Zola est... Idéaliste. Ce n'est pas une histoire de naïveté, on sent qu'il a envie de croire dans le meilleur de chacun tout en sachant que l'homme n'est pas forcément bon. C'est probablement la raison pour laquelle il n'arrive pas à comprendre Ys, le décalage entre ce qu'il s'efforce de croire et la réalité est trop grand. Je me demande ce qui a pu lui arriver pour qu'il en vienne à vouloir se forcer comme ça à aimer tout le monde.

Il essaye de se rassurer, de me rassurer probablement aussi, mais sa voix le trahit un peu, et je sens ma gorge se serrer. Peut-être que maintenant, au dessus de la fatigue, au dessus des gestes automatiques que j'ai acquis pour vivre, au dessus de tout ça mon cerveau recommence à réfléchir. Il se remet en marche.

Il m'a dit qu'il ne voulait pas me forcer à raconter les détails mais... J'ai tenu des mois sans lui en parler. Et j'arrive au bout. Je vois mal quand j'aurai l'occasion de lui en parler ensuite. Je laisse mon corps glisser jusqu'à poser ma tête sur ses genoux, les yeux fixés au plafond, même s'il ne peut toujours pas les voir.

_ J'ai... je me racle la gorge. J'ai déjà rompu mon pacte. Quand je suis arrivé ici, je traînais avec moi une addiction maladive à l'information. Enfin, c'est toujours le cas mais... Moins. Au bout d'un moment, j'ai accepté d'être supervisé pour ça, et on a conclus avec la justice de Tokyo que je n'avais pas le droit d'utiliser quelque connexion que ce soit -même celle de Terrae- sans la supervision de Aaron. Et... J'ai réussi à m'y tenir, plus longtemps que je le pensais, faut dire qu'Aaron est une plaie et il est pas mauvais. Mais j'y arrive plus.

Je prends une respiration, pour passer une main devant mon visage.

_ Quand tout va bien, je peux gérer, l'ambiance de travail est cool et- tu sais qu'Ariana m'a demandé pourquoi je faisais ce taff et que j'avais rien à répondre à part "je sais faire que ça" ? Elle se demandait à quoi elle pourrait être utile, mais cette meuf est bourrée de talent, elle pourrait faire ce qu'elle veut- bref.

Je m'égare là.

_ Quand tout va bien, pas de problème, mais Atumane ? C'est... Tu sais quand Tiago me battait, j'ai pas eu peur. Parce que ce type est une raclure de fond de placard, tu lui files un billet entre des seins en plexi il te suit à la trace comme un p'tit chien hargneux, mais y'a pas de volonté derrière. Mais l'autre ? Il serait tellement en prison 15 fois si quelqu'un s'intéressait à ce qu'il se passe dans sa tête. Et tu sais quoi ? A la limite ok. Ce qu'il s'est passé s'est passé, des rixes il y en a toutes les semaines, les écoles de ce type reproduisent de toutes façons volontairement ou pas les échelons de la société et les systèmes qui la composent. Ce qui m'a poussé à franchir ma conditionnelle, c'est la sanction.

Ma main tremble alors que je réveille cette foutue colère et qu'une flamme se met à courir le long de mes doigts.

_ Atumane s'est fait retirer ses pouvoirs deux semaines. Il a participé à des travaux d'intérêt général soit disant -j'ai même pas la preuve qu'il l'ait fait d'ailleurs- et il a globalement eu l'interdiction de m'approcher. Et après, il est parti, de son propre gré. Parce qu'il pouvait le faire, parce que rien n'interdit quelqu'un de partir, même quand il a commis des choses illégales à Terrae même, et qu'il ne fait absolument pas mine de montrer des remords. Ça m'a... Mis la haine. Comme jamais dans ma vie.

Quand je travaillais pour mon oncle, je n'avais aucune raison de faire que ce soit sous le coup de la colère. Ça m'est arrivé une fois. Une seule fois, et les bas-fond et les flics de New York s'en souviennent. Mais là je me retrouvais démuni, incapable de faire valoir quoique ce soit, celui que je considère comme l'ayant pas suffisamment payé peut se casser tranquille, et moi je dois ravaler ma rage. Sauf que je fonctionne pas comme ça.

