Il faisait beau et un peu chaud, le genre de journée que mon corps et moi ne pouvions pas supporter. Je commençait à avoir mal à la tête et la marque sur mon cou me brulait. Après avoir passé du temps à chercher un endroit calme, isolé, à l'abrit de la lumière et au frais, j'avais enfin pu me décider. Mes pas me menaient jusqu'à la bibliothèque. C'était un endroit que je n'avais pas encore visité dans l'institut et moi-même j'en étais surprise vu que j'adorais la lecture. J'avais, comme à chaque fois, pris mon sac à dos où je rangeais tout mon matériel de dessin. Je cherchais un livre qui avait plutôt un sujet fantastique avec de belles descriptions des paysages et des personnages. Par chance, j'en avais trouvé un. Je m'assis à une table isolée, loin des autres élèves.

Je commençait à dessiner les personnages décrits dans l'histoire, une chose que j'adorais faire. Mais comme le livre était écrit en japonais, j'avais du mal à déchifrer mais je parvint à un résultat aproximatif. Lorsque j'eu fini mon dessin, je continuai ma lecture. Ce n'était pas un livre très long, je le finis assez vite. J'allais le ranger et me remis à dessiner. Cette fois, tout venait de mon imagination, c'était un beau paysage de Pologne que j'avais vu pendant mon enfance, et dont chaque détail me revenait comme si je m'y trouvais. J'attachais les heuveux qui tombaient devant mes yeux parce qu'ils me gênaient. Je me réjoui du calme de cette bibliothèque, il n'y avait que des personnes qui avaient un certain interêt pour les études, les livres, ou alors comme moi, une grande passion pour l'art. Je sentais certaines personne passer derrière moi et regarder ce que je faisais et parfois, certains disaient que c'était beau.

Alors que j'étais à la fin de mon dessin, un jeune homme, sans doute plus âgé que moi, m'adressa la parole, mais il avait l'air hésitant.

-" Excusez-moi, est-ce que vous pourriez m'aider juste un instant s'il vous plait mademoiselle ?"

J'avais sursauté parce qu'il m'avait surprise. Je ne m'attendait pas à ce que quelqu'un vienne me parler, encore moins pour me demander de l'aide. Tranquillement, je lui écris:

-Tout dépend de ce que vous voulez... Mais je ne sais pas si je vous serais d'une grande aide...

Comme à mon habitude, j'avais écrit cette phrase en trois langues, anglais, polonais et japonais, en espérant qu'il en comprenne au moins une.

Il avait l'air étonné que j'écrive aussi vite. Il devait se demander pourquoi je ne parlais pas. Comme tout le monde en fait. Il me dévisageait légèrement mais il arrêta presque aussitôt. On aurait cru qu'il avait vu un alien à la tête qu'il faisait. Mais il reprit en souriant:

-"Merci, vous êtes gentille. Pourriez-vous me di...- heu, m'écrire, pardon, si vous savez où se trouve les livres anglais sur l'histoire de Terrae ?"

Il avait insinué qu'il comprenait l'anglais. Tant mieux, je n'écrirai plus que cette langue avec lui. Et aussi, il avait dit que j'étais gentille alors qu'il ne me connaissait pas. Ca devait être parce que j'ai bien voulu l'aider. Je lui écrivis, plus lentement puisque mon poignet gauche commençait à être tout engourdi:

-Je crois qu'il y a une étagère sur l'histoire de l'institut... Mais après, je ne sais pas trop, je ne suis là que depuis quelques jours.

Il avait l'air de chercher quelque chose sur moi, ou alors il ne faisait que m'observer. Mais ses yeux rouges et ses cheveux blancs étaient quand même un peu intriguants. Mais c'était mignon et ça lui donnait un certain style. Il avait la peau pâle lui aussi... Peut-être qu'il ne supportait pas non plus le soleil? Mais en tout cas, il paraissait immense, il faisait une tête de plus que moi.

On traversait les rangées pleines de livres et il me demanda:

-"Excusez-moi, mais pourriez-vous me donner votre nom ? Ah, et heu moi je m'appelle Sergueï, enchanté !"

Ca devait être ça qu'il cherchait ! Mon prénom. Il ne paraissait pas très bavard et assez timide, mais il était aimable comme garçon. En même temps, c'était pas plus mal, ça changeait de tous les imbéciles qui ne faisaient qu'insulter ceux qu'ils ne connaissaient pas dès qu'ils leur trouvaient le moindre petit défaut !
Je lui griffonait sur un petit morceau de papier:

-Moi c'est Alice, enchantée. Et Sergueï, c'est pas un nom Russe?

