Sarika commence enfin à s'habituer à ce nouveau pouvoir de téléportation. Quelque part, ça l'arrange de ne plus avoir à filtrer toutes les émotions des gens autour d'elle, c'est plus reposant. Et comme elle connait l'Institut comme sa poche grâce à son job de postière, elle peut très facilement retrouver son chemin quand elle se retrouve quelque part sans faire exprès.

Elle aime bien livrer le courrier et les colis. Souvent les gens sont contents quand elle donne des lettres. Elle a sa petite routine et comme ça elle rencontre souvent des gens. Il y en a qui ont des correspondances régulière et ça lui fait plaisir de leur apporter des nouvelles.

Elle a failli se mettre à utiliser sa téléportation pour livrer le courrier mais finalement, elle a préféré garder le vélo. On ne sait pas encore si les effets de l'Eclipse seront définitif donc autant ne pas s'y habituer. Puis, ça lui fait faire son sport quotidien, c'est pas plus mal.

Fin de la tournée, il est bientôt l'heure d'aller manger mais il lui reste encore un colis. Elle a déjà tout donné et il n'y avait que des lettres d'élèves aujourd'hui. Ca lui a fait monter des escaliers au moins. Le colis n'est pas dans l'Institut par contre, c'est dans le village. Quelque chose pour un Master peut-être ? Elle a l'adresse donc elle devrait trouver vite.

Pas de vélo aujourd'hui donc elle tente une téléportation qui la conduit vers le village. Elle cherche la bonne maison un petit moment avant de la trouver. Super jolie la maison d'ailleurs. Elle sonne en croisant les doigts. Elle aime bien livrer les colis. C'est souvent quelque chose d'attendu.

La porte s'ouvre et elle sourit. Wah, ce qu'elle est belle. Elle a jamais vu quelqu'un avec des cheveux comme ça. Elle lui tend le petit carton. Il pèse un peu lourd, elle se demande ce que c'est.

— Bonjour ! Il y a un colis qui est arrivée pour vous aujourd'hui !

Elle cherche l'accusé de réception dans sa poche.

— J'ai une signature à faire aussi, une seco-

Son ventre gargouille bruyamment et elle rougit un peu. Oh, la honte. Pas qu'elle a oublié de manger mais la téléportation lui donne faim souvent.

— Désolé, elle s'excuse en sortant le recommandé et un stylo qu'elle lui tend. Faut signer là.

Inspirer, expirer.
Se concentrer sur la terre, puis arrêter. Sur les auras, puis arrêter. Bloquer les pensées, faire monter les barrières naturelles des Masters. Différencier attentivement les essences de pouvoirs, les sensations. La force qui habitait mon corps avant a disparu, elle laisse un manque signifiant. Je ne sais pas comment je faisais, mais pouvoir répartir sa force dans son propre corps c'est un sentiment étrangement addictif et naturel...

Non mais il est sérieux là ?! Reviens saleté de robot, pourquoi est ce qu'il se barre avec mes chaussettes ?!
Je me retourne, mais personne n'a parlé. Urk, c'est pas mes pensées ça, tss. Je me tape un peu la tête, essayant d'empêcher cette foutue télépathie d'agir. Tant que je suis seule il n'y a pas de problème, mais si je pouvais au moins désactiver ça quand je suis à l'Institut ça serait bien pratique. Surtout que mine de rien c'est assez épuisant, plus que ma super force... Au moins elle m'évite les migraines.

Je sens une aura approcher, trop faible pour être un de mes voisin Master. La sonnette ne tarde pas à se faire entendre, et je me dirige vers la porte avec mes jambes et une béquille (je manque un peu de force, déso pas déso). Mon regard tombe sur une ravissante fille à peine plus âgée que moi (toujours très étrange d'ailleurs) qui me tend un colis.

Wah, ce qu'elle est belle. Je me retiens très fort de sortir un "merci" parce que bon sang c'est probablement dans ses pensées, et heureusement ma barrière de Master fait le taff. MERCI, j'ai cru qu'on allait avoir droit à encore un instant gênant. Par contre, mon sourire s'élargit clairement sur mon visage, ça je n'ai pas pu l'empêcher.

