Nicolas a attendu que ce soit Luna qui soit de service pour aller passer une soirée au bar... Sans personne. Il n'a rien contre ses potes hein, mais disons que la seule personne avec qui il aurait pu en parler sans avoir en retour un regard inquiet ou triste à autre chose à foutre, du genre baiser son frère. ...Ok bon il exagère, mais vu les retours de l'équipe de Aoi et Nikkou, il préfère les laisser gérer leur propre état émotionnel sans ajouter le sien par-dessus. Et comme ça allait être une partie de plaisir, de vider son sac, autant faire ça dans un bon bar, avec une bonne meuf et une bonne bière. Non pas une meuf bonne. Calmez-vous. Une bonne meuf. Et il a décidé que ce serait Luna parce que. AH ! T'as cru qu'il allait réfléchir jusque là hein ! NON ! Il a eu une commotion cérébrale, c'est déjà bien qu'il se souvienne de ses prénoms. Oh putain ouais c'est vrai j'en ai plusieurs ! Voilà, comme je le disais, commotion cérébrale.

Enfin bref, il arrive là-bas assez tard, avant la fermeture, comme pour signaler à Luna par sa simple présence "Ok love, ce soir c'est le soir où je me mets la zèr. Let's. GO."... Il demande une pinte de bière, une IPA importée et reste au comptoir, sans déranger les serveuses, juste là à répondre aux questions passantes. Il a vite chaud donc forcément, il a son fameux débardeur préféré sous son classique cuir pour pouvoir affronter la petite jungle personnelle de la brésilienne. Il se balance parfois sur sa chaise, en rythme avec la musique passante quand il la reconnaît -ou carrément se lever pour danser un peu, son verre à la main, quand c'est Culture Club, quand même. Jusqu'au moment où c'est l'annonce de la fermeture et il glisse, littéralement, vers Luna avec un sourire innocent -qui ne l'ait pas.

__–Vous savez, quand j’ai repris le boulot, je m’attendais un peu à tout et n’importe quoi. Retrouver les réserves d’alcool complètement vides après un passage de Kaiko (mais non ça va, elle a su se tenir), toutes mes plantes mortes (mais non, les filles ont géré et fait appel à d’autres Terres), la compta complètement aux fraises (mais non, le registre a été super bien tenu), un cadavre derrière le comptoir, un incendie, des rats, le fisc, bref, plein de trucs horribles, mais non, rien. À part les filles qui me disent que « Nicolas a été aperçu rôdant autour du bar » ces derniers jours.
__–D’aaaaaaaaccord.
__–Je sais qu’il s’est pris un énorme coup sur la tête le Nico, mais ça s’arrange pas sa tonnerritude. Enfin bon, tant que c’est pas sous forme de loup, écoutez…
__–Et ah tiens le voilà qui se décide enfin à entrer. Le jour où je reprends le boulot. Hm. Non mais. Il a mon adresse, mon numéro, il lui faut quoi en plus, sérieusement. En plus il a l’air super sérieux et tout là, avec son air de gangster, sa bonne grosse veste en cuir et… son fameux débardeur.
__–Et son grand sourire. Hé ben.
__–Non mais en vrai, il fallait que je lui parle, ça tombe bien.
__–Puis à force, on a l’habitude des potes qui attendent la fermeture pour passer un moment tranquille avec nous. Je dis à demain à Kaiko et, c’est bon, on est tous seuls.
__–« Bah alors, toi aussi t’es encore en vie ? Pourtant, on a fait de notre mieux. »
__–Vous savez quoi, je vais me prendre un verre, aussi. Et me poser à côté de lui. Avec ma superbe canne.
__–« Blague à part, ça me fait plaisir de te voir. Vraiment. »
__–Ben oui.
__–« Désolée pour tes cristaux. Ils m’auront été utiles, mais j’imagine que c’était pas exaaaaactement l’utilisation la plus conventionnelle qu’on pouvait en avoir. »
__–Enfin, comme ça a sauvé notre vie à tous, j’imagine que ça a pas dû trop le déranger sur le principe. Mais merde quoi, il me file un super cadeau, je le fais exploser. Sympa quoi, on peut vraiment rien me confier.
__–« … Tu veux savoir comment j’ai fait ? »

Luna se sert, claudique pour s'asseoir à côté de lui. Elle aussi a été bien cassée par tout ça, il est content de la voir assez en forme pour faire de l'humour noir. :

-Elwynn dit que je suis increvable, t'sais, j'essaie juste de pas lui donner tort.

