J'ai rangé ma chambre pour accueillir Camil. D'habitude on va plus souvent chez lui car j'ai pas me temps de cleaner la mienne. Et outre le fait qu'il est angoissé par me désordre, j'ai pas non plus envie de faire venir mon copain dans une chambre où traîne des vêtements un peu partout.

Sérieux, j'ai retrouvé un soutif dans mon tiroir à couvert.

Bref, je noue mes cheveux en chignon, ouvre la fenêtre. Je claque des doigts et ma cigarette s'allume. Je grogne un peu quand je sens mon épaule qui me tire. Je me suis pris un sale coup lors des entraînements.

Parce que oui, je vais en mission. C'est de ça dont je dois discuter avec lui. À part Luna et Misao et mon équipe, personne est courant.

Donc faut bien que je lui dises.

Je stresse.

Ça y est, on a passé Noël. J'ai pu voir Katsuyo, je me suis pris une cuite monstre et j'ai profité. Maintenant, retour au présent, et à ce qui m'occupe l'esprit depuis que j'ai eu la brillante idée de poser ma candidature : les missions. Parce que oui, je me suis proposé. Et j'ai été retenu. Je pars donc pour ma première mission en Amazonie, et ce, très bientôt. Je n'ai pas encore eu le courage d'en parler à Katsuyo, parce que j'ai un peu peur de sa réaction...

Or, il s'avère que ma Feu préférée m'a invité à venir boire un thé dans sa chambre. C'est l'occasion d'en parler avant qu'il ne soit trop tard. J'enfile un jean et un col roulé bleu marine bien loin des couleurs pastel dont j'ai l'habitude, mais je ne suis pas dans le mood pour ça. C'est l'heure. J'ai un peu la boule au ventre...

Je toque à la porte de Katsuyo et quand elle ouvre, je lui souris doucement.

- Coucou toi. J'ai apporté des scones pour le thé.

Quand on est anglais, on ne se refait pas.

Ah. Tellement mignon, il a ramené des scones. C'est vraiment bon, surtout ceux à la myrtille. Il est beau avec des couleurs plus froides aussi. NON TA GUEULE KATSU ARRÊTE DE SIMP SUR TON MEC LÀ.

Je le débarrasse des pâtisseries.

- Coucou ! Vas-y, rentre je te débarrasse et je vais préparer le thé !

J'ai un peu arrangé le tout pour qu'on puisse s'asseoir. Vu que j'ai plus de place, j'ai un canapé maintenant. J'ai toujours adoré les canapés.

Je prépare le thé rapidement, avant de venir poser la théière sur la table basse. Je passe une veste sur mes épaules. Malgré l'hiver, j'étais en débardeur short. Être feu, c'est super. Je m'assois à côté de lui.

- Bon, je voulais te parler d'un truc. C'est important.

Putain j'ai oublié de l'embrasser avant de parler.

J'entre et Katsuyo prend les pâtisseries. Je la laisse faire et me déchausse. J'observe sa nouvelle chambre, qui est quand même vachement plus spacieuse et elle a rangé non ? Ça sent comme une chambre tout juste nettoyée. Aucune idée de si ça fait sens. Bien sûr j'étais déjà venu une fois ou deux mais en m'asseyant sur le canapé je me rends compte qu'on se voit plutôt dans ma chambre. Je me promets de faire des efforts après la mission.

Je regarde Katsuyo s'affairer. Elle est toujours aussi jolie avec ses cheveux relevés, dans son short... Elle a vraiment de longues jambes. À chaque fois que je la vois j'ai l'impression de tomber à nouveau amoureux. Dieu que c'est niais ce que je viens de penser. Vraiment, vraiment niais. Allez Camil on se concentre !!

Le temps que je me ressaisisse elle est assise près de moi. Nous n'avons même pas échangé un baiser, une preuve de plus que quelque chose nous tracasse, pas seulement moi mais elle aussi. Et la preuve finale arrive juste après, quand elle prend la parole. Je sens mon cœur tomber dans mon estomac et l'anxiété faire rugir mon sang.

- Oui, oui, bien sûr, je t'écoute...

Est-ce qu'elle en a eu assez de moi ?

Je me rends compte au moment où je le dis et quand je vois le visage de Camil se décomposer que ça pouvait être mal interpréter.

- Ah t'inquiète, rien à voir avec Nous !

Ok, bon c'est le moment on se lance !

- Enfin, si un peu, mais c'est pas une rupture ou quoi, hein ! Je t'aime, et y a pas de problème. Enfin, tu sais ahah, je rougis toujours un peu quand je dis que je suis amoureuse de toi.

Bon, on introduit le truc en s'embourbant un peu, on se concentre !

