Ohlàlà. Ohlàlà, ohlàlà, ohlàlà. Vu le regard que m'a lancé Allen ET celui d'Aria, je commence à me demander si c'était une bonne idée ce qu'on a fait. Nan mais j'suis pas allé le voir en boîte, c'était p't'être pour une bonne raison. Déjà les gens ont pas l'air content quand ils sortent, ça me rend triste. Parce que ouais, à la base nous on veut que ce soit tout mignooon nan mais c'est vrai J'AI TOUJOURS VOULU ORGANISER CE JEU C'EST TROP BIEN Y A JAMAIS RIEN DE COMME CA AU JAPON. Les occidentaux sont incroyables avec leurs jeux ! Et ensuite, et bah... Euh, c'est Nicolas qui arrive comme une furie, là ?

J'affichai un regard nerveux alors qu'il fixait Aaron sans rien dire. Visiblement en colère. Heu. Bon. On a fait une bêtise, c'est ça ? Maiiiis je voulais qu'ils paaarlent, je suis sûre qu'ils ont des trucs à se dire, ok ?! Je détournai le regard. Bon. Heu. Si je m'enfuyais pendant ces sept minutes ? Hum hum. Oh tiens, j'ai pas encore mangé et-... HAN LE GARS AVEC UN CASQUE MAIS IL EST TROP STYLE.

-Nicoooo, tu sais, commençai-je piteusement. On, heu... On veut pas faire de mal, hein. Mais tu comprends, faut qu'ils parlent, eeet... Et ça va toi ? T'étais tout rouge quand t'es sorti...

OMG MITSU TG.

Ahahah. Tout le monde fait la gueule, c'est drôle. Bon, d'accord, j'admets que c'est moins drôle que prévu. Nicolas et le garçon blond sont sortis en trombe du placard, et les suivantes… avaient pas l'air très bien. Oh, j'ai blessé mesdames ? J'm'en fous. Je suis un connard ? J'm'en fous.

Après avoir foutu la rouquine dans le placard sous les indications de Mitsuki, je m'étire pour débloquer mon dos douloureux. Elle est petite et pas si lourde, mais le trajet était un peu long à travers toute la salle, quand même. Je croise le regard de Nico qui arrive en trombe, visiblement pas content du tout. Mitsuki essaie de discuter avec lui et je lance un regard goguenard à la cantonade.

Puis je sursaute en sentant mon portable vibrer dans ma poche. Pris d'un espoir, je m'agite pour fouiller dans ma poche pour l'attraper et regarde... Mais c'est juste un message de ma frangine. Je me renferme davantage et fais un signe à Mitsuki avant d'aller à l'extérieur m'allumer une clope, appuyé contre un mur. 'Tain, je lui ai envoyé trente-six mille messages... Je sais qu'on est plus ensemble, je sais qu'on est censé être en froid, mais ça fait des semaines que j'ai pas de nouvelles. J'me passe une main sur le visage en ignorant les gens présents et réponds brièvement à Cass, avant de lui en renvoyer un, un peu mécontent.

Aaron a l'air de s'en foutre complet de ce qu'il fait... Il doit pas se rendre compte... ou alors il cache un truc. En tout cas, il est pas dans son assiette. Alors Nico ne dit rien, il ne répond pas à ce sourire louche qu'il lance, il ne commente pas le fait qu'il se jette sur son téléphone avant d'afficher une mine déçue. Il est à la fois trop énervé pour dire quoi que ce soit et trop perturbé par ce qu'il fait. Alors il attend que son prof soit parti, sans doute fumer dehors, pour poser ses yeux sur Mitsu... D'abord encore un peu sur le coup de la colère, son regard est dur. Mais il finit par soupirer. Frottant son visage de ses mains, il tentait de moins froncer les sourcils. :

-Je sais Mitsu. Mais il faut faire attention à ces choses-là... Peut-être que ça peut aider certaines personnes, mais ça peut blesser aussi... Une de mes amies, que tu as enfermé à l'intérieur à beaucoup de soucis avec les contacts physiques. Et vu comment c'est étroit à l'intérieur, c'est une chance qu'elle n'ait pas fait... une crise. Et puis Aria...

