Miguel est un adolescent monté comme un coucou remonté. J'explique. Depuis qu'il est sorti de l'hôpital, sa routine a bien peu changé. Levé avant l'aurore, il court. Si vous lui demandez, oui, il a déjà fait le tour de l'Institut, non seulement pour en connaître les limites mais aussi détecter des failles. Connaître le terrain bien mieux que ce que pourrait lui indiquer une carte. "Petit" échauffement physique fait, il part en direction de la salle d'entrainement pour s'exercer avec ses pouvoirs, là encore dans l'optique de connaître les limites. Ici, les siennes. Avoir un sceau l'emmerdait profondément mais il fermait sa gueule ; Miguel ne voulait pas faire la moindre vague. Balloté d'un environnement à l'autre toute sa vie, il le savait parfaitement, ancré en lui, gravé dans sa chair ; tu t'adaptes ou tu crèves. Et s'il crevait, qui allait s'assurer de récupérer Liz et Brad ? Dans sa tête, il n'y avait plus que ça. Il y avait encore des membres de son équipe en danger et il devait aller les chercher. Et donc s'adapter. Ça ne devrait pas prendre trop de temps, et si Terrae lambine -ou tente de l'écarter de cette mission qui lui tient à cœur- il sera prêt et pourra débarquer lui-même dans le bureau de la directrice.

Ce n'était pas fini, toutefois. Après ces entrainements intensifs, il se lavait et allait à la cafétéria pour le petit déjeuner. Puisque personne ne s’occupait ses rations, il ne se gênait pas pour se servir ; son petit déjeuner était conséquent et varié -mais très fade selon lui-, profitant de chaque bouchée d’œuf au plat et de son café noir, le regard scrutant les mouvements autour de lui comme si quelqu’un allait lui arracher sa précieuse pitance. Pour le reste de sa journée, il s'occupait inlassablement ; des rendez-vous avec un psy avec qui il échangeait que trop peu d'informations -toujours trop méfiant pour donner des informations qu'il considérait capitales pour lui et ses pequeños-, organisant non sans une certaine acrimonie sa future rentrée scolaire -la première fois de sa vie qu'il ira à l'école- ou empruntant un maximum de livres à la bibliothèque. Il a été étonné d'ailleurs, d'y trouver des points de vue variés dans plusieurs domaines, non pas une seule vérité absolue comme propagande, mais il est resté neutre. Son but était de mieux connaître l'origine de Terrae pour toujours mieux se préparer... Il avait d'ailleurs, ramené quelques livres à Lola en se disant que ça l'aiderait à trouver la confiance, à l'occuper,... n'importe quoi mais sortir de sa chambre.

Car il voyait bien ce qui était en train de se passer, il connait bien sa pequeña. Il était là quand l'autre rouquine -qu'était sensée être la capitaine de l'équipe les ayant récupéré au Centre- a débarqué à l'hôpital... Il n'a rien dit, parce que ce sont pas ses affaires, et qu'il considère que Lola est assez intelligente pour faire la part des choses. ...MAIS force est de constater QUE NON. Sauf qu'ils ne peuvent pas se permettre ce luxe, ils ne peuvent pas ruminer dans leur coin et en vouloir au monde entier. Parce qu'il y a, quelque part dans le monde Liz et Brad qui sont perdus, qui les attendent, qui ont besoin d'eux... Et si Terrae veut pas les chercher, lui, il ira. Et s'il a son équipe avec lui, ce serait parfait. C'est pour ça que ce 6 janvier, milieu d'après-midi après avoir fait de la place dans son emploi du temps militaire, il va directement voir Lola dans sa chambre.

Y’a rien de plus repérable qu’un Feu dans un couloir qu’avec des Terres. Mais il n’y a rien de plus repérable que Miguel parmi les Feux donc bon… Il n’est plus à ça près. Si on lui avait fourni d’autres vêtements que ceux qu’il avait le jour de son arrivée, Miguel avait tout de même choisi ce qu’il y avait de plus neutre et respirable pour lui. Il fait trop froid pour lui dehors, mais l’intérieur est supportable et il a une petite collection de débardeurs noirs, blancs ou gris. Quelques pantalons aussi larges que possible et bien sûr, celui du Centre, avec ses mille et unes poches bien pratiques quand tu dois t’occuper de quatre autres enfants. C’est celui qu’il portait aujourd’hui. Il n'est pas en colère mais son visage est naturellement fermé et sa démarche presque brutale... et quand il frappe à la porte, c'est avec son poing, à la limite de le faire trembler dans ses gonds. Quand il a appris qu'il ferait chambre à part, il n'a rien dit... Et il n'avouera probablement jamais que, maintenant qu'il dort seul pour la première fois de sa vie, il a le sommeil extrêmement léger, parsemé d'angoisses qui le réveillent plusieurs fois dans la nuit.