Je mets un instant avant de réaliser ce qu'elle me dit, trop concentrée à ne pas répondre à tout ce qui me passe par la tête. Par chance, elle cherche quelque chose et ne remarque pas mon silence, alors que je saisis le petit paquet et le sous-pèse.

_ Oh ! C'est probablement une des pièces que j'avais commandé pour les nouvelles étagères de la bibliothèque ! J'avais complètement oublié...

Son ventre grince d'une force assez phénoménale et mon sourire s'élargit encore, amusée. Elle s'excuse et me tend le stylo et l'accusé de réception. Là je ris doucement, montrant d'un geste de la tête ma béquille dans une main et le colis dans l'autre.

_ Je vais avoir un peu de mal à signer comme ça, entre donc je dois pouvoir te trouver quelque chose à grignoter !

Sans vraiment attendre, je me retourne en laissant la porte grande ouverte.
J'ai l'habitude de recevoir des gens à la maison. C'est un mélange étrange entre un atelier centrale, une cuisine, un ascenseur vers un étage, une petite bibliothèque et des murs inclinés. Le tout en bois et terre pour une isolation naturelle et efficace ! Oui, je suis fière de ma maison. Je me dirige vers le petit jardin à l'arrière pour y prendre des courgettes et des aubergines avant de revenir dans la cuisine et sortir un couteau pour couper. Tu as un peu de- ah merde.

_ Tu as un peu de temps au moins ? Je ne voudrais pas trop allonger ta tournée, mais visiblement tu as besoin d'un break ! Oh désolée par contre pour les pensées parasites... J'y travaille. Je dois signer où ?

Est ce que je suis trop creepy à être ultra-chaleureuse ? Je ne me rends plus trop compte, je reste pas mal seule à bosser sur mon enfer télépathique personnel en ce moment, je vois surtout Keitaro en fait... Et le reste de mes rencontres sont soit difficiles à supporter soit trop courtes pour être notées... Il faudrait que je passe voir Mitsuki d'ailleurs...

Elle a un super sourire, cette Master. C'est surement une Master, elle a cette posture sereine mais droite qu'ils ont tous l'air d'avoir. Elle prend le paquet des mains de Sari et explique qu'il s'agit de pièces qu'elle attendait. Sympa. Par contre avec la béquille, ça va être compliqué de signer effectivement.

Sari la suit dedans en essayant de ne pas avoir l'air de trop fixer la déco ou sa propriétaire. Elle aime bien les deux d'ailleurs et elle va pas dire non à un truc à manger si c'est proposé.

— C'est gentil ? Vous êtes pas obligée, je peux me trouver un truc à la cafèt.

Elle commence à pas trop mal maitriser les téléportations en plus. Ça demanderait pas vraiment d'efforts d'aller là bas. Oh elle a un jardin potager en plus, la classe ! Et elle… Parle dans sa tête ? Oh visiblement les rumeurs comme quoi les Master galèrent avec leurs pouvoirs c'est pas du flan.

— C'est pas grave, je comprends, je passais mon temps à me téléporter sans faire exprès au début.

Elle lui tend le bordereau. Elle pourra rapporter ça plus tard, c'est pas comme si elle avait d'autres choses à faire pour le moment.

— Et j'ai le temps, vous… Tu ? Ça t'embête pas si je te dis tu ? Bref, j'ai le temps. C'était le seul colis aujourd'hui, j'ai déjà livré toutes mes lettres.

Elle aime bien faire la factrice. C'est comme ça qu'on rencontre des gens. Et cette Master a l'air très sympa, chaleureuse et accueillante, ça la met en confiance tout de suite. Puis c'est pas comme si elle était désagréable à regarder.

— Tu as besoin d'aide ? Fin si tu te fais à manger… J'veux pas m'imposer mais je peux donner un coup de main ?

