On avait beau dire ce qu’on voulait, je restais ce que j’étais. J’avais assisté à ce combat, j’avais regardé ma sœur se faire battre par celle que je vénérais, que j’aimais à qui je vouais ma vie si je pouvais encore le dire. Mais cet amour non réciproque m’avait couté quelque chose aujourd’hui, je l’avais senti de la première fois, cette jalousie que je n’éprouvais jamais quand elle posa ses yeux sur une autre femme que moi.

Et ce regard, elle l’avait posé sur une novice dont j’avais déjà eu vent, une fille tout à fait banale. Parfois, oui, parfois je me demandais ce qu’il pouvait bien passer par la tête de Shizuru, allait-ce encore être un coup foireux comme avec Natsuki ? Allait-elle encore tomber amoureuse pour finalement se retrouver en morceau ? Si c’était le cas, cette fois-ci je n’aurai aucune pitié pour celle qui lui aura fait ça, non, cette fois-ci ce sera sa tête qui sera au dessus de ma cheminée.

Et ma sœur allez-vous me demander ? Elle devait mourir ce jour là, elle n’a récolté que ce qu’elle a semé. A ouvrir sa gueule comme un putois et à crier au loup, il ne fallait pas s’étonner qu’elle en ressorte cassée de partout. Et Marina dans ce cas ? Une abrutie de première catégorie, comme le dit si bien Shizuru. Sérieusement, qui aurait été assez con pour s’attaquer à une personne plus forte que soit ?!

Tapant dans la chaise devant moi en chottant dedans sans ménagement, un juron sorti de ma bouche. Rentrant à mon tour dans une colère noire, il ne fallut pas plus de cinq minutes pour que mon appartement ne ressemble plus à rien. Les armoires détruites, les vases cassés, les cadres et les peintures murales ne ressemblant plus qu’a un papier mouillé qu’on aurait essayé de réchauffer au fer à repasser demeuraient encore sur certains plan de travail. Mon divan ? Cette chose que j’ai envoyer dans l’espace sans ménagement ?

Soit, il fallait que je me calme, et la meilleure chose à faire était d’aller boire, oui, se bourrer la gueule pour tout oublier, boire à en crever, boire à tout oublier. Mais ce ne fut pas le cas, non, je n’eu le temps de sortir de mon appartement qu’une chose étrangement rapide que j’évitais pour ne pas l’écraser - non pas que je suis grande -, je tournais les talons et refermais la porte derrière moi, la tapant au nez de la personne se trouvant derrière.

Mais bon, quand on détruit son intérieurement, il ne fait pas s’étonner que le reste tombe avec hein ?! Et c’est ce qu’il se passa, la porte tomba laissant libre accès à mon invité de fortune.

- Je suppose que tu es là pour parler, rentrer dans ce cas et ferme … laisse tomber.

-Heu, bonjour. Je ne sais pas si on vous a parlé de moi, je m'appelle June et je suis une... amie de Shizuru. Ravie de vous rencontrer.

Elle était là, celle que j’avais pas spécialement envie de voir dans mon état actuel, je m’étais promise de ne jamais lever la main sur un étudiant, et je respecterai cette promesse jusqu’à ce que je n’eu puisse plus. Oui, il ne fallait pas exagérer tout de même, je passe ma colère sur les objets et non pas sur les gens ... Quoi que, avez eu vent que j’ai une sale manie d’envoyer les frottes-tableaux, des Bic, des cahiers sur mes élèves quand ceux-ci m’énervent trop ?

Soit, rentrant donc dans ma maison une fois de plus, je soupirais en voyant le bordel que j’avais créé. Cherchant une chaise « encore entière », je la tendis sans ménagement à June pour qu’elle s’assoie dessus. Elle avait dit « être son amie », si c’était pour se foutre de moi, qu’elle le dise direct.

- Tomoe Marguerite, Master Air Sonore.

C’était sorti de ma bouche comme si je parlais tel un robot, un automate disant ce qu’il avait à dire. M’adossant contre le mur le plus près, je sortis de ma poche mon paquet, en tirai une clope et l’allumait sans plus attendre en prenant soin, d’ouvrir la fenêtre - non cassée - un peu plus loin de nous d’un mouvement de la main en faisant naitre une rafale. Malheur, énervement dit perte de sa maitrise. Et voilà que la fenêtre tomba à son tour, Dieu, qu’ai-je donc fait ?!