Je lui tendis afin qu'il le lise.

Dans un rayon plein de livres en tout genres, alors que Sergueï était en train de perdre son regard parmi les titres de ces livres, se demandant comment les japonais faisaient pour réussir à les déchiffrer, la jeune demoiselle qui l'accompagnait lui tendit la réponse à sa question.

-Moi c'est Alice, enchantée. Et Sergueï, c'est pas un nom Russe ?

Sergueï sourit, se disant qu'il aurait peut-être réussi à lui trouver son nom tout seul en fait. Alice... ça lui allait bien.

- Effectivement, c'est un nom russe. Et encore, j'ai eu de la chance, sinon ça aurait été Vladimir ! par contre Alice, ça me semble plus français que polonais, non ?

En effet, elle était surement polonaise elle-même puisqu'elle avait écrit dans cette langue, qui était horriblement dure à apprendre. Alors, peut-être avait-elle un parent français ? Après tout, c'est possible avec la mondialisation et tout le toutim... Il attendit qu'elle écrive pour répondre à sa question en se demandant à quel point ce moyen de communication devait être fastidieux pour son utilisatrice, qui se révélait être fort habile pour manier son stylo rapidement. Jamais Sergueï n'aurait réussit à écrire aussi vite qu'elle, il en été certain. Incroyable ce que l'on peut faire avec de l'entraînement, n'est-ce pas ? Il se demandait aussi pourquoi est-ce que Alice communiquait ainsi. Est-ce parce qu'elle était vraiment muette, ou juste trop timide pour se servir de sa voix ?

Arrivant devant le rayon de livres qui les intéressaient, Sergueï se mit à fouiller un peu à chaque étagère, tentant de trouver un titre accrocheur, et contenant des informations sur l'ancienne Terrae. En effet, il souhaitait savoir ce qui avait poussé à la construction de cet établissement, qui en avait été l’investigateur, et surtout, pourquoi la vielle école qui avait accueilli ses grands-parents avait disparue soudainement. D'un coup, il sembla se souvenir de la présence d'Alice, et se retournant vers elle, lui posa une question qui venait de lui traversé l'esprit :

- Dis-moi, toi aussi tu as des membres de ta famille ayant possédé des pouvoirs ?

Il espérer que cette question n'était pas trop indiscrète venant de lui, qui n'était après tout qu'une personne inconnue de plus pour la jeune fille.

- Effectivement, c'est un nom russe. Et encore, j'ai eu de la chance, sinon ça aurait été Vladimir ! par contre Alice, ça me semble plus français que polonais, non ?

Je souriais quand il me dit à quel nom il avait échappé. J'écrivais rapidement sur un morceau de papier pour lui répondre:

-En fait, je ne sais pas, on ne me l'a jamais dit.

Je lui montrait, et quand je le reprit, je callais mon cahier et mon stylo sous mon bras et ne pu m'empêcher de faire craquer mes poignets et mes doigts pour les dégourdir. Il cherchait un livre dans presque toutes les étagères. La majorité était en japonais, et il ne connaissait apparemment pas cette langue. Ca devait être interressant de savoir l'histoire de l'établissement où on vivait. Puis, d'un seul coup, il se tourna vers moi et me demanda:

- Dis-moi, toi aussi tu as des membres de ta famille ayant possédé des pouvoirs ?

Ca me faisait bizarre qu'il me demande ça. Personne ne m'avait demandé de choses sur ma famille depuis que j'étais arrivée. Je ne savais même pas que des personnes comme les grands-parents de quelqu'un pouvaient avoir des pouvoirs. Je reprenais mon stylo et mon cahier pour lui écrire plus lentement:

-Pour tout te dire, je ne sais pas. Mes parents sont morts quand j'étais petite et je n'avais pas d'autres famille. Ca m'aurait étonné si il y avait une personne comme ça dans mon orphelinat et je ne connaissais pas cet endroit avant que quelqu'un ne vienne me chercher à l'hôpital où jétais.

Je ne souriais plus. Les souvenirs me revenaient, comme à chaque fois que j'expliquais ça à une personne. Et comme à chaque fois, la marque sur mon cou me brulait. J'essayais de l'oublier en écrivant:

-Et toi, une personne de ta famille en avait?

