Il est tôt. Je marche un peu vite dans les couloirs de l'Institut. J'ai emmené Roda avec moi parce que je... j'ai peur. La tête baissée, avec un bonnet large et l'écharpe de mon frère, c'est comme si j'allais dehors. Mais pas du tout. C'est ridicule. Je me sens ridicule. D'autant plus que je sens les larmes qui me montent aux yeux... Je force mes pensées au calme, à rester neutre ; j'y arrivais bien avant Terrae... mais mon cœur refuse de se détendre, battant à une folle allure que j'entends jusque dans mes oreilles. Je devrais avoir l'habitude de pas être bien dans mon corps... j'veux dire... je me suis jamais vraiment reconnu dedans. Comme si le Chrys que les gens connaissaient n'était qu'un vaisseau de chair...

Je toque à la personne la plus susceptible d'être levée et qui me connaît le mieux, qui m'a toujours connu je crois... je crois. Je retiens un sanglot pitoyable, Roda lèche le bout de mes doigts pour me dire qu'elle est là, avec moi. ...Qu'est-ce que je ferai sans elle ?... La porte s'ouvre, j'ai toujours les yeux baissées vers le sol, trop couvert de pulls et de manteaux difformes... et d'un plaid que je serre contre moi. Je tremble. :

-Alice je... je sais pas quoi faire...

Je regarde d'un bout à l'autre du couloir des Terres, amène doucement ma main à mon bonnet que je retire lentement... Une cascade de cheveux blancs s'en écoule légèrement, glissant jusqu'à mi-cuisse. En les apercevant du coin de mes yeux, je n'arrive plus à me retenir et des larmes inondent mes joues. :

-...je crois que je suis Morphe. je murmure d'une voix brisée.

Je suis une fille.

Dites coucou à Chou-chan :hearts::

Alice le sent arriver avant même de savoir qui c'est. Une personne se dirige dans le couloir des Terres, très mal en point. C'est une drôle de présence, malgré ses pouvoirs Airs pas si bien maitrisé, elle avait eu le temps de noter quelque chose d'étrange. Elle avait passé une bonne nuit, s'était levée tôt pour faire un peu de yoga et de méditation, puis lire tranquillement avant que l'Institut s'éveille. Elle l'avait donc senti venir. Cette personne.

Chrys n'était pas venue la voir spécifiquement dans sa chambre depuis un moment. Et il n'avait pas l'air bien. En ouvrant la porte, Alice se rend très vite compte que non, ça ne va pas. Chrys a changé. C'est toujours Chrys, mais il y a quelque chose de différent, pour Alice a du mal à mettre le doigt dessus.

Elle demande doucement ce qu'il lui arrive, lui adressant un sourire réconfortant. Tout allait bien. Chrys regarde alors dans la couloir, vérifie qu'il n'y a personne. Et il retire son bonnet. Alice s'en voudrait presque de ne pas avoir remarqué avant. Les cheveux tombent jusque sous ses multiples manteaux. Trop de protections, il n'y a probablement pas que les cheveux qui ont changés.

Et il est rare de voir des gens aussi bouleversé après une transformation. Chrys n'est pas devenu non plus une autre personne. Chrys est Chrys. Mais Chrys n'est plus un garçon. Alice a d'abord un regard surpris sur les cheveux, puis elle comprend tout ça, et elle lui adresse un sourire, presque soulagée.

« Oui, je crois aussi. »

Et tout ça n'était pas grave, être Morphe n'était pas le réel problème pas vrai ? Alice attrape tout doucement sa main, l'attire dans sa chambre pour qu'il soit à l'abri, que le regard des autres ne le rende pas plus vulnérable qu'à cet instant. Elle ferme la porte, et vient l'entourer de ses bras, l'attire contre elle, tout doucement, avec beaucoup de douceur.

Elle ferme les yeux un instant, prend le temps de l'écouter respirer.

« Qu'est-ce qui te rend aussi perdu ? Comment est-ce que tu te sens ? »

C'est tout doux comme murmure, comme une brise un soir d'été.