Il attend qu'elle réponde mais rien ne vient. Il sait qu'elle est à l'intérieur. Elle sait que c'est lui. Il attend, comptant jusqu'à dix avant de faire tonner sa voix pour annoncer qu'il entrait, d'un grand geste. C'était inévitable ; il était là, bien sûr qu'il allait entrer. Il va directement poser le morceau de gâteau aux fruits -maigre consolation dans un pays qui sait pas ce qu'est une Rosca-, un paquet de chips au poulet et un petit paquet enroulé dans du papier kraft à côté de Lola. :

-Joyeux Día de Los Reyes,- pequeña.

Il ajoute "pequeña", un peu à contre-temps, comme pour la rassurer éternellement qu'il n'était pas là pour la frapper, qu'il n'aurait plus jamais à le faire... Mais il le fait quand même, retenant son visage d'exprimer à quel point ces souvenirs le brisent. Et il attend la suite.

C’est étrange comme appareil. Elle n’en a jamais utilisé de comme ça, elle n’avait pas le droit d’avoir accès à cette technologie-là au Centre. Ca lui rappelle le téléphone qu’avaient ses parents et sur lequel elle pouvait parfois jouer à des jeux, quand elle était petite. Ca remonte à loin — et pourtant, ça ne fait objectivement que trois ans. Lola est assise en tailleur sur son lit, essayant de comprendre comment utiliser le téléphone. Elle a un abonnement spotify dessus, la personne qui lui a offert a pris soin de noter cette information. Pour qu’elle ait accès à de la musique. Et qu’elle peut lui apprendre au besoin.

Hm. Bien sûr. Quand les poules auront à nouveau des dents, peut-être. En attendant, le casque sur ses oreilles, même sans musique allumée, c’est tout reposant. Calme. Elle est surprise d’entendre distinctement quand même les coups portés contre la porte fraîchement remplacée (avec des gonds et une poignée renforcés)… Bien sûr qu’elle reconnaît les coups. Sa tête entre un peu plus dans ses épaules, mais elle retire son casque, l’éteint et le pose à côté d’elle. La lettre qu’elle a reçue est posée sur la sobre table de chevet, toujours fermée. Elle dirait qu’elle n’a pas envie de la lire, mais elle n’y est pas encore prête en réalité.

Quand Miguel entre, elle n’est pas surprise de le voir. Même allure, même silhouette que celle qu’elle a toujours connue. Un ancrage dans ce monde qu’elle ne connaît pas, malgré la difficulté qu’elle a à interagir ces derniers temps. … Et encore depuis deux trois jours elle fait vite fait des efforts pour utiliser des mots. Il est chargé… mais que de choses légères, ça semble presque petit dans ses grandes mains. Elle sent ses joues chauffer en voyant les chips — faut vraiment que les gens arrêtent de lui faire une offrande de chips dès qu’ils viennent, de quoi elle a l’air… quoique, non, elle aime bien trop les manger pour leur demander de stopper — mais suit le petit paquet et le morceau de gâteau des yeux. Oh. C’est un peu serré dans sa poitrine, là.

Ses yeux se relèvent lentement vers ceux de son hermano, un peu brillants. Durant un temps, elle ne sait pas trop quoi répondre. Elle regarde à côté d’elle sur le lit, comme pour l’inviter à s’assoir s’il voulait.

—Merci…

Silence.

—Je n’ai rien trouvé pour toi et Aylan, répond-elle à voix basse.

Ca la dépite, elle n’arrive même pas à le lui souhaiter en retour. Elle y a réfléchi. Elle a regardé dehors. Il y a encore de la neige… Et à part la nourriture de la cantine et des livres à emprunter, elle n’a eu aucune idée. Elle ne connaît rien à ce monde, cet univers froid et bizarroïde. Elle voulait fêter avec eux, mais ne se trouvait pas l’entrain de le faire.

Liz aurait su quoi leur offrir, elle. C’est elle l’experte des cadeaux, pas Lola. Ca lui donne un peu envie de pleurer, rien que d’y penser, mais étend la main vers le petit paquet, qu’elle attrape tout délicatement. Entre ses doigts dont elle a encore peur, parfois. L’esquisse d’un sourire naît sur ses lèvres, alors qu’elle ramène le paquet contre elle et teste la texture du bout des doigts... sentir le papier, le paquet en lui même.

Elle interroge ensuite Miguel du regard. Est-ce qu’elle a le droit ? Alors qu’elle a déjà eu un cadeau, et s’est montrée si fort peu reconnaissante à ce sujet ? Elle attend l’ordre, assez droite, pourtant elle est une enfant qui tient toujours le paquet contre elle.

Il est content de constater qu'elle le regarde dans les yeux, il est content d'entendre sa voix. Miguel ne répond pas tout de suite à son invitation muette, il sait d'instinct qu'elle n'a pas fini de parler quand elle le remercie. C'est seulement après avoir annoncé qu'elle n'avait rien trouvé pour Aylan ou lui qu'il souffle, vient s'asseoir à côté d'elle tout doucement, comme pour lui laisser l'occasion jusqu'à la fin de le repousser. :

-Parce que pour trouver quelque chose, il faut aller le chercher.

