-Aria ! Ariaaaa !

Il s’était précipité vers elle après son boulot. Il avait su qu’elle terminait à cette heure grâce à Jérémy qui lui avait donné l’info. Jérémy qui lui-même avait eu un grand sourire en le voyant arriver, sachant ce que cela voulait dire. Nicolas s’est donc jeté à moitié sur Aria -notons à moitié, parce que la pauvre était si petite comparé à lui-, son permis moto à la main. Parce que le cadeau de Noël d’Aria était un road-trip en Espagne, il avait tout donné pour le passer avant l’échéance, ce qui avait été possible avec le gouvernement japonais. Il n’a pas vraiment cherché à savoir si elle avait reconnu le papier dans sa main, il n’a pas cherché grand chose Nicolas, il a juste vu le grand sourire de sa meilleure amie et a voulu lui faire un câlin, aussitôt suivi par Jérémy les prenant tous les deux en même temps dans ses grands bras en les soulevant comme si de rien n’était, félicitant Nico pour son permis.

Le petit road-trip entre amis, cette petite étape dans la vie de Nicolas, l’un des grand buts qu’il avait dans la vie… Il allait pouvoir le rayer de sa liste. Il allait pouvoir le vivre avec Aria.



Il y a un décalage horaire énorme entre le Japon et la France pour ceux qui ne le savent pas. Quand on prévoit de bouger, faut se préparer bien avant pour subir le jet lag... parce qu'avec ou sans cristal de téléportation, le jet lag existe. Nicolas voulait pas conduire complètement fatigué, donc le plan était d'arriver dans le patelin où il pouvait louer une moto, prendre la route jusque dans la ville où se déroulait le concert, y passer un bon bout d'aprem' et y dormir avant de repartir le lendemain sans trop de dégâts, commencer le road trip en toute sécu'. Il a fallu qu'ils demandent une autorisation exceptionnelle aussi, pour partir sans Master pour les accompagner. Nicolas avait proposé d'allumer le traçage GPS sur son téléphone, afin que Ronron puisse le suivre en direct. Il devait quand même envoyer des nouvelles autant que possible mais pour lui, ce n'était qu'une excuse de plus pour prendre pleins de photos.

C'est d'ailleurs la première chose qu'il a fait après être apparu en France. Il a rangé le cristal dans son sac, a sorti son téléphone et a pris un selfie avec Aria sous-titré "On est bien arrivés !". Nicolas n'a jamais été aussi heureux de s'entraîner avec Ronron. Il n'ose pas imaginer où ils auraient atterri sans ça. :

-Ok ça, c'est fait ! On a un peu de temps avant d'aller chercher la moto, on peut visiter un peu si tu veux.

Même s'il était pressé de pouvoir conduire une Harley Davidson, il allait pouvoir le faire pendant plusieurs jours d'affilés, autant profiter d'être encore en France pour visiter le coin, vu qu'il n'a jamais rien connu d'autre que le village. Il prit la main d'Aria avec un immense sourire de gamin, à la fois parce qu'il avait hâte de vivre cette aventure, mais aussi et simplement parce qu'elle était là, avec lui.

Ils ont eu la chance de pouvoir trouver leur bonheur à Sète, petite ville portuaire du Sud avec vu soit sur la mer Méditerranée, soit sur l'étang de Thau. Pour l'instant, ils sont face aux canaux moins fréquentés -pour éviter la crise cardiaque aux habitants avec leur apparition- mais les façades sont tout de même lavées par le vent salé, rendant leurs couleurs variées un peu plus pastels qu'à leur origine sans doute. Nicolas inspire profondément, en se disant que c'était donc ça, l'odeur des vacances. C'était bien différent de l'Écosse de la Miss, pas forcément moins bien à ses yeux. Il reconnaissait juste un peu de ce qu'il a connu là-bas. Ici, tout semble vibrant de chaleur et de senteurs différentes.

Ils se dirigent donc vers le port, et Nicolas ne peut retenir une exclamation. Il n'a jamais vu de bateau en vrai, de sa petite vie. Il en pointe un du doigt, parfaitement choqué, en regardant son amie avant de regarder à nouveau le véhicule et de s'approcher, complètement médusé. Avant d'en repérer un différent plus loin, et de répéter le processus, quitte à gêner les vacanciers qui prennent leur petit-déjeuner sur le pont. Il prit quelques photos sans oublier d'en envoyer une à Ronron sous-titrée "TU SAVAIS QUE CA EXISTAIT CE GENRE DE BATEAU ???" avant de se retourner et d'en prendre une d'Aria alors qu'elle admirait la mer. Souriant de plus belle, il la rejoint en admirant l'eau qui semble disparaître vers l'infini.


