Je tire une dernière fois sur ma queue de cheval avant de me tourner vers mes deux meilleurs potes. Je leur lâche un sourire rayonnant.

Ok, on est prêts ?

Ils sont trop beaux, on est trop belles sérieux. J'avais envie de changer un peu de tenue que les jolies robes pour finir l'année (j'ai adoré toutes mes robes merci Ariana mais j'adore changer de style) alors nous voilà. J'ai eu l'idée de prendre une tenue plus japonaise, pour moi d'abord, puis je me suis dit que je verrai bien Misao la porter. Et puis Roman aussi, en fait. Alors je leur ai proposé et ils ont dit oui. Et me voilà, ravie de me retrouver un peu comme avant, dans les meilleurs souvenirs qu'il me reste avant Terrae, avec mes deux comparses, tout prêts tout beaux. J'ai hâte d'aller danser avec eux.

Prêt quand tu veux.

Roman nous adresse son sourire d'ange, ravi lui aussi visiblement, les mains dans les poches du pantalon on dirait un top modèle, il a pas perdu l'habitude tiens.



Les tenues qui tuent en question
Trop frais
Trop fraîche

Misao panique.

Ce n’est pas la première fois qu’il va danser avec Pandora, aujourd’hui, mais c’est la première fois qu’il l’invite aussi ouvertement. (Si “est-ce que tu vas au bal de Noël ?” “oui !” “aha tant mieux” suivi d’un blanc extrêmement gênant avant qu’il n’ose enfin lui demander d’être sa cavalière, parce que c’est un gros Feau, est une invitation ouverte.)

Il avait aussi accepté de mettre une tenue coordonnée avec Elwynn et Roman. Il n’en avait pas pensé grand-chose, à part qu’il trouvait l’idée marrante et chouette, que ça changeait un peu des vestes de costumes qu’il pouvait mettre, et puis maintenant qu’il l’a, il se demande si ce n’est pas juste TROP.

TROP bizarre.

TROP. TROP.

Du coup il est en train de réajuster ses manches pour la millième fois devant le miroir en pied de la porte de la salle de bain. Ses cheveux ont un peu repoussé depuis l’été, il les a repoussés sur le côté et juste. Ouais. Il se sent ultimement gêné, soudainement, d’être habillé comme ses amis — pas parce que c’est bizarre, mais parce que c’est si naturel sur eux, et lui, il se sent un peu guindé dedans. (Et aussi parce que les motifs, en public, il n’a pas trop l’habitude.)

Il inspire. Se tourne vers Roman, très beau dans sa tenue. Immense, aussi. Il lui lance un sourire incertain (et TERRIFIE), puis tourne la tête vers Elwynn. Splendide elle aussi, et sa queue de cheval lui va extrêmement bien.

Il inspire encore (oui il a oublié d’expirer).

—Je crois.

Non ptdr pas du tout il meurt à l’intérieur. Mais il trouve de l'encouragement et du réconfort auprès de ses amis, alors il sourit, et souffle enfin un peu. On est là pour s'amuser, ok ? Il attrape le petit paquet qu'il a prévu et qu'il glisse dans sa poche ; le reste des cadeaux, ce sera distribution demain matin, il va pas emmener un cabat au bal non plus hein.

—Ok, oui. Prêt. Vous êtes beaux tous les deux.

Il sourit. Quand il les regarde, ça va mieux, c'est bon. (Pour le moment.)

J'ai adoré la proposition d'Elwynn. La tenue aussi. Je suis content de pouvoir passer de nouveau du temps avec elle, à se préparer pour se faire beau. Pendant qu'on se prépare, j'ai un pincement au coeur en la voyant se maquiller seule. Avant, c'était pas elle, mais Nina qui nous maquillait. El' prend le temps de maquiller à peine mes yeux, comme Nina. Mais son regard a changé. Elle ne retient plus sa joie, c'est beau quand je la regarde, et elle rayonne encore plus qu'avant, à l'aise dans sa tenue. Je me dis que j'ai pas envie de pleurer pour ce soir, alors je lui rends son sourire, et tourne la tête vers Misao.