Alice me sourit et m'accueille dans sa chambre... Je n'ose toujours pas lever la tête. J'ai peur de me regarder dans ses yeux, dans un miroir, dans n'importe quel reflet. Je la laisse prendre ma main devenue si fine, si petite qu'elle tient dans celle de mon amie. Je rougis, pas vraiment mal à l'aise ; j'ai juste une partie de moi qui n'a aucune idée de ce qu'il se passe pendant que l'autre analyse parfaitement la situation. Le câlin qu'elle me donne, tout en douceur, me calme un peu. Je renifle en répondant au mieux à son étreinte -c'est compliqué avec l'épaisseur des manteaux ok ?!-, constatant au passage que je suis un peu plus petit que d'habitude aussi... ...J'étais déjà pas grand, mes pouvoirs en rajoutent une couche, tss. :

-Je- je sais pas juste, je me suis vu comme ça dans le miroir et- et- et j'ai paniqué.

Et je me remets à pleurer. MAUDITES GLANDES LACRYMALES ! J'ai hyper chaud en plus dans mon déguisement de Bibendum... :

-J'arrive pas à redevenir comme avant... alors j'ai tout caché.

J'ai peiné à le faire, d'ailleurs. Mon corps passait encore, parce qu'à cause du changement de taille, mes anciens vêtements étaient plus amples et cachaient mes formes comme mes hanches ou ma... la nouvelle poitrine. Le plus dure c'était mon visage ; il était devenu plus rond, plus harmonieux... J'avais la sensation qu'on voyait mieux mes yeux aussi mais j'avais pas de lunettes de soleil pour les cacher. Et à chaque fois que je me voyais pour vérifier si je couvrais bien le moindre changement, je me trouvais... jolie... et je paniquais un peu plus.

Encore complètement secoué par cette idée, ma peau blanche devint rapidement rouge pivoine alors que je reculais d'un pas, arrivant enfin à lever les yeux vers Alice. :

-Je me disais que j'étais jolie. ...Est-ce que je suis jolie ? C'est pas normal de se dire ça, hein Alice ? ...J'ai un problème tu crois ?

Ayé. Je pense que je suis en train de devenir fou... Ou alors je me donne de la fièvre en portant trop de vêtements d'un coup, ça doit être pour ça.

Alice hoche la tête et l'écoute. Elle passe tout doucement une main sur sa joue pour y essuyer les larmes qui y coulent. Chrys a paniqué en se voyant, et c'était bien compréhensible. Néanmoins sa panique n'est pas du tout attendue, souvent les Morphes sont surpris voire paniqué mais rarement jusqu'aux pleurs. Alice se doute que ce doit être compliqué, elle n'apprécierait probablement pas non plus. Mais elle sent que venant de Chrys il y a quelque chose d'autre.

Elle adresse un sourire d'une extrême douceur à Chrys.

« C'est normal, de paniquer. Ce n'est pas une situation évidente à gérer, pour personne. Et puis, je crois que tu n'as pas besoin de te cacher. En tout cas, pas avec moi. Ou alors tu ressens le besoin de te cacher ? »

Il la regarde enfin, dans les yeux. Et lui demande si elle est jolie. Alice sourit de nouveau, elle attrape une mèche de cheveux de Chrys et la relâche vite, juste un contact doux et rassurant, bref pour ne pas le brusquer. La brusquer ?

« Bien sûr que tu es jolie, Chrys. Tu es toujours très joli.e, quoiqu'il arrive. Ca te va bien, je trouve. Tes cheveux sont très très beaux, je te l'ai toujours dit, non ? »

Elle se désigne d'un geste.

« Tu me dis des fois que tu me trouves jolie. Moi aussi, je me trouve jolie. Et ce n'est pas bizarre, si ? Tu vois, tout va bien. Tu n'as pas de problème Chrys. Est-ce que tu te sens mieux comme ça, même si ça te fait peur ? »

Tu n'as pas à avoir peur dans cet espace Chrys. Dans la chambre d'Alice, avec Alice, tu seras toujours entièrement accepté.e comme un proche et respecté.e, aimé.e.

Elle me dit que j'ai pas besoin de me cacher. Je suis soudain contrit, parce que je sais que c'est vrai. Mais j'ai- je... Je sais pas ! C'est si compliqué ! Je secoue la tête, fort, dans tous les sens, évitant toutefois qu'elle ne retire sa main rassurante de ma joue. :

-Non enfin oui... Je-... C'est juste que je savais pas quoi penser... parce que j'avais l'impression d'être bien... pour une fois...

