Rien de tel qu'une bonne douche bien chaude après le sport. Comme souvent, j'ai passé la première partie de la matinée à courir, nager, utiliser mes pouvoirs, ce genre de trucs que j'essaie de faire au moins 3 ou 4 fois par semaine. Une fois rhabillé, je me dirige vers la cuisine, et je me prépare un petit brunch avec ce que j'ai sous la main. Jus de fruit, café, quelques tranches de brioche, un œuf sur le plat et quelques tranches de bacon. Les doigts de pieds en éventails, bien calé contre le dossier de la chaise, je savoure la nourriture, et la vie en général. Je suis tellement bien, ici, à Terrae. Les semaines s'enchaînent, se ressemblent, entre le travail, le sport, la lecture, les jeux vidéos et les sorties, mais pourtant, je ne ressens aucune lassitude. Je suis simplement bien. Épanouit. La frimousse de ma chienne dépasse de l'encadrement de la porte, attirée par l'odeur du bacon grillé.

"C'est pas bon pour toi, ça. Moooh, fais pas cette tête, ma grosse peluche. On va te trouver un truc à grignoter. Tu t'es super bien dépensée, ce matin, je suis fier de toi."

Je lui ébouriffe doucement le sommet du crâne, et j'ouvre le frigo, où je trouve rapidement une tranche de jambon, que je coupe en deux (à la main, la flemme de sortir le couteau pour ça, hein) qu'elle vient manger dans ma main. Je lui flatte doucement le flanc de l'autre,

"Tu sais où sont tes copains, ma belle?"

Elle me regarde avec de grands yeux. Bien ce que je pensais. Leurs gamelles sont vides, et la porte de la cuisine, qui donne sur le jardin, est entrouverte. Ipiu a dû laisser sortir les chats. Ça leur fera du bien. Je note dans un coin de ma tête de penser à la remercier, et je me rassieds pour siroter mon café tranquillement, caressant ma petite sœur de cœur d'une main distraite.

Soudain, Tifa se redresse, et se tourne en direction de la porte, légèrement sur ses gardes. Oh. Quelqu'un qu'elle ne connait pas approche, j'ai l'impression. Les quelques coups sur la porte confirment la présence d'un intrus, en tout cas. Ou d'un visiteur.

"J'arrive!"

Je n'attends personne, pourtant. Je termine ma bouchée, j'avale une gorgée de jus, et je me dirige vers la porte d'entrée, la chienne dans mes pattes. Je la repousse doucement pour ne pas lui ouvrir la porte dans le museau, mais j'ai à peine ouvert qu'elle se faufile dehors pour aller renifler les jambes de. Mh. Merde. Je l'ai déjà croisé plusieurs fois. Un petit mètre soixante, des yeux bleus clairs, un livre sous le bras et un sourire que j'imagine un peu gêné, sans doute par peur de déranger. Enfin j'en sais rien. Je passe une main sur ma nuque. Merde, c'est qu- Ah oui.

"Bonjour, Alice ! Que me vaut le plaisir de te voir ici ?"

Ipiu. évidemment. C'est toujours Ipiu qui attire les gens dans le coin. Elle est trop fab et trop famous en même temps. J'essaie de rassembler les quelques informations que je détiens sur la douce Terre qui me fait face. Elle s'occupe des enfants, je crois, de mémoire. Pas Titan, je ne pense pas. Même s'il faut avouer que ça serait amusant, de la force brute dans un corps presque chétif. En tout cas elle est jolie, et- Je cligne plusieurs fois des paupières. Terre. Titan ou Télépathe. Ahem. Comment ça marche leur truc. Merde. J'aime les glaces à la fraise et m'enrouler dans du beurre avant de passer au four.

"Entre, entre, je t'en prie, ne reste pas sur le pas de la porte"

Ne pas penser, dans le doute. Ne pa- Ah. Si. Penser. Quel délicieux petit déjeuner, c'était super bon!

