Un soleil de rouille se couchait, laissant lentement la place de son trône à la lune qui faisait des siennes, en ce moment. Cela faisait à peine quelques jours que Mira était arrivée à Terrae. On lui avait vendu une île où la magie serait monnaie courante, où chaque personne était un prodige vivant. Tout ce qu'elle avait vu pour l'instant, c'étaient des écoliers et des enfants qui s'amusaient à jouer à la vie "normale". Son arrivée n'avait pas vraiment été remarquée, elle était restée discrète et n'avait pas eu l'intention de faire autrement, pour l'instant du moins. Satisfaite d'observer seulement, elle avait appris quelques informations utiles sur cet institut de manière générale.

La fille de Don avait étudié le Japon, lorsqu'elle était plus petite. C'était une belle envie que celle d'un jour y aller. Mais maintenant qu'elle était là, Mira s'en trouva très déçue, elle n'avait rien vu de l'extérieur depuis qu'on l'avait confinée ici. Etait-ce donc un abri, ou une prison ? Les portes d'entrées n'avaient pas exactement plus l'air libre d'accès non plus et y aller était la meilleure manière de se faire remarquer. Si seulement elle pouvait se faufiler au-dehors ... il y avait tellement d'opportunités avec ces pouvoirs qu'offrait ce "vide". Comme si une dépression pouvait transformer n'importe qui en magicien, ha ! C'est l'oeuvre du divin, et rien d'autre qui est responsable de ces miracles, et elle, fille de Delacorte, avait été choisi pour rejoindre ces élus.

Et, sans sacrilège, ceux-ci avaient été bien mal choisis. De son observation, la brune avait pu observer que parmi eux se trouvaient quelques individus ... dérangés, pour rester poli. D'autres étaient trop innocents et certains traitaient même ce don comme de la routine ! Qu'y avait-il donc à apprendre de ces imbéciles ? Rien ! Il fallait expérimenter ces pouvoirs à l'extérieur, pas avec des irresponsables qui n'avaient aucune idée de la portée des possibilités qui étaient juste sous leur nez.

C'était pour cette raison que, avec un carnet à la main, Mira se tenait devant les grilles qui séparaient ce bout de paradis du reste du monde. Réfléchissant, elle articula une moue ... hésitante. Plaçant son bloc-notes sous le bras, l'italienne avança jusqu'aux barres pour y poser le doigt. Avec un oeil fermée, préparée pour la décharge, elle attendit jusqu'à ce que celle-ci vienne. Lorsque la confirmation à sa supposition se manifesta, la jeune femme siffla entre ses dents ... le jus était bien plus fort que ce qu'elle avait supposé. Serrant le poing, elle enleva le manteau qui lui couvrait les épaules.

Ce qu'elle portait n'était clairement pas pour la sublimer ... mais une robe par un temps aussi gris, c'était un plan à s'en racheter une dans la soirée. Alors, elle avait opté pour un jean serré et un t-shirt noir, le tout lui donnant un air un peu goth, mais c'était ce qui faisait son charme. Une brune un peu discrète, qu'est-ce que l'on attendrait d'autre d'elle ? Quoi qu'il en fut, elle sortit un stylo de sa poche et marqua le premier mot sur son carnet :

"Elettrico, alta corrente."

Elle notait chaque élément notable des frontières de cet institut, pour essayer chaque chose qu'elle n'aurait pas tenté pour passer au travers. Ce n'était donc que le début ... supposition suivante : combattre le feu par le feu. Sur son carnet, Mira inscrivit "magia" et suivit le mot de cinq tirets. Elle remplit le premier de par l'élément qu'elle possédait actuellement, "tuono".

Renfonçant le bloc-notes dans la poche arrière de son pantalon, elle approcha l'index de la grille, sans la toucher cette fois. Un éclair sortit du bout, et vint lécher le métal de la barrière. Durant quelques bonnes minutes, la jeune femme resta prostrée à essayer de maîtriser l'arc afin de scinder le fer. Lorsqu'elle constata que rien ne se produisait, elle mit une croix à côté du dernier mot de son carnet, avant de passer directement à la suite des cinq tirets. Soupirant, elle ramassa une pierre au sol, et la maintint dans sa paume, avant d'écrire.

"Lancio della pietra"

Et rabaissant le carnet, elle jeta la pierre, qui ricocha sur la grille en un "ZAP" brusque. Se protégeant le visage d'instinct avec les bras, Mira rabaissa ses poignets pour constater l'évidence : ça n'avait rien fait. Les petites bases forgent les plus grands empires ... c'était déjà ça d'appris. Alors, elle prit à nouveau son stylo et raya sa dernière mention, pour réfléchir à la suivante ...

Si cette éclipse arrangeait bien mes affaires au début, tous les masters étant bien plus occupés à gérer les innombrables problèmes résultant de ces pouvoirs random pour tout le monde qu'à surveiller mon petit trafic, la récente interdiction formelle de quitter Terrae devient beaucoup plus complexe à gérer. Certes, il y a toujours des Terres faciles à corrompre pour m'aider à obtenir une certaine matière première, mais de l'herbe, n'importe quel idiot peut en dealer. Ce qui me permet réellement de garder un train de vie confortable nécessite des produits beaucoup plus élaborés. Du genre de ceux que je ne peux plus récupérer comme bon me semble dans les réserves de la pharmacie de l'hosto à cause de leur nouvelle histoire de badges !

Avec ça, mes dernières réserves arrivent à épuisement. Il devient urgent de trouver une solution ! Hideko a beau m'avoir relativement lâché la bride sur mes activités officieuses, elle a été très claire sur le fait qu'il me faudrait me démerder seul. Inutile d'espérer la convaincre.

Ma journée de travail à l'hosto terminée, j'ai donc décidé de m'occuper de ce détail dans la soirée. Après être repassé chez moi pour enfiler une tenue plus adaptée (à savoir jean, blouson, baskets et bonnet) je file en direction de la porte d'entrée de Terrae. Évidemment, ce n'est pas parce que la nuit est proche que le système de sécurité va se mettre en pause. Mais ce sera plus simple de mener ma petite enquête une fois le rythme de passage plus faible. Pourtant, j'arrive à peine à hauteur des grilles qu'un arc électrique se dessine au loin, attirant naturellement mon attention. Il n'en faut pas plus que je prenne la direction de la source de cette lumière suspecte.

C'est à ce moment que je la vois. Une silhouette indiscutablement féminine, plantée à côté de l'une des nombreuses barrières qui "protège" Terrae, visiblement très concentrée sur je ne sais quoi. Curieux, je l'observe quelques secondes à faire ce qui ressemble à des tests électriques, tout en prenant certaines notes.

Bien sûr que j'avais l'intention de finir par m'approcher pour annoncer ma présence et essayer d'en savoir plus sur le but de cette étrange manœuvre. Mais on dirait que le destin n'a pas très envie de me laisser le choix de mon approche. Tout juste deux secondes s'écoulent entre le moment où elle balance je ne sais quoi sur la barrière et celui où je ressens une douleur vive au niveau de l'épaule, m'arrachant un grognement de douleur (mais c'est la surprise hein !! C'est juste que je m'y attendais pas, sinon j'suis hyper résistant à la douleur faut pas croire !) des moins discrets. Ok, l'heure n'est plus à la réflexion. Ignorant tant bien que mal les flashs que m'envoie toujours mon épaule, je fais quelques pas en direction de la jeune femme tout en prenant la parole.