Qui lui, n'est clairement pas à l'aise. J'essaie de le détendre tout au long de notre préparation en riant gentiment, mais il n'en sort pas. Il a pas l'air d'être prêt non plus quand on lui demande. Je le regarde attentivement, ses cheveux lui donne un air sérieux qui lui va bien, il est très beau. La tenue marque sa taille, lui donne un air élancé qu'on lui voit peu au quotidien, et ça lui va vraiment très bien.

Tu es vraiment très beau aussi tu sais.

Je lui souris, et Elwynn fait écho. Son regard brille, elle a l'air vraiment ravie, remplie d'amour.

Allez c'est parti !

Elwynn, qui fait petite alors qu'elle ne l'est pas entre nous, attrape nos mains avec un enthousiasme que je lui découvre et nous sourit. Elle serre nos mains avec affection avant d'aller ouvrir la porte pour nous laisser sortir.

Quand ils se tournent vers lui, Misao se détend enfin un peu. La joie d’Elwynn est contagieuse, et l’aura rassurante de Roman l’enveloppe très vite, malgré son regard perdu dans le vague un peu plus tôt. Il accepte la main de son amie qu’il serre gentiment, bien qu’il se rende bien compte qu’ils savent qu’il est stressé. Ca se voit, et il ne s’en est pas caché, mais il réussit à retrouver contenance assez facilement. Le compliment de Roman le touche, même s’il sent son visage chauffer un peu ; il souffle du nez et se laisse entraîner sans un mot hors de la chambre. Il ne reprend la parole que lorsqu’ils arrivent en vue des escaliers, au bout du couloir.

—J’ai un truc à faire, ça vous dérange pas de partir devant ? Je vais, hm.

Il pointe le haut des escaliers. Espérant se faire comprendre, le visage un peu chaud.

—On se retrouve à la salle ? On devrait pas mettre longtemps…

Au moins, il a moins l’impression de leur faire un faux plan en les laissant tous les deux ensemble. Il sourit néanmoins, presque timidement. Il est heureux de pouvoir partager ça avec eux, il se sent appartenir. C’est sans doute ça qui l’apaise le plus.

Misao se détend un peu, ça se voit qu'il est pas super à l'aise mais on va arriver en team. Et puis le premier qui le vanne sur sa tenue, ou sur quoique ce soit qui le met mal en fait, j'le 1v1  et on sait tous ici qui gagne. Moi. Au cas où c'était pas clair. Ouais j'ai peu de doutes quand il s'agit de défendre mes potes. On finit par sortir, et puis aux escaliers, Misao nous dit qu'il a un truc à faire avant. Si je suis surprise quelques secondes, je comprends très vite quand il pointe le haut des escaliers. Vite, mais pas assez vite pour Roman c'est sûr.

Mon coeur se serre, ma poitrine devient un peu lourde, mais j'occulte ça totalement et lui envoie un sourire. Doux et sincère, y a vraiment aucune moquerie, et je hoche la tête avec confiance.

Non t'inquiète, on se voit en bas alors. A tout' !

Et je lui fais un signe de la main alors qu'il s'éloigne, accompagné du sourire de grand frère de Roman. Aucun de nous deux n'a soulevé le sujet, aucun de nous n'a formulé le bon courage qu'on pense, mais on sait qu'il l'aura compris. On respecte juste sa pudeur. Et une fois qu'il disparait, ma main retombe mollement le long de ma cuisse, et mon sourire s'estompe. J'ai à peine le temps de m'en rendre compte que le grand bras de mon ami entoure mes épaules et m'attire contre lui. Il claque un bisou sur mon crâne, et sa voix un poil narquoise me réveille.

Allez Princesse fais pas cette tête, je sais que t'es contente pour lui. Viens on va danser, puis Jérém' doit t'attendre, allez !

Je lève la tête vers lui et me remet à sourire. Il a pas changé hein, il le voit toujours aussi vite. Il se permet juste de réagir plus vite, et plus tendrement. Terrae fait bien les choses. J'attrape sa main, me dit que lui aussi il doit avoir besoin de soutien... C'est sa première grosse soirée depuis que Nina est plus là. Je le serre fort contre moi, et on finit de descendre les escaliers pour rejoindre les convives. A la fin on sera tous ensemble, même Nina quand on virevoltera sur la piste.