Puis son regard se dévie quand il rougit de nouveau. Ne pas penser à ce qu'il s'est passé dans le placard. Ne pas penser à ce qu'il s'est passé dans le placard. ...Oh mon Dieu Aria est-ce que tu t'en sors dans ce placard...... :

-Et oui, moi ça va.

Non mais hors de question de lui raconter ce qu'il... ce qu'ils ont... GNYAH ! Damn, il aurait du rester dans sa chambre, se rouler un joint et dormir tranquillou au lieu de subir tout ça...

L’air frais vient caresser mon visage. Je me laisse aller contre le mur en achevant de rouler ma cigarette. Cette dernière coincée entre les lèvres, je fouille un moment mon sac… Sans trouver le briquet sacré. Je jette un œil autour de moi et m’aperçois que cette solitude qui m’avait parue si apaisante au départ m’ennuie un peu, là maintenant. Je pourrais essayer de l’allumer avec mon propre feu mais… Oui, je sens bien que la moindre flamme se révèlerait dangereuse, au vu de mon état.

Je soupire, commence à me résoudre à rentrer sans ma dose de nicotine quand quelqu’un sort. Plissant les yeux, je distingue les traits du Master Aaron. Evidemment. Qui d’autre ? Le destin s’acharne-t-il réellement sur moi ou est-ce une simple impression ?

Je m’éclaircis la gorge, comme pour lui signaler ma présence, le suivant du regard alors qu’il va s’appuyer contre le même mur que moi, plus loin. Sans bouger, je me lance :

- Est-ce que vous auriez du feu ?

Mon ton est plat, neutre, sans sentiments. Il est comme moi à cet instant. Mon amertume, ma rancœur envers ceux qui nous ont enfermées dans le placard, Alice et moi, ainsi que mon dégoût de moi-même d’avoir agi ainsi, sont tels que le Tonnerre me laisse indifférente. Je veux juste pouvoir allumer ma clope. Rien de plus.

Alice jette un regard calme à Nicolas qu' elle voit arriver dans la salle. Il a croisé Hamilton. Et vu sa tête, il sait. Il sait qu'elle ne supporte pas le contact. Que l'enfermer, collée à quelqu'un est une mauvaise idée. Malgré tout elle lui adresse un sourire lorsqu'il pose sa main sur son épaule.

Elle a oublié qu'il est Sensitif, et puis Alice donne tellement ses sentiments aux autres que ce n'est pas un pouvoir qui la dérange. L'attention de Nicolas lui fait plaisir et elle hoche la tête.

« Oui, ça va passer. Elle fait tellement de progrès, c'est vraiment génial. Mais enfermées comme ça C' était... pas du tout bon pour elle. »

Elle approuve son conseil. Oui, si elle revient, elle ira dehors avec elle, elles ne resteront probablement pas dans la salle. Et puis le cri retentit, et Alice tourne la tête. C'est Ariana, porté par le Master Sensitif... Il va vraiment continuer d'enfermer des gens dans ce placard ?

Alice soupire avant d'entendre le grondement de Nicolas. Elle le laisse s'en aller puis observe. La fille aux cheveux blancs n'a pas l'air fière... et le brun s'en fou, visiblement. Il s'en fou et il tente de se moquer. Il se moque surement vraiment mais si c'était le cas, il n'aurait pas quitté la salle juste après...

Alice cherche à savoir ce qu'elle pourrait faire... Elle ne connait presque personne. Elle passe son regard sur la foule, sans trouver quoi faire. Eh bien... On va manger.

Je tapote rageusement mes messages, le coeur en miettes. Putain, j'en ai marre. Il s'en fout pas, je sais qu'il s'en fout pas. Mais je dors seul depuis un mois, tout à l'heure je vais rentrer, je vais encore être seul, tu es en mission, et je m'inquiète, espèce de grand con. Je mâchonne le filtre de ma cigarette et relève les yeux vers la rouquine qu'on a enfermée avec sa copine, tout à l'heure. Je soupire, un peu agacé, et  lui fais un signe pour qu'elle se rapproche. Pas question que je me bouge le cul.

