Tiago semblait déterminé à ne pas laisser Elisha sur cette idée qu’il était un père de famille en cavale, faisant remarquer qu’il était bien trop jeune pour avoir eu envie de fonder quoi que ce soit avec qui que ce soit. La brune ricana, et répondit :


Elle avait horreur des enfants.  Et autant elle parvenait à éviter ceux qui couraient dans les couloirs de Terrae, ou à leur faire suffisamment peur pour qu’ils n’essaient même pas de l’approcher, autant elle n’avait pas spécialement envie que son pote de soirée cesse toute activité nocturne pour se concentrer sur l’éducation de ses marmots. Ce qui, au final, n’arriverai jamais apparemment.

La Tonnerre laissa Tiago raconter son histoire. Comment la façon dont il réglait ses problèmes autrefois aurait pu lui coûter facilement une exclusion de Terrae. Comment il avait grandi dans un milieu que beaucoup aurait jugé trop dangereux pour un enfant, entouré de drogue, d’argent, et probablement d’armes aussi. Elisha se demanda ce qu’il entendait par « être né du bon côté ». Probablement faisait-il partie d’une famille aisée travaillant pour un cartel, ou même chef du dit-cartel ? Car à part dans ces conditions, les familles plongées dans ce genre d’histoires n’étaient pas vraiment enviables. Du moins, c’était ce qu’elle pensait après avoir vu tant de familles déchirées dans le quartier où elle vivait avant.

Elle aurait peut-être dû se sentir effrayée, ou horrifiée par le passé assez sombre de son ami. Enfin, sombre d’un point de vue objectif, car pour lui ce devait être normal, et même carrément le pied. Mais ce n’était pas ce qu’elle ressentait. A vrai dire, l’effet de la meth l’empêchait totalement de se prendre la tête, et d’apporter un jugement moral sur ce qu’il venait de dire. Parce qu’après tout, ça la regardait pas, et puis le Tiago qu’elle connaissait lui plaisait tel qu’il était, il n’y avait aucune raison de le juger sur son passé. La seule chose qu’elle ressentait, c’était une sorte d’envie. Elle enviait la liberté à laquelle il avait eu droit.

Le Feu avait vraiment l’air d’aimer la vie qu’il avait avant, et de la regretter aussi. L’espace d’un instant, Elisha pu voir briller dans ses yeux une pointe de nostalgie … et de regrets. Elle n’avait pas envie d’utiliser ses pouvoirs pour vérifier ses suppositions, et de toute façon elle en aurait été bien incapable vu l’état dans laquelle elle se trouvait. Cependant elle était certaine de ne pas être si loin de la vérité. Mais très vite, Tiago retrouva son sourire si craquant, et ouvrit la bouche pour ajouter qu’il aimait bien voir des nanas à moitié à poil se trimballer dans sa maison. La jeune fille eut un rire amusé, et répondit :


Elle avait dit cela sur un ton amusé, en lui adressant un clin d'oeil, car elle n’avait pas envie que l’ambiance soit trop sérieuse. C’est vrai, même s’ils commençaient à parler de leur vie d’avant, c’était toujours mieux de le faire avec le sourire plutôt qu’en tirant une tête d’enterrement. Mais une question lui brûlait les lèvres, et bien entendu elle ne pu se retenir de la poser.


Son regard pétillait de curiosité, probablement mal placée. Mais cela l’intriguait réellement. Qu’est ce qui avait bien pu se passer dans sa vie pour qu’il décide de tout lâcher, et d’atterrir ici ?

Alors qu'Elisha posa LA question à Tiago, elle vit bien que son regard avait changé. Plus de sourire enjoué ou provocateur, plus d'yeux rieurs non plus. Juste une froide détermination qui aurait pu lui donner la chair de poule, tandis qu'il expliquait que tout ceci n'était qu'un jeu qu'il pouvait perdre à tout moment, et que ce que le pouvoir et les armes pouvait donner, elles pouvaient le reprendre. La jeune fille l'écoutait, attentive, même si son cerveau avait beaucoup de mal à se concentrer uniquement sur ses mots. C'était l'inconvénient quand il avait l'air de tourner à toute allure. Pourtant, elle n'eut pas vraiment le temps de se poser plus de question à propos de cet événement qui avait apparemment tout fait basculer pour lui. Rapidement, il retrouva un sourire qui laissait présager une quelconque connerie, et l'attrapa par la taille, l'attirant contre lui alors qu'ils retombaient tous les deux sur le matelas.