- Ha. Oui, j’ai entendu parlé de toi, de ma sœur, de sa copine, de Shizuru, des filles qui courent après Shizuru, d’autres personnes me parlant de Shizuru et encore d’une centaine de personne différente t’ayant entendu gueuler je ne sais quoi par la fenêtre de je ne sais quelle classe lors de la soirée pour Halloween … Et le Master qui vous a chopé aussi, donc oui, j’ai eu vent de toi, June Shihoïn.

Une fille banale, ayant ressenti un vide, ayant été cherché par un Master, vivant au Japon depuis sa plus tendre enfance, une simple vie. Rien d’autre, et une simple vie amène tellement de dégâts dans ce confort que j’avais créé pour Shizuru, Tomoyo et Marina. Pourquoi ? Pourquoi le monde ne tourne pas rond ?!

- Tu es partie de chez toi après la dispute avec ton père à propos de ta mère, Yin-Senpai. C’est ainsi que tu t’es retrouvée ici, à chercher qui était vraiment ta mère, à question quelques élèves également à ce sujet.

-Tu me détestes ?

Je venais de sortir un flot de paroles et cette fille devant moi y avait répondu par trois mots tout au plus, tapant ma main contre ma tête en laissant celle-ci descendre tout en déformant mon visage doucement, je secouais la tête après un long soupire pour finalement lui répondre d’un air exubérer :

- Tu crois vraiment que j’ai que ça à faire ?

Fermant les yeux en tirant longuement sur ma clope, je la laissais tomber sur le sol avant de l’écraser avec mon talon, regardant le mégot sur le sol d’un air dépourvu d’expression, je reportais mon regard sur June avant de tourner le regard, croiser les bras et laisser cinq minutes s’écouler avant que je ne brise le silence pour lui dire :

- Plus sérieusement, excuse moi de m’en porter comme ça, à croire que ce n’était tout simplement pas mon jour aujourd’hui.

M’excuser, m’excuser de ma froideur et de l’air supérieur que j’avais pris là tantôt. Après tout, je n’étais pas du genre à gueuler ainsi, j’étais plutôt calme comme fille à la base … du moins depuis que j’ai revêtu cette apparence, que « Miya » est morte que « Tomoe » est née. Une autre histoire dont je passerai les détails, compris ?

- Je ne te déteste pas, je trouve ça … étrange, je ne comprends pas pourquoi. Pourquoi ta personne peut apporter autant de problèmes pour moi, mais en même temps ce n’est en rien ta faute, je ne crois pas non plus que t’es assez conne pour foncer tête baissée dans une aventure sans connaître les risques. Mais soit, là n’est pas le sujet. Et puis … pourquoi, je veux dire, pourquoi Shizuru ? Pourquoi as-tu accepter … Est-ce que tu l’aimes ?

Je m’étais promise de m’effacer de disparaître si elle aimait vraiment quelqu’un, mais je devais m’assurer que cette personne ait les épaules assez hautes, qu’elle soit assez bien, à dire parfaite pour que je la laisse à Shizuru.

- Je la connais depuis ma plus tendre enfance, dès la première rencontre, elle était la princesse Shizuru pour moi. On a grandit ensemble, je l’ai vu mainte fois partir avec X personnes. La seule personne avec qui elle a tenu, qu’elle a vraiment aimé fut sans doute Natsuki. Mais cela n’a pas duré étant donné qu’elle a détruit cet amour, c’est depuis lors que je suis constamment avec elle, que je me sens « vivante ». Mais ce n’est pas la réalité hein ? Je ne sais, et je ne suis pas triste, je sais que Shizuru ne sera jamais m’aimer de la même manière que je l’aime. Un amour différent si on peut dire …

- Je ne peux pas vraiment dire que je comprends ça puisque je ne suis pas à ta place mais d'une certaine manière je vois ce que tu veux dire. Pour ma part je ne veux pas non plus blesser Shizuru. Je n'ai pas vraiment choisi, ça m'est tombé dessus sans que je le comprenne vraiment. Lorsque je lui ai demandé "Pourquoi" elle m'a dit qu'elle ne savait pas et je pense que je ne sais pas non plus. Ce que je sais en revanche c'est que je veux être sure de mes sentiments et des siens avant de commencer une relation plus sérieuse avec elle. Quand à savoir si je l'aime... Probablement que oui.

Elle n’était pas encore sur de ses sentiments, mais elle pouvait tout de même dire qu’elle l’aimait hein ? Après tout, ce n’était qu’une enfant qui venait sans doute de connaître son premier « amour » si je pouvais le dire comme ça. la pauvre, tomber sur Shizuru pour cela … Mais bon, je devais moi-même être sur que c’était son premier amour aussi, qui sait, peut être que cette jeune fille nous cache elle aussi bien des choses.