—J'ai pas d'feu mais j'peux te l'allumer. Par contre, t'es pas censée être feu, toi ?

Ouais, je sais tout, tmtc, osef. Elle est obligée d'être là ? Je souffle un nuage de fumée en tentant de faire le vide dans ma tête et dans mon coeur. Mais y a que pour le coeur que ça marche. Les idées restent là, et même si elles n'ont pas l'air d'être douloureuses, je sais qu'elles le restent malgré tout.

—Alors, ce placard ? je ricane.

En vrai, je sens bien qu'elle va mal. Mais j'ai envie de compatir avec personne, ce soir. De toute manière, peu importe ce que je dis ou fais, je me fais envoyer bouler, alors autant être un connard, nan ?

—Ca doit donner l'impression que le reste du monde est immense, je souris en coin.

Comment cela, il n’a pas de feu mais il peut l’allumer ? Ah oui, il est Tonnerre. Il doit faire comme Nicolas. Je m’apprête à m’approcher quand il me parle du placard.

…

Mon regard se fait glacé. S’il n’avait pas été Master, je suis à peu près certaine qu’il aurait une bonne partie de son visage carbonisée là maintenant. Je sens mes poings se serrer, se contracter à en faire blanchir mes phalanges.

- Espèce de connard, lâché-je entre mes dents. Ah… Cela vous fait marrer, de rendre les gens malades, de trouver leurs points faibles et d’appuyer dessus. Oh, comme c’est rigolo ! Allons enfermer une adolescente paumée qui commençait à se reconstruire et son amie qui ne pense qu’à aider les autres dans un placard, voyons ! Cela fera des bons souvenirs ! Plus tard, nous y repenserons, et nous en rigolerons !

D’un pas rapide je m’approche. Je ne contrôle plus rien. Je ne comprends plus rien.

- Tenez, je vais vous en donner un, de bon souvenir.

Je vois juste mon poing arriver contre sa joue.

ET PUTAIN POURQUOI EST-CE QUE J’AI MAL A LA MAIN COMME CELA ?

Aha. Oui. Oui. Donner des coups de poing, cela s’apprend, Hamilton. Là, le gars n’a rien dû sentir. Par contre toi, qu’est-ce que tu douilles…

Je me laisse un peu porter par le mouvement. Il se passe beaucoup trop de trucs et j'ai pas très envie de m'intéresser à tout et tout le monde. Je suis pas trop du genre grosse fête à la base, plus petit comité. Je prends quelques photos des différents groupes et couples en restant en retrait.

Mitsu disparaît deux ou trois fois et je finis par comprendre qu'avec Aaron ils font ce jeu du placard. On aimait bien jouer à ça en soirée avec les garçons avant, ça donnait des situations assez drôles parfois. Je suis pas super serein avec l'idée d'y avoir mis Nico et Matthy en même temps mais après ça leur fera peut-être du bien de parler.

Les gens vont et viennent, je danse un peu avec Aoi avant de la voir se tourner quand on entend un cri suraigu. Je grimace un peu. Ils sont sérieux. Aria et Allen ? Mais ils peuvent pas leur foutre la paix ? Si ils veulent se tourner autour ça les regarde.

- Je veux plus me mêler de cette histoire, je soupire. Aria et Allen sont adultes, elle devrait les laisser tranquilles.

Je parle de Mitsu ici. Je suis le premier à me mêler des affaires des autres, ok, mais les histoires de coeur pour moi c'est "don't touch". A part si on me demande directement ou que je suis impliqué au départ j'aime pas m'embarrasser avec les sentiments des autres. J'ai déjà les miens à gérer ça me suffit. Je peux comprendre que ça part d'une bonne intention mais parfois pousser les choses ça aide juste à aller dans le mur.