Alice tient fermement les livres empruntés depuis bientôt un mois à son amie. Elle avait eu tout un tas de dossier à préparer, de morceaux à répéter, d'activités à mettre en place et d'emploi du temps à gérer. Avec les examens en approche, Alice avait demandé s'il était possible d'alléger un peu ses interventions chez les primaires et à l'hopital, ce qui avait été généreusement accordés par les différentes responsables. Mais avec tout ça, elle n'avait pas pris le temps de rendre ses livres à Ipiu, et elle avait oublié plusieurs fois de les lui rapporter à la bibliothèque.

Profitant d'un rayon de soleil, la petite Terre s'était motivée à sortir le bout de son nez dehors et à filer au village pour rapporter son livre à la Master. Toute enjouée qu'elle était, elle se réjouissait de voir son amie qu'elle n'avait pas vraiment vue de façon posée depuis quelques temps. Pas mal de nouveaux arrivants, et Alice savait qu'Ipiu pouvait s'investir dans l'aide pour leur adaptation bien plus qu'elle ne l'avouerai.

Une fois arrivée devant la porte de la maison, Alice frappe, et c'est une voix de garçon qui lui répond. Elle ne reconnait pas la démarche ni les pensées de Nathanaël. La porte s'ouvre sur une chienne toute curieuse d'elle.

« Salut toi ! Coucou, on ne se connait pas hein ? Bah oui t'es ma copine ! »
Alice se laisse renifler, tend la main vers elle pour la laisser sentir avant de se baisser un peu pour lui flatter de flan, alors que la chienne remue son arrière-train avec joie. Alice lève les yeux vers le jeune homme qui se tient devant elle et qu'elle reconnait vite. La mémoire des visages et des noms, un des nombreux avantages d'Alice sur ce genre de situation. Elle lui adresse un doux sourire. Elle devine à son visage les efforts pour retrouver son prénom avant de le voir sourire.

« Bonjour Erik ! J'espère que je ne te dérange pas, je venais rendre des livres à Ipiu. »

Elle se redresse et lui sourit, elle a l'air un petit temps amusée. Bien sûr qu'elle a sentie l'agitation de ses pensées à l'idée qu'Alice puisse l'entendre. Et comme à chaque fois, dès qu'ils y pensent, leur esprit se tend vers Alice avant d'essayer de fuir. Malgré tout, elle ne dit rien et entre avec un sourire lorsqu'il le lui propose. Elle retire ses chaussures, et se tourne vers Erik.

« J'imagine qu'Ipiu n'est pas là ? Oh, et tu peux penser normalement, je ne t'entends pas vraiment si tu ne concentres pas trop sur moi. »

"Oh, non, tu ne déranges pas, t'inquiète. J'étais en train de terminer mon petit déjeuner."

Elle me sourit au moment de passer la porte; que je lui tiens, et ses mots me frappent en plein cœur. Jsuis vraiment un idiot. Youpi. Je passe pour un télépathophobe contre mon gré. Vraiment, il faut que je me renseigne sur comment ça marche, ce truc. Ça pourrait être utile.

"Je suis désolé. J'ai pas l'habitude des Terres, et encore moins des télépathes. On peut pas dire que ça soit ceux qui fréquentent le plus les débits de boissons. Tiens, donne moi les livres, je vais t'en débarrasser ! Oh et, j'oubliais. Elle c'est Tifa !"

Je désigne la boule de poil d'un signe de tête avant de délester Alice des ouvrages, les posant en évidence sur la commode pour que ma colocataire les trouve en rentrant. Parce que oui, elle est sortie, ce dont je préviens l'Etoile.

"Du coup ouais, tu devines bien, Ipiu est sortie tôt ce matin, et je ne saurais pas te dire à quelle heure elle revient. Est ce que je peux t'offrir quelque chose à boire? Se balader par ce temps ça donne soif."

