Au retour du Centre ; je veux bien que tu me dises quand tu estimes que Nico pourra recevoir des visites en terme de jours


Les voilà rentrés. Ariana dort mal. Elle est constamment en quête des nouvelles de ses amis… de savoir s’ils vont bien, s’ils sont entiers. Elle n’ose pas aller voir Lola, qui est aussi encore hospitalisée. Elle est la seule à aller “bien”, mais elle est restée à l’hôpital pour la forme. Elle sait que c’est pour qu’on puisse lui donner des anxiolytiques et la mettre en observation, le temps de voir s’il n’y a pas de blessures qu’ils ont loupés dans la panique. Quand on l’y autorise, elle passe du temps au chevet de ses amis ; on lui a apporté un livre, qu’elle lit sans vraiment lire, en réalité. Aria a donc fini par ramener de quoi faire du crochet. Elle passe de chambre en chambre, discute avec ceux qui ont le droit de recevoir de la visite. Certains sont encore trop HS pour pouvoir en recevoir, les autres… ça dépend, clairement. Nathan est encore en réa, mais Nicolas et Norah ont pu bénéficier de soins rapides.

Elle travaille sur une petite peluche de loup, là. Ses doigts suivent le mouvement d’un geste automatique, c’est devenu habituel pour elle, et au moins elle n’a pas besoin de trop réfléchir à ce qu’elle fait. Quand elle l’a fini, et qu’on l’autorise à voir Nicolas, c’est là-bas qu’elle va se poser. Elle toque tout doucement, par politesse, mais n’attend pas vraiment de réponse.

Aria lui sourit quand elle croise son regard. Ca brille un peu, mais le voir là, réveillé à défaut d’être en forme, ça lui fait du bien.

—T’es réveillé !! chuchote-t-elle avec entrain, la voix un peu tremblotante.

Soupir de soulagement. Elle va s’effondrer sur la chaise à côté du lit et se retient de directement se jeter dans ses bras comme une enfant triste. A la place, elle tient fort la peluche en crochet qu’elle lui a fait…

—Tiens, c’est pour toi. Il fallait que je m’occupe les mains.

Elle la lui tend.

Ca leur fera un truc à parler, à défaut d’autre chose.

—Tu te sens comment ?

Nicolas fixe le plafond... Il a, techniquement, assez craché de la fumée qui tapisse ses poumons, il n'est plus obligé d'avoir un masque à oxygène et donc, de subir ma présence constamment. Il est encore parfois loup, quand il dissocie sévèrement Genre là, il a les pattes qui dépassent du lit, la couverture posée sur lui qu'à moitié puisque de toute façon elle n'est pas assez grande... Il est... pas forcément bien. Mentalement. C'pour ça qu'il est loin là. J'arrive même pas à percevoir s'il retourne ses pensées dans tous les sens ou s'il végète pour de vrai. Les remontrances des médecins et des infirmiers ont enfin eu raison de son hyperactivité il faut croire... Il n'a plus l'énergie de demander des nouvelles de ses amis, de savoir quand est-ce qu'il allait enfin recevoir des visites, quand est-ce qu'on allait enfin le laisser sortir sans le poursuivre et l'engueuler,...

Alors vous imaginez bien que la dose de dopamine qu'il a reçu en voyant Aria était tellement puissante qu'il devait avoir l'air d'un fou furieux, le poil hirsute, sorti de son état comatique avec une violence inouïe mais tellement salutaire. :

-SUNSHIIIIINE !!!

