HRP : Ce rp fait suite au troisième poste du rp KAERU NO GASSHŌ ♫
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- Ce n'est pas de ta faute, Katsuyo.

Je me suis toujours dit, qu'un jour, je devrais y faire face. C'est quelque chose dont je parle souvent avec ma psy.

Je veux dire, d'à quel point je me déteste.

Je n'ai pas de problème de confiance en moi, loin de là. Je me trouve un peu bizarre, bête et j'en passe des fois. Mais je suis contente de mon visage, de mon physique. Même ma personnalité, j'arrive à l'apprécier. Pourtant, je me hais. Je me souviens, que la première chose qui est devenu invisible, lors de la dernière phase de l'éclipse, c'est la main qui a encastrée mon père dans le mur.

Quand j'ai demandé à Tsubaki de m'envoyer discrètement les radios de papa, j'ai eu une crise d'invisibilisme. C'est un mot inventé. Par moi. Ca me le fait souvent. La première, c'est quand j'étais à Todaï. Je suis devenu invisible, et avant d'être angoissé de ce qui m'arrivait j'ai été soulagé. Plus personne ne me voyait c'était parfait. la deuxième, elle a eu lieu avec Pandora. Quand j'ai entendu une porte claquer. C'était compliqué à discerner vu que j'étais déjà invisible à ce moment.

Mes crises se manifeste de cette façon : Un déclencheur survient, mon énergie s'affole, je deviens invisible. Je cesse de l'être une fois que je n'ai plus aucune énergie.

- Tu n'es pas un monstre, tu es juste, différente.

Si papa, mes amis de Terrae n'ont pas encastré leur père dans un mur, non pas péter une route, n'ont pas volé dans une épicerie. Je ne suis pas la seule à être arrivé pendant l'éclipse, alors pourquoi, pourquoi, j'ai fais toute ces choses. Tu m'as pardonné papa, mais moi, je ne me pardonne pas. Je pleure un soir sur quatre, quand je suis suffisamment reposé pour penser. C'est pour ça que je me blinde de boulot, ne plus penser, rien que le positif. Ou alors, le négatif mais qui ne me touche pas. Je veux pas me pardonner, j'ai plus aucune envie de m'aimer. Quand on me dit que je suis géniale, belle, qu'on me complimente, je souris, et mon cœur se déchire. J'AI ENCASTRE MON PÈRE DANS LE MUR.

Et à cause de moi, ma soeur est rentré aujourd'hui, de l'école. Avec sur son sac des horreurs qui l'insulte, parce que c'est ma soeur. Parce que c'est la soeur d'un monstre. La maison a été vandalisé, la moto de mon père qu'il avait galérait à récupérer alors qu'il peut plus en faire, à été pété. Tout ça, c'est ma faute.

- Je vais régler ça. Je t'aime papa.

Je raccroche. Bon. premier étape, cla- Il fait chaud. Trop. Je contrôle la chaleur en permanence, car la mienne est un peu plus élevé. ça crépite. Je souffle.

J'ai mis le feu. Putain. Mes dossiers, mes notes. Tout crame. Je me tourne vers les flammes, elles partent du centre de ma chambre. Visiblement, j'ai encore disparu. Mon téléphone aussi. Je pianote, plus par réflexe qu'autre chose. Je préviens Ariana qu'un feu s'est déclenché dans ma chambre. Puis je passe dans ma salle de bain, les flammes s'écartent sur mon passage, comme si elles étaient dévoré par d'autre. Je remplis plusieurs bouteilles d'eau.

Je sors, je marche vite, les bouteilles ont disparue aussi, seule l'eau réapparaît quand les flammes le font aussi. Je prends les escaliers, au moment où je les touche, la rambarde disparaît. Je comprends. Tout ce que je touche disparaît. Je titube, la dépense d'énergie est trop grande. Et maintenant une marche est invisible, je me redresse difficilement. La salle de science. Vite. Je prends pas mon temps, il est tard, mais pas encore trop, j'espère qu'il sera là. Je descend les escaliers. Ils ne disparaissent pas. C'est le contact avec ma peau qui fait disparaître les choses.

La porte de la salle disparaît quand je la pousse. Une couronne de flamme dessine la silhouette de mon crâne.

- Misao ! Je m'étoilise ! Mais surtout, je dois voir la directrice. Ma famille est en danger.

Je vais un peu à l'essentiel.

Leur avancée au laboratoire a subi de nombreux revers, ces derniers temps. A présent, un prototype à peu près fonctionnel du sérum antidote à l’anti-pouvoir a pu être préparé ; malheureusement, il n’est pas encore cent pour cent fonctionnel et, ces blocages le rendent un peu grognon. D’autant plus que Katsuyo semble de moins en moins concentrée sur son travail, et qu’il a eu la bonne idée de reprendre les cours d’auto-défense en même temps que Pandora… qu’il croise du coup plus régulièrement, bon, ça veut dire qu’ils ne peuvent plus s’ignorer comme des crétins, du coup. Mais la gêne, s’il-vous-plaît.

Bref, tout ça pour dire que Misao était dans le labo, à produire une nouvelle dose de leur nouveau prototype au serum antidote (il va falloir lui trouver un nom, à cette merde) ; a priori, avec cette base, plus trop de danger, il peut maintenant organiser certains tests seul… à condition qu’Hideko soit prévenue et qu’il l’appelle au moindre dérapage, bien entendu. Elle reste assez protectrice de son frère, faut dire. Sa toute nouvelle machine de détection de l’énergie fabriquée par Mitsuki, un petit objet de la taille d’un téléphone, avec quelques boutons et un écran permettant d’indiquer les données, est posée à côté de lui. Il s’amuse à en tester les variations régulièrement, persuadé que dans ce petit appareil réside les secrets de la magie de Terrae.