- "Ouah, c'est quoi l'plan, transformer un outil de défense en arme à distance ? Parce que t'es pas loin du résultat là."

Ma mauvaise humeur récente (mais eh, j'aime pas me faire caillasser sans aucune raison !) légèrement camouflée derrière un ton ironique, je m'arrête à deux bons mètres de la demoiselle. La lumière déclinante ne me permet pas de visualiser avec précision l'intégralité de ses traits, mais j'en vois bien assez pour être sûr de ne jamais avoir croisé cette fille. Bien foutue et plutôt jolie, je m'en souviendrais. Et sa signature énergétique reste assez faible. Pas une master donc.

Quoi qu'il en soit, je n'en dis pas davantage. Je ne sais absolument pas qui elle est. Et pour une fois, ce n'est pas moi qui me fait surprendre à faire des trucs chelous, autant en profiter pour écouter ce qu'elle a à dire. Après tout, elle peut tout aussi bien bosser à la protection de Terrae et faire de stupides tests sur cette barrière.

"Shponk". Derrière elle, enfin, quelque part autour, Mira n'en savait rien, quelque chose avait réceptionné son projectile. Arrêtant la pointe du crayon au-dessus du papier, elle finit très lentement la croix qu'elle venait de dessiner en serrant des yeux sceptiques. En fait, elle était presque certaine qu'un grondement venait de retentir, et ça n'avait pas l'air agréable. Quelqu'un s'était pris la pierre ? Amusant ça, comme le hasard fait bien les choses. L'italienne effaça le sourire qui venait de s'afficher sur son visage ... il fallait dire que c'était drôle d'imaginer qu'un pauvre type était venu pile sur la trajectoire de la pierre, et encore plus si ce même gars était en train de l'espionner !

Et voilà que le coupable s'approchait ... celui-là, s'il était surveillant ou professeur, Mira aurait définitivement perdu espoir en l'institut. Cheveux décoiffés, piercings sous les lobes d'oreille, tatouages entre les plis des fringues ... beau tissu, d'ailleurs, mais bien étrange à porter pour un homme à l'air aussi rebelle. Son idiome ne laissait pas plus de doute, il était né dans la rue et y avait grandi. C'était presque mignon, cette manière de se plaindre tout en amorçant une approche. Et donc, il s'attendait à des excuses ? Le pauvre petit ... il avait certainement très bobo.

- Hmhm ... la visée n'est pas au point, j'aurais aimé toucher la tête.

L'accent italien de Mira rendait son intonation plus insolente encore, mais le sourire en coin qu'elle arborait témoignait tout de même d'un sous-sens plaisantin. C'était sa manière à elle de changer de sujet, elle n'aimait pas devoir demander pardon et de toute façon, celui-là, il n'avait pas l'air de spécialement apprécier la gentillesse.

Mais c'était tout de même intéressant ! Le courant était assez fort pour décupler la vitesse d'un projectile ... sans vraiment savoir pourquoi, la jeune femme reprit néanmoins son carnet pour y noter "potenziale trattamento". "Trattemento", ou friandise, était le mot qu'elle employait pour désigner ce qu'il ne valait mieux pas mentionner. C'était une information utile, aux yeux de l'italienne, très utile, mais très situationnelle. Elle releva le nez une première fois vers le jeune homme, avant de le rabaisser ... puis de le relever une nouvelle fois, après avoir réalisé qu'il l'observait sans bouger. Avec un soupir, elle laissa ses épaules tomber, le carnet et le stylo tapant contre ses hanches, puis, elle désigna du bout de ce dernier la grille en face d'elle.

- J'essaye de forcer la barrière, ça m'empêche de sortir et j'ai très envie de ... "visiter" Tokyo.

Et par visiter, elle entendait traîner dehors jusqu'à ce qu'elle trouve la trace d'un réseau underground et puisse y trouver un quelconque intérêt. Elle avait besoin d'expérimenter ses pouvoirs ! Sur des gens vivants ! Oui, c'était cruel, mais la nature EST cruelle ! Dieu est cruel ! Rien n'a jamais été construit sans que des ouvriers soient ensevelis sous des gravas ... alors il fallait sortir.

Hésitant sur le carnet, Mira tapotait la feuille du bout du stylo, visiblement en pleine réflexion. Qu'est-ce qu'elle pourrait essayer d'autre ..? Son regard dériva une nouvelle fois dans les yeux marrons du nouvel arrivé. Pendant de longues secondes, elle le considéra avec une malice cachée derrière ses pupilles océanes. Elle laissa finalement couler un "hm", considérant alors le jeune homme comme l'une des solutions théoriques à son problème. Il avait l'air serein malgré le projectile qu'il avait reçu elle ne savait où, peut-être qu'il essayait de faire le gaillard pour l'impressionner. Dans ce cas ...

- Dis-moi ... Elle laissa glisser son crayon sur le bras du garçon aux mèches argentées. Tu veux bien m'aider ? J'aurais besoin que tu ailles secouer la grille très fort pour voir si elle peut céder.

Et ... sourire. Elle lui adressa sa mine la plus suppliante ... ou du moins, suppliante d'une manière assez provocante. Le bout du stylo s'arrêta sur le biceps de son interlocuteur, appuyant dessus comme pour le tester. Hm. Il était assez ferme. C'était utile ce genre d'atout, pour un pion.

Toucher la tête... Bah voyons. Il faudra donc se satisfaire d'un sourire sarcastique en guise de réponse à cette provocation ouverte. On dirait bien qu'il a fallu que je tombe sur une nana au caractère pourri. Bien sûr que des excuses auraient été appréciées ! Avec courbette et yeux larmoyants si possible. J'aurais pu négocier une remise de peine, la laissant bien s'en tirer si elle devenait mon esclave et... Ouais ouais, ok, c'est mort pour ce scenario. Dommage. Surtout avec cet accent italien, ça m'aurait vraiment plu.

Nan mais en vrai j'en ai rien à foutre. Bien sûr que je ne vais pas m'énerver pour si peu. Par contre, j'ai très envie de savoir ce qu'elle fout là. Est-ce qu'il faut vraiment que je m'attende à un nouveau plan farfelu pour nous empêcher d'avoir accès à un approvisionnement clandestin, ou est-ce que au contraire, je pourrais trouver chez la miss gothique un potentiel soutien ? Mais en fait... La réponse fuse avec un tel détachement que j'ai presque du mal à croire ce que je viens d'entendre. Ce qui doit se voir à mes yeux qui s'agrandissent sous le coup de la surprise.

- "Tu sais que dire ce genre de trucs pourrait t'attirer pas mal d'emmerdes..."

Bon ok, ça doit être écrit sur mon front que je ne suis pas le genre de mec à trainer dans les pattes de la directrice, mais quand même ! Mais ouais, au final c'est plutôt bien joué, parce que je finis par baisser ma garde. Ça pourrait n'être qu'un stratagème pour m'amener à avouer ne pas être ici dans un but beaucoup plus louable, mais elle non plus n'a pas franchement l'étiquette de la jeune fille modèle.