Le Feu presse doucement la main de son amie, souriant maladroitement. Il ne sait pas trop quoi ajouter de plus, mais acquiesce simplement, sans remarquer leur trouble à tous les deux (c’est qu’ils sont doués pour le dissimuler) :

—A tout de suite.

Il envoie le même sourire à Roman, avant d’entamer sa longue montée des escaliers, alors que la majorité des gens en tenue de soirée font le chemin en sens inverse en papotant joyeusement. Longue montée, parce que les Airs sont quand même au dernier étage. Pas très étonnant qu’ils passent leur vie à passer par les fenêtres des autres, tiens. Cette pensée ne l’aide à tenir son cerveau occupé que jusqu’au demi étage, et il passe les volées de marches suivantes à ruminer son angoisse. En se rappelant que c’est Elwynn qui a choisi les fringues, évidemment que ça doit passer, sinon elle lui aurait pas proposé, pas vrai ? Et sur Elwynn et Roman ça rend très bien, alors pourquoi ça ne rendrait pas bien sur lui ? C’est parce que ça change totalement de ses habitudes, tiens, voilà pourquoi c’est étrange. Il souffle et se passe une main dans les cheveux, pour qu’ils soient un peu moins… trop… plus. Bon.

Misao est arrivé dans le couloir. Maintenant il faut aller jusqu’à la porte, hein. C’est pas aussi bizarre habituellement, mais ils se rejoignent surtout pour réviser. Et manger. Et jouer aux jeux vidéos. Les prétextes nuls pour passer du temps ensemble, là, y en a pas ; c’est juste : viens on danse, j’ai envie de passer du temps avec toi.

Si seulement il arrivait à le dire, ce serait moins gênant.

Devant la porte, il prend un temps pour souffler. S’humecter les lèvres. Remettre son col en place. Toquer. Voilà, c’est bon, il a frappé à la porte. Reste à ne pas mourir à l’intérieur de lui en la voyant apparaître, maintenant, pas vrai ?

Misao m'a invitée au bal de Noël. Enfin, non, tout le monde est invité bien sûr ; mais il m'a proposé qu'on y aille ensemble. Et je ne sais toujours pas s'il voulait juste dire ensemble, ou bien ensemble ensemble, vous voyez ? Mais, possiblement, je crois que, peut-être, c'est un date. Et plutôt que de commencer à paniquer comme une grosse débile, j'ai foncé chez Allen et je lui ai demandé de m'aider à choisir une tenue appropriée. Quelque chose de sexy tout en restant élégant, du genre à faire tourner les têtes (enfin, surtout une tête en particulier, hein).

Et maintenant que je m'observe dans le miroir, je me dis qu'il a peut-être un peu trop bien fait son job. La robe est d'un rouge éclatant, le tissu satiné et fluide épouse parfaitement mes courbes, mettant en valeur ma poitrine, mes hanches et ma taille fine. La fente sur le haut de la cuisse laisse apparaître ma jambe gauche, déjà longue de base, mais qui aura l'air interminable quand j'aurai enfilé mes escarpins. Je n'ai vraiment pas l'habitude de me voir comme ça, et même si je me trouve belle, j'ai aussi l'impression que c'est juste... Trop. Trop rouge, trop moulant, trop de peau exposée. Je suis nerveuse, j'ai les mains qui tremblent un peu alors que je termine de me préparer ; un maquillage simple pour les yeux, trait de liner noir étiré, effet yeux de biche, et mascara. Bouche rouge, assortie à ma robe. Cheveux relevés en un espèce de chignon tressé (c'est compliqué avec les cheveux courts, ok). Pas de bijoux, juste des boucles d'oreille, et voilà.

Je sursaute quand on toque à la porte ; merde, je ne suis pas prête. Où sont mes escarpins ? Je suis toujours à pieds nus. Aaaahhhh. Respire. Ils sont là, tout va bien, je les ramasse en lançant d'une voix que je veux assurée.