Elle eu beau protester, cela n'empêcha pas le Feu de l’entraîner avec lui en souriant d'un air satisfait. Le contact de la main de Tiago sur sa hanche la fit frissonner, et probablement rougir un peu aussi. Déjà qu'elle n'appréciait pas en règle général qu'on la touche quel que soit l'endroit, la hanche, c'était quelque chose d'assez intime pour elle. Elle n'en avait pas l'habitude, et surtout pas comme ça ... Alors forcément, elle était un peu perturbée. Ce qui était un peu bête, probablement, car cela ne devait pas signifier la même chose, pour lui. Pourtant elle ne parvint pas à écarter cette main immédiatement. Parce que tout se bousculait dans sa tête, et que la voix qui la poussait à le repousser chaque fois qu'il tentait un rapprochement semblait s'être éteinte au moment où elle avait aspiré les vapeurs de la meth. A moins que ça n'ai déjà commencé bien avant, sans qu'elle s'en rende compte ...

Mais Tiago enchaîna immédiatement en rappelant que c'était à son tour de parler, maintenant qu'il s'était livré. Elisha récupéra un semblant de contrôle, et hocha la tête avant de prendre la main du Feu et de libérer de son étreinte. Puis elle roula sur le dos afin de mettre un peu de distance entre eux. Non pas qu'elle cherche particulièrement à échapper à ses bras : son cerveau avait depuis longtemps capitulé, laissant ses envies et émotions gérer ce qui se passait sans poser de barrières. Mais elle n'arriverait jamais à évoquer son passé si elle ne prenait pas un peu de recul. Littéralement et métaphoriquement. Et elle avait envie d'en parler. Parce qu'elle sentait qu'elle en avait besoin, et aussi parce que lui-même s'était livré à elle. Alors elle se devait de lui rendre la pareille.


Elle fixait le plafond, laissant les mots sortir de sa bouche sans se préoccuper du jugement de Tiago, de ce qu'il pourrait penser, ou bien d'à quel point elle était sur le point de se rendre vulnérable.


Elisha n'avait pas dit ses mots avec une voix vibrante de nostalgie, mais plutôt avec une pointe de dégoût, et d'angoisse aussi.


Elle poussa un soupire las, et tourna les yeux vers Tiago une fraction de seconde avant de concentrer à nouveau son regard sur le plafond.


C'était étonnant avec quelle facilité elle réussissait à en parler, maintenant qu'elle était lancée. Comme si elle avait ouvert une brèche dans un barrage dont le contenu se déversait à présent sans espoirs de pouvoir l'endiguer à nouveau.


Elle eut un petit rire méprisant, et reprit :


La jeune fille roula à nouveau pour faire face à Tiago, les yeux brillants de mélancolie et de tristesse.


Elle s'essuya les yeux et renifla légèrement.


La Tonnerre ne savait plus quoi ajouter maintenant qu'elle avait tout déballé. Elle se sentait mieux, soulagée qu'il connaissent cette part de sa vie. En temps normal elle aurait été probablement anxieuse de voir sa réaction, car après tout elle n'avait jamais parlé de ça à personne à part au psy de l'Institut. Mais la drogue dans son cerveau inhibait toutes ses barrières, et avait baissé sa garde jusqu'à la rendre totalement vulnérable.

Elisha se sentait mieux après avoir déballé tout ça. Elle avait l’impression qu’un énorme poids avait quitté ses épaules, et à présent qu’ils avaient joué cartes sur table avec Tiago, elle réalisait que c’était très différent d’en parler à quelqu’un qui n’était pas payé pour ça. D’en parler à un ami, qui visiblement ne semblait pas la juger.

La première remarque du Feu la fit rire, un petit rire nerveux histoire de relâcher la pression et détendre un peu l’atmosphère. Parce que l’ambiance assez sérieuse qu’il y avait entre eux, à présent, elle n’avait pas l’habitude, et ça ne la mettait pas très à l’aise.