Même si mon invitée improvisée fais mine de ne pas s'intéresser à ce qu'il y a autour, je vois bien qu'elle est curieuse en entrant. Il faut dire que le rez-de-chaussé de ma maison n'a rien de vraiment personnel : à droite une cuisine américaine qui peux s'adapter en taille et un accès au jardin, en face un atelier un peu plus grand que celui dont dispose Terrae, ou du moins avec du matériel un peu plus dangereux, et à gauche une bibliothèque et un ascenseur/monte-charge pour aller vers ma chambre et salle de bain à l'étage. Un petit salon entre tout ça mais je n'ai pas beaucoup d'invités à part les quelques élèves que j'aide.

Elle tente de décliner mon offre, mais je sens que peu lui importe, et je ne suis pas contre un peu de compagnie je l'avoue. Ah, maudites pensées...

_ Oh ça ne me dérange pas ! Et tu peux me tutoyer évidemment ! C'est assez gênant de voir que le statut change autant de choses, je ris doucement.

C'est vrai maintenant que je suis Master tout le monde veut me vouvoyer. Bon je suppose que tu vouvoies plus facilement quelqu'un qui peut te mettre au tapis... Elle me dit qu'elle a déjà fini sa tournée et que ça ne la dérange pas de rester un peu, ce qui apporte un nouveau sourire à mes lèvres. Elle a une façon... Étrange de me regarder, ce n'est pas désagréable mais j'ai comme l'impression de ne pas savoir exactement de quoi il s'agit.

Elle me propose même un coup de main pour le repas et je lève une main, contente.

_ Oh non ne bouge pas ! C'est rare que je fasse à manger pour quelqu'un d'autre, fais moi plutôt profiter de ta conversation. Allergies ou contre-indications alimentaires ? Végé, Végan ? je demande rapidement, en épluchant les aubergines.

J'avais prévu de faire des faritas végétariennes, mais elle préférera peut-être avec viande qui sait ? J’entame donc la conversation, vu que je la lui impose.

_ Tu travailles en tant que postière depuis longtemps ? On risque de se voir souvent, je suis la nouvelle gestionnaire de matérielle et j'avoue pas mal abuser des livraisons...

Ok je fais que ça en fait.

Elle pose son sac à côté de la porte et enlève ses chaussures en entrant. Question de manières. Elle se permet aussi d'accrocher sa veste à un porte-manteau. La maison est vraiment chouette, pas spécialement grande mais bien agencée et lumineuse. Puis si elle veut bien de la compagnie, tant mieux. Au moins elle pas l'impression de s'incruster.

— Je comprends très bien. J'ai l'habitude de vouvoyer les gens que je connais pas. Ma mère était très à cheval sur la politesse.

Question de protection aussi. Quand on est visiblement enfant d'immigrés, on apprend à rester le plus poli possible avec les adultes. Ça a changé un peu à l'adolescence mais elle a gardé quelques réflexes. Elle sourit en coin quand elle surprend une pensée qui ne lui appartient pas. C'est vrai aussi. Les gens vont plus vouvoyer un gros baraqué qu'une petite brindille.

— Oh heu… Pas d'allergies, non. Je mange de tout. Tant que c'est pas de l'éléphant, elle rigole.

La cuisine de sa mère lui manque juste un peu parfois. Elle devrait se refaire un dahl de lentilles un de ses jours. Ou un curry. Elle observe un peu la Master préparer le repas, pas très à l'aise de regarder quelqu'un cuisiner sans pouvoir aider mais bon si elle se fait inviter elle respecte l'hôte. Elle ramène un tabouret vers le comptoir pour s'asseoir en face.

— Oh ça fait quelques temps je crois ? Enfin en général je m'occupe surtout des lettres pour l'Institut mais comme le colis était petit…

Ce qui est sûr c'est qu'elle va pas dire non à passer par ici pour livrer plus souvent. En plus, elle a l'impression qu'elle va se faire une nouvelle amie et elle dit surement pas non.

— Ça a l'air intéressant. Ça consiste en quoi exactement la gestion du matériel ? C'est pour tout Terrae ou tu t'occupes juste de la partie atelier ?

