## Mer 31 Mai 2023 - 19:00 | ||
Aylan Raspberry Messages : 519 Date d'inscription : 17/04/2021 Emploi/loisirs : écolier | __–Beaucoup s’était écoulé sur les derniers mois et il était temps de faire le point. __–Le retour de Lola et Miguel avait été la source d’une immense joie, mais sitôt après, d’une immense confusion. __–Oh, certes, et d’expérience personnelle, il savait que la relation entre Ariana et sa fille n’allait pas être des plus aisées, au début. Mais son agressivité, sa mauvaise foi, son absence totale de considération pour une Ariana qui faisait tout pour entrer dans la vie de sa fille, cela lui était invraisemblable. Pendant des mois, il avait souhaité qu’Ipiu fasse le quart de la moitié du tiers de ce qu’Ariana faisait, et elle, et Lola, à qui tout lui était servi sur un plateau, trouvait encore le moyen de faire la fine bouche. __–Cela lui était incompréhensible. Cela lui était d’autant plus incompréhensible qu’Ariana était pour lui une très bonne amie ; une personne ô combien chère à son cœur. __–Il ne comprenait pas. __–Elle était enfin là, mais était presque devenue une étrangère. __–Au début, les quelques premières nuits, ils avaient dormi ensemble, tous les trois, chez Aylan, quelques instants de bonheur partagé, un souvenir de leur vie commune au Centre, mais débarrassée, enfin, de toute la terreur, l’angoisse et la pression qu’elle suscitait. Noël était passé, des cadeaux avaient été offerts : s’étant mis au crochet, Aylan avait offert réalisés en cette technique Chrys les casques des Daft Punk à Chrys, un hérisson tout mignon à Ariana, un… un facehugger à Ipiu. (Et d’autres choses encore, dont un présent pour Lola et un autre pour Miguel, dont nous tairons de quoi il s’agit ; cette question étant pour un autre sujet, qui sera indiqué en lien ici.) __–Et puis, Lola avait senti le besoin de s’isoler. __–Et puis, Miguel était déjà un jeune homme, qui avait sa propre vie. __–Et puis, ses amis étaient revenus de mission, à moitié morts pour certains. __–Et puis, l’école avait repris, la vis serrée et il avait été forcé d’y retourner. __–Et puis, Lola et Ariana s’étaient parlées. __–Les séances chez Sylvia n’avaient pas été interrompues. Un jour, Aylan s’était présenté dan son cabinet. Elle l’avait regardé. Il avait regardé le vide, avec une expression indéchiffrable. Après un long moment sans rien dire, elle avait brisé le silence avec la formule habituelle : __–« Bon, Starcraft ? » __–Ce à quoi notre protagoniste avait répondu par un vif secouement de tête. Sylvia avait vite compris que pour le faire converser de choses intimes, tout comme pour concentrer sa volage attention – elle le soupçonnait atteint d’un TDAH –, passer par le médium du jeu était très efficace. Une méthode déjà éprouvée sur les enfants, il était peu orthodoxe qu’elle s’exerçât par le biais d’un jeu de stratégie, mais elle s’était prise au jeu et s’était même surprise à s’exercer sur son temps libre, pour ne pas être tout à fait distancée par son patient, qui était déjà dans la ligue platine. __–Il s’était avéré, Aylan avait-il dévoilé autant qu’il s’en était rendu compte au cours des discussions avec elle sur cette séance et les suivantes, que depuis peu, il se sentait comme vidé de ses émotions. Avant décembre, il était passé par toutes les intensités et les formes de la tristesse. À présent, il ne pouvait plus dire qu’il était triste, mais ne pouvait pas dire non plus qu’il était heureux. Oh, certes, il avait ses moments de joie passagère quand il était avec ses divers amis, mais dès qu’il se trouvait seul, confronté à lui-même et ses pensées, il ne ressentait plus qu’une profonde lassitude. __–Au moins, dans une certaine mesure, partageait-il cela avec Ariana ; irrépressiblement poussée à interagir avec sa fille et profondément blessée à chaque tentative. Aylan n’avait pas ce problème directement : ensemble, les deux enfants étaient contents : il lui faisait découvrir Terrae, la poussait un peu à sortir de chez elle, à rencontrer du monde, à appréhender et accepter son nouvel environnement. Ils avaient de beaux moments d’intimité, à rattraper non seulement le temps qu’ils n’avaient pas pu passer ensemble, mais celui que deux jeunes gens de douze ans n’avaient pu passer en tant qu’enfants, à s’abreuver de films, de jeux vidéos, de séries, de sport, d’activités variées et, tout de même, de temps scolaire. Aylan abhorrait le concept, s’y ennuyait comme un rat mort, mais Lola y évoluait avec bien plus de sérénité – et sa poigne de titanide comme les capacités manipulatrices de Miguel rendaient impossible sa fuite. __–Voilà donc où en était Aylan. |