_ Alors j'ai traqué chaque. Mouvement. De ce fils de pute. Et de toute sa famille, de ses partenaires commerciaux, j'ai dressé une liste de tous les endroits où s'est rendu sa famille depuis la naissance de son grand père, toutes les personnes qu'ils avaient rencontrés, toutes les personnes à qui ils ont vendu ou ont été ne serait-ce que soupçonné d'avoir vendu quoi que ce soit, même un canard en plastique. Pour chacune des personnes à qui ils ont échangé un regard dans la rue j'ai monté un dossier long comme mon bras. Ça fait des mois que je suis dessus. J'ai presque fini de rentrer toutes les données dans Meta, une fois que ça sera fait, il sera autonome pour tracer leurs déplacements avec même une marge d'avance. Pour quoi faire tu me diras. C'est juste un système de délation ; une fois que ça sera fait j'aurai plus qu'à le mettre en marche et le monde entier saura tout ce qu'ils font de leurs journées, avec qui ils parlent de quoi, chaque personne verra son dossier révélé en public pour leur avoir adressé la parole. Et tu veux savoir le plus beau ? Il suffit que 60% des informations soient au moins confirmées pour que l’algorithme fonctionne et puisse faire le tri des leurres, et là je tape dans un bon 89,73% autant dire que même moi je me suis surpassé.

Je souris, pas peu fier. C'est un ouvrage magnifique. Autonome, excellent élève, il apprend de ses erreurs et est déjà présent sur les serveurs du monde entier, dont une partie des données se déplacent régulièrement. C'est simple : si vous voulez vous en débarrasser, éteignez Internet. A jamais. A vos risques et périls sur l'économie, cela dit. Non, j'ai jamais été très modeste à ce sujet.
Je fronce cependant les sourcils.

_ Sauf que faire ça, j'ai pas le droit. Selon mon pacte évidemment -qui lui m'envoie direct en prison- parce que selon Terrae je risque au pire de devenir l'homme de ménage sans pouvoir de l'Institut.

Je soupire, je me perds de plus en plus là.

_ Après ce qu'il s'est passé avec Ys c'est encore plus flagrant, c'est devenu encore plus difficile de faire taire cette colère de merde, cette voix qui me dit "c'est si peu cher payé pour se venger, ça vaut le coup". La seule chose qui retient des gens comme Alice ou toi c'est leur humanité, le problème c'est que tu peux pas résonner avec humanité envers des gens qui n'en ont aucune.
Voilà mon problème.

Je me tais. C'était long, mais c'est sorti d'un seul coup. Je regarde Zola, appréhendant un peu sa réponse.

Il sent le corps de Houston glisse contre lui. Il le laisse faire. Il continue doucement de lui caresser les cheveux sans rien dire et l'écoute. C'est ce qu'il y a de mieux à faire. Houston veut parler, Zola est là pour écouter. Il se sent un peu fier d'être jugé digne de l'écouter sur de si lourd sujet.

Il est très impressionné par tout ce qui se dit. Déjà pour la justice.. Bon il avait compris que le passé de Houston était assez loin d'être le plus joli coeur qui soit mais il n'empêche que .. ouais un pacte avec la justice quand même.

Zola tire un sourire quand il se met à parler d'Ariana. Il ne réagit pas plus pour ne pas le couper dans sa narration mais l'aparté l'amuse. C'est vrai que c'est une femme de talent !

Et puis le nom maudit sort. Atumane. Zola essaye de rester le plus impassible quand même mais il ne peut s'empêcher de se tendre un peu. Il se souvient de ce qu'il a vu et il se souvient aussi de ce qu'il a vécu. Au départ il est d'accord avec les mots de Houston et après .. Après il a juste sa mâchoire qui se décroche doucement.

Sur ses doigts il compte et en même temps il essaye de se répéter en tête les points sur lesquels il veut rebondir. Quand Houston a fini il ne sait pas trop si c'est vraiment fini ou pas. C'était .. tellement en fait .. Il regarde la flamèche qui danse dans les airs. Il laisse un blanc puis fronce les sourcils.