"Entre, c'est ouvert, je suis presque prête !"

Je ne vais pas le faire poireauter derrière la porte, non plus. Celle-ci s'ouvre alors que je me redresse, chaussures en main... Ah ben non, elles viennent de retomber par terre, lol. J'entrouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Woah. C'est. Quoi. Ca. J'avais anticipé, je m'étais préparée mentalement, je m'étais dit : "il va porter un costume classique et élégant, comme au mariage, il va être beau à tomber par terre, c'est sûr, mais fais pas la godiche et juste, dis-le lui, qu'il est beau. Comme une personne normale."

Et, bon. Il est effectivement beau à tomber par terre. Et très élégant. Mais par contre, le classique ??? Je n'aurais jamais imaginé le voir dans une tenue comme ça (et pourtant, c'est très japonais, et il est japonais, donc normal en fait ???). Il a l'air plus grand que d'habitude, plus fin aussi, la ceinture en tissu marque joliment sa taille. Et il a mis ses cheveux sur le côté, ça lui donne un côté très soigné et mature. J'aime bien. J'aime un peu trop. Je crois que je suis aussi rouge que ma robe, et je n'ai toujours pas dit un mot. Parle ptn.

"C'est- Je. Tu... Es prêt ?"

Quelle ELOQUENCE, bon sang. Forcément qu'il est prêt, il ne serait pas là sinon.

La voix de Pandora résonne derrière la porte, et il prend quelques secondes de plus pour l’ouvrir, hésitant. La gorge sèche, il appuie sur la clenche et la pousse, osant poser un pied à l’intérieur… avant de s’interrompre. Il reste coi durant un instant qui s’étire, alors que les escarpins rouges tombent au sol ; il les entend à peine, il sent qu’il a arrêté de respirer et qu’il ne pense plus vraiment droit.

Elle est là, magnifique dans sa robe flamboyante, dont le tissu brille dans la lumière de sa chambre. Et ses yeux qui le fixent, deux puits qui ne cessent de s’agrandir ; et ses joues qui rosissent en même temps que les siennes… Il essaie de ne pas fixer ses jambes qu’il aperçoit grâce à la fente de sa robe. C’est si différent de d’habitude, pour elle aussi ; on dirait qu’ils ont enfilé des costumes qui ne sont pas à eux… C’est drôle, pourtant, comme il trouve que tout lui va bien.

Il n’a rien dit non plus, et la voix hésitante de Pandora le ramène un peu sur terre.

—Euh… Oui, oui je suis prêt. Toi aussi ? A part. Les chaussures ?

On dit quoi dans ces moments-là ? Bonsoir ? Il fixe les chaussures toujours à terre et s’accroupit pour les ramasser et les remettre droits, pour qu’elle puisse les enfiler. Il a le coeur qui bat la chamade. Ca lui permet de ne pas la regarder trop fort, alors qu’il s’entend dire :

—Tu es magnifique.

Ecarlate, il se remet debout en lissant son costume, puis lui tend la main pour qu’elle puisse s’y accrocher pendant qu’elle met ses escarpins.

On se fixe en rougissant comme les deux andouilles que nous sommes, en silence, pendant un instant qui semble s'étirer à l'infini. Je crois qu'il est aussi surpris de ma tenue que moi de la sienne - agréablement surpris, j'espère. Finalement, je brise le silence pour lui demander bêtement s'il est prêt ; et je me sens un peu mieux quand il me retourne maladroitement la même question.

"Eh ben, euh... Oui, oui. A part les chaussures."

Parce que forcément, je ne vais pas y aller à pieds nus, à ce fameux bal. Je n'arrive pas à détacher mon regard de lui, alors qu'il se penche pour ramasser mes escarpins, avant de me dire que je suis. Magnifique. Ah oui, quand même. Woah, il fait pas des compliments souvent, mais quand il en fait, c'est pas à moitié. Ahah. Je ris nerveusement, les joues en feu. Je crois que j'ai oublié de respirer.

