Charlie-Ange m'avait envoyé un message peu de temps après que nous ayons changé de pouvoirs. Il n'avait pas oublié, et le destin avait voulu que nous échangions nos pouvoirs si peu de temps après... tout ça. Quand j'avais vu son message, je n'avais pas pu m'empêcher de penser à ce jour où il était venu me voir directement après avoir vu Ys, quand il avait su que je n'allais pas bien. Est-ce qu'il savait déjà ? Est-ce que j'aurais dû y voir un signe ?

Je n'avais évidemment pas les réponses à ses questions, probablement parce que je ne voulais pas les avoir. Toujours est-il que je n'avais pas été capable de lui répondre tout de suite. Le temps s'était un peu écoulé. Une semaine, deux. Tout allait souvent trop vite, de toute façon. Et puis, aujourd'hui, j'avais enfin décidé que j'étais capable de le voir sans avoir peur de m'effondrer. Alors j'ai pris mon téléphone, et je lui ai envoyé un message pour définir d'un endroit, et d'une heure pour qu'on se voit. Charlie-Ange avait proposé que nous fassions un pique-nique pour profiter du soleil, et j'avais acquiescer, parce que c'était évidemment une super idée, et que prendre le soleil ne me ferait probablement pas de mal.

J'arrivais en avance sur notre lieu de rendez-vous, parce que de toute façon je n'avais littéralement rien d'autre à faire de mes journées, une fois le travail terminé (ou peut-être serais-je plus honnête si j'affirmais que je n'avais envie de faire rien d'autre), et posais mon sac au sol, en sortant un drap que j'avais pensé à emporter pour l'occasion pour l'installer sur l'herbe. L'avantage, c'est que peu de monde venait ici en générale... Je ne serais pas attaquée par les pensées de tout le monde.

T’es un tout petit peu surpris quand tu as enfin des nouvelles de Mitsu, tu t’étais dit qu’elle devait être vachement occupée avec les changements de pouvoirs. Tu t’es dit qu’elle répondrait quand elle pourrait.. Et tu t’es aussi dit qu’elle allait peut-être pas ouf, alors tu l’avais pas harcelé pour autant, tu lui avais juste envoyé des photos de choses diverses comme ton cul bleu après la gamelle que tu t’étais pris en te téléportant dans la douche de Zola. Avec pour légende « moi aussi j’me transforme en œuvre d’art, help ! » pour ouvrir le débat. Ce qui avait fonctionné car elle t’avait proposé une rencontre presque instantanément… à une semaine près quoi, on peut dire que ça avait marché. Si c’est vrai !

Ce matin quand t’as commencé à préparer le pique-nique tu t’es rappelé que tu ne savais pas préparer un pique-nique… Donc comme tout bon néophyte tu étais allé acheter des chips et du coca… Et t’avais quand même pris des bonbons parce que les bonbons c’était trop tooooop. Surtout les Dragibus. Quand tu voies Mitsu tu affiches un grand sourire et tu essaies de te mettre à courir vers elle te téléporte et réapparait derrière elle. Trébuche. Te ramasse.

« Putain ! »

Je vis Charlie-Ange arriver, mais il disparut bien vite pour réapparaître je ne sais où. Il disparut, j'entendis sa voix derrière moi, et je sursautai, ce qui fit vraisemblablement trembler la terre sous nos pieds. Personne ne m'en voudra, je n'avais encore jamais tester cet élément...

Alors la Terre trembla, et je ne fis pas à grand chose, la seule chose que je fusse capable de faire étant de m'accrocher au drap sous mes pieds, et de fermer durement les yeux en espérant que ça passe vite. Il paraît que c'est important de faire le Vide dans sa tête pour réussir à utiliser ses pouvoirs. Croyez-moi, quand vous entendez tout un tas de pensées, c'est pas facile. Et s'il n'y avait personne autour, il y avait quand même Angie, et toutes ses bonnes pensées -et probablement aussi l'envie de ne pas s'effondrer sur le sol.

Je rouvris les yeux alors qu'une bordure de pierre haute de cinquante centimètres s'était créée autour de nous.