- C’est la première fois, je veux dire, c’est la première fois que tu aimes quelqu’un de la sorte ?

Je ne savais pas si ma question était compréhensible, et sérieusement qui serait me dire qu’une personne extérieur à la conversation comprendrait de quoi nous parlions ? J’en savais rien, et je ne comprenais plus rien. A croire que mon cerveau me disait merde à cet instant précis.

- Que sais-tu de Shizuru ?

-Je ne pense pas qu'on tombe jamais amoureux deus fois de la même façon mais c'est la première fois que je suis aussi confuse dans mes sentiments. J'ai déjà été amoureuse mais surement jamais à ce point. Et pour ce que je sais de Shizuru... Elle m'a dit faire partie d'une famille assez importante et j'ai d'ailleurs pu le vérifier. Elle m'a parlé vaguement de son histoire avec Natsumi et de la raison qui l'a amenée à Terrae. Je ne peux pas dire que je sais vraiment beaucoup de choses sur Shizuru mais c'est aussi une des raisons pour lesquelles j'essaye de ne pas me précipiter même si parfois j'ai du mal.

Elle ne la connaissait donc pas, je ne m’y attendais pas à celle là. Après tout, je savais que Shizuru était du genre à déballer sa vie à qui veut bien l’entendre, mais pour une fois, elle avait été oisive sur le sujet. Soupirant en penchant ma tête sur le côté, je me décidais de parler un peu de la vie de ma chère Shizuru, qui sait, peut être que ainsi elle apprendra des choses et que je serai utile pour quelque chose.

- Avant d’arrivé à Terrae, elle s’amusait a jouer avec les femmes, elle sortait, en ramenait une et le lendemain la faisait disparaître. Elle ne la tuait pas, faut pas croire mais aucunes traces d’une quelconque relations étaient présentes. Elle a commencé à devenir ainsi depuis la mort de son Père, son Mère elle, elle a fini dans un hôpital psychiatrique.

Sa mère, cette folle qui lui avait promis de la tuer en quittant la demeure familiale, cette folle qui n’aimait pas sa fille et qui ne voulait pas en entendre parler. Cependant, celle-ci réclamait Shizuru quand elle ne se présentait pas aux visites, depuis qu’elle était à Terrae, elle ne l’avait revue qu’une seule fois, une fois de trop sans doute.

- Une fois à Terrae, elle n’avait pas changé ses habitudes, elle continuait de jouer avec les femmes, sachant pertinemment qu’elle plaisait à celles-ci. Pour elle la vie était un jeu, un jeu dont elle voulait être la gagnante. Mais sa façon de pensées changea de jour en jours, plus elle avait de pouvoir, plus elle s’ouvrait au monde. Bien qu’elle ait eu des problèmes pour maitriser celui-ci, elle a fini par montrer une grande maitrise après ses divers entrainement. Sa rencontre avec Natsuki l’avait boosté pour arriver à maitriser son feu, c’est en quelque sorte grâce à elle si Shizuru est aussi puissante à ce jour. Elle se voulait de la protéger, de la garder à tout jamais avec elle, mais Shizuru avait été assez stupide pour croire que cet amour était ébranlable. Elle l’a trompé, Natsuki est partie. Je n’ai jamais apprécié cette fille, elle … elle n’était pas assez bien pour Shizuru selon moi.

C’était faux, ce n’était que de la jalousie de ma part. cette fille hein, ou était-elle à cet instant ?

- C’est quand elle parti que je réussi à avoir Shizuru, elle était dans un piteux état, on aurait dit une autre personne. Mais d’une manière où d’une autre, on trouvait toujours en elle sa gentillesse mais sa méchanceté également. Elle n’est pas un ange, elle a des griffes acérées sans se retenir pour les sortir. Tu l’as remarqué toi même, elle a beau sourire, parfois je me demande si c’est sincère … si vraiment elle a lâché son masque d’hypocrite. Peut être qu’elle n’est pas comme ça avec toi, mais rien ne la changera de ce qu’elle est vraiment et sa vraie nature n’est pas « belle à voir ».

-C'est si facile de juger quelqu'un quand on ne voit que son masque. Je n'irais pas jusqu'à dire que je connais Shizuru aussi bien que toi mais j'ai vu quelque chose, Shizuru sait l'image que les gens ont d'elle. Celle que tu me décris, la garce sans cœur, la manipulatrice, celle qu'elle voudrait faire disparaitre. Rien ne fait plus souffrir qu'une idée, une image. Shizuru ne pleure pas, je l'ai vu supporter cette image alors qu'elle la fait souffrir mais elle ne fait rien pour s'en défaire. C'est du courage, de la détermination et je la respecte énormément pour ça.