Parce qu'elle a toujours raison. Luna le sait tout aussi bien que lui. Elle prend le temps de lui dire qu'elle est contente de le voir. Sa main vient se poser dans le haut du dois de la Terre, il sourit. :

-Moi aussi. Content de te voir entière. 'fin-... Sans avoir perdu d'autres morceaux j'veux dire.

Bravo. Subtilité zéro. Heureusement que c'est Luna en face quand même hein.

D'ailleurs elle enchaine directement avec la fameuse explosion des cristaux qu'il lui avait fait. Il a une petite grimace à ce souvenir, confirmant que c'est, effectivement, loin d'être une utilisation conventionnelle mais eh, ça a fait le taf. Il en profite pour sortir un nouveau cristal pour elle d'ailleurs, d'une des poches de son cuir et le dépose entre eux quand Luna demande s'il veut savoir comment elle a fait son affaire.

Nicolas sait. Il est Master, il a eu le temps de lire tous les rapports, tous les résumés... il a même eu l'occasion de voir quelques enregistrements vidéos des caméras embarquées. Donc, il sait déjà très bien comment elle a fait. Pourtant, il appuie sa tête d'un coude sur le bar, l'autre main s'empare de son verre pour y siroter une gorgée avant de répondre. :

-Je veux tous les détails.

Parce qu'il était là pour l'écouter, il était là pour en parler... et se bourrer la gueule.

__–Increvable, je sais pas, on peut ajouter l’organisation terroriste la plus puissante du monde dans la liste des gens qui ont pas réussi à buter Nico. C’est à ce demander ce qu’il faut bien faire pour que ça arrive, en effet. Je hoche la tête, prends une gorgée, rigole un peu à sa vanne.
__–« Ouais, t’as vu ça. J’vais être intenable, déjà que j’avais toutes les blagues sur les bras à ma disposition, maintenant c’est un univers de blagues sur les jambes qui s’ouvre à moi. Vous êtes pas prêts et moi non plus. »
__–Pour ce qui est du cristal, il doit pas m’en tenir tant que ça rigueur, vu qu’il m’en file un nouveau… Donc déjà, « Oh, t’es adorable. Pour l’instant je peux pas remettre mon ancien bras avec ta peau là, j’ai juste ce micmac de cyborg, mais merci. T’es un chef. »
__–… Et okay, il m’en tient vraiment pas rigueur.
__–Je bugue un instant.
__–Hausse les épaules. Heh, c’est Nico, évidemment. Puis je me penche vers lui.
__–« Alors. Attends. »
__–J’attrape un papier un crayon qui traînent derrière le comptoir.
__–« C’est une technique que m’a apprise mon grand-père, quand il était en Italie. Les Américains leur avaient filé des grenades antichar M9, si tu veux, ça ressemble à un espèce de cylindre là, sur un manche en métal, que tu glisses dans le canon de ton fusil, tu tires, paf. (Je lui fais un petit dessin.) Sauf que déjà contre les blindés légers allemands… oui, je te parle bien de la Seconde Guerre mondiale, hein. Bref, déjà ça faisait moyen le taf, alors quand ils ont sorti les Tigres, ça servait à peine à rayer leur peinture. Puis, en combat urbain, t’as pas forcément l’occasion de te poser, sortir ta M9, la mettre sur ton canon, te mettre à distance de sécurité et tirer, tu vois ? Surtout pour faire que dalle de dégât. Alors, la technique de papy, c’était d’en coller avec du scotch plusieurs entre elles, puis de lancer le tout. Bah t’imagines la même chose. Mais avec tes cristaux. Toujours avoir du scotch sur soi, mon gars. Tu sais jamais quand ça peut servir. »