Ce fut au tour de Tiago d’avoir un long monologue, et la jeune fille écouta patiemment ce qu’il avait à dire sur son histoire. Après tout, il avait fait l’effort de l’écouter, lui aussi. Il lui dit que bien qu’il n’y connaisse rien à l’amour, le premier était rarement le bon, et qu’il ne fallait pas qu’elle se boque pour ça. Parce qu’il n’en valait pas la peine. Qu’il était désolé de l’épreuve qu’elle avait subi, et qu’effectivement c’était pas cool de s’en réjouir. Et qu’il fallait qu’elle profite de la vie, parce qu’elle n’avait rien fait de mal. Mais qu’elle méritait mieux que des soirées défoncée à l’alcool ou la drogue.

Dans tout ce flot d’information, Elisha eut du mal à faire le tri. La meth toujours présente n’aidait pas vraiment, pas plus que l’alcool qu’elle avait avalé derrière. Mais de ce qu’elle avait compris, Tiago n’avait pas tout compris de ce qui causait son mal être actuellement et depuis deux ans déjà. Aussi répondit-elle :


Elle eut un léger rire amusé, se rendant compte d’à quel point elle pouvait trouver ça ridicule.


Elisha eut un léger haussement d’épaules. Elle avait parlé d’une voix plus sereine, ayant repris le dessus sur les émotions qui pouvait tournoyer dans son cerveau. La tournure très sérieuse de la conversation commençait à la gêner sérieusement. Elle n’avait plus trop envie de parler d’elle, elle avait l’impression d’en avoir bien assez dit. Aussi reprit-elle avec un sourire malicieux en se rapprochant un peu de Tiago :


Elle glissa sa main dans celle du Feu. Ses gestes suivaient depuis un moment déjà ses envies sans que son cerveau ne fasse une tentative d’avoir un minimum de contrôle. Elle s’en fichait bien, de ce qu’il pouvait penser de ce geste. Elle en avait envie, c’était tout. Parce que sa peau était douce, et aussi peut être un peu parce qu’elle avait envie de savoir ses impressions à cet instant. Et que c’était beaucoup plus facile comme ça. Cependant, un point dans le discours de Tiago l’intriguait.


Bon, ok, c’était peut-être pas dit avec le meilleur tact du monde, mais l’idée principale était là. Pourquoi lui conseillait-il d’arrêter tout ça, quand lui-même était plonger dedans jusqu’au cou ?

La question de Tiago surprit un peu Elisha, même si elle suivait le court de la conversation. Elle prit quelques secondes pour y répondre, parce qu'à vrai dire elle n'avait jamais vraiment prit la peine de le faire. Elle était passé de l'amour à la haine en si peu de temps ...


Et ce n'était vraiment pas plus mal. Tiago continua en disant que cette vie n'était pas si mal, et qu'elle avait presque un goût de liberté. La brune sourit : pour elle, c'était le cas. Elle avait le droit de faire ce qui lui chantait, sans avoir de compte à rendre à personne. Même si pour le moment elle se contentait de se défoncer.

Si Elisha avait prétendu que la suite des événements l'avait surprise, elle aurait menti. Elle avait senti dès l'instant où elle avait posé sa main dans celle du Feu qu'il avait une idée derrière la tête. Elle avait vu la lueur caractéristique dans ses yeux, quand il les avait planté dans les siens, son éternel sourire sur les lèvres. Elle avait vu son regard descendre sur sa bouche alors qu'il parlait, et elle avait senti cette envie grandir en lui. Mais elle était restée là, le coeur battant, à attendre le moment où il se déciderait. Parce qu'elle aussi en crevait d'envie. Et qu'elle était bien trop défoncée pour se préoccuper des conséquences d'un simple baiser.

Au moment où Tiago franchit les quelques centimètres qui les séparaient encore pour poser ses lèvres contre les siennes, la jeune fille eut l'impression que son coeur allait sortir de sa poitrine. C'était doux. Chaud. Et si enivrant ... Si elle avait prit le temps d'y réfléchir, elle aurait vu que cela n'avait pas du tout le même effet sur elle que ce qu'elle pouvait faire d'habitude. Mais Elisha était trop occupée à profiter de ce contact pour se poser la moindre question. Et lorsqu'il recula très légèrement histoire de reprendre son souffle, ce fut elle qui s'avança immédiatement pour reprendre ses lèvres.