- "Sérieux... ? Ces grilles sont faites pour résister à la force des Titans. Pas besoin d'être Voyant pour savoir que les secouer ne changera rien."

Pourquoi est-ce que je m'emmerde à apporter une réponse rationnelle à une demande qui n'avait pour seul but manifeste que de me faire chier ? J'sais pas. Sûrement parce que c'est une meuf, elle a droit à un joker. Quoi qu'il en soit, on dirait bien qu'on a un objectif qui va dans le même sens, alors il serait peut-être intelligent d'essayer de mutualiser nos efforts pour passer au-delà de cette interdiction relou.

- "Cette barrière est mise en place et vérifiée constamment par des masters. Ça ne sert à rien d'essayer de la briser. Encore moins avec tes pouvoirs. Le mieux, ce serait de trouver un endroit totalement à l'abri des regards, et des caméras évidemment, et de se faire un passage. En dessous ou au dessus. Enfin, si tu veux vraiment pouvoir te barrer tranquillement, le mieux c'est encore de te trouver un cristal de téléportation. Mais faut avoir accès à la réserve."

Je suis quand même vachement sympa, à lui apporter toutes les solutions sur un plateau ! Nan mais on ne sait jamais, des fois qu'elle réussisse vraiment à trouver un moyen de faire le lien avec l'extérieur, ça m'arrangerait bien !

- "En attendant, il faut se contenter de ce qu'on peut trouver à Terrae. Ça fait longtemps que tu traines dans le coin ? J'veux dire, pour avoir autant envie de te barrer que tu te retrouves à balancer des cailloux en espérant que ça marche."

Ça va, le coup de la visite je le connais.

Eh beh ? C'était quoi ce regard d'un kilomètre de large ? Est-ce qu'elle l'avait sous-estimé, ou bien est-ce qu'il aimait juste se donner un genre qui ne lui allait pas du tout ? Pourvu que ce ne soit pas l'un de ces idiots soumis à l'autorité comme un chien à son maître. Et Mira s'en foutait pas mal de ce genre d'emmerdes, après tout, c'était la faute de l'institut en premier lieu, c'étaient eux qui les avaient enfermés ici. Tout ce que la jeune femme essayait de faire, c'était réparer le tort qu'on leur causait en les forçant à rester dans l'enceinte de ces murs !

Tout ce que fit l'italienne c'est répondre avec un haussement d'épaules indifférent. Evidemment qu'il ne voulait pas non plus essayer d'aller décrocher les grilles ... ça aurait été amusant, quand même ! Tant pis, il devait être habitué à vivre ici et prendre un local pour un demeuré, ça n'aurait certainement pas marché à la base. Mais ça valait le coup d'essayer et pour le peu qu'elle puisse dire, Mira n'avait aucun regret. C'était quoi un Titan, exactement ? La brune haussa un sourcil extrêmement surpris, et tout aussi confus. Est-ce qu'il s'attendait vraiment à ce qu'elle comprenne de quoi il parle, cet imbécile ?

Par contre, et gros, très gros point positif pour l'idiot en question, il n'avait pas perdu de temps en dialogue inutile et avait apporté beaucoup d'informations utiles à l'italienne. Au fur et à mesure de ses mots, le blanc-bec (ou Blanche-neige, au choix), parvenait à s'accaparer de plus en plus l'attention de la jeune femme. Elle finit même par lâcher un sourire qui laissa s'entrevoir le bout de ses dents de droite. C'était un sourire en coin, il ne fallait tout de même abuser, et il débordait de malice. Finalement, elle se tourna même pour lui faire face. C'était extrêmement rare que Mira regarde quelqu'un dans les yeux en lui parlant, mais l'inconnu avait marqué un bon point en faisant mouche.

Des caméras, des cristaux et de la téléportation. C'était amusant, mais elle était presque sûre d'avoir déjà entendue une histoire de la part de sa nourrice qui contenait les mêmes éléments. Et dire que même à l'époque elle trouvait que c'était un récit stupide, jamais elle n'aurait cru vivre quelque chose de sensiblement similaire. Enfin, elle avait tué l'assassin de ses parents avec un taser invisible au bout de son doigt, Mira avait assez de fantaisies en mémoire pour croire à des curiosités pareilles.

Elle dut avouer une certaine déception, manifestée par son sourire qui s'effaça ainsi qu'un haussement de sourcil qui témoignait d'une certaine lassitude. Et dire qu'il avait fait bonne impression, mais il semblait avoir abandonné bien vite. Bon ... il avait été quand même utile, Mira aurait été cruelle de lui en vouloir parce qu'il était persuadé que c'était impossible de sortir. Expirant lourdement par le nez, la brune croisa les bras sous sa poitrine, en secouant la tête. La question, doublée d'une blague de la part du jeune homme ne fit même pas lever un pli de lèvre chez l'italienne. Elle se contenta de répondre sèchement.

- Moins d'une semaine. Mais j'ai des choses que je veux faire.

Faisant claquer sa langue contre son palais, elle serra ses paupières, s'arborant de ce regard qui ne faisait qu'accentuer son allure clichée de gothique. Heureusement qu'elle n'avait pas de bijoux à pointes, sinon, n'importe qui y aurait cru.

- Voler la réserve, ce serait trop voyant ... mais comme je l'imagine ça pourrait être facile. Creuser en dessous ? Hm ...

Elle réitéra le processus de ramasser un caillou, le serrant dans sa paume en faisant un pas vers les grilles.

- Je vise la tête, cette fois.

Oui, c'était une tentative de plaisanterie, qu'il comprenne ou non, c'était son problème. En tout cas, la pierre qu'elle lança rebondit contre une surface invisible au-dessus des grilles. S'il y avait un truc au-dessus, c'était qu'il y avait certainement la même chose en-dessous. Mira soupira lourdement, lassée par ces tentatives inutiles et retourna vers le jeune homme, avec une mine frustrée au possible.

- J'ai l'impression d'être en prison. Hé, comment tu t'appelles, Blanchette ? Qu'est-ce que tu fais pour pas crever d'ennui, ici ? Y a un cinéma, de l'alcool, de la drogue, quelque chose ?!

A peine arrivée et déjà plein de choses à faire ? Eh bah, elle ne perd pas son temps. Mouais, je préfère ne pas repenser à ce que j'ai pu faire pendant ma première semaine à Terrae... Décalage horaire, tout ça... Mais une nouvelle qui cherche déjà un moyen de se barrer discrètement, forcément que ça m'intéresse. Et au moins, je n'ai pas à tenter des chemins détournés pour obtenir des réponses, puisqu'elle est toujours aussi directe.

Quoi qu'il en soit, elle doit en venir rapidement à la même conclusion que nous tous. Ce portail est impossible à franchir. Le meilleur moyen reste encore de réussir à tromper le gardien pour passer par la porte principale, mais ce n'est pas forcément une tâche beaucoup plus aisée. Enfin je suis vite ramené à la réalité par son annonce. Viser la tête ? Non, ça n'me fait pas rire. Eh, ça fait mal cette connerie !! Pourtant, je ne dis rien, me contentant d'une légère grimace pour traduire mon état d'esprit actuel, l'observant poursuivre ses tests. Et telle une girouette, la miss abandonne ses beaux projets pour un tout autre sujet. Profitant au passage de l'occasion pour me trouver un surnom ridicule.