- Mais, ça nous concerne, enfin, parce que ça me concerne, mais du coup un peu toi aussi. Mais tu vois c'est par rapport à mon travail, tu sais on étudie avec Misao, les pouvoirs et comment ils évoluent, et on avance un petit peu à tâtons. Parce que c'est pas facile d'expliquer scientifiquement quelques chose qui à la base est magique, même si du coup tout ce qui existe est un peu scientifique, mais du coup, on est les premiers à le faire. Enfin avec le Centre...

Ok, on a introduit, le gros du truc ! ON continue !!

- Et justement, comparé au Centre on avance pas pareil, car nos méthodes diffèrent, mais même si on vit avec la magie au quotidien, on peut pas trop faire d'expérience, c'est pas super éthique.

Bon, là je me perds un peu, on lâche rien !

- ET voilà, aussi Terrae a besoin de s'ouvrir au monde, et justement en Azerbaïdjan, il y a une base du centre qui a été découverte et c'est un problème pour eux car y a des phénomènes météorologique étranges et on pense que ça peut être en lien avec.

Oui, bon, j'en étais où déjà ? Ah oui la mission !

- Et donc, ça va impliquer de représenter un peu nos travaux à l’international, mais Misao et Nicolas, qui sont les deux scientifique vraiment très actifs de Terrae sont en mission, eh ben, euh, il fallait quelqu'un quoi.

NON MAIS LES MOTS.

- Donc, je pars en mission.

Et là, on se dit "Mais Camil, il va comprendre, tu fais ce que tu veux, c'est important pour Terrae pour toi" parce que je lui ai un peu parlé du fait que devenir une vraie scientifique pour le compte de Terrae ça m'intéresse. Sauf que je lui ai aussi parlé de mon PTSD suite à l'éclipse.

Bon.

- Tu veux du thé ?

Ah ouais.

Katsuyo lit en moi comme dans un livre ouvert et commence par me rassurer. Je lâche un souffle que je n'avais même pas conscience de retenir et peux alors me concentrer sur ce qu'elle entreprend de m'expliquer. Je l'écoute en hochant la tête, même si je ne sais pas trop où tout ce qu'elle me dit va nous mener. Elle me parle de son travail de ses dilemmes, de Misao, son patron et de Nicolas, un collègue si j'ai bien compris.

Et là.

La bombe.

Elle part en mission. Et moi, mon premier réflexe, la seule chose qui me sort du bec c'est :

- Quoi, toi aussi ?

Vraiment, j'aimerais parfois que quelqu'un me bâillonne... Je ne voulais pas lui annoncer comme ça... Ma jolie Feu me propose du thé et j'acquiesce doucement. Un thé ne sera pas de refus, avec la conversation qui s'annonce... Je la remercie quand elle pose le tasse devant moi et attends qu'elle se soit rassise. Puis je prends doucement ses mains et observe son visage, ses yeux si expressifs.

- Tu te sens prête..? Je demande alors.

C'est son choix, je le respecterais toujours. Mais je déteste la voir se mettre en danger... Je veux donc m'assurer qu'elle a bien en tête les enjeux de ce que partir en mission veut dire.

- Hein ?

C'est ma réaction quand il me répond "Quoi, toi aussi ?". En fait, dans les discussions comme ça, j'ai des petits script qui se préparent dans ma tête et je fais des probabilités. Les réactions que j'avais anticipé, c'était de l'inquiétude, de la peur, un peu de colère. Mais genre pas ça.

- Merde le thé !

Je peste, alors que j'ai trop rempli une tasse, je me lève pour aller chercher un chiffon et s'essuyer ça. Après avoir essuyé, j'ai à peine le temps de reprendre mon service, qu'il me prend les mains et me demande si je suis prête.

Bin, je sais plus du coup.

- Euh, ben, je sais pas si on peut être prêt à rencontrer des chefs d'état.

Ok, quand je panique je suis trop honnête.

- Mais toi aussi tu y vas ?? Tu vas faire quoi ?? Tu vas pas te battre, hein ???

Mais, je ferme ma gueule à quel moment dans la vie.

- Fin, je veux dire. Je sais qu'il y a des missions, plus axé terrain, quoi. Et d'autre, plus diplomatique, ou autre chose.

Je panique toute seule, là.

Et voilà j'ai cassé Katsuyo avec mes conneries ! La pauvre, mais comment je lui annonce ça bordel... Elle fait déborder sa tasse et je la regarde aller chercher de quoi nettoyer en me maudissant intérieurement. Du coup, derrière j'essaie de noyer le poisson en lui demandant si elle se sent prête. Sa réponse m'apporte plus de questions que de réponses... Mais je n'ai pas le temps de les poser, parce qu'elle me devance.