La Sensitive se laissa totalement porter par le désir qui grandissait en elle, mêlé à celui de Tiago qu'elle recevait par son don. Glissant ses bras autour du cou du jeune homme, elle l'invita à se placer légèrement au-dessus d'elle d'un mouvement hésitant. Ce genre de rapports ... Elle n'en avait vraiment pas l'habitude. C'était quelque chose d'important pour elle, pas le genre de choses qu'elle ferait avec n'importe qui. Mais ... Tiago n'était pas n'importe qui, pas vrai ? Et de toute façon, son cerveau était trop embué pour la rappeler à l'ordre. Elle laissa sa langue danser avec celle du Feu, elle laissa ses lèvres se glisser dans son cou, ses dents mordiller sa peau. Elle laissa ses mains parcourir son corps par dessus le tissus de sa robe, frissonnant à la moindre caresse. Elle même profitait du contact de la peau du Colombien sous ses doigts. Son coeur s'emballait de façon incontrôlée, et son cerveau n'était pas dans un meilleur état : elle n'arrivait plus à réfléchir, se laissant simplement guider par son envie. Elle avait envie ... de lui ?

Mais lorsqu'il glissa sa main sur sa cuisse pour passer sous sa robe, Elisha entendit subitement une petite voix la ramener à la réalité. Cette petite voix que toute la meth du monde n'aurai probablement pas réussi à faire disparaître. Elle prit pleinement conscience de ce qui était en train d'arriver. Et brusquement, le doute l'envahit. Son cerveau avait reprit le contrôle, et des milliers de "Et si" se bousculaient dans sa tête. Le sentiment de légèreté, d'ivresse qu'elle ressentait jusque là se mua en une sensation nauséeuse qu'elle détestait, probablement le résultat d'émotions contradictoires. Parce que bien évidemment elle avait envie de lui. D'aller plus loin en envoyant tout balader. Mais elle avait si peur, si peu confiance ... Elle glissa une main tremblante sur la joue de Tiago, redressant sa tête pour le regarder dans les yeux.


Ce n'était pas un non. C'était juste une question. Parce qu'elle avait besoin d'être sûre, peut être ? Parce qu'elle savait aussi à quel point c'était important pour elle, et à quel point ça ne l'était pas pour lui. Alors elle attendit sa réponse, le souffle encore haletant.

Tiago n’avait pas l’air franchement ravi qu’Elisha l’interrompe de la sorte, surtout pour exprimer les doutes qu’elle avait. Parce que ouai, si elle décidait d’arrêter tout maintenant, il ne risquerait pas trop d’apprécier. Mais sa question le fit sourire. Ok un sourire un peu moqueur, un peu provoquant, mais un sourire quand même. Il lui dit que ça ne pouvait pas être une idée pire que de prendre de la meth, et que cela lui apporterait moins d’ennuis.

Et objectivement parlant, il n’avait pas tort. Parce qu’une partie de jambes en l’air, ça ne risquait pas grand-chose s’ils prenaient la peine de se protéger, alors que ce genre de drogues pouvait vraiment avoir des effets dévastateurs. Mais les craintes qui bourdonnaient dans sa tête n’avaient rien de rationnel, aussi se contenta-t-elle de murmurer comme si ce qu’elle disait était évident :


Tiago reprit en lui disant … pas mal de choses, à vrai dire. Des mots qui firent mouche, faisant s’emballer son cœur d’avantage –enfin, si c’était encore possible. Bien sûr qu’elle savait qu’il en avait envie : même un non Sensitif l’aurait senti. Et bien évidemment qu’elle en avait tout autant envie, là n’était pas le problème. Elle aurait pu sortir une liste longue comme un bras des raisons qui pouvaient faire que c’était une connerie. Le fait qu’ils étaient potes, par exemple, et que ça risquait de foutre tout ça en l’air. Le fait qu’elle y accorde beaucoup plus d’importance que lui. Qu’elle risquait d’être vraiment mauvaise, en plus. Et ce n’était là qu’un échantillon.

