Ah, heu... Je l'avais énervée je crois. Mais c'était pas de ma faute si je n'aimais pas les araignées ! Encore, si elle avait été petite, j'aurais compris, mais là... Là elle était immonde ! Affreuse !
Lorsque je la vis sur le sommet du crâne de Maxime, je frissonnai. Ah mais qu'elle horreur ! Elle était certes plus petite que l'araignée dans Harry Potter 2, mais elle restait tout aussi moche... Et Dieu seul sait à quel point les araignées sont moches. En vrai, je n'ai toujours pas compris pourquoi Dieu avait créé une telle horreur. Ok, ok, elles sont super utiles pour bouffer les insectes et tout et tout, mais vous avez vu leur tête ? Hein, sérieux ? C'est juste ignoble. C'est tout ! Rien à redire. Juste ben... C'est moche quoi.
Je regardai finalement Maxime la prendre dans ses mains. Il tremblait de rage... Je l'avais vraiment énervé ! Mais pourtant, c'était pas de ma faute... Enfin, je veux dire ! Ok, j'avais volé son porte feuille... Mais depuis tout à l'heure il était super méchant avec moi !
Et puis mince, j'en avais marre là aussi, tout était de ma faute là !
Lorsqu'il termina son long monologue, je le regardai, blessée et en colère à mon tour. Je me mordis la lèvre inférieure, et je croisai les bras sur ma poitrine.

-Pff. Tu sais vraiment pas y faire avec les filles, hein, c'est dingue. Aucune délicatesse, que de la méchanceté !

Je sentais dans le fond que j'allais bientôt avoir des larmes aux yeux, et je détournai le regard, vexée.

-Ben tu vois, là, je peux le dire vraiment : je t'aime pas.

Je parlais beaucoup moins fort que tout à l'heure, et beaucoup moins fort que lui à l'instant. Je l'avais énervé, et j'en étais consciente : c'était de ma faute. Mais j'avais toujours eu énormément de mal à reconnaître mes erreurs... Alors bêtement, je préférais toujours faire la gueule, ou bien partir, ou bien ignorer les faits. C'était con, hein ? Mais que voulez-vous, j'avais encore 10 ans dans ma tête.

-Depuis le début tu es super désagréable avec moi... Et puis bon, ton portefeuille je te l'ai rendu ! Enfin bref...

Je soupirai, et reportai finalement mon regard sur lui, après m'être assuré que les larmes ne couleraient pas. Je ne voulais pas encore me payer plus la honte.

-Et puis zut ! Si je n'aime pas les araignées, c'est pour une bonne raison. Ca me regarde, et si ça te dérange et bien... Tant pis pour toi !

Gamine ? Grandis ? Dans un sens, c'était des mots durs à entendre. J'étais en tort et je le savais, dans un sens en tout cas. Dans l'autre, il n'avait pas été toujours très gentil, et il s'était énervé, surtout à la fin, alors que je n'avais rien fait, et ça m'avait vexé. Enfin, rien fait... peut-être pas pour lui, j'imagine. De toute façon, il y a toujours les deux camps, les deux histoires, et rien n'y changera rien... Si ce n'est le fait que maintenant, je sais qu'il fera partie des personnes que je vais devoir éviter. Vous savez quoi ? J'allais bientôt commencé à me demander si je n'allais pas finir par détester tous les garçons que j'allais croiser ! Entre Matthew et Maxime... Tous les prénoms commençant par "Ma" allaient être exclus de ma liste ! Ah ça oui.
Je le regardai finalement s'éloigner alors que je repassais encore en boucle dans ma tête ses dernières paroles. Mon coeur se serra un instant. "Grandis". Alors c'était ça, mon problème... Il fallait que je grandisse. Que je mûrisse. Que j'arrête d'être si gamine, enfantine et puérile...
Et bien. Il allait falloir que je change du tout au tout alors...
Je me pinçai les lèvres, sentant les larmes me monter aux yeux malgré moi. Mais, refusant qu'il me voie dans cet état, je donnai un coup de pied dans un tronc d'arbre (sacrément douloureux, d'ailleurs, j'avais les doigts de pied en feu...) et me tournai dos à lui, alors qu'il s'éloignait dans la forêt. Je sentis une larme rouler sur ma joue. Je me sentais tellement impuissante, pour le coup.
Finalement, quelques instants passèrent et j'aperçus une araignée grimper le long du tronc de l'arbre qui se trouvait face à moi. Un rictus amer étira mes lèvres, et je reniflais bêtement.

-Pff. C'est à cause des tiennes, tout ça. Idiote.

Et je levai mon pied pour l'écraser. Simplement, au moment où ma semelle allait l'engloutir dans les abîmes, je m'arrêtai. Mmh. Je valais mieux que ça, pas vrai ?
Ramenant mon pied par terre, l'araignée sauve, j'essuyai les quelques larmes qui avaient coulé le long de mes joues. Je pris une longue inspiration, et je me tournai, pour voir Maxime disparaître dans la forêt.
Un jour, un jour...! J'allais le revoir ! Et ce jour-là, j'allais être complètement différente. Totalement même.

END.