Une longue inspiration, tremblante, impossible à mesurer ni contrôler. Mes gestes sont flous, agités – mes yeux, fébriles, scrutent les gradins à la recherche d'un visage connu. D'un peu de soutien. De réconfort, peut-être aussi.
J'ai longuement hésité à venir mettre les pieds dans l'arène. Mais j'ai donné ma parole à Hideko, la veille, que je ne me défilerai pas. Aussi... Je suis venue, un peu avant midi, la pièce froide enserrée dans mon poings.
Mes paupières sont à demi plissées, à cause du soleil trop vif, et de mes heures de sommeil manquantes. Je n'ai pas dormi. Difficile, à vrai dire. Mon ventre est tellement noué que je ne peux pas essayer de penser à autre chose, même l'espace d'une seconde ; la faible douleur au creux de mon estomac et dans mon crâne me rappellent aussitôt qu'à midi pile, il me faudra... Hé bien, me battre. Devant la moitié de l'institut, et ces maudits gradins qui s'emplissent, encore et encore.
Lorsque j'étais venue voir Mitsuki, je me disais que ce devrait être horrible d'être au centre de tous ces regards. Finalement, ce n'est pas horrible. C'est insoutenable. Je sens mes jambes trembler avec tant de force que je pourrais bien ne plus réussir à tenir debout dans les prochaines minutes.
Je déglutis en levant les yeux au ciel. Bientôt midi. Bientôt l'heure de vérité. Celle où ma faiblesse et ma lâcheté seront exposées au monde. Ou du moins, à Terrae. Ce qui n'est pas forcément plus souhaitable.
J'observe nerveusement les Masters se placer dans les gradins, et mon cœur se serre. Mon dieu, je ne veux pas. J'ai envie de partir en courant, de m'enfuir ; une crise de panique commence à me secouer. Et j'essaie de me calmer lentement, sans grands résultats, la main posée sur la poitrine. Inspirer. Expirer.
Je ne comprends pas ce que je fais là. Peut-être que c'est ça, la finalité de Terrae. Devenir Master. Mais je reste persuadée que pour certaines personnes, c'est impossible. Pour moi, ce n'est même pas envisageable.
Mais je ferai de mon mieux. Je me le suis promis à moi-même, hier soir, en allant me blottir sous mes couvertures. Même si je sais que je vais me faire massacrer, ou au mieux, simplement être ridiculisée et perdre, il n'y qu'une chose que je dois faire. Tout donner. Autrement... il est certain que je ne parviendrais plus jamais à me regarder dans un miroir.

Les gradins s'emplissent encore, et un brouhaha infernal résonne dans l'arène. Je panique un peu en constatant le monde. C'est affreux. Je me sens mal, mais me force à me calmer. Bientôt midi. Bientôt midi, et le moment du Choix. Un choix irréversible, irrévocable ; lorsque je l'aurai fait, je n'aurai plus le droit de reculer, sous aucun prétexte. C'est maintenant ou jamais. Fuir, ou décider d'affronter ? Ma décision est prise ; je refuse d'avoir l'air de celle qui abandonne avant même d'avoir tenté, même si je risque de finir lamentablement humiliée. Mais maintenant... qui choisir ? Je ne connais personne. Pas le moindre Master...
Mon regard court sur les gradins, et j'aperçois Mitsuki et Allen du côté réservé aux élèves. Un léger sourire étire mes lèvres. Ils sont là. Ils sont là tous les deux, Dieu merci. Je me sens un peu moins seule, subitement. Entourée. Ça me fait plaisir de savoir qu'ils sont là pour moi. Je continue à lorgner du côté des élèves et mon cœur fait un bond en apercevant une chevelure rouge ardente. Oh non, non, non, pitié, s'il vous plaît, pourquoi il a fallu qu'il vienne, lui aussi ?! Ça y est, je viens de perdre toute ma motivation à combattre.
Puis, enfin, je reporte mon attention du côté des Masters présents. Mitsuki est éliminée d'office, je refuse de me battre contre elle. Je n'y arriverai pas. Me battre contre ma meilleure amie ? Mission impossible.
Alors qui ? Hideko savait probablement en me proposant que je ne saurais pas qui désigner. Je ne peux pas choisir. Si ça se trouve, personne ne descendra des gradins, ils se rendront compte qu'ils ont fait une erreur d'accepter, et Hideko sera déçue comme tout. Terrae entière sera déçue, en fait. Mais tant pis. Pardonnez-moi, Hideko, mais je ne sais pas si je pourrais le faire.
