__–Depuis son initiation, Karen—
__–Wop hop hop hop, non mais ça suffit à un moment là. À chaque fois que tu l’ouvres pour commencer c’est pareil, et vas-à que je me lance dans un grand discours sur comment c’est dur quand-même la vie quand on est une connasse raciste qui a pas d’amis parce que personne peut la supporter.
__–Parce que tout va bien, je suppute ?
__–Ah mais j’ai pas dit ça. Non clairement je lui en fais voir de ces trucs à la Karen. Ah mais vous croyez quoi, jamais de la vie je vais nier que je suis une couche supplémentaire d’emmerdes qui se rajoute à une situation déjà complètement pourrie. Déjà un truc : elle ose plus approcher Minoru. Elle a tout de suite compris que ça voulait dire devoir se confronter à ses émotions et… c’est curieux hein, mais elle a pas envie de découvrir qu’il ne l’aime pas et ne reste avec elle que parce qu’il a pitié ou peur. Allez savoir lequel serait le pire ! Un autre truc bien marrant, c’est que maîtriser les pouvoirs, ça ne s’improvise pas. Alors d’accord, Karen va aux cours de soutien là, mais elle a très très vite compris que ça ne suffisait pas. La raison je la connais, mais allez, je suis sympa, je vais laisser l’autre peigne-cul l’ouvrir un peu.
__–Hum. En fait, la raison est sensiblement similaire à celle qui explique pourquoi une aussi excellente étudiante a vu ses notes s’effondrer. Être studieux requiert d’être dans un état mental correct, or la quantité d’éléments qui empoisonnaient le quotidien de Karen et pesaient comme des enclumes sur son esprit étaient conséquents.
__–Ah bah aussi quand on refuse d’aller voir un psy !
__–Et qu’est-ce qu’un charlatan woke pourrait faire, hm ? Non, Karen décida plutôt d’aller voir quelqu’un qui pourrait effectivement l’aider, du moins le pensait-elle. Pourquoi son choix s’était-il porté sur lui parmi tous les autres, avec son air de délinquant punk, je ne saurais le dire, mais il n’est pas de mon privilège que de savoir interpréter tout ce que fait ma maîtresse. Nul doute que ce serait toutefois tout à fait ce dont elle aurait besoin.
__–D’un charlatan woke, donc ? Et oui on parle de Nico hein, pour les deux du fond qui suivent pas, c’est marqué dans le sous-titre du topic. Ça y est cette intro de merde est finie, on passe à l’action ?
__–Oui, oui, nul besoin d’être si empressé.
__–Il n’avait pas échappé à notre protagoniste que le sieur Nicolas faisait régulièrement des rondes dans l’ô combien bruyant couloir des Tonnerres, pour vérifier si tout allait bien et personne n’avait besoin de son aide. Aussi, c’est par une belle matinée d’automne que le master put voir Karen sortir de sa chambre – après avoir attendu sa venue toute la semaine –, se planter devant lui, le dévisager avec intensité et lui sortir un… Un… Un ?
__–Oh.
__–Bah alors, timide ?
__–« Salut. »
__–C’est un bon début mais du coup ça y est c’est mort il te prend pour une teuteu. Je le sais, je sens sa perplexité. Enfin, j’ai même pas besoin d’être magique pour ça. T’as plus qu’à assumer jusqu’au bout ta stupidité !
__–« Ouais euh… T’sais qui j’suis nan ? T’sais t’étais là genre à mon initiation là. Et euh… »
__–C’est plus pratique pour parler à quelqu’un si tu le regardes dans les yeux.
__–« Bah euh… »
__–Oh bordel de merde c’est si difficile que ça de demander de l’aide ? Mais au secours là.
__–« ’fin j’galère quoi. »
__–Comme tout le monde ici ma vieille. Espérons qu’il arrivera à comprendre où tu veux en venir, parce que si déjà toi tu sais pas putain c’est chaud.

Nicolas avait fini de remplacer une énième ampoule dans le couloir des Tonnerres qu'un petit Initié s'est présenté devant lui pour lui expliquer qu'il s'était encore électrocuté malgré ses conseils. Oui, Nicolas n'était plus Préfet... Mais il avait tellement de boulot à la fac qu'il n'était pas 100 % Master non plus... dans sa tête. Disons qu'il apportait son aide quand il s'agissait de domaines bien spécifiques ; des récupérations dans des lieux qui craignent leur mère wallah, des réu où y'a pas tout le monde et c'est le seul à prendre des notes complètes parce qu'il est taré comme ça et, quand il est là, aider aux Initiations et Étoilisations surprises. En vrai, rien de bien compliqué qu'il ne pouvait pas ajouter dans son emploi du temps. Il explique donc calmement à cet Initié que le contact doit se faire avec la TERRE, pas forcément avec le sol de sa chambre qu'est à des étages trop éloignés d'elle pour vraiment faire une différence. Avant de s'avancer un peu plus dans le couloir...