HRP : Ok j'ai mis plus de temps que prévu sorry BUT IT'S DOOOONE !
HRP 2 : J'ai résisté. Un an à ne pas utiliser cette musique de Hinds pour la réserver, pour CE moment précis. JE SUIS JOIE.

NICOLAS A EU SON PERMIS MOTO !!! C’EST TROP BIEN !! Ca veut donc dire… ROAD TRIP ?! YES ?! YEEEES !! La nouvelle rend Ariana euphorique. C’est la première fois depuis longtemps qu’elle est d’aussi bonne humeur, au point de ne plus tenir en place durant des jours. Elle est vraiment heureuse que son petit cadeau l’ait motivé. Sinon, bien sûr, elle aurait proposé de prendre la voiture elle-même ; mais elle se sentirait plus rassurée si Nicolas est le conducteur. Elle n’a pas touché à un volant autre que celui de Mario Kart depuis au moins 2015 ; et 2015, c’est aussi le jour où elle a eu son accident qui l’a menée à Terrae. Elle fait comme s’il n’existait pas, mais elle n’oublie clairement pas. Donc : Nicolas a son permis, et c’est vraiment vraiment cool.

Fin juillet arrive. Les préparatifs du voyage sont terminés ; compliqué pour la rouquine de choisir juste ce qu’il fallait d’affaires pour ne pas avoir à trimballer sa valise quasi aussi grande qu’elle (rose barbie et couverte de stickers). Non : juste un sac à dos (bien rempli), et puis c’est tout. Et BOOOOOM, les voilà arrivés ! Merci la téléportation ! Petite photo souvenir !

—C’est trop JOLIIII !! (Aie, Aria, pense aux tympans de Nico…) Oui ! Je veux visiter !

Main dans la main comme les deux grands (enfin, moins grande pour Aria, mais elle a quand même ses baskets compensées pour pas avoir l’air d’une naine) enfants qu’ils sont. L’architecture lui plaît beaucoup et lui change de ce qu’elle a pu voir au Japon ces derniers années — ce qu’elle dit moins, c’est que c’est la première fois depuis quatre ans qu’elle a quitté le Japon et, surtout, qu’elle est aussi proche de chez elle. Cette constatation lui donne le tournis. Elle s’émerveille cependant à chaque coin de rue, de l’agencement de la ville autour du cours d’eau ; les yeux brillants, elle se sent revivre comme une plante qu’on avait privée de soleil.

La petite Morphe tâche de ne pas quitter la main de Nicolas, mais pointe sans détour tout ce qu’elle trouve si beau : les canaux, les bâtiments, les magasins attrape-touriste, les couleurs, l’odeur de la mer, le vent, le soleil, comme si l’univers-même était différent de celui de Terrae. Cela la brise un peu — elle aimerait tellement, tellement voir plus au quotidien. Et puis Nicolas est tout pareil — ils ont eu la même réaction devant le bateau, la même expression délicieusement surprise, émerveillée et heureuse ; elle sautille, se retourne, commente à haute voix, rit avec bonheur de cet enfant qui envoie des photos à son père. La mer est belle. La journée le sera aussi. Le voyage. L’occasion de se redécouvrir en même temps que le monde…

Les yeux remplis d’étoiles, Ariana se retourne soudain vers Nicolas :

—Oh !! Viens !! Il faut qu’on trouve une plage !! Tu crois qu’il y a des plages ?!

Sans attendre, elle dégaine son téléphone pour regarder sur internet, et lâche un « ohh » déçue lorsqu’elle constate qu’elles sont bien plus loin de la ville.

—C’est trop excentré, mince, on n’aura sûrement pas le temps… Chez moi, on allait à Mostril pour se baigner, c’était trop beau ! OH !! (Elle se retourne à nouveau vers son ami, plein de questions en tête.) Est-ce que tu veux qu’on fasse un tour en bateau ? Ou le petit train ? Ou on marche ?? Tu me dis, je te suis !

Trop enthousiaste. Elle a envie de tout voir, de tout faire voir à son ami. Qu’il n’oublie jamais ce voyage, tout comme elle ne l’oubliera jamais.

Aria est pleine de commentaires joyeux et de doux souvenirs qui agrandirent son sourire un peu plus. Nicolas la regardait et l'écoutait, tout aussi heureux, et l'idée de passer par Motril pour lui faire plaisir ne quittera pas ses pensées de sitôt. :

-On va longer la Méditerranée pendant plusieurs jours, je pense qu'on aura l'occasion de voir des plages !

Elle le surprend en se retournant d'un coup et ne peut retenir son enthousiasme. :

-Le petit train ? fait-il en le cherchant des yeux. HAN ! On a probablement plus de temps pour ça que le bateau. Mais faudra qu'on se fasse ça aussi... Eh ! EH MONSIEUR LE TRAIN !