Beaucoup de choses dans cette petite phrase, mais aucune amertume. Miguel dit à Lola ; je sais que tu n'es pas sortie, je sais que tu as l'esprit occupé à autre chose depuis que tu t'es enfermée ici, je sais que tu ne connais pas encore ce que tu peux trouver dehors puisque tu es restée ici, je sais que tu avais besoin de temps et je sais que tu connais la solution à tout ces problèmes... A aucun moment il veut retourner le couteau dans la plaie, mais il refuse d'ignorer la présence de la blessure. Il lui dit qu'il comprend qu'elle n'avait pas la tête ni à trouver, ni à chercher... et avec cette petite phrase, il avoue aussi, directement, les raisons de sa présence... en plus de la Día de Los Reyes.

Il observe avec attention les petits gestes de Lola, car eux aussi disent beaucoup de choses. Ses yeux noirs suivent les petits doigts d'enfant qui grandit, qui ont brisé tellement de corps, sentir délicatement le papier brun. Il se dit qu'elle pense. Il imagine qu'elle pense à Liz. Elle arrive à sourire, Miguel sourit un peu aussi, rassuré. Et puis elle lève ses yeux verts foncés, véritables jungles, avec cette prière d'enfant mêlée d'obéissance militaire. Il penche la tête sur le côté. :

-Tu peux ouvrir.

A l'intérieur, rien d'extraordinaire. Ce sont ces bâtons de feux d'artifice que l'on peut allumer et tenir dans sa main, sans danger. Ça fait des années que Miguel n'a pas pu participer aux festivités de la Día de Los Reyes. Au Mexique, dans sa ville, il y avait un défilé avec des danses, des chants et des chars parfois. Le soir, il y avait un feu d'artifice s'il n'y avait pas eu de problèmes dans la journée, entre la milice et les cartels. Les pétards, ça angoisse tout le monde... y compris sa pequeña. Il ne savait pas si elle participait à cette fête, en Espagne, ou même s'il y en avait. En tout cas, maintenant elle pouvait... avec ces petits bâtons lumineux qui ne claquaient pas comme un pétard... ou un coup de feu. :

-Techniquement, il y en a aussi pour Aylan dedans... Mais tu comprends que pour sa sécurité, c'est à toi que j'ai tout donné.

Parce que c'est sans danger... mais il est certain que son pequeño arriverait à trouver une bêtise à faire quand même.

Quelque chose en Miguel s’adoucit, et en miroir, chez Lola aussi. Elle baisse la tête. C’est vrai, il faut aller le chercher. Elle ne sait pas où chercher les choses. Elle ne sait pas si elle a envie de les chercher, de s’aventurer. Il y a longtemps, elle était aventureuse et aimait explorer ; maintenant elle va où on lui dit d’aller, suit l’ombre de son hermano et la main fraîche d’Aylan, mais elle n’est pas capable de grand-chose de plus. Et Terrae, c’est trop grand, ça l’effraie terriblement. Comment pourrait-elle lui dire ça, alors même qu’il lui est si difficile de se l’avouer à elle-même ?

Plutôt, elle se concentre sur ce cadeau qu’elle a finalement le droit d’ouvrir. Elle prend le temps, pour ne pas déchirer le papier, et ses yeux brillent un peu. Ca brille et ça se trouble à la fois. Elle se souvient des chars, des bonbons, des rires et des chants, mais tout est un souvenir flouté. Bien sûr, elle ne croit plus aux rois mages depuis bien longtemps, mais le parfum du gâteau aux fruits et les petits bâtonnets de feux d’artifices l’emmènent déjà bien loin d’ici, sur un autre continent.

Les bâtons sont rugueux au toucher. Elle y passe le doigt lentement, pour en sentir la texture, les aspérités. Pas de char ici, pas de chants. Elle déglutit et acquiesce lentement.

—On pourra les allumer ensemble.

Lola sourit à nouveau, juste un peu, et lève les yeux vers Miguel.

Merci.

Elle l’a déjà dit, mais elle se répète avec un signe. Elle repose tout doucement le paquet sur le lit… et finalement attrape le morceau de gâteau et le lui tend. Ils avaient l’habitude de partager ce qu’ils mangeaient, avant, même si Miguel avait les meilleures rations depuis qu’il était passé maton. Mais là, c’est un peu différent ; elle a envie de le partager parce qu’il est là, et qu’elle est heureuse qu’il soit auprès d’elle. Les mots sont difficiles à trouver pour elle. Avec Miguel, soit elle parle trop, soit elle ne parle pas du tout. Dans tous les cas, ils se comprennent, c’est ce qui compte pour elle.

—Tu voudras bien m’aider à chercher ?