Je crois que j'en suis à un point où je suis trop blasé pour réagir là. Je fais le tour des gens pas loin et aperçois Misao qui parle encore avec Matheo alors qu'ils sortent. La musique se termine et j'entraîne Aoi avec moi en les rattrapant rapidement. Bah ouais elle me traîne depuis le début de la soirée, autant inverser un peu de temps en temps.

- Alors Matthy, tu t'es fait enlever ? Je plaisante. Tout va bien ? Je demande, un peu plus sérieusement.

Je salue Misao en levant mon verre dans sa direction. Enfermé avec Nico pendant 7 minutes. Ouais je sais pas trop pourquoi mais je vais continuer à les suivre ces deux-là. Nico a l'air aussi doué que moi pour tout foutre en l'air volontairement pour des raisons stupides.

C'est fou comme j'aurais pas dû lui parler, en fait. J'savais qu'elle allait s'énerver, mais elle aurait pas pu faire comme d'hab et faire "lol tg" et se casser ? Ca a l'air d'être sa spécialité, pourtant. Puis quoi, j'lui ai pas dit qu'elle pouvait m'adresser la parole. C'est elle qui peut pas me blairer, alors pourquoi elle insiste ?

J'esquisse un sourire ironique, mais mes yeux se plissent, sans grande expression. Elle parle beaucoup trop. Casse-couille. La colère monte. Ca fait un tel décalage avec ce que je ressens. Avec ce rien du tout.

Je la laisse venir, je la laisse enfoncer son poing dans ma joue. Ma tête dévie sur le côté et je sens un éclat de douleur qui me parvient. Le sien. Je tourne des yeux las vers elle. Mais je continue à sourire. Ma clope s'est barrée par-terre.

—Quel bon souvenir, je siffle.

Mes yeux se baissent vers sa main qu'elle tient de l'autre avec une grimace.

—Quoi, tu as mal ? Pauvre choupette.

Juste un regard, une pensée, et la douleur redouble, pulse, remonte le long de son bras comme une onde. Je sais que je pourrais continuer. Mais tout s'arrête d'un coup. Toute sa douleur, celle que je lui ai insillé comme celle qui lui broyait la main. Faut que je me contienne.

Puis je tends la main et lui allume sa clope d'une étincelle, avant d'écraser la mienne du pied, et en ressortir une autre que j'allume de la même manière.

—Casse-toi maintenant.

Pourquoi est-ce qu’il sourit ? Pourquoi est-ce qu’il continue de se marrer ? Mais il est con en fait ! Un abruti qui s’amuse du mal de ses élèves, sérieusement ? Je serre les dents. Je ne dis plus rien. La douleur augmente au fur et à mesure qu’il se moque. Je ne lâche pas un mot. Me contente de mon regard glacial braqué sur son visage.

Et puis d’un coup, tout s’apaise. Un sursaut fébrile me prend lorsqu’Aaron lève le bras, puis je comprends qu’il veut allumer ma cigarette. Je ne bouge pas, ne bronche pas. Il me dit de me casser.

- Allez-vous faire foutre, lâché-je en lui tournant le dos et m’éloignant.

Je tire deux taffes sur ma cigarette mais la présence du Master me dérange et je la jette rapidement au sol, la laissant se consumer d’elle-même alors que je rentre. Dois-je vraiment rejoindre la salle du bal ? Je dois être plus blanche que jamais, mes yeux aussi noirs que lorsque je suis sortie du foyer. L’animal sauvage est ressorti, et n’est pas prêt de rentrer dans la cage. La tigresse, hein ?

Mais l’avantage, quand nous avons naturellement l’air blasé, c’est qu’à moins d’être Sensitif ou Télépathe, il est dur de voir un changement. Alice respecte mes pensées. Il me suffira donc d’éviter Nicolas pour qu’il ne ressente pas la haine, la rage, l’amertume qui luttent à l’intérieur de moi. Et puis, là-bas, il y aura de l’alcool.