- "Tiago. Et tu f'rais mieux de t'en souvenir, parce que si tu veux trouver un moyen pour t'éclater malgré tout ici, je suis exactement celui qu'il te faut !"

Mon ton râleur du début de phrase laisse petit à petit place à une assurance classique qui revient bien vite. Eh ça va, ce n'est pas non plus un secret que pour tout ce qui est produits de consommation illégale, j'ai toujours un plan à portée de main.

- "Allez, vire donc cette gueule blasée là, avant de vouloir te barrer, vient donc découvrir ce qu'il peut y avoir ici."

Bon, échec pour le plan ravitaillement extérieur. Oh, je ne perds pas totalement espoir. Et peut-être même que cette nouvelle connaissance pourrait finalement m'y aider. Mais vu l'air dépité qu'elle me tire à présent, autant passer sur un autre sujet. D'autant plus avec une telle entrée en matière ! J'en profite donc pour tirer un paquet de clope de la poche de mon jean, calant l'une d'entre elles entre mes lèvres, avant d'en proposer une à la demoiselle face à moi. Bah, après ce qu'elle vient de me balancer, je m'attends un peu à ce qu'elle fume ouais...

- "Mais pour ça, il va falloir bouger d'ici, parce qu'il n'y a franchement pas grand chose à faire. A part espérer trouver une échappatoire. D'ailleurs, c'est à ton tour de me donner ton nom ! Et, si tu m'disais d'où est-ce que tu viens avec ça ?!"

Non, cette dernière question n'est pas totalement anecdotique. Bien sûr que j'ai reconnu l'italien qu'elle utilise pour parler, mais j'ai bien envie de savoir si elle vient vraiment de ce pays d'origine. Des ritals, j'en ai côtoyé plusieurs, que ne vivaient pourtant chez eux ! Et c'est pas forcément ceux que je préfère...

Blanchette, alors. Et Mira s'en souviendrait si bon lui semble, parce que personne ne dit quoi faire à Mira, même quelqu'un qui lui procure un quelconque intérêt. Mais où était donc passé le grincheux qui l'avait approché ? Tout ce qu'il y avait en face d'elle, désormais, c'était un petit garçon qui venait de s'exciter en donnant de l'espoir à l'italienne. Il avait intérêt à parler de ce auquel elle pensait, lorsqu'il employer le mot "t'éclater", sinon, ce serait une grande, très grande déception.

Et ce n'était pas une gueule blasée, c'était son expression naturelle, ça gardait les emmerdeurs loin et n'attiraient que les plus courageux. Et même, ce qu'elle voulait trouver, à l'extérieur, ça l'étonnerait que Terrae l'autorise, de toute manière. Il lui fallait une arme, quelque chose, n'importe quoi, mais sa maîtrise de la magie était bien trop inférieure à celle des autres pour qu'elle puisse vouloir s'y fier. Alors, pour jouer d'égal à égal avec les autres membres de cet institut, Mira en était venue à la conclusion logique qu'il fallait s'armer en toute discrétion. C'était pour cette raison, qu'elle haussa un sourcil traduisant sans doute un "bitch please", à l'invitation à à découvrir qu'avait formulé Tiago.

Mais quand bien même elle toise, toise et toise encore, elle apaise quelque peu ses traits lorsque le jeune homme a la décence de lui offrir une cigarette. Oh, elle avait les siennes, mais l'italienne ne tournait jamais le nez aux choses qu'on lui offre, question de politesse ... mais surtout de profit. Elle prit son propre briquet pour l'allumer, dégageant au passage, ses longues mèches brunes qu'elle manqua de cramer. Et, surprise !

- Merci.

Mira n'était pas une ingrate, il était important de remercier la générosité. Tirant d'une grande inspiration dessus, la jeune femme relâcha la fumée de ses poumons comme s'élève un saint. Après autant de frustration, ça faisait du bien de pouvoir libérer l'accumulation, son humeur se débrida un peu. Secouant ses cheveux pour les remettre en arrière, comme une vraie diva, elle passa sa main entre les mèches pour les dégager de son front.

- C'est Mira, je suis de Florence, en Italie. Tu en as sûrement entendu parler ... "la plus belle ville du monde", presque à la hauteur de sa réputation.

Avec un bras croisé sous la poitrine, et un coude posé sur celui-ci, elle reporta à nouveau la cigarette à ses lèvres. Le ton de Tiago ne lui avait pas échappé, à la question de son accent. Le jeune homme était très brusque, oui, mais dans ces paroles-ci, elle avait senti un semblant d'appréhension. Dire de la peur serait certainement exagéré ... de la méfiance, peut-être ? Quoi qu'il en fut, les sourcils de Mira se serrèrent pour lui offrir un regard presque noir, mais pas tout à fait.

- Tu as quelque chose contre les italiens, peut-être ? Sache que peu importe qui tu as rencontré, ils n'auront rien à voir avec ce que moi, je suis.

Très peu de chances qu'ils soient aussi riches, déjà, et ensuite, encore moins de chances qu'ils lui arrivent à la cheville. La famille Delacorte était une noble descendance qui s'élevait au-dessus du lot. Cette pensée expliquait d'ailleurs le ton hautain qu'avait pris l'italienne lorsqu'elle l'avait exprimée. Avec lui, elle pouvait certainement se permettre de ne pas faire l'effort d'étouffer sa personnalité ... "tranchante". Il avait l'air d'aimer en prendre plein la gueule.

- Et donc il faudrait bouger où, pour se distraire ? Si tu me dis ta chambre, il va me falloir au moins plusieurs cigarettes de plus et de l'alcool pour pouvoir l'accepter. Déjà que l'odeur des dortoirs Feu s'infiltre jusque dans la mienne ...

Ouah. Je ne pensais que les remerciements pouvaient faire partie du vocabulaire de cette fille. Bien sûr que ça m'arrache un sourire. Une autre chose de plaisante ? Après des semaines d'entrainement ça y est, je retrouve enfin mon indépendance vis à vis des briquets. Bon, c'est toujours plus facile d'allumer sa clope en étant Feu, mais Baxter le faisait très bien avec son pouvoir d'élec, alors je savais que je pouvais réussir à faire s'embraser ce tabac en étant passé Tonnerre. On passera sous silence les nombreuses tentatives qui m'ont seulement laissé les cheveux dressés sur la tête. Parce que là ça marche, c'est trop classe, il n'y a rien de plus à dire !

- "La plus belle ville du monde... Ahah désolé, y a peut-être des jolies filles là-bas, mais pour moi la plus belle ville, ça restera Cali, et c'est en Colombie !"

Parce qu'il faut quand même remettre les choses au clair ! Ouais je sais, objectivement ce n'est sûrement pas la meilleure ville qui soit, mais au moins on a un accès à l’océan ! Je garde un ton léger parce que cette nana réussi à plomber l'atmosphère sans même avoir besoin de prononcer un seul mot (ok, ce secouage de cheveux était quand même un peu hypnotisant). D'ailleurs, sa phrase suivante n'a surement pas pour vocation d'améliorer l'ambiance.

