J'étais sortie de l'hôpital quelques jours plus tard, encore secoué par ce qu'il s'était passé ce jour-là, sur le toit. J'avais littéralement pété les plombs. Je m'en étais carrément prise à Liam. Involontairement ou pas, je m'en voulais. Je n'aurais jamais, jamais du le blesser. J'avais évité ses visites. Je ne voulais plus jamais avoir à le blesser. J'aurais pu nous tuer.
N'empêche que les avis des médecins m'avaient rassuré, bien que sur le coups, je ne pensais pas les avoir mérité.

En proie à un autre cauchemar, je me levai en sursaut ce jour-là. Je revivais en rêve mon étoilisation, puis la mort de mes parents. Je jetai un regard à ma guitare qui avait miraculeusement survécus, bien qu'elle ait eu un coup de chaud. Des brûlures ça et là. Rien de plus. Je ne l'avais pas touché depuis le fameux jours. Cela faisait plus de dix jours maintenant. Je n'avais plus chanté non plus. Je ne pouvais pas. J'avais trop peur de ce que cela pouvait provoquer. J'avais rapidement avertie le groupe en disant que j'avais des cours à rattraper et que je ne pourrais pas assister aux répétitions. Du coup, j'avais revu personne depuis. Même si tous les trois devaient savoir que je mentais, puisque les cours et moi, ça faisait quinze.

Ce jour-là, je ne pus me résoudre à affronter le monde. J'avais besoin de calme. De temps. Je passai donc toute la journée dans ma chambre.
Personne ne vint me déranger.
Je rattrapai mes cours sans réelle conviction durant une ou deux heures, mais honnêtement, je passai le plus clair de ma journée à écouter des musiques. J'étais émotionnellement instable. Je contrôlais que dalle. Les six dernières années avaient finis par sortir, et c'était pas joli à voir. J'alternais entre joie et déprime, colère et souffrance. On aurait dit une lunatique.

Le soir vint, et avec lui, la peur de refaire toujours ce même rêve qui me hantait et troublait mes nuits. J'enfilais donc mon short noir de jogging et mon tee-shirt à l'effigie d'un groupe de rock.  Je tentai de dormir sans que le sommeil ne me gagne.

Oh et puis merde hein! J'avais besoin de parler à quelqu'un. Là, maintenant. Je me suis élevée, enfilant mes baskets grise foncé et j'ai fermé la porte derrière mois. Parcourant les escaliers et couloirs, je me rendis sans réellement réfléchir vers la partie Tonnerre.
Avant que j'ai compris ce que je foutais, Ys m'avait déjà ouvert la porte.

- Euh... Salut?

Oui, oui je venais de dire salut à un tonnerre tout juste étoile, à une heure du mat. Non je suis pas folle. Mais suicidaire, peut-être....

"Fais chier..."

Raccrochant son téléphone portable, Ys fourra ce dernier sans le ménager dans sa poche. Enfin c'était surtout les menaces du professeur qui forçaient le garçon à obéir. Oui vous avez bien compris, un professeur. Autrement dit, Ys se trouvait bel et bien en cours quand il décida de passer un coup de fil à Joyce. Liam et Kyle avaient tous deux répondus à ses messages, fixant ainsi une date pour les répétitions car le concert arrivait à grand pas. Mais voilà que la miss Joyce avait décidé de faire tout autrement. Voilà, elle n'est même pas encore une grande star qu'elle en a déjà les caprices! Bon d'accord, c'est peut être exagéré, elle avait surement une bonne raison... Non en fait, elle avait intérêt à en avoir une bonne! C'était surtout énervant quand personne ne vous répond, surtout que vous attendez après une réponse des plus importantes. Et étant loin d'être patient, Ys avait tendance à vite s'emporter. Si bien que son comportement détaché ne manqua pas à l'attention du professeur.

"Mr Ochikawa? Si mon cours ne vous intéresse pas, vous pouvez encore aller voir ailleurs! Insolant!"

"Pfff.... mouais, pas con!"

S'étant levé, alors que les propos du professeur n'avaient rien de concret, du moins ce n'était pas l'intention de ce dernier, le rouquin se leva lacement et prit la direction de la sortie. Laissant derrière lui un homme dépité par son attitude, le téléporteur prit la direction des dortoirs, comme si de rien n'était, déjà pas mal préoccupé par ses affaires personnelles. *Pourquoi elle répond pas?!*
En générale, il suffisait d'envoyer un petit, message provocateur, suffisant pour taper sur les nerfs de son amie, mais là même avec ça, rien, nada! C'était tout de même inquiétant, mais sans aucune nouvelle de sa part, comment la trouver? 


Cependant, le reste de la journée prit une tournure quotidienne, sans aucun accident. Le soir venu, s'étant pas mal entraîné sur le piano de l'institut, son petit endroit secret, Ys avait enfin touché à sa fin. La nuit tombée, ayant du mal à trouver son sommeil à cause de cette chaleur étouffante, Ys tourna dans tous les sens pour trouver une position confortable. Mais rien n'y fait. Frustré et fatigué , bien qu'il n'était que vêtu de son short, il avait beau passé de l'eau sur la nuque, rien n'y faisait. Et la dernière solution est : de passer ses nerfs sur une bonne cigarette. Une vieille amie qui sera vous réconforter.


Appuyé à sa fenêtre, scrutant l'horizon sans arrières pensées, calmant ses nerfs sur la nicotine, quelque chose interpella son attention. Des pas se dirigeaient lentement vers sa porte. Fixant cette dernière d'un oeil méfiant, le jeune homme se décida à entrer en jeu. Et sans cris égard, il ouvrit soudainement la porte pour surprendre ce qui aurait pu être son agresseur et... surprise! Joyce! 

"Tiens!..."

Lâcha t'il. Dévisageant cette dernière, peu habillée, Ys fut partagé entre la surprise et l'agacement. C'était qu'elle ne lui répondait plus et que l'envie de lui sauter à la gorge pour se venger le démanger. Mais à la fois, elle affichait une mine des plus étranges, des plus inhabituelles surtout. En fait, c'était surtout la première fois qu'il voyait ce regard. Et Joyce à une heure pareille se trouvant devant sa porte sans prévenir, c'était qu'il y avait un hic. Et connaissant l'animal, combien il devait être énorme ce hic! 