Nicolas rit quand Luna dit qu'un nouvel horizon de blagues nulles sur les jambes vont débarquer dans sa vie. Pas seulement parce qu'il a une subtile confirmation qu'il peut les faire, mais aussi et tout simplement parce qu'il peut les faire. Il peut être lui avec Luna, avec son humour glauque, un peu noir, et elle ne le prend pas mal directement. Elle doit avoir sa limite aussi, et il veut pas la franchir, mais il se dit qu'avec elle, le temps d'une excuse et d'une bière, ils passent à autre chose... et ça lui fait du bien.

Quand il lui offre de nouveaux cristaux, elle le remercie en précisant qu'elle peut pas les utiliser de suite. Il secoue une main, l'air de rien. :

-J'm'en doutais, c'est seulement au cas où, comme ça se périme pas. D'ailleurs on bosse un nouveau prototype à la fac. Je... t'expliquerai quand on aura lancé un premier prototype.

Disons que c'est pas intéressant de parler sciences pour le moment, il veut l'écouter.

Heureusement que Luna lui fait des petits dessins, parce qu'il est nul en Histoire, n'a aucun idée de l'âge de son grand-père et retient avec beaucoup de mal le nom des armes qu'il tient la plupart du temps. Tant que ça fait le taf, Nicolas n'est paaas du genre à s'occuper du nom des flingues ou des munitions donc ouais, le dessin est bienvenu. Et tout ce qu'il arrive à souffler, après l'explication de la Titan, c'est juste- :

-Du scotch ?! AHAH !

Ça lui rappelle Rat qui fondait de vieilles lames pour en faire des nouvelles. Ça lui rappelait tout ce que Vipère récupérait dans la forêt pour tuer ou soigner. Ça lui rappelait les heures qu'il passait à nettoyer, à dépoussiérer, à retirer la rouille de vieilles armes à feu qui trainaient dans les caves des fermes ou les bunkers abandonnés du village. :

-C'est incroyable qu'une idée pareille te sois venue... Franchement j'ai eu peur quand j'ai senti... mais... ça a été utile. Tant mieux.

__–Un nouveau prototype ? Oh oh. Il a toute ma curiosité.
__–« C’est fou ça parce que, moi aussi, je bosse sur un truc. il faudra que je te montre mes plans. »
__–Mais effectivement, on est là pour parler d’autre chose. Ça a l’air de bien le faire marrer, mon histoire. C’est vrai que, quand on y pense, ça l’est un peu. À peu près autant que ça a dû être terrifiant pour lui. Et puis, sur le moment, ça m’a pas trop fait rire, vu que j’ai envoyé toute mon équipe à l’hosto avec ça. Enfin, c’était ça ou la prochaine fois qu’on nous aurait vu, ça aurait été à la morgue.
__–« Ouais, je sais pas si je retenterai le coup. Dans un espace clos, en tout cas. En extérieur, je réponds plus de rien. Il faudrait que j’essaye, une grenade aux cristaux titan, d’ailleurs… Quelque chose me dit que ça peut être super poilant, ça aussi. Non mais c’est vrai, ça. T’as affronté un mec avec des balles à cristaux, il paraît ? Hé, y’a pas de raison qu’on laisse à nos ennemis l’avantage technologique. »
__–Buvons à ce « tant mieux ».
__–Et puis…
__–Je dis rien, tout à coup. L’air un peu paumé, dans le vide. En fait, j’en ai reparlé à personne – à part Hideko mais c’est pas pareil –, de Thémis. Y’a des trucs qui doivent sortir, je crois.
__–« En vrai, ça fait plaisir de te voir, parce que… je voulais te parler d’un truc. Depuis que je suis revenue, je sais pas si ça te fait ça… Je fais un rêve étrange. Qui revient régulièrement, au moins une fois par semaine. Je suis face à un mur. Et… Je pourrais passer à côté hein, il fait, quoi, deux mètres de large pour trois de haut ? Un mur en briques. Je le regarde, y’a rien autour. Alors, hé, tu me connais. Je le frappe. Un coup tellement fort qu’il pourrait enfoncer quelqu’un dans le sol jusqu’au cou. »
__–Je tends mon bras mécanique devant moi, pour regarder ses phalanges. Je m’y suis jamais vraiment fait, à plus rien à voir ici et en même temps avoir quelque chose. C’est sans doute pour ça que la peau créée par Nico était si incroyable. Elle faisait disparaître un peu de cette sensation d’irréalité.
__–« Et puis, mon bras droit se brise… non, se désassemble, en tous ses morceaux, qui tombent par terre, avec un bruit de xylophone, tu vois ? Ce bruit que feraient des dizaines de billes en métal qui tombent par terre, en version un peu doux et aigu. »
__–Je cligne des yeux plusieurs fois.
__–Eeeeeeeest-ce que je viens pas de passer pour une grosse dingue, là ?
__–« Enfin bref. Je voulais t’en parler parce que, tu vas pas me croire, hein, surtout si t’as lu les rapports de mission et vu comment je me suis démerdée, puis si tu sais un peu où j’ai vécu et tout, mais, c’est la première fois que je tuais des gens. J’sais pas encore quoi en penser. Comment tu fais, toi ? »
__–Sous-entendu, c’est pas sa première fois. J’veux dire, c’est Nico, il a forcément au moins poignardé quelques connards avant ça. Non ?

