Tu regrettes amèrement d'avoir claqué cette porte en le traitant d'incompétent. Tu le sais pertinemment, il est la pour s"assurer que tout va   bien et que tu n'as besoin de rien. Tu lui as clairement fait comprendre que   tu pouvais te passer de lui.

Ah Søren, quel animal sauvage tu fais parfois. Et le pire c'est que tu te dis que ça compte dans tes trois papotages de la journée. On a vraiment pas la même vision d'une interaction sociale.  Puis en vrai tu pouvais t'en douter non? Oui, c'est cliché le thérapeute qui te parle de ta mère, mais en même temps t'es pas le premier type à avoir des problèmes avec ta génitrice, loin de là. En tout cas tu l'espères. Pour un type qui fait de l'anthropologie, c'est quand même un comble de t’horripiler à ce point là parce que tu rentres dans les statistiques.

Ton sac sur le dos, la valise à la main, le plan dans l'autre, tu te diriges vers les dortoirs, histoire d'évaluer l'état de ton point de chute. En fait, tu te prends pour un genre de survivaliste c'est ça? Puis tu t'attends à un peu d'espace personnel mais on voit direct à ta tête, quand tu passes la porte d'entrée du dit lieu, que tu as pas envie d'être là. Dormir au milieu de tout ces gens, tu te vois déjà te tourner et te retourner dans le lit, ne pas te lever pour aller pisser pour éviter de réveiller les gens, bref tu te vois déjà passer un mauvais moment. Un nouveau coup d’œil à la carte et tu tournes les talons, mais pour aller où?

Faire des courses... Okay... Une tente, de la corde, des clous, une scie et un marteau. Le mec se la joue bob le bricoleur visiblement. C'est quoi ton plan? Manger un bout en ville, okay... mais encore je croyais que tu t'intéressais à trouver un endroit où dormir? Tu finis même au bar, où le personnel te regarde, l'air médusé, poser ton barda et commander un cuba libre. Le reste de ta soirée et jusqu'à la fermeture, tu la passes à épier tranquillement les conversations, à lancer des regards neutre aux gens qui viennent t'aborder. T'en fait un drôle de rafiot, je me demande parfois si il y a un capitaine au commande.

Le bar ferme ses portes, le serveur, qui se dit depuis un moment que tu es un psychopathe, te demande timidement de partir. Te voilà en pleine nuit au milieu du Japon. Cette pensée te met un peu de baume au cœur, si ce tu es pas bien sûr de ce que tu fais là, au moins ton goût du voyage est comblé. Tu songes même à trouver un nouveau domaine d'études, un plus locale que ta spécialité actuel. Tu te prépares ton programmes de recherche en quittant la ville pour le brin de forêt de l'institut? Quoi? Pardon? Mec, tu nous fais quoi là? Bah, visiblement, il part à la recherche d'un endroit où camper... Une stratégie comme une autre je suppose. Vient pas te plaindre que tu es marginalisé après ça, je te dirai?

DE loin, tu avais aperçu un monticule? une colline? bref, un point en hauteur dans les bois, et plus par réflexe que par réel préméditation, tu te diriges vers cet endroit. Tu y camperas pour ce soir et le lendemain tu auras un bon point de vue pour trouver un endroit où t'installer de temps d'avoir un véritable domicile qui répond à tes normes. Foutue princesse.

Tu t'approches du point culminant de la colline quand tu aperçois une lueur blanche. Étrangement, tu t'accroupis et progresses maintenant d'un pas feutré, comme lorsque tu chassais plus jeune. Entre fourrés et buissons, tu vois finalement la source de cette lumière, un téléphone qui éclaire une demoiselle penchée sur un livre, en train de répéter des gestes qui te sont bien trop familier. Ah, Kingston et ses épices.

Tu assumes d'office que tu vas aller à sa rencontre. Simplement, comment ne pas l'effrayer. Surgir de nul part, lui parler, l'interpeler de là où tu te trouves, toutes ces choses, tu en es persuadé vont l'effrayer. Du coup au temps y aller franco. Tu t'extirpes, toi et ton matériel, des buissons, sans aucune discrétion et lance à l'attention de la demoiselle :

" Est-ce bien raisonnable de trainer à cette heure ci au milieu de la forêt?"

Bravo Søren, tu ne pouvais pas trouver une question plus subtile de la part d'un inconnu sorti de nul part.

La jolie blonde t'attendait visiblement et c'est par une question qu'elle répond à la tienne. Tu hausses un sourcil et rajuste tes lunettes avant de lui répondre, sans réfléchir un seul instant, comme tu l'as toujours fait :

-Tu sais que c'est vachement mal poli de répondre à une question par une question? Surtout quand ça n'en est pas une.