"T'es somnambule?"

Testant son amie pour deviner sa réaction, Ys ressenti pourtant une aura assez étrange. Quelque chose de nouveau, une nouvelle fois, avait changé chez son amie. Qu'est ce qu'elle avait encore foutu la blonde?

"Allez viens, j'aime pas voir les animaux souffrir..."

Et oui malgré le fait qu'il lui en voulait de l'avoir ignorer, il ne pouvait pas lui en vouloir plus longtemps. Ainsi il lui ouvra la porte, reculant pour l'inviter à rentrer. Et puis, Joyce semblait bien en avoir besoin. Ce n'était encore jamais arrivé ce genre d’événement et même ses yeux en disaient long.

"Tiens!..."

Je me tenais là, comme une idiote, n'ayant même pas eu le temps de toquer à la porte avant qu'elle ne s'ouvre. Bon Dieu mais qu'est-ce-que je foutais là?
Ys avait l'air à la fois fou de rage et étonné de me trouver là. En même temps, il avait tenté de me joindre à plusieurs reprises... Chacun son tour hein?

"T'es somnambule?"

- Intelligent comme remarque Ys, très spirituel.

D'une humeur massacrante? Non. Mais j'étais lasse. Je vous dis, une vrai lunatique! Il m'a dévisagé, et je n'ai pas baissé le regard. Comment le faire? J'avais, je crois, besoin d'un grand frère, Besoin qu'il me remettre les pendules à l'heure et les points sur les "i".
Enfin, il sembla prendre une décision, et il s'effaça, m'invitant à entrer.

"Allez viens, j'aime pas voir les animaux souffrir..."

- Ouais. Ca doit être ça.

Je n'étais pas comme d'habitude. Pas du tout. Je me mordis la lèvre et je rentrai. Sa chambre reflétait bien qui il était, bien qu'elle reste assez sobre. Sa guitare était là, et sa vue me fit sourire un instant. De bons souvenirs vinrent flotter dans mon esprit, vite remplacés par des images sombres.

- Désolée de ne pas avoir donné suite à vos appels, à toi et au groupe. Mais je... J'avais besoin d'être un peu seule.

Sans gêne, je me suis assise sur son lit. Wait une seconde. Ys était torse nu. Oh merde, je l'avais réveillé? Oops. En fait non, j’éprouvais pas de culpabilité pour ça. J'en avais trop pour le reste déjà.

- J'espère que tu ne dormais pas?

Je tournais autour du pot. C'était pitoyable. vraiment. Je faisais peine à voir avec mes yeux mort et vide d'émotions et mon teint fade.

- Pour tout t'avouer, je sais même pas ce que je fous là...

Là c'est clair et net, il y a un problème! En temps normal, Joyce n'aurait pas manqué de lui sauter au cou suite à ses provocations. En temps normal... Ys avait testé, il avait vérifié. Elle n'était plus la Joyce qu'il avait connus. Elle était toute ... molle. Non, elle était aussi déprimante! Elle est où la file qui pète le feu? (promis, il n'y avait aucun jeu de mot)


Non mais sans rire, c'est limite ennuyeux là! Déjà qu'elle l'avait réveillé (oui enfin....presque mais ça chut), qu'elle n'avait pas répondu à ses messages, voilà qu'elle arrive comme par magie mais avec une tête de déterrée. En vérité, Ys eut un peu de peine de la voir ainsi. Bon d'accord, beaucoup de peine! C'est qu'elle ne l'avait jamais habitué à la voir ainsi.


Surprit, ou plutôt choqué, Ys la suivit du regard entrer pour ensuite s'installer sur son lit sans aucune gêne. Restant sur le seuil de sa porte, il n'écoutait qu'à moitié ses excuses et la raison de son absence, si on peut appeler ça une raison. Tout ce dont Ys pouvait répondre, c'était d'un:


"Hum hum..."


Oui, il faisait plus qu'une grimace qu'autre chose mais être réveillé en pleine nuit par un intrus qui ressemblait à son amie, il y avait de quoi se poser des questions. Perplexe, il s'avança cependant sans jamais la quitter du regard. Pourvu que ça n'avait rien avoir avec Liam... Non parce que les histoires de coeur, sans façon! Ca ira merci! Même s'il s'agissait de Joyce, à partir du moment où elle est tombée amoureuse, elle est devenue une fille!


Haussant des épaules quand la demoiselle s’inquiéta d'avoir réveiller son ami, ce dernier lança d'un air détaché:


"Pas tout à fait..."


Inutile de la gronder, de se battre d'avantage. Joyce n'était clairement pas dans son assiette alors se battre contre elle, c'était comme faire face à un mur. Puis écoutant les paroles de son amie, ne sachant pas ce qu'elle faisait ici; levant les yeux au ciel, Ys eut un instant pensif quand une idée lui vint à l'esprit. Posant sa main sur sa tête, il obligea cette dernière à relever le regard vers lui. Scrutant au plus profond de son regard, Ys lâcha la jeune femme et soupira.


"Félicitations, tu vas en baver..."


Evidemment il faisait allusion à son étoilisation. Quoi? ce n'est pas parce qu'il s'agit d'Ys, qu'il n'a pas forcement compris que Joyce était devenue étoile. Il est pas stupide non plus!... Joker?


Bref, ses doutes confirmés, il comprenait désormais mieux le comportement de la jeune femme. C'était comme s'il avait pu le ressentir, une sorte de code. A croire qu'en évoluant, ils pouvaient se détecter entre eux. Delà Ys comprit aussi comment Mathéo, Aaron et Mitsu avaient pu deviner son étoilisation. Bon, ce qui signifie aussi qu'il ne faut en aucun cas provoquer la blonde. C'est qu'il tenait un minimum à sa chambre!
Se dirigeant vers son mini frigo, Ys en sortit deux bières dont il en tandis une à la désespérée.


"Sois patiente, Hideko va t’appeler et tout rentra dans l'ordre..."