C'est un hurlement de joie, pourtant intensément grave et qui roule dans sa gorge. Si vous avez déjà vu un grand chien piétiner d'impatience et de joie, vous connaissez ce son. Il se redresse d'un coup, jette si fort la couverture qu'elle vole à travers la pièce. Elle s'assoit sur la chaise et il est déjà par terre, si immense qu'il doit se plier un peu pour poser sa tête sur ses genoux, frotter son crâne sur ses cuisses comme s'il réclamait des câlins. Il prend la peluche du bout de ses doigts griffus, la renifle et la garde dans ses grandes mains sans lever la tête de son spot. C'est à moi. :

-Tu m'as manqué ! On m'a rien dit, on me dit de me reposer et je peux pas me reposer parce que je sais pas comment vont les autres... Enfin si on m'a dit à peu près mais c'est pas assez j'ai tellement besoin de voir. Je sens plus les autres alors je dois voir. Donc je suppose que je vais pas très bien et je suis encore Morphe c'est pas facile mais je suis tellement tellement tellement content de te voir alors ça va un peu- non beaucoup mieux en fait. Merci pour le cadeau, ça me fait plaisir, je vais le garder toute toute toute ma vie, comme tous les cadeaux qu'on m'a offert !

...Vous saviez que, d'après une étude, les chiens sont un peu comme les nouveaux nés ; si vous sortez de leur champ de vision, de leur environnement, ils pensent que vous disparaissez. C'est pour ça que la majorité vous suit jusqu'aux toilettes, pleure quand vous les laissez à la maison et que vous partez au travail. Ils sont persuadés que vous disparaissez et que vous ne reviendrez jamais... Fun fact pas si fun mdr.

Nico est tout enthousiaste de la voir… et ça la rassure grandement. Il s’éjecte de son lit — WESH BRO REPOSE-TOI et fonce vers elle pour se mettre au sol et… AHHHHHHHWwwwwwwwwwwww poser sa tête sur ses genoux. Aria se plie en deux pour lui faire des câlins et des papouilles en gloussant, grattouillant sa chevelure-fourrure-truc en fourrageant dedans comme une dingue. Ca la fait éclater de rire — elle pensait qu’elle ne rirait plus jamais, depuis son retour. Ca n’a heureusement pas tardé.

—Haaaaaaaaaaan t’es si chouuuuuu tu m’as trop trop manqué aussi !!

La rouquine sourit largement en le voyant attraper délicatement la peluche et l’admirer, une douce chaleur grimpant dans sa poitrine et jusqu’à ses joues. Il est là, il est vivant, il va mieux ; il est content de la voir, il est enthousiaste. Mais il n’est pas lui-même, elle le sait bien. Il est un peu en train de vriller, mais elle l’aime aussi quand il vrille. Elle refait un câlin à son grand loup qui fait des phrases interminables, frustré au possible. Oh, comme elle sait à quel point il doit souffrir de ne pouvoir visiter ses amis. A quel point ça doit être dur de ne plus sentir autour. S’il n’était pas dans cet état, elle lui proposerait presque de réactiver sa Greffe, afin qu’ils puissent se sentir tous les deux — pas comme un Sensitif sentirait, mais comme un Morphe le ferait. Avec ses tripes, avec son envie de hurler, avec ses muscles qui tressautent, avec l’instinct qui pulse. Mais elle sent son coeur qui bat contre ses jambes alors qu’il est collé à elle, elle sent sa respiration, et elle, ça lui suffit. Elle est toujours pliée en deux, la tête sur la sienne.

—Je suis désolée de ne pas être passée plus tôt, tu n’avais pas le droit à des visites tant que les brûlures n’étaient pas résorbées, gémit-elle. Et je suis trop contente que ça te plaise.

Elle a un peu envie de pleurer mais elle se contente d’inspirer, trop heureuse de le sentir, de l’entendre. Pour le cadeau, elle avait un peu peur qu’il n’aime pas, parce que c’est ironique de faire un loup quand il n’arrive pas à se défaire de cette apparence — mais encore une fois, elle l’aime bien, son Loup. Même si là, il a l’air d’un chiot perdu.

Doucement, la rouquine prend le visage de son ami en coupe et frotte ses joues de l’extérieur vers l’intérieur avec ses pouces.

—Je suis là. Tu as besoin d’aide, pour le morphisme, ou ça te va comme ça ?

Puis elle ajoute, avec un sourire :

—Si tu veux, on pourra visiter les autres chambres ensemble… j’aurai qu’à me déguiser en infirmière sexy pour nous faire une couverture !