La démonstration par l'exemple et tout son lot d'hypocrisie que cela implique, c'est beau ce que tu fais, gars! Tu lâches tes affaires et te rapproches, pour t'exposer à la lumière, les mains levés pour montrer que tes intentions sont pacifiques. Ton sourcil toujours levé tu souris maintenant à sa réponse,le sens de la vie. Tu te dis que la vie a un sacré sens de l'humour et que c'était déjà beaucoup.

-Avec la sainte marie jeanne pour catalyseur. Classique. Mais du coup est-ce qu'un paradis artificiel peut t'éclairer le sens de la vie?

Franchement, tu sonnes comme un mauvais prof de philosophie. SA question suivante, tu réponds le plus naturellement du monde en haussant les épaules :

- Je fuis les dortoirs. Trop de bruits parasites et de proximité avec les gens à mon goût. J'attends de trouver mieux. J'avoue que c'est un peu ce que j'attendais de la forêt, spécialement de nuit. Qu'elle soit vide.

Toi, cette phrase, elle te semble normale. N'importe qui d'autre la trouverai stupidement passive-agressive. Mais soit. Tu balayes le "dojo" du regard, l'air visiblement pas convaincu. Bon ça te rappelles bien un cercle d'entrainement mais quand on te dit dojo toi, tu vois une salle d'armes et un sol ciré. Y a qu'un Polaroid pour avoir une vision du monde encore plus clichée. Ou un producteur Disney.

Mais voilà, t'es pas un sagouin alors même si tu as pas l'air convaincu tu lui réponds quand même.

-Merci. Ça te dérange si je reste là pour la nuit? Demain matin, j'aurai une bonne vue sur la forêt et je pourrai trouver un endroit plus adéquat pour m'installer.

Après un instant de pause, où te regarde à nouveau le cercle au tour de vous, une question te frappe et s'échappe:

-Tu t'entraînes à quoi ici?

Bien fait pour toi, elle te reprend sur le savoir vivre, mais tu n'as pas dit ton dernier mot pour autant. Avec ce génie de la rhétorique qui est tiens, tu répliques, un poil outré :

-Bonjour? Bonne nuit à la limite, mais si il est pas encore levé, comment sais-tu que je jour est bon?

La bonhomie de la jeune femme te soulage un peu. Tu as toujours peur, à raison, de laisser une mauvaise première impression. Heureusement pour toi, elle n'est pas hâtive dans son jugement. Tu reçois le joint et la remercie d'un hochement de la tête alors qu'elle répond d'elle même aux questions que tu ne lui avais pas posé. Tu relâches enfin ton sourcil, ce dernier commençait à avoir le mal du pays, c'est signe que tu te détends.

Tu te rapproches des arbres et constate l'étendu des dégâts. Ces gens sont des malades? Ils prennent le risque de tuer des êtres vivants en les carbonisant pour s'entraîner! Tu te retournes vers la blondinette pour lui lancer.

-Faudrait voir à laisser les arbres en dehors de vos combats. C'est pas leur guerre.

Et de toi à moi, c'est pas trop la tienne non plus en vrai. Même si la cause est louable. Tu inclines de nouveau la tête pour acquiescer à sa déduction et tu complètes celle-ci, en profitant pour répondre aux présentation :

-Søren, le plaisir est partagé! J'ai eu mon entretien avec le psychologue cet après-midi même. Je dois avouer que c'est pas forcément une expérience que je renouvellerai. Je te remercie de l'accueil si chaleureux. T'en fait pas pour les crises d'insomnies, dormir la nuit, c'est un concept très surfait là d'où je viens.

Il est vrai que t'es habitué à vivre la nuit. Pas le choix, la nature s'adapte pas toujours à toi. C'est une vérité qui t'es familière. Dans le cas présent, le naturel qui revient au galop, c'est ta curiosité. Une question demeure et cela te trouble.

-Tu lisais quoi de beau avant que je te déranges?

Puis tu sourcilles même pas en lui demandant ça? T'es conscient que ça te regarde pas forcément?Bah non.... Pourquoi je demande?

-Mais il est 4H du matin, comment tu peux me dire "Bonjour"? Essaie avec moi! "Bon-soir". C'est pas compliqué zut!

Plus stérile que ça, il y a le sable du Sahel. Plus productif....Je dirais que tout est plus productif que vous et votre débat jeune gens. Spécialement toi Søren, tu commences à te la jouer Gadoulf et c'est pas terrible. T'es trop jeune pour avoir une grande barbe grise et faire chier des hobbits.

Alors qu'elle tente de justifier les crimes commis contre la nature en ces lieux, tu tentes, en vain de fumer sur le joint. En même temps si tu fermais un peu plus ta gueule aussi...