"Haha, euh... Merci. Tu es très beau toi aussi. C'est... Je m'y attendais pas, ça change de d'habitude... Mais c'est très bien. Tu es très beau."

Oui, tu l'as déjà dit ça, Pando - et fais attention, si tu continues de baver comme ça, ton rouge à lèvres va finir par couler. Cette phrase résonne dans ma tête avec la voix d'Allen, et ça me met une claque suffisante pour que je me réveille un peu. Ok, look alive. Misao se redresse et me tend la main pour m'aider à enfiler mes escarpins. C'est presque solennel, comme geste, j'ai un peu l'impression d'être une princesse ; c'est étrange, mais pas déplaisant. Je lui souris en glissant délicatement mes doigts contre les siens, un contact léger, juste pour conserver mon équilibre alors que je grimpe dans mes chaussures (grimper, c'est bien le mot, vu la hauteur du talon). Et d'ailleurs ;

"Oh, bah. Je suis plus grande que toi !"

Pas de beaucoup ; mais pour une fois, mes yeux sont un peu au-dessus des siens. Est-ce que c'est dérangeant ? Je devrais peut-être changer ? Je n'ai pas énormément de chaussures élégantes (et hors de question de porter des combat shoes avec cette robe, mdr), mais je dois pouvoir trouver des ballerines dans un placard.

Ce qu’il y a de bien avec Pandora, c’est qu’il arrive à voir facilement quand ils ont tous les deux perdu pied. Tant mieux s’il n’est pas seul à hésiter, à galérer ; ça lui tire un sourire, et rire soufflé, alors qu’il lui replacer ses escarpins correctement sur le sol… Et quand il se redresse, et qu’elle le complimente aussi (deux fois), sa première réponse est un sourire gêné, tandis qu’il baisse les yeux vers le sol.

—Merci… Comme j’avais déjà une cavalière, Elwynn a proposé qu’on porte la même tenue avec elle et Roman. Pour marquer le coup, au lieu d’y aller ensemble. Mais ça me fait un peu bizarre aussi.

Il est bien content de pouvoir serrer ses doigts entre les siens alors qu’elle grimpe (oui oui on est d’accord) dans ses escarpins. Misao relève les yeux vers elle, qui le dépasse maintenant, et lui renvoie un sourire très doux.

—Oui c’est vrai. Il fallait bien que ça arrive !

Et pourtant, il est déjà relativement grand, particulièrement pour un japonais. Il est persuadé qu’ils ont un ancêtre proche européen avec Hideko, c’est pas possible qu’ils aient ces yeux et cette taille sinon.

—Tu as tout ce qu’il te faut ?

Il n’arrête pas de la regarder.

Le moment de gêne dure un peu plus longtemps que d'habitude - enfin, est-ce vraiment de la gêne, ou juste de la timidité, de l'hésitation ? C'est un sentiment désagréable, le malaise ; or ici, tout ce que je ressens est tout doux, et chaud. Je rougis de plus belle quand il parle de moi comme sa cavalière (c'est tellement désuet, comme mot, mais aussi... Très plaisant à entendre), avant de hocher la tête avec un sourire.

"Je vois, ça m'étonne déjà moins, du coup... C'est chouette que vous vous soyez préparé ensemble, ça doit bien leur aller aussi !"

Mais moins qu'à lui, quand même. J'aurais peut-être dû demander à Allen qu'on se prépare ensemble aussi, j'aurais sans doute moins stressé - et puis j'aurais pu m'assurer qu'il se prépare pour de vrai (ouais, il m'a dit qu'il passerait à la soirée, mais je n'en suis pas convaincue, il ne vient à ce genre d'événement que parce que je le traîne, d'habitude...).

Misao sourit toujours, après que j'aie enfilé mes escarpins et que je le regarde d'au-dessus, pour une fois. Ca n'a pas l'air de le déranger, alors je suppose que je peux les garder ? Je hoche la tête à sa question, incapable de lâcher son regard, ni ses doigts, que je serre un peu plus fort entre les miens.

"Oui ! Je n'ai besoin de rien d'autre que toi."