-Tu vas bien ?!

Tu passes littéralement ton temps à te ramasser depuis que tu es téléporteur. C’est chaud, et là encore tu viens de le faire et cela à créé une réaction inattendue. La terre a tremblé et un muret est apparu. Tu n’es pas Einstein mais tu as assez de neurones pour savoir d’où venait cette intervention et assez peu pour finalement te mettre à rire.

« On fait la paire Mitsu, on galère tous les deux ! »

Oui il vaut mieux en rire. Tu envisages de lui demander comment ça va, et tu ne le feras pas. Tu sais que parfois on n’a pas envie de savoir comment on va, et que cette question est intrusive. Quand t’as fini de rire, tu frottes tes mains l’une contre l’autre et tu te rapproches de ton amie en souriant.

« Ouaip ça va, j’suis devenu un vrai casse-cou depuis quelques semaines ! Si tu avais des conseils pour maitriser l’atterrissage ça serait avec grand plaisir ! »

Je regardais avec dépit le muret qui nous entourait. Charlie-Ange éclata de rire après s'être redressé de sa chute, et je relevai le regard vers lui, un peu surprise par son éclat de rire. Bon, visiblement, il ne s'était pas fait mal alors. Un léger sourire étira délicatement mes lèvres, et je hochai la tête.

-Oui bien sûr. Si tu veux je peux t'expliquer comment moi j'ai fait pour prendre en main la téléportation à mes débuts ! En échange, tu me dois bien quelques conseils pour gérer et la Terre, et la Télépathie... achevai-je en percevant l'une de ses pensées.

Il n'osait même plus me demander comment j'allais. Mon sourire s'étira doucement.

-Quand j'ai commencé à utiliser la téléportation, j'atterrissais toujours n'importe où, n'importe comment ! Petit à petit, j'ai fini par comprendre que c'était vraiment super important de faire le vide, et de se concentrer sur sa respiration. Quand tu veux te téléporter, tu dois répandre ton énergie partout dans ton corps. Puis au moment de te téléporter, tu inspires... Et quand tu expires, boum, tu relâches toute l'énergie que tu as accumulée !

Je me passais une main derrière la nuque, réalisant que c'était probablement des pensées qu'il avait déjà dû avoir.

-Le plus dur, finalement, c'est comme pour la Télépathie : c'est de bloquer ton énergie pour l'empêcher de te téléporter sans que tu ne l'aies demandé...

C’est un cas d’école de : trop plein d’informations. Genre inspirer, retenir ses pouvoirs, expirer ? C’est un bon résumé de ce qu’elle vient de te dire mais comme souvent quand il y a trop d’informations tu t’embrouilles un peu. C’était quoi déjà ? Inspirer et après ? Elle avait de l’aide pour la télépathie ? Ou la Terre ? Les deux ?

Bon Angie, j’ai compris qu’il y avait beaucoup d’informations mon grand mais s’il te plaît soit cool et maintenant arrête de t’arrêter à la première indication. Expire et réinspire. Voilà c’est bien. Ok on est bons je crois. Donc on recommence à traiter l’information comme il le faudrait. Bien. Très bien.

« Avec la télépathie il ne faut pas bloquer, c’est beaucoup trop compliqué. Il faut laisser passer l’information sans se focaliser dessus. Un peu comme quand tu te balades dans un parc, il y a beaucoup de jolies fleurs, des enfants qui jouent, des gens qui parlent, et bien toi tu dois te concentrer sur ta promenade et le reste doit faire partie du décors. »

Bon maintenant faudrait que tu essaies de réfléchir à ce qu’elle t’a dit.

-Oh.

C'est vrai que dit comme ça, ça paraît plutôt... Evident. Mais il y a quelque chose de perturbant quand même dans la télépathie. Parce que quand on se promène, tout ça nous semble extérieur. Tandis que là, toutes ces personnes qu'on croise dans la rue, dans le parc, ils se contentent pas juste de parler à voix haute, ils parlent aussi dans nos têtes.