Cela l’aidera aussi à voir où son niveau d’énergie se situe durant l’expérimentation. Il allume donc la caméra, qu’il utilise pour documenter ses recherches, tel un vloggeur qui s’ignore, et commence :

—Test numéro… attendez, c’est le combientième… (Il regarde ses notes et soupire.) Test numéro 7 du serum antidote à l’anti-pouvoir — Hideko, je te propose le nom “serum AAP”, j’en ai vraiment marre de ce nom à rallonge. L’essai numéro 6 a été concluant en curatif, mais l’effet est encore moindre en préventif et ne permet que de gagner une ou deux minutes avant l’effet du produit AP — anti-pouvoir. Après une révision de la formule, notre objectif avec l’essai numéro 7 a été de consolider l’effet préventif, permettant aux Terraens qui l’utilisent de ne pas être affectés par les tirs de seringue. Il sera peut-être nécessaire de créer deux formules différentes ; une pour le préventif, et une pour le curatif…

Le préventif, c’est pour utiliser le produit comme une sorte d’immunité au serum AP. Le curatif, c’est une fois qu’on a été injectés. Actuellement, l’effet curatif est efficace, mais seulement si on se l’injecte très rapidement après infection. L’effet préventif permet de rajouter du temps avant de nécessiter une nouvelle dose, et ne fonctionne pas suffisamment longtemps.

Misao checke donc son matériel et le capteur qu’il s’est mis dans le creux du coude ; il s’est arrangé pour que les données soient enregistrées sur l’écran d’ordinateur en même temps, ce qui lui permettra de superposer les données en temps réel. Les idées de Katsuyo sont brillantes, il n’y aurait sûrement pas pensé lui-même.

—Mon énergie est détectée à son niveau de base.

Le niveau de base est différent pour chacun, mais augmente exponentiellement avec une montée de rang, ou quand les pouvoirs sont utilisés. Les marqueurs ne sont par ailleurs pas tout à fait les mêmes selon ces différents critères, mais ils ont déjà pu recouper ensemble certains schémas. Il lui a fallu porter le capteur une journée et une nuit afin de détecter les moments d’activité ou inactivité de ses pouvoirs et finalement calculer ce niveau basal moyen. Il a pour projet de demander à certains proches de faire la même expérience, en commençant par les membres de la cellule scientifique et les Masters volontaires. Il attend pour cela l'arrivée de la prochaine machine de Mitsuki.

—Test des variations d’énergie.

Il fait apparaître une flamme ; le taux d’énergie augmente. Il la fait disparaître ; le taux diminue.

—Bien. Test numéro 7 du produit AAP, mode préventif…

Il attrape le stylo injecteur — il n’aime pas trop ça, mais la science c’est la science — pour pouvoir se l’injecter au creux du bras.

—Pas de variation d’énergie détectée pour l’instant.

Bon, espérons qu’il ne soit pas bloqué pendant trois semaines comme lors de leur deuxième essai, hm ?

Il attend un peu, les yeux rivés sur l’écran, puis refait la même démonstration avec son Feu.

—La variation est la même que tout à l’heure, le produit n’a pas d’effet sur les pouvoirs. Pas d’effet secondaire pour l’instant.

OUI. POUR L’INSTANT.


Cette fois il attrape le stylo injecteur du produit anti-pouvoir et… et l’alarme incendie se met à retentir. D’abord de faible intensité, avec un bip particulier, elle prévient sans doute d’un incident au couloir Feu. Bientôt, le bip change, et l’alarme retentit jusqu’à cet étage ; c’est l’ordre d’évacuation.

—Putain, sérieux.

Misao louche sur son stylo injecteur et grogne en le reposant, il enlève le capteur et commence à se diriger vers la porte, la machine encore en main… la machine qui bipe de plus en plus fort, et indique un niveau d’énergie élevé. Oh… OHhhh. Il veut sortir quand la porte devient invisible ; des bouteilles apparaissent et disparaissent par intermittence, la couronne de flammes de Katsuyo est…. littéralement flamboyante. Il reconnaît parfaitement la voix de son assistante, bien qu’elle ne lui apparaissent pas ; il plisse les yeux et tâche de projeter son énergie vers elle alors qu’il l’attrape par le bras. Balek des flammes, il est Feu aussi ; il parvient à les faire reculer un peu, mais l’énergie de Katsuyo est élevée…

—Ouais, je constate, dit-il placidement en lui plantant la machine sous le nez — et il glousserait presque de bonheur parce qu’il a là des données lui permettant de quantifier une Etoilisation en cours, mais justement, bon, il y a une Etoilisation en cours. Une chose à la fois, tu vas pas rentrer dans cette salle y a des produits inflammables. Et mes données. Sors.

Et il la pousse hors de la salle, l’accompagnant dehors, notant mentalement les données affichées sur la machine. Trop de trucs en même temps.

—Qui s’occupe des flammes ?

Il entend déjà des cris, des personnes qui s’organisent. Ok tout va bien, ils se sont organisés pour l'incendie, il peut s'occuper d'elle. Par contre y a des flammes au niveau de l’escalier, qu’il tâche de diminuer. Regard à droite, à gauche ; Katsuyo a pas l’air… bref, évidemment qu’elle va pas bien. Il lui tend la main.

—Faut que tu contrôles, diminues. Comme si tu baissais le feu.

Pendant que ça s’active autour d’eux pour contenir les flammes qui grimpent dans l’escalier, les autres étages doivent déjà avoir commencé à évacuer par les escaliers de secours. Quelques ordres sont donnés par des Sonores qui transmettent les infos. Misao, lui, attrape fermement la main de l’étudiante en contenant les flammes autour d’eux. Les empêcher de s’étendre plus, qu’elles ne déversent tout. Il contient cette invisibilité qui essaie de l’envahir — le pouvoir de Katsuyo, et lui renvoie en retour sa propre magie pour envoyer l’impulsion inverse ; que cette magie s’épuise contre lui, contre son propre pouvoir. Si les flammes sont plus incontrôlables, Misao se contente simplement d’y injecter son énergie pour pouvoir les empêcher d’aller trop loin et de le dévorer tout entier. Il sait qu’il ne fera pas le poids contre l’énergie d’une nouvelle Etoile sans sceau.