Cette fois, elle ne le regarde pas. Elle a envie, mais elle ne sait pas faire. Elle ne veut pas y aller seule. Elle ne sait même plus ce qui ferait plaisir à Aylan. N’importe quoi, en réalité. Si elle savait cuisiner, elle lui ferait peut-être un gâteau, comme ceux que maman faisaient pour le jour des rois, mais elle ne sait pas encore tout ce qu’elle peut faire avec son téléphone, ni où chercher les recettes dont elle a besoin. Miguel pourra peut-être l’aider. Peut-être qu’il sera content, si elle sort un peu.

Miguel a toujours été un peu fasciné par la délicatesse de Lola. Il la sait forte, pas seulement parce qu'elle est Titan, mais dans son caractère aussi. Petite fille réfléchie qui ne se laisse pas faire. Et justement, c'était toujours une petite fille. Pour chaque chose qu'elle avait cassé avec ses mains trop puissante, elle avait gagné une minutie impressionnante. Méticuleuse quand elle recharge un revolver ou quand elle ouvre un cadeau, même si elle a un sceau maintenant, elle aussi. Quelque chose lui dit qu'elle va probablement garder cette habitude. Et puis cette façon d'analyser le présent, de l'étudier du regard, au toucher, tout en disant qu'ils pourront les allumer ensemble. Miguel ne répond pas même si ça lui fait plaisir et qu'il en a envie... Lola sourit, un petit sourire un peu lointain, pas vraiment forcé. Habité. Elle le remercie en faisant un signe. Il lui répond de la même manière.

Je suis content si ça te plaît.

Il n'est pas étonné de la voir se tourner vers le gâteau et de le lui tendre. Les habitudes... Son visage ne montre rien, peut-être que ses yeux noirs brillent un peu mais juste ça.. Il est ému. Il n'a pas de regret, d'avoir traversé tout ce qu'ils ont traversé, d'avoir fait ce qu'il avait fait, il n'ose pas imaginer à quel point leur situation aurait pu être pire. Alors ça la touche qu'elle partage sa nourriture, comme avant. Comme au début. Quand Miguel avait hérité d'enfants perdus et qu'il n'était pas leur maton. Il prend le gâteau, et le rompt en deux morceaux. Évidemment, le sien est plus petit. Le plus gros atterrit dans la main de Lola qui lui demande de l'aide... pour chercher. ...Sans le regarder.

Miguel gobe presque son bout de gâteau pour avoir les mains libres, mais c'est son avant-bras qui frôle Lola, comme s'il avait peur de lui présenter ses propres mains, comme s'il voulait cacher les outils qui l'ont battue plusieurs fois. Il attend une autorisation, un accord qu'elle n'a pas besoin de prononcer à haute voix. Un geste, un regard suffit. Il se penche, ses bras l'attrapent doucement, sans la serrer si elle veut partir finalement. Il la pose sur ses genoux. Posée contre lui, elle semble si petite alors qu'il voit bien qu'elle a grandit... C'est allé trop vite. Il murmure. :

-Si tu me promets d'essayer, je te promets de t'aider pequeña. Je vous promets, à tous, d'être là pour vous aider.

Plus jamais personne ne fera d'eux des prisonniers... et au souvenir de Brad et Liz, toujours sous l'emprise du Centre, il a un pincement au cœur. Il souffle en posant sa joue sur la tête de Lola.

Il est content, alors Lola sourit. C’est tout léger et délicat, mais mais le coin de ses yeux se soulève un peu. Son coeur bat plus fort, elle accepte le morceau de gâteau, remarque qu’il a pris le petit, et secoue intérieurement la tête. S’il l’avale tout entier, Lola, elle, prend son temps et picore, petit morceau par petit morceau. Presque des miettes sur le bout de ses doigts. Elle aime bien sentir le goût et la texture avant de s’y aventurer réellement, bien qu’au final elle mangeait toujours même lorsque ça ne lui plaisait pas. Quand on a faim, tout est bon à manger. Ici, la nourriture a du goût, contrairement aux structures du Centre — elle se souvient juste des maigres festins merveilleusement cuisinés par leur maître d’armes, de leurs saveurs uniques et qui lui donnaient l’impression de vivre un peu plus. C’est pour cette raison qu’elle ne loupe jamais l’heure du repas, quand bien même elle souhaite s’isoler.

Et le gâteau est vraiment bon. Sucré, mais pas trop. Les fruits dans les desserts, elle aime bien ça, ça pétille toujours un peu. Miguel la frôle de l’avant-bas, et elle relève les yeux vers lui, sans l’en empêcher, sans se reculer. C’est ok. Alors il la prend dans ses bras, et un instant elle veut se reculer, dans une bouffée d’angoisse, mais l’angoisse reflue, et c’est le confort qui prend sa place. Il lui faut quelques instants pour se remettre, le temps de quelques inspirations, mais finalement se détend, s’installe. Elle a le choix, et il ne leur fera plus de mal, c’est ok. Elle sait qu’il ne voulait pas, même si parfois elle lui en voulait. Légitimement, sans doute.