...et d'être intercepté par une jeune fille dont il reconnut la blondeur et l'expression du visage. On pourra lui présenter tous les arguments du monde, le fait est que Karen, lors de son Initiation lui a rappelé Jérémy, si fort, à une époque de leur vie, qu'il avait espéré ne pas la recroiser. Mais Nico étant Nico, devant le petit "salut" hésitant de la demoiselle, il ne se retient pas de lui sourire, canines apparentes. :

-Salut !

Une nouvelle hésitation, une nouvelle question. Nicolas répond sans détour. :

-Oui, je me souviens de toi.

Il se souvient de son caractère, des mots qu'elle a utilisé. Il attend qu'elle lui dise clairement qu'elle "galère" avant de reprendre. :

-Ok. Avec tes pouvoirs je suppose ? Côté Tonnerre ou côté Sensitif ? Tu veux qu'on s'orga ou c'est urgent et on fait ça maintenant ?

Une explosion retentit derrière lui et il sait déjà d'où ça vient. Une main sur sa hanche, l'autre massant sa tempe, il hurle derrière lui avec son accent de Boston. :

-SENRI WTF ?! JE T'AI DIS DE T'ENTRAÎNER AILLEURS QUE DANS TA CHAMBRE ! REPARE ÇA ET CASSE-TOI BORDEL ! ...avant de revenir vers Karen d'un coup très calme. Ok alors si on fait ça maintenant, pas ici. Ça te va ?

Nicolas est un Tonnerre fatigué.

__–Hé bien, si cette personne ne brillait pas par le soin apporté à son apparence, au moins s’illustrait-elle par sa disponibilité.
__–« Euh, bah chaipas après… »
__–Karen faillit dire qu’il n’avait pas l’air très occupé pour le moment et que quitte à rien faire, il pouvait lui rendre service à elle là maintenant, mais fut interrompue par un horrible fracas. Ce n’était pas le premier de la semaine. Non vraiment, s’habituer à la vie dans cette partie de l’institut était très difficile. Quelque part, Karen n’avait pas envie de s’y habituer, refusait de croire que c’était là un quotidien acceptable. Car enfin, peut-on tolérer un tel tapage aussi bien diurne que nocturne ? Et si ce n’était pas les Tonnerres qui tempêtaient, c’était les Feux qui venaient alimenter les braises de la discorde, ou les Airs qui n’en manquaient pas et les Terres qui se coalisaient pour faire cesser ce raffut, non sans en provoquer encore plus. (Les Eaux, de leur côté, investissaient dans les boules quies ou joignaient un camp ou un autre.)
__–Moi je les aime bien.
__–C’est là tout le problème.
__–« Ouais, ça me va. »
__–Aussi se dirigea-t-elle vers les escaliers. Pour prendre l’ascenseur bien sûr, hors de question d’aller à pied à… peu importait l’endroit, en fait.
__–Bon ben maintenant que y’a plus que vous deux et que vous pouvez discuter, il faudrait dire pourquoi tu viens l’emmerder, nan ? Ah ben oui ça veut dire qu’on maîtrise pas tout du premier coup mais bon ben normal, t’es qu’une p’tite débutante de rien du tout.
__–« Et alors, genre… je sais pas t’sais, le pouvoir sensitif j’arrive un peu à l’utiliser mais c’est super chiant sa mère là il fait que ce qu’il veut et j’arrive pas à le contrôler. C’est trop chiant en fait, je me suis fait méga carotte. »
__–Bien fait.
__–Alors contrairement à toi je suis le premier à reconnaître que je suis une source d’emmerdes absolument colossale.
__–« Puis chaipas, l’électricité, c’est bizarre non ? Comment tu fais pour maîtriser un truc que tu vois même pas, ils ont cru c’est Star Wars en fait, c’est n’importe quoi là. »