Il la tient, il sera un ancrage, ferme. Même si parfois les flammes de Katsuyo essaient de le blesser. Ses yeux à lui aussi s’illuminent d’écarlate.

Katsuyo est étrange, à ses yeux. Elle a souvent l’air éteinte, derrière son sourire. Toujours à disparaître, invisible.

Et pourtant, elle brille.

Quand j'ouvre la porte, Misao est devant moi. J'arrive pas tellement à savoir ce qu'il pense. Il me présente le détecteur d'énergie de Mitsuki. Mais oui. Je m'étoilise. C'est le moment où jamais de récupérer des donnés.

- D'accord.

Je ne peux pas acquiescer, donc je dois répondre verbalement. Je recule avec lui - il m'a attrapé le bras. Il me demande qui s'occupe des flammes.

- J'ai prévenu Ariana, la préfète des eaux lunaire.

Il me demande de contrôler et me donne quelques conseils. Je sens mes yeux qui me brûle. Je redeviens visible un bref instant alors que je souffle un oui. Mes yeux se ferment. J'ai l'impression que la peau de mes paupières est en train de sécher. Je sens des larmes humidifié le coin de mes yeux. Je visualise une gazinière. Et le feu qui s'estompe. Mon énergie se dirige vers Misao, elle veut qu'il disparaisse. Mais il projette la sienne vers moi. Je ne résiste pas. Je m'appuie sur elle autant que possible.

Je n'ai jamais été trop doué pour percevoir une autre énergie que la mienne. Mais justement, je peux clairement dissocier mon énergie maintenant. Je la verouille.

- Vous pouvez lâcher mon bras. Je vais baisser les flammes. Madame Honda doit être prévenue de la situation de ma famille, ils doivent déménager. Ils sont persécutés à cause de moi.

Je parle vite. Mais clairement, il n'y a presque plus d'émotion dans ma voix, si ce n'est que parfois ma voix semble casser. Je réussi à faire baisser les flammes les plus loin de moi. Ça sent le brûler, mes vêtements ont commencé à cramer.

Il me faudra un nouveau pyjama.

Heureusement qu'aujourd'hui j'ai mis autre chose qu'une culotte quand même.

Mes flammes dessinent maintenant ma silhouette. Je sens leur chaleur, mais elle ne me brûle pas.

- Je contrôle, il faut qu'on profite de cette occasion pour récupérer les données d'une magie sans sceau. Et les effets de l'etoilisation.

Je me recule un peu pour me mettre dans un coin qui ne craint pas trop et sous le système anti-incendie. Si mes flammes s'amenuisent je pourrais les contrôler d'une meilleure manière. Je m'efforce de contrôler et condenser les flammes près de moi pour ne pas le blesser.

Le feu est un élément affreux. Il est destructeur. Il est monstrueux. Et je refuse que mon feu fasse plus de dégâts. Je suffoque doucement. Si mon feu ne me dévore pas, il dévore l'oxygène.

- Je peux tenir. Faîtes les tests nécessaires.

Je suis déterminée. Nos étoilisation sont destructrices car on ne les contrôlent pas. Mais on ne peut pas contrôler quelques chose dont on ignore tout.

Elle est complètement éteinte, on dirait que ce sont ses flammes qui essaient de la maintenir en vie. Comme deux forces contraires, une qui veut l’annihiler, l’autre la faire briller de mille feux.

Misao acquiesce quand elle lui demande de lâcher son bras, mais il ne le fait qu’à contre-coeur, pas certain de pouvoir lui faire confiance dans cet état d’esprit. Au moins, elle a eu de bons réflexes et a prévenu qui de droit ; il ne doute pas que cette hyperactive parviendra à mobiliser du monde pour s’atteler à éteindre l’incendie, même s’il sait aussi que tout n’est pas aussi simple que “l’eau éteint le feu”. Pas son problème actuellement, son problème réside dans le fait de ne pas cramer avec la petite Invisible qui lui fait face. Mais elle semble gérer… du moins elle dit qu’elle gère… comme elle a dit qu’elle gérait.

—Je la préviendrai, mais je t’ai dit une chose à la fois, assène-t-il plus durement. Elle t’aidera à régler le problème, mais pour le moment c’est sur ici et maintenant que tu dois te concentrer.

Il fronce les sourcils.

—Et qu’est-ce que tu veux dire, à cause de toi ?

Il imagine très bien. Les flammes, les blessés, le bordel. Bref, rien qu’Hideko soit incapable de comprendre et de gérer. Il aimerait dire que les données sont effectivement importantes, mais il imagine le visage inquisiteur de sa frangine et grogne, faisant signe à Katsuyo de ne pas bouger. La machine s’affole entre ses mains, mais il se précipite tout de même à l’intérieur pour attraper son téléphone… et le capteur.

—Je vais surtout appeler Hideko pour qu’elle contrôle ces foutues flammes, j’y arriverai pas seul.

Tout en pianotant sur l’écran du téléphone, il revient vers elle et, respirant fort pour rassembler assez d’énergie pour aider Katsuyo à dégager une partie des flammes, dégager l’air autour d’elle. Il la voit respirer fort, difficilement.

—Tu vas étouffer, t’es complètement folle. Je vais pas faire d’autre test. Essaie de réduire.

Il lui colle quand même — d’une claque — le capteur sur le bras. Les données continuent à être enregistrée par l’appareil et retransmises en direct sur le PC. Il range l’appareil dans la poche arrière de son pantalon — qui a le bout des jambes calciné — et dans le même mouvement, appelle sa soeur. Derrière, ça s'active un peu pour éteindre le feu dans les escaliers.

