Je n'ai... aucune idée... d'où se trouve Mach 1,8. Mais ça a l'air de lui faire tellement plaisir... Il a les yeux que j'avais eu petit, la première fois que j'ai pu observer le vol d'une libellule de près. Je lui proposerai un jour, de me montrer son fameux jeu, qu'il m'explique comment faire voler un Concorde, qu'il me montre comment il arrive à faire des tonneaux avec...

Mais pour l'instant, il y avait d'autres projets pour ce soir. J'apprends qu'Aylan aime les ramens et, après avoir passé autant de temps à perfectionner ce plat, j'admets que ça m'enlève une bonne épine du pied. Je pourrais faire un gratin de pâtes aux fromages vous m'direz, mais je risquais de mettre bien plus de temps -je n'ai pas tout le matériel adéquat dans ma chambre. Là, je n'avais eu qu'à faire chauffer le bouillon au poulet avec les épaisses pâtes udon, couper en deux un œuf mariné dans du soja et ajouter un peu de sauce tonkatsu maison sur le dessus. Pas beaucoup de légumes, je sais, sinon dans le bouillon, mais encore une fois, je suis limitée à ce qui se trouve dans ma chambre. Au moins, c'était rapide.

Nous avons repris notre visionnage comme s'il n'y avait pas eu d'interruption. Aylan était aussi vif que moi je l'étais, mais il partageait plus souvent son émerveillement, dévorant ses ramens entre deux commentaires. Je lui répondais avec des phrases peut-être badaudes, courtes, mais toujours avec un sourire franc. C'est peut-être bête, mais j'adore voir des enfants heureux. Ils ont cette énergie et cette sincérité qui, j'ai l'impression, m'ont quitté il y a bien longtemps, quand j'ai arrêté de croire aux rêves. J'aimerais qu'Aylan se souvienne, un jour, quand il sera plus grand, de cette journée passée en ma compagnie à regarder des films, à manger n'importe quoi, n'importe comment... Juste avoir droit à son cocon.

Je m'étais calée dans le canapé depuis un moment quand Chihiro est entrée dans le train... Je ne m'attendais pas à ce qu'Aylan s'installe contre moi. Je suis surprise parce que je ne m'attendais pas à ce qu'il fatigue... comme quoi tout est possible ahah ! Je ris pour moi, mais mon sourire s'efface un peu à la question du petit garçon. Je ne connais pas son histoire, peut-être que ses parents sont loin de Terrae, s'il les a encore... Moi, j'ai perdu les miens il y a longtemps et j'aurais beau me battre, ça ne servira à rien. Mais voilà, je suis niaise, j'allais pas donner mon pessimisme en héritage à un enfant !

J'ai pris le plaid pour le remonter correctement jusqu'au épaules d'Aylan, pour qu'il soit bien emmitouflé. J'ai glissé délicatement mes doigts dans ses cheveux pour tenter de les éloigner de son visage. :

-Quand il y a de l'espoir, on peut se battre jusqu'au bout. Chihiro ne baissera pas les bras tant qu'elle sait qu'elle aura le pouvoir de sauver ses parents.

Je ne dis pas si c'est suffisant, je ne dis pas si ça vaut le coup... Je dis qu'on peut le faire et que ce n'est pas une mauvaise chose... Je dis ce que j'ai entendu il y a plusieurs années maintenant, de la bouche de mon grand frère alors coincé dans son fauteuil roulant pour le restant de ses jours.

Baisser les bras quand on tient pas debout, ça craint.

__-La couverture glissa sur les épaules d’Aylan du fait de Chrys et celle-ci lui caressa le front, ce qui le fit sourire. Ils se connaissaient depuis moins d’une demi-journée, mais c’était limite s’il ne la considérait pas déjà comme une amie, voire quelqu’un de sa famille. Une nouvelle personne rencontrée, à Terrae, ne voulait plus dire une nouvelle menace, un nouvel ennemi ou une nouvelle source d’ordres et de punitions. Peut-être qu’en toute chose, c’était ça qui ravissait le plus Aylan sur sa nouvelle vie – plus encore que pouvoir utiliser sa magie comme bon lui entendait et d’être libre des es faits et gestes.
__-De l’espoir pour se battre jusqu’au bout. Ne pas baisser les bras. Aylan n’était pas sûr de bien savoir ce que tout cela voulait dire – il était de toute manière trop fatigué pour y réfléchir. Mais le simple ton de Chrys, l’apaisement de sa voix, la douceur de ses gestes, étaient suffisants pour faire passer le message ; le film finira bien, tout se passera bien.
__-Aylan ferma les yeux avec un sourire satisfait.
__-Difficile de dire, même pour moi-même en ma qualité de narrateur omniscient, de raconter de quoi il rêva alors. La seule chose que je puisse dire, c’est qu’il dormit à poings fermés, blotti contre Chrys. Élevé sans que ses besoins et caractéristiques d’enfant soient prises en compte, traité comme un adulte responsable de ses faits et gestes, et surtout, capable de tuer, il est incorrect de dire qu’Aylan n’avait pas eu d’enfance heureuse, car il n’en avait jamais vraiment eux tout court. Aussi, il se réjouissait de pouvoir enfin vivre en cohérence avec son corps et son esprit. À onze ans, on ne dort plus en se recroquevillés et poings serrés comme un petit enfant ; ce fut pourtant ce qu’il fit. En vérité, il ne s’était jusque là jamais endormi aussi proche de quelqu’un. Le corps de l’autre, toujours, représentait un danger. À présent, il était source de chaleur, de confort et d’attentions.
__-Je peux au moins vous dire une chose : ses rêves furent paisibles.

J'ai senti qu'Aylan s'endormait. Bon indice ; il ne parlait plus, il ne gigotait plus. Gros indice ; sa respiration était plus lente, calme,... J'ai continué à carresser ses cheveux et à la fin du film, je l'ai regardé un peu. Daaaw~... Il s'est pas lavé les dents. Bon moi non plus vous me direz... et j'ai pas envie de bouger de peur de le réveiller. Je pouvais atteindre l'ordinateur, alors avant qu'on soit plongé dans l'obscurité j'ai appelé ma chienne en chuchotant. :

-Roda ? Viens là ma belle... Attrape la couette. je secoue un coin de la dite couette avec mes pouvoirs pour attirer son regard, elle s'en empare et la tire. C'est bien ma belle. Apporte. Oui !... Merci Roda.

Je lui ai donné une gratouille entre les oreilles avant qu'elle ne retourne à son panier... Je pouvais pas soulever toute ma couette seulement avec l'Air, je risquais de foutre le boxon et, encore une fois, je ne voulais pas réveiller Aylan. Je nous ai couvert tous les deux, bien au chaud ; c'est bien mieux qu'un simple plaid. Là seulement, j'ai refermé mon ordinateur. Je soufflais dans le noir et m'endormais à mon tour, évitant de bouger pour que le petit garçon reste confortablement installé sur moi.

...On se lavera les dents demain.