Soudainement, la pièce chauffe dans ma main, et je panique. Quoi ? Non ! Normalement, ça ne s'active que lorsque le choix est fait, c'est elle qui l'a dit ! Pas vrai ? Alors pourquoi ? Pourquoi ?! Je lève les yeux vers la grande montre, en haut des gradins. Midi pile. Oh non, non, non, non... S'il vous plaît, dites moi que c'est un cauchemar et que je vais me réveiller.
Mon visage blêmit, et je fixe avec effarement Hideko donner son bébé à un homme, à côté d'elle, pour descendre des gradins. Mes tremblements redoublent lorsque la pièce disparaît dans ma main. Hideko est feu, je suis air. Je vais me faire tuer.
Je me savais stupide, masochiste, et même tout ce que vous voulez ; mais là, là, vraiment, je crois que j'ai touché le fond.
Pitié sortez-moi de là, je veux vraiment pas le faire, ce combat...

Avec appréhension, je regarde Hideko descendre des gradins. Immédiatement, je tente de me reprendre. De rester calme. Nous allons nous battre, mais il n’y a pas de raison que tout se passe mal… Pas vrai ? Maintenant, il me faut juste me concentrer. Et essayer de ne pas paniquer, surtout. Je crois que c’est ça le plus important, pour le moment. Inspirer lentement, et expirer longuement. Calmement.
La Directrice se place face à moi et me sourit, alors que je plante mes yeux dans les siens. Faites que je ne me loupe pas, pitié. Faites que tout se passe bien. Faites que… bref. Calme. Calme Aoi. Tout va bien.
Elle m’explique que, pour réussir le test, je devais relever un défi. À ces mots, ma respiration ralentit un peu plus, bloquée dans mes poumons. Et, d’un seul coup, mon corps se raidit ; j’étais incapable de bouger. Définitivement incapable.
Un instant ; la panique. La panique sourde et profonde qui m’envahit le cœur et l’esprit à chaque fois que je me retrouve hors de mon propre corps, contrôlée par un autre. La sensation me rappelle trop celle que j’ai ressentie ce jour-là, embrumée et réduite par la substance qu’il m’avait administrée. Regarder, être consciente ; mais ne rien pouvoir faire, ne pas pouvoir esquisser le moindre geste, à peine un battement de cils.
Complètement perdue, plongée dans une incompréhension sans nom, j’observe le Master Air, Ryu je crois, arriver dans l’arène à son tour. J’avais été trop concentrée sur mon futur adversaire pour le voir descendre des gradins, et je ressens un pincement au cœur. Qu’est-ce qu’il fait là ? Qu’est-ce que je dois faire ? J’ai fait quelque chose de mal, ou… J’ai un mauvais pressentiment, d’un seul coup. Le sourire de la Master Feu me semble bien trop forcé pour augurer quoi que ce soit de bon.
Lorsqu’elle enflamme sa main, j’écarquille les yeux. Et lâche un gémissement de désespoir en la voyant lui empoigner le bras. Non. Non, non, non. C’est cruel. C’est horrible. Elle n’a pas le droit ! Elle n’a pas le droit de mêler quelqu’un d’autre à ce combat ! Elle ne devrait pas en avoir le droit !
Je ferme les yeux avec force, tente rapidement de me concentrer pour bouger. Rien. Pas le moindre tremblement. Pas le moindre de mes muscles ne réussit à se mouvoir. Et je reste là, plantée comme une cruche en plein milieu de l’arène, alors que ce Master va se faire réduire en charpie à cause de moi.
C’est injuste. C’est tellement injuste.
Si je réussis pas, qu’est-ce qu’il va se passer ? Elle va continuer, jusqu’à le tuer ? Ou le blesser suffisamment gravement pour l’envoyer à l’hôpital pendant des jours ? Je ne veux pas, je refuse que ça se passe comme ça ! Pourquoi il faut toujours que les autres soient mis en danger à cause de moi ? Pourquoi il faut toujours que je foute tout en l’air ? Peut-être que j’aurais dû choisir un autre Master, et qu’il aurait choisi un défi différent. Un combat. Un combat où ma faiblesse n’aurait handicapé que moi. Un combat où j’aurais pu me blesser, mourir, qu’importe ; mais où seule moi aurait été engagée. Mais là, je n'ai pas le choix, semble-t-il. C'est trop injuste.