Le coeur du Feu bat contre elle, elle l’écoute en calquant sa respiration sur le soulèvement de son poitrail. C’est comme avant, et ses yeux se remplissent un peu de larmes. Elle ne pleure pas très souvent, sauf dans des moments comme ceux-là, quand elle retrouve quelque chose qu’elle pensait perdu à tout jamais. Lorsqu’elle perd quelque chose, en revanche, elle hurle sa douleur si fort qu’on la croirait enragée.

Sa main se pose sur l’avant-bras de Miguel, comme pour s’y accrocher, mais elle doit se contenir pour ne pas refermer ses doigts sur lui. Après avoir cassé une porte, elle ne se fait à nouveau plus confiance, mais elle lui fait confiance à lui.

—Moi aussi, je serai là, hermano.

Et elle ferme les yeux au contact de sa joue contre sa tête, assaillie par la même pensée que lui. Pour Liz, ça ne la dérange pas de lâcher quelques larmes. Elle se blottit et y reste un moment, le temps de respirer. Elle n’a pas encore fini le gâteau, et essaie d’ignorer les miettes qui iront sur leurs vêtements et sur le lit.

—Je te promets d’essayer. Je suis désolée, c’est compliqué, sans Liz.

Même elle n’arrive pas à croire qu’elle a dit ça, mais elle l’a murmuré si bas qu’on pourrait croire à un souffle d’air. Elle imagine son amie seule, là-bas. Heureusement qu’il y a Brad. Heureusement… Elle inspire fort. Son regard se pose sur le casque et le téléphone, posés non loin. Elle aimerait lui en parler, mais ne sait pas trop quoi lui en dire, alors à la place elle reste sans bouger, réfléchissant à ce que pourrait aimer son petit Air.

Il fallait qu’ils prennent leur temps, mais Miguel voulait vraiment la tenir. Comme avant. Elle s’est tendue, brièvement, presque imperceptible avant de vraiment se sentir à l’aise, se poser contre lui… Il voudrait lui dire qu’elle n’aura plus jamais à avoir peur de lui mais il va falloir le montrer. Il va falloir du temps. Et accepter quelque part que ce ne sera jamais vraiment comme avant. Il s’était préparé à ça, mais la réalité du moment le rattrape et lui brise le cœur… Jusqu’à ce qu’elle pose sa main sur son bras. Juste poser, sans doute pour ne pas le briser un peu plus -littéralement cette fois- et lui dire qu’elle sera là aussi. Il pince ses lèvres avant de souffler doucement, embrasser le haut de sa tête et reposer sa joue. Elle ne devrait pas le dire, c’est une enfant. Des gens l’ont tiré de l’enfer, elle a le droit de retrouver un peu d’enfance et de grandir normalement… Miguel ne pourra jamais. Mais quelque part, il ne fait pas confiance en Terrae pour ça, et il est content de pouvoir compter sur elle. Pour récupérer le reste de l’équipe et bien plus, même si c’est égoïste d’y penser, il le sait bien. Ce bisou est là pour lui répondre, sans mot. Parce qu’il ne veut pas lui dire, il ne veut pas lui laisser cette responsabilité sur le cœur quand elle a encore beaucoup de chose à faire pour elle.

Et puis tout bas elle ajoute qu’elle promet. Elle promet d’essayer et qu’elle est désolée. Et entendre Liz, soufflé si bas, avec tant de tristesse manque de lui donner les larmes aux yeux… si seulement il en avait encore. Il n’ose pas lui dire à quel point c’est difficile pour lui aussi, encore une fois pour qu’elle ne ressente pas le propre poids de sa douleur, de son échec… :

-Pequeña, c’est très bien essayer. Ça compte énormément. Je suis sûr que Liz nous voit… ou qu’elle l’a vu… ou qu’elle le verra. Et qu’elle sait qu’on ira la chercher.

Il ne prie pas souvent, Miguel, mais ça lui arrive. Pas par piété, ou par désespoir, mais justement parce qu’il croit… Pas vraiment en Dieu, mais au pouvoir de sa prière. Au pouvoir qu’on l’entende quand il pense à Brad et qu’il le veut en sécurité, qu’il arrive à protéger ce en quoi toute l’équipe croit, pour ces moments qu’ils ont eu ensemble et qu’il sait ce dont il est réellement capable… Au pouvoir qu’on le voit se battre de toute son âme pour sortir Liz de ça, qu’elle arrête de pleurer et de s’inquiéter, qu’elle aussi reçoive un câlin. A ces pouvoirs maudits qu’au moins ils les rassemblent, et allumer tous ensemble des petits feux d’artifice qui font beaucoup de lumières dans leur vie… mais plus jamais de bruit. :