—Hideko, on a une étoilisation de Feu devant la salle des sciences, c’est Katsuyo. La moitié de l’escalier principal est en train de cramer, t’es encore à l’institut ? Dis-moi ce que je dois faire, elle va manquer d’oxygène si tout continue à cramer.

Bon, et lui aussi va manquer d’oxygène, soit dit en passant. La chaleur est vraiment dégueulasse, l’eau tombe des valves du plafond, mais les flammes dans lesquelles est condensée son énergie ne faiblissent qu’à peine.

Lui aussi parle vite, mais distinctement, organisé, méthodique ; tout en dégageant les flammes, réduisant leur taille pour qu’elles prennent moins d’oxygène. L’énergie qui se dégage d’elle est faramineuse… est-ce qu’elle essaie au moins de se contenir ?! Il lutte contre l’énergie de la Feu pour contrôler ses flammes, dents serrées.

—Katsuyo, on s’en fout des tests. Respire.

Ca dure combien de temps, ces merdes ?

Il jette à nouveau un oeil sur le détecteur ; l’énergie commence à s’amenuiser…

Il me dit que je dois me concentrer sur maintenant. Je ne fais que ça, oui. Mon cerveau surchauffe, j'ai la nausée, je me sens fiévreuse. Je suis en train de réfléchir à comment sortir ma famille de là, comment faire en sorte de contrôler mes flammes, aux données qu'on pourrait retirer de cette situation. Il me demande pourquoi c'est à cause de moi. PUTAIN C'EST VRAIMENT IMPORTANT ?

- Oui. Parce que je suis Terraenne.

Je souffle ces mots. Je ne mets plus tellement les formes, il faudra que je m'excuse. Il part et reviens avec son téléphone, dieu merci. Puis il souligne la dangerosité de la situation. Je sens le capteur disparaître dans le creux de mon coude. Je me place sous les jets d'eau.

- J'essaie, mais ça ne fonctionne pas. Je ne contrôle rien.

Quand les flammes réduisent, j'essaie de les atténuer, mais ça ne marche qu'un temps, après quoi elles continuent de s'intensifier. Comme si elle dévorait mon énergie. Je promets que j'irais plus souvent au cours sur les pouvoirs pour maîtriser mon feu. J'étouffe une quinte de toux. Je sens mon corps taper contre le mur. Je sens mon énergie se rediriger vers lui. Ok. Ca peut marcher.

- Je vais utiliser mon invisibilité, attention.

Je pose ma main sur le mur, le sol, je les sens disparaître, je ne fais disparaître que la surface, donc on est pas dans le vide, mais c'est déroutant. L'énergie de mon affiliation prends celle de mon élément, les flammes baissent un peu. J'essaie maintenant d'en moduler la chaleur, je les dirige vers le sol humide. De son côté Misao appelle Hideko, Bon, ça fait ça de moins. J'ai l'impression que ça me libère d'un poids, j'arrive à reprendre davantage de contrôle sur les flammes, je ne pourrais pas les éteindre, mais je peux au moins les réduire. Je manque vraiment d'air et mes jambes sont en coton, je sens que mon énergie s'amenuise.

- Quand je suis dans une situation similaire, ce qui fonctionne pour que ça s'arrête, c'est de ne plus avoir d'énergie.

Si seulement j'avais été à la salle d'entraînement, je suis trop conne putain. Je serre les dents quand il me dit qu'on s'en fout des test, non je suis pas d'accord. Je veux les rendre possible. Je me concentre davantage pour amenuiser les flammes. Et là, une pensée me traverse. Vraiment un court instant.

Je veux que ça s'arrête, que ça disparaissent.

Les flammes disparaissent soudainement. Mais pas la chaleur.

- Merde.

Je suis un boulet.

- Je n'ai pas dissipé les flammes. Elles sont devenu invisibles. Mon énergie s'est mélangé.

A trop vouloir compartimenter, ça se casse la gueule, je devrais le savoir.

Parce que je suis Terraenne. Les mots résonnent et font mal, même pour lui, car ils impliquent tant de choses qui ne peuvent se dire. Il acquiesce, l’air grave ; comprend. Comment réagir autrement ? Mais cela lui laisse entendre les implications de ce qu’il se passe, et probablement pourquoi Katsuyo en est arrivée à ce point d’implosion. L’explosion du potentiel Etoile d’un individu est rarement paisible. Cela arrive, parfois. Mais… Il inspire.

“Je contrôle, mais je ne contrôle rien.” Misao renvoie un regard grave à la jeune femme.

—Alors laisse-moi t’aider, au lieu de vouloir tout faire par toi-même, siffle-t-il avant d’appeler sa soeur.

Soeur qui lui donne vraiment des conseils merdiques, à savoir “mets la derrière les portes coupe-feu du laboratoire” et “lol utilise tes flammes comme le merveilleux feu que tu es le temps que j’arrive”. Evidemment, elle est à la maison, sinon c’est pas drôle. Elle fait la maligne avec son attitude de mère de famille respectable, là. Il parle un peu vite :

—Ouais ben évidemment que j’essaie de les contenir, mais j’aimerais t’y voir avec mon niveau de nullos face à un sceau qui vient de péter. Et t’es dingue, je vais pas la mettre dans mon labo et risquer de faire cramer les données ??? Y a des produits inflammables là-dedans !

(Oui, “mon” labo, ok, il y est attaché.)

—Bon, je m’en fous de ce que tu fais, mais bouge-toi.