Je hochai cependant la tête. Il avait malgré tout raison. On pouvait pas bloquer toutes les pensées. Il fallait apprendre à les faire passer en arrière-plan, quelque part. Comme les Vides qu'on ressentait, peut-être ? Mais c'était quelque chose d'encore si différent... Hm. Peut-être que j'aurais simplement dû recommencer en bas de l'échelle. Tout reprendre à zéro pendant cette éclipse...

Je saisis mon sac et en sortis enfin quelques petites boîtes que je posais sur le drap en face de nous.

-J'ai... essayé de préparer des choses. Mais je suis pas très douée en cuisine.

Ys me le rappelait souvent... Mon estomac se tord, comme d'habitude, je chasse ces mauvais sentiment d'un mouvement de la main, comme d'habitude.

-Dans cette boîte il y a des boules de riz, là des oeufs mollets, ici de la poire, et enfin des edamame.

Bon l'avantage, c'est que j'avais pas préparé grand chose non plus.

« OOOOOOOOOOh tout ça t’es un vrai cordon bleu ! »

Tu sors quand à toi les chips de ton sac, elles ne sont pas tout à fait intactes mais elles sont loin d’être complètement écrasées.

« J’ai sauvé les chips ! » tu dis en souriant et en t’installant auprès d’elle… « Par contre je ne suis pas certain pour le coca… » la bouteille n’a pas apprécié ta précédente chute…

« Voilà à peu près où s’arrêtent mes compétences culinaires… »

Et non tous les gays ne sont pas bon en pâtisserie, c’est un cliché ça messieurs-dames.

« C’est quoi des edamanes ? » tu demandes avec un mélange de curiosité et d’envie. C’est sucré ? C’est salé ? Ça se mange ? Bon, oui probablement vu le moment de la conversation où il a été placé.

Un petit sourire se dessina sur mes lèvres alors qu'il s'exclamait que j'étais un vrai cordon bleu. Pas du tout, loin de là... Mais j'arrive à m'en sortir quand il s'agit juste de découper des fruits, ou ranger ça dans une boîte. Hm. L'auto-cuiseur a été bien pratique pour le riz...

Je souris plus délicatement quand il dévoila ce que lui avait ramené, avouant son peu de talent culinaire. Je secouai négativement la tête, un léger rire m'échappant.

-T'inquiète, j'suis vraiment pas douée non plus. J'ai juste coupé les poires, j'ai mis les edamames dans la petite boîte sans rien faire, et le riz s'est un peu cuit tout seul dans la machine... Donc on va dire que le plus risqué pour ce pique-nique, ce sera de manger les oeufs !

Je lui adressai un petit sourire, et alors qu'il me posait sa question, j'ouvris la boîte pour justement en sortir une pousse d'edamame.

-C'est... Des fèves de soja qui ne sont pas encore matures, et donc encore vertes. Ca ressemble à des pois de haricots. Tu n'en as jamais mangé ? C'est super bon, et c'est super pratique à grignoter comme ça. Il suffit d'ouvrir la cosse, et d'en prendre les fèves !

« Hm. Je suis pas certain que je réussirais à me servir d’un autocuiseur malgré les nombreuses vidéos youtube où j’ai vu des gens s’en servir. C’est trop cool la puce traductrice, je peux même regarder des vidéos en coréen sous-titré finnois et je comprends tout !! »

C’était la petite info sympathique et qui ne sert à rien, mais on est gentil, enfin, je suis magnanime et j’vais pas trop juger.

« Non j’ai jamais goûté ! »

Et te voilà dont à plonger ta main dans la boite où elle a disposé ces sortes de petits haricots.

« Du coup faut enlever la cosse c’est bien ça ? » tu demandes après y avoir mordu dedans comme un gros débile et t’être rendu compte que c’était pas ouf comme ça. La cosse a une texture un peu… Chelou ? Ouai tu saurais pas décrire mais t’as accompagné cette sublime action d’une grimace de circonstances.