-Est-ce que tu te souviens ? Un des premiers circuits militaires qu’on a fait tous ensemble… …celui où Brad a sauté au-dessus de la barrière et a fait un plat dans la flaque de boue juste après parce qu’il ne l’avait pas vue ? Liz n’arrivait pas à s’arrêter de rire…

A la base, ce n’était pas drôle. C’était le premier entrainement où les performances de chacun avaient été notées… Pourtant Brad avait réussi à les faire rire… Certes à ses dépens, mais ils ont ri en le voyant se relever, couvert de boue, continuant la course en gémissant de dégoût, désarticulé comme une poupée par l’épuisement et l’horreur de sentir la vase jusque dans ses chaussures. Heureusement qu’il avait été là… Heureusement qu’ils avaient été là, tous, chacun à leur manière. :

-D’autres rires nous attendent, je vais tout faire pour ça.

C’est confortable. Miguel reprend ses gestes de douceur, ceux qu’il avait pour elle quand on ne lui avait pas encore donné cette place de maton — après ça, elle ne l’autorisait plus toujours à la toucher, là-bas, à cause de la peur et l’animosité qu’elle ressentait sur le moment. Au moins, les corrections étaient brèves, avec lui. Dès qu’il la prend dans ses bras, c’est tout ce à quoi elle pense, tout d’abord. Ca met du temps à refluer. Mais la tristesse qu’elle ressent, elle, ne reflue pas. C’est trop fort, trop violent. Elle ramène ses mains encore enfantines contre son visage pour se contenir, reniflant un peu. Je suis sûr que Liz nous voit. C’est certain, même. Elle avait l’air de tout savoir, à chaque fois ; même pour l’attaque, comme si tout était minuté. Jusqu’au dernier instant, Lola avait espéré que Liz trouverait un moyen pour les rejoindre, Miguel et elle. Sans doute savait-elle qu’elles ne se retrouveraient pas, ce jour-là. Cette pensée la hante quotidiennement depuis leur arrivée à Terrae… Alors essayer, ce n’est pas suffisant, ce n’est pas ce qu’elle veut.

—Ils ne nous laisseront pas y aller.

Ce n’est pas une plainte, c’est une constatation dépitée. Ils sont des enfants, ils n’iront pas. Lola n’est pas beaucoup sortie, mais elle a compris très rapidement comment fonctionnait cet institut. On n’envoie pas les jeunes au casse-pipe, seulement les moins jeunes. Il se trouve que Lola fait partie de la première catégorie, celle à qui on impose un uniforme scolaire et à qui on demande d’aller en classe, “quand ça ira un peu mieux, quand tu te sentiras prête”. Grosses conneries.

Un souffle plus long que les autres lui échappe et elle repose sa main sur l’avant-bras de Miguel, lorsqu’il lui demande “si elle se souvient”. Son regard s’adoucit à la pensée de cet abruti étalé dans la flaque de boue, gémissant et geignant, s’agitant dans tous les sens pour la décoller, et le rire de son amie, sa petite soeur tant chérie. Elle se souvient de ce temps où elle savait encore un peu rire, discrètement, sans bruit, avec le coin de ses yeux qui se relevait dans le mouvement. Est-ce qu’elle sait encore rire, aujourd’hui ? Ca paraît loin, tout ça. Pourtant, ici, ce n’est pas pire que là-bas. Est-ce qu’elle va mal justement parce qu’elle a enfin pu partir ? Est-ce qu’elle va mal parce qu’elle peut justement se permettre d’aller mal ?

—C’était un crétin, Brad.

Et Lola relève les yeux vers Miguel, parce qu’elle aime bien l’expression qu’il a quand on parle de son ami. Et quand elle le critique, surtout. Mais elle l’apprécie bien, au fond d’elle, même s’il l’a déçue, blessée. C’est un pauvre garçon, complètement paumé, maladroit, mais il est loin d’être bête ou méchant. Il sait pas trop faire. C’est un adolescent, en fait. Lola se demande si c’est pour ça que Miguel l’apprécie autant, ou s’il lui voit des qualités qu’elle ne parvient pas à voir. Elle se blottit un peu plus, et son corps se détend enfin.

—Pas besoin que tu fasses tout pour ça. Essaie juste de redevenir toi-même. Ca me manquait.

C’est sorti tout seul, mais elle continue à fixer Miguel, sans trop d’expression. Elle a eu l’impression de l’avoir perdu de vue, ces derniers mois. Pourtant il n’était pas loin, pas physiquement, du moins. Peut-être qu’elle se trompe. Il l’est un peu, là.

Lola a raison. C'est une évidence. Ces gens de Terrae sont des monstres terribles capables d'envahir une base militaire, mais restent des... comment ils disent déjà ?... bisounours ?... Ce mot étrange résume bien. Tout ça pour dire que s'il ne met pas la main à la pâte, rien ne va se passer et personne ne l'autorisera à aller chercher le reste de son équipe. Il prend une grande inspiration avant d'avoir un sourire sauvage et de planter son index dans la joue de sa pequeña. :

-Pas avec cette façon de penser nan... Comme si ça pouvait m'arrêter ahah !