-Wow .. Ca fait beaucoup.. Et je .. Déjà ! Petit un. Je sais que je fais pas grand méchant et que j'ai tendance a voir le meilleur partout et tout.. C'est plus facile en soit. Mais Ys et Atumane pour ne citer qu'eux.. Je suis convaincu que ce sont des enflures et j'ai du mal a savoir qu'en effet ils se baladent sans problème. Atumane a faillit te tuer. Ys aurait pu me tuer et l'a presque fait avec Akihiko. Oui non forcement que ces gens là s'ils ne sont pas derrière les barreaux je préfèrerais pouvoir les détruire de mes mains mais j'ai fait des promesses et puis je pense qu'en fin de compte je m'en voudrais parce que de faire ça ce serait foutre en l'air surement beaucoup d'autres choses ..Enfin en effet sauf si on parle au niveau de la justice de Terrae mais .. Non mais là je ne comprends pas encore bien comment ça marche et j'ose pas trop me rensaigner plus j'ai peur que ça m'énerve et pousse à agir ..

Il marque une pause et fait un léger sourire.

-Un peu comme toi en fait au final !

Il pense avoir fini et souffle. Il patoune doucement la tête de l'homme invisible sur ses genoux.

-Ah ! Oui non et petit deux ! T'as vraiment fait tout ça ?! Non parce que c'est super impressionnant hein ?! Attends si tu sais faire un truc pareil obligé tu sais faire d'autres choses ! C'est pas possible autrement !

Blanc. Soupir. Il vient de réaliser. Il fait une moue toute triste.

-Oh non mais .. Mais tu es vraiment trop doué. Genre moi en ce temps là j'ai fait quoi ? J'ai pris des photos et .. Si j'ai construit des cabanes pour les oiseaux mais je les ai même pas accrochées... Pfff... Mais je suis tellement pas productif comparé à toi .. Faut que je m'y mette. Je pensais aller mieux mais en fait je me relache !

Grosse prise de conscience du joueur Jarvis !

La caresse de Zola dans mes cheveux me détend et m'aide à raconter.
C'est fou comme les paroles fusent dernièrement, c'est comme si je compensais pour les années passées à me taire ou à parler tout seul. Ma langue se délie, et lorsque je m'arrête de parler, je me rends compte à quel point c'est... lourd. Il y a quelques secondes où il ne dit rien et où je ferme les yeux, parce que... J'ai peur de ce qu'il pourrait dire.

Et puis il parle.
Et il me surprend. Il ne mâche pas ses mots à propos de Ys et Atumane, et même si c'est énoncé de manière... Simple, le message est rude. Zola, tuer quelqu'un de ses propres mains ? Je ne doute pas que si on parle de pure physique, il peut y arriver. Mais lui même dit qu'il risquerait de le regretter. Mon sang se glace. Il ne faut jamais que ça arrive. L'espace d'un instant oui, ça me fait peur pour lui. Ça me choque. Parce que si même lui en arrive à se dire ça, alors où on va ? Si même lui doute de Terrae, j'imagine même pas ses détracteurs...
Un peu comme toi.
Le frisson s'accentue, et je comprends que je suis en train de redevenir visible.

Et après. Il me dit que je suis- attendez productif ?! C'est les deux seules choses qu'il retient ? Un petit rire arrive. Je- Je suis en train de lui dire que je vais finir en taule, et il me sort que c'est parce que je travaille vite ?! Je- j'éclate de rire. D'un coup j'en peux plus, c'est comme si toute la pression sortait de mon corps d'un seul coup, je lâche tout. Je n'arrive à m'arrêter qu'après deux longues minutes, les larmes aux yeux, et galère à aligner deux phrases.

_ C'est- Wow- Je m'attendais à tout sauf- Je m'attendais pas à ça ! Tu sais quoi, ouais, je suis un génie, je sais en faire des trucs de ouf- Mais attends, tu veux savoir un truc fun ? J'ai déjà planqué pleins de caméras dans des cabanes à oiseaux ! Je peux te montrer des bons spots !