Elle me confie que sa mère était très à cheval sur la politesse, et un petit rire m'échappe. Je dois avouer que j'ai vécu à peu près la même, si ce n'est qu'il s'agit pour ma part de la politesse russe, je recevais un regard noir à chaque fois que j'oubliais de lancer du sel derrière mon épaule pour éloigner le diable au début du repas ! Après coup j'en rigole, mais ces traditions sont restées ancrées en moi longtemps après mon arrivée ici.

_ Je comprends tout à fait ça ! Je ne la critique pas, je serais probablement très strictes si j'avais des enfants !

C'est mon gêne caché de dictateur.
Elle me dit qu'elle mange de tout sauf de l'éléphant et là encore ça me tire un sourire, parce que je ne savais même pas qu'il était possible d'en manger, j'imagine que non ? Sans être particulièrement végane ou végétarienne (j'aimerai bien, mais je ne peux pas pour raisons de santé malheureusement), je trouverai ça atroce de manger une créature aussi intelligente.
Elle me dit -ou pense, un mélange des deux- qu'elle ne passe pas par là d'habitude mais que le colis était suffisamment petit pour qu'elle fasse un détour et je hoche la tête.

_ Je ne savais pas qu'il y avait autant de lettres à livrer à l'Institut, mais maintenant que j'ai mis le nez dans la paperasse des Masters ça me paraît bien plus logique. Je ne sais pas si c'est pareil pour tout le monde, mais mes parents m'écrivent souvent, je trouve ça plus... Sincère que les communications numériques. Aaaaah, la vieille école~

Je mets les aubergines dans la poêle et commence à rassembler les épices pour assaisonner. Elle me demande ensuite de quoi est ce que je m'occupe exactement et c'est à moi de me lancer dans une petite explication.

_ Le matériel de Terrae. Avant, la tâche était répartie entre plusieurs Masters et j'ai proposé de centralisé pour pouvoir passer des commandes plus claires et plus rapides, les pauvres ne faisaient pas ça à plein temps. Je suis aidée pour recensée le matériel cassé par les différents responsables des locaux, ensuite je répare ou je commande les pièces manquantes pour les remplacer ! Et c'est moi qui est responsable de l'atelier, donc s'il manque quelque chose là bas n'hésite pas à me le signaler.

Je me retourne pour lui tendre un verre en attendant.

_ J'ai aussi pour projet de remplacer progressivement le matériel des chambres par des choses plus résistantes et faciles à réparer, mais ça me prendra quelques années je pense, je ris doucement. Quelque chose à boire ?

Athéna est vraiment abordable pour une Master, en fait. Elle en a pas croisé beaucoup mais elle espère qu'ils sont tous comme ça. C’est peut-être l'âge qui fait ça. Elle est pas très douée pour donner un âge aux gens mais la Master a pas l'air d'être plus âgée qu'elle.

Elle sourit largement, rigole presque à la petite pensée intrusive. Maintenant qu'elle s'y attend, c'est plus facile à reconnaitre. Un peu bizarre mais tant que ça donne pas mal au crâne...

— Elle était assez traditionaliste dans le genre, oui. Mais c'est pas toujours une mauvaise chose.

Athéna fait une remarque sur les lettres papiers et elle sourit. C'est vrai qu'à l'ère du numérique on ne s'attend pas à ce qu'il y est beaucoup de lettres à livrer. Ça l'a surprise aussi au début puis après elle s'est rendue compte que Terrae était très mixte et surtout que tout le monde ici ne venait pas de familles avec un accès à un ordinateur.

— Ça dépend des gens. Y a aussi des personnes qui viennent pas de milieux avec un accès facile à internet.

Elle commence à cuisiner et Sari la regarde faire avec un sourire. L'odeur des épices lui rappelle toujours des souvenirs. Puis les aubergines elle aime bien ça. Il faudrait qu'elle en propose pour la cantine une fois.

— Oh, donc en fait tu es la responsable logistique ! Ça a l'air cool comme boulot. Je penserai à faire appel à toi si je repasse par l'atelier.

