des invendus, la crainte que ça ne fonctionne pas et donc qu’il refuse, tout ça. Mais quand elle essaie d’assembler des chiffres dans sa tête, elle sent que cela bloque, et la fatigue revient, comme une brique agressive. —C’est une bonne idée ! Je me le note, attends… j’ai peur d’oublier. Ses mains vont chercher son téléphone, sur lesquels elle tapote maladroitement de ses doigts aux ongles trop courts, rongés presque entièrement avant la mission d’il y a quelques semaines. Elle a pris l’habitude de noter ce genre de choses et de vérifier tous les jours : elle a un dossier pour chaque chose importante, des to-do lists incomplètes, des idées qu’elle ne mettra jamais à exécution. Elle pourrait lui expliquer qu’elle a enfin fait des démarches pour son TDAH, l’année suivant leur séparation, et qu’elle a du coup adapté plein de choses dans son quotidien, mais elle ne se sent pas de le lui partager. Il a bien dû capter qu’elle captait les trucs à retardement et qu’elle était complètement neuneu quand elle était impulsive, loul, pas besoin d’en rajouter une couche. —Aha merciii ! Oui, ils ont déjà des idées assez précises, mais on voit tout ça ensemble au fur et à mesure. Ca va être trop chouette, mais je vais pas spoiler ! Surtout que rien n’est encore décidé, y a juste les thèmes principaux. Je pense que j’aurai l’occasion de leur présenter plusieurs modèles différents hihi, ça va être trop chouette. Elle termine sa prise de note, et s’interrompt à sa question suivante, un peu prise de court. —Euh. Aha non ! Non, jamais, j’en ai jamais cousu. C’est des grosses commandes qui coûtent cher en général, les gens passent plutôt des plus petites commandes. Ou pour des robes plus simples. Elle étire un sourire plat et repose son téléphone, reprenant sa tasse pour boire quelques gorgées afin de reprendre contenance. Bien sûr que c’est un demi mensonge, elle a déjà fait un tas de design jamais mis en couture ; mais est-ce qu’il a vraiment envie d’entendre la réponse à cette question, en fait ? —Depuis…? Ah. Euh. Bah. Non pas depuis mon retour, j’ai surtout bouquiné et regardé des séries. Et regardé le plafond. —Mais j’ai fait quelques croquis avant la mission ! Pour le mariage justement, mais je suis pas très satisfaite encore, ça ira mieux à tête reposée. Enfin, les seuls trucs qui me viennent c’est des vêtements pour Lola, mais c’est pas sûr qu’elle accepte de les porter ahahah… Soupir dépité, grimace et rire. Aïe aïe. —Bon et toi !! Des projets cette année ? Pitié me dis pas rien, je viens littéralement de passer cinq minutes à te raconter ma vie omg. Genre je sais pas, des voyages, des livres à lire, euh,… Je sais pas. |
## | ||
Contenu sponsorisé |