- "Contre certains italiens pour être précis. Je n'te compare pas à eux, mais pour ce qui est de savoir s'ils n'ont rien à voir avec toi... J'imagine que je ne le saurais pas aussi facilement."

Une phrase volontairement ambiguë. Les gars qui sont venus foutre la merde dans le business familial, ceux qui sont en grande partie responsables de mon arrivée à Terrae, ils parlent italien. Ils sont italien. Mais ils viennent des US, Florence, c'est la première fois que j'en entend parler. Pourtant, avec cette assurance indécente qu'elle me renvoie à la figure en seulement quelques minutes, je ne peux pas m'empêcher de faire un certain rapprochement avec cette arrogance insupportable qui se dégageait de chez ces types ! Comment l’hôpital, la charité et un certain foutage de gueule ? Nan mais les ritals ils sont insupportables, c'est tout.

- "Mais je dois quand même reconnaitre que vous faites de super bagnoles, et que vos fringues sont plutôt sympas aussi."

Bah, on peut ne pas aimer un type mais admettre son savoir faire dans certains domaines... Et il y a certaines marques de là-bas dont je ne me lasserais pas. Mira a beau avoir l'air antipathique de base, finalement, elle n'est pas réticente à l'idée de bouger. Avec une remarque qui provoque un léger rire amusé. Est-ce qu'elle est sérieuse ? En fait, je m'en fiche.

- "Tu peux venir dans ma chambre quand tu veux, il y a effectivement plein de choses intéressantes à faire mais, peut-être que je s'rais un peu déçu que tu t'laisses avoir si facilement."

Un ton parfaitement provoquant en prononçant ces mots, j'adopte le sourire qui va avec. Eh, c'est mérité ! Après tout, c'est elle qui se la joue meuf inatteignable, bien sûr que je ne m'attends pas à avoir ce plaisir sans fournir le moindre effort. Même s'il faut reconnaitre qu'elle est physiquement très attirante. Ce n'est donc pas de l'Institut que je prends la direction, mais bien de celle du centre ville, beaucoup plus proche.

- "Et donc, t'as atterri chez les Feux. Et avec c'que je viens d'voir, Marionnettiste j'imagine." Je crois qu'à ce moment là je comprends un peu mieux tous ces gens qui me tirent la gueule de "ahah on l'aurait jamais deviné..." quand je leur balance mon affinité. "Du coup, pas d'chance. Tu pourrais manier le meilleur élément et tu t'retrouves bloquée avec cette saloperie d'électricité au bout des doigts. Enfin, d'après ce qu'on voit depuis que cette éclipse est venue foutre la merde, tu ne devrais pas trop tarder à découvrir un nouveau pouvoir."

Je prends le chemin principal qui amène vers le village de Terrae, où on peut déjà apercevoir les enseignes lumineuses de certains établissements au loin, le soleil étant désormais totalement couché.

- "Alors, est-ce qu'un bar underground pourrait te satisfaire ? Ou est-ce que t'es plus une adepte des fast de la haute, à aller flamber au casino ? Dans les deux cas, on y trouve alcool et clopes sans problème..."

Bien sûr que je sais jouer et vu comme cette fille a l'air d'avoir du répondant, je ne vais pas me priver. Mais je dois reconnaitre avoir encore du mal à cerner ce que pouvaient réellement être ses habitudes avant de venir ici. Elle doit indiscutablement provenir d'un milieu "supérieur" vu son comportement, mais son style rebelle me laisse interrogateur.

Evidemment qu'il ne pouvait pas la comparer avec eux, elle était incomparable. De toute manière, elle l'avait averti, il n'y avait rien chez elle qui pouvait s'apparenter aux gens du commun. Ce qui était bien avec Blanchette, c'est qu'il posait lui-même les barrières que Mira imposait d'ordinaire. C'était drôle à entendre, et en même temps, assez plaisant. Il en faudrait plus pour lui faire baisser sa garde, cependant, le masque froid et analytique de l'italienne était solidement accroché. Personne n'a jamais réussi à le faire tomber sans l'énerver.

Et visiblement, Tiago était inculte, comparer l'Italie à la Colombie, c'était peser l'or contre du bronze. Il n'y avait qu'à voir le taux de criminalité, là-bas, ils ne connaissaient que la drogue, au moins, à Florence, il y avait la culture du beau, du raffiné. Mira se fiche pas mal des voitures, mais niveau fringues, il avait touché juste. S'il l'avait vue dans ses habits "normaux" ... ç'aurait été marrant, déjà qu'elle sentait bien qu'il appréciait son apparence. Qui ne l'appréciait pas, finalement ? Ce n'était rien de très anormal, la nature l'avait bénie de son don et il y avait le côté négatif d'être admirée en permanence.

Pour preuve, le jeune homme dériva immédiatement sur le fait que, finalement, ça dépendrait d'elle. Donc c'était à elle de ne pas rendre les choses faciles ? "Compte là-dessus", exprima-t-elle avec un regard de haut, articulant un semi-sourire en coin. En tout cas, Dieu merci, ils ne retournaient pas au sein de l'établissement. Le sens de l'orientation de Mira était bon, pour quelqu'un avec une logique aussi implacable, l'inverse aurait été triste. Elle devina qu'ils allaient vers le village, notamment grâce à ce qu'il lui avait dit plus tôt.

Lorsqu'il mentionna les deux possibilités qui lui vinrent à l'esprit, l'italienne n'hésita pas une seule seconde. Avec une brève et violente expiration, elle répondit sur le ton de l'évidence.

- Evidemment que je préfère le casino.

En plus, elle avait de l'argent à écouler, de toute manière, il y avait cette affaire avec le bourgeois du centre qui allait lui rapporter gros. Selon Hortensia, on pouvait considérer qu'il avait déjà acheté sa cuvée, et par la Providence, quelle quantité. Elle verrait l'argent arriver prochainement sur le compte du domaine, si l'on en croyait l'assistante. Déjà que celui-ci était bien garni ... Mira aimait l'argent et Mira avait hâte. Alors, si elle pouvait réussir à en gagner ici à son propre profit, alors elle ne se ferait pas prier.

S'ensuit un léger moment de flottement dans les pensées de l'italienne, un enchaînement de maillons vint la ramener en arrière. Il lui avait dit "Si tu veux trouver un moyen pour t'éclater malgré tout ici, je suis exactement celui qu'il te faut !" ... c'était ambigu comme parole, ça, non ? En fait, depuis plusieurs longues secondes, sans qu'elle s'en rende compte, elle le fixait droit dans les yeux, comme si elle cherchait la réponse à la question qu'elle n'avait pas posé. Plus étrange encore, elle le faisait avec un sourire optimiste, rayonnant d'opportunisme. Et d'un seul coup, elle libéra son venin.

- C'est toi qui fais passer la drogue à Terrae, hein ? Ca te rapporte beaucoup ? On m'a dit qu'il y en avait beaucoup qui consommaient, et t'as plus la mine heureuse du gars qui vend que la mine heureuse du gars qui achète.

Elle était presque sûre de son coup, le sous-entendu, sa manière d'être ... le fait qu'il parle de la Colombie comme d'un foyer. Si elle s'était gourée, alors elle aurait juste l'air idiote, et elle se fichait pas mal que l'on pense ça d'elle. Ce qu'elle cherchait à l'extérieur pouvait très bien exister à l'intérieur, après tout ...