Ça se prépare des ketrus en soum-soum wallah, bon. N'en parlons plus.

La panique doit clairement apparaître dans le regard de Nicolas au moment où Luna avoue avoir lancé sa petite bombe artisanale dans un espace CLOS. Ça a dû être bref mais c'était là, c'est sûr... avant que ses épaules ne tombent à la mention des "balles à cristaux". Qu'on ne lui en parle pas, de cet "avantage technologique"... C'pas comme s'il bossait dans PLUSIEURS domaines de la Science pour ENCOURAGER les Masters à refaire confiance à ça un peu. Non mais on va y venir hein on croise les doigts... Enfin pour l'instant on boit de la bière on verra la suite.

Après un bref instant de silence confortable entre eux, Luna enchaîne sur un rêve. Nicolas en aurait des choses à dire en tant que scientifique, là-dessus. Il en aurait des choses à dire en tant que Sensitif aussi... Il en aurait à dire aussi juste parce que pendant longtemps, quand il était enfant, c'était tout ce qu'il lui restait pour se sentir bien, même s'il en a pas eu beaucoup ; les rêves. Il prépare un speech inoubliable mais Luna l'interrompt bien avant, en lui demandant comment il faisait pour vivre avec le fait qu'il avait tué des gens.

Et oui, il a compris rapidement le sous-entendus.

Il la fixe, clignant plusieurs fois des yeux à son tour. ...Disons que Nicolas rencontre plus souvent des gens qui ont du mal à croire qu'il ait pu faire autant de mal dans sa vie que le contraire, le changement de rythme là, c'est passer de Iron Maiden à Bob Marley sans préambule -en vrai, ravissant mais faut se recaler quoi. :

-Cette mission... c'est la première fois que je tuais des gens, Luna.

Petit sourire. :

-Mais j'ai un rapport assez spécial avec la mort... Autrefois j'étais constamment en colère, et quand on hait quelque chose... quelqu'un... on ne veut pas qu'elle meure... on veut la faire souffrir. Longtemps.

On parle de rêves. On boit une gorgée. On avoue qu'on a torturé des gens. On boit une gorgée. Soirée tranquille quoi. :

-Faire disparaître quelqu'un, au pire, ça blesse des vivants... Mais ça arrive tôt ou tard. Et si je suis arrivé plus tôt, dommage pour leur cul quoi. Après j'ai tenté de faire ça bien quand même, pas trop les faire souffrir.

Court silence. :

-Ouaiiis bon peut-être pas ceux que j'ai électrocuté BON OK. J'admets. Disons que c'était un vieux réflex.