Il inspire, lui raccroche au nez avant qu’elle ait pu protester et range son téléphone dans la poche arrière de son pantalon — l’autre poche — avant de fermer les yeux. Ok, ressens les flammes. Elles sont plus puissantes que les tiennes, mais t’es Etoile depuis longtemps, tu devrais pas être aussi nullos que tu le crois nan ???? Katsuyo semble avoir une idée intéressante de comment cesser ce genre de crises, mais cette réponse ne lui convient qu’à moitié.

—Ok, alors déverse tout ce que t’as. Pas trop fort, petit à petit. J’vais essayer de contenir avec toi.

Autour de Katsuyo, tout disparaît à nouveau. C’est bien. C’est moins bien quand les flammes disparaissent aussi. Misao commence à ressentir un brin de panique parmi l’adrénaline ; il déverse son énergie dans la chaleur autour d’eux pour l’annuler, réduire les flammes. Putain c’est lui qui va finir à sec avant elle. Il sent que sa patience s’effrite et, comme il lui est déjà arrivé lors d’un épisode de grosse fatigue quelques semaines plus tôt, suite à un nouvel échec dans la création de leur serum, sa langue claque plus vite que son cerveau ne met les mots en ordre :

—Bon maintenant tu vas m’attraper la main et arrêter de dire que tu contrôles. Tu contrôles trop. C’est ça le problème, arrête de contrôler putain.

Il s’approche et se glisse dans le cercle des flammes de Katsuyo, utilisant les siennes pour les refroidir et les absorber ; il lui tend ses deux mains, ses yeux à présent complètement rougeoyants de l’énergie des Feux.

—Prends mes mains. Arrête de contrôler. Laisse tout sortir, ça suffit.

À la chaleur des flammes de Katsu s’oppose celle des flammes de Misao, qui les enveloppe, comme pour les contenir. Il ne les efface pas. Et si elle lui saisit les mains, c’est son énergie d’Invisible qui ira vers elle pour se greffer à la sienne. Il peut voir la salle dans le mur derrière Katsuyo apparaître. Sous ses propres pieds, le sol commence à s’effacer aussi alors qu’il tâche de diriger son invisibilité vers l’extérieur.

Les mots de Misao sont durs, mais il ne fait que dire la vérité. Je refuse toujours l'aide des autres quand c'est critique. Je crains trop de les blesser. Et cette situation, me met face à tous mes démons. J'entends sa discussion avec la directrice. Je sens mon corps perlait de sueur, et mes yeux se remplirent de larme. Les sillons que ses gouttes tracent je les ressens, et j'ai l'impression que ce sont eux qui font fluctuer ma magie.

Je lui propose un option, qu'il semble trouver adéquate. Ok, je dois relâcher par vague. Je dois lui faire confiance. Le laisser gérer. Je sens sa chaleur se déverser autour de nous. J'essaie de souffler. De toute façon, s'il ne m'aide pas, je risque de mourir et les autres avec.

- Très bien, si c'est ce que vous voulez.

J'agite ce que je suppose être mes bras pour attraper ses mains en sifflant ces mots. Deux esprit pragmatiques angoissés, ça donne une tension bizarre. Nos mots sont cordiaux, mais trop justement ça en fait limite ressortir notre agacement.

Ses mains dans les miennes, je sens son énergie qui essaie de s'étendre jusqu'à moi. Je relâche. La température monte d'un coup, et je me sens de moins en moins. La panique s'immisce en moi. Je contrôle pour réduire le déferlement.

- Je fais des à-coup comme ça ? J'ai l'impression que ça me consume.

Ses yeux brillent très fort, eux aussi. Quand il dit "Laisse tout sortir", mes lèvres tressautent.

- J'ai peur.

Mais je m’exécute. C'est horrible, tout se déverse, j'ai l'impression de me vider, ma voix s'éraillent. Je ne sais même pas si je cri. j'entends, ma peur et ma peine, mais je ne les sens plus. Même le contact de ces mains me semblent lointain. La chaleur s'éloignent aussi, mais, même si c'est difficilement perceptible, je sens de la douleur. Et une odeur de brûler. Putain de merde. Mes cheveux.

Veuillez me pardonnez, mais.

Niquez vos races, pouvoir de merde.

J'ai disparu.

hrp:

La peur commence à l’envahir. La chaleur sur sa peau le brûle lentement, mais pas autant que s’il n’avait pas été Feu ; c’est plus lent, ça le consume plus que ça ne fait cloquer sa peau. Il sent qu’il transpire, l’air est irrespirable, dense et lourd comme la fumée qui envahit les couloirs. Et ça continue, et ça continue. Il s’agace et s’énerve, c’est sa manière de garder le contrôle en lui, pour lui. Parce qu’il a peur à la fois pour Katsuyo, pour lui, pour ses données, pour les salles de classe pas loin, pour les autres habitants de Terrae. Il sait que ce n’est pas un petit incendie qui fera beaucoup de mal, mais il sait aussi qu’il suffit d’un moment d’inattention, de panique. Alors il faut s’ancrer, là, maintenant ; les deux Invisibles soufflent ensemble, de concert.

Nan, c’est pas ce qu’il veut, Katsuyo. Il voulait juste s’occuper de son boulot ce soir, pas gérer un incendie. Pourtant il est là, parce qu’elle est venue le chercher ; c’est pas qu’il a pas le choix, mais il se laisse pas le choix. Alors maintenant, on relâche, mais on relâche doucement. Misao s’accroche à ses doigts, la laisse s’accrocher aux siens.

—C’est très bien.

C’est un peu trop d’à-coup, et lui ne parvient pas à réduire les flammes et la chaleur autant qu’il le voudrait, mais au moins elles s’agglutinent à eux, pas en dehors du cercle qu’ils tracent ensemble de leur énergie. Une partie de sa chemise commence à cramer, lentement, comme un morceau de parchemin que des braises encore allumées grignotent petit à petit.

—Je sais. Ca ira. C’est ta magie, elle peut te faire du mal que si tu l’y autorises. C’est une partie de toi.