Tchou tchou c'est nous ! Il a dû en voir des touristes un peu trop ragaillardis par l'air du Sud parce qu'il n'est pas déphasé le moins du monde par les deux terraens qui arrivent à payer un petit tour de train juste avant qu'il ne soit sur le départ. Ainsi, ils traversent une bonne partie de la ville, le long d'une promenade avec vue sur les quais, la foule de vacanciers et les odeurs des restaurants déjà en train de préparer leur rush de midi. Nico pointe du doigt dans tous les sens, en chœur avec Aria. D'autres genre de bateaux se présentent à eux, et Nicolas qui connaissait éventuellement le pédalo, était impressionné par tout le reste. Aria a bien rigolé quand il en a appelé un "scooter dans l'eau", et le yacht un "appart' de James Bond". Là-bas, y'a la Criée aux Poisson. Ici, ils vendent des chapeaux de paille énooooormes ! Dommage qu'on ne puisse pas les prendre, ça tiendrait pas dans nos sacs. Au bout du parcours, ils descendent, achète une glace parce qu'ils ne peuvent pas résister et au détour d'un carrefour, en regardant un peu plus loin, Nicolas remarque. :

-ARIAAAA ! Le magasin ! LA ! Il s'appelle Terrae !!!! PHOTO !

C'était un simple magasin de vêtements, de chaussures et d'accessoires mais le hasard était trop drôle pour être ignoré. Héhé, il a hâte de voir la réaction de Ronron quand il verra celle-là !

*

Après un simple goûter dans un parc, ils devaient enfin aller chercher leur monture. Nicolas... comment dire ça de manière simple, efficace, sans manquer de classe... Hmm... Il ne se sentait plus pisser, voilà. Mais. Mais t'es immonde ! MOI ? C'est toi qu'est en train de te retenir de couiner devant tous les modèles qui se présentent devant toi ! Et quand le loueur revient avec le modèle qu'il a choisi, qui c'est qui sautille sur place ?... Ok je me calme. Il écoute attentivement les explications pour les papiers, l'extension de garantis s'ils ont un problème sur la route qui les prend en charge partout en Europe. Le gars est habitué à fournir ses engins à des road-tripeurs... des road-... ça se dit comme ça ? Meh. Une fois que tout est en règle, les casques fournis adaptés à leur taille, il s'empare des clefs et se tourne vers Aria avec un grand sourire. Ils sont bientôt sur le départ ! OUIIII ! :

-Ok ! fait-il devant la moto. Alors, je te laisse le gros compartiment derrière ton siège si tu veux. Je vais prendre un des petits sur le côté. Y'a deux sièges pour que tu sois bien installée, mais tu pourras m'atteindre sans problème pour me tapoter le dos si tu veux prendre une sortie d'autoroute.

Ils avaient un chemin déjà tracé, mais uniquement dans les grosses lignes ; le but du road-trip était de s'arrêter quelque part s'ils voyaient quelque chose d'intéressant. Bon, pas le premier jour puisqu'ils avaient un concert où ils devaient arriver à l'heure, mais après ça, c'était liberté absolue version hispanique ! La tapotage était aussi un moyen pour Aria de demander d'aller aux toilettes. Parce que OUI, il faut y penser aussi ! Casque sur la tête, les fesses posées à demi sur son siège, Nicolas redresse la moto... Il a des fourmillements d'excitations dans les doigts, l'obligeant à replacer calmement ses gants de cuir en tirant un peu dessus... il va vraiment faire un road-trip avec sa meilleure amie !... Il lève la tête. :

-T'es prête ? Tu t'installes quand tu veux.


HRP : Oui, il y a un vraiment un magasin à Sète qui s'appelle Terrae.

Ouiiii, c'est vrai qu'ils auront d'autres occasion ! Okok ! Merci Nicolas d'être une personne censée dans ta tête, contrairement à Ariana, qui a juste envie de faire littéralement tout. Même les idées les plus loufoques. Mais ils risquent de n'avoir, malheureusement, pas le temps de tout faire...

—OUUUUIII le petit train !! Viens on y va !!

Et en plus, ils arrivent à en attraper un avant qu'il ne parte ; si ça c'est pas du bon karma, moi j'sais pas. Tout est beau, tout est prétexte à s'extasier ; les informations sur l'histoire de la ville sont parfois un peu barbantes mais Ariana reste attentive de son mieux — en même temps, ils ont payé pour, alors autant s'y consacrer un minimum, même si elle aura probablement tout oublié d'ici la fin du tour. A part un ou deux monuments emblématiques et random, bien évidemment.