- Alors, combien ?

Est-ce que sa réponse paraissait si évidente ?

- "Eh, j'te connais juste depuis cinq minutes. Et puis t'étais quand même en pleine rébellion contre les règles de Terrae, à tenter de briser cette pauvre barrière, t'aurais tout aussi bien pu être du genre insoumise à aimer les endroits fréquentés par d'autres contestataires. Mais bon, casino ça m'va aussi !"

Un léger haussement d'épaules accompagne ces mots, sans que ça ne provoque en moi le moindre agacement. Non, cette fille est particulière, il n'y a pas à dire, je crois que j'ai bien envie d'en apprendre plus sur elle. Et sur la raison qui lui donne une telle assurance malgré son arrivée hyper récente. Parce que qui dit arrivée récente dit Vide ressentit récemment, et les symptômes de cette merde ont généralement tendance à nous laisser plus amorphe qu'anarchique.

- "Quoi ? J'ai encore les cheveux dressés sur la tête ?" Cette auto-réflexion suite à son regard insistant m'amène rapidement à me passer une main dans les cheveux, constant que tout est en ordre là haut. "Ou alors tu viens juste de capter à quel point j'suis beau gosse ?"

C'est pas de ma faute si elle me mate en silence depuis quelques secondes, rendant l'atmosphère un peu trop lourde. Mais l'explication qui suit me laisse sans voix, les yeux grands ouverts alors que je m'arrête de marcher, avant de laisser échapper un rire franc pour reprendre ma route. Et en plus elle me demande combien ?! Ouah, cette meuf est vraiment à part !

- "T'es sérieuse ?! J'te demanderais bien ce qui te fait penser une telle chose, mais il y a un peu trop de caméras partout pour ça !"

Et pour preuve, je lui pointe un lampadaire effectivement équipé, prêt duquel on passe actuellement. Ce qui ne m'empêche nullement de jeter le mégot de clope qu'il me reste sur le bas côté, sans me soucier de questions environnementales.

- "Enfin, c'est pas comme si c'était un secret non plus. J'imagine qu'il n'y a pas grand monde parmi les masters qui ignore encore comment j'améliore mes rentrées d'argent. Même si c'est un peu plus compliqué que ça. Les règles du jeu ici sont très différentes de celles qui ont lieu dans le reste du monde."

Je marque une légère pause, réfléchissant au passage à la réponse correcte à apporter. Bien sûr que je ne peux pas répondre directement à toutes ses interrogations. D'ailleurs, sa façon de présenter les choses me laisse également perplexe. Elle semble vouloir se procurer de quoi s'amuser autrement qu'avec simplement de l'alcool, mais en même temps, elle parait assez loin des junkies ou des teufeurs que j'ai l'habitude de côtoyer.

- "Mais c'est vrai. Les consommateurs ne manquent pas. Par contre, l'accès à la matière première est plus complexe. Alors, sauf s'il s'agit simplement d'herbe, je ne te donnerai pas de prix, parce que je ne compte pas te refiler quoi que ce soit dans l'immédiat."

C'est sûrement risqué, parce que cette fille a manifestement de l'argent. Et qu'elle pourrait facilement faire partie des clients qui rapportent gros. Surtout avec les difficultés de plus en plus fortes pour se procurer des produits corrects.

- "C'que j'te propose, c'est qu'on passe la soirée ensemble. Au casino puisque c'est apparemment évident qu'il te faut au minimum ça. Et ensuite, suivant comment ça s'est passé, je pourrais réfléchir à répondre plus précisément à ta dernière question."

Ces derniers mois, je fais de plus en plus attention à connaître mes clients. Pas pour une question de confiance, après tout, Hideko m'a déjà complètement grillé sur ce sujet, je n'y aurais aucun intérêt. Mais bien parce que j'ai décidé d'évincer la concurrence dans ce milieu pour pouvoir gérer l'intégralité de ce réseau parallèle au sein de Terrae. Et si je suis déjà bien connu dans le milieu, ce n'est pas en acceptant de fournir n'importe qui que je parviendrai à gravir les échelons restant.

Les caméras ... saloperie. Mira les avait remarquées plus tôt et elle pensait avoir trouvé un coin des grilles où il n'y en avait aucune. Enfin, elle avait bien un doute, mais celle qui l'inquiétait était tout de même relativement loin, alors, elle ne devrait pas avoir de soucis par rapport à ça, et de toute manière, elle pourrait dire qu'elle s'ennuyait. Pour peu qu'ils soient un peu cons, à l'administration, ça passerait.

Le bonhomme s'arrête à la réflexion de l'italienne, avant de commencer à rigoler ... putain, encore un abruti qui riait à tout va. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait l'impression qu'on se fout d'elle avec un rire, et ça, elle n'aimait vraiment pas ça. Elle lui adressa un regard aussi froid que serré, ces têtes à claques qui jubilaient de trop, la jeune femme avait envie de leur foutre des pains bien mérités. Enfin, ce serait du gâchis que de jeter une ouverture sur le réseau underground de Terrae sur une impression. Alors, pour faire passer la pilule, elle tira juste sur sa cigarette en détournant le regard.

Bien sûr qu'elle était sérieuse, merde ! Mira ne plaisante jamais question affaires, et encore moins lorsqu'il s'agit de business illégal ! En plus, il fume vite celui-là ... l'italienne avait encore un tiers à griller. Et, en plus, il était surveillé ?! Les autorités de Terrae étaient au courant ?! A partir de maintenant, il fallait faire gaffe, alors, l'italienne n'avait pas envie qu'on la fiche comme étant une délinquante, ou elle ne savait quoi ! Elle n'avait rien dit de son passé de criminelle non plus, même s'ils devaient s'en douter, avec l'assassinat de ses parents ...

Il fallait creuser plus, le blanchet ne l'aidait pas niveau information, et pourtant, c'était le meilleur filon qu'il y avait au sein de l'institut. Enfin, il fallait y penser ! Un endroit rempli de dépressifs et de gens victimes de syndromes post-traumatiques, évidemment que ça incarnait une demande incroyable. Mira avait tellement de questions qui relevaient du plan des affaires en tête, là, maintenant, mais il n'avait pas l'air de vouloir continuer sur ce sujet pour l'instant. Il faudrait attendre, malgré l'impatience, il fallait dire qu'à peine avait-elle quitté son domaine que l'italienne avait déjà le mal du pays. Reprendre les rennes de l'organisation de son père avait été compliqué, mais passionnant, elle aurait aimé prendre part une seconde fois dans des affaires ombrageuses.

Tout ça était excitant ! Pour la première fois au sein de cet institut, la brune anticipait avec hâte ce qui suivrait, c'était vivifiant. Hey, au moins ça voulait dire qu'il ne prenait pas son business pour de la merde, et ça c'était bon signe. Finalement, après considération, Mira préférait qu'il lui ait dit ça, plutôt que l'inverse. Il était clair, et elle allait se permettre de faire la même chose, tout simplement parce qu'elle adorait que tout soit à plat. Alors, elle s'arrêta un instant, avant de s'approcher du latinos, s'adressant à lui en murmures.