Elle a pas l'habitude d'y passer si souvent que ça mais de temps en temps elle aime bien bricoler. Puis mettre des matériaux plus durables dans les chambres c'est vraiment une bonne idée. Elle a bien vu que dans la sienne tout est pas toujours hyper solide mais bon quand il faut équiper tout le monde avec des meubles c'est normal de devoir faire des économies surtout au début.

— Heu… Juste de l'eau ? Je veux pas te faire ouvrir une bouteille juste pour moi. Sinon un jus de fruit ?

Pas d'alcool à cette heure-ci. C'est encore bien trop tôt. Même si l'idée de boire un verre dans d'autres circonstances avec la jeune femme ne lui déplairait pas forcément.

HRP : JE SUIS TELLEMENT DESOLEE POUR LE RETARD IFHISCIH ToT Promis j'essaye de reprendre en tous cas ça fait du bien de répondre à ce rp il est si feel good T^T


La remarque sur sa mère laisse flotter le sourire sur mes lèvres, me rappelant la mienne. C'est une chose que beaucoup ont du mal à comprendre ici, le fait que j'aime ma mère et qu'elle m'aime en retour même si elle n'approuve pas ni Terrae ni ma présence ici. Ni même mon rôle ici. Plus qu'un amour maternel instinctif, c'est une confiance aveugle inconditionnelle. Au delà de ses mots durs, accusateurs, parfois violents, au dessus desquels il faut passer. Pas éponger ni oublier, juste écouter, comprendre, accepter, mais par lesquels il ne faut pas se laisser guider.

Je secoue la tête pour chasser mes pensées familiales pour ne pas faire complètement cramer le repas. Elle pointe alors un aspect important sur l'accès à internet et je l'appuie d'un doigt levé, un point pour elle.

_ Exactement ! Jusqu'à mes 13 ans il n'y avait que trois téléphones pour tout le cirque, ces bons vieux frigo ou des téléphones à clapet. On ne pouvait pas investir dans un ordinateur vu qu'on se déplaçait tout le temps mais au final j'en ai quand même reçu un à mes 15 ans... Cela dit il servait à tout le monde. On devait demander l'autorisation des mairies des communes où on allait pour avoir le droit d'utiliser internet, le Wi-Fi ça marchait moins bien avant...

Cela fait longtemps que je n'ai pas repensé à cette époque, ma voix se faire lointaine, nostalgique un peu. Pas que c'était mieux à cette époque là certainement pas. C'était juste... Différent. C'était notre vie quoi.

Au moins une qui a compris mon métier alors je hoche la tête, ça serait salutaire comme aide. Comme toute aide en ce moment en fait. J'ai juste peur que cela ne dure plus longtemps qu'on ne le laissent présager nos estimations... Elle semble plus hésitante sur la nourriture, et je quitte un instant les fourneaux pour me diriger vers mon frigo, sortant de l'eau, un jus d'orange et un jus de pomme-raisin.

_ Je t'en prie sers toi ! C'est du fait maison. J'aimerai faire toute une panoplie de goût avec plus de temps mais je n'ai pas beaucoup de temps, sans compter l'énergie que ça demande de créer des fruits... Le raisin en particulier est assez fourbe, du coup j'en ai moins.

Je me dis que Chris n'approuve probablement pas beaucoup ma façon de traiter les plantes pour leur unique fonction de me fournir de la nourriture, mais c'est quand même bien pratique. Et pour ma défense, j'ai quelques plantes vertes d'intérieur que je laisse évoluer à leur rythme, pour compenser un peu.

_ Est ce que tu pourrais mettre la table par contre ? Les assiettes et les couverts sont ici, je galère un peu pour tout ce qui est porté et équilibre en ce moment...

Depuis que je suis assaillie par les pensées parasites, je veux dire.

Sarika hausse un sourcil un peu surpris quand la Master évoque son enfance. Apparemment elle a vécu dans un cirque à cette période de sa vie. C'est intrigant pour quelqu'un comme elle qui n'avait jamais trop voyagé avant d'arriver à Terrae.