Très bonne excuse, j'approuve. C'est vrai ?! Mon avocat me fait signe de dire non. AHah ! :

-Après je vais pas te mentir hein. J'y pense. Et il faut y penser. Rester sain dans sa tête. Retirer une vie, c'est moralement pas ouf. Et y'a zéro justification pour ça. Ouais on a sauvé des gamins... Et alors ? Est-ce qu'on devient pas un peu comme eux, à débarquer comme ça et ramener nos leçons de moralité à coup de kaloum-kalach ?... Ben non. Parce que c'était quand même de sacrés salopards. Avait-on le choix ? On a toujours un choix. On a fait celui-là pour ramasser autant de gamins que possible. C'était stipulé du départ. Maintenant, c'est une part en toi. Ce choix. Ces morts. Mais comme quand on perd un être cher, ça n'empêche pas de vivre. T'as le droit aussi que ça te foute en l'air mentalement hein, mais y'a des psy pour ça, tes potes, même ceux que t'as sauvé tiens !... Juste à voir déambuler ces gosses dans Terrae, ça peut aider. Moi ça m'aide en tout cas. J'ai pas retenu la dernière réplique du gars à qui j'ai planté un pic de glace dans la tête mais j'ai retenu les noms de tous ceux qu'on a ramené et qui sont restés. Vivre au-delà, ouais c'est pas simple, mais faut le faire. Moi je le fais pour sauver d'autres gosses...

Il finit sa bière. Parler ça donne soif vous savez. :

-Après je suis un Sensitif très désensibilisé -mdr- au sujet de la mort, des meurtres et d'autres joyeusetés de ce genre donc... j'dis peut-être de la merde. Mais t'as mon avis sur la question. Pour vivre au-delà de ce mur là, tu as peut-être besoin d'autre chose que ce que tu as comme outil aujourd'hui ?... Meh.

OU ALORS... entendez-moi hein mais OU ALORS........ c'est juste un rêve. AHAH ouais non je sais, pardon, fallait que je la fasse quand même. J'avoue j'ai ri. Merci public.

__–… Huh ?
__–Hein ?
__–Ah merde. Ah ben merde alors, j’aurais pas cru. Je le fixe. Longtemps. Peut-être un peu trop longtemps sans cligner les yeux, d’ailleurs.
__–« Ah oui non mais ok, non mais torturer j’ai fait aussi hein, c’est pas pareil, ça compte pas. »
__–C’EST SORTI UN PEU TROP NATURELLEMENT, ÇA.
__–Hm. On reprend.
__–Par contre. Je comprends pas. Je veux dire qu’il y ait un choc psychologique, que ça fasse bizarre, tellement bizarre que vraiment le mot est faible quoi, j’ai clairement pas assez de vocabulaire pour bien en parler, mais zéro justification ? Tu peux pas dire ça et dire ensuite qu’on a sauvé des gamins.
__–« J’ai pas du tout eu l’impression d’avoir eu le choix. Et je ne regrette absolument rien. Je suis même plutôt partante pour le refaire, en fait. J’veux dire. On te dit qu’on demande des volontaires pour aller sauver des gosses et péter la gueule de, bah, de terroristes. Et y’a rien qui s’oppose à ce que tu le fasses. Pour moi, y’avait pas de discussions à avoir. Et tant que la menace n’est pas exterminée y’a pas de discussions à avoir, j’y retournerai, c’est tout. »
__–Entre ça et avant, et encore avant, je suis vraiment en train de passer pour une psychopathe. Surtout que Nicosensitif là, il doit détecter… un peu rien. Comme il dit, désensibilisée et tout, quoi. On va essayer de corriger le tir.
__–« Après, voilà. Ça reste, genre. Ouais non en fait. En fait, c’est pas ça, mon problème, ça encore, je le vis bien. »
__–[N.d.a parce que sinon on avance pas : en fait non, si Nicolas se sert de la magie, il se rendra compte de quelque chose qui n’est pas évident pour elle, pour la simple et bonne raison qu’elle le refoule : nous sommes en mai, sa blessure à la jambe est physiquement guérie, mais elle a encore sa canne, parce qu’inconsciemment, elle se punit de ce qu’elle a fait de cette manière et s’empêche d’y retourner. Une éclopée sur un champ de bataille d’accord, une, infirme qui tient pas de bout, il faut pas pousser non plus.]