Elle relâche tout, et c’est trop fort. Le monde brûle, les deux deux Feux brûlent. Ses mains lui font mal, mais il se raccroche à elle, éloigne les flammes de la jeune femme de son mieux, comme lors d'un match de tir à la corde. Sauf que là, il faut à la fois contenir et repousser. Envelopper. Autour, les flammes forment comme un dôme, et tantôt s’approchent et s’éloignent d’eux. Katsuyo crie, il ne la voit pas, et Misao serre les dents très fort.

—C’est bien-

Nan, c’est pas très bien, il aurait besoin d’aide. Il tousse. Peine. Pousse plus fort sur sa magie, qui, même s’il ne la travaille pas si souvent, est là aussi. Et puis l’énergie de Katsuyo diminue enfin. Les flammes se font moins explosives, plus dociles. Il peut réduire leur température, les circonscrire à une zone plus définie ; les réduire. Les abaisser. Haletant, Misao se rend compte que ses joues pleines de suie comportent le sillon de la sueur et des larmes qu’il ne sent plus. Il doit aussi avoir le bout des cheveux qui ont cramé et une partie de sa chemise et son pantalon sont brûlés. L’eau des bornes incendies du plafond aident à réduire ces flammes magiques presque immortelles, vicieuse, qui semblent renaître malgré l’impression de pluie battante. Ils pataugent dans l’eau et les flammes.

Il se rend compte qu’il n’a pas lâché Katsuyo non plus, et ne bouge pas. Bientôt les flammes meurent, disparaissent. Certaines dansent encore autour, vivaces, mais s’effondrent aussitôt avant de renaître, de plus en plus faibles.

—C’est bon, c’est enfin fini.

Pourtant, tout est allé tellement vite. Il n'ose pas encore réduire son propre débordement d'énergie, de peur de s'effondrer au sol sitôt fait.

Si Misao ne me tenait pas, je crois que je perdrais complètement pied, l'emprise que j'ai sur moi est étrange. Je peux bouger, mais, je n'arrive pas à savoir si je bouge ou si je crois bouger. Ma tête me fait mal, alors qu'au milieu de cette fournaise, je suis en train de réfléchir aux explications métaphysique de l'existence.

J'essaie de me concentrer sur ces mots. Elle ne peut me faire du mal qui si je l'y autorise. Je souffle.

- Il faudra peut être que je parle de ça à ma psy, alors.

Les cheveux brûlé, ça se sent. J'imagine que je peux m'estimer heureuse, de n'avoir pas d'autre blessures. Je sens quand même des picotement un peu partout. Mais quand on a aucune conscience de soi, c'est compliqué. En fait, je ne sais pas si la douleur que je ressens est la même que celle que je ressens quand je suis visible.

Mon énergie continue de se déverser, je sens celle de Misao qui la contraint. Et je panique. C'est une panique froide, presque sereine - pléonasme, je sais - mais, elle vient de fait que je réalise qu'à présent je n'ai plus de contrôle. Même si je voulais atténuer les flammes, c'est impossible, elles vont juste dévorer toute mon énergie. J'ai la tête qui tourne, elle me fait mal, ma vue se trouble. Je suis obligé de fermé les yeux.

Il n'y a plus que le vide, le noir absolu. C'est vertigineux. Comment savoir si j'existe, si tout n'est pas un rêve. Il n'y a que le bout des doigts de Misao. Rendu moite par nos sueurs et l'eau qui tombent du plafond.

Au bout d'un moment, je ne sais pas trop combien de temps, la chaleur baisse un peu, le clapotis de l'eau reprend possession de l'espace sonore. Je n'ai plus d'énergie. Je m'affaisse. Aucune idée de ma position dans l'espace, mais ça doit être quelque chose comme un tas de chaussettes dépareillées.

- C'est fini ? Vraiment ?

Je sursaute presque en entendant ma voix, elle est différente. Éraillée, fatiguée. Mais je crois, que, je devrais être rassurée.

- Je vais essayer de me lever. Dans pas longtemps. Quand je saurais où sont mes jambes.

Ce que je dis n'a aucun sens, mais là tout de suite, j'ai pas la force de dire des trucs qui en ont.

La voix de Katsuyo est tout près, juste là, face à lui ; pourtant elle lui semble lointaine, comme un murmure étouffé par l’agitation de l’institut, de l’alarme, des douches du plafond, des gens qui se crient des directives, à l’étage juste au-dessus. Ca résonne dans la cage d’escalier derrière eux, pendant qu’il continue de la tenir. Elle semble vaciller, elle doit sûrement être affaiblie. Misao, lui, sent son corps lui échapper, mais juste un peu ; juste un peu transparent, puis visible entièrement à nouveau, comme si son pouvoir d’Invisible voulait se joindre à la fête. Mais ce n’est pas le moment. Au contraire, il faut qu’il reste visible, pour que Katsuyo puisse s’accrocher plus fort, aussi fort qu’elle le puisse. Lui aussi a la tête qui tourne, avec tout ça ; il tousse encore contre son épaule, la fumée l’irrite, mais elle est moins volatile avec l’humidité qui l’alourdit.

Les flammes qu’il ne parvient plus à éteindre sont achevées par l’eau qui ruissèle. Finalement, il fait presque un peu sombre dans le couloir, maintenant que tout s’est éteint. Pourtant, dehors, le soleil brille encore.

Quand tous est fini, Katsuyo s’effondre, et Misao ne peut que retenir ses mains pour ne pas qu’elle s’éclate au sol. Il essaie de trouver son dos, la tient, la laisse se poser au sol, contre le mur. Ses propres jambes tremblent de fatigue alors qu’il s’accroupit, sort les appareils de sa poche arrière, et se laisse tomber cul par terre, dans les flaques qui s’étendent de plus en plus. Bientôt, même le son à l’étage se calme ; l’alarme finit par s’éteindre. Toute sa tête bourdonne, et il ramène un genou contre lui pour s’y appuyer, la tête lourde et la respiration sifflante.