Retrouver Nicolas, c’est retrouver son chez-elle. Déjà, elle se sent mieux, plus en sécurité. Et quand il faut s’occuper des autres, c’est un peu plus facile pour elle d’être présente et de profiter de l’instant.

Sunshine s'excuse de ne pas être venue plus tôt et Nicolas ne sait pas comment lui répondre qu'elle n'a pas à le faire. Si lui on l'interdisait de sortir, c'est normal que les entrées soient surveillées aussi, c'était pour son bien. Alors à défaut de mots, il lèche sa joue. Ça doit pas être super agréable pour elle, une grosse léchouille avec une langue immense et baveuse sur la moitié du visage mais instinctivement, il n'arrive à rien d'autre pour exprimer à quel point ça n'avait pas d'importance, qu'il était juste content de la voir.

Elle prend son visage à deux mains et il remue la queue, sourire animal dévoilant ses canines, ses grosses mains tenant toujours la petite peluche. Elle lui demande s'il a besoin d'aide pour ce Morphisme difficile. :

-En vrai ? J'arrive à redevenir humain quand je veux, mais c'est la douleur qui m'empêche de le rester longtemps... Comme si c'était plus naturel pour moi d'être... comme ça. Et je crois que ça me va. Oui. Ça me va d'être comme ça. Je sers de peluche aux gamins et ça m'aide à guérir !

Par contre, quand elle propose de sortir rendre visite à d'autres personnes, même si Nicolas à cette envie, ses deux bras énormes entourent la petite rouquine. Il gronde presque, la voix grave. :

-Non. J'veux être avec toi maintenant. Rien que toi.

...Je ressors une autre fun fact pas si fun sur les chiens/loups ou vous comprenez ce qu'il se passe ?... J'vais partir du principe que oui.

IL LUI BAVE SUR LA JOUE MDR MAIS ALED. La rouquine rit plus fort, et frotte de nouveau la tête de son ami, tout en essuyant la moitié de son visage avec la manche de son pull.

—Aaahh mais t’abuses ! Ahah. Roh t’es trop mignon pourquoi tu me fais çaaaa.

Et elle continue à lui frotter les joues. Non mais regardez-le ! Il agite sa petite queue et fait le bébou tout mignon là… Roh. C’est que ça la déconcentre, en plus. Elle fait une petite tête triste quand il lui dit que c’est la douleur qui l’empêche de rester humain trop longtemps. Oui bah je suis pas sûre que le morphisme ça guérisse mieux tes plaies, petit coeur, mais c’est pas grave. Elle soupire et acquiesce en lui refaisant un câlin parce que gniiiiiih trop chou. Elle trouve un petit spot derrière son oreille, et elle sait qu’il va kiffer.

—Je me doute que faire la peluche ça te convient ! Tu as pu recevoir un peu de visite, quand même ?

Elle pense surtout à sa famille, même si elle se dit qu’il vaut mieux laisser ce sujet de côté pour l’instant, avec l’état d’Aaron… Enfin, même si elle avait voulu en parler, elle aurait fini par oublier, parce qu’il commence à gronder et à faire son territorial en entourant sa taille de ses bras. Le rouge monte aux joues de la rouquine, qui reste les bras ballants quelques secondes, avant de se reposer dans son dos et sur la tête chevelue. Sa voix est un peu hésitante au début, mais c’est parce qu’elle est prise de court.

—O-ok, alors je reste. Je pars pas.

Elle repose sa joue contre sa tête, un peu arquée, pour le serrer fort contre son giron. Il doit avoir besoin de présence, et de se recharger un peu. Un instant, elle se demande si elle peut lui demander s’il préfère qu’elle reste en humaine ou s’il a envie qu’elle se transforme en GROCHIEN aussi, mais en fait elle a trop peur de la réponse donc on va parler d’autre chose hein.