HRP : Merci pour la précision.

J'éclate de rire, sincèrement. Sa réaction est tellement incroyable que ça nous fait du bien. Mais on se reprend assez vite... Parce que "torturer ça ne compte pas". Je ne suis pas d'accord ; torturer tue aussi, mais pas physiquement. Nicolas fixe Luna. Son explication est un peu mécanique mais il y a de l'honnêteté dedans. Il sait que si elle avait à le refaire, elle le referait.  Pas de discussions ? Pas l'impression d'avoir le choix ? Ne pas regretter ?... C'est très subtil. Nicolas se dit même que, s'il n'avait pas été Master à ce moment, elle l'aurait complétement berné. Je me suis toujours dit que pour être Terre, il fallait une force mentale hors du commun. Que ce soit pour être Titan ou Télépathe. Une force herculéenne -oui, je l'ai faite roh. Et elle le prouve à ce moment en se montrant si vide qu'elle pourrait être indétectable.

...Elle se torture à sa manière. Car torturer tue aussi.

Nicolas fait le tour du comptoir, se sert une autre bière en laissant un billet sur le comptoir -il est pas chez mamie, il sait eh. Je demande. :

-Ok. Alors question. Pas de pression. Tu peux garder la réponse. Il boit une gorgée. Tu as fait combien de pas depuis qu'on est rentré ?

Et il pose un coude sur le comptoir, sourire tranquille aux lèvres. Pas compatissant, présent. :

-Et est-ce que je te sers quelque chose le temps que tu y réfléchisses ?

Non, c'était pas un petit billet qu'il a posé.

__–Hm.
__–Okay.
__–Non mais, quelque part, si je voulais qu’on papote un peu comme ça, c’était pas pour m’épargner, hein. Encore moins pour épargner mes traumas. C’est un truc que les… bah les petits enfants ils apprennent, que les actions ont des conséquences et tout, mais on finit jamais vraiment de l’apprendre et de le regretter. Quand Nico est venu, quand on a commené à parler, c’était pas pour trier les lentilles, c’était pour qu’il me pose ces questions là.
__–Bah ouais, j’ai pas à moitié envie de me faire mal.
__–« Pas beaucoup. Ça revient doucement. »
__–Et ouah ça me fait bizarre de payer quelque chose que je boirais. Non mais attendez, c’est déjà avec mon argent que je les achète… enfin non, l’argent de la boîte, mais comme c’est moi la proprio, ça revient un peu au même. Enfin non, vu que tous les profits sont répartis équitablement et que j’ai le même salaire que mes employées. Hm, bon, écoutez, on va couper court et revenir au sujet. Je peux plus courir, ça veut bien dire que je peux plus fuir.
__–« Non, t’inquiètes, merci. »
__–Ok, et maintenant ?
__–« Je suis pas prête là maintenant, c’est clair. Et en même temps… y’a pas d’urgence, hein. Six mois se sont écoulés et, bon… il s’est rien passé, à ce que je sache. Il faut toujours que je trouve un moyen de péter ce mur. »
__–Non puis bon, c’est quoi cette histoire là, c’est lui qui entre dans mon bar se prendre des coups et parler avec une pote et au final c’est moi qui l’emmerde avec mes petites histoires, ça va bien, oh !
__–« Bon, et toi alors ? Comment tu vis tout ça ? Y retourner, ça… enfin… ouais ? Non ? Bof ? Pas de jugement, hein. Après tout, t’as ton mec, ta famille, puis askip tu vas être tonton ou frère… je sais pas, c’est bizarre votre truc, je comprends pas tout. »


Pouah déso c’est dur la reprise avec Luna…