-"Pardon, je n'aurais pas dû poser ce genre de question... Je suis toujours trop curieux."

Il avait l'air géné. Je lui écris un petit message pour le rassurer:

-Ce n'est pas grave, tu ne savais pas.

Il avait poussé un petit soupir de soulagement en lisant ma réponse. Mais ce qui me rassura le plus, c'est que je n'avais pas à lui expliquer le passage de l'hôpital. Mais je pense qu'il avait préféré éviter après ce que j'avais dit. Il attrapa un livre sur une étagère et me dit en guise de réponse à la question que je lui avais posée:

-"Oui, même deux. Mes grands-parents. C'est d'ailleurs grâce à mon grand-père que je sais ça, et même d'une certaine façon grâce à qui je suis ici. Mais ils sembleraient qu'ils n'aient pas étudié dans cette école, l'ancienne Terrae a été détruite, et je cherche à savoir à cause de quoi. C'est toujours intéressant de connaître un peu l'histoire du lieu où on est, tu ne crois pas ?"

Il avait sourit en disant ça. Il devait beaucoup aimer son grand-père. Il avait de la chance d'avoir connu sa famille. Et pour lui répondre, je lui écrivis assez rapidement:

-Oui, c'est mieux. Je connais par coeur l'histoire de mon orphelinat, et l'hôpital où j'étais avait servi pendant la guerre. J'aime bien savoir l'histoire de là où je vis.

J'avais dit ça en souriant, comme souvent. J'attrapais un gros livre en anglais qui parlait de l'histoire de Terrae. Je lui tendais, et j'esperais qu'il le prenne assez vite parce qu'il était un peu lourd... Et j'avais les mains occupée. Je lui écrit rapidement:

-On pourra faire des recherches ensemble si tu veux.

-Oui, c'est mieux. Je connais par coeur l'histoire de mon orphelinat, et l'hôpital où j'étais avait servi pendant la guerre. J'aime bien savoir l'histoire de là où je vis.

Sergueï haussa un sourcil interrogateur en entendant qu'elle venait d'un orphelinat, et d'un hôpital. Qu'est-ce qu'il lui était arrivé ? Il la détailla un peu mieux, et aperçut alors une sorte de cicatrice dans son cou. Il nota ce détail dans un coin de sa mémoire, avant de s'apercevoir qu'elle lui tendait un gros livre, qui était manifestement trop lourde pour elle. Il se dépêcha de le réceptionner après avoir reposé le bouquin qu'il avait dans les mains sur une étagère.

-On pourra faire des recherches ensemble si tu veux.
- Avec plaisir -fit-il en lui souriant gentiment- la tache me sera sûrement moins ardue !

Ayant choisi les livres qui lui paraissait contenir les informations qu'il voulait, il fit signe à Alice de le suivre et s'installa à une table inoccupée de la bibliothèque. En étalant ses livres devant eux, il commença à les feuilleter tranquillement, à la recherche de quelque chose à dire pour remplir le silence qui menaçait de s'installer. Mais que dire ? La tête de Sergueï débordait de questions à propos de l'ancienne vie d'Alice, mais cela lui semblait très indiscret. Il venait de la rencontrer, alors s'aventurer comme ça dans un terrain intime, c'est en général mal vu. Il parvint néanmoins à trouver une question innocente, enfin, il l'espérait.

-" Ton orphelinat était en Pologne ? Est-ce que tu t'y plaisait ?"

Il avait l'air intrigué par ce que je lui avais dit. Il avait peut-être cru qu'il s'était passé quelque chose pour que je me retrouve à l'hôpital, et je remarquais qu'il regardait mon cou. Il avait vu la marque qui s'y trouvait. Et il me dit:

-" Ton orphelinat était en Pologne ? Est-ce que tu t'y plaisait ?"

J'avais un petit sourire. Mon orphelinat était génial, j'y avais plein d'amis. On s'était assis à une table libre avvec trous les livres que nous avions ramenés pour étudier l'histoire de l'institut. Je lui écrivais doucement une fois assise:

-J'étais heureuse à mon orphelinat. Je n'y suis pas retournée depuis trois ans, mais je n'en vois pas l'interêt. Mais j'aurais préféré être là-bas plutôt qu'à l'hôpital, même si j'aurais été toute seule. Et oui, il était en Pologne.