Je sais plus ce que je dis tellement j'ai la tête ailleurs. Juste...
J'avais besoin de rire je crois.

Quand Houston réapparait en Zola sursaute un peu. Il est surprit. IL continue cependant de parler. Et puis là Houston se met a rire. Mais genre .. Vraiment rire beaucoup. Ca surprend notre grand brun qui ne peut s'empêcher de sourire et glousser à son tour. Il hésite un peu et puis dès qu'il est sûr que Houston a fini de parler il se jette sur lui.. Il l'écrase pas vraiment mais il lui fait quand même un bon gros calin. Il est émotif là d'un coup. Non vraiment il a la voix chargée d'émotion.

-JE... Je suis tellement content de te voir !

Il reste étalé sur son ami un moment avant de relever la tête au dessus de lui en réalisant ce qu'il avait dit.

-Et du coup tu pouvais voir l'évolution des oiseaux ?! Et le fait que les écureuils sont pas toujours gentils ?! J'ai une appli sur mon téléphone avec tout plein de live animaliers ! C'est trop bien j'aime trop ! En plus dans le tchat on peut donner des noms aux petits !

Il a un immense sourire. Oui il est content. Il parle d'un truc chouette et il a le visage de Houston en face de lui. C'était trop triste quand il parlait au mur.

J'ai du mal à m'empêcher de rire et voilà qu'il m'étouffe littéralement sous un câlin.
Au moins ça a le mérite de me calmer par asphyxie. Je conseille pas. Je m'apprête à taper les deux coups de l'abandon quand il me parle d'une voix... Un peu déchirante je dois l'avouer. Alors je ne fais rien, j'attends qu'il prenne le temps de se relever et de dire une chose à laquelle je pourrais répondre.

Des lives animaliers ? Je fronce les sourcils. Bien sûr que je connais, y'a juste un truc que j'ai jamais compris...

_ Alors moi j'observais plutôt les gens en bas mais... C'est quoi l'intérêt ? J'veux dire, l'écran doit être vide les trois-quarts du temps, c'est pas chiant à regarder ?

Je sais pas comment c'est possible, mais avec lui passer d'un sujet à un autre de façon complètement arbitraire semble naturel.

_ Ah, aussi... C'est peut-être un peu chelou mais... Je suis vraiment soulagé que tu comprennes...

Zola réfléchit un instant. Alors .. Ouais on va pas se mentir y'a pas toujours de quoi regarder mais bon.. Enfin quoi que si y'avait des certains lives qui étaient riches en rebondissement en vrai ! Ne JAMAIS sous estimer la nature !

-Hmm.. Non ça vaaa. En vrai en général tu fais quelque chose en même temps et puis quand d'un seul coup y'a un écureuil HOP ! C'est là la magie ! L'instant présent tout ça ! Les parcs animaliers d'ours y'en a presque toujours à l'écran. C'est très relaxant. C'est plutot les humains qui doivent être chiant non ? Surtout depuis une cabane à oiseaux.. Tu vois quoi à part des gens qui essayent de se cacher pour faire pipi ?

Oui parce que ce qu'il faut savoir c'est que quand Zola était marmot avec l'école ils avaient installé des cabanes à oiseaux à quelques endroits sauf que y'en avait plusieurs les gens venaient uriner ou faire uriner leurs chiens en dessous. Alors dès qu'il pouvait le petit germinal campait à coté et venait les réprimander. Quel homme sérieux vous avez vu ?

Il marque une pause et continue de regarder Houston avant de retourner lui faire un calin peut être tout de même moins étouffant que le précédant.

-Je comprends ouais .. Je dis pas que je l'accepte par contre. Je pense même que quand tu le feras je te ferais un peu la gueule. Au moins un ou deux jours quoi ! Pour la forme .. J'aime bien ma vie comme elle est là maintenant. Je me suis jamais senti autant aimé et à ma place malgré tout ce qu'il se passe.. Me dire que tu ne seras peut être plus là même si c'est pour une cause aussi importante que celle ci .. Ça me fait mal et tu vas vraiment me manquer. Mais bon ... Je comprends. Et puis ce n'est pas à moi de te faire la morale dessus. Tu es grand et c'est à toi de faire tes propres choix, pas à moi de t'imposer les miens.