Je rouvre les yeux, serre les dents. Le regard embué mais sombre. J’ai très bien compris ce qu’elle cherche à faire. Hideko me connaît bien, finalement… Elle veut que je me donne à fond ? Parfait, très bien. Elle s’en mordra bien vite les doigts.
Une forte bourrasque entre les corps des deux Masters les force à se séparer. Immédiatement, j’entoure le Master d’un mur d’air de plusieurs épaisseurs, qui tourbillonne autour de lui pour affermir leur solidité. Faire par étape, épaisseur par épaisseur. Suffisamment espacées pour que le feu ne puisse pas atteindre la dernière couche. Dans le même temps, j’utilise la pression de l’air pour appuyer sur ses épaules et alourdir ses déplacements. La ralentir, l’empêcher de bouger ; le temps que je me défasse de son emprise.
Il faut que je réfléchisse. Que je trouve une solution à ça, pour le rejoindre et soigner son bras ; pouvoir m'interposer au moins. Me battre. Presque avec rage, j’essaie de me déplacer ; je me débats et me démène. Sans succès. Extérieurement, on dirait que je reste simplement debout à la regarder essayer de le tuer.
Aoi, cette fois, tu n’as pas le droit de te louper.

Les yeux fixés sur la Directrice, j'observe ses mouvements sans ciller, toujours concentrée sur mon dôme d'air tout autour du Master. Il va falloir que je me batte contre elle en protégeant quelqu'un d'autre en même temps, c'est bien ça qu'elle souhaite ? M'obliger à regarder de tous les côtés dans la crainte d'être attaquée, sans pour autant le laisser se faire blesser ? Je veux bien que le défi soit honorable, mais sérieusement, elle espère réellement que je pourrais réussir à faire quoi que ce soit ? Je suis tellement plus faible que n'importe qui – Mitsuki y serait parvenue, sans aucun doute. Et moi, moi, là, je suis juste une pauvre cruche qui n'arrive pas à se défaire de l'emprise d'un Marionnettiste, contrainte à la voir s'acharner sur l'homme qui partage visiblement sa vie. C'est super. Je me sens super bien, là, c'est fou. Je veux pas de ce combat, je veux juste que ça s'arrête...
Mes sourcils tressautent. Quatre sphères, quasiment en même temps. Le dôme les intercepte facilement, mais il flanche légèrement. Je me reconcentre dessus, rivant mon regard sur l'homme au centre de l'arène. Bon sang, pourquoi je ne peux pas bouger ? Je vais rien pouvoir faire comme ça...
Deux nouvelles boules de flammes se dirigent vers moi avec rapidité, et je me prépare à encaisser l'impact en créant un abri autour de moi ; inutile. Elles changent soudainement de direction pour percuter le Master avec violence, profitant d'un infime instant de déconcentration pour passer. Un gémissement de désespoir franchit mes lèvres. Non, non, non ! Ce n'est pas censé se passer comme ça !
Je pose mes yeux sur Ryu, fébrile, cherchant une solution. Il faut que je le sauve. Peu importe dans quel état je suis. Il faut que je le sauve lui. C'est ça, le défi. C'est ça. Le sauver. L'empêcher d'être blessé. Il faut que je me déplace. Il faut que je le soigne. Mais je n'y arrive pas ! Je n'arrive à rien ! Pourquoi il est aussi loin, hein ? Pourquoi je n'arrive pas à bouger ? Pourquoi j'arrive pas à me défaire de ces pouvoirs ?!
Se calmer ; se calmer, et se concentrer. Profiter du léger répit qu'elle m'offre pour contre-attaquer, et l'obliger à se tenir encore à l'écart du Master. Je ne vais pas pouvoir jouer à la gentille petite fille durant ce combat ; dommage. Mais là, là, je ne peux pas.
C'est un combat pour être Master. C'est un combat pour les plus forts. Il faut que je lui montre que je peux être la plus forte. Ou au moins plus forte que ce que je l'imagine...
Plusieurs bourrasques la font reculer un peu plus, et une pression subite lui retombe sur les épaules, la poussant vers le sol, retenant ses membres. Entravant ses mouvements sans pour autant l'immobiliser – je ne suis pas Marionnettiste, navrée. Il faut que je continue à la harceler, il n'y a que comme ça que je parviendrai à la faire relâcher sa vigilance pour pouvoir me mouvoir. On ne peut pas se battre en restant immobile ; ou, du moins, je ne le peux pas. Je renforce le dôme en consolidant ses points faibles, mes paupières se plissant légèrement sous l'effort.