Bon. Nicolas va éviter de commenter son mood, mais au moins elle fait en sorte de pas être... désagréable. Disons. Ils partent donc du couloir, Nicolas envoyant un dernier regard insistant derrière lui pour Senri. Et... Franchement il est même pas sûr d'avoir déjà pris l'ascenseur. Nicolas est du genre à prendre les escaliers... ou utiliser un cristal Téléporteur dans les urgences, s'il partait de chez lui. Il s'appuie au fond, les mains dans le dos, pendant que Karen explique son problème. Elle parle de son côté Sensitif en premier. Obviously. ...Obioutubly. Nan tu- aah... Laisse-tomber. Parce que niveau carotte, Nicolas faisait minimum partie du podium de ceux qui se sont fait arnaquer à la distribution des pouvoirs. C'est uuun peu de ma faute mais quand on cherche la merde faut pas s'étonner quand ça éclabousse. Eurk... Ouais hein ?! :

-C'est le début, t'inquiètes.

Il ne commente pas le fait qu'elle utilise le mot "contrôler". Ça aurait été n'importe qui d'autre il n'aurait pas tiqué mais... c'est Karen. Karen dont la première impression lui a laissé un goût amer. :

-L'électricité, même combat. C'est une énergie que tu vas apprendre petit à petit à reconnaître... Le vent, tu le vois pas mais tu peux le sentir tu vois ? C'est un délire du même type.

Y'a encore des gens qui croient en Dieu et il en branle pas une pour se manifester lui hein. ...ANYWAY. Ils sortent de l'ascenseur et se dirigent vers la salle d'entraînement. A cette heure-là, il n'y a personne et avec le beau temps, la plupart s'entraînent dehors... Nicolas retire sa veste en cuir, la pose sur la chaise la plus proche mais reste debout pour se tourner vers Karen. :

-On s'attaque au côté Sensitif d'abord hm ? Si tes pouvoirs font ce qu'ils veulent je suppose que tu ressens les émotions des autres ou l'inverse ?... Alors... Imagine, un écran ou un filet, entre toi et la personne. C'qu'il y a, c'est que tu verras toujours l'émotion, tu peux pas l'éviter ça mais tu peux éviter que ça t'atteigne ou atteigne la personne face à toi.

Il penche sa tête sur le côté, croise les bras sur son torse. :

-J'vais baisser mes propres barrières pour qu'on teste... Des questions ?

Ouais parce qu'il va peut-être vite. Peeeut-être.

__–Karen avait bien des commentaires à faire, désagréables si possible, sur les images et les frêles conseils donnés pour tenter de la rassurer, mais il fallait bien reconnaître qu’il avait raison.
__–Et puis il est beau gosse.
__–Qu’ouï-je ?
__–Oh putain sans déconner arrête. Pourquoi est-ce que tu crois qu’elle a un mini-rougissement et qu’elle détourne un peu du regard quand il se désape ?
__–Parce que c’est indécent ?
__–Pourquoi je te parle. ’fin bref ça cause de moi là. C’est pas des conseils de merde en plus. Ça d’mande un peu de, genre, de capacité d’abstraction t’sais par contre. Ah oui parce que, on rigole on rigole on nique le quatrième mur tout ça youpi banane, mais que je vous explique, Karen se représente pas vraiment notre existence, c’est juste qu’on est à l’écrit et que bon ben y’a pas toujours trente-six manières de représenter deux parties de sa tête qui se foutent dessus. Bon si après y’en a peut-être trente-six facile, m’enfin c’est celle-là qui a été choisie, alors, hein. En fait nan, les émotions elle les voit genre, pas. Jamais elle s’est dit qu’elle allait mettre des images dessus. Bah il serait temps !
__–« Ok ouais un filet, ouais d’accord. »
__–Museler l’autre insupportable, quelle idée formidable. Je l’apprécie, en fait, ce Nicolas.
__–Bon t’as rien compris mais c’est pas grave. Du coup Karen essaye. Nicolas vire sa protection de master là, m’enfin après il est calme quoi donc ça reste vlà tranquille. Tu peux quand-même sentir un vieux reste d’agacement, de la concentration, de l’observation, de la patience, enfin tout un tas de trucs normaux quand t’es en train de donner un cours quoi. Par contre là c’est à peine moi qui détecte. Ah bah non ce sont pas des émotions tout ça, c’est juste que bah j’sens presque rien et elle interprète.
__–« Euh ouais enfin ’faudrait que t’aies des émotions, quelque chose quand-même hein, parce que là sinon ça sert à que dalle. »
__–Oh je sens qu’elle va le regretter ça…

Nicolas comprend que c'est un peu léger comme premier conseil, mais il y va par étape. Et puis aussi il s'attend à ce qu'à tout moment elle lui balance un truc qui lui plaît pas du tout et qu'il lui dise, en gros, avec autant de professionnalisme que possible, qu'elle aille se faire foutre... cordialement. Non parce qu'il est gentil Nicolas hein, mais faut pas abuser. Mais pour l'instant, elle ne dit rien. Y'a tout un travail mental mais elle ne dit rien... C'est que vraiment elle a besoin d'aide pour en demander à lui, et être aussi polie.