—Je suis contente que tu ailles mieux. J’ai été inquiète pour toi. Mais tu as l’air en forme, alors je m’en fais moins, rit-elle.

Elle s’en fait toujours un peu, mais il est pas sensitif alors scrogneugneuh.

—Ils ont dit quelque chose sur ton état ?

Il a eu des visites oui, mais pas beaucoup, pas assez longtemps... Jérémy lui a fait un topo de la situation avec Aaron, sans doute pour ôter un poids à Lou qui devait gérer aussi de son côté... Un moment encore où Nicolas aurait voulu tout faire pour être présent mais il ne pouvait pas. Et Jérémy lui a répété qu'il devait laisser les parents s'occuper de leurs affaires, qu'ils étaient peut-être leurs gosses mais ils étaient aussi un couple. Nicolas n'a pas compris ça mais dès fois, son grand frère ne dit pas que des conneries... de toute façon c'est pas comme s'il pouvait se déplacer pour aller faire de la merde ailleurs. Il est quasiment persuadé que c'est grâce à Misao qu'il a pu recevoir quelques comptes-rendus des missions... pas toute, et pas l'intégralité non plus. Nicolas n'avait qu'une envie, aller comprendre de lui-même ces foutues injections... ...Mais ça fait déjà chier tout le monde quand je me déplace dans l'hôpital -sous n'importe quelle forme- parce que je morphe constamment dans mon sommeil, mon corps change, mes blessures en subissent les conséquences... et puis va soigner des brûlures avec des poils toi ! Et c'est reparti...

Je ne réponds pas à la première question d'Ariana du coup. J'ai la queue basse, le souffle triste quand elle m'assure qu'elle ne va pas partir... Je frotte mon museau contre elle, puisqu'elle est penché sur ma tête, elle sent le chaud humain et le dehors. Son soleil intérieur et l'hiver extérieur. C'est familier mais son odeur a changé... Je me dis qu'elle doit prendre des médicaments... Je comprends mieux certaines choses depuis quelques temps... La différence entre la vie et la survie, notamment. Nicolas est bien, bien loin encore, peiné, alors tant que j'ai l'occasion de m'exprimer... :

-Ariana... murmurais-je, guttural. Je suis désolé. J'ai fait de mon mieux pour ne pas être trop blessé, je te le promets... Mais je voulais aussi ramener tout le monde à la maison... ...J'espère que tu m'en veux pas.

A la dernière question qu'elle me pose, j'indique en glissant un peu que je vais me redresser -c'est que je commence à avoir mal au dos à force... Je décortique la phrase, bloque à "état"... Ma tête penche sur le côté, les oreilles droites. :

-Mon état ? Physique on vient de le faire donc il reste... mental, mes pouvoirs ?

Si elle dit les deux je rigole. Pour de vrai.

Pendant qu’elle le tient dans ses bras — à moins que ce soit le p’tit Loup qui la tienne — il semble pensif. Elle lui laisse le temps, frotte son dos, la tête contre lui, comme si elle le berçait. Et puis il s’excuse, et l’appelle Ariana — c’est comme ça qu’elle sait, en général, parce que Nicolas ne l’appelle jamais Ariana. C’est bizarre, le lien qu’ils ont ; parce qu’ils en ont jamais vraiment trop parlé, pas directement, mais elle se souvient de sa voix, son intonation, quand il coupe un peu de lui-même. Elle aime bien Loup aussi, parce qu’il est beaucoup moins terrifiant que ce que Nicolas pense, ou pensait. Parce qu’il ne ment pas, il ne sait pas faire, et ça, Aria aime bien. Elle n’a pas besoin d’analyser tout ce qu’il se passe derrière le visage que Nicolas veut bien lui composer.

Elle souffle du nez contre lui et sourit. C’est tout douloureux en elle, et elle a même les larmes salées qui lui montent aux yeux.

—Pourquoi je t’en voudrais… Je suis surtout en colère contre les gens qui nous ont fait du mal. (Pause.) C’est aussi grâce à toi si on est tous rentrés, tu sais.