Et puis avec son père ingénieur, elle avait eu accès aux téléphones portables et ordinateurs très vite donc penser à cette vie nomade très particulière lui semble très lointain de ce qu'elle connait. Pourtant Athéna semble en être presque nostalgique.

— Ça a du te faire bizarre de te sédentariser en arrivant ici alors. Déjà que pour quelqu'un comme moi y a du décalage à cause des pouvoirs et tout ça, j'imagine même pas devoir en plus adapter entièrement ton style de vie.

Athéna sort ensuite des carafes avec du jus et de l'eau. Sarika hausse un sourcil quand la Master lui explique que les jus viennent de fruits qu'elle fait pousser elle-même. C'est vrai qu'en tant que Terre, ça doit être pratique mais c'est un peu bizarre comme concept.

Elle se sert un verre de jus d'orange en remerciant la jeune femme. Son estomac grommelle encore un peu au fait d'être vide mais le jus fait du bien et elle le savoure un peu.

— Oui bien sûr, je m'occupe de ça !

Elle se lève et laisse son verre entamé sur la table avant d'attraper de quoi mettre la table dans les placards que lui a indiqué Athéna. Elle imagine même pas l'énergie que ça doit demander au quotidien pour se déplacer et porter des trucs avec des jambes comme ça.

— Tu vis toute seule ? Enfin…Je veux dire, tu as pas des gens qui viennent pour t'aider avec cette histoire d'équilibre ou…Excuse moi si c'est indiscret c'est juste que j'ai du mal à- Enfin avec les perturbations des pouvoirs, t'as pas peur d'avoir un problème à un moment où tu es toute seule ?

Je me rends compte que ça doit être un peu étrange de déballer tout ça devant une personne que je viens de rencontrer mais elle est attentive et me relance même. Je fronce les sourcils pour chercher un peu moins loin dans mes souvenirs, à mon arrivée ici.

_ Disons que j'avais beaucoup de choses à penser en arrivant. Mes parents venaient de vendre le cirque, j'avais perdu un ami et un animal, en fait Terrae était une sorte de stabilité que je n'avais pas vraiment connu. C'était différent mais je me suis adaptée assez vite. Bon j'ai pris pas mal de missions ça a aidé. Et puis il y a du monde ici, c'est impossible de connaître tout le monde ou de se considérer comme une seule famille unie. Enfin pas dans le sens où nous l'étions avec le cirque...

Pour une fois je pouvais rencontrer des personnes plus d'une fois par saison. Des personnes autres que celles qui partageaient ma vie. Avec le recul je ne sais pas ce que j'aurais fait de ma vie au final. Houla il faut que je me calme, je crois que je projette des pensées vers Sarika elle n'en a pas besoin...

_ En tous cas les pouvoirs c'était une autre paire de manche. Au début j'ai mal pris le fait d'être titan, je ne sais même plus pourquoi, je ricane. Je crois qu'on galère tous au début.

C'est plus un "je sais" que "je crois". Certains plus que d'autres.
Elle me pose ensuite d'autres questions alors que j'emmène le plat jusqu'à la table de la cuisine pour servir. Mon ventre grogne, il était temps que je mange on dirait...

_ T'inquiète, c'est pas indiscret. Enfin pas pour moi. Disons que... Ce n'est pas toujours évident et je fatigue plus vite, mais je sais où sont mes limites. [NdA : non mdr] Tant que je suis terre ça va, et puis des collègues passent de temps en temps, ou des élèves... Même si les Masters ont hérité de plus de perturbations, nous avons aussi plus de facultés et facilités pour les gérer, heureusement. Au pire je suis télépathe, je ne crois pas qu'il y ait un seul message que je ne puisse pas faire passer, je finis avec un petit rire.

Pour être honnête j'ai plus peur de traumatiser mon voisinage avec une attaque mentale incontrôlée qu'autre chose mais on est tous logés à la même enseigne pour le coup. J'inspire doucement la fumée de mon assiette et remonte mes barrières mentales fraichement acquises.

_ Mais je ne parle que de moi ! Et toi, comment tu t'en sors avec tout ça ?