Il souffle. Son ton était redevenu plus sérieux mais restait quand même léger et moins dramatique qu'il avait pu l'être.

C'est fou à quel point Zola et moi on a une conception complètement différente du monde.
Il est capable de regarder des heures de vidéo où il se passe rien juste pour, peut-être, avoir la chance de capter un écureuil qu'il pourrait voir dans la forêt d'à côté, ça me dépasse. Et moi bah...

_ De ouf qu'il se passe des trucs ! Tu vois les dealers, les mauvais dragueurs, tu peux deviner le métier des gens rien qu'à la façon dont ils marchent en nature et aux vêtements qu'ils portent, puis bon après t'as les plantages, les mafias, les prostituées tout ça... Suffit que la maisonnette soit dans un parc d'un quartier bourgeois et c'est un festival. En fait tu sais même pas où regarder des fois tellement il se passe de trucs.

Est ce que je devrais vraiment laisser mon ego m'emporter pour ce genre de sujet ? Non. Laissez moi tranquille ok ?
Je ne bronche pas pour son second câlin, moins envahissant que le premier. Sa tirade est... Surprenante. J'évolue beaucoup avec les gens qui m'entourent depuis que je suis arrivé, probablement parce qu'avant je n'avais personne pour m'entourer. Il me dit que je vais lui manquer. Lui aussi va me manquer. Chacune de ses phrases sur son appartenance à Terrae résonne et trouve un écho en moi, ce qui rend la chose plus... Difficile. Parce que c'est le premier à prendre ça sous cet axe. A ne pas... Refuser, à juste penser à l'après, dans la voie que j'aurai choisis. Ça me touche autant que ça me fait mal, je me sens con un peu.
Je laisse une pause avant de répondre.

_ J'ai... J'ai pas vraiment pensé à l'après de cette façon. Je pense pas avoir ma place ailleurs qu'ici dans le monde, et vous allez me manquer aussi. Tu... Tu vas me manquer.

Ça n'a pas besoin de suite. La suite elle se passe dans ma tête, elle entre en débat avec la partie vengeance de mon cerveau, et pour la première fois la contradiction existe. Et c'est bien.

Zola reste pensif un instant puis glousse. Il regarde Houston amusé.

-Si tu l'avais mise dans mon quartier tu aurais surement vu ma tête en gros plan à la rechercher des oisillons ..Ah bien y repenser c'était pas fin de faire ça mais beaucoup trop tentant ! Un fois j'ai quand même sauvé des oeufs d'un écureuil !

Il est très fier et il sourit. Houston a du en voir quand même des choses. C'est clair, c'est impressionnant. Il reglousse un peu en pensant à diverses choses que son ami a pu voir et retourne se caler contre lui sans bouger. Si Houston doit bientôt partir on ne sait où alors oui c'est sûr, il ne le lache pas tout de suite. Il sera pot de colle pendant ce temps et il s'assurera qu'il mange bien ! Non mais.

Et puis Houston parle. Une moue embêtée se dessine sur le visage du grand mais il ne réagit pas tout de suite. C'est plutôt au "tu vas me manquer" que son coeur loupe un battement, et qu'en une fraction de seconde, presque paniqué, il se retrouve au dessus de son ami avec des grands yeux tout rond.

-.... Je ... Euh .. Je ..

Il fait un petit sourire. Ahah. Il sait pas quoi faire. Il se sent con. Du coup au final il se relaisse tomber à ses cotés et lui fait un rapide bisous sur la joue. Il a pas réfléchi. C'est une marque d'affection comme une autre après tout.

-Merci d'être là.

La tête calé contre Houston c'est bien là. Pourquoi il a bougé de base hein ?