Je me suis vue... et avant le choc, j'étais bien. Pour une fois dans ma vie, en me voyant dans un miroir, j'étais bien dans ma peau. Je sens la tête de Roda qui se frotte sur mon jean trop grand maintenant, elle veut me calmer. Alice attrape une des mèches... Je me tasse dans mon écharpe. :

-Oui. C'est vrai... soufflais-je. Je les aime bien aussi.

J'ai pas le temps d'ajouter que je la trouve plus jolie que moi qu'elle précise que je le lui dis aussi. Je pince mes lèvres, encore tout gêné. Et je me recule... :

-Mais tu es née jolie.

Je retire mon écharpe et mes manteaux, les posant sur le dossier d'une chaise non loin. Même si j'ai encore deux pulls me couvrant, je redécouvre les formes qui sont les miennes maintenant... et j'ai beau tenter de me concentrer une dernière fois pour me concentrer sur qui je suis, visualiser le corps que j'ai d'habitude, rien ne se passe... Je me tourne vers mon amie, ma sœur... Et je lâche tout. :

-Oui je me sens mieux ! Oui j'ai envie d'être comme ça, tout le temps ! Je-... Je veux me sentir bien...

RRAAAH MAIS FLÛTE ! Pourquoi je n'arrive pas à me retenir de PLEURER ?!

Chrys est tout.e perdu.e, Alice ne sait pas trop quoi faire pour le calmer. Iel avait eu l'impression d'être bien, pour une fois... Cela voulait dire que...

« Tu ne te sens pas bien dans ton corps d'habitude ? »

Alice pose la question tout naturellement, avec beaucoup de bienveillance. Elle veut simplement savoir mais n'est pas fermée à une absence de réponse. Elle sourit. Oui, elle a de beaux cheveux. Comme toujours ça a été le cas. Même s'il baragouine qu'Alice, elle, est née jolie, il retire son manteau, et le pose sur une chaise.

Et puis lorsqu'elle se retourne, Chrys voudrait rester comme ça, toujours, et des larmes dégringole de ses yeux. Alice a un sourire extrêmement tendre, les sourcils un peu froncés. Comme elle comprend, ça doit faire si peur et être si apaisant en même temps. Elle s'approche d'elle à nouveau et la prend dans ses bras, un peu plus fort. Pleine de courage à offrir, de douceur à proposer, de réconfort à donner. Elle sent mieux le petit corps de la Morphe, pas si différent finalement, de celui d'avant.

« Si tu en as vraiment envie tu sais, rien ne doit t'en empêcher. Et si c'est difficile, je serai là pour t'aider à rendre tout ça plus simple. »

Elle s'écarte un peu et passe une main sur sa joue.

« Je suis contente que tu saches comment tu as envie de te sentir. »

-Tu ne te sens pas bien dans ton corps d'habitude ?

La question résonne en moi... Est-ce qu'au final j'ai déjà été bien ? Est-ce que je me suis sentie bien ? Quand j'étais petite probablement, quand je me posais pas de question et que piquer le maquillage et les vêtements de maman n'était pas si bizarre... Et puis après j'ai dû... grandir... vite, j'ai dû m'adapter à l'image que je devais absolument renvoyer pour rester auprès de mon frère... Absolument ? Je secoue la tête, refusant totalement que Lag soit la raison de ma propre faiblesse... Faiblesse ?... JE SUIS PERDUE !

Je ne sais même plus ce que je dis, au bout d'un moment... Ça sort de moi comme jamais j'aurais cru ça possible. Je retiens tout d'habitude, je contrôle tout. Mais là, quand même mon apparence en dévoile un peu trop, j'ai juste envie de disparaître... Ça arriverait à n'importe qui d'autre, je sais que je le comprendrais mais moi ? Moi qui fait tout pour être normal ? Moi qui découvre à peine Terrae bien que je fasse des efforts ? Travailler sur ce qui est en moi, à cet instant, est si... si tôtif, je pense.

Mais Alice est là, et elle change tout. Elle a une telle douceur, une telle tendresse quand elle me prend dans ses bras, mais elle reste ferme aussi... Genre, "je sais, mais je suis là ok ?"... Oh bordel... elle m'a tellement manquée. Et alors que je m'appuie un peu sur son épaule, qu'elle me dit que je peux être qui je veux, et qu'elle sera là pour m'aider quoi qu'il arrive,... je souffle. Je suis soulagée ? Je crois, une part de moi l'est en tout cas...