Attrapant son siège de bureau, Ys put ainsi s'installer en face de Joyce et après avoir trinqué avec son amie tout en soufflant un "félicitations", ayant bu une gorgée rafraîchissante, il reprit cette fois avec un air interrogateur:


"J'espère que c'est tout... qu'il n'y a rien d'autres..?"



Oui parce qu'il s'agit quand même de Joyce d'accord, et il n'y a pas plus caler que lui pour savoir que la demoiselle ne vient jamais avec un seul soucis.

"Hum hum..."

Ce qui était bien avec Ys, c'est que je pouvais lâcher toute ma colère qu'il comprendrait. Néanmoins, et je le dis bien, je ne cramerai pas sa chambre, promis.
Il était resté vers la porte, étonné probablement de mes réaction pour le moins... surprenantes.
Enfin, il avança, sans jamais me quitter des yeux, moi en revanche, je fuyais son regard. Que m'arrivait-il? Je n'avais jamais réagit comme ça avec Ys, ni avec quiconque. L'étoilisation m'avait vraiment mis la misère.

"Pas tout à fait..."

Ouf! Comment ça ouf?! Mais je m'en bas les ovaires de l'avoir réveillé! Doucement (ou pas), Ys m'obligea à le fixer. On aurait dit qu'il me sondait. Je n'ai pas bougé, et me suis obligée à ne pas me soustraire à son regard dur.
Enfin, il me lâcha dans un soupir et recula. Je sus avant même qu'il ne parle qu'il avait comprit.

"Félicitations, tu vas en baver..."

Ahah. Morte de rire vraiment. Je lui lançais un sale regard mais il était de dos, plongé dans un mini frigo d'où il sorti deux bières.
Je soupirai et attrapai la bière qu'il te tendit, avant de trinquer avec lui sans réelle conviction.

"Sois patiente, Hideko va t’appeler et tout rentra dans l'ordre..."

- C'est fait.

Ma voix était bien faible. C'était difficile de parler après les jours que j'avais passé, terrée dans ma chambre. Mais s'il y en avait bien un qui pouvait comprendre, c'était Ys. J'avais besoin d'un grand frère, et il en était un pour moi. Je voulais pas de pitié ni de compassion, je ne voulais ni câlin ni paroles rassurantes. Je ne voulais que la vérité. Je voulais qu'on me dise les choses clairement. Et ce que je m'apprêtais à lui dire aller probablement m’amener à l'entendre. Et pas qu'en bien...
Ys s'assis en face de moi, sur une chaise de bureau, et me fixa, des questions dans les yeux.

"J'espère que c'est tout... qu'il n'y a rien d'autres..?"

Un sourire triste apparu sur mes lèvres et je pus enfin regarder le jeune homme. Il me connaissait suffisamment pour savoir que non, ce n'était pas tout. Mais comment tout avouer, quand on passe sa vie à tout cacher? Liam avait tout su. Je lui avais tout dis. Enfin presque. Mais comment le dire à Ys?

- Tu connais déjà la réponse à ta question, alors pourquoi tu la poses?

Ma question n'attendait aucune réponse. J'ai soupiré et j'ai bu une gorgée. Ca faisait longtemps que j'en avais pas bu (oui oui j'ai bu de la bière plus jeune et alors?) et le goût me paru familier.

- J'ai tenu parole. J'ai su chanté ma chanson. Et ça c'est pas vraiment passé comme prévu. C'est là que j'ai... pété les plombs. J'ai faillis faire flamber mon copain et me tuer par la même occasion. Je m'attendais pas vraiment à ça pour mon étoilisation... Alors... Si je ne suis pas venu aux répétitions... J'ai déjà du mal à voir le monde, mais le groupe? Et pire encore Liam? J'ai faillis le tuer là-haut...

Mais ça, il le savait déjà. Il savait déjà que j'étais passé étoile. C'est le reste qu'il ne savait pas. Je venais d'avouer ma relation avec Liam, sans même m'en rendre compte, bien que je ne sache pas vraiment si cette histoire résisterait à tout ce merdier dans lequel je m'étais fourrée.
J'ai soupiré, puis fermé les yeux. Mes mains s'étaient crispés sur la bouteille. Il fallait que je lui dise. Encore un effort allez. Plus que deux.

- Je n'arrive plus à chanter. Plus du tout. Pas depuis... ça. Je ne peux pas. Ma guitare est laissée à l'abandon et mon carnet de chanson est vide de nouvelle composition. Je suis incapable de chanter quoi que se soit, ne serait-ce qu'une comptine pour gamin. J'ai peur de replonger. Hideko a beau m'avoir dit que ça n'arriverait pas, une partie de moi ne la croit pas.

Et ce n'était pas le pire, loin de là. Non, par delà tout ça, il y avait pire. Il y avait le vrai problème, que je cachai depuis des mois, et que pourtant, j'aurais du avoir le courage d'avouer. Ils avaient le droit de savoir.
Liam me l'avait bien fait comprendre. Je me suis mordus la lèvre, nerveuse et souffrant de la vérité.

- C'est pas le pire Ys...

Je refusais de le regarder. Je refusais de voir une quelconque émotions dasn ses yeux. Mais il devait avoir le droit de choisir. Je ne pouvais pas leur imposer ça à tous. J'étais malade et je risquai la mort. Ils devaient pouvoir choisir ou non de rester. Liam avait choisi de rester. Non. Liam m'avait carrément forcé à accepter qu'il reste. Mais ça soulageait de plus être seule.
Je voulais qu'il sache la vérité. Et puis... La maladie n'avait pas évolué pas vrai?

- Si tu ne veux plus me voir après ça, je comprendrai. Vraiment.

Pourquoi c'était si dur d'avouer? Pourquoi ça faisait si mal? Pourquoi j'avais autant peur de le perdre? Je veux dire... Je ne m'étais jamais attaché à quiconque. Mais là? Ys constitué ma famille. Mitsuki, Liam, lui, Kyle et bien d'autres... Ils étaient ma seule famille. C'était tout ce que je possédais. Alors ouai, j'avais les boules de les perdre à cause d'un rien qui pourtant pouvait tout changer.
Je n'arrivai pas à le dire. C'était trop dur. Trop difficile. Pourtant, ce n'était rien. Et alors? Pour moi c'était bien trop. Je n'avais que seize ans bordel. Pourquoi j'avais ça? Je soupirai, incapable d'en dire plus.