Mais son cerveau choisit d’ignorer tous ces risques, et toutes ces questions. Parce que ouai, elle en avait envie, et lui aussi, alors y avait pas de raison de se freiner pas vrai ? C’était peut-être la déshinibition causée par l’adrénaline et les restes de drogues qui parlait. Mais la façon dont les mots « tu me plais » avaient déclenché un sourire incontrôlé chez la jeune fille montrait bien que ça venait aussi d’elle. Même si elle était trop shootée pour en prendre conscience.

Tiago l’embrassa à nouveau, insistant en disant qu’il avait des capotes, ce qui n’était pas une mauvaise idée puisque sa crainte principale restait liée à sa grossesse passée. Elle sourit, et le regarda se redresser pour retirer sa chemise d’un geste presque naturel. Il ne la quittait pas des yeux, mais elle faisait de même, son regard glissant sur son torse musclé tandis qu’elle mordillait sa lèvre inférieure avec envie. Non mais sans déconner, quel genre de fille pouvait vraiment résister à ça ? Elisha n’aimait pas spécialement l’idée de céder comme bien d’autres avant elle. Et pourtant elle céda, ignorant cette voix qui piaillait dans sa tête. Alors, quand il se pencha vers elle pour lui glisser à l’oreille de le laisser lui montrer qu’elle n’était pas seule, elle hocha la tête, répondant dans un souffle tandis que les lèvres du Feu descendaient à nouveau le long de son cou :


Elisha ne réfléchissait plus, laissant son désir et ses envies guider le moindre de ses gestes, de ses regards. Elle parcourait son corps de ses lèvres, et ses caresses, et s’enivrait de son odeur. Puis elle le repoussa une fraction de seconde, juste assez pour se redresser et faire glisser la fermeture éclair de sa robe avant de l’enlever. Elle fit de même avec ses sous-vêtements. Et revint se coller contre lui, brûlante de désir, pour s’abandonner totalement à lui.


Dire que ça avait été bon aurait été un euphémisme. Bon, d’accord, sa dernière fois remontait à si longtemps qu’elle n’avait pas vraiment de point de comparaison. Mais pour la première fois depuis qu’elle avait reçu ses pouvoirs, elle remerciait le ciel de lui avoir donné le don de Sensitive. Parce que sentir les deux orgasmes en même temps, c’était … Wow. Bien sûr elle avait conscience de pas être le coup du siècle, parce qu’elle manquait d’assurance, et d’expérience. Mais elle avait quand même l’impression qu’il avait bien aimé.

Elisha se laissa rouler sur le côté après avoir embrassé Tiago une énième fois, le souffle encore haletant. Un sourire satisfait s’étirait sur ses lèvres. Elle ne s’était pas sentie aussi bien, aussi détendue depuis très longtemps. Le contact de la peau de Tiago contre la sienne lui manquait déjà, elle n’avait envie que d’une chose : venir se lover contre lui pour prolonger un peu ce moment. Mais est-ce que cela n’aurait pas fait trop … bizarre ? La Tonnerre s’était toujours dit que son ami était plutôt du genre à s’éclipser une fois qu’il avait obtenu ce qu’il voulait, mais il n’avait pas spécialement l’air de vouloir la mettre à la porte. Alors elle osa venir poser sa tête sur son épaule. Puis elle dit d’un ton sarcastique, histoire de briser le silence :


La jeune fille aurait voulu qu'il la serre contre lui. Elle aurait voulu à cet instant être la seule à ses yeux, mais elle savait très bien que ce n'était pas le cas. Alors elle tentait tant bien que mal de le lui cacher et s'écartant du sujet.