Je lui souris timidement, les joues toujours roses. Pourquoi est-ce que ça sonne toujours aussi étrange, quand j'essaye de lui dire quelque chose de gentil ? Un léger silence s'installe, que je me sens obligée de briser ; parce qu'à trop le regarder comme ça, je commence à ne plus avoir envie de partir du tout.

"On y va ?"

Le pauvre Misao pouffe de rire à sa remarque. Il n’y a qu’Elwynn qui peut le convaincre de mettre ce genre de choses, même si ça lui est déjà arrivé d’avoir des idées un peu similaires. Il faut dire qu’il n’a pas énormément d’imagination, un peu comme avec son affinité. Mais ça a l’air de lui plaire, alors il en est heureux… et sacrément soulagé ; il avait un peu peur d’avoir l’air d’un clown. C’est peut-être parce qu’il y a de l’enjeu, dans cette soirée, pour lui, qu’il se sent aussi… intimidé ?

—Oui, ils sont superbes dedans.

Mais pas autant que Pandora actuellement. Il fait de son mieux pour ne pas la détailler, se contentant de fondre dans ses yeux. Il aime bien la voir un peu plus grande, en réalité, pour une raison qui lui échappe ; ça le fait sourire et lui donne envie de rire, comme une bulle chaude dans sa poitrine. Et cette chaleur qui remonte jusqu’à son visage lorsqu’elle reprend la parole… De rien d’autre que lui. Est-ce que c’est trop tôt, s’il dit qu’il a envie de l’embrasser, là, avant d’y aller ? Est-ce que ce serait étrange, s’il lui disait qu’il n’avait besoin de rien d’autre que d’elle, ces derniers temps ?

Un instant, il hésite, alors que sa main libre effleure sa propre poche… Mais ce n’est pas encore le moment d’échanger les cadeaux de Noël, alors il va prendre son mal en patience, se remettre les idées en place, et emmener sa cavalière danser, hein ? Il lui sourit en retour et lui offre son bras, comme un écho de cette soirée qu’ils ont passée, il lui semble, il y a fort longtemps maintenant.

—Et je n’attendais que toi. On peut y aller, oui. Est-ce que tu prends un manteau ?

Il peut lui tenir chaud durant le trajet, mais il suffit qu'elle ait envie de sortir fumer une clope et... enfin voilà, ce serait con qu'elle doive être collée à lui toute la soirée pour qu'il puisse lui tenir chaud, hein.

Je souris doucement quand Misao me dit que ses amis sont superbes, dans cette tenue ; c'est plutôt lui, qui est superbe. Mais je ne vais peut-être pas le lui dire une troisième fois, ce serait trop, non ? Et puis je crois qu'il le voit bien, que je suis incapable de détourner mon regard de lui ; tout comme moi, je vois qu'il ne m'a pas lâchée des yeux depuis qu'il est arrivé. Et ça me procure une sensation étrange mais agréable, comme si son regard suffisait à me rendre belle et atténuer mes doutes.

Une fois que nous sommes prêts, le nippon me tend son bras, et je m'y accroche avec un grand sourire - ce geste aussi, est un peu désuet mais loin d'être désagréable. Mon coeur fait quelques bonds dans ma poitrine, quand il me dit qu'il n'attendait que moi. J'ai envie de lui dire que moi aussi ; que parfois, j'ai l'impression de n'avoir attendu que lui pendant très longtemps. Mais les mots restent coincés dans le fond de ma gorge ; c'est encore un peu trop, un peu trop tôt, pour être aussi honnête avec lui - au moins je suis honnête envers moi-même, et déjà ça, c'est beaucoup. Je secoue la tête avec un léger rire, quand il me propose de prendre une veste.

"Je n'en ai pas besoin ; puisque tu es là !"

Ce que je veux dire, c'est plutôt : je ne compte aller nulle part sans toi, alors s'il te plaît, toi aussi, reste avec moi ce soir. Je me penche pour l'embrasser doucement sur la joue (mh, je préfère quand je dois me mettre sur la pointe des pieds que l'inverse, je crois), avant d'ouvrir la porte pour sortir dans le couloir ; direction, le bal.