J'imagine voir la tête de Zola apparaître en énorme sur mon écran et ça me tire un rire réellement amusé. Non mais. D'habitude ceux qu'on voit en gros ce sont les opérateurs télécom ou autre, pas les ornithologues amateurs, surtout que bon normalement quand tu approches un nid il y a beaucoup d'espèces qui abandonnent les petits...

_ Mais quel héro ! je dis narquoisement. On a devant nous la future égérie de Green Peace à ce que je vois.

A 100% sûr c'est le genre de type à cotiser pour pleins d'organisations environnementales. Pour toutes les oeuvres caritatives en fait. Oh je critique pas, j'ai moi même déjà fait un don anonyme à la police de New York. Je vous décrirais pas le contexte, c'est compliqué.

Pour le reste... J'ai pas trop compris. On dirait que mes mots ont eu beaucoup d'effets parce que Zola se retrouve complètement embarrassé et- bah well, au dessus de moi sur le lit quoi. Euh. Je suis pas con hein je sais reconnaître une situation... Embarrassante ? Ça a juste pour effet de me figer sur place, mon sang tambourinant dans mes oreilles, pas trop sûr de pouvoir anticiper la suite. Je- euh- bah voilà comme lui, j'ai plus de répartie génial.

Il se laisse retomber sur le lit à côté de moi et- je soupire discrètement de soulagement. OUI c'est du soulagement ok, de quoi je sais pas, vous savez quoi on y pensera plus tard merci fermez les rideaux y'a rien à voir. Il cale sa tête sur mon épaule et... Me remercie d'être là. Putain Zola tu le fais exprès. Pour une fois, je me sens horriblement mal à l'idée de partir. Pour une fois, je me dis que je fais vraiment la pire connerie de ma vie. Heureusement qu'il peut pas voir ma tête dans le noir, même moi je ne voudrais pas la voir à cet instant.

_ Je te retourne le remerciement, idiot, je finis par murmurer.

Pourquoi faut-il toujours quand il soit là que je sens la fatigue enfin me gagner ?

Zola secoue légèrement la tête.

-Nooon. Faudrait que j'aille militer sur place pour être vraiment une égérie. Mais si je peux les aider je le ferais ! J'ai milité pour WWF quand j'étais encore en France. Bon après mes parents l'on su et n'ont pas vraiment apprécié mais voilà ! J'étais très fier !

Puis le moment gênant où visiblement aucun d'eux ne sait vraiment quoi faire. Heureusement ça ne dure pas trop longtemps. Bon c'était déjà trop long mais pas trop trop trop long non plus. D'ailleurs ça lui faisait bizarre d'avoir été aussi gêné pour un moment partagé avec un proche comme ça. Enfin après il fallait quand même dire que le sujet pretait aux moments intenses et tout le tralala quoi.

Tout bien calé contre son ami il ne put s'empêcher de sourire, un léger gloussement satisfait. Alors il s'était fait traiter d'idiots certes mais il avait eu quand même le plus beau remerciement qui soit et ça, ça faisait plaiz'. Il releva la tête pour tenter de regarder Houston malgré la non luminosité de la pièce. Forcé de constaté qu'il ne voyait rien il reprit plus ou moins sa place en fermant les yeux . Il ne savait juste pas trop quoi dire alors pour éviter tout mots il fit un geste. Trois fois rien. Juste un petit bisous sur la mâchoire de son ami pour lui témoigner silencieuse son affection. C'était déjà bien moins gênant que de se retrouver sur lui sans raison.

Je sens un peu mon esprit m'abandonner.
Je suis bien calé là. Quand je réponds, c'est avec le sommeil dans la voix et non avec la légère moquerie que je voudrais lui donner.

_ Ça ne m'étonne pas. T'es un grand héro de la Nature...

Zola glousse avant de se recaler bien. Je suppose qu'il dort ici du coup, la pensée ne me choque pas plus que ça, si ce n'est qu'il risque de prendre vachement plus de place que moi sur le lit. Mais eh, mes yeux sont clos, mon corps crie fatigue, et là franchement ça va on est calés. Si on bouge pas ça devrait le faire.