- Oh et puis laisse tomber.

Trouillarde.

"T'as toujours eu tendance à douter de toi..."

C'était vrai même si ça faisait du mal à entendre. J'avais beau être assez confiante, j'avais mes failles. Ma famille m'avait quitté, je n'avais jamais eu d'amis et encore moins de petit ami. Vous vous doutez bien que vu comme ça, j'étais plutôt solitaire, et me retrouver tout à coups avec un copain, des amis et, autant le dire, une nouvelle famille, ça avait de quoi bouleverser un quotidien. Mon quotidien.

Ys avait le droit de savoir. Liam et lui étaient les premiers à en avoir le droit. Ils étaient probablement les personnes dont j'étais le plus proche. Liam étant mon copain, il m'était nécessaire de me montrer honnête envers lui. Et Ys? Je le considérai comme un frère. Chiant et agaçant, il m'était néanmoins cher et je ne voulais pas le perdre. Mais je n'avais pas le droit de l'embarquer dans mes conneries contre sa volonté.
Je fus pourtant incapable de parler. Je me refermais. Je me haïssais pour tout cela. Il posa d'ailleurs avec peu de discrétion sa bouteille avant d'aller se chercher un tee-shirt. Besoin de s'aérer l'esprit ou de  réfléchir un instant, je ne sais pas. N'empêche qu'il ne me laissa pas pour autant dans l'incompréhension totale.

"Bon bah si tu ne veux rien dire, c'est que tu fais tout un fromage pour pas grand chose..."

Je savais que ce n'était là que de la provocation pure pour que j'avoue. Mais la remarque me blessa plus que je ne voulus bien l'admettre et je soupiré, me mordant la lèvre. Que m'avait dit Liam déjà? Ah oui. Que ça ne changeait rien. Mais il avait tord. Ça changeait tout.
Si seulement je n'avais pas été dans les sous-sol ce jour-là! Ni au parc cet autre jour! Si seulement je ne les avais pas rencontré! Je ne serais pas là en ce moment même à me torturer l'esprit pour lui avouer ma honte.
Enfin, son regard revint sur moi et il s'assit sur le bureau, allumant une cigarette. Je n'eus même pas l'envie de me battre pour qu'il l'éteigne. OK, j'avais un sérieux problème.

"Tu sais quoi, je ne dirais rien. Tu peux m'avouer n'importe quoi, je continuerais à te faire chier. C'est pas tous les jours qu'on trouve un bouc émissaire alors t'inquiètes pas pour la suite..."

Si justement, je m'inquiétais. Parce que je connaissais suffisamment Ys pour savoir qu'au fond, il était inquiet. Et j'avais pas envie de le faire souffrir avec mes idioties.
Et s'il disait qu'il continuerait à me faire chier, je savais que cela voulait aussi dire qu'il tenait suffisamment à moi pour rester. Mais ça, je n'en étais pas convaincue. J'ai mordue ma lèvre encore une fois, tâchant de remettre un peu d'ordre dans mes idées. Comment lui avouer?
Il me scrutait, peut-être dans l'espoir de comprendre seul ce qui me tourmentait. Mais comment deviner? On ne pouvait pas.
Je me souvenais de la réaction de Liam. J'avais peur. Je tremblais un peu, bien que discrètement.
Comme une idiote, je me refermais, croisant les bras sur ma poitrine. On voyait bien que j'avais du mal. Mais Ys dû perdre patience, et je le comprenais. Ce n'était pas mon genre de tourner autour du pot et il le savait.

"Tu sais très bien pourquoi t'es venue... alors craches le morceau maintenant."

Oui je savais. Mais je n'arrivais pas à le dire. Je soupirai un instant et me levai, résolue à en finir avec cette histoire, quitte à perdre un ami. Ce n'était pas à moi de décider pour lui. Pas pour ça. Je n'avais pas le droit.
Je m'avançai vers la fenêtre, sans le regarder, les yeux plongés dans l'obscurité de la nuit. Dehors, pas un chat.

- OK. Avant mon étoilisation on devait avoir répétition avec le groupe, un samedi et j'avais pas pu venir tu te souviens? Je t'avais dis que j'étais en colle pour une connerie faîte en maths et on avait décalé à la veille au soir. Vous aviez pas cherché plus loin et ça m'avait bien arrangé. Pour tout t'avouer, je n'ai eu aucune colle ce samedi-là. Pour ça, il faudrait encore que je sois présente en maths.

J'eus un sourire ironique, mes bras toujours croisés contre moi, renfermée. Je tournais autour du pot, toujours, cherchant les bons mots. Mais pour ce genre de nouvelle, y en a-t-il vraiment?

- Ce samedi-là, j'avais un rendez-vous à l'hôpital. Pour des examens.

Oui j'admets, dans le genre annonce de mauvaises nouvelles, j'avais un don pour planter le décor. Pitoyable.
Une larme roula sur ma joue, comme à chaque fois que j'abordais le sujet. Je ne crois pas avoir déjà pleuré devant Ys avant ce jour-là. Mais il fallait croire que toutes choses à une première fois.

- Je suis malade. A l'heure d'aujourd'hui, je vais bien, et on pourrait même dire que je suis en bonne santé vu mes derniers résultats. Mais... Mais si la maladie est amenée à évoluer - et les médecins en ont l'air persuadés - je risque... Elle peut devenir mortelle. C'est une maladie orpheline et pour tout t'avouer, je ne sais pas vraiment comment ça marche, je n'ai pas bien comprit. Je l'ai appris suite à la mort de ma mère et de mon frère. Quelques jours après.

Je me tus, laissant à Ys le temps d'intégrer la nouvelle. C'était peut-être beaucoup d'un coups. Je ne voulais pas le regarder, j'avais peur de sa réaction. Peur de voir la pitié, la colère, la peur ou le dégoût dans son regard. Le pire aurait été la déception. Je crois qu'au fond, je m'attendais à y voir un mélange de tout ça.
J'ai fermé les yeux, des larmes muettes roulant sur mes joues. Que dire de plus?