J'ai le droit d'être bien comme je suis, là, maintenant.

J'évite d'autres larmes de noyer mes joues quand elle recule un peu pour me dire qu'elle est heureuse que je sache... J'ai dû mal à l'admettre mais oui.. Je suis tellement heureuse sous cette forme ! Je lui souris en tentant de retenir mes sanglots de me couper. :

-Al-Aliiiiice... M-m-merci. Je t'aime t-tu sais ? Si un jour t-tu as besoin de moi...

Et mon pantalon tombe. Oui. Ma ceinture n'était pas suffisante apparemment pour ma nouvelle taille... J'écarquille les yeux, me baisse pour récupérer mon jean et lutte pour le remettre à sa place. :

-Euh. Donc. Dès que j'ai quelque chose à ma taille... Si tu as besoin de moi, je suis là...

Une main maintient mon pantalon mais l'autre va chercher sa main, où j’entremêle mes doigts fins. :

-Sérieusement Alice. Tu es toujours là pour moi... Si un jour tu n'es pas bien, ma porte est toujours ouverte ok ?

Alice tente de rassurer Chrys comme elle peut, elle se doute que ce doit être terriblement difficile, et que les questions doivent pleuvoir dans son esprit. Alors elle la serre contre elle, tout fort, parce qu'elle est là et que tout ira bien. Chrys se met à la remercier en pleurant tout fort. Alice se met à rire, et vient poser ses mains sur ses joues, essuyant les larmes. Chrys n'avait jamais pleuré aussi fort devant, ou peut être une fois. Elle avait toujours eu un tempérament calme et tempéré, mais Alice ne semble pas plus chamboulé que ça.

Et puis son pantalon tombe, et Alice se met à rire de plus belle. Elle lui sourit et hoche la tête. Elle le note, elle ira la voir si elle en ressent le besoin. Alice ne va pas souvent très mal, elle ne ressent pas le besoin d'en parler très vite non plus. Non, elle a juste besoin de soutien passif, mais elle le lui dira en temps voulu.

« Je te le promets Chrys. Et bien sûr que je suis toujours là pour toi, quoiqu'il arrive tu restes un peu de ma famille. »

Elle se recule, les poings sur les hanches.

« Mais avant tout ça, on va te trouver des vêtements à ta taille ! »

Et elle file vers son placard. Elle lui sort des t-shirt, plus ou moins large et décolletés qu'elle ne met pas souvent, des pantalons, des jeans. Elle lui sourit.

« Essaie ce qui te plaît et prends-les, au moins en attendant qu'on te trouve des vêtements qui te plaisent. Oh, et si tu veux j'ai des vieux soutien-gorge que je ne porte plus mais je ne pense pas que ce sera ta taille. Après, il n'y en a pas forcément besoin non plus, je vis très bien sans. »

Alice avec son peu de poitrine a très vite arrêté d'en porter lorsqu'elle s'est rendu compte que personne n'en avait besoin. Mais sa taille est donc toute petite, et elle a peur que cela n'aille pas à Chrys. Mais le reste des vêtements ne devrait pas poser de souci !

Quand Alice me dit qu'on est de la même famille, je souris. Je suis soulagée et heureuse, j'essuie les dernières larmes restées sur mes joues en riant tout doucement, dans un souffle fatigué. Elle est si gentille, si patiente avec tout le monde, je suis contente qu'elle puisse trouver un peu de ça chez moi au moins, le jour où elle en aura besoin... Elle met ses poings sur ses hanches. Ah, je devine ce qu'il va se passer ensuite avant même qu'elle ne me dise qu'elle va me trouver des vêtements à ma taille. Elle fait souvent ça. Elle console, elle rassure et puis l'instant d'après, mains sur les hanches ; bon et si on faisait quelque chose pour se changer les idées ou régler un problème immédiat ? Je glousse une nouvelle fois en la voyant se diriger vers son placard. Elle n'a pas changé ma grande sœur !