Déjà, rassurant, elle n'est pas submergée dès qu'elle perçoit des émotions même simples et légères, même en nombres, pas comme lui dès qu'il a reçu son pouvoir. Karen ne semble pas partager son avis à propos de l'utilité de ce début tranquille et Nicolas a un léger mouvement de tête, la fixant quelques temps sans répondre. ...J'ai mon instinct de petit con qui s'éveille. Non. Roooh alleeer juste un peu ! Non, on ne donne pas des munitions à un adversaire qui n'en a plus, donc non. Gnh j'aime pas quand tu utilises MES métaphores, ça me hérisse le poil.

Donc pas de tristesse pour la faire chialer comme une madeleine, pas de dégoût pour la faire dégobiller partout et pas notre colère pour la faire flipper, compris. Nicolas a un léger sourire avant de le cacher à moitié avec l'une de ses mains. :

-As you wish...

Un petit gloussement presque inaudible lui échappe. La joie a l'air d'être simple comme ça, elle naît vivement et s'éteint presque aussi brutalement mais comme le rire, on peut la préserver, la conserver contre soi et réchauffer son cœur. Pour l'instant, elle ne bouge pas, Nicolas la préserve pour observer les réactions de Karen avant que cette petite chaleur s'avance, inexorable, droit vers ses remparts. Il n'y met pas de force, ce n'est que le début.

__–Karen roula des yeux.
__–« To think I’m taking course from a Massachusetts homosexual… »
__–Ce qui ne lui empêcha pas de se prêter à l’exercice et d’activer son pouvoir. Il faut donc que je laisse la place, fort malheureusement :
__–C’est ça, c’est ça allez dégage. Bon alors. La joie. Y’a deux-trois trucs à dire sur c’te merde. C’est une émotion vlà bizarre en vrai. C’est genre, à la fois comme une explosion soudaine, qui te remplit de partout dans tous tes membres d’un coup comme ça, mais c’est en même temps confortable comme un vieux canap’ qui sent un peu la bonne beuh et sur lequel tu t’es tellement assis que ses coussins sont moulés à ton cul.
__–Ça laisse rêveur.
__–Ta gueule c’est moi qui parle là. Du coup réaction immédiate de notre Karen nationale : bah elle sourit. Un sourire super bizarre pour elle. Le genre qu’elle a jamais eu sauf quand elle était tellement même que même pas elle s’en souvient. Le genre vrai. Pas forcé. Pur. Innocent et tout là. Qui rayonne.
__–Qui rayonne littéralement parce que allez savoir pourquoi ça a fait passer un peu de foudre partout autour d’elle. Y’a eu, euh… bon vas-y là, tu gères mieux les mots avec la masse de syllabes.
__–Certes. Un crépitement engloba donc Karen. Pour l’espace d’un bref instant, faire scintiller ses yeux, ses mains et ses cheveux, de petits éclairs.
__–Voilà cimer frère. Bon alors sauf que problème. Karen est conne. Dès que c’est passé, elle tire à nouveau la gueule :
__–« Mais genre à quel moment tu veux que j’monte des défenses pour ça toi, tssk là. »
__–Si y’en a qui se demandent, elle croise pas son regard hein. Et oui elle a vite fait un peu méga honte. Ça fait chier d’être fragile et vulnérable devant un gaucho au pif hein ? ’va falloir t’y habituer, c’est Terrae ici ma gueule !

La remarque de Karen ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd.

C'est quand même dingue d'être aussi sûre de soi et d'être complètement à côté de la plaque. J'en ai vu des cons, on a grandi entouré de cons. Et c'est quelque chose d'assez intéressant de voir Nicolas se contrôler autant pour une gamine. Toute la colère que ça réveille en moi, il la canalise, n'en montre même pas l'ombre à Karen qui sourit, pétillant littéralement de joie. C'est une gosse, qu'on se dit, plus jeune encore que Jérémy quand il a débarqué à Terrae et il a bien changé depuis... S'il partait maintenant, il méritait pas son titre de Master.