Je n'aimais pas parler de ce qu'il s'était passé, mais en même temps, ça me libérait un peu de ce que j'avais sur le coeur. Je lui écrivais plus rapidement cette fois:

-Si j'étais à l'hôpital, c'est parce que j'ai un problème psychologique. J'ai vécu un gros traumatisme, ce qui fait que je ne parle plus. Mais en quelque sorte, le fait que je ne parle pas est volontaire.

Enfin, pas si volontaire que ça. Mon cerveau avait quand même été touché et je suis maintenant incapable de prononcer le moindre mot. Mais au lieu d'apprendre à parler une langue, j'ai appris à l'écrire. Mais après, je ne suis pas comprise apr ceux qui ne lise ni l'anglais, ni le japonais, ni le polonais.

Je ne me sentais pas de tout lui raconter dans les détails mais je lui griffonais rapidement quelques mots en espérant qu'il comprenne:

-Tous morts devant moi. Failli mourir aussi. On m'a retrouvée inconsciente, restée dans le coma 2 mois. 3 ans à l'hôpital.

Ca résumait bien ce que j'avais vécu en fin de compte. C'était ça mon traumatisme. Voir ceux qui se sont occupés de vous pendant 14 ans mourir devant soi est une chose vraiment atroce. En fait, ce que je n'aime pas faisait partie de ce que j'aimais avant. Mais tout me rappelait cette journée. Mais lui aussi était orphelin. Sauf que lui, il avait une soeur et ses grands-parents. Je lui écrivais une question avec un petit sourire, quand même un peu triste:

-Elle s'appelle comment ta soeur? Et pourquoi elle n'est pas avec toi?

Je me demandais si je n'avais pas posé de question trop indiscrète. J'espérais que sa soeur n'était pas avec lui parce qu'elle était trop jeune... Mais ça pourrait être pour une raison bien pire que ça. Mais je préférais chasser cette idée de ma tête. Je lui écrivais une autre petite phrase:

-Tu n'es pas obligé de me répondre si tu n'as pas envi.

Mais j'avais envie de savoir. Je feuilletais un des nombreux livres posés sur la table. Il y avait une montagne de renseignements sur Terrae dedans. Je prenais un petit morceau de papier pour en faire un marque-page, et j'en lisais une autre.

Un air incrédule s'installa sur les traits de Sergueï lorsqu'il lut ce qu'elle lui avait écris. Comment ça, tous morts ? Elle a failli mourir ?? Sergueï retint de justesse un ricanement très nerveux face à cette nouvelle. Tu m'étonne qu'elle ressemble à une gothique maintenant... sa vie, c'est pire que la famille Kennedy ! 3 ans à l’hôpital... Ail, ail, ail... Il ne pouvait pas prétendre avoir eu une mauvaise vie, face à ça tout ses problèmes font figure de détails mineurs. Il voulut lui montrer sa compassion, mais quelque chose l'en empêcha : elle n'avait pas besoin d'une pitié mal placée. Néanmoins, il lui prit la main, mu un élan de sympathie, et la serra pour lui montrer que maintenant, elle ne serait plus seule. Il ne savait pas quel sentiment elle pouvait avoir ressenti face à ce drame, mais ses lectures l’aiguillonnait un petit peu.
Il lâcha sa main, et vit qu'elle avait écrit autre chose, passant à un autre sujet de discussion moins triste.

- Elle s'appelle comment ta soeur ? Et pourquoi elle n'est pas avec toi ? Tu n'es pas obligé de me répondre si tu n'as pas envie.

- Ce n'est pas un sujet tabou, tu sais - fit-il avec bonne humeur- elle est toujours vivante, et elle est normale. Elle s'appelle Katarina, et elle est plus âgée que moi. Si elle n'est pas avec moi, c'est surement qu'elle n'a pas ressentit de "vide"... elle a toujours été plus sûre d'elle, mature et enthousiaste que moi. Peut-être qu'elle a réussi à mieux gérer ce qui nous est arrivé, et puis, elle va avoir 24 ans maintenant alors...

Sergueï adorait sa soeur, c'était un modèle pour lui. Il la vénérait, la trouvait drôle, intelligente, capable de tout résoudre d'un claquement de doigt. C'est elle qui l'a aidé à accepter le fait qu'il soit albinos, et qui l'a toujours défendu face aux commérages. Vraiment, c'est une gentille grande soeur.