Pendant qu'elle fait sa sélection, je suis un peu fébrile dans ma couche de vêtements. Est-ce que je peux porter ce genre de choses ? Alice porte souvent des choses colorées et légères... pas du tout ce que je porte habituellement, ce qu'on m'a dit qui m'allait. Mes angoisses s'effacent quand mon pantalon tombe à nouveau... Ok j'ai compris, j'ai pas trop le choix si je veux pas me balader à poil dans les couloirs de Terrae. J'enlève mon manteau, j'enlève mon pull large, j'enlève mon gilet bleu, j'enlève mon cardigan crème, j'enlève mon polo gris, j'enlève-... Ok je me souvenais pas d'avoir mis autant de couches... Je me retrouve dans le t-shirt le plus grand que j'ai pu trouver, qui me sert parfois de pyjama. J'ai l'air perdue dedans, je suis un peu gênée quand Alice revient vers moi... :

-Un soutien-gorge ?

Je baisse les yeux sur ma poitrine. C'est donc ça... Voir la réalité en face. Ma voix monte un peu plus dans les aigus. :

-S- Si on pouvait en r-rester aux basiques...

...ça m'arrangerait. Je dois avoir le visage cramoisi alors je me concentre sur les vêtements qu'elle veut bien m'offrir pour penser à autre chose... Mon regard tombe vite sur un t-shirt rose et j'hésite un instant devant ; j'ai jamais porté de rose alors que c'est une de mes couleurs préférées avec le bleu et le violet. ...Je prends une inspiration et m'en empare, avec un jean bleu clair. Je commence par mettre le bas. Il est un peu moulant, je le sens bien au niveau des mollets... et c'est bien différent des jeans que je mettais, surtout au niveau de la taille. Je soulève mon t-shirt pour voir ce que ça donne. :

-C'est... c'est ma taille tu crois ? J'étouffe pas mais c'est vachement... disons... ajusté ?

La jeune femme se dit que ses vêtements ne sont vraiment pas très ressemblant avec ceux de Chrys, elle essaie de lui donner les choses qui pourrait lui aller le mieux, tout en respectant sa nouvelle taille. Elle lui sourit doucement lorsqu'elle évoque le soutien-gorge et qu'elle devient toute gênée. Il ne lui semblait pas qu'elle ait jamais été embrassée par ce genre de sujet avant, mais lorsque ça la concerne, ça doit être bien différent.

« Excuse-moi, je ne voulais pas te gêner, bien sûr, restons sur l'essentiel ! »

Le visage tout rouge de son amie la touche, elle voulait simplement l'aider, parfois les premières poitrines tiraillent et pèsent, alors elle s'était dit que ça pourrait l'aider, mais peut être qu'elle ne se sent pas encore prête, ou qu'elle n'en sent pas le besoin, ou les deux. Elle la laisse essayer pendant qu'elle sélectionne quelques vestes marrons claires assez amples qu'elle porte régulièrement mais qu'elle lui prêtera pour ne pas qu'elle se sente mal à l'aise si elle le souhaite. Lorsqu'elle se tourne, elle l'inspecte de haut en bas.

« Si tu ne te sens pas trop serrée, c'est ta taille oui, ça me semble bien. Mais tu ne dois pas du tout avoir l'habitude de cette coupe-là c'est pour ça ! Si tu préfères je peux essayer de trouver quelque chose d'un peu plus ample, ou droit. »

Elle lui sourit, et lui tend sa veste.

« Tiens, tu peux essayer celle-là pour en haut. Si tu te sens bien dedans, je te la prête jusqu'à ce que tu trouves mieux si tu veux. Elle ne sera pas trop longue comme tes vestes actuelles, mais elle est large. Après tu peux toujours utiliser les tiennes, c'est juste très large, mais moi j'aime bien ! »

Elle récupère les bas avec trop de couleurs, et réfléchit, la mine toute concentrée.

« Hmm... Est-ce que tu sais, et tu n'es pas obligée pour l'instant, ce qui te ferait plaisir de porter ? Ce que tu as envie d'essayer. Oh, et tu peux toujours essayer et ne pas le garder ensuite ! Tout est possible. »

Sourire tendre, plein d'amour et de complicité.