Bon. Voyons voir. Concentrons-nous. Je ne peux pas tout faire en même temps, mais éviter de bouger a au moins le mérite de m'éviter de réfléchir à mes mouvements. Ensuite, si je vois que je ne peux définitivement pas bloquer ses attaques avec un mur, je devrais bloquer ses attaques avec d'autres attaques. Donc Aoi, prête à relâcher la pression et à créer des lames et disques d'air si elle tente de créer la moindre flamme. Te concentrer uniquement sur ce que tu vois. Sur ce que tu ressens, c'est encore mieux. Ressentir l'air. Le mien. Qui entoure le Master. Un Air aussi. Sonore. Je reconnais. J'identifie. Allen a le même type d'aura. Différente. Mais en même temps très semblable. Ce n'est pas là-dessus que je dois reporter mon attention.
Hideko. Feu. Marionnettiste. Je dois ressentir ses flammes. Chaque parcelle d'énergie qu'elle laisse ressortir de son corps, pour la viser et la détruire avant qu'elle n'atteigne sa cible. Et, au passage, essayer de toucher mon adversaire, ce serait une bonne idée. Au premier mouvement, j'attaque.
Maintenant, je ne joue plus.



HRP : Euh... Euh... Désolée >O> Je me suis un peu emportée sur la taille, pour pas grand chose au final... N'y prêtes pas attention, surtout que du coup il se passe que dalle dedans... ToT

Je n'y arriverai jamais.
Cette phrase résonne dans mon esprit, percutant une paroi pour être renvoyée à une autre, à l'infini. Un écho malicieux qui me tire lentement vers le bas, en même temps que ses mots. Il faut que je me ressaisisse. Mais je n'arrive pas ; pourquoi je n'y parviens pas, hein ? Trop stressée ? Trop de gens autour ? Ce doit être ça. Mais il y a aussi la personne que je dois protéger, Ryu-sensei. Il faut que je me rappelle. Il faut que je me souvienne de mes entraînements, de mes deux combats avec Huo. De celui où j'ai... failli ressembler à un monstre, comme Elle. C'est ça qu'elle veut ? Que je sois hors de moi ? Incapable de me contrôler ? Parce qu'il me faut au moins ça pour être à fond. Et elle le sait. Elle joue avec moi... alors que je connais mes propres limites. Que je sais que je n'arriverai jamais à protéger ce Master d'elle ; j'ai même pas été capable de me protéger moi-même. J'ai tellement peur de finalement me rendre compte que j'ai toujours su, au fond de moi... que je n'arriverai jamais à être à la hauteur des espérances des autres. D'en avoir la preuve nette, cette fois-ci. Et de ne rien pouvoir faire pour changer les choses. C'est débile, hein ? Tellement... Alors qu'il me suffirait de mettre mon égo de côté pour pouvoir me lancer. Décoller.
Mais bon sang, je n'y arrive vraiment pas !
Ma mâchoire se crispe alors que je vois Ryu se remettre droit, malgré les coups qu'il vient de prendre. Je suis horrible. Je suis encore en train de penser à ça alors qu'il se prend tous les coups à ma place ? C'est injuste... C'est injuste, merde ! Je peux pas rester là comme ça, sans bouger ! Pourquoi est-ce que je ne peux pas bouger, d'ailleurs, hein ? Pourquoi ? Pourquoi ?! Pourquoi j'arrive pas à m'énerver suffisamment pour pouvoir l'aider, hein ? Pourquoi j'en suis encore à me poser de telles questions ? Je dis toujours que je ne veux pas faire de mal aux autres, mais finalement, ce n'est que de la vanité. Pour ne pas être mal vue. Ici, il n'y a que Ryu qui doit compter. Pas ce que je serais, ni ce que j'aurais l'air d'être...
A-t-on droit à l'abandon … ?
La chaleur baisse sensiblement autour d'elle et je sens mon contrôle sur la pression de l'air s'amenuiser, pour presque finir par disparaître. Non ! Sûrement pas ! Je ne laisserai pas tomber ici, pas maintenant ! Se concentrer au maximum. Essayer de ne pas céder à la panique. Je crois que c'est fichu d'avance, là...