Une petite glace, et… TERRAAAAAEEE !!!! Alors là, ils ont bien fait de faire de la place sur leurs téléphones, parce que franchement, ils vont en prendre à chaque coin de rue.

***

Pour tout dire, Ariana n'y connaît absolument rien en moto. Par contre, ce qu'elle sait, c'est que le modèle que Nicolas a choisi est vraiment de la grande classeTM. Les yeux pleins d'étoiles, elle donne des coups de coude répétés à son ami en lui désignant l'engin. C'est. Woaaaaaaaaaah. Elle n'écoute même plus le loueur, c'est bon, on l'a perdue.

La bouche ouverte dans sa béatitude, elle acquiesce vivement aux paroles de son Nicolas d'amour. C'est si beau. Ca va être génial. En même temps, elle a un peu peur, mais elle est toute excitée, et ça !!! C'est génial.

—Ca marche !! Attends, faut que je réussisse à caser mon sac là dedans… dit-elle en appuyant un peu fort pour qu'il rentre... Et voilààà !! Il reste un peu de place pour des casses-croutes etou !!

Enfin, pas sûr que la bouffe survive à la chaleur, mais voilà. Elle enfile son casque, prends quelques photos qu'elle envoie à Allen (avec la longue liste des photos inutiles qu'elle a prises sur le trajet), avant de demander à Nicolas de prendre une photo avec elle.

Waaaaah comme c'est beau dhjgbsghjù.

Elle galère un peu à monter sur la moto, vu sa taille ; alors, après avoir regardé à gauche et à droite, et constaté qu'il n'y avait personne aux alentours, elle se donne quelques centimètres en plus avec son morphisme.

—Voilàààà, je suis prêêêête ! dit-elle en ouvrant grands les bras. Ce soir, c'est conceeeert !! Ca va trop te plaire, tu vas voir ! J'ai même une palette de maquillage - oui c'est utile, chut - si jamais tu as envie héhé !!

Bah oui, qui sait ?! C'est toujours bien de se préparer à fond pour un concert !

—C'eeeeeeest tipaaaaar !!

Et ils se mettent en route vers la joie.


HRP : T'es vraiment allé chercher ça- Jpp-

Il laisse le temps à Aria de prendre des photos et de les envoyer, de monter sur la moto après une petite manip' spé Morphe ni vue ni connue avant de lui sourire parce qu'elle lui annonce avoir ramené du maquillage pour le concert de ce soir. Si cela titille surtout un peu plus sa curiosité, il est d'abord content qu'elle ait pensé à ça... Il y a du maquillage chez les Williams hein, mais c'est pas le premier réflexe de Nicolas quand il doit faire un sac... Dans son sac, il y a juste une serviette, un maillot de bain, savon et brosse à dent, un t-shirt et un pantalon de rechange et des slips... Surtout des slips et des chaussettes maintenant qu'il y pense... Ah ! Et la trousse de premier secours qu'il a casé au-dessus au cas où. Ouais, heureusement qu'elle est là pour penser au reste. A vouloir partir léger on prend rien du tout, c'est naze. Bref Aria s'exclame et Nicolas démarre le véhicule en lâchant. :

-Let's gooo !

*

Nicolas a beau savoir qu'il est en France, il ne reconnaît rien. Là où il y avait des bois, feuillus, il y a des plantes basses qui poussent, au lieu des monts noirs et volcaniques d'Auvergne, il y a d'immenses plateaux laissant découvrir leur roche calcaire, les champs de colza sont ici des vignes immenses... Il doit se concentrer sur la route, mais dès qu'il a l'occasion d'observer les alentours, il est complètement dépaysé. En voyant ça, il se dit que c'est pourtant ce qu'ont connu ses parents... Bon ils étaient un peu plus dans les Pyrénées, au sud de Foix et au nord d'Andorre, mais ce genre de paysages ne devaient pas les bousculer plus que ça...  Et il était là.

Il était là sur une moto avec les mains d'Aria qui s'accrochait à son cuir... Le soleil cuisant de l'été les frappant de plein fouet. Il y avait un peu de monde sur l'autoroute, sans doute à cause des vacances, mais ça lui permettait d'être aussitôt dans le bain. Attentif à ce qu'il faisait bien plus qu'à sa vitesse, il n'hésitait pas à ralentir et à se poser sur la première file plus lente, mais lui permettant de pointer un panneau ou deux du doigt, signalant qu'ils quittaient l'Hérault pour l'Aude ou qu'ils étaient sur le point d'arriver. Il souriait, à l'aise, heureux et vivant fort le moindre petit moment comme un cadeau.