-Sinon, tu peux aussi éviter de faire ce genre de choses au milieu es bois, comme ça on évite les dommages collatéraux, je suis sûr que vous pouvez trouver un terrain vague quelque part. Puis je suis pas sûr que la nature sélectionne grand chose dans vos bêtises.

Tu passes ton temps à râler, cet demoiselle es bien courageuse de soutenir tes réflexions. Le type, il voit des zones carbonisées sur des arbres, il se fiche du "comment", Il vous harcèle avec la prétendue bêtise du "pourquoi" . Tu te saisies du livre qu'elle te tends et lui rends le joint éteins, tu n'as pas de briqué et l'enthousiasme de la demoiselle t'intrigue.

-Je ne ne l'ai pas encore lu celui là, lui dis-tu alors que tu survoles la quatrième de couverture, ça à l'air marrant. T'as un genre de bouquin de prédilection?

tu poses la question alors qu'elle te propose à nouveau de t'asseoir, faut dire tu avais déjà oublié sa proposition précédente, du coup face à son insistance, ton coté bien éduqué te pousses à venir te poser à l'endroit indiqué.

-Mais du coup, comment toi et ton maître avaient transformé ce bout de forêt en zone de guerre? Puis d'ailleurs, du coup c'estpas le dojo de ton maître plutôt? Ou tu fait sécession ?

-Et si le soleil ne se lève plus jamais hein? T'aurai l'air fine avec ton bonjour. Sauf peut-être auprès du pauvre type qui doit se lever à 4h du matin pour aller travailler. Là je veux bien concéder mais comme tu te lèves pas c'est toujours bonsoir, surtout si tu as pas dormi. Bonne matinée au pire?

La narration informe ici le lectorat qu'elle démissionne parce que Søren, t'es trop con. Tu vas la laisser tranquille à la fin? 'Spèce de taré de con. Ton sourcil repart en voyage quand elle parle de réparer les arbres, tu imagines déjà Lys en train de bétonner le flanc de ce pauvre arbre. Mais elle a l'air sûr d'elle, du coup sans grande conviction, tu lui laisses le bénéfice du doute.

Tu notes mentalement le nom de son livre, pour en faire l'acquisition plus tard alors qu'elle parle de son mentor.

-Techniquement, de la part d'un disciple, c'est ce qu'il convient de faire. T'es sensé représenter ton maître et ses enseignements, tu charries avec toi un partie de son image. Mais je suppose qu'il doit pas être très à cheval là dessus, sinon tu serais déjà au jus.

Tu manques encore une occasion de te taire, ou d'être aimable d'ailleurs.... Je devais pas démissionner moi? Fichu intégrité professionnelle... Toi pendant ce temps tu la fermes enfin et tu regardes attentivement, l'air ébahi, la lumière naitre au creux des mains de Lys , tu te penches légèrement dessus pour observer les phénomènes avec de grand yeux éclatés par la surprise. Par instinct, curiosité ou stupidité tu cherches à poser ton doigts dessus et alors qu'une décharge part à travers ton corps, tu es jugés et condamné. Abruti. Il te faut deux secondes pour te remettre de choc et trois de plus de la surprise. Bizarrement ce coup de jus a lancé tes neurones à 200 mph.

-Okay on m'avait prévenu. Mais qu'est-ce quoi ! J'comprends mieux l'état des arbres, raison de plus pour pas vous entrainer ici. On foudroie pas des arbres, c'est pas codex. Ensuite, bordel, je peux apprendre à faire ça?

Tu prends une petite pose, faut que t'organises ce merdier qui te sert de cerveau pour le moment, Déjà tu te rends compte que tu sens plus trop ta main gauche. Enfin tu la sens, mais tu es incapable de la remuer. L'observant se balancer mollement au bout de ton poignet tu commentes :

-J'espère que 'est temporaire, sinon je vais avoir du mal à monter mon campement moi demain.

-Au moins, ça prouve que t'es pas objective écoute. Du coup Bonjour Lys.

Tu es fier de toi hein? Persuadé d'avoir eu le dernier mot sur le débat, tu enchaines naturellement pour répondre à sa question suivante.

-Oui, de la capoeira. J'ai vécu en Jamaïque pendant quelques années.

Même si ça se voit pas du tout avec ton teint pâle. Au soleil, tu bronze pas, tu brûles. Pas faute d'aimer nager et faire bronzette sur la plage.

Bien entendu, tu ignores ses avertissements, t'écoutes personne une fois que ton attention est captée. Un fois remis tu réponds de la tête à sa question. Puis elle t'explique un peu plus longuement cette histoire de pouvoir. La master dont tu as mangé le nom t'en avais parlé, mais ton attention était tourné vers ce qui t'entourait.