Bien évidemment, la première remarque d’Elisha fit rire doucement Tiago. Bon ok c’était pas franchement classe, il fallait bien l’avouer, mais en même temps c’était pas tout à fait faux non plus. Et puis, elle ne savait juste pas quoi dire pour briser le silence. Elle lui sourit d’un air malicieux, et répondit d’une voix un peu trop douce par rapport à ce qu’elle aurait voulu :


La jeune fille se sentait vraiment d’humeur câline. Et elle n’avait franchement pas du tout l’habitude d’être dans cet état-là. C’était comme si son cerveau était en mode panique. Alors elle avait dit la première chose qui lui était passé par la tête. La clope. Après quelques secondes d’hésitation, Tiago finit par s’écarter de la Tonnerre à la recherche d’un paquet perdu sur le sol. Elle poussa un très léger soupire. Ce qu’elle pouvait être stupide, parfois. A dire tout ce qui lui passait par la tête sans réfléchir plus d’une demi-seconde. Parce que là, c’était mort pour des câlins en plus.

Tandis qu’il mettait la cigarette dans sa bouche et qu’il l’allumait avec son doigt – quand même, c’était vachement classe, ce pouvoir – Elisha se redressa dans le lit pour s’adosser contre le mur. C’était quand même plus pratique pour fumer, histoire d’éviter de foutre des cendres partout. Ouai c’était pas son lit mais bon c’était pas une raison pour faire des crasses. Elle avait remonté la couverture sur son ventre, de sorte que le haut de son corps était encore découvert. Mais ça lui était égal : la pudeur avait jamais vraiment été son truc, et de toute façon il avait déjà pu voir tout ce qu’elle avait à cacher. Le Feu lui fit remarquer que les gentilles filles ne fumaient pas, ce qui fit rire la jeune fille.


Elle prit une bouffée de fumée, et lui souffla à la figure. On lui avait donné bien des qualificatifs : peste, susceptible, froide, allumeuse, chiante parfois. Mais gentille, ça, jamais. Elle continua donc de rire doucement alors qu’il se levait pour aller jeter la capote. Bon, d’accord, une partie d’elle aurait voulu qu’il reste dans le lit, même si c’était elle qui avait provoqué ça finalement. Mais, au moins, la cigarette était vraiment agréable. Elle comprenait un peu mieux pourquoi certains adoraient cette cigarette d’après sexe.

Et puis de toute façon le Colombien ne tarda pas à venir la rejoindre, le reste de la bouteille entamée à la main. Il ne restait vraiment pas grand-chose. La désignant d’un coup d’œil, il demanda à Elisha de rester encore un peu. Histoire de pas la laisser dans cet état-là. Sa voix lui parut à cet instant un peu plus hésitante que d’habitude. Un peu moins assurée. Mais la jeune fille se dit que ce devait être son imagination. Elle hésita quelques secondes. Était-ce vraiment une bonne idée de rester là, à faire comme si tout était comme d’habitude à ceci près qu’ils étaient encore à poil ? Probablement que non. Et en même temps, elle avait envie de rester. Alors elle hocha la tête en souriant.


Elle lui tira la langue d’un air malicieux, et se pencha par-dessus lui pour aller écraser son mégot dans le cendrier resté sur la table de nuit. Elle hésita l’espace d’une seconde à reprendre son verre, mais si dit qu’au final elle s’en fichait. Elle se redressa donc, et attendit patiemment que Tiago ai pris une gorgée avant de faire de même.

Le liquide leu brûla la gorge et lui arracha une légère grimace. Les effets de la meth commençaient à se dissiper, et la sensation d’euphorie disparaissait peu à peu en même temps que son énergie. L’alcool n’arrangeait pas vraiment, mais au moins il permettait de conserver ce sentiment de désinhibition. Elisha reprit donc une gorgée, puis tourna la tête vers le Feu. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle était censée faire. Ni dire. Elle souffla dans un rire nerveux.


Devant son air interrogateur, elle reprit :


Elle rit doucement, cherchant à évacuer un peu la pression qui montait de plus en plus en elle. Parce qu’elle n’arrivait plus à gérer les signaux que son cerveau lui envoyait. Parce qu’elle avait à la fois envie de se blottir contre lui, et de fuir le plus loin possible. De l’embrasser jusqu’à ne plus avoir de souffle, et de parler jusqu’à pas d’heure de tout et de rien. Et surtout, de lui dire … Elle détourna le regard. Un frisson parcouru son échine, et elle remonta un peu plus la couette sur son torse pour se protéger du froid. Parce que ouai, dans une tenue aussi légère, il faisait pas très chaud. Même si c’était le milieu de l’été.