« Mais du coup, si tu ne sais pas trop cuisiner tu ne pourrais pas créer un robot qui le ferait pour toi ? »

Pour toi elle pouvait sans doute tout créer, son inventivité n’avait pas de limites et tu lui faisais absolument confiance pour créer. Elle était immensément intelligente, sauf peut-être dans son choix de mecs, mais ça, ça se choisissait pas.

« Tu veux qu’on s’entraîne après mangé ou pendant ? »

Parce que maintenant que tout était devant toi il était absolument hors de question que vous ne mangiez pas maintenant que la nourriture était devant vous !

HRP : J'sais, c'est sensé être un speed HUM

Un mince sourire étira mes lèvres aux paroles de Charlie-Ange qui s'extasiait sur la puce de traduction. Je hochai la tête avec un petit sourire.

-C'est vrai que c'est pratique ! Je ne crois pas avoir pensé à le faire, mais la puce me sauve souvent la vie, parce qu'à part ma langue, je n'en parle vraiment aucune autre ! J'suis pas très dégourdie dans les domaines un peu plus littéraires et langues... Et ne t'inquiète pas, moi je suis certaine que tu serais capable de le faire, si même moi j'y arrive !

Il s'empara ensuite d'un edamame et je ne pus m'empêcher de laisser un rire léger m'échapper alors qu'il croquait dedans à pleine dent. Je hochai la tête pour acquiescer. Sans la cosse c'est mieux, oui...

Je pris entre mes mains une boule de riz et l'approchai de mes lèvres. J'avais toujours un peu envie de vomir à l'idée de manger quelque chose, mais avoir Charlie-Ange près de moi m'aidait un peu. C'était mieux quand on n'était pas seul, j'imagine. Ce qui m'arrivait un peu trop dernièrement.

Mon coeur se serra un peu quand il me demanda si je n'avais jamais pensé à faire un robot pour la cuisine. Jusqu'à présent, c'était toujours Ys qui cuisinait... Je fronçai les sourcils, sentant que cette pensée avait décidément été trop violente même pour moi, et je secouai la tête.

-C'est vrai, je pourrais y réfléchir !

Quand j'aurais retrouvé goût au bricolage... Et que manger ne sera plus tant un problème non plus.

Je reportai mon attention sur mon ami quand il relança la conversation sur l'entraînement.

-On peut prendre le temps de manger tranquillement en discutant un peu, on s'entraînera après.

Ca me fait probablement plus de bien que je ne veux le croire, discuter...

T’entends un peu ses pensées, et t’essaie de ne pas te focaliser dessus mais c’est pas évident, quand tu étais télépathes tu n’entendais que rarement précisément les pensées d’une personne. D’habitude c’était un fouillis qui n’avait pas spécialement de sens et ça demandait beaucoup de concentration pour n’entendre qu’une personne. Là c’était différent et en plus c’était une master. Parfois tu n’étais pas certain de savoir si elle parlait ou si elle pensait. Quand tu ne regardais pas les lèvres de la jeune femme c’était vachement plus difficile de savoir si elle pensait ou si elle parlait.

C’est la faute à l’onigiri si t’as pas pu voir qu’elle pensait quand elle a dit qu’avant c’était Ys qui cuisinait. T’as froncé des sourcils genre autant qu’elle, sans doute plus en fait. Déjà le « jusqu’à présent » et ensuite le ton, c’était pas ouf et ça t’apprenait que t’avais loupé quelque-chose… Si tu savais Angie… Faut vraiment que tu reconnectes avec les monde des vivants, il a plus ses pouvoirs et il continue à faire de la merde, mais ça t’es pas au courant. Toit tout ce que tu sais c’est ce « jusqu’à présent! » et ton passif avec le débile à la touffe rouge, et ta seule pensée en réponse c’est « mais qu’est-ce qu’il a encore foutu ce débile ? »

Et puisqu’elle ouvre au dialogue, tu ne prends pas les gants dont tu ne peux de toute manière pas te munir vu qu’elle est télépathe.