—Non, reste assise.

Il y a un silence qui s’étend, il n’arrive pas à savoir s’il lui plaît ou s’il le draine encore plus. Misao est épuisé. Il fixe Katsuyo, enfin redevenue visible, qui n’a plus une once d’énergie en lui. Bon. Ca aurait pu être pire, hein. Il va lentement récupérer le capteur sur son bras et le lui tapote gentiment.

—On va attendre les secours, hein.

Misao lui lance un sourire un peu tordu. Là où ils se sont tenus, une partie du sol et du mur ont pris des dégâts, les Masters vont encore râler. Elle est endurante, Katsuyo. C’est sans doute pour ça que ça a duré si longtemps. Ou alors ça a duré bien moins longtemps qu’ils ne l’ont cru…

—Tu te sens comment ?

Je sais que je me répète, mais mon invisibilité et le contact humain, c'est étrange. Comme la perception de mon corps est perturbé, je ressens le contact, mais d'une manière globale. C'est assez perturbant. Tout comme je ne sais pas dire dans quelle positions je suis. Aucune idée de si je suis adossé contre le mur ou affaler contre le plafond.

Misao me dit de rester assise. C'est ce que je vais faire. Je n'ai plus de force, et j'ai l'impression que mon pouvoir cherche à drainer un peu plus celle qu'il me reste.

Lorsque le silence retombe, mes yeux se posent sur mes genoux. J'ai réapparu. Tout me reviens dans la gueule plus fort. C'est affreux. Mes paupières battent difficilement. Misao récupère le capteur, je l'avais oublié, lui, tiens. J'espère que les données seront satisfaisantes.

- D'accord.

Je suis honnêtement, assez vide. Les yeux dans le vide, je repense à tout ce qui s'est passé, ce qui explique ma réponse un peu rapide quand il m'a parlé des secours. Au milieu du couloir humide, je ne vois mon supérieur du coin de l'oeil.

- Mal.

Je n'ai pas réussi à détacher mon regard du vide quand il m'a demandé comment je me sentais. Je n'ai jamais perdu le contrôle à ce point. Mes études, mes différents travail, même mes troubles alimentaires et mentaux, j'exerce un contrôle dessus. Il n'y a que mes pouvoirs qui y échappent.

- Le capteur à fonctionné ?

Je crois que c'est la chose la plus importante, pendant un instant, dans mon esprit.

HRP : Je suis VRAIMENT désolée pour le retard T_T

Après que Misao ait raccroché, je jetai un regard à Ryu qui comprit que je devais y aller. Il attira l'attention de Riku pour qu'elle se concentre sur son repas - la phase de découverte des légumes est tout de même bien plus simple avec qu'elle qu'elle ne l'a été avec Daisuke. Daisuke qui me regarda d'ailleurs partir avec un regard qui voulait bien dire qu'il en savait déjà bien plus qu'il ne l'aurait dû. Ce n'est plus le petit enfant d'antan que nous devions protégé des conversations d'adulte...

Une fois la porte passée, je me dirigeai vers ma voiture pour prendre la direction de l'Institut et arriver le plus rapidement possible. Je fronçai les sourcils en voyant la fumée noire s'échapper des fenêtres des escaliers entre le premier et le deuxième étage. Je doute que l'intérieur soit plus plaisant à voir.

Je me garai rapidement et sortis de la voiture pour courir vers la porte d'entrée du hall. Je grimaçai face à la fumée, et m'emparai d'un cristal Air qui logeait dans un compartiment de ma ceinture. Sans se faire attendre, une bulle d'air non-nocif entoura l'intégralité de ma tête, et je montai les marches deux à deux jusqu'à arriver au premier étage. Les flammes s'étaient tassées mais l'eau continuait de jaillir, aussi étendis-je mon masque d'air à l'entièreté de mon corps. J'avançai jusqu'à la salle de sciences que Misao m'avait indiquée pour tomber sur lui, accroupi au-dessus d'un corps invisible que je ne sens que grâce à son énergie si vive et si épuisée à la fois. Katsuyo est là, vidée par la révélation de son potentiel d'étoile. Je serrai les dents, et allai les rejoindre, m'accroupissant à mon tour pour me mettre à leur hauteur.

-Bravo à vous deux, vous avez évité le pire.

Vu leur état, je ne suis pas certaine que ce soit les meilleures choses à dire. Je me redressai et tendis une main en face de moi, à l'aveugle. Mon bouclier d'air s'estompa légèrement, et je profitai de cette dernière vague d'énergie du cristal pour libérer son pouvoir et déverser une bourrasque de fraîcheur et d'air sain dans le couloir, évacuant autant que faire se peut la fumée noire en direction des fenêtres qui avaient été ouvertes par d'autres personnes dans les escaliers, visiblement mobilisées elles aussi pour éteindre cet incendie.

-Est-ce que tu peux te relever, Katsuyo ?

Usant de mon pouvoir de Feu, j'éteignis les dernières cendres chaudes qui nous entouraient et qui auraient pu risquer de se rallumer malgré l'eau qui les recouvraient, alimentées par le courant d'air que je venais de déverser.

C’est pas la meilleure chose à dire, nan. Misao lance un regard mi-épuisé, mi-outragé à sa soeur, qui visiblement avait pris tout le temps du monde pour venir. (C’est de la mauvaise foi, elle a probablement fait aussi vite qu’il lui était possible. Mais quand la téléportation existe, bon.) Pour toute réponse, il tousse dans sa manche et refuse la main qui lui est tendue, plus par bougonnerie que par arrogance, et se remet sur ses jambes vacillantes en appuyant ses mains sur ses cuisses. Dans la réalité des faits, elle a surtout tendu la main à Katsuyo, mais peu importe, Misao semble content de se dire qu’il est en train de l’ignorer royalement.