- Franchement, je sais pas... Je veux dire pour le fait de me battre. Je pars en Amazonie... On va rencontrer un peuple de là-bas et c'est plus une sort d'enquête sur le terrain si j'ai bien compris. J'aurais peut-être pas besoin de me battre. Puis même si je dois me battre, je suis pas démuni, je sais manier une arme et puis Luna m'a aidé pour m'entraîner. - Si tant est que balancer les gens à 20m du sol c'est une façon de s'entraîner... - Vraiment, ça va aller d'accord ?

Je suis une brêle pour rassurer les gens, c'est chaud.

- Mais et toi alors ? Tu vas devoir te battre ? Tu feras attention à toi, hein ?

Dire que je suis inquiet serait bien en dessous de la réalité... Si ça ne tenait qu'à moi je l'empêcherais d'y aller...

Une fois de retour sur mon canapé, je l'écoute, j'acquiesce parfois, et je déglutit quand il me parle d'arme. Luna l'a entraînée par contre ? Je savais pas !!

- Ahah, alors si Luna t'as entraîné je me fais pas de soucis. Mais ça me rassure si une enquête. Mais... l'Amazonie ça va aller ?? Tu détestes la chaleur ?

Comment je le couve omg, t'es sa meuf pas sa daronne. Bon, dans tous les cas il me retourne la question, je fronce les sourcils un petit peu

- Non, je pense pas. C'est une rencontre diplomatique avec l'Azerbaïdjan. Si on se met a se battre, là bas, c'est la merde. Mais dans tous les cas, le Master avec qui j'y vais à une sorte de super Bouclier, et puis...

Je deviens invisible.

- Si vraiment ça dégénère, je disparais ! D'ailleurs.

Je ramène mes mains jusqu'à moi, referme mes paumes l'une sur l'autre. L'air autour de mes mains semble se distordre un peu, comme un mirage. J'ouvre mes mains pour tendre à Camil un cristal. Il s'agit d'une étoile, d'une rouge clair, pâle presque rose, et translucide.

- Tiens, si ça dégénère, tu pourras te cacher. Et puis, c'est comme si tu m'avais avec toi.

Je vois bien que ça l'angoisse, de se dire que moi aussi je pars. Mais quand je mentionne Luna, elle semble se détendre un peu, et moi avec.

- C'est vrai, mais je me suis dit que si c'est la seule difficulté de la mission, ça devrait aller. Bon, je reviendrais peut-être sous forme de flaque mais tu m'aimeras quand même j'espère ! Je plaisante.

Plaisanter, c'est tout ce qu'on peut faire dans ce contexte, pour ne pas alourdir encore l'annonce de nos départs respectifs... Malgré tout, l'inquiétude me ronge. Je m'attache enfin à quelqu'un et voilà qu'elle risque de ne pas revenir. Quand j'exprime ladite inquiétude, Katsuyo me rassure avec son énergie habituelle. J'esquisse un sourire quand ses mains disparaissent des miennes un instant. Puis elle les retire définitivement des miennes pour les ramener à elle. Je regarde son visage se concentrer, puis quelques instants plus tard, elle me tend un petit cristal, en forme d'étoile. Je le prends délicatement et sens les larmes me piquer les yeux.

- Je sais pas quoi dire je... Merci, ça me touche beaucoup...

Je n'ose ni le ranger, ni le poser, j'ai trop peur de le perdre ou de l'abîmer. Je baisse les yeux sur mes propres mains. Voilà au moins un an que je suis là, mais je ne sais toujours pas en créer... Je me jure d'apprendre au retour de la mission.

- Je n'ai rien pour toi... Attends.

Aujourd'hui je porte un petit bracelet en coton tressé, beige. Je le défais et le passe à un poignet de la Feu.

- Voilà. C'est pas grand chose mais c'est aussi une part de moi.

Je souris quand il imagine son retour à état liquide. Je fais alors mine de réfléchir.

- Hmm, je te mettrais une petite bouteille, alors. Peut être dans un bijou ?

Mais l'ambiance cesse rapidement d'être amusante quand je décidé de lui offrir mon cristal. C'est très solennel comme ambiance, tout de même. Néanmoins, je suis plus rassurée si il l'a et il semble touché par l'attention. Ça me fait plaisir.

Alors qu'il dit n'avoir rien à me donner, je m'apprête à lui dire que ce n'est pas grave, lui sortir une phrase de feu quelconque. Mais il attrape mes mains et y passe le bracelet qu'il portait sur le poignet plus tôt. Je rougis alors que mon coeur fait un petit bond.


- Je... Merci Camil. Je te promet que tu le reverras ce bracelet.

Et je m'approche de lui pour l'embrasser. Quand je m'écarte à nouveau de lui, je me souviens d'un autre sujet. Et là mon regard est fuyant.