« Qu’est-ce qu’il a encore fait ? »

Mes muscles se tendirent assez instantanément et je vis quelques cosses d'edamame s'ouvrir pour que les grains à l'intérieur germent. Je baissai les yeux sur mes pieds, maudissant, comme assez souvent, ce pouvoir de télépathe, avant de relever le regard vers Charlie-Ange et de croiser son regard. Mes mains tremblèrent un peu alors que j'éloignai cette boule de riz de mon visage pour laisser tomber mes bras devant moi.

Est-ce que je n'étais pas pitoyable à toujours me retrouver dans des états lamentables à cause d'Ys ?

Bien sûr que j'avais envie de fuir cette conversation, mais c'était aussi stupide, et je le voyais bien. Charlie-Ange avait déjà été au coeur d'un problème, et il n'avait en plus même pas mérité ce qui lui était arrivé. Et j'avais pardonné Ys. Je l'avais pardonné, et Charlie-Ange aussi, alors que j'aurais pu prendre sa défense, non ? J'aurais pu être là davantage pour mon ami, non ? Quel étrange monstre est-ce que j'étais ? Pourquoi fallait-il que ce soit toujours aussi difficile d'éprouver ce genre de sentiments ?

Mes yeux fuirent les siens, alors que l'herbe autour de nous prenait une couleur un peu plus sombre.

-Il est parti.

Est-ce que l’amour était pitoyable ? Tu n’avais jamais trouvé de réponse à ce questionnement. Souvent tu t’étais dit que les questions et les moments de doute n’étaient pas compensés par les bons moments. Tu n’étais pourtant pas aigri au point de ne pas comprendre à quel point ces instants de doutes étaient le symptôme d’un grand amour. Est-ce qu’aimer était pitoyable ? Tu en doutais.


Le « encore » te brule les lèvres mais ne les franchis pas. Ce type est définitivement un blaireau, il ne se rend pas compte de la chance qu’il a d’être avec cette merveilleuse amie qu’est Mitsu ?

« Quel con. »

C’est un commentaire tout aussi inapproprié que le précédent mais celui-là tu n’as pas réussi à le contenir.

« Tu veux me dire c’est quoi son excuse ce coup-ci ? »

Non parce que t’étais persuadé qu’il faisait encore sa dramaqueen. C’était malheureusement le genre de mec dont elle était amoureuse. Sérieusement, elle se serait simplifié la vie à sortir avec eu eau ou un terre….

Les mots d’Angie me frappèrent de plein fouet. Honteuse, je baissai le regard pour regarder cette boule de riz qui restait entre mes doigts, entendant une bonne partie de ses pensées sans réussir à les canaliser. Quand je me voyais ces derniers jours, j’étais pas vraiment certaine que ce soit une chance d’être avec moi. Je me pinçai la lèvre inférieure, alors qu’il reprenait la parole. Je sentais mon cœur commencer à s’agiter dans ma poitrine, les larmes me montaient aux yeux, ma vue se brouilla et l’onigiri dans ma main finit en lambeaux sous la pression de mes doigts. « Ce coup-ci ».
Je mis un petit temps avant de répondre. Les secondes s’étirèrent comme des heures. Je m’humectai les lèvres, les mots restant bloqués dans ma gorge. Quand enfin je fus capable d’articuler quoi que ce soit, les larmes commencèrent à dévaler sur mes joues.

-J’étais enceinte. J’ai perdu le bébé.

Parce que je n’ai pas su l’aimer comme Ys l’aimait déjà. Ma greffe ne s’est pas activée. Elle ne l’a pas sauvé.
Assez lamentablement, les mains tremblantes, j’essayais de ramasser les grains de riz qui s’étaient éparpillés sur le sol et sur mes jambes devant moi.

-Je suis désolée Charlie-Ange. Ca va aller, je te promets que ça va aller. On va passer un bon moment aujourd’hui, et puis on va pouvoir essayer de s’amuser avec nos nouveaux pouvoirs… Et ça va aller.

Parce que ça doit aller. Je ne peux décemment plus reporter toute ma peine sur le monde qui m’entoure. Finalement, c’était une chance que j’aie été Sensitive au début de l’Eclipse.