Je sens qu'il gigote encore et m'apprête à grogner quand je sens un baiser dans mon cou. Je me débats avec la sensation de chute qui mène à la perte de conscience pour tourner la tête et déposer à mon tour un baiser sur son front. Voilà, comme ça on est quittes. Puis je sombre.

Zola a le droit a un bisous sur le front et à vrai dire il est ravi. Il a les joues qui chauffent un peu mais tout va bien. Il garde son ami près de lui et l'entoure de ses bras. Il se dit une seconde qu’il ne saura pas fermer l’œil parce que trop content de partager ce moment avec Houston. Au final, avoir un gros doudou contre lui, ça l’endort complètement.

C’est quelques heures plus tard qu’il se réveille. Il oublie un instant où il est. Il constate juste que ce n’est pas sa chambre. Il a peur de s’être téléporté de nouveau on ne sait où. Il veut se lever et quelque chose le retient et là .. Là un immense sourire illumine son visage quand il voit ce qui le retient. Il est trop content et retourne faire un gros câlin à ce gros chat grincheux brun à ses cotés. Il sera surement pas content de ce trop plein d’affection dès le matin mais pour le coup rien à faire, ça lui fait trop plaisir de se réveiller à coté lui. Il reproduit la même chose que durant la nuit soit lui faire un bisous dans le cou. Ou deux.. Éventuellement trois. Il cache son visage dans le cou de Houston tout sourire. C’est une belle journée qui commence !

La nuit fut paisible.
Vous savez, ça fait parti de ces nuits où vous dormez tellement bien que vous ne vous souvenez ni de vos rêves ni même de vous être endormis. Ce genre de nuit. Pour une fois ma nuit n’avait pas été agitée, j’avais eu un peu chaud peut-être, mais c’est tout. C’était réconfortant. Puis bon, s’être couché à 4h du matin aide à dormir. Alors quand je sens que le truc qui me tient chaud disparaît brusquement, je sens mon esprit être rappelé par la réalité et je grogne. Il y a encore du mouvement’ avant que je ne sente un souffle dans mon cou, et... des lèvres aussi. Je grogne de plus belle et commence à gigoter pour aller foutre une main dans le visage de l’agresseur.

_ Hmf Jola ptain-

J’utilise mes dernières forces pour tenter de me retourner face au mur.

_ Laiche moa dormir-

J’ai jamais été un lève tard mais j’en ai un peu besoin là merde...

Zola glousse un peu et remet ses bras autour de son ami amusé. S’il avait pas compris jusque là que c’était Houston le délicat putain dès le matin pouvait le mettre sur la voie. Il continue un peu à l’embêter avec des petites doudouces parce que c’est super fun quand même il ne put s’empêcher de le charrier.

-Tu veux que je te lèches ? Comme ça ? De bon matin ? Tu es plus entreprenant que je le pensais.

En vrai il rigole mais il comprend. Juste resté là calé avec son poto dans ses bras dans un lit au chaud à faire des câlins, c’est vraiment cool. Non vraiment bon bail. Ca lui plait ! C’est pas compliqué et prise de tête c’est chouette.

Alors croyez moi, je suis du matin généralement.
Mais bon depuis que je suis à Terrae et depuis que mon sommeil est aussi casse-gueule qu'un champ de mines, bah j'estime que j'ai le droit de profiter de temps en temps. Mais impossible avec ce mec là. Ça sert pas à grand chose que j'essaye de me libérer de ses câlins, il est genre 100 fois plus fort que moi, alors je me laisse traîner comme un gros chat malade, jusqu'à ce qu'il parle.

Là, ça a l'effet d'une douche froide sur mon cerveau qui se réveille d'un coup en cherchant où a été la douille- ah ouais putain. J'ai parlé dans mon oreiller.

_ Tu sais Zola, je dis d'une voix claire mais grognante, parfois j'ai du mal à savoir si tu es vraiment un humain ou si tu es une sorte de loup garou-chien gentil. Dans le doute : non merci je sais prendre ma toilette tout seul.

Pourquoi j'ai l'impression que ce que je viens de dire est pire ?