- Je dois avouer que je trépigne d'avance. C'est à la carte? Y a un genre de machine ou autre. Je préviens, je suis un poil imprévisible face aux aiguilles.

Tu restes perplexe quand elle se confond en excuse. Toi tu t'es trouvé imprudent parce que tu le sais toucher un truc qui brille et qui ressemble à de la foudre c'est pas forcément une bonne idée. Quelque part tu te sens même un peu soulagé de pas te faire houspiller.

-Non, mais c'est rien, puis si ça revient pas, la recherche avance. Je crois. Faut voir en fait. C'est ma main directrice quand même.

Effectivement, mais tu sens déjà les sensations revenir, là tu te moques juste un peu d'elle.

-Par contre niveau neutralisation non létale ça déchire. Tu devrais t'engager dans la police ou un truc tu genre, ça serait trop pratique. Service de sécurité privé aussi, je sui sûr que ça paye bien .

Tu dis n'importe quoi.

-Tu vois, c'est pas compliqué, on est d'accord pour dire que j'ai raison. La nuit, on ne dit pas bonjour. Après il doit bien y avoir un termes qui convient, mais c'est un débat pour un autre temps.

Tu lâcheras donc jamais l'affaire? Mais pourquoi les gens se donnent la peine de te parler franchement? j'ai connu des cafards moins opiniâtre. Bon à ce stade là, il est de bon ton de considérer que vous êtes tous les deux cons.

-C'est vraiment au pif? Y a bien un facteur déterminant non? Je veux dire n'importe qui peut hypothétiquement se retrouver à lancer des boules de feux si il a un peu de chance et un vide? Ouais bon d'accord avec tout ça c'est effectivement plus n'importe qui...

Déformation professionnelle ou curiosité qui s'emballe, tu te poses déjà mille questions de plus, cherchant des possibilités de facteurs, les informations à vérifier, retrancher, comparer. LE temps de ta réflexion Lys à le temps de te surprendre et de te tirer de ton trip L'air visiblement impressionné par sa volonté, tu lui dis :

-C'est une belle ambition que tu as là. Je sais pas vraiment quelles sont les devoirs d'un Master, mais de ce que j'ai compris, ça tiens de l'humanitaire. C'est une voie honorable.

Tu souris quand elle demande un démonstration, toi qui aimes sauter partout, tu adores qu'on te donnes un prétexte de le faire. En plus tu vas devoir lui expliquer pour qu'elle comprenne ce que tu fais et comme tu aimes parler te voilà comblé. Tu te redresses donc, confie tes lunettes à la demoiselle et retire ton T-shirt ainsi que tes chaussures et tes chaussettes.

-Alors en capoeira, le truc de base, c'est la danse, le ginga. Il y a quelques règles. le placement de tes membres d'abord. Si la jambes droite est devant, alors le pied droit est derrière; et inversement, pareil pour l'autre coté. Ensuite, ta jambe devant est ta jambe d’appui et ton bras avant ton bras d'équilibre. Le ginga consiste à passer en rythme d'une jambe d'appui à l'autre en respectant c'est quelques règles.

Tu commences ta démonstration,te déplaçant de gauche à droite, répétant le mouvement plusieurs fois, autant pour qu'elle analyse le mouvement que pour t'échauffer.

-Ce pas bien exécuté te donne de l'inertie. C'est ça que tu cherches à exploiter. Tu crées une force et tu l'utilises pour la joindre à la tienne. Le mouvement suivant c'est l'armada. Tu te sers de l'inertie pour effectuer une rotation en changeant de jambe et tu balayes face à toi à l'horizontal du talon de ta jambes libérée. C'est plus simple à faire qu'à expliquer.

Tu reprends donc le ginga, puis au bout de quelques aller-retours, au lieu de stopper l'inertie tu te laisses emporter par le mouvement, changeant d'appi en gardant l'équilibre grâce à tes bras puis projettes ta jambes avant, la droite, devant toi balayant l'espace du talon et tu en enchaînes quelques un ainsi, encore une fois pour que Lys observe attentivement mais aussi parce que ça t'amuse. Tu cesses enfin pour de nouveau parler à la jeune femme.

-Comme tu peux le constater, l'équilibre est essentiel, mais voilà, faut aussi savoir maitriser le déséquilibre, par exemple pour esquiver l'armada, le plus simple est de se pencher vers l'arrière, là plutôt que de t'immobiliser avant de te redresser.

Un nouveau ginga, une nouvelle démonstration. Au milieu d'un mouvement, tu te penches en arrières et avant que la gravité ne commence à te tirer vers le bas, tu donnes un impulsions de tes jambes fléchies, tendant tes mains vers le sale pour venir soutenir ta roulade. Tu l'exécutes deux fois avant de te retourner vers Lys , un peu essoufflé

-Je crois que c'est un bon préambule.