Il m'avait pris la main. Il était peut-être comme Mugen, un gars sur qui on peut compter, quoi qu'il arrive. Un véritable ami. Il devait beaucoup aimer sa soeur, il parlait d'elle comme si il parlait d'une personne qui lui avait sauvé la vie. Je ne pouvais pas savoir ce que ça faisait d'avoir un frère ou une soeur, même si j'avais grandi avec plein d'autres enfants, aucun d'entre nous, ou alors quelques exceptions, n'était lié par le lien du sang avec un autre. Mais ça devait être quelque chose de vraiment magnifique. Même si certaines personnes s'en plaignent, moi j'aurais tout donné pour avoir une famille. J'avais envie que cet endroit devienne ma nouvelle maison, et les autres élèves, des membres de ma famille. Il avait de la chance d'admirer une personne comme ça. Je lui écrivais rapidement une question:

-Tu l'aime beaucoup ta soeur? T'as de la chance d'avoir une famille. J'aurais bien aimé en avoir une aussi.

Mais l'orphelinat, c'était ma famille, en quelque sorte. J'étais tout de même un peu jalouse parce qu'il avait connu ceux qui étaient par le sang avec lui.
Je lui écrivais une petite phrase qui changeait un peu de sujet:

-Après si je parle pas c'est aussi parce que je suis presque incapable de dire les mots. J'ai dit un mot il y a quelques jours à Mugen. Mais après, je pense pas que je pourrais le refaire facilement.

J'avais un grand sourire. C'était une chose dont j'étais fière, dire un mot. Les autres personnes diraient que c'est particulièrement débile, mais pour moi, c'était une chose magnifique. Et puis ça avait fait plaisir à Mugen donc je voulais faire des efforts pour réussir à aligner plein de mots.

-Tu l'aime beaucoup ta soeur? T'as de la chance d'avoir une famille. J'aurais bien aimé en avoir une aussi.

Sergueï eut un sourire heureux et acquiesça en pensant à sa soeur. Oui, il l'aimait beaucoup, c'est le cas de le dire... Elle qui se plaignait tout les jours, mais ne refusait jamais d'apporter son aide à ceux qui en avait besoin ! Et puis, bah, c'était l'un des rares membres de sa famille. Quoi que fasse à Alice, sa famille était très grande. Lorsqu'il eut lu qu'elle aussi souhaitait avoir une famille pour elle, il la regarda dans les yeux et dit, très sérieusement :

-"Si tu veux, je peux devenir ton grand-frère ! - puis, avec des yeux pétillants de malice, il continua- compte sur moi pour te remettre sur le bon chemin quand il le faudra ! Même si je doute que j'ai réellement besoin de le faire... Et puis, je te présenterais Katarina si tu veux ! Elle serait contente d'avoir une petite soeur pour la pomponner."

En parlant de pomponner, Sergueï avait en mémoire plein de passages de son enfance où justement, sa tendre et douce grande-soeur avait décidé de le déguiser en princesse pour son amusement personnel. Quel honte... Et dire qu'elle lui avait fait gobé que c'était comme ça qu'on habillait les gens de valeurs au Moyen-Age ! Remarque, d'un certain point de vue, elle n'avait pas tort...
Il allait replonger dans un des livres lorsqu'elle écrivit autre chose sur son carnet, qu'il se dépêche de lire :

- Après si je parle pas c'est aussi parce que je suis presque incapable de dire les mots. J'ai dit un mot il y a quelques jours à Mugen. Mais après, je pense pas que je pourrais le refaire facilement.

- Tu crois que tu pourrais m'en dire un à moi aussi ? Ou c'est totalement impossible ? J'avoue que je suis très curieux d'entendre le son de ta voix.

D'autant plus que si cela fait trois ans qu'elle ne parle plus, elle doit en avoir très mignonne, toute fluette et aiguë, sans que ce ne soit désagréable. Sergueï commençait à réfléchir à un moyen de la guérir de son mutisme forcé. Il avait une confiance absolue dans les progrès de la science, persuadé qu'un jour, on arriverait à guérir presque toutes les maladies connues, même génétiques comme la sienne. Après tout, on a bien réussi à rendre des souris fluorescentes, alors pourquoi ne pas guérir un humain de son gène d'albinos ? Et réussir à rendre sa voix à Alice. D'ailleurs, celui qui avait réussi à la faire parler devait être quelqu'un de bien, vu comment elle en parlait... Ce Mugen, Sergueï mourrait d'envie de le rencontrer. Sa curiosité est vraiment insatiable...