Heureusement, Hideko a la bonne idée de dégager la fumée à l’extérieure pour leur permettre, je sais pas, de pas mourir d’une intoxication au monoxyde de carbone, peut-être ? Certainement. Une nouvelle quinte de toux le secoue, et il parvient à prononcer d’une voix rêche, une fois terminée :

—Je vais voir si le labo a été touché.

ET S’IL L’A ETE CA VA CHAUFFER POUR SON CUL.

Il s’éclipse en continuant à tousser, ouvre la porte et constate qu’aucun dégât matériel n’est à recenser, à part les brûlures sur le sol et la porte au moment où Katsuyo a essayé d’entrer dans la pièce pour le prévenir. BONNE NOUVELLE. (Ses nerfs sont quelques peu entamés par cette nouvelle aventure à Terrae, si vous vous posez la question.)

Il peut donc refermer le reste de porte et retourner dans le couloir, auprès d’Hideko et Katsuyo… avant de tousser encore. Oui ben désolé hein.

—Va falloir veiller à ce que personne n’ait d’intoxication. Surtout Katsuyo, elle était au milieu des fumées pendant tout le temps.

Puis, elle a l’air un peu brûlée aussi.

Regard vers les escaliers. Ca a l’air de s’être calmé, là aussi. Les Terraens ont l’air d’avoir géré l’étage et les escaliers. Misao souffle enfin et s’appuie contre le mur… et grimace à cause de la suie qui ne part pas de ses doigts humides.

Le temps me semble être un concept abstrait à ce moment, je n'ai aucune idée de si j'attends longtemps ou peu, mais, lorsque la silhouette et surtout, l'aura d'Hideko se dessinent, je me reconnecte à la réalité. Mon corps redevient visible, les dernier soubresaut d'énergie s'étant évanoui.

- Madame Honda !

Je parviens à souffler quelques mots, en toussant. Je sens le brûlé, ma respiration est sifflante, mais je m'en fiche. Je n'entends même pas ces paroles, et me contente d'acquiescer quand elle me demande si je peux me lever. j'attrape sa main, mais mes jambes tremblent, je ne sais pas si je pourrais rester debout longtemps. Je m'adosse contre le mur pour tenir. Mon souffle est court, je souffle fort, mais je parviens à reprendre un peu de contenance.

La voix éraillée par tout ce qui s'est passé, les yeux écarquillés, injectés de sang, je m'adresse à elle.

- Je devais vous parler ! Ma famille, ils sont... Ils ont des problèmes à cause de la révélation de mes pouvoirs lors de l'éclipses. Ils doivent déménager, je vous en supplie, aidez ma famille.

Je fais un pas vers elle. Elle est à la fois rassurante et impressionnante. Je ne sais pas si c'est parce que c'est la directrice, mais j'ai l'impression que son énergie pourrait m'écraser à tout moment. Elle a balayé le reste des flammes qui me consumait en un instant. Alors que je m'avance, j'ai l'impression que cette énergie, couplé à ma fatigue, me tombe dessus. mes jambes s'abaissent et mes genoux frappent le sol. Je relève la tête et la regarde, mes yeux sont humides.

- S'il vous plaît, je ne peux rien faire toute seule. Il faut aider, ils sont peut-être... Ils sont en danger.

Je ne remarque même pas l'arrivée de Misao. Je n'ai plus rien dans la tête. Si ce n'est aider ma famille.

Les capteurs de Misao sont toujours accrochés au creux de mon coude, mais eux non plus, je ne les remarque pas.

Je décidais d'ignorer le regard de Misao, me concentrant sur l'état de la jeune femme qui redevenait visible. Mon frère se redressa sans un mot, avant de se diriger vers son laboratoire pour s'assurer que tout allait bien. Je le suivis quelques secondes du regard avant de reporter mon attention sur Katsuyo qui venait de se redresser en saisissant ma main.

Sa toux me fit froncer les sourcils, mais visiblement, ce n'est pas ce qui l'arrêta elle. Comme paniquée, elle me fondit dessus, me balançant tout un tas d'informations non structurées. Je la fixai calmement, hochant la tête à ses paroles sans y apporter de réponses pour le moment.

-Katsuyo. Calme-toi et respire s'il te plaît. Tu dois réapprovisionner tes poumons en oxygène.

Sinon tu risques de perdre connaissance et nous ne pourrons rien faire. Misao revint à ce moment-là, appuyant mes dires.

-Tu vas nous suivre à l'infirmerie. Nous discuterons là-bas. Et ! Avant que tu protestes. Nous allons nous occuper de ta famille, ne t'inquiète pas.

Mais nous ne pourrons rien faire si tu perds connaissance et que tu ne nous donnes aucune information.

Avant que nous ne commencions à marcher, je saisis un cristal d'eau qui se trouvait lui aussi dans un des compartiments de ma ceinture. Je m'en servis pour créer plusieurs billes d'eau que j'envoyai sur les brûlures les plus visibles sur le corps de la jeune Feu.

Mes yeux se posèrent quelques instants sur Misao. Je savais déjà que cette situation ne le mettait pas à l'aise. Mais il l'avait dit : nous devions nous assurer que personne n'ait d'intoxication. Je comptais sur les Masters encore présents à l'Institut pour s'occuper des autres élèves. En attendant, c'était eux deux que j'avais en face de moi, et ils étaient au coeur de l'incendie depuis bien trop longtemps pour que je les laisse se gérer seuls.

-Je vous accompagne tous les deux à l'infirmerie de l'Institut, c'est l'endroit le plus proche pour vous faire ausculter d'urgence. Sur le trajet, tu essayeras de m'expliquer -calmement- la situation, Katsuyo.