- Pour le moment je vais bien, et mes derniers résultats sont de bonne augure. Mais j'ai peur qu'un beau jour je fasse un malaise qui me confirme l'idée que cette merde a évolué. J'en ai parlé à Liam. Il est au courant. Mais t'es le deuxième à qui j'en parle. Je sais même pas pourquoi en faîte. Je crois... Je crois que j'avais juste pas le droit de vous imposer ça.

Je me tournais enfin vers lui, plantant mon regard dans le sien. Je n'étais pas confiante, mais je me devais de prendre mon courage à deux mains non? Depuis quand étais-je si faible? Si fragile?

- Je comprendrais si tu voulais que je m'en aille. Dis-le et je ne t'embêterai plus.

Et je le pensais sincèrement, bien que les mots m'arrachent le cœur. J'avais beau le nier, j'étais attachée à Ys. Je redoutai sa réponse. Mes larmes avaient cessé de couler. Étrangement pourtant, l'avoir avouer m'avait libéré. J'avais l'impression que ça irait. J'espérai seulement qu'Ys comprendrai. Et qu'il répondrait surtout.

J'attendais patiemment. J'avais tenté de faire comprendre à Ys que pour le moment, j'allais bien. Peut-être aurai-je mieux fait de ne pas l'inquiéter inutilement? J'ai baissé le regard, et j'ai vu qu'il avait fait pareil. Il n'arrivait pas, ne voulait pas, me fixer. Je comprenais. Je m'attendais presque à ce qu'il me demande de partir.

Et puis brusquement, c'est lui qui a disparu. Mon cœur finit sa course dans un ravin, explosé en mille morceau. Je suis tombée à genoux et les sanglots m'ont tenu compagnie, secouant mon corps frêle d'adolescente.
Il m'avait lâché. J'arrivai pas à le croire. Pas Ys. Je pouvais pas. C'était pas vrai.

Mais je comprenais. Ça devait faire peur, de s'entendre dire qu'on allait peut-être perdre une amie. Je savais qu'entre lui et moi, c'était jamais facile, et nos gueulantes étaient plus fréquentes que nos ententes. Mais on était ainsi. On s'appréciait de cette manière là. C'était presque un frère pour moi. Et le voilà... Parti?

Les larmes n'avaient de cesse de rouler sur mes joues. J'étais pas encore morte que déjà je me retrouvais seule. Je pouvais pas croire qu'il m'avait lâché. Pourtant, je savais que c'était pas facile à entendre. Y avait qu'à voir la réaction de Liam pour comprendre.
Mais j'avais compris pourquoi Ys avait réagit avec autant de distance. Sans mot. Il avait perdu quelqu'un déjà. Et probablement mon aveu avait-il du faire remonter des souvenirs en lui.

Sans m'attarder plus dans cette chambre vide, je me relevai, prête à partir. Séchant mes larmes, je fermai la fenêtre pour éviter qu'un coups de vent ne vienne la faire claquer alors que le propriétaire n'était pas encore rentré.
J'aurais aimé qu'il me parle. Qu'il dise quelque chose. J'aurais aimé pouvoir lui dire à quel point j'étais désolée. Moi aussi j'avais fait la bêtise de m'attacher aux gens. Dont lui.
Je comprenais son besoin de prendre de la distance. Même si j'avais précisé être pour le moment tiré d'affaire, je savais que je pouvais replonger, et ne plus savoir remonter. Je comprenais.

Alors que je m'apprêtais à repartir, il réapparu devant moi. Mes yeux étaient flous, voilés par la douleur.
Mais il était là. Avait-il cru que je serai parti? Il serrait les poings et j'avais baissé les yeux, désolée et apeurée, me mordant la lèvre, toujours aussi nerveuse. Peureuse.
Mais alors je sentis brusquement des bras m'enserrer. Le nez d'Ys dans mes cheveux, et une larme couler sur sa joue.
Il me serrait fort contre lui, comme si me lâcher reviendrait à me perdre. Mais c'était ça. Le choc passé, je réussis à bouger suffisamment pour l'enlacer à mon tour, le serrant de toutes mes forces, priant pour que pour une fois, tout se passe bien.

"Tu n'auras plus à te mordre les lèvres...."

Cette phrase peut vous paraître anodine. Assez banale. Mais pour moi, elle voulait tout dire. Elle était cet espoir qu'Ys avait un jour sur me donner. Cet espoir dont j'avais besoin. Un espoir un peu fou, et peut-être vain. Mais qui sait?

Je ne crois pas n'avoir jamais eu d'étreinte avec lui. C'était la première fois. J'étais petite comparée à lui. Frêle et fragile, il aurait pu me briser s'il l'avait souhaité. Et pourtant non. Il ne m'avait pas abandonné. Il était là. Et je le connaissais suffisamment pour savoir qu'il ne me lâcherait pas.

Les larmes roulèrent sur mes joues, et je fis taire les sanglots, bien trop étonnée et heureuse de son retour. De sa présence.
Je le serrais contre moi, tentant de comprendre que non, je n'étais pas seule. Liam avait eu raison. Je n'étais plus seule. Et je ne le serais plus jamais. Ils étaient là.

- Je te demande pardon...

Pardon? Pardon pour quoi? Pour le lui avoir cacher, ou pour le lui avoir avouer? Moi même je ne sais pas. Probablement pour les deux.
Il s'écoula un long moment où aucun de nous ne parla, ni ne bougea. Mais j'en avais assez de cette ambiance pesante qui s'était instaurée entre nous. J'en avais assez de voir mon grand frère aussi mal. J'en avais assez que nos chamailleries ne soient plus.

- Tu vas m'étouffer si tu continue Ys.

C'était plus pour le charrier que pour lui dire d'arrêter. Mais honnêtement c'était carrément étrange un câlin avec lui. Non pas que ce soit désagréable mais c'était... pas commun. C'était pas normal. Mais en même temps si. Un peu. Enfin je sais pas trop.