Ça c'est mon côté japonais qui ressort. Ou alors le boulot. Je sais pas trop. Dans tous les cas j'ai ce réflexe de toujours proposé un truc, pour le principe. Aussi, avant même qu'elle n'ai répondu je commence à lister le contenu de mes placards.

"Du coup, je peux te faire un truc à base de café, chaud ou froid. Ou un thé, chaud ou froid aussi. Sinon un chocolat, un jus de fruit, un soda, un cocktail ou même de l'eau. Si tu veux, hein ! Je t'obliges à rien ! L'habitude, désolé."

J'abuse carrément c'est fou. C'est quoi cette sale manie que j'ai de forcer pour que les gens consomment... Fichu monde capitaliste.

Alice répond par un sourire, elle est rassurée de ne pas le déranger. Elle sent néanmoins qu'Erik est touché par ce qu'elle lui dit. Il semble encore plus paniquer qu'avant, elle n'a donc vraiment pas arrangé la situation. Elle lui fait un petit sourire amusée, un peu timide. Elle ne voulait vraiment pas l'embêter.

« Ne t'en fais pas, je comprends tout à fait. Pour le coup, j'ai l'habitude de perturber un peu les gens. Ok ! Salut Tifa, oh mais t'es toute belle ! »

En prononçant de la chienne, Alice crée une jolie réaction de joie, qui lui tire un rire joyeux alors qu'elle vient de nouveau caresser Tifa. Ipiu est donc sortie. Le désvantage avec les Masters c'est qu'Alice ne sent pas encore leur aura de la même façon qu'elle sent et entend les pensées des autres. D'un autre, c'est reposant de ne pas les entendre penser en permanence, contrairement au reste des Terraens.

Alice regarde Erik avec un sourire doux et accepte sa généreuse proposition. Elle n'avait pas si soif que ça, mais boire par ce temps n'étais jamais une mauvaise idée, et puis c'était convivial et le garçon a l'air d'y tenir. Pas de façon déplacée, ça lui ferait simplement plaisir.

« Je veux bien un jus de fruit, si tu en as un au frais je prendrais celui-là. »

La Terre n'est pas difficile niveau fruit, surtout en jus. Elle ne demande son éternelle boisson préférée qu'est la limonade, puisqu'aujourd'hui elle n'a pas envie de bulles. Elle jette un coup d'oeil autour d'elle. Elle avait dû passer quelques fois ici, mais pas suffisament pour qu'elle soit habituée à la mason. Venir chercher Nathanaël pour aller s'entraîner ensemble, ou juste faire un coucou à Ipiu, mais elle ne restait jamais bien longtemps. Il fait frais dans la maison, et ça fait du bien.

« C'est très gentil de m'accueillir en tout cas. On ne s'est pas beaucoup croisés jusqu'à maintenant... Ca va, tu t'en sors avec Ipiu à la maison ? »

Alice blague avec un sourire aux lèvres. Elle n'est pas moqueuse, et laisse entendre l'affection qu'elle porte à la Master, sans aucune ironie.

Tifa a l'air de beaucoup apprécier la télépathe, et ça me conforte beaucoup dans l'idée que c'est une bonne personne. La petite boule de poils a le flair, pour ça. Un jus de fruit? Je dois avoir ça, oui... Peut être pomme. Ou raisin. Ou les deux. D'un geste de la main, j'invite la douce Alice à entrer dans la cuisine.

"Après toi, jet'en pris."

C'est dans ces moments là que je me rends compte que malgré tout le mal que m'a fait ma mère, elle m'a quand même bien élevé. Je chasse les pensées d'elles qui me remontent d'un mouvement de tête et j’emboîte le pas à la Terre, lui indiquant une chaise, et j'ouvre le frigidaire.

"Pamplemousse, ça te va? Sinon je crois que. Ouiii. Sinon y a du jus de pomme. Je savais bien que j'en avais."