Des sphères d'énergie apparaissent tout autour de leur cible, et je retiens une grimace soucieuse – à vrai dire, je peux à peine bouger les muscles de mon visage, alors bon... Autant économiser chacun de mes gestes.
De l'énergie pure. Violente. Sournoise. Elle pulse et je la ressens, même moi, même de là où je me trouve ; les balles tournent autour du professeur de sport. J'ai peur de ce que ça peut faire. De l'énergie, seule... comme celle qui coule dans nos veines ? Celle que nous ressentons à travers les auras, qui permet d'alimenter nos pouvoirs ? Je ne comprends tellement pas. Pourquoi on est obligés de se battre, là, hein ? Pour finir dans le même état que Mitsuki ? Ou même pire ? À quoi ça sert, au final ? Je ne veux pas de ça... Mais je ne veux pas non plus que quelqu'un d'autre soit mêlé à cette histoire. Alors il faut que je fasse un choix, et maintenant.
Puis, finalement, ses yeux dans les miens. Mon regard crie mon indignation et ma colère, qui croît un peu plus à chaque instant. La chaleur, subitement, m'écrase ; je sens de lourdes gouttes de sueur me couler de long du dos, et ma respiration se faire plus difficile. Je sens, en contrepartie, la pression se faire à nouveau plus forte autour d'Hideko. Le coup foireux ne va pas tarder à venir, je le vois d'ici.
Mes paupières se plissent sous l'effort. Les sphères... vers le sol ? Qu'est-ce qu'elle peut...
Je tique presque trop tard. Relâchant tout contrôle que j'exerçais précédemment sur l'air, j'envoyais une forte bourrasque sur le Master Air afin de le faire reculer, certes un peu violemment. Mais ça vaut mieux que de finir carboniser, hein, désolée !
Il s'envole sur plusieurs bons mètres, entouré d'une couche protectrice sommaire visant à le protéger du plus gros, notamment du choc à l'atterrissage, alors que je serre le poing et la mâchoire, prenant à peine le temps de tourner légèrement la tête pour ne pas être aveuglée par l'explosion. Malgré une légère barrière, aussitôt détruite par l'explosion mais parvenant à endiguer une partie de sa puissance, des fragments me transpercent et me brûlent la peau et les vêtements, les laissant quelque peu fumants. Un geignement de douleur m'échappe. Plusieurs grosses brûlures me font réagir, et je recule d'un pas sous la force du souffle, prête à tomber au sol.
Et là, je tilte. Mon poing, ma jambe. C'était infime. Douloureux, aussi – j'ai cru qu'on allait m'arracher un membre. Mais j'ai pu bouger, là, pendant quelques secondes. Sous le coup de la peur, de la colère, du tiraillement de mes légères blessures qui commencent déjà à se résorber, lentement. Mes yeux sont déjà argentés, brillants de ressentiment envers cette femme. Qu'elle se fasse brûler elle-même sur un bûcher avant que je ne m'en charge.
Ça ne va pas se passer comme ça.
Je jette un regard vers Ryu ; ses cheveux sont un peu carbonisés, mais il a l'air d'avoir été protégé du souffle, au moins un peu. Enfin, je ne vois pas bien, à cette distance. Mais il me semble que la barrière n'a pas été altérée. Tant mieux. Cette fois, il faut que je me concentre entièrement. Pour éradiquer le problème à sa source.
Je flanche un peu. Douloureusement. Relève les yeux vers elle.
Pas le temps de réfléchir. Pas le temps de penser que je serais déjà complètement épuisée. Pas le temps de la laisser jubiler des effets de son attaques. Des lames d'air apparaissent, tranchantes et aiguisées, toutes dirigées vers elle. Des disques tournoyants les suivent et la prennent pour cible. La pression s'accentue à nouveau, comme un mur que j'essaie de lui abattre sur le corps. Ma respiration est toujours lourde, profonde. Tout mon corps en alerte. Mes doigts se serrent et se desserrent lentement, recouvrant des sens que j'avais perdus jusqu'ici. Essayant de reprendre le contrôle de mes membres. Lentement. Concentrée.
Je n'y arriverai pas, ça c'est sûr. Mais honnêtement... j'en ai strictement plus rien à foutre.


HRP : Pardon, je suis abonnée aux pavés complètement inutiles ><