Il s’est interposé, il ne pouvait rien faire contre l’explosion. Il n’avait même plus sa magie habituelle… Elle lui lance un regard triste alors qu’il glisse un peu.

—On s’est bien fait maraver. Je sais pas si on aurait pu faire mieux. (Elle pleure un peu et sanglote alors qu’elle se souvient de son état. De l’explosion. Elle respire derrière sa main, posée contre sa bouche.) Moi aussi je voulais te protéger.

Et elles ont dû tuer des gens pour les sortir de là entiers. Evidemment qu’elle ne lui en veut pas, comment elle pourrait ?

Elle se repositionne dans le fond de sa chaise pour le regarder, et elle s’est rarement sentie aussi vulnérable. Aussi nulle, aussi. Si elle avait perdu moins de temps, ils en seraient pas là.

—Les… deux, mon capitaine.

Et elle l’observe, défaite, avant de reprendre.

—Je suis désolée. Je te promets. Je te promets que je serai plus forte.

Il sera pas blessé comme ça, la prochaine fois. Elle se le promet.

Elle pleure encore, et oui ça me rend triste mais pas au même point que Nicolas. J'ai une main -patte ???- qui vient se poser sur la joue d'Ariana, si énorme que je pourrais couvrir tout son visage avec en vérité... Mais je suis délicat. Et sur l'autre joue, je viens sécher ses larmes en léchant. :

-Merci. Ça me rassure... Toi aussi tu m'as beaucoup aidé... Le cristal ! A travers la meurtrière et- Oh ! Et juste être là. Tu n'as pas eu peur de moi. Merci.

Je remue la queue... un mouvement que les loups adultes perdent mais est-ce que je suis vraiment un adulte ? ça...

MAIS du coup oui elle demande les deux et je ris. Gorge déployée, gueule en arrière avec tous les crocs visibles. Avant d'être arrêté net par des excuses. :

-Hey. Ariana. J'ai dû déjà te le dire, mais je vais le répéter on sait jamais... Tu as déjà une force incroyable pour nous. Tu as voulu aller sur le terrain. Tu t'es entraînée. Et tu m'as soutenu même... comme ça... Je-... suis pas aussi doué que lui pour- les mots tout ça. Je-...

...-souffle. Regarde le plafond. Envie de courir. Envie de voir des étoiles. :

-Si tu veux me faire la promesse d'être plus forte, j'aimerais aussi que tu restes... toi. Je ne peux pas empêcher les choses de changer. On grandit tous à notre manière mais... si tu peux garder cet éclat en toi. Ce serait cool. très court silence avant le déluge de blabla ......Oh bon sang j'ai peur que tu le prennes mal je suis pas en train de te dire que je t'aime que pour ton optimisme non hein s'il te plaît crois moi juste j'aime comme tu es avec ton énergie et ta façon de voir les choses et réussir à être si douce quand je me déteste tellement des fois je me dis "woah mais Ariana c'est une héroïne de mon cœur en fait elle débarque et je souris wtf" et je sais que tu peux être forte en gardant tout ça je te fais confiance c'est aussi pour ça j'empêche rien mais juste-... euh... Je t'aime énormément. Et je suis content qu'on soit tous rentré à la maison.

Je prends étrangement une forme plus humanoïde pendant mon discours... Je ne m'en rends pas compte par contre, dans la panique, même si je suis clairement d'une taille plus respectable par rapport à celle de la petite Eau. J'inspire fort pour me donner du courage. :

-Mes pouvoirs sont liés à mon mental... Donc-... Je suis pas malheureux en Loup. Je sais que c'est moi, une partie de moi. Je m'en suis servi instinctivement en mission parce que... c'est moi. Justement. La Bête qui attaque quoi... Je crois que je reste parce que j'ai peur... de plus être... Sensitif.

Ah oui là il faut s'accrocher pour savoir qui est "je" ou "je" quand je parle. Je triture la peluche de loup toujours dans ma main. :

-J'peux... avoir... un autre câlin ?...