Mais bon, frotte-toi à Nicolas, subis les conséquences. Il est patient mais c'est un Tonnerre, fais pas chier ou tu vas morfler.

Karen se plaint et il penche la tête sur le côté... Elle fuit clairement son regard. Les yeux de Nicolas, où l'or se mêle à l'argent, où la pupille est réduite à un point noir comme le chat d'une aiguille, fixent la jeune fille. :

-Si tu n'es même pas capable de repousser la joie d'un "homosexuel du Massachusetts", tu ne repousseras pas le reste.

Il prend une inspiration et ne lui laisse pas le temps de répondre ; il décroise ses bras et hausse les épaules. :

-But, like I said... as you wish...

Et comme on décoche une flèche d'un arc, la sensation que Nicolas envoya perça le nuage de joie, traversa l'espace en un claquement de doigt et alla se planter dans le bras de Karen. De son épaule droite jusqu'au bout de ses doigts, la douleur éveilla tous ses nerfs comme si on la tordait sans pitié.

__–Ah ah ah ah ! Je l’aime bien ce salaud.
__–Et après tu oses encore prétendre avoir les meilleurs intérêts de Karen à cœur.
__–Occupe-toi de la narration plutôt que de dire de la merde.
__–Si seulement je le pouvais sans interruptions intempestives. Karen subit donc l’attaque de ce triste sire avec un petit hurlement et un tressaillement, autant de surprise que de douleur. Elle lui lança un regard noir, mais rien n’allait cesser l’atroce sensation d’épines qui s’enfonçaient et brûlaient sous sa peau…
__–Ben si moi ma gueule. Ah ça y’a pas à dire, être vénère sa mère ça la motive. Puis aussi parce que c’est juste pas possible de lui demander de s’arrêter. Pas pitié, pas s’il te plaît, pas même juste lui gueuler dessus d’arrêter. Et quoi encore, passer pour une fragile devant ce connard ?
__–Non puis bon, mine de rien. Quand on est un peu conne comme Karen et du genre à, toute sa vie, avoir été balancé face à des situations de merde qui te prennent à sec par tous les trous – ah, toujours la grande classe –, ta gueule, quand on est enceinte depuis plusieurs mois, quand on a eu des règles la vérité mes petits amis, c’est que dalle ça.
__–Bon enfin non c’est pas que dalle. Mais pas assez pour la faire paniquer au point de pas arriver à générer un bouclier.
__–Là si vous voulez, y’a le monde qui devient plus clair. Forcément, à cause de moi elle reçoit tout un bruit de fond tout le temps, là ça se calme. C’est pas parfait, ça picote toujours, y’a quelques bouffées des gens autour dans l’Institut et la pièce qui passent, mais c’est ok.
__–C’était en effet assez supportable pour que Karen se tînt debout, droite, à fixer Nicolas avec des yeux en tisons ardents et des crépitements électriques au bout des doigts.
__–« C’est tout ? »
__–Non mais là… y’a chercher la merde et se jeter dedans tête la première.

Nicolas doit passer pour un salopard mais ça lui va. Néanmoins, il fait son boulot hein. Il examine les réactions de Karen, voit ce qu'elle utilise pour atténuer la douleur. Elle est conne dans sa bêtise, mais on peut pas lui retirer sa solidité à la demoiselle. C'est un peu chiant par contre, d'utiliser la douleur pour quelle réussisse un bouclier potable, qu'elle se nourrisse de la colère pour le stabiliser. Mais écoutez, au moins, c'est efficace. Il allait la féliciter mais elle a balancé un "C'est tout ?" qu'a failli me faire sortir de mon Antre pour lui casser la gueule A CETTE SALE GOSSE DE MES COUDES !......... Mais Nicolas n'a fait que lever ses sourcils, lâché un rire sarcastique, posé ses mains sur ses hanches et un peu se pencher en avant. C'est Terrae ici, pas le goulag ! :

-Ouais ! C'est tout ! il se redresse avant d'enchainer, arrêtant net le flot de souffrance qu'il lui imposait. T'as fait le taf nan ? Et bien géré d'ailleurs. Pour parler technique, chaque réaction nerveuse, chaque émotion de ton corps relâche une hormone, tu as su piocher dans ton adrénaline et ton cortisol pour faire ton propre bouclier face à la douleur.