Bon, pour le moment, Tiago avait l’air satisfait qu’Elisha veuille bien rester. Même s’il grogna un peu en disant qu’il pourrait être vexé de ne passer qu’après la bouteille. La brune haussa les épaules en souriant, et répondit tout en le regardant s’installer :


D’accord elle serait très probablement restée encore un peu, même s’il n’y avait pas eu la bouteille. Et même s’il ne lui avait pas demandé. Mais … Il n’était pas obligé de le savoir, ça, non ? Fallait pas non plus qu’il ait la grosse tête. D’autant plus que l’ambiance, leur relation devenait carrément bizarre ce soir. Dans le sens « différente de d’habitude ». Ce qui était plutôt normal étant donné qu’ils ne se retrouvaient jamais nus dans le même lit après une partie de jambes en l’air. Quand elle exprima cette pensée, elle vit bien que Tiago n’apprécia pas trop le commentaire, aussi s’empressa-t-elle de préciser qu’elle parlait de cette fin de soirée inattendue.


Elisha haussa un sourcil, un sourire amusé sur les lèvres, et répliqua :


Elle leva les yeux au ciel en soupirant, un sourire en coin, et se concentra plutôt sur la bouteille qu’elle venait de récupérer. Parce qu’elle avait pas spécialement envie de retrouver un état de sobriété là tout de suite.

Tiago se glissa à son tour sous le drap, et lui prit la bouteille des mains, la tendant à bout de bras de l’autre côté du lit. Donc totalement hors de sa portée. La jeune fille lui jeta un regard faussement indigné quand il expliqua que, puisqu’elle resterait tant que la bouteille n’était pas vide, il estimait qu’il avait bien assez bu, tout à coup. Et, toujours avec ce sourire provocateur, il lui demanda si elle aussi avait assez bu.


Une lueur de défi dans les yeux, Elisha allongea le bras pour attraper la bouteille. Bien entendu, elle était très loin d’être à sa portée. En même temps Tiago était quand même vachement grand, et lui vraiment petite. Elle dû donc se résoudre à se coller un peu plus à lui, et finit même par passer totalement au-dessus de lui. Ce qui, maintenant qu’elle y repensait, devait totalement être l’objectif du Feu quand il avait mis la bouteille aussi loin. Voyant qu’elle n’arriverait pas à atteindre l’alcool malgré ses efforts, elle tourna la tête vers lui pour protester à nouveau.

Avec toute cette agitation, elle s’était de nouveau retrouvée collée à lui, son visage à quelques centimètres du sien, sa peau frôlant la sienne. Et toute idée de protestation s’évanouit instantanément quand son regard croisa le sien, tandis que son cœur se mettait de nouveau à battre la chamade. Elle eut un petit rire gêné. Murmura :


Et se pencha en avant pour venir l’embrasser. Tiago posa sa bouteille, et enroula ses bras autour d’elle. Il pouvait bien mettre ses mains où il voulait, elle s’en fichait, tant que ses lèvres ne quittaient pas les siennes. Tant qu’elle pouvait rester tout contre lui, respirer son odeur, et savourer la douceur de sa peau. Elle aurait presque pu demander un deuxième round, elle en avait envie. Mais elle était trop fatiguée pour ça, l’effet soporifique de l’alcool mêlé au coup de fatigue dû à la meth qui quittait son sang commençant à faire leur effet. Et même l’excitation ne pouvait pas compenser. Aussi, après quelques caresses, elle murmura :


Elle hésita quelques secondes. Ses émotions tournaient en boucle dans sa tête, embrouillant ses pensées, si bien qu’elle avait du mal à mettre un mot sur ce qui la poussait à rester blottie contre lui. Finalement, elle articula :


Elle posa sa tête sur le torse de Tiago, enlaçant sa taille de son bras libre. Elle ne savait pas trop si c’était une bonne idée de lui lâcher ça comme ça. Ça risquait de le faire flipper, non ? Et elle ferait comment, demain, pour assumer ça ? Mais bon, maintenant c’était trop tard pour y réfléchir.