- Et sinon, presque rien à voir, mais... Tu m'aimerais quand même si mes cheveux étaient châtains ?

Oui bon.

- Une petite fiole contre ton coeur, ça me plairait ! Je dis à moitié en plaisantant.

Oh là pick-up line pourrie... Mais nous redevenons sérieux très vite. Katsuyo m'offre un cristal fait par ses soins, et je manque de verser quelques larmes. J'ai peur, en vérité. J'ai peur de ce qui pourrait se passer pendant ma mission. J'ai peur de ce qui pourrait arriver pendant sa mission. Si je devais la perdre... Je ne sais pas ce que je ferais. J'ai besoin qu'elle ait une part de moi comme j'ai à présent dans mes mains une part d'elle. Alors je détache un bracelet et le passe au poignet de Katsuyo. Je vois que ça la touche. Alors quand elle prend la parole, je sens comme un nœud dans ma gorge.

- Le bracelet on s'en fout. C'est toi que je veux revoir. Je dis doucement.

Notre baiser est à la fois doux et un peu triste. J'ai l'impression que je vais pleurer d'un instant à l'autre, puis Katsu change totalement de sujet, me prend de court.

- Châtains ? Bien sûr... Tu m'aimes bien avec les cheveux courts. Je ne t'aime pas pour la couleur de tes cheveux. Je m'emmêle dans ce que je veux dire. Ce que je veux dire, c'est que je t'aime, peu importe ton apparence. C'est pour la mission c'est ça ?

Ça a quelque chose de romantique d'avoir l'objet de son amour contre son cœur en permanence. Et d'un peu tragique, aussi. Je souris quand il me dit que c'est moi qu'il veut voir revenir.

- T'inquiète pas. Je reviendrais, et tu as intérêt à être là aussi.

On va partir en décaler. Ce qui veut dire que quand l'un d'entre nous va revenir, peut être que l'autre ne sera pas encore partie. Les premières missions du centre avait ça de bien, elles se passaient toutes en mêmes temps. J'espère que ça va aller.

Lorsque l'on s'embrasse, je nous sens fébrile. Je me dis que si on était sensitif, ou pire télépathe, ce serait pire. Quand nos lèvres se décrochent, je lui parle de ma nouvelle couleur de cheveux. Ça a l'air de le'prendre de court. C'est vrai que c'est assez incongrue dans la situation. J'acquiesce à la question.

- Oui, je n'ai pas envie de mal représenter Terrae. Et comment dire, des cheveux colorés, ça ne fait pas très pro. On va déjà douter de moi parce que je suis jeune, alors je veux avoir toutes les chances de mon côté.

J'hésite un peu, avant de reprendre la parole.

- Et ça faire presque 6 ans que je portes du roses dans mes cheveux. Il est peut être temps de revenir à ma couleur naturelle.

Je pense que inconsciemment, le rose de mes cheveux est comme une façon de ne pas trop vieillir.

- Enfin ! Je verrais. Tu, hm, veux parler de quelque chose d'autres ? Ou pas parler ?

Ce qu'il est beau quand même. Pourquoi je penses à ça moi ?!

Katsuyo sourit. J'ai peur que ce soit les derniers sourires que je vois. Mais j'enferme mes craintes à double tour et lui rends son sourire.

- Bien sûr que je serais là !

Après notre baiser, la jolie Feu me pose une question désarçonnante. J'essaie un instant de l'imaginer avec les cheveux châtains... Mais je ne suis pas très bon en visualisation. Néanmoins, je suis certain que ça ne changera pas mes sentiments pour elle. Ce que je m'empresse de lui dire, quoique très maladroitement. Katsuyo m'explique : elle ne veut pas offrir une mauvaise image de Terrae lors de la mission, et les cheveux colorés sont selon elle pas très professionnel. Je suppose que ça doit être une chose de culture... En Irlande et an Angleterre, je n'ai jamais entendu parler de ce genre de chose. Elle m'explique aussi que les cheveux roses durent depuis longtemps et qu'elle aimerait repasser à sa couleur naturelle. Je ne sais pas pourquoi ça m'étonne, les cheveux roses ne sont pas naturels. Mais je l'ai tellement vue avec, que c'était devenu sa couleur naturelle dans ma tête.

- C'est à toi de décider. C'est ton corps et ton apparence, c'est à toi de choisir. Moi je suis sûr que ça t'ira très bien. Je dis d'un ton doux.

Tant que je peux continuer de la voir, et qu'elle revient saine et sauve de sa mission, peu m'importe sa couleur de cheveux. Sa question suivante m'arrache un sourire amusé.

- Non, on n'est pas obligés de discuter.

La suite, bon on va pas vous faire un dessin. Disons que le reste de l'après-midi passa rapidement.