*

Il y a un peu moins de cent kilomètres entre Sète et Narbonne, mais il leur a fallu un peu plus de temps pour rejoindre l'Arena en centre-ville, à cause des bouchons. Nicolas se gare sur le parking de l'hôtel ; c'est un premier prix donc il est pas ouf, mais au moins il est sûr que la moto est en sécurité pendant qu'il iront s'enjailler dans la fosse. Et puis surtout, ils peuvent déjà déposer leurs affaires et se préparer avant d'y aller. :

-Ça va Sunshine, c'était confortable derrière ? demande-t-il, parce que ce serait dommage de prendre une Harley de compèt' si c'était pour se faire arnaquer hein. Et est-ce qu'il y a quelque chose qui te gêne dans ma conduite ?

Même en moto, Nicolas n'aimait pas doubler entre les files de voitures... ça lui foutait une angoisse !... Donc même s'il pouvait, il ne le ferait pas, et de toute façon, la Harley et trop fat pour qu'il le fasse donc bon. Mais il était pas débile, il y a d'autres trucs qui gênent les passagers... Et c'était le moment de lui dire pour qu'il se corrige dès qu'il le peut.

Ils vont jusqu'à l'accueil où ils récupèrent leur clef. C'est le moment pour eux de profiter d'une dernière nuit dans un lit pour sûr ; le reste du voyage sera camping principalement... Après s'ils ont assez de chance pour tomber sur une auberge de jeunesse... J'l'avais dit non que c'était fait un peu au pif ce voyage nan ?

Dans la chambre, il y a deux lits superposés. C'est la première fois que Nicolas en voit un. Il tapote le bois et secoue un peu pour voir si c'est solide... :

-Euuuh j'te laisse choisir mais je serais rassuré que tu prennes celui du dessus... J'ai pas envie que mon gros cul te tombe dans la nuit.

Il pose son sac au sol. :

-Tu veux qu'on se prépare maintenant ou qu'on mange ? On n'est pas en avance, annonce-t-il en regardant son téléphone, mais j'peux commander une pizza si t'as une bonne grosse dalle.


HRP : En fait, l'histoire du magasin Terrae, je suis tombé dessus par hasard sur Google quand je cherchais le fofo sur un ordi qu'était pas le mien y'a longtemps XD ! J'ai vu qu'il existait toujours alors j'en ai profité !

Le voyage commence enfin vraiment. Voir autre chose que les alentours de Terrae lui fait battre le coeur plus fort ; comme si elle redécouvrait le monde, comme si celui-ci s'était soudain élargi durant la nuit. Nicolas a l'air a l'aise, et ça aussi, ça la rend heureuse. Elle trépigne presque à l'arrière de la moto. Une chance que celle-ci soit confortable !

L'arrivée à l'hôtel laisse Aria un peu dans le vague ; descendre de la moto vrombissante lui fait avoir comme un vertige, mais un vertige amusé et content. C'est comme si elle avait le mal de terre ; elle sait qu'elle va s'y habituer, ce n'est qu'une question de temps !

—Ouiiiii !! C'était trop bien ! Tu conduis trop bien Nirolas ! C'est pas du tout gênant ! Même si retrouver le sol, là, ça fait un peu bizarre… Je pense qu'on s'y habitue, de toute manière, alors tout va bien !

Elle lui colle un bisou sur la joue, son casque sous le bras. Elle a les cheveux un peu collés au front par sa sueur — il fait un peu chaud, quand même ! C'est toute sautillante qu'elle entraîne son ami jusqu'à l'accueil pour la clé. Pendant ce temps, elle pose mille questions : est-ce qu'il y aura beaucoup de monde dans la file du concert, selon toi ? Quel maquillage tu veux ? Promis je ferai ça vite ;…

Rapidement, la clé en main, ils rejoignent leur petite chambrette et déposent leurs affaires. Aria est déjà en train de sortir le matos de maquillage (parce que c'est important). Puis elle lève deux yeux outrés vers Nicolas, le dévisageant, puis le détaillant de haut en bas.

—C'est vrai que tu es éééééénoooorme ! Et tes fesses sont magnifiques, râle-t-elle. Je prends celui du dessus, oui, pas de souci !

Puis elle veut répondre "MAQUILLAGEEEE !!!" mais son ventre, fichu traître à sa vie, lui rappelle son existence. Elle rougit et réfléchit l'espace d'une demi respiration (pas beaucoup, donc) :

—Oui je veux bien une pizza !! Mais on aura le temps ? Sinon on peut se prendre un kebab ou je sais pas ce qu'on trouvera de rapide sur la route ? On pourra manger dans la file au pire si on est en retard, ça nous occupera !

Et tout le monde sait que c'est important de s'occuper dans la file d'un concert, parce que parfois c'est LONG.