Les deux bouteilles dans les mains, je retourne m'asseoir à ma place, en face de la fin de mon petit déjeuner, et par extension en face d'Alice et. Ouais nan dit comme ça c'est bizarre. Et je rougis comme un con, parce que j'ai pas encore totalement assimilé ce qu'elle m'a dit à propos de ses pouvoirs... Et je me relève parce que j'ai oublier de sortir un verre. Voilà, hop! Je pose le verre plein devant elle, et j'éclate de rire à la pique qu'elle lance à la grande absente de la matinée.

"Un enfer, t'as pas idée ! "Erik, fais moi un café" par ci, "Erik, j'arrive pas à attraper l'éponge je peux pas faire la vaisselle" par là..." Je souris d'une oreille à l'autre avant d'enchaîner. "Naaan, franchement ça se passe super bien. Chacun fait sa part, on s’entraide, je rencontre les gens qui viennent pour elle et tout. C'est vraiment sympa. J'ai l'impression d'avoir une grande sœur."

Je prends une gorgée de café avant de taper un croc dans ma tranche de brioche, invitant Alice à se servir si elle avait envie de manger un truc, puis la conversation suit doucement son cours.

"Et du coup, toi, t'as rencontré Ipiu comment? J'espère que t'as eu plus de chance que moi..."

Nan parce que oui, ma rencontre avec Onee-chan c'est un sacré bordel aussi, on va pas se le cacher... Dire que maintenant je vis sous le même toit qu'elle...

Alice entre dans la maison en repoussant les images du vusage d'une femme qu'elle ne connaît, les pensées d'Erik étaient importantes et envahissantes, et lui-même les repoussent. Elle s'efforce d'oublier rapidement ce qu'elle a vu pour se concentrer sur la conversation, une habitude pour la petite Terre. Alice va s'asseoir sagement sur la chaise que lui indique le garçon, et lui demande avec un grand sourire un verre de jus de pomme. Ca l'arrange bien, Alice n'aime pas le jus de pamplemousse. Elle ne le précise pas, n'en ressentant pas la nécessité malgré tout.

Elle le regarde remplir son verre tout en lançant la conversation, ce qui a pour effet de faire éclater de rire le garçon. Alice en sourit, et se met à rire à son tour lorsqu'il lui répond. Elle imagine Ipiu comme un monstre difforme et une voix trop aiguë. Et puis Erik reprend son sérieux et parle du fait qu'ils ont un bon équilibre tous les deux. Alice n'en doutait pas vu comment la Master parle de son coloc'. Au moins, elle a de quoi bien vivre. Elle sourit un peu plus lorsqu'il parle du fait de rencontrer des gens qui viennent pour elle.

« C'est dommage, Ipiu est tellement une star que tu dois te sentir vraiment dans son ombre ! »

Alice en rigole, parce qu'Ipiu a le chic pour mettre en avant les gens, qu'ils le veuillent ou non, pour le meilleur et pour le pire. Sacré Ipiu. Erik lui demande alors comment elle a rencontré Ipiu. Alice se met à rire avant même de commencer. C'est un rire joyeux, loin d'être moqueur.

« Comme pour beaucoup, Ipiu est la première personne que j'ai rencontré ici. Enfin, en dehors des Masters du départ, c'est la première personne avec qui j'ai réellement discuté. Elle n'était pas Mastr à l'époque, et dans une période d'instabilité. Je veux dire, plus que d'habitude. Et il se trouve qu'elle m'a alpaguée pour que je l'aide à dormir, parce que j'aime raconter des histoires. Alors je me suis retrouvée dans la chambre d'une Ipiu très bougonne à lui raconter une de mes histoires, et à l'entendre contester chaque élément, et à devoir m'adapter pour qu'elle finisse enfin par ferme les yeux et s'endormir. Et j'ai réussi ! »

Elle rit en se souvenant de son amie à cette époque-là. Elles avaient bien changées toutes les deux, et puis leur relation aussi.

« A toi de me dire si tu trouves que j'ai été plus chanceuse ou pas ! »