J’inspire lentement, retrouve un visage parfaitement neutre, et me dirige vers la salle. J’y rentre et fonce droit sur le buffet me servir un verre de punch. Je cherche des yeux Nicolas, ne le vois pas. Tant mieux. Je repère en revanche Alice. Il faudrait que je la rejoigne. Mais après le placard…

Je parviens pourtant à me rapprocher d’elle. Malgré mon masque parfait, je crains qu’elle ne réalise que quelque chose ne va pas. Mais elle le mettra probablement sur le compte de ce qu’il s’est passé dans le placard. Tout va bien. Tout va bien. Si je me le répète assez, cela ira.

- Alice ?

Tout va bien.

Je fus un peu triste lorsque je croisais le regard dur de Nicolas. Maiiiis moi je voulais juste qu'on s'amuse. Pourquoi les gens prennent ça mal ? Franchement, je pensais pas à mal. Je veux que les gens se parlent, et puis ça peut être l'occasion de se dire des choses qu'on oserait pas dire devant d'autres personnes, et, et, et...

Je baissai les yeux, me sentant coupable. Alors fallait arrêter là ? Maiiiiiiiis- Je suis sûre que ça fera du bien à Allen et Aria, non ? Non ? Nan mais c'est vrai, il a craqué lui pour se prendre une gifle ! Il lui doit des excuses, c'est sûr, et Allen, si on le pousse pas, il fait rien, c'est une tapette ! Il est nul ! Moi j'fais ça principalement pour Aria et-... Je relevai le regard alors que Nicolas ne terminait pas sa phrase, ayant visiblement détourné le regard, rouge. Un petit sourire éclaira mes lèvres. Ouais, bah c'est pour ça que je fais ça, tu vois. PARCE QUE JE SUIS SURE QUE DANS CE PLACARD IL SE PASSE DES CHOSES QUI RESTERONT DANS LE PLACARD MAIS QUI RESTERA GRAVE A JAMAIS DANS LEUR VIE OK ?! Même si c'est pas forcément en bien, comme il a essayé de me le faire comprendre pour sa copine avant. Mais c'est quelque chose qui doit être vécu, nan ? Nan mais parce qu'il nous reste une sacré liste, et j'voudrais pas être obligée d'arrêter parce queeee...

-Nicoooo... Tu m'en veux ? Genre vraiment beaucoup ? On pensait pas à mal. En plus, on a réfléchit à deux, avec des infos incomplètes, et une impulsivité de Tonnerre eeet...

Ouais. L'excuse de l'impulsivité. Ca marche toujouuuuurs !!!

Il va rester là jusqu'à ce que les deux sortent...?

-J'pense que ça leur fera du bien à Allen et Aria de discuter. Tu sais, il faut lui bouger les fesses, sinon Allen fait toujours des conneries, les regrette, mais s'excuse pas !

Elle s'éloigne en m'insultant, les poings serrés. Elle m'en colle une et s'attend à ce que je m'excuse ? Nan mais elle a foutu quoi dans sa clope, hein ? Ca doit être puissant, si elle s'attendait à ce que je sois sympa après la manière dont elle m'a parlé la dernière fois et la réaction de merde de sa meuf. En plus, une "amie", lol, elle est mignonne la p'tite. Les gens pensent vraiment que j'suis teubé, vous pensez ?

—J'aimerais bien, mais tout seul, c'est difficile.

Un rire me secoue. Putain, même ça, ça sonne creux. J'en peux plus d'moi. Je veux rentrer. Je veux une réponse. Je veux qu'il rentre. Je veux qu'il rev-

Mon regard se pose devant moi. La meuf est partie. Ma joue pulse et me fait mal, comme si je ressentais enfin la douleur que mon pouvoir a gentiment anesthésié pour moi. C'est un peu comme le seul ancrage que j'ai dans le présent. Mais la réalité, c'est pas seulement le présent, pas vrai ...? C'est aussi le passé, c'est tout ce qui fait mal.

Je me laisse tomber contre le mur et m'assois sur le sol, tête appuyée en arrière. L'arrière de mon crâne cogne une fois, deux fois, trois fois, quatre fois contre le mur. Puis encore. Puis s'arrête. Je ferme les yeux. Mon portable vibre encore. Je sais que c'est juste ma soeur.