C'est donc le visage illuminé par le bonheur qu'elle lui présente sa superbe mini palette de maquillage… Mini, oui, mais elle se déplie, messieurs dames ! C'est de la TRES HAUTE technologie !! Y a même du highlighter à paillettes, héhé….

Il ne doit y avoir rien de plus rassurant pour un jeune conducteur que d'entendre son passager dire qu'il conduit bien. C'est le cas de Nicolas, du moins, peut-être parce qu'il n'a pas toujours était responsable et raisonnable à ce propos quand il était plus jeune... En même temps quand il était plus jeune, il aurait jamais dû toucher un volant. ...Il allait peut-être garder cette anecdote pour lui hein. Aria lui colle un bisou sur la joue, toute heureuse, posant des questions. Il lui répond qu'il ne sait pas vraiment comment ça se passe pour la file d'attente, que c'était son premier concert. Il en fallut pas plus pour transformer Aria en pile électrique survoltée -pour une Eau, c'est rigolo admettez-, elle sautillait presque sur le chemin vers la chambre.

Du coup, à peine entrés qu'elle sort son matériel de maquillage. Aria ne voit pas d'inconvénient à prendre le lit du dessus, en profite pour faire un commentaire sur les fesses de Nico. Il appuie cette déclaration tout à fait exacte en se claquant le boulard d'une main. S'il se trouve un peu quelconque, voir parfois pas rassurant physiquement, il pouvait pas nier qu'il avait "un cul", comme on dit dans le milieu... Surtout s'il avait le malheur de mettre un pantalon à sa taille un poil moulant. Nicolas s'est ensuite assis face à elle sur le lit tout en zieutant sur son téléphone tous les restaurants qui offrent de la bouffe à proximité. Il claque des doigts quand elle parle de kebab. :

-Oh ouais c'pas con ça ! Ça fait un moment en plus que j'en ai pas- HAAAN T'AS DES PAILLETTES !

Nicolas ne sait pas se maquiller et il a pas vraiment la foi d'apprendre. Mais il apprécie le soin que ses amies -et sa petite sœur- prennent à ajouter des couleurs à son visage. Et il est fan de paillettes, même si c'est galère à enlever parfois ; il trouve que ça va bien avec ses yeux gris. ...Bon après c'est son avis de simple mortel, ça s'trouve y'a tout une science derrière mais juste il kiffe. Il se penche un peu pour laisser Aria le maquiller, lui indiquant parfois de se pencher un peu, de lever les yeux. Elle lui a demandé s'il voulait quelque chose sur les lèvres ; il préfère pas, il avait pas l'habitude et ça risquait de partir très vite à force de frotter sans le vouloir ou se lécher les babines. Sans oublier le facteur kebab juste après leur séance. :

-Là où j'ai grandi, y'avait un kebab... 'fin une sorte de kebab, c'était un gars du coin qui tenait la boutique alors il servait des kebabs comme ailleurs en France on vend des espèces de paninis-burritos en disant que ce sont des tacos... Il paraît que c'était dégueu mais bon, comme niveau compétition dans le coin il n'y avait que la pizzeria, il devait faire du chiffre quand même.

Et puis là-bas, les mineurs pouvaient acheter des bières vu que le gérant n'avait pas d'âme, lel. Mais ce n'est pas pour ça qu'il raconte ce petit bout de sa vie d'avant. :

-J'ai jamais su l'nom du cuistot. Quand on le croisait dans la rue, on l'appelait El Kebabeur. Du coup j'ai toujours cru qu'on disait kebabeur moi ! Mais en fait, on doit dire maître kebabiste ou un truc dans c'délire.

Vous voyez, des fois, j'ai des anecdotes mignonnes. Non, Loup, c'est pas mignon, on est juste très con. Ouaiiis aussi mais c'est une forme de mignonnerie d'être con nan ? ...Nan ?

Nicolas n'a pas osé maquiller Aria en retour, par contre il a bien voulu l'aider à choisir les couleurs. Du noir et du bleu métallique pour elle, se fondant parfaitement dans un effet "smokey" d'après Sunshine. Nicolas avait un subtil mélange de blanc, de gris pailleté et de noir lui aussi... avec un trait de liner si long que s'il battait des cils, il se disait qu'il allait s'envoler. Après la séance photo OBLIGATOIRE et quelques minutes à se balader dans la chambre en imitant les mannequins sur les podiums, l'appel de la faim -et du concert, n'oublions pas- les force à quitter l'hôtel.