Elle s’était fait avoir, c’était la seule chose qui résonnait dans ma tête. Je savais que ce qu’elle disait était vrai, mais il était inconcevable pour moi qu’elle en sache autant de Shizuru, je ne pouvais accepter que cette gamine en sachant autant et qu’elle sache aussi les vrais sentiments de Shizuru. C’était dégelasse de ma part de traiter celle que j’aimais ainsi, mais d’une manière ou d’une autre, grâce à ça j’essayais de faire peur à June … Qu’elle ne s’approche pas plus de Shizuru, j’étais d’une jalousie maladive après tout.

-Je ne veux plus que les autres la voient comme ça. Je voudrais qu'on la voit comme moi je le fais, comme une femme qui sait être gentille même si elle peut paraitre dure parce qu'elle est courageuse et franche. Je n'accepte pas cette idée parce que je sais que si c'était un homme qui se comportait ainsi les personnes trouveraient ça plus ou moins normal et moi je ne l'accepte pas.

Si c’était un homme hein ? Qu’elle soit un homme ou une femme il n’y aurait pas eu de différence pour moi, hormis le fait que je ne serai sans doute pas tomber dans son filet aussi facilement. On avait beau dire quoi que ce soit, tout ce que me disait June m’insupportait même si je savais que c’était la vérité, je … Je ne pouvais pas accepter ça.

- Qu’elle a retiré son masque devant toi ou non, cela ne changera rien à rien puisqu’elle sera obligée de le revêtir en sortant de Terrae. Elle ne peut pas être une personne bonne et gentille comme elle le voudrait tant, elle devra comme on lui a demandé par avant de devenir quelqu’un de puissant et sans pitié. Elle ne peut pas se laisser tomber dans une histoire à deux sous, tu ne sais pas combien il est important qu’elle ne soit pas la fille que tu décris, June.

-Je me fiche des autres. Si tu ne veux pas que je fréquente Shizuru je n'ai pas besoin de ta permission. Et si ce que tu me dit est vrai il n'en reste pas moins que c'est à elle de choisir ce qu'elle veut faire, pas à toi ou à moi.

Elle se leva brusquement de sa chaise, la regardant avec un petit air surpris, je ne su que dire et même que faire en l’entendant parler. Têtue plus qu’elle, je connaissais pas tien ! Serrant les points et les dents, je pris la première chose qui était disponible d’ou j’étais -donc une pauvre petite table déjà branlante- pour l’éclater contre le mur en affichant un air peu content.

- Elle ne choisira pas ! Elle n’a pas le droit de changer une ligne qui lui est déjà tracé depuis des générations ! Peut être que pour le moment elle n’en veut pas, mais trop de gens se sont sacrifiés pour qu’elle y renonce ! Elle a des responsabilités, et je ferai tout pour qu’elle les suive à la lettre, que je dois me mettre le monde entier sur le dos ou non !

Je m’énervais sans raison, mes propos n’avaient pas lieu d’être, je savais que ce que je disais n’était pas juste, mais je ne voulais admettre que Shizuru pouvait partir avec elle tout en gardant don empire. Que diraient les gens de sa famille si ils savaient ce qu’il se tramait ici, que ferait sa grand-mère en sachant que sa petite fille joue les sentimentales avec une inconnue, une fille n’ayant même pas de rang.

- Tu …

Je baissais les yeux, sentant l’énervement pointer son nez comme jamais. Mes yeux virèrent aux gris pâles, une lueur brillait étrangement de mes pupilles, fermant les yeux pour me calmer en vint, je sentais le bout de mes doigts me picoter signe que ça allait sortir. D’un mouvement inattendu, je me retrouvais à trois centimètres de June. Levant la main, mes ongles poussèrent d’un coup, ma greffe hein ? Cette saleté couverte de sang de scientifiques, oui, la dernière fois que j’avais utilisé celle-ci n’avait été autre que la fois où j’avais du sauver certains élèves en compagnie d’Aaron dans un laboratoire, perdu au milieu de nul part.

- Tu …

Me reculant violement en faisant disparaître mes ongles tranchants, je tapais dans le mur brutalement en lâchant un juron. Sa mère, encore un peu et je tuais une de mes élèves pour … pourquoi encore ? Par jalousie, oui.

- Alors, si tu te sens si capable que ça, le jour venu, tu devras m’affronter, June.