- Bien. Je vais t'expliquer ce qu'il va se passer entre toi et moi. J'achèterai ce que tu vends une fois que tu auras décidé que j'en vaux la peine. Si j'aime ce que tu refourgues, je consommerai encore et je te ferai de grosses rentrées d'argent. Autre chose, je ne veux pas que l'on me considère comme autre chose qu'une résidente modèle, si tu me dis que la direction est déjà au courant de tes activités, ça change pas mal de choses pour moi.

Quand bien même la directrice l'autorisait, il n'empêchait que l'usage et la consommation de drogues avaient une mauvaise image en général. Mieux valait jouer la sécurité et ne pas se coller une image de junkie détraquée, déjà que son caractère lui attirait assez d'ennuis comme ça ...

- A partir de maintenant, on ne parlera drogue que dans ta chambre ou la mienne, par souci de discrétion. Vu ?

Bon, elle venait de faire un discours de maniaque, mais sa réputation valait la peine de passer pour une folle auprès d'un type. Pourtant, elle n'avait pas été agressive, dans ses explications, au contraire, elle avait essayé de la jouer un peu ... "douce" ? Elle voulait que sur la caméra, ça ait l'air d'un genre d'approche, ou elle ne savait quoi que faisaient les idiotes désespérément en quête de compagnie. Finalement, relevant un regard plus calme que l'oeillade d'excitation qu'elle avait balancé pendant l'intégralité de ses explications, elle posa sa voix au fond de sa gorge pour revenir sur le sujet alternatif de cette virée.

- Il est loin ton casino ?

J'ai toujours un peu de mal à bien cerner cette fille. Pourtant, elle ne se braque pas immédiatement à mes remarques. On dirait même qu'elle y prête assez attention. Cela dit, j'étais un peu étonné par le fonctionnement de cet endroit quand je suis arrivé. Il faut dire que notre monde est largement ouvert, la circulation des marchandises est globalement très simple. Rien à voir avec la surveillance qui règne à Terrae. Et toujours cette assurance indécente quand elle s'adresse à moi.

- "T'inquiète, j'ai pas pour habitude d'en parler n'importe où. Ni de filer quoi que ce soit sans m'assurer de l'endroit. Et puis, tant que tu n'fais que consommer, t'as rien à craindre."

Les mains désormais enfoncées dans les poches, je prends un ton plus sérieux pour ajouter cette dernière phrase, tout en diminuant légèrement le volume sonore. Non, si on me fait chier c'est bien parce que je ne me contente pas de faire pousser de la beuh. Synthétiser toutes sortes de cachets n'a rien de bien sorcier quand on s'y connait un minimum. Mais pour ça, heureusement, on ne trouve pas grand monde qui est prêt à prendre le risque ici.

- "En plus, c'est bien connu que j'aime les jolies filles, alors être vue avec moi ne devrait pas trop t'attirer d'ennuis. Mais si tu veux vraiment qu'on te considère comme une résidente modèle, tu devrais arrêter de chercher à bousiller cette barrière et essayer de te trouver un job honnête."

Je suis quand même de vachement bons conseils je trouve ! Et pourtant elle trouve quand même le moyen de se plaindre !

- "T'es vraiment si impatiente ?! J'savais bien que les italiens étaient insupportables."

Quoi, je n'ai pas pour autant dit que la compagnie de gens insupportables me dérangeait. Et pour le moment, je n'éprouve aucune difficulté à continuer à avancer avec cette demoiselle à mes côtés. Elle râle facilement et a tendance à se croire un peu trop facilement supérieure, mais je préfère encore ça à tous ces abrutis qui manquent de confiance en eux. Au moins, je peux être tout aussi désagréable. Même si après avoir tourné un nouvel angle de rue, je pointe du doigt l'enseigne caractéristique où les lettres CASINO sont inscrites suffisamment gros pour être immanquables.  

- "Bon alors, j'espère que t'avais l'habitude de ces jeux chez toi, parce que j'te préviens, je viens ici pour repartir avec plus de fric que je n'suis arrivé ! Tout en ayant payé quelques consos au passage !"

Un regain d'enthousiasme en me rapprochant de cet endroit qui se voit de loin, j'ai bien envie de savoir si la demoiselle est seulement une gosse de riche qui a l'habitude de balancer des billets sans se soucier de leur valeur, ou si elle a tout de même la notion de ce qu'est la rentabilité.

- "Ah par contre, l'utilisation des pouvoirs c'est mal vu. Après... Tu fais c'que tu veux."

Ouais, je me souviens encore un peu trop bien de ce qui s'est passé quand Elisha avait utilisé son don de sensitif à l'époque (qu'elle maîtrise beaucoup mieux que moi, elle). Pour autant, j'ai toujours été favorable au non suivi des règles si ça peut permettre de gagner... Quitte à devoir distribuer quelques coups à la sortie.

Un job ? Mais elle avait déjà un job ! Un job qui rapportait d'ailleurs bien plus que tout ce qui pouvait être proposé ici ! Elle s'en foutait bien de vendre des fringues comme l'autre susceptible, là, du fric elle en avait à s'en déchirer les poches. Mais l'image, ça compte ... peut-être qu'elle n'a d'ailleurs pas traîné avec la personne adéquate pour commencer à se faire une bonne image. Ou peut-être que si ? Un fournisseur de "remède miracle", c'est peut-être très apprécié dans le coin ? Ce ne serait pas étonnant, de toute manière il pourrait être utile, alors autant commencer à entretenir un semblant de relation.

Bon pour la barrière ... ok c'était pas le plus malin, mais en même temps, on s'ennuie vite ici et avec le boulot de l'italienne, c'était encore plus lourd. Et ouais, elle était impatiente, elle lui aurait bien demandé s'il avait un problème avec ses origines, en ponctuant la question d'un "bastardo" bien placé, mais au final, ils avaient déjà couvert ce débat. Ah, et les puces traductrices auraient empêché le bastardo de passer, et ça, c'était vraiment dommage. La bonne nouvelle c'était qu'ils étaient enfin arrivés ! Bon ce n'était pas si long, mais Mira commençait à douter de l'existence du truc.

Tiago mentionna d'ailleurs que l'intérêt principal pour lui d'aller ici, c'était de se faire du blé, et la brune ne put s'empêcher d'esquisser un fin sourire moqueur.

- Aw tu pourrais presque me faire croire que la vente de came ne rapporte rien.

Elle prit en compte la remarque qui suivit, effectivement avec ce ... don de merde, oui, il était éventuellement possible de remarquer l'hésitation, le mensonge, ce genre de choses qui se passent à l'intérieur. Mira essaierai, mais elle n'était pas sûre de pouvoir réussir quoi que ce soit, après tout, ce pouvoir l'emmerdait plus qu'il ne l'aidait.

Entrant en première, elle regarda autour ... c'était pas si mal, ça ne valait pas les boites multi-milliardaires de Milan, mais c'était cool. Modérément cool. Plaisant. Acceptable ? Oui, ça devait être ça, le mot, en tout cas, elle n'était pas mécontente, on aurait presque vu un sourire décorer son visage, pour peu qu'on le bon angle. Faisant quelques pas, sans vraiment se soucier de si Tiago la suivait, elle s'arrêta devant une machine. Il fallait des jetons, où était la caisse ? Ah ! Au fond.