Ça part sur un classique sandwich kebab salade-tomate-oignon-frites-cheddar combo trois sauces blindax à tout bourrer là va d'dans qu'il s'en décroche la mâchoire à chaque bouchée... (ndla : et je n'en dirais pas plus parce que J'AI FAIM MAINTENANT MERDE)

Quand ils arrivent à la file d'attente, Nicolas est un gamin. Heureusement ils ne restent pas bien longtemps immobiles puisque les grilles s'ouvrent pour laisser entrer les gens au compte-goutte après une rapide fouille... D'autant plus rapide pour eux qu'ils n'ont pas de sacs. Ils ont été assez malins pour ne prendre que leur monnaie pour entrer plus rapide dans la salle et se placer là où ils le souhaitent dans la fosse. Ça lui tout bizarre... Il est entouré de tellement de gens, tellement de personnes différentes qu'il ne connaît pas, juste là pour profiter d'un groupe. Suffirait d'un seul malade mental avec un couteau pour tout foutre en l'air et même si ça traverse son esprit de psycho-taré, Nicolas s'en fout. En fait, il est plus accablé par le fait qu'Aria est toute petite et qu'il est sûr qu'au moindre mouvement de foule il peut la perdre dans la marée humaine. Ils ont leur téléphone, ce n'est rien, mais profiter du concert chacun dans son coin c'était pas pareil... Alors il se décale un peu en demandant pardon à la personne derrière lui pour caler Sunshine devant lui. :

-Là. Comme ça je te porterais pour que tu vois la scène de temps en temps et je te perds pas.

Et bon sang, qu'il avait bien fait. Si vous ne le savez pas, Shaka Ponk ça bouge. Énormément. Parfois à la demande du groupe qui demande à la fosse de tourner pour faire profiter ceux du fond aussi, mais souvent c'est dû à la soudaine communion du public. Ça part en pogo sauvage en plein milieu d'un bridge mais c'est normal. C'qu'est assez fascinant, c'est que dans toute cette énergie, certains arrivaient à avoir le temps de rester poli. Ça s'excuse entre deux coups de coude, ça s'entraide pour éviter de trébucher dans le mouvement de foule, ça soulève des inconnus pour éviter qu'ils finissent écrasés... Non franchement, les rockeurs c'est gentil en fait. Alors avec Aria il est moins inquiet ; ils beuglent à s'en péter la voix les paroles des chansons qu'ils connaissent... Nicolas avec son espagnol tout pété, Aria avec son français tout pété. Et l'anglais approximatif à l'accent totalement réinventé par le groupe mais écoutez c'est pas tout le monde qui parle le franglispanish. Ewi.

Pour le rappel, Nicolas s'est accroupis pour qu'Aria puisse s'assoir sur ses épaules. C'était la folie.

Ils sortent de là épuisés et transpirant, Nicolas à l'impression de revenir d'une séance d'entraînement avec Elwynn... Aria confirme en soufflant mais ils rient, tous les deux, forts car encore assourdis par la musique, marchant jusqu'à leur hôtel bras dessus, bras dessous. Dans la chambre ils s'échangent les quelques photos qu'ils ont prises, Nico envoie un message à Ronron pour expliquer qu'ils sont bien à l'hôtel près pour roupiller... Même si l'envie de faire une nuit blanche était tentante, demain ils allaient devoir rejoindre la frontière espagnole. Il devait se reposer... De toute façon, il y a pleins d'autres nuits sur la route pour s'amuser. Démaquillé, changé pour la nuit, il souffle à son amie. :

-Merci Aria pour le cadeau.

Il lui fait un bisou bruyant sur la joue suivi d'un gros câlin avant de s'effondrer sur le lit...

HRP : Oui, ce rp est toujours dans un coin de ma tête. Ce double-post est validé par nous-même. ~yolo


-Tiens Sunshine.

Nicolas s’assoit à ses côtés sur la serviette, lui donnant la glace qu’elle avait demandé. Le sable n’est pas aussi fin que sur la plage principale mais dans le petit coin qu’ils ont trouvé, à même pas cinq minutes à pied, il n’y a personne. Il est fasciné par les plantes qui les entourent ; les arbres sont petits et secs, les herbes basses, les cailloux et les rochers blancs. Tout est frappé par le soleil et rien ne ressemble à ce qu’il a connu des montagnes vertes d’Auvergne ou de la ville de Tokyo. Le vivre avec Ariana ajoutait une autre chaleur dans le décor… Sirotant sa granitas à l’orange, il observait les vagues. Elles naissaient avant de mourir aussitôt sur la rive, pas loin de leurs pieds nus et de la glacière qui gardait les bières au frais. La mer, aussi éternelle qu’éphémère. :

-J’ai voulu qu’on passe une nuit ici mais en fait, je connais pas du tout cette ville.