Alice m'explique que c'est normal, c'est sans doute pas une coupe que je mets habituellement... Une coupe hein ?... Pour un pantalon. Oui, oui tout est clair. Hm oui bien sûr. ...J'ai rien bité. Mais je souris en tendant ma jambe devant moi. J'ai de bonnes cuisses, parce que je marche et je cours tous les jours. Ça me va... C'est sans doute parce que le jean est bleu clair, c'est une couleur que je porte parfois. Je lève la tête et lâche mon t-shirt trop grand quand elle me tend une veste. C'est une veste, c'est tout doux sous mes doigts.

-C-C'est gentil, merci.

Je dépose la veste pour enlever mon t-shirt trop grand avant d'arrêter mon geste. Je... Je devrais me retourner non ? Euh. Je sais pas ? J'ai jamais eu à cacher mon torse avant mais c'est différent maintenant. Mais c'est Alice. Ah ! Oui ! Alice a déjà vu une paire de nibards. Les siens pour commencer, je suppose que les miens doivent pas être plus différents... OMG ça se trouve ils SONT différents ?!... ........JE VEUX JUSTE METTRE UN T-SHIRT KZJHDS !

Roh puis zut on est entres sœurs, on s'en fout.

J'enlève enfin le t-shirt avant de mettre l'autre, rose, un peu gênée quand même, ne sachant pas trop où mettre mes yeux. C'est moulant aussi, au niveau de la taille. C'est pas forcément désagréable, comme le pantalon, mais c'est nouveau. Je me redresse malgré moi pour voir comment le tissu réagit au mouvement avant de vite me plier à nouveau. OK C'ÉTAIT- ... Hmm tout va bien. C'est mon corps, mon temple, mes lois ! ...Putain je le savais déjà mais j'adore le rose dkfjskdfj.

La question d'Alice me fait revenir sur terre et je réfléchis sans trop penser à mes gestes alors que je mets la veste... Ce que j'aimerais porter ? Il y a tout la foule de tissus et de vêtements que j'aperçois dans les magasines qui me viennent en tête. Les jupes et les robes, les dos-nus et les décolletés, toutes les couleurs et toutes les formes qui s'emmêlent. Je me contentais bien du pantalon + t-shirt ou chemise, le short l'été si t'as chaud, parce que c'est ce qu'on me disait de porter... Voir tout le spectre des possibles s'ouvrir à moi c'est... excitant.

-Je ne sais pas. répondis-je alors sincèrement. J'ai jamais essayé quelque chose de... différent.

Machinalement, j'attrape le bord de la veste. Du coup je la remarque enfin sur moi. Je baisse les yeux, écarte les bras et tourne un peu. Je l'aime bien. Surtout de dos en fait -enfin du peu que je vois lel. Je me sens sourire.

-Ça va bien avec le jean !... Non ?... Oh !

J'ai cru voir... Oui ! Là où se trouvent les vêtements il y a un vêtement jaune. C'est vraiment une couleur que je me suis jamais autorisé, mais l'idée d'essayer avec la veste et le jean m'est tellement impérieux que j'ignore ça. Je le mets, c'est un peu court, on peut voir un peu de chair entre le pantalon et le maillot, mais quand je remets la veste, je sais que c'est parfait. Me demandez pas comment ! C'est comme-... trouver la laine parfaite pour le plaid qu'on veut tricoter. C'est le déclic !

-C'est jaune ! je dis bêtement en me pointant du doigt. C'est juste trop joli avec le marron clair !

Je souris comme une débile à ce simple fait. Toutes mes angoisses sont d'un coup légère -elles ont pas disparu faut pas déconner. Je regarde ce qu'Alice tient dans ses mains.

-Qu'est-ce que c'est ? Des collants ?


HRP : C'est le retouuuur... en espérant que j'arrive à tenir le coup cette fois. ACCROCHONS-NOUS.

Alice sourit tendrement à Chrys quand elle la remercie, et puis elle voit son hésitation, et décide de retourner plonger son nez dans les vêtements qu'elle pourait lui prêter. Elle ne veut pas la gêner, et se dit qu'elle doit déjà réfléchir à pas mal de choses dans sa tête. Alice n'a jamais été du genre choquée de voir des corps nus de façon générale, mais elle comprenait très bien qu'on veuille avoir un peu d'espace privée. Surtout dans le cas actuel de Chrys.