Mira fouilla dans la poche avant de son pantalon, avant de sortir sa carte bancaire. La caissière interrogea.

- Vous en voulez pour combien ?
- 60.000 yens.

Ce n'était pas rien comme somme, ce n'était pas non plus extrêmement exorbitant et pour l'italienne, c'était un montant négligeable. Prenant les jetons dans un petit sac, et après avoir vu le regard que lui avait balancé la caissière, elle s'écarta en se retournant avec des gros yeux arrondis.

- Les gens sont bizarres ici.

Elle se dirigea vers une machine à sous, la plus proche possible. Les règles, elle ne les connaissait pas, s'arrêtant quelques secondes sur les instructions, elle vit un schéma qui renseignait tous les gains possibles sur la machine. Après l'avoir consulté un instant, elle  inséra trois jetons et tira sur la manette à droite de l'engin. La roulotte tourna pendant quelques secondes, et au moment de s'arrêter, le nombre de crédits gagnés passa à 6, tandis que le double du nombre de ce qu'elle avait misé tomba dans le bac.

Avec un sourire appréciatif, elle regarda Tiago, peu importe où il était, avant de le narguer.

- Hé ! J'ai déjà gagné le double de ce que j'ai misé ! Pas mal pour une première mise, non ? Ce n'est certainement pas un latino qui réussirait à faire pareil ... vous et l'argent c'est comme les porcs et l'hygiène, ha !

Spoiler:

J'esquisse un sourire amusé à sa remarque sur ce que rapporte le deal avant de hausser les épaules. Non pas que je cherche à cacher particulièrement mes activités hein mais bon, le principe de base consiste tout de même à ne jamais annoncer la vérité aussi directement.

- "Je dis juste que le concept de "simplement s'amuser" ne me convainc pas des masses."

On entre finalement dans le Casino et la demoiselle ne perd pas de temps pour aller retirer une somme qui prouve bien qu'elle n'a pas seulement été habituée à la richesse. Elle y a toujours accès. Nan mais les pauvres ont par principe du mal à "gaspiller" leur argent dans ce genre d'endroit. Il m'a fallu quelques mois de remplissage de poches avant de recommencer à venir dans cet endroit.

- "Ahah en même temps, t'es à Terrae ! L'endroit où tous les gens ont des pouvoirs surnaturels ! Alors ouais, ils sont bizarres !"

Et pendant que Mira se mette à la recherche de sa première victime (je parle des machines), j'en profite pour faire un premier tour voir ce qui se trame aux tables. Il y a déjà un peu de monde, intéressant. Mais pas tout de suite. En quand je décide de revenir voir ce que fait la miss... Bim, c'est gratos ça !!

- "En même temps c'est bien connu, la triche c'est un truc que vous maîtrisez bien les ritals !"

Oui, c'est de la totale mauvaise foi, je me doute bien qu'elle n'a pas traficoté la machine. Même si avec des pouvoirs de Tonnerre... Mais elle n'est pas censée savoir correctement s'en servir et j'imagine que les machines sont étudiées pour y résister. Pourtant, je réponds seulement avec un ton léger, sans même m'énerver. Non, je suis un peu trop dans mon élément pour ça.

- "Et au moins chez les latinos, on quelques principes de savoir vivre ! Alors, qu'est-ce que tu veux boire ?! J'offre la première mais si tu continues à trop gagner, ça va être à toi de prendre la relève hein !"

Je ne joue jamais immédiatement en rentrant. Et puis, je n'aime pas particulièrement les machines à sous. Il n'y a absolument rien qu'on peut contrôler là-dessus, donc ça me gonfle. Non, je préfère largement les jeux de cartes. Mais pour bien entamer la soirée, il faut d'abord avoir un verre à la main !

Mira ne releva le commentaire sur la nature rapine, bien trop faussement répandue, que l'on accorde aux italiens. Bien sûr qu'elle n'était pas d'accord avec ce cliché déplacé. Elle, elle possédait un sens inné de l'ambition et de quoi l'assumer, de quoi en assurer la pérennité. Ce n'avait rien à voir avec de la triche, simplement un don de Dieu et de la Providence. Il y avait une belle ironie à être aussi chanceuse lorsque l'on était aussi insupportable.

Blanchette la reprit sur sa remarque, enchaînant encore sur la caractérisation raciale. Eh bien, ça c'était une conversation que certaines n'aimeraient pas suivre, mais Mira aimait beaucoup trop casser du sucre dans le dos des ethnies. C'était amusant, et surtout ça défoulait, puis de toute manière parfois, c'était justifié, ou pardonné. Enfin, pardon, mais pour l'italienne, il n'y avait aucun mal à demander à un asiatique pourquoi il riait jaune. Entre autres.

Et donc il disait quoi ? Ah oui, il voulait lui payer un verre. C'était gentil, mais clairement inutile. Ce n'était pas assez clair qu'elle était bourrée de fric ? Non ? Il faudrait arranger ça en gagnant encore plus aux machines alors. Quoique ... si elle gagne trop ce serait à elle de payer les verres ? Pfeuh ! Peu importe ... les verres dans ce genre d'établissement doivent être une arnaque, comme au cinéma ou en boîte, mais de toute manière, ce genre de prix est à l'échelle pour la brune. Elle rétorqua donc.

- Si ça peut satisfaire ton ego testostéroné, Blanchette,

Elle, elle comptait encore continuer à jouer, enfin, elle était bien partie, merde ! Il ne fallait pas s'arrêter là, voyons, ç'aurait été un péché, après un tel signe. Doubler la mise de base, c'était déjà bien, mais peu, en considérant que la machine ne laissait que 3 crédits de maximum. Bon ... eh bien, 3 crédits encore, sachant qu'elle avait tout un sac de jetons. Elle tire sur la manette, et regarde l'écran.

Le chiffre 30 s'affiche, causant un étrange sourire confus qui s'esquisse au travers des lèvres de Mira. Merde, ça c'était pas normal, trop de chance tue la chance, cette machine était un peu trop gentille. Ramassant avec un regard dubitatif les trente jetons qui sont tombés dans le compartiment, elle se retourne finalement avec un sourire satisfait. Cherchant des yeux le latino, elle s'avance pour prendre son verre et lever le sac qu'elle venait, une fois encore, de remplir.

- J'ai l'impression que les prochains verres sont pour moi ?

Encore plus d'argent, yay, qui n'aime pas ça ? L'italienne était bien contente d'avoir ça en plus, c'était toujours pas cher et très bien reçu. En plus, c'était de l'argent qu'elle avait gagné elle-même ! Ca changeait des comptabilités du domaine et des autres démarches à la con qui brisent vraiment le rêve du boss qui fout rien.

- Ah, au fait, si ton plan c'était de me laisser gagner à répétition pour qu'on puisse se torcher avec mes gains, c'est foutu. T'as intérêt à aller jouer, Blanchette. Sinon je m'énerve.

Elle avait conclut sa phrase sur une plaisanterie, et ça se voyait, ce sourire en coin n'était pas anodin après tout. Ah, c'était aussi peut-être parce qu'elle venait de boire les deux tiers de son verre en une gorgée. Qui sait ?