Puisqu'ils sont déterminés à éviter les conflits, il peut utiliser deux méthodes différentes... Commencer par de la manipulation, passer pour un petit soldat obéissant pour obtenir des faveurs et si ça ne fonctionne pas... eh bien... La méthode qui est ancrée dans le sang de Miguel.

Lola souffle et repose sa main sur lui. Elle voit comment son regard change quand elle relève les yeux vers lui, traitant Brad de "crétin". Miguel a un nouveau pincement au cœur, douloureux. Il revoit Brad essayer de le surpasser à des tâches inhumaines pour des gosses qui n'ont pas connu la guerre alors que lui avait été fait pour ça, il revoit Brad tenter de protéger l'équipe mais s'y prendre tellement mal qu'il en a subi des conséquences même de leur part, il revoit Brad s'offusquer d'un peu, de rien, alors qu'ils sont tous logés à la même enseigne, comme une diva qui n'a rien à foutre sur un champ de bataille... Miguel revoit Brad essayer de calmer les pequeños autour d'eux pour qu'il puisse dormir un peu, être profondément blessé par les rires d'autres soldats, se relever pour certes ne pas se ridiculiser plus longtemps mais aussi pour ne pas ralentir l'équipe... Rester auprès d'eux. :

-C'est notre crétin. Notre gringo un peu spécial... mais le nôtre.

Son regard part un peu au loin, à la fois triste et souriant, à la faveur des souvenirs qui lui traversent l'esprit. Blondie lui manque... et il a des regrets. Tellement de choses qu'il aurait aimé lui dire et restées sous silence à cause du Centre, à cause des répercutions,... à cause de sa couardise.

C'est quand Lola se blottit un peu plus qu'il revient à lui. Il baisse la tête, elle le regarde toujours, elle le tient, au creux de lui, protégée dans son nid. Elle lui dit qu'il n'a pas besoin de faire plus, qu'il peut être lui-même... Qu'elle lui manquait. :

-Moi ? J'ai-...

Non. Miguel se tait pour un instant seulement. Ce qu'il comptait dire n'a pas d'importance. C'était faux. :

-...-jamais fait de trop voyons. Mais j'essaierais mijita...

Il embrasse son front et l'amène contre son torse... pour planquer son visage éteint. :

-Car ça compte énormément... essayer...


HRP : Oh ben tiens. Est arrivé ce qui est arrivé !... J'aurais pas cru. Anyway ptdr trauma !

Au contact de l’index dans sa joue, la petite la gonfle, fait un bruit de bouche et rit un peu contre lui, tout silencieusement. Elle aime son rire, à Miguel, surtout quand c’est son rire forcé pour l’aider à rire elle. C’est compliqué, de loin, mais dans sa tête, c’est trop logique. C’est comme si elle le connaissait par coeur.

—C’est vrai. Je t’aiderai, c’est promis.

Dès qu’elle y arrivera, dès que ça ne lui semblera pas si lointain, si dur de tenir sur ses jambes. Comme si elle les redécouvrait, comme un oiseau habitué à la captivité dont on ouvre enfin la cage. Où aller, comment faire ? Elle envie cet esprit de rébellion en Miguel, qui l’anime elle aussi en miroir, qui rallume la flamme de sa colère, de sa détermination. Elle veut sauver Liz, et même un peu Brad, mais surtout pour pouvoir le regarder de haut ensuite.

Et comme elle a reconnu son rire, elle reconnait la lueur dans ses yeux. Etrangement, ses mots font monter les larmes aux yeux de l’enfant, qui serre très fort la mâchoire — mais se contient, parce qu’elle risque de se péter elle-même les dents. Ouais, c’est leur gringo. Elle répond par un “hm” d’assentiment, et serre doucement — aussi doucement que possible — le bras de Miguel entre ses doigts. Elle se serre aussi contre lui, comme pour fusionner, parce qu’elle sent qu’il en a besoin, qu’il a toute cette tristesse en lui, lui aussi. Comme un coeur trop gros et trop lourd, un coeur de feu qui est tout rempli de larmes qui ne sortent jamais.

Il essaiera, alors ça lui suffit. Ca lui fait trop mal de le voir comme ça, prendre tout sur lui, ne rien dire, faire le fort. C’est pas lui le Titan, c’est elle. Laisse la prendre un peu sur ses épaules aussi, Miguel, s’il te plaît. Elle aimerait tellement le lui dire, tellement comprendre ce qui s’agite sous les boucles sombres, derrière ses tâches de rousseur débarrassée de la crasse et du sang, ici.