Il s'approche mais garde une bonne distance, histoire qu'elle reste à l'aise. :

-Bon maintenant, faut que tu apprennes à faire ça avec d'autres émotions, parce que je pense t'es au courant, mais la colère c'est pas ouf pour le corps... Ça te nique autant physiquement que mentalement. Donc je te conseille de varier, et ça tu le maîtrisera à force d'entrainements ou d'être soûlée par les autres Tonnerres du couloir, crois-moi.

Mais elle avait la base de la manip' pour fabriquer son petit filet émotionnel personnel... et il doutait qu'elle veuille qu'il lui tienne la main trop longtemps. Après si elle demande, y'a pas de soucis. Il se masse machinalement la nuque. :

-Être Sensitif, pour un Tonnerre, c'est chiant en fait. Parce que... Tonnerre quoi ! On n'a pas le temps ! Mais Sensitif faut apprendre à le prendre, son temps. Écouter son corps, ses réactions et ceux des autres... même pour les ignorer en fait. Faut s'arrêter deux secondes, les identifier et les comprendre, si on veut réussir à les maîtriser. Et écouter son pouvoir quand on est une pile électrique... ben tu sais quoi.

Il hausse les épaules, l'air de dire "Ouais c'est la galérance, tout le monde regrette au début et veut devenir Téléporteur hein"... Bon c'est pas que les Téléporteurs n'ont pas de problèmes... c'est qu'ils en ont d'autres. Il prend une inspiration. :

-Une question ? Une autre demande ?...

Il retient de justesse de lui demander si elle veut une boisson chaude. Non parce qu'il a pas oublié qu'elle est homophobe hein. Il est pas fou, l'homo du Masse-à-chaussette.

__–C’était donc tout. Et presque décevant. Les explications techniques de Nicolas laissèrent Karen de marbre ; elle n’avait pas une idée très précise de ce que pouvait bien être du cortisol.
__–J’ai pas trop entravé non plus mais l’reste si ça va c’est pas con. Avoir une gamme d’émotion variée, tout ça. Ça peut servir ! Puis ça va t’permettre d’arrêter d’être super emmerdée sa mère. Et aussi de parler à Minoru sans être empoisonnée par toute son anxiété et sa peur et l’bordel qui s’passe dans sa tête.
__–Ah ben tiens d’ailleurs question.
__–« Ouais ouais okay… Mais euh genre… On peut influencer les émotions des autres ouais ? Ça s’fait comment ? »
__–Ouais alors c’est peut-être la manière la plus baisée du cul du monde de vouloir faire du bien à quelqu’un que de pénétrer ses émotions pour les calmer et qu’il se sente un peu mieux. Chaipas consultez… non mieux, faites une thérapie de couple mdr.
__–Par pitié, que quelqu’un le fasse taire.
__–Même pas en rêve on est dans mon ter-ter là fréro. Après bon, est-ce que le Nicolas il a vraiment envie d’apprendre à cette connasse de Karen comment qu’on utilise ses pouvoirs pour s’immiscer oklm dans la vie émotionnelle des gens ? Si j’étais lui la réponse ce serait bah non. Du coup ma p’tiote ’va falloir montrer patte blanche.
__–Ah oui et un conseil dis pas que ce sera pour calmer tes gamins quand ils chialeront et que tu seras ultra gavée.
__–« Nan ’fin en vrai… En vrai t’sais quoi oublie j’suis sûre j’vais même pas l’utiliser. »
__–Et là c’est pas un mensonge. Si si, promis. Bah oui même quand on est une connasse on sait qu’il y a des trucs qui se font pas, Jésus il a dit qu’il faut pas être un salaud envers les autres si on veut pas qu’ils le soient envers nous ou un truc du genre.
__–« Puis c’pareil pour l’électricité là, j’ai trop peur en vrai. Ça fait flipper sa race. »
__–Ouais enfin, pas pour toi. Nan toi osef, par contre les petits êtres vivants autour, m’voyez…
__–« Nan en vrai si, euh, si ça t’dérange pas, comment on, genre… enfin, tu peux… »
__–Nan mais dis-le c’est pas un secret au secours t’façons dans un mois à tout péter tout le monde saura.
__–« Ouais j’veux dire, bah, si t’es si fort tu l’sais en plus. »
__–Qu’elle a deux jumeaux dans l’bidou. Bon après là en vrai ils ont trois mois, ils ont à peine un cerveau qui commence à faire des trucs et peut de temps faire un mouvement réflexe, peut-être qu’il peut sentir leur présence mais non ils ont pas d’émotions là.

