"Assis" qu'elle me dit. ASSIS. JE SUIS PAS UN CHIEN MOI ELLE M'A PRIS POUR UN GOLDEN RETRIEVER JE PEUX AU MOINS AIDER ET- ok, ok je m'assois, pardon. C'est pas possible c'est une daronne pure, elle m'a vu essayer de me lever pour l'aider. D'ailleurs, sa tirade était... étonnamment gentille. Et super salée aussi. Mais gentille. Enfin, je pense vraiment que Karen est pas une mauvaise personne, juste quelqu'un de très bourru et actuellement très fatigué. Genre comme moi. Mais elle c'est tous les jours, vu qu'elle a deux gamins. Mais ok, j'ai pigé, coucouche panier papatte en rond...

- Merci beaucoup, c'est vraiment sympa de ta part. Et si ça peut te rassurer c'est absolument pas prévu que je fasse le casse-cou avec des terroristes...

HAHAHA- Si j'avais su à l'époque.

- Non non y'a pas de souci, c'est normal de nourrir tes enfants omg genre je suis un monstre et je vais te dire qu'il faut qu'ils s'affament mais qui fait ça sérieux !

Non mais les gens qui trouvent ça pas hygiénique, c'est des dérangés. Ça me met tellement en colère toutes ces femmes qui se font reprendre parce qu'elle donnent le sein à leur enfant en public. Genre, mec toi aussi t'as été allaité alors arrête d'emmerder le monde et laisse la dame tranquille. Connard.
Je patiente un peu, le temps que Karen s'assoit avec moi et prenne un des jumeaux sur les genoux. Celui-ci semble fasciné par mon visage, au point où j'en viens à me demander si je me suis pas mis de la peinture sur la tronche. Ce serait possible, dès que je peins je m'en mets partout. Oui, même dans les cheveux et sous les vêtements. J'ai aucune idée de comment je fais mon compte. Mais non, on dirait bien que c'est moi qui le fascine. D'ailleurs voilà Karen qui y va de son petit commentaire. Je hausse un sourcil en regardant Karen. Regardez qui parle. Je mange un peu de l'assiette que m'a servi Karen en la regardant galérer avec son petit. Et vraiment, je peux pas me retenir.

- Franchement, c'est le camembert qui dit au roquefort qu'il pue là. Tu t'es regardée ? T'as l'air encore plus crevée que moi. Et avec deux gosses ça se comprend ok, mais y'a un moment va falloir lever le pied aussi, miss. Parce que les babysitters ça existe et mieux vaut dépenser des sous plutôt que sa santé mentale.

Et tac.

__–Ahahaaaaaaaah, s’ils avaient su à l’époque, ouais.
__–Et là, à la remarque de Camil sur l’allaitement, Karen a eu… mais oui : UN PETIT SOURIRE.
__–« P’tin, t’as pas idée du nombre de troudballos qui feraient ça. Pas à Terrae hein, ça va, mais pas mécontente qu’ils connaissent pas papy et mamie et toute la bande de débiles de chez m… de chez mes parents, mes deux monstres, là. »
__–Allait-elle s’étendre sur ce sujet ? Non. Il ne fallait pas trop y compter. Et alors que Boyce était fort affairé à téter le sein nu de sa mère, Karen écouta, dans un suspicieux silence, un inquiétant calme, une menaçante tranquillité, la tirade de Camil. Quand il eut fini, elle laissa planer un petit instant, occupée qu’elle était à vérifier que son fils à l’air béat se sustentait correctement.
__–« Ils est adorable quand il est calme, hein ? Enfin, le reste du temps aussi, mais là encore plus. »
__–Ptdr frère tu le sais un Tonnerre ça change de sujet que pour te le faire revenir encore plus fort dans la gueule, c’que tu vas manger.
__–À ce sujet. Karen leva les yeux et constata l’état de l’assiette de Camil.
__–« J’ai bien noté que tu te portais volontaire pour les garder. Finis ton assiette au lieu de dire des conneries, sale Français. »
__–Rapport aux fromages.
__–« Parce que c’est vrai qu’une mineure qui te demande de payer en plusieurs fois a les sous pour se payer une baby-sitteuse. Tsk. Mais t’inquiètes. »
__–Wesh frère tu t’en sors vraiment bien. Non puis à un moment, à quel point se serait se foutre de la gueule du monde de lui dire qu’il réfléchit pas avant de l’ouvrir, hein, j’veux dire, on a une reine de la mauvaise foi, mais y’a des limites à tout !
__–Quand Camil eut fini, peu après Boyce, mais avant que John se mît à réclamer, Karen se leva pour débarrasser, avant que le premier ne le fit à sa place, par excès de serviabilité. Puis, elle le mit gentiment à la porte :
__–« Bon bah, encore merci vieux, super boulot, tu gères. J’vais finir de les nourrir et comme bah quand ils bouffent pas ils pioncent, j’vais faire pareil. Ouais elle en a besoin mdrlol. À plus. »
__–Alleeeez seconde fois qu’il a droit à un sourire, mais verni le gars.

Grands dieux, est-ce un sourire que je vois là ?! Bon je suis pas assez con pour faire une quelconque remarque là-dessus, aussi je me concentre plus sur ce que la demoiselle me raconte... Eh bah ça a l'air folklorique dans sa famille aussi. T'inquiète bichette, je compatis. D'ailleurs, je hoche la tête pour montrer ma compassion et la laisse nourrir son petit tranquille. Mais il y a une limite à tout et je ramène donc Karen à la réalité à coup d'expression fromagère. Et je crois que son silence commencerait presque à m'inquiéter quand enfin elle prend la parole.

- Oui, il est adorable... Mais c'est qu'elle change de sujet ?! Eh mais oh change pas de sujet !

Bon, je cherche encore et toujours la merde. Mais c'est vrai quoi, c'est plus des valises qu'elle a sous les yeux c'est des conteneurs... Avec tout ça, j'ai à peine entamé l'assiette et Karen me le fait bien savoir. Je marmonne un peu pour la forme mais mange quand même, parce que d'une part c'est bon, et d'autre part j'ai la dalle ok. La blonde enchaîne sur l'idée de prendre un.e babysitter.euse. Je hausse les épaules.

- T'es ma voisine, je le ferais gratos. Et puis tu dois bien avoir d'autres personnes pour t'aider non ? Genre le Minoru là... Quoique, vu comment t'en parles je sais pas si lui confier des bébés c'est la meilleure idée au monde. Non mais dis rien ok je ferme ma gueule j'ai compris je mange !

Après que j'aie fini l'assiette, j'ai même pas le temps d'aller débarrasser qu'elle est déjà debout. Ok je pige le côté Tonnerre là. Je me doute qu'elle doit avoir envie d'être au calme donc j'attrape mes affaires et la laisse me reconduire à la porte. Je lui souris.

- Ouais je vais sûrement aller faire un coma de quelques heures. Allez, repos-toi bien, miss.

Et voilà, je suis dehors. J'AI EU UN AUTRE SOURIRE JE L'AI CASSÉE C'EST PAS POSSIBLE. Comme promis, direction mon lit pour un coma bien mérité.