Elle se souvient aussi du cristal, oui… Du cristal, qu’elle a utilisé avec la force du désespoir. Au fond, elle sait que ce cristal lui a sûrement sauvé la vie aussi, lui privé de magie ; ils ont fait ce qu’il fallait pour que tout le monde rentre, même si c’est dans des états différents, douloureux, difficiles à voir. Peut-être qu’elle aurait aimé être blessée aussi, même si elle est soulagée de ne pas l’être, histoire de ne pas porter toute seule cette culpabilité, comme si elle portait déjà leur cercueil alors qu’ils sont encore vivants face à elle.

—Tu ne faisais pas peur.

Même si c’est pas une transformation super belle, on va pas se mentir. C’est assez déformé, et elle sait aussi qu’il est dangereux. Elle sait qu’il a déchiqueté des gens avec ces griffes, avec ses dents. Mais c’était mieux que mourir tous.

Le loup rit, et Aria le fixe avec ses yeux mouillés qui aimeraient arrêter de pleurer. Elle l’écoute sans rien dire, parce qu’elle sait que c’est précieux, comme moment. C’est pas souvent qu’ils parlent juste tous les deux comme ça, étrangement. Elle aime toujours bien quand il l’appelle par son prénom, même si c’est un peu étrange. Ariana hausse une épaule et regarde finalement ailleurs, alors qu’il cherche justement ses mots. Ce n’est pas qu’elle n’y croit pas, ou qu’elle se dénigre encore, c’est juste qu’elle a du mal à imaginer à quel point c’est important pour lui, ce qu’elle a pu faire. Ce qu’elle peut être. Cet éclat, ça fait un moment qu’elle ne le voit plus en elle, et elle se demande si elle n’a pas fait que le créer de toutes pièces, le faire jaillir d’elle comme un phare, une toute petite flammèche face à un miroir grossissant ; une flamme qu’elle rallume de temps en temps jusqu’à s’en brûler le bout des doigts, jusqu’à ce qu’ils finissent noircis et cloqués.

—Je sais, elle dit simplement à Loup en caressant gentiment sa tête. Je sais que tu m’aimes pas juste pour ça.

Elle arrive à sourire, là, et elle est un peu heureuse en même temps. Même si elle sait que parfois c’est un peu faux, elle sait aussi que souvent, c’est très vrai, tout ça, à l’intérieur d’elle. Même si elle doit le rallumer à la force de sa volonté. Elle aimerait être forte, forte comme il le décrit. Être l’héroïne de son petit coeur. Elle pleure encore un peu, mais c’est plus calme dans sa tête, et c’est plus calme dans son coeur à elle. Parce qu’il a confiance, qu’il sourit quand elle est là, et que ça lui suffit. Elle renifle encore.

—Moi aussi je t’aime énormément…

Et elle lui fait un câlin, à peine a-t-il demandé. Il a dit d’autres trucs entre, comme quoi il a peur de plus être Sensitif, et elle sent que Nicolas a peur, oui. Elle les serre contre son coeur en reniflant un peu, et je crois qu’elle serre un peu trop fort. Désolée pour les bobos.

—On trouvera une solution pour que tu retrouves tes pouvoirs, tu verras. C’est bien que tu t’en sois servi. C’est bien que tu aies été là.

Elle s’écarte finalement après un temps et prend son visage en coupe, comme pour le regarder. Son ami qui est vivant. Elle ne sait même plus elle même ce qui se loge dans sa poitrine, ou dans sa tête, ou dans ses yeux ; si elle est là, ou si elle est encore là-bas. Si elle réussit à maintenir la flamme, ou si elle s’est éteinte pendant un temps. Phare fermé, attention aux rochers.

—On va y arriver ensemble. C’est pas grave si ça fait peur.

Oui, elle sera plus forte. Elle fera face dans la tempête, et elle se rallumera à chaque fois. Mais d’abord, il faut peut-être se reposer. Et la laisser chialer un peu, aussi.