Jamais. Jamais il n'abandonnerait sa petite soeur. Rien n'était encore jouer. Et combien Joyce avait du souffrir de vivre avec ce terrible secret sans jamais pouvoir l'avouer sans avoir à perdre un ami. Ainsi elle avait si peu confiance en eux, en elle? Oh non, ne crois pas ça! Tant puis les pleurs, tant puis cette crampe dans le ventre qui t'empêche de respirer correctement. Jamais il ne lui tournerait le dos. Et puis s'il y avait une chose à laquelle Ys préférait s'accrocher, c'était l'espoir.
Il avait appris récemment que les Masters obtenaient une greffe, différente pour chacun, mais ils étaient devenus l'égal des dieux. Mitsuki était immortelle. Alors pourquoi pas Joyce? Ainsi elle survivrait à sa maladie et les pouvoirs et tout le bien de Terrae prendraient un sens. Il fallait que Joyce vive, qu'elle devienne Master rapidement. Du moins, Ys ferait tout pour l'aider à le devenir.

De toute façon, égoïstement, il lui interdisait de mourir. Ca suffit les mensonges! Et puis Joyce n'avait pas fait tout ce chemin, à une nuit si tardive, pour entendre "barres toi". Elle le voulait, elle voulait qu'ils restent amis, sinon il n'y avait aucun raison pour qu'elle soit honnête et tente le tout pour le tout.

Sentant son étreinte, ils restèrent ainsi un moment. Peu importe le temps, l'instant s'était comme figé. Eux qui s'étaient autrefois détestés en peu de temps et qui étaient devenu si proches sans vouloir l'accepter. Peu importe du temps qu'il reste, des conséquences, des obstacles, ils continueraient à se chercher tel chien et chat qu'ils étaient. Ys put entendre ce "pardon" parmi les sanglots. Fronçant des sourcils, le garçon sentit son coeur se resserré un peu plus. Comment pouvait elle s'excuser? Elle n'avait en aucun cas à s'excuser. En revanche, lui, il culpabilisait de l'avoir laisser même si ce n'était que pour quelques minutes. Car pendant un instant, il l'avait fuis.

"Tais toi..."


Lui souffla t-il. Il avait bien assez honte de son comportement. Mauvais frère. Tandis qu'il cachait son visage, rangé par la culpabilité et la tristesse, son amie tenta de ranimer cette ambiance en le provocant comme autrefois. Une provocation des plus tristes ceci dit. Mais elle avait essayé, elle. Lacement, Ys relâche son étreinte, et doucement posa son regard dans celui de son ami. Il eut un instant silencieux, le regard ferme et puis, des yeux rieurs, il posa sa main sur la tête de son amie pour laisser échapper:

"T'as qu'à manger plus gamine! Sinon comment tu penses devenir forte?!"

Laissant glisser sa main le long de son visage, comme pour l'ébouriffer, Ys retourna auprès de sa bière. Faisant dos à la jeune femme, il prit le temps de songer tout en buvant sa boisson. Quand il reprit d'une voix déterminée:

"Ne me mens plus jamais... pas sur ça..."

Plus de mensonge, plus de tricherie. Sinon à quoi bon se dire frère et soeur?! Maintenant, il allait devoir garder ses habitudes, ses comportements avec elle comme autrefois. Pourtant, il gardait toujours en tête cette menace qui planait au dessus de sa tête. Comment faire semblant quand on sait que d'un jour à l'autre, tout peut disparaître?! ... La pire des tortures psychologiques...


"J'aurai du parier pour toi et Liam... en même temps, ça crevait les yeux!"

Lança t'il d'une voix faussement joyeuse tout en portant à son amie un sourire chaleureux. Il allait devoir faire cet effort. Prendre sur lui et ne plus jamais avoir peur des démons de son enfance.

"Tais toi..."

Et pour une fois je l'écoutai. Parce que j'avais pas envie de discuter. J'avais juste envie de voir qu'il était là et qu'il ne partirait pas. Je voulais juste sentir que la solitude me quittait enfin. Je voulais juste comprendre que je n'étais plus seule. Et pour cela, aucun besoin de paroles, ni de pardon.
On resta un long moment ainsi, silencieux dans ce cocon presque fraternel et irréel. Les sanglots avaient cessé, de même que les larmes. Tout était calme dans la pièce. Nous avions bien évolué depuis les sous-sols n'est-ce-pas?
Finalement, plus gênée qu'autre chose, j'ai tenté de le provoquer. C'était minable, mais cela suffit à l'instant.
Avec lassitude, Ys me lâcha, puis me regarda, son regard de feu rivé au vert du mien. Il posa sa main sur ma tête, comme il l'avait fait une autre fois, où tous deux avions dû faire face à nos doutes et incertitudes.

"T'as qu'à manger plus gamine! Sinon comment tu penses devenir forte?!"

J'ai répondu à son sourire chaleureux, bien que nous soyons faux tous deux. J'avais une nouvelle fois tout gâché, et je m'en voulais atrocement. Ys n'avait pas à subir tout cela, pas plus que Liam. Je le savais. Alors pourquoi j'arrivai pas à me détacher d'eux?
Alors il se détourna de moi, sans même attendre une quelconque réponse de ma part. Il bu sa bière tandis que je restai là, à le fixer, quand enfin, sa voix me parvint.

"Ne me mens plus jamais... pas sur ça..."

Je n'avais pas mentis. J'avais omis de le lui dire nuance! Mais autant garder mes réflexions pour moi, nous n'allions pas en plus de tout cela nous disputer.
Ys ne savait pas tout. Tout comme Liam, il y avait des choses que j'avais choisis de taire. Ça ne les regardait pas. C'était à moi. Et ce n'était pas dramatique s'ils ne le savaient pas.
J'acquiesçais muettement pourtant, d'un simple signe de tête.

- J'essaierai.

Mais ça voulait aussi dire que lui non plus ne devait plus me mentir. Pourquoi avait-il fuit si rapidement quand il avait su? Pourquoi était-il si réfractaire à une quelconque relation, quel qu'en soit la nature? Pourquoi était-il si froid envers tout ça?

"J'aurai du parier pour toi et Liam... en même temps, ça crevait les yeux!"

Je savais qu'il disait ça pour penser à autre chose. Pour parler d'autre chose. Quelque chose d'heureux. Mais moi, ça me faisait pas vraiment plaisir. Parce que j'avais faillis le tuer avec mes bêtises.
Son sourire était tellement faux! Ça me déchirait le cœur.