Bon, j'crois que j'vais rester là un moment, hein.

Alice reste seule un bon petit moment. Elle observe, ce qu'elle sait faire de mieux. Décrypter les émotions et les sentiments de chacun. Elle bloque également beaucoup ses pouvoirs. Puis, une fois lassée, elle se concentre sur ce qu'il y a sur la table. Ouah. Ils avaient quand même fait masse d'efforts pour arriver à un résultat comme ça. C'est fou. Ils étaient déterminés à faire une soirée réussie... C'est dommage.

Alice entend la voix de sa Lune qui l'appelle, et redresse la tête rapidement, la cherchant. Un instant, elle se dit qu'elle a rêvé, Hamilton ne serait pas revenue aussi vite... Mais si elle est bien là. D'abord, la Terre trouve cela étrange. Lorsqu'elle se sent aussi mal, elle ne revient pas aussi vite... Qu'est-ce qu'il se passe ? Le sourire d'Hamilton sonne également faux... Mais si elle décide de lui sourire, c'est pour aller mieux non ?

Alice lui renvoie son sourire elle aussi. Un peu désolée. Et au final, elle peut très bien se dire qu'Hamilton a fait de sérieux progrès, et lui faire confiance. Elle s'éloigne un peu de la table pour la rejoindre. Elle lui sourit.

« Tu es revenue. Est-ce que ça va ? »

Un constat, une question sincère. Elle est sincèrement heureuse qu'elle soit de retour, elle est très inquiète tout de même. Elle ne le lui cache pas, malgré son sourire, son expression reste attentive, elle veut l'aider si besoin. Elle se tient déjà à une certaine distance, de peur de la brusquer ne serait-ce que par proximité.

Nicolas pousse un soupir... Raaah Mitsu. Il était en position de faiblesse depuis qu'il était sorti du placard, il s'en rendait bien compte. Il avait laissé ses sentiments sortir un peu et ça lui comprimait le cœur... Mais il ne pouvait pas en vouloir à Mitsu ou à Aaron, il était le seul responsable de ses émotions. Émotions destructrices... Il se relâche tout entier, tend son bras vers elle et approche sa tête à la chevelure blanche assez près pour qu'il puisse poser un baiser sur le haut de son crâne. :

-Non Mistu, je ne vous en veux pas. Je prendrai soin d'Aria si ça va vraiment pas.

Il caresse doucement sa tête, cherchant inconsciemment à la rassurer... Puis il fait la moue quand elle lui parle de l'Alien. :

-Ouaiiiis j'avais cru comprendre qu'il était comme ça. lâche-t-il en retenant une injure.

...Non mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité là !

Certainement qu'on devrait les laisser tranquille... Dixit le gars qui est allé casser les pieds à Allen alors que ce n'était clairement pas le moment. Je hausse un sourcil goguenard et l'embrasse doucement.

—Ce n'est pas question de s'en mêler ou non. Allen est notre ami, tout comme Ariana, et nous nous inquiétons pour elle.

Et quand on ne le surveille pas, il fait de la merde. Incapable de se contrôler, de contrôler son égo, sa colère. Il se renferme, fait la gueule. Il est tellement différent depuis qu'il est rentré de cure.... Parfois, je repense à cet Allen qui m'avait emmenée voler, et je me dis que la route risque d'être longue pour retrouver toute cette complicité.

Un soupir m'échappe et je suis finalement Huo jusqu'à retrouver Matheo et Misao, avec qui il parlait toujours. Je me penche à l'oreille d'Huo :

—Je vais parler à Allen, d'accord ? Je reviens.

Puis je m'éclipse et fais un signe aux autres, avant de me diriger vers le placard. Là-bas, je croise Matheo en train de parler à Mitsuki.

—Mitsu, tu me laisseras juste entrer ?

Et justement, j'arrive au bon moment. Son portable se met juste à sonner.