Ah, on y est. Elle le dit à haute voix, sans tourner autour du pot : elle voulait pas forcément faire un filet ou un bouclier, mais qu'elle voulait influencer. Nicolas ne connaît pas ses motivations... et franchement, au tréfond de lui, il doute que ce soit pour faire le bien. Mais s'il ne lui donnait pas les clefs pour s'améliorer, elle ne le fera jamais. Il souffle, quelque chose de lourd et d'animal, avant de répondre sincèrement. :

-Je te déconseille de faire ça, au début, parce que les émotions sont variées, vastes et parfois plus puissantes que nous. C'est pour ça que t'entraîner à en connaître et reconnaître autant que tu peux, du départ, ça t'aidera à influencer après. il fait un geste de ses mains, un rond qu'il agrandit à mesure qu'il parle. Imagine les émotions comme une roue, le cercle intérieur est composé des plus simples et rapides, celles de surface comme la colère, le dégoût, la joie, la tristesse,... Dans le second cercle, tu as les détails... 'mettons dans la tristesse tu auras le chagrin, l'indifférence... et dans le dernier ce sont les détails et leur intensité, et pour reprendre l'exemple, avec la tristesse, ce sera pour l'indifférence, l'ennui et l'apathie, pour le chagrin ce sera le désespoir et la vulnérabilité...

En tant qu'Initiée, si tu maîtrises ton premier cercle, celui à l'intérieur, c'est déjà énorme. Parce que chaque petite émotion à son importance, son intensité. Tu ne pourras pas contrer... disons de la jalousie qu'avec de la "joie"... il faut instaurer une confiance et une ouverture qu'il faut expérimenter avant. Influencer ? Tu pourras ! Mais ce sera bref... eeeeet souvent les gens le remarquent et ça amplifie leur émotion première, donc moyen efficace. Ta meilleure défense en étant Sensitif, c'est ta tête. Si tu arrives à lire ce que la personne en face de toi ressent, sans utiliser tes pouvoirs que pour le comprendre et te protéger, rien qu'en lui parlant tu verras que ça change.

Et si ça marche pas... parce que ça arrive... ben il faut rester présent assez longtemps pour voir le changement opérer. Mais bon, il vient de lâcher la sagesse de l'année, la deuxième partie ce sera pour l'année prochaine hein.

Concernant l'électricité, elle flippe sa race. Alors comment dire... que venant de la part de Nicolas qui, lui-même, a toujours plus ou moins flippé sa race avec cette partie de lui, dire que ça va c'est pas si terrible, ce serait l'hypocrisie du millénaire -après la sagesse de l'année ce serait dommage. :

-Pour l'électricité, j'ai des astuces pour t'aider à l'utiliser de manière stable... Mais à ton niveau, le plus gros risque pour toi, c'est peut-être une décharge de l'ordre d'un coup de jus si tu manipules des objets électroniques et des ampoules qui sautent sans éclater... Ça surprend, mais ce n'est pas dangereux.

Ou pour son pet- AH NON SES. Oui ben pardonnez-le ! En tant que Master, il était au courant qu'elle était enceinte et qu'elle était suivie... Il se voyait mal lui causer en matant son bide, ce n'est pas ses affaires de un, et de deux c'est malpoli, et de trois il préfère regarder les gens dans les yeux. Il bat momentanément ses paupières, se remettant et stockant l'information. Elle est SI jeune et avec un bébé en route. SI jeune et maintenant DEUX. Mais dans quel monde elle gère en fait, d'être maman à cet âge ?! Inspire. C'est le moment où il faut user de dé-li-ca-tesse. Oui. Oui on fait ça. Délicatesse. :

-Leurs organes commencent à fonctionner mais leurs cerveaux sont trop... jeunes... pour avoir des émotions assez nettes.

Il marque une pause et préfère poser sa question pour être sûr. :

-C'est ça que tu veux me demander ? Comment mieux les voir ? Les sentir ?

Si un MJ passe, est-ce qu’il peut supprimer ce post svp ? Erreur d’envoi.