- Je vois pas de quoi tu veux parler feu-follet! J'ai été la première étonnée quand il m'en a fait part... La preuve en est qu'on s'est disputé quand il me l'a dit.

Un rire m'a prit. Ça faisait du bien de penser à ça en faite. Quelle idiote! Nous nous étions disputé alors qu'au fond, on tentait juste de s'avouer nos sentiments. Tout ça à cause de ma débilité.
Un sourire plus franc s'est affiché sur mon visage et j'ai bu une gorgée de bière.

- Bon et toi alors? J'ai le droit de savoir où ça se passe comment?

Quoi? Vous croyez vraiment que j'avais pas compris pour Mitsuki et lui? Eh! Je suis sa petite sœur faudrait voir de pas l'oublier!
Ça faisait du bien de parler d'autre chose. De ne pas penser à cette saloperie qui coulaient dans mes veines, affectant mes organes et mes cellules. Pour une des rares fois, j'avais juste envie de croire que les médecins avaient raisons: Tout était encore possible, même ma guérison.

"Ca m'étonne pas de toi... T'as le don pour t' exister pour un rien. Et dis pas être étonnée, t'attendais que ça!"

Je ne pris même pas la peine de lui répondre tellement il m'emmerdait. Au lieu de ça, je préférai passer à l'offensive, et je répliquai que lui non plus n'avait pas tout dis. Oui j'avais remarqué pour Mitsuki et lui. Et si je n'en aurais rien dis à Ys, elle et lui aurait formé un bien joli couple. Ils étaient certes tous deux des caractères fort mais d'une certaine manière, en voyant ses propres défauts chez l'autres, ils réussissaient à les calmer. Du moins c'était l'impression que j'avais, d'un point de vu extérieur.

"Laisse tomber!"

J'avais donc vu juste, et il ne niait même pas? C'est que monsieur s’adoucissait dîtes moi! J'ai ris, mais lui comme moi faisions semblant. On aurait dit une mauvaise scène de films. Ou de théâtre. Comme si les acteurs avaient oublié leur texte, nous errions sur deux eaux, tâchant de trouver une improvisation à la suite de la nouvelle. Nous faisions semblant d'aimer le moment, mais l'ambiance s'était ternis. Il nous faudrait probablement du temps pour accepter tout ça. Lui pour accepter le fait que je sois malade. Moi pour accepter le fait qu'il assiste à ma chute lente mais nécessaire si celle-ci évoluait.

"Y a rien de réciproque. Point!"

- Mais bien sur! Menteur!

J'ai ris avec le plus de sincérité possible. Je ne supportait plus cette ambiance. Ce sourire forcé que je voyais sur son visage.
Ayant finit sa bière, Ys s'alluma une nouvelle cigarette. Cette fois, je m'approchai de lui et attrapant sa cigarette, je la jeta par la fenêtre ré-ouverte par mes soins.

- Je t'ai déjà dis que c'était pas bon pour toi papi.

Il s'ouvrit donc une nouvelle bière, et je finis la mienne, bien que le cœur n'y soit pas. Il semblait vouloir changer de sujet, revenir à moi, mais j'avais pas franchement envie d'en parler. Surtout que sans le vouloir, Ys fît une boulette.

"Ben alors voilà, vous êtes officiellement ensemble? Il sait même pas dans quelle galère il est tombé!"

Une ombre passa sur mon visage, et mon regard se voila. Non Liam ne savait pas dans quoi il s'embarquait. La maladie me guettait et la mort tentait de flirter avec ma vie. On sait qui des deux est plus forte. J'allais perdre et je le savais, bien que j'espère que cette merde n'évolue pas.
Je m'étais renseignée. Nous n'étions pas plus de cinq mille dans le monde à être atteint de cette saloperie ou de ses variantes. L'espérance de vie pour nous tous n'allait jamais au delà de vingt ans. Mais ça bien sur, c'était pour ceux qui abritait la maladie originale. Pas les variantes. Non, ceux atteint de ma variante n'allait pas au delà de vingt-cinq ans, sauf coups de bol. Mais vu qu'on sait que je suis pas vraiment chanceuse, j'avais pas vraiment de chance de survit.
Ça bien sur, je le taisais. Ys et Liam n'avait pas besoin de le savoir. Il l'apprendrait bien assez tôt. Et de toute manière, pour le moment, j'allais bien, et mes examens disaient que javais une chance de m'en sortir.
Non effectivement, Liam ne savait pas dans quoi il avait mit les pieds en tombant amoureux de moi. Mais Ys ne pouvait pas en être fier non plus, car lui aussi allait souffrir si cela devait arriver. Je m'en voulus ce soir là, d'avoir oser croire que j'avais droit au bonheur.  Parce qu'à cause de ma bêtise, je ne serais pas la seule à souffrir.

Pourtant, bien que je ne sois plus d'humeur à rire, je fis mine d'être indignée. Ys n'avait pas à me voir ainsi. Il poserait des questions auxquelles je n'aurais pas voulu répondre.

- Eh! Oui nous sommes en couple mais sache que je sais me montrer adorable quand l'envie m'en prend! Mais après tout, toi tu ne l'as pas vu, vu que tu te comportes comme un papi méchant et aigris avec moi!

Non, je ne trompais personne. Mais si je partais, je sais que je ne reviendrais pas. Il fallait que j'arrive à surmonter cette épreuve. Après, oui, après, je pourrais pleurer tout mon saoule sur mon oreiller, tout en contemplant ma guitare abandonnée. Quelle chienne de vie!

Ne préférant rien relever suite aux propos de son amie, Ys évita de rajouter quoique se soit sur sa relation avec Mitsuki. C'était assez torturant comme ça, et puis il n'avait pas la tête à ça. A chaque moment son problème. Pour l'heure, il s'agissait de la révélation brutale de Joyce, alors en ce qui concerne ses soucis avec Mitsuki, ça pouvait attendre. Et dire qu'il n'était même pas en couple avec elle, qu'il trouvait déjà des problèmes! Qui a dit que tout serait plus simple à Terrae? Foutu menteur à capuche!