Ses yeux se ferme, le contact sur son front est tout doux. Son papa faisait ça, quand elle était petite, avant les cris, avant la colère, avant qu’il ne meure à cause d’elle et de sa magie. Elle se presse contre sa poitrine, le serre, le tient, le contient.

—Ca compte, essayer. Et être là, ça compte aussi.

Sa voix est toute étouffée contre lui, faut dire qu’elle a le visage compressé contre son coeur. Elle ne sait pas s’il a pu l’entendre, mais elle sait qu’il la comprend toujours, même quand elle ne parle pas.

—Promets-moi de me parler. De temps en temps, je veux dire.

Elle sait que c’est dur. Elle sait qu’il ne le fait pas. Mais elle a besoin de savoir ce qui le traverse, qu’il soit honnête ; pas de lire quelque chose de cassé en lui, et de ne pas savoir quoi. Quand elle ne sait pas quoi, elle ne sait pas qui frapper, quoi réparer, ou comment le soutenir. Mais elle le tiendra toujours, comme il la tiendra toujours, là, comme ça, comme deux êtres dans la nuit sombre.

—Parce que je sais que t’en fais toujours trop.

Et ça, c’est parce que c’est gratuit.

Miguel laisse Lola le serrer autant qu'elle le veut. Elle pourrait le briser, il le sait bien, c'est déjà arrivé, mais elle a le droit. Il ne sait pas ce qu'il se passe dans la tête de sa pequeña mais il devine que ça carbure... Il la tient et commence à la bercer doucement. Ça fait du bien d'enfin pouvoir faire ça sans avoir peur d'être surpris, punis, séparés. Ils peuvent rester comme ça aussi longtemps qu'ils le veulent. Il peut lui offrir le réconfort dont elle a besoin, si elle en veut. Il sourit doucement. Oui, être là, c'est important aussi. Il passe sa main libre dans ses cheveux. :

-Je te le promets pequeña...

Au moins de temps en temps. Peut-être pas de tout non plus, il a ses petits secrets quand même... Mais oui, lui parler, être là, il peut le faire. Il veut le faire. Voir grandir sa chouchou sans tenir une arme dans les mains, sans devenir une arme. Il a hâte et à la fois, il ne veut pas. Comme un grand frère veut toujours pouvoir porter sa petite sœur dans ses bras... Un jour elle ne voudra plus, elle sera trop grande pour ça, et Miguel n'aura plus que le souvenir de Lola contre lui.

Wow, il pense comme un vieux croûton à seize ans, l'angoisse.

Et Lola qui en rajoute une couche en lui disant qu'il en fait toujours trop. Il répond, son ton mesuré mais de plus en plus animé. :

-J'en fais pas trop. Je suis juste latino, c'est dans mon sang. La révolution ne peut se faire sans le peuple mi vida, tu sais. Et mon peuple, il a une passion impérieuse pour la justice ! Le désir intime de détruire le despotisme ! La force de volonté de conquérir autant de fois qu'il le faut sa propre patrie !... Enfin tout ça quoi.

Donc non, il n'en fait pas trop.

Il a promis, alors Lola est rassurée. Parce qu’elle sait qu’avec lui, elle peut dire “tu n’as pas tenu ta promesse” et que cela le secouera fort de l’intérieur. Cette fois, elle le sent sur ses lèvres, son sourire. Elle reste encore un moment contre lui comme ça, et acquiesce lentement, mais finalement se recule pour l’observer. C’est étrange de se voir ici, dans un autre contexte, c’est comme finalement remettre les pieds dehors après avoir été mis en cage. Pas envie de bouger, pas envie de savoir qui on est — parce qu’on sait ce qu’on est là-bas, mais ici, on est quoi ? On est qui ? Est-ce qu’on existe, en réalité, si on n’est plus là-bas ?

Et effectivement, il n’en fais pas trop, il est juste latino. Son discours lui tire un rire, mais c’est un rire silencieux, surtout présent dans ses yeux. Elle sent la chaleur monter dans sa poitrine, cette joie tranquille qu’elle avait du mal à ressentir. Est-ce que c’est ça qui les attend, ici ? Pouvoir raconter des bêtises, partager des choses… être ensemble, en sécurité ? Elle aimerait lui dire que ça ne la dérange pas qu’il en fasse trop comme ça, parce que ça l’encourage à en faire peut-être un peu plus de son côté. Mais elle aimerait qu’il se repose aussi, gneugneuh.

Elle prend une inspiration, rassemble son courage et dit d’une petite voix, en accompagnant avec des gestes :

—Est-ce que ça te dit qu’on… aille révolutionner les couloirs ?

C’est sa manière à elle de lui demander de l’accompagner dehors.

—J’ai peut-être une idée pour Aylan. Je pourrais sculpter quelque chose. Ils disent qu’il y a un atelier à l’étage. Si tu es… d’accord ?

Elle se rend seulement compte qu’elle a effectivement le droit de sortir de sa chambre autrement que pour manger. Ca va être long, hein ?