__–Pas bégueule, le Nico ! Il explique bien en plus.
__–Si par bien, tu entends par un espèce de baratin new age à base de roues et de cercles, oui, c’est un terme approprié. Oh, Karen ne fut pas déçue que l’espèce de petit laïus de son punk de professeur se conclût par lui demander simplement de faire preuve de plus d’empathie, ritournelle gauchiste et fade au possible.
__–Et ça t’étonne pas, ça ?
__–Ça quoi ?
__–Okay on reprend. Pourquoi Karen est là à l’origine, à parler de moi ? Parce qu’elle veut des relations un peu plus normales. Parce qu’elle sait que c’est juste pas possible de foutre la panique chez Minoru ou que tout le monde soit agacé ou énervé dès qu’elle l’ouvre. Bah oui c’est ça l’emmerdant, c’est que maintenant grâce à moi elle ressent tout ça et c’est pas des émotions super marrantes. Puis aussi, elle va avoir pas un, mais deux gamins, vous vous rendez compte ? Puis elle sait très bien que ses darons ont un peu beaucoup détruit leurs gosses parce qu’ils les écoutaient jamais et s’intéressaient jamais à leurs sentiments et tout l’bordel, là.
__–Alors pour Karen ? Plus jamais.
__–Je sais ça la coupe, mais elle a vraiment des bonnes intentions.
__–Passons.
__–Au moins, Karen fut rassurée de savoir qu’elle pouvait faire usage de son électricité sans mettre son corps ou celui de ses enfants en danger. En dépit de tout, Nicolas dégageait assez d’assurance et de confiance pour ôter à son élève un poids sur  son esprit et ses épaules, qui furent haussées à sa dernière question :
__–« Bah euh, ouais. ’fin… Ouais mais j’veux genre, pas… ’fin je sais pas… »
__–Leur intimité, tout ça. Ouais non parce qu’elle a des souvenirs assez traumatisants de son daron qui rentre sans frapper dans sa chambre ou des fouilles de sa piaule au cas où y’aurait pas des trucs de contraception, m’voyez. Y’a tout à apprendre sur comment on gère ça encore et, ouais, autant commencer le plus tôt possible.

La réaction de Karen l'intrigue et il s'y arrête quelques temps. Il prend le temps d'observer son expression, de bien saisir le peu de mots qu'elle utilise -peu, certes, mais important puisqu'elle les dit- et de s'attarder sur ses émotions. Une inquiétude, un peu de pudeur... Nicolas ne connait pas les détails de son histoire, ses relations avec ses parents, sa propre vision de la maternité,... Il a peut-être un avantage avec ses pouvoirs mais ça n'empêche rien qu'il nage en eaux troubles malgré tout. Mais il en avait vu des adolescentes dans son village et des amies enceintes, trop jeunes, pas prêtes, mais déterminées. Comme n'importe quelle femme peut l'être, mais il n'a jamais rien vu de plus sauvage et plus puissant qu'une maman. Et si Karen n'en saisit pas toute la force à ce moment, il faut la guider. Il faut la guider parce que deux petits êtres vont dépendre d'elle et elle est... si jeune. Elle doit encore construire son monde que deux planètes avec leur propre écosystème, leur propre gravité, vont débarquer dans sa galaxie. Le chamboulement est total... et elle a des pouvoirs magiques. En plus. Tu parles d'un challenge.

Nicolas qui s'était approché, s'accroupit maintenant. Peut-être qu'un psychomachin y verra un moyen de ne pas la dominer, tout ça, tout ça mais il n'y pense pas. Il veut voir le regard de Karen quand elle va le regarder de plus haut. :

-Tu sais quoi ? On va se revoir. Quand tes petits auront... six ou sept mois. Tu vas expérimenter tranquillement avec ton bouclier mental. Pendant ce temps, tu vas rencontrer d'autres émotions. Et quand eux seront prêts, leurs cerveaux mieux formés et tout ça, je t'aiderais à ce que tu puisses les sentir. Entre temps, si tu as besoin d'être rassurée à ce sujet, tu pourras aussi poser des questions à ton médecin... mais d'expérience... Les bébés aiment aussi sentir leur maman.

C'est pour ça que, dès qu'ils sortent, plus vite ils sont en contact avec elle, mieux c'est. :

-Est-ce que tu as un téléphone ? Est-ce que tu veux mon numéro au cas où ?

Ah... Et pour ceux qui se demandent pourquoi Nicolas n'utilise pas sa Greffe pour montrer à Karen ce qu'il voit, c'est évident. Ce... n'est pas évident pour tout le monde ? Oh. Ben... Premièrement, il a pas envie de partager sa Greffe avec elle. Deuxièmement, le simple fait qu'elle puisse d'elle-même rencontrer ses bébés plutôt que de demander l'aide d'une tierce personne est une victoire trop importante qu'il ne voudrait pas l'en priver. Also, ça l'encourage à s'entraîner et faire preuve d'empathie à l'avenir puisqu'elle va devoir utiliser ses pouvoirs. Tout bénef' pour elle.