Ignorant, il fut pourtant, malgré lui, tiré de ses songes et de la mauvais manière. Joyce avait vite retrouver du poils de la bête, du moins, elle jouait bien son rôle. Et de ses yeux rouges, surpris, il vit sa cigarette volé par dessus la fenêtre. Il eut un instant avant de réagir, quand il dressa le poing vers la blonde, assez fière d'elle.


"Non mais c''est quand que tu vas arrêter ces conneries?! Je v ais te ruiner, tu vas racheter toutes les clopes que tu balances!!"


Puis, se rendant bien compte que cette lutte était déjà perdue, Ys baissa les bras, lacé. Soupirant, il se relaissa tomber tout en tendant une autre bière à la demoiselle. C'est que Liam allait tout de même en bavait avec elle. Il a déjà pensé à s'acheter des patchs? Non sérieux comment il fait lui? ... Non en fait, c'est bien. Ils sont tout de même heureux. Enfin du moins, en partie. Cette "merde" ne les empêche pas d'être ensemble. Oh bien sûr Ys ne s'était pas rendu compte de ses propos et encore moins que cela avait pu affecter la demoiselle. Peut être qu'il y arrivait mieux qu'il ne l'aurait crus. Ouais enfin, du moment où ils sont ensembles, tout va bien. On verra bien par la suite. Surement que secrètement, il les enviait.
Malgré les paroles de son amie, Ys crut sembler voir une onde passer sur le visage de Joyce. Tiltant à comprendre, un fin sourire se dessina sur ses lèvres.


"Méchant et aigris? Je te rappelle que c'est toi la sauvage! T'as faillis me sauter à la gorge et plus d'une fois. Mais je pense qu'il y a moyen de te dresser."


C'est bien, ils obtiendront leurs oscars du meilleur acteur à cette allure. Ils ne laissent rien transparaître. Tout est balayé soigneusement, tout rentre déjà dans l'ordre. Et la vie continue... jusqu'à ce qu'il soit l'heure de se coucher. Et enfin façon de parler. Les heures à tourner dans son lit vont être doublement difficiles. Non, c'est pire que cela, c'est infaisable. Alors buvons! Et sans perte de temps, ils enchaînent, il faudra bien que les cadavres touchent le plafond pour s'estimer satisfait pour enfin dormir.


"Au fait, Terrae organise pas mal de voyages cette année... J'ai vu une liste pour faire une croisière. Ca te tente de me rejoindre?"



Il était temps de profiter de chaque instant à ses côtés et tant puis pour Liam s'il ne se manifeste pas plus vite. Il n'y a plus aucune minute à perdre.

"Non mais c''est quand que tu vas arrêter ces conneries?! Je v ais te ruiner, tu vas racheter toutes les clopes que tu balances!!"

J'ai ris, pour la forme. On aurait pu prétendre à l'oscar vu les talents de comédien. Mais on était pas dupe, on savait bien tous deux que nous mentions. Pour l'autre ou pour nous même, on savait pas vraiment. On mentait c'était tout.
Tandis que je ruminais mes pensées sombres, Ys semblait réfléchir à autre chose.

"Méchant et aigris? Je te rappelle que c'est toi la sauvage! T'as faillis me sauter à la gorge et plus d'une fois. Mais je pense qu'il y a moyen de te dresser."

Cette fois, c'est un rire franc qui sorti de ma bouche. Il avait réussis, malgré la dure révélation que je venais de lui faire et malgré mon humeur morne, à me faire sourire. Et même rire. Honnêtement. Je crois pouvoir avoué sans honte que ce jour-là, je n'ai pas regretté d'être aller le trouver pour lui parler. Il avait le droit de savoir, et moi, celui de me libérer d'un poids bien trop lourd pour mes épaules frêles d'adolescente de seize ans.

- Me dresser? Tu crois encore pouvoir y arriver? Ne crois pas que je te ferai la même faveur que celle faîte à Liam: Je vais t'empoisonner l'existence jusqu'à ma mort!

J'avais ce regard vert plein de malice. Plein de rébellion. Plein de vie. Celui qui montre qu'on a pas abandonné, et qu'on se bat encore pour notre salut, et pour ce miracle auquel, malgré tout, on croit encore. Celui qui voulait dire à l'instant que je serais dans ses pattes encore longtemps, ce qui me comblait.
Avant de mourir, je voulais être heureuse. Au moins une fois. Juste une. Et Liam et lui seraient ceux qui m'accompagnerait de front, avec Mitsuki, Misao et les autres derrière.
Il me proposa une nouvelle bière, et bien que je sache que ce n'était pas une bonne idée, je l'acceptai. Et si pour une fois, j'étais insouciante, et comme les autres? Sans problème. Une fille de seize ans qui boit en parlant connerie avec un gars qu'elle considère comme un frère   pour qui elle donnerait bien plus qu'elle n'en laisse croire?

"Au fait, Terrae organise pas mal de voyages cette année... J'ai vu une liste pour faire une croisière. Ca te tente de me rejoindre?"

Il me sorti de mes pensées une fois de plus, et je lui souris, complice. Je bus une gorgée de plus, et je lui fis un clin d’œil.

- Trop tard pour me le proposer, je suis déjà inscrite vieillard.

Mais au fond, j'avais compris son manège. Cette proposition, elle était pas innocente. Elle touchait au sujet de ma visite. Elle était là, comme pour nous rappeler la vérité. Et j'en étais consciente. Ys voulait que l'on profite. Moi aussi, bien que je m'en cache.
Je savais depuis des années que la vie pouvaient s'arrêter à tous moments, et que de cela, nous n'étions pas maîtres mais victimes. Dans mon cas, c'était bien plus voyant. Chez moi, il était presque inscrit que la vie ne m'appartenait plus pour très longtemps. C'était donc le bon moment pour profiter et vivre non? Je n'avais plus que cela à faire de toutes manières.

- C'est cool qu'on est des vacances en commun. Je vais pouvoir t'empêcher de fumer comme un pompier et en prime, te faire chier à longueur de temps. En plus, j'ai vu que Mitsuki aussi était du voyage!

J'avais cette moue pleine de malice et de jouissance face à la conversation que je pourrai avoir avec la demoiselle. Je n'allais pas me gêner pour en apprendre le plus possible sur leur relation à tous les deux! Après tout, Ys l'avait bien fait, lui!