Elle le sait probablement, parce qu’il lui avait dit qu’il n’avait jamais voyagé avant. Il attend un peu avant d’entamer ses explications, une légère brise s’est levée. Nicolas inspire profondément l’odeur du paysage en souriant. :

-T’sais quand ma mère décrochait de la télé, elle parlait beaucoup de son passé. Je crois que sa famille a une résidence secondaire dans le coin, elle disait qu’elle venait souvent en vacances ici. Elle décrivait le goût des sandwiches qu’elle emportait, ses promenades sur les chemins le long de la mer et des crevasses comme celle où on se tient. Des après-midis entières à jouer dans l’eau… Et tu sais quoi ?

Il soupire. Peut-être qu’elle s’est tenue ici il y a, quoi… vingt-cinq ans ?... Il se lève, poings sur les hanches, regard sur l’horizon. :

-Elle est carrément nulle en description. C’est vachement mieux en vrai. Il retire son t-shirt. Sur ce, je retourne me baigner !

Nicolas nage très mal… A la base il vient d’une région où c’est paaas la porte à côté, la mer ou l’océan. Il y a des lacs c’est vrai, remplis de vases et de produits chimiques, entres les champs alentours et les usines, ça ne donne pas envie de faire trempette, même juste un peu. Il y a d’anciennes carrières d’ardoises et de charbons remplies d’eau, mais tellement dangereuses… Celles dont l’eau est restée claire malgré la pollution et le temps, on peine à en voir le fond, pas à cause de la couleur de l’eau… parce qu’il est loin, bien loin dans la terre… Une crampe et l’on coule comme une pierre dans ces profondeurs. Et personne ne viendra vous chercher là. Alors le mieux, quand il fait trop chaud l’été, c’est de remonter les rivières, trouver leurs sources après quelques kilomètres, s’asseoir dans l’eau qui arrive à vos chevilles. Elle n’est pas forcément pure mais c’est mieux que rien.

Alors vous allez me dire qu’il a dû apprendre à nager à l’école primaire, ils font ça les gamins je crois dans les écoles ?... Ben non pas dans ce village. La piscine a été fermée dans les années 90, trop vieille, plus aux normes,… Il a fallu attendre vingt ans avant que la mairie se dise qu’il faudrait peut-être en refaire une. Alors à la place, les gamins faisaient de l’athlétisme. Le joli mot pour dire qu’ils couraient en rond dans un stade pendant trois heures. Nicolas fait partie de cette génération au village qui n’a pas appris à nager à l’école. Donc quand il dit qu’il va se baigner, il va en fait s’asseoir dans l’eau, laissant les vagues venir jusqu’à lui, pas franchement à l’aise à l’idée d’aller plus loin sans être accompagné par Aria.

Mais ça ne l’empêche pas de savourer l’instant. Nicolas s’amuse avec l’eau salé… Elle a une texture pour lui, c’est difficile à expliquer. L’eau pure glisse sur la peau mais la mer, il a l’impression qu’elle s’accroche à lui. Une espèce de sensation visqueuse, très légère, qui le fait rire doucement. Au début, il s’est dit que c’était peut-être à cause de la crème solaire, mais sur la bouteille, c’est marqué « Non gras » et « résiste à l’eau », y’a pas de raisons qu’ils mentent sur ça quand même… Il plonge sa main dans l’eau et l’enfonce dans le sable. Une autre sensation étrange qu’il ne connaissait pas, celui du sable mouillé sur les ongles. C’est peut-être parce que le sable est plus gros ici, mais il le sent crisser. Il l’entend dans ses dents, comme la craie sur une ardoise ou le coton sec dans sa bouche. Beaucoup de personnes trouveraient cette sensation désagréable mais elle ne dérangeait pas Nicolas. Sentir ses dents, c’était même plutôt rassurant pour lui…

Il prend cette poignée de sable pour le déposer sur ses cuisses, y faire un tas. Il voit les grains glisser sur sa peau, le chatouillant, emportés par le flux de l’eau ou la courbe de sa chair. Il ne réalise pas qu’il a l’air d’un gosse qui découvre les joies de la mer à ce moment : il fait juste l’expérience de l’instant, il décortique la physique du sable comme un scientifique. C’est quand même fascinant comme matériau, le sable. En regardant quelques grains qui trônent dans sa paume, il peut voir, en se concentrant un peu car ils sont gros mais pas énormes non plus, que ce sont des morceaux polis par l’eau de pleins d’éléments différents… C’est fluide et léger dans l’eau, lourd et friable à l’air libre. Ça a deux états bien différents, comme deux vies nouvelles, dans un autre environnement.

Il lève la tête quand il entend Aria s’approcher de lui. Elle le regarde faire, le sourire aux lèvres, et lui répond, dévoilant joyeusement ses canines. :

-On essaie de trouver le plus gros coquillage possible ?!