Elle lève les yeux pour voir comment lui va le t-shirt, mais ne fait aucune remarque. Elle hoche simplement la tête, comme pour valider la taille. Le rose lui va vraiment bien, elle pourrait avoir quelques vêtements en plus si cela lui plaisait. Elle attend patiemment que Chrys réfléchisse à sa question. Elle ne devait jamais s'être vraiment demandé ça. Ce n'était pas son genre, de se demander ce qu'elle allait porter. Elle avait toujours été très pragmatique, à traiter les informations et à avancer sans se soucier des détails qui lui importait peu. Et puis, socialisé comme garçon, on n'a pas non plus le même choix, enfin, on ne nous montre pas le même choix que quand on grandit comme fille. Et ça doit lui changer beaucoup de façon d'envisager comment s'habiller. Alice hoche doucement la tête lorsqu'elle lui dit ne pas savoir.

« D'accord. Tu as le temps, il n'y a pas de souci. »

Elle finit par avoir un léger rire en la voyant s'inspecter de part et d'autre.

« Oui ça va bien ensemble ! »

Elle s'affaire alors pour essayer de trouver autre chose. Elle voit le t-shirt qu'attrape Chrys. Un des t-shirt qu'elle met le plus en été. Alice et le jaune, une grande histoire d'amour. Elle attrape une jupe plus foncée et une paire de collants, avant de se tourner vers Chrys, toute joyeuse d'avoir essayé une nouvelle couleur. Elle rit de nouveau.

« Tu peux garder ce haut si tu veux, j'en trouverai un autre. Oh, et oui, avec une petite jupe, ça peut être super sympa ! Mais si tu préfères, je crois que je dois avoir un short en tissu par là qui pourrait bien aller avec aussi. Si tu en as envie bien sûr ! »

Quand Alice me dit que j'ai le temps, j'ai un petit sourire un peu bête... Je ne comprends pas ce qu'il se passe, je ne sais plus vraiment qui je suis... mais j'ai le temps. Et je n'arrive pas non plus à savoir pourquoi cette phrase me fait autant de bien mais, venant d'Alice, je sais que c'est vrai. Ça me rappelle ce devoir d'Arts Plastiques que j'avais rendu, où j'avais peint un chat en violet pour faire des ombres... On s'était moqué de moi parce que les chats violets n'existent pas -et aussi peut-être que les autres étaient jaloux que j'ai d'aussi bonnes notes. Alice m'a rappelé que les gens disent que "la nuit tous les chats sont gris" alors que ce n'est pas vrai... alors pourquoi pas les chats ne serraient pas tous violets à l'ombre ?...

Je peux être un chat violet si je veux. Et j'ai le temps pour ça...

Ou jaune. Comme ce haut. Vraiment je savais pas que j'aimais le jaune à ce point. En fait, j'ai pas fait attention à cette couleur jusque là. Et Alice me dit que je peux le garder. :

-Oh ? Mais- c'est- enfin... Je sais que tu adores le jaune donc c'est forcément ton- je peux pas- Vraiment je peux ?

J'ai pas envie de la priver d'un de ses hauts préférés, et je sais qu'Alice me dirait pas de le garder si elle ne voulait pas vraiment... Mais ch'uis un angoissé de la vie de première classe uesh, d'où t'as cru j'allais accepter aussi facilement lel ?...J'ai une autre vague d'inquiétude, bien différente malgré tout, qui s'installe quand elle parle de jupe et de short. :

-Euuh...

Il faut que je redescende de mon petit nuage quand même. Juste un peu. Parce qu'il va falloir que je sorte de cette chambre un jour, de ce cocon que m'offre Alice... Est-ce que je vais y arriver sans paniquer ? Est-ce que les autres vont remarquer que quelque chose cloche ? Que je suis bizarre ?... Je regarde mon corps et je regarde les vêtements. Peut-être... Il faut que je pense ça comme un nouveau rôle, voilà. Je suis dans une comédie musicale... West Side Story ? Oh non ! Heathers ! Je suis Veronica and life could be beautiful... Ouais. Ouais !

-Jevaisessayerlajupe.

Ouais ! OUAIS ! ....... ouais ?

-J'enfile ça par en haut ou par en bas ?

Non mais- ok c'est peut-être débile comme question mais j'ai pas envie de froisser la convention d'la jupe. Omg y'a pas des lois pour ça j'espère ?

Chrys s'apaise doucement, et ça la rassure un peu. Et puis lorsqu'elle lui dit de garder le haut jaune qui lui va vraiment bien, Chrys panique de nouveau, ce qui fait sourire Alice. Elle en aura d'autres, des hauts jaunes, et puis si ça peut aider Chrys dans l'immédiat c'est le plus important. Alice secoue la tête gentiment, l'air sûre d'elle.

« Vraiment, tu peux. Je te dis, j'en trouverai un autre, et ça me fait plaisir que tu le portes si tu l'aimes vraiment. »

Elle lui sourit doucement. Nouveau dilemme maintenant : la jupe ou le short. Ce n'est pas évident, Alice n'en doute aucunement. Si pour l'instant elle se sent en sécurité, c'est le principal, mais ce n'est pas forcément évident d'affronter le regard des autres, surtout lorsqu'on en a pas l'envie. Chrys prend un peu de temps à réfléchir avant de dire d'une traite qu'au final, ce sera la jupe. Alice sourit et hoche la tête avec conviction.

« Ce sera la jupe alors ! Et ça s'enfile par le bas, regarde. »

Alice lui montre la petite fermerture éclair sur le côté, et lui explique comment l'enfiler. Elle désigne ensuite la paire de collants.

« Tu peux l'essayer avec ou sans les collants, mais si tu veux avec ce sera plus pratique de les mettre avant. Dis-moi ce que tu préfères. »

C'était ça : tout ce que Chrys préfère, c'est possible maintenant.

Je peux garder le haut jaune... Je sens que je souris malgré moi. Je me sens bien... En fait, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien. J'ai l'impression de retrouver les échanges que j'avais avec Alice. Elle venait à la maison et on parlait de tout et de rien... Elle m'apprenait à dessiner, m'encourageait toujours à m'exprimer,... à l'époque où j'arrivais encore à sourire souvent. Près d'elle, je la regarde m'expliquer comment mettre la jupe avant de me désigner les collants. Je les touche, c'est opaque mais pas épais... J'ai l'impression que si je tire, ça va se déchirer. :

-Je rentre là-dedans vraiment ?

C'est devenu un défi presque, même plus une expérience. Est-ce que ça me va ? Bien sûr que ça me plaît d'essayer, sinon je le ferais pas, mais y'a ca petit truc en plus... Transformer cette séance en challenge réveillait mon côté plus hardi que je cache plutôt bien... jusqu'au moment où je dois gagner un match de foot. Et apparemment quand je dois mettre des collants pour la première fois de ma vie. J'enlève le pantalon que j'ai donc pas gardé bien longtemps, ça fait tout bizarre d'ailleurs de se sortir d'un vêtement aussi moulant. Rien à voir avec les miens que je déboutonne, descend jusqu'en bas de mes hanches et laisse tomber en bas, nan ! Là, pour s'en sortir faut le vouloir ! ...et s'asseoir, j'ai vraiment failli me casser la tronche en perdant l'équilibre.

Assis sur le lit, Alice m'aide à remonter les collants et les enfiler. C'est peut-être parce que j'ai pas l'habitude mais c'est plus galère que ce qu'on peut imaginer. Je crois j'ai insulté trois fois les publicitaires et réalisateurs qui font croire que ça glisse tout seul à la télé. Dans ma tête, hein, j'ose pas être vulgaire devant Alice. ...Peut-être qu'elle m'a entendu bougonner par contre, j'dis pas. Je profite d'être assis pour enfiler la jupe, toujours assisté par mon amie. Et après tout ça, toute cette galère pour triompher, je souffle comme si j'avais couru un marathon. Je me lève et je bloque. Oh wow. Ça... ça valait tellement le coup. :

-Oh ! Ah ! T- T'as vu ?!

J'ose pas bouger, mais c'est pas parce que je suis mal à l'aise... Étrangement c'est même mieux que le jean. Genre. Liberté ! Je suis en train de rire sans pouvoir me contrôler. :

-Wow euuuh... Ok. je respire profondément en tirant sur la jupe pour l'allonger, ce qui sert absolument à rien. Haha ! J'ai l'air de quoi ?

Je suis en train de m'amuser ?... Je crois bien oui ! J'ose toujours pas marcher par contre. J'ai les bras écartés devant moi